Robert Cahen, Entrevoir

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Robert Cahen Entrevoir


Robert Cahen Entrevoir

Héloïse Conésa 43 Robert Cahen. Entrevoir 55 Robert Cahen. Entrevoir (Visions Glimpsed) Sean Cubitt Robert Cahen. L’échange 111 Robert Cahen. The Exchange 103

Joseph Attié 127 Note sur l’« entre » (Entrevoir) 133 Note on L’ENTRE (Entrevoir) 149 Liste

des œuvres /List of works 153 Biographie  155 Biography 157 Bibliographie sélective /Selected bibliography 159 Filmographie /Filmography


Robert Cahen Entrevoir

Héloïse Conésa 43 Robert Cahen. Entrevoir 55 Robert Cahen. Entrevoir (Visions Glimpsed) Sean Cubitt Robert Cahen. L’échange 111 Robert Cahen. The Exchange 103

Joseph Attié 127 Note sur l’« entre » (Entrevoir) 133 Note on L’ENTRE (Entrevoir) 149 Liste

des œuvres /List of works 153 Biographie  155 Biography 157 Bibliographie sélective /Selected bibliography 159 Filmographie /Filmography


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Héloïse Conésa

Robert Cahen. Entrevoir

Nous habitons encore un autre monde, peut-être l’intervalle. Philippe Jaccottet1

Dans un monde d’images qui courent jusqu’à l’épuisement visuel, la reconquête de « l’intervalle perdu2 » à laquelle invitait déjà dans les années 1980 le philosophe italien Gillo Dorflès semble trouver, dans l’art vidéo, une porte et, dans l’œuvre de Robert Cahen, un sésame. Cette image toujours en devenir, toujours en marge, est une « entre-images », pour reprendre la terminologie de Raymond Bellour dans son livre éponyme3. Mais qu’advient-il quand, par un effet de mise en abyme, la vidéo met justement en scène son statut d’« entre » ? Loin de s’arrêter à l’obstacle que peut constituer cette nature ambiguë, l’œuvre de Robert Cahen représente un passage perpétuel, un seuil dont le franchissement est intrinsèquement lié à l’« entrevoir », zone intermédiaire entre ce qui se dérobe au regard et ce qui permet la « venue à soi du visible », selon la formule de Maurice Merleau-Ponty4. Ce qui est vu apparaît dans une forme de restriction, d’indétermination, qui évoque l’existence d’une image latente, image non apparente mais susceptible de se manifester à tout moment. Entre apparition et disparition, l’entrevoir institue une certaine manière de voir qui empêche de tout voir pour accepter de mieux regarder. En ce sens, l’entrevoir exploré par Robert Cahen détermine une esthétique, un style d’écriture et de resti­ tution du réel qui permettent de voir comme l’on respire : entre deux lieux, entre deux temps.

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Héloïse Conésa

Robert Cahen. Entrevoir

Nous habitons encore un autre monde, peut-être l’intervalle. Philippe Jaccottet1

Dans un monde d’images qui courent jusqu’à l’épuisement visuel, la reconquête de « l’intervalle perdu2 » à laquelle invitait déjà dans les années 1980 le philosophe italien Gillo Dorflès semble trouver, dans l’art vidéo, une porte et, dans l’œuvre de Robert Cahen, un sésame. Cette image toujours en devenir, toujours en marge, est une « entre-images », pour reprendre la terminologie de Raymond Bellour dans son livre éponyme3. Mais qu’advient-il quand, par un effet de mise en abyme, la vidéo met justement en scène son statut d’« entre » ? Loin de s’arrêter à l’obstacle que peut constituer cette nature ambiguë, l’œuvre de Robert Cahen représente un passage perpétuel, un seuil dont le franchissement est intrinsèquement lié à l’« entrevoir », zone intermédiaire entre ce qui se dérobe au regard et ce qui permet la « venue à soi du visible », selon la formule de Maurice Merleau-Ponty4. Ce qui est vu apparaît dans une forme de restriction, d’indétermination, qui évoque l’existence d’une image latente, image non apparente mais susceptible de se manifester à tout moment. Entre apparition et disparition, l’entrevoir institue une certaine manière de voir qui empêche de tout voir pour accepter de mieux regarder. En ce sens, l’entrevoir exploré par Robert Cahen détermine une esthétique, un style d’écriture et de resti­ tution du réel qui permettent de voir comme l’on respire : entre deux lieux, entre deux temps.

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p. 75–79 L’Entr’aperçu (Fleetingly Glimpsed), 1980

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p. 75–79 L’Entr’aperçu (Fleetingly Glimpsed), 1980

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p. 125 Françoise endormie (Françoise Asleep), 2014

To dramatise the images in the filming of Françoise endormie, the idea of projecting them onto a curtain, in its materiality, seemed essential. This would give a special vitality and underground strength to these fragile, grainy, unsteady images, tinged with ‘natural’ emotion. But what images were they? Using a small camera, I had filmed someone lying on her back, no longer moving – my sister. Françoise. Nothing had been planned in advance for this filming but, on coming face to face with my sister laid out before me, I chose to keep a ‘living’, final image of her. I began filming in a particular way, insistently, repetitively, as if to forestall the immobility of her body, moving backwards and forwards across her face, entering into a sort of dialogue with her, expecting a reaction from her. To my surprise, with her unmoving head, she nodded to me; her head had been brought to life by the movements of the camera in my hands. Image, magic? Françoise was never able to walk, and perhaps to exorcise this, I decided to place her upright in this projection, on – and in – the transparent curtain. My sister, who now lives on by my hand, here in this installation.

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p. 125 Françoise endormie (Françoise Asleep), 2014

To dramatise the images in the filming of Françoise endormie, the idea of projecting them onto a curtain, in its materiality, seemed essential. This would give a special vitality and underground strength to these fragile, grainy, unsteady images, tinged with ‘natural’ emotion. But what images were they? Using a small camera, I had filmed someone lying on her back, no longer moving – my sister. Françoise. Nothing had been planned in advance for this filming but, on coming face to face with my sister laid out before me, I chose to keep a ‘living’, final image of her. I began filming in a particular way, insistently, repetitively, as if to forestall the immobility of her body, moving backwards and forwards across her face, entering into a sort of dialogue with her, expecting a reaction from her. To my surprise, with her unmoving head, she nodded to me; her head had been brought to life by the movements of the camera in my hands. Image, magic? Françoise was never able to walk, and perhaps to exorcise this, I decided to place her upright in this projection, on – and in – the transparent curtain. My sister, who now lives on by my hand, here in this installation.

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Biographie 1945 Naissance de Robert Cahen à Valence (Drôme), France. 1946 Sa famille, cachée dans la Drôme pendant la guerre, se retrouve à Mulhouse. 1969–1971 Stage au Groupe de recherches musicales (GRM) de l’ORTF à Paris. 1971 Diplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris (classe de Pierre Schaeffer). 1971–1976 Compositeur au Groupe de recherches musicales (GRM) de l’ORTF. Chercheur et responsable de la vidéo expérimentale au Service de la recherche de l’ORTF. Chargé de recherche à l’Institut national de l’audiovisuel, où il dirige l’atelier de vidéo expérimentale. 1976 La Parole de l’un, le Silence de l’autre, spectacle-performance avec Michel Chion, musée d’Art moderne de la Ville de Paris. 1977 Voyage à New York avec Michel Chion, rencontre avec Bill Etra et Nam June Paik. 1980 Prix « Art et informatique » du ministère de la Culture avec Artmatic. 1983 Juste le temps primé à San Sebastian (Espagne). Réalisation de Boulez-Répons, sur la musique de Pierre Boulez (diffusion FR3 / France Musique en stéréo).

152

153

1986 Premier tournage à Hong-Kong pour Hong Kong Song, en collaboration avec Ermeline Le Mézo, et premier voyage en Chine, à Guilin, accompagné de Stéphane Huter. 1987 Juste le temps à la Documenta 7 de Kassel (Allemagne). Premier voyage au Chili, à l’occasion du Festival franco-chilien d’art vidéo, et réalisation de Chili Impressions. 1990 Organisateur du Xe Festival franco-chilien d’art vidéo et tournage de L‘Île mystérieuse sur l’île de Pâques. 1992 Bourse de la villa Médicis hors-les-murs. Voyage d’hiver tourné en Antarctique, en collaboration avec Angela Riesco. 1993 Rétrospective films et vidéo à Pékin (commissaire Claude Hudelot). Workshops dans les écoles d’art chinoises de Wuhan, Hangzhou, Shanghai, Canton. Tournage des images de Sept visions lors du voyage en Chine. Rétrospective films et vidéos à la Cinémathèque française, Paris. Prix du Centre européen d’actions artistiques contemporaines (CEAAC) de Strasbourg. 1994 Laser d’or du Festival d’art vidéo de Locarno (Suisse). 1995 Internationaler Videokunstpreis du Zentrum für Kunst und Medientechnologie (ZKM) de Karlsruhe, pour Sept visions fugitives. 1996 Installation vidéo permanente à Lille sur le site Euralille, France.


Biographie 1945 Naissance de Robert Cahen à Valence (Drôme), France. 1946 Sa famille, cachée dans la Drôme pendant la guerre, se retrouve à Mulhouse. 1969–1971 Stage au Groupe de recherches musicales (GRM) de l’ORTF à Paris. 1971 Diplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris (classe de Pierre Schaeffer). 1971–1976 Compositeur au Groupe de recherches musicales (GRM) de l’ORTF. Chercheur et responsable de la vidéo expérimentale au Service de la recherche de l’ORTF. Chargé de recherche à l’Institut national de l’audiovisuel, où il dirige l’atelier de vidéo expérimentale. 1976 La Parole de l’un, le Silence de l’autre, spectacle-performance avec Michel Chion, musée d’Art moderne de la Ville de Paris. 1977 Voyage à New York avec Michel Chion, rencontre avec Bill Etra et Nam June Paik. 1980 Prix « Art et informatique » du ministère de la Culture avec Artmatic. 1983 Juste le temps primé à San Sebastian (Espagne). Réalisation de Boulez-Répons, sur la musique de Pierre Boulez (diffusion FR3 / France Musique en stéréo).

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1986 Premier tournage à Hong-Kong pour Hong Kong Song, en collaboration avec Ermeline Le Mézo, et premier voyage en Chine, à Guilin, accompagné de Stéphane Huter. 1987 Juste le temps à la Documenta 7 de Kassel (Allemagne). Premier voyage au Chili, à l’occasion du Festival franco-chilien d’art vidéo, et réalisation de Chili Impressions. 1990 Organisateur du Xe Festival franco-chilien d’art vidéo et tournage de L‘Île mystérieuse sur l’île de Pâques. 1992 Bourse de la villa Médicis hors-les-murs. Voyage d’hiver tourné en Antarctique, en collaboration avec Angela Riesco. 1993 Rétrospective films et vidéo à Pékin (commissaire Claude Hudelot). Workshops dans les écoles d’art chinoises de Wuhan, Hangzhou, Shanghai, Canton. Tournage des images de Sept visions lors du voyage en Chine. Rétrospective films et vidéos à la Cinémathèque française, Paris. Prix du Centre européen d’actions artistiques contemporaines (CEAAC) de Strasbourg. 1994 Laser d’or du Festival d’art vidéo de Locarno (Suisse). 1995 Internationaler Videokunstpreis du Zentrum für Kunst und Medientechnologie (ZKM) de Karlsruhe, pour Sept visions fugitives. 1996 Installation vidéo permanente à Lille sur le site Euralille, France.


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