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une odyssĂŠe en couleurs
les shadoks
une odyssée en couleurs
les shadoks
éditions des musées de Strasbourg
une odyssée en couleurs
les shadoks
éditions des musées de Strasbourg
Les Shadoks, un creuset d'inspirations Thérèse Willer
« La liberté d’expression n’existe que pour ceux qui n’ont rien à dire. » (Slogan de mai 1968)
Les Shadoks, ces drôles de bestioles, sont en quelque sorte une espèce inconnue d’échassiers. Ils se caractérisent par un corps sphérique, de longues pattes réduites à des lignes, un œil rond avec un point, un bec triangulaire, des dents acérées, trois poils sur la tête et des ailes rognées. Ces formes synthétiques et géométriques, dont les enfants usent volontiers pour dessiner les oiseaux, ont été choisies par leur auteur Jacques Rouxel dans l’objectif, entre autres, de créer des images percutantes. Mais au-delà de leur apparente simplicité, les Shadoks sont l’aboutissement de recherches graphiques et littéraires, le résultat d’inspirations croisées. Rouxel n’est certes pas novice en la matière. Déjà, lors de sa scolarité à HEC, il réalise des affiches pour les « boums » des étudiants dans un atelier de publicité aménagé à son attention dans les caves de l’école. Après un service militaire dans l’aéronavale, le jeune homme intègre en 1957 plusieurs agences de publicité. Inspiré par l’affichiste Savignac (fig.4), le maître dans ce domaine à l’époque, Rouxel dessine notamment pour le groupe Thomson (fig.3). Néanmoins, sa réelle passion est le dessin animé pour la télévision et, dès 1961, il devient producteur indépendant, essentiellement de films publicitaires 1. La genèse Rouxel imagine alors un premier film, Drôles d’oiseaux, qui est déjà une préfiguration des Shadoks (fig.1). Après quelques essais infructueux auprès de diverses productions, en juin 1965, il dépose au Service de la
recherche de l’O.R.T.F. (Office de radiodiffusion-télévision française) dirigé par Pierre Schaeffer, les Pré-Shadoks, trois films de trente secondes en noir et blanc 2. Ce fut, selon les termes de Rouxel, un « heureux concours de circonstances 3 ». En effet, à cette époque était expérimenté pour la télévision l’animographe 4, un prototype de machine à dessins animés créé par Jean Dejoux, un ancien dessinateur. Le principe était celui de « l’animation limitée 5 », réalisée sur une petite surface de 5,6 cm de hauteur et sur 6,7 cm de largeur. « Le deal c’était de travailler sur l’animographe », se souvient Marcelle Ponti-Rouxel, la compagne de Jacques Rouxel 6. Pour répondre aux besoins de la machine, celui-ci développe un graphisme minimaliste. Tous les personnages et les décors sont conçus à partir de formes simples. La sobriété des lignes évoque dans une certaine mesure celle d’équations mathématiques 7. Si ce style permet à Rouxel de travailler vite, il a aussi ses limites : « Ce n’est pas marrant, c’est évident, mais ça te force à avoir un dessin stylisé 8 », raconte l’auteur. Et il ajoute : « En fait, les Shadoks sont de la bande dessinée animée. Nous sommes obligés de nous en tenir à un dessin très dépouillé 9. » Cette contrainte ne fait cependant pas obstacle à l’expressivité des figures. Bien au contraire, elles s’animent dès leur apparition sur la feuille de papier, alors même qu’elles ne sont encore que des images fixes. L’idée d’un feuilleton se concrétise vite : une première série d’épisodes suivie de treize bandes pilotes est livrée par Rouxel et Borg 10 en 1967. D’abord refusés à la fin de l’année par Claude Contamine, le directeur de l’O.R.T.F., « parce que ce n’est pas pour la télévision 11 », ils sont acceptés en janvier 10
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1. Jacques Rouxel, Projet pour Drôles d’oiseaux, vers 1966 (collection aaa production) 2. Saul Steinberg, Sans titre, vers 1945 (Saul Steinberg, The Art of Living, Hamish Hamilton LTD, 1949) 3. Jacques Rouxel, Projet publicitaire pour la marque Thomson, 1956 (collection aaa production) 4. Raymond Savignac, Océanic. « Le seul à servorégleur », 1960 (musée Villa Montebello, Trouvillesur-mer)
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Les Shadoks, un creuset d'inspirations Thérèse Willer
« La liberté d’expression n’existe que pour ceux qui n’ont rien à dire. » (Slogan de mai 1968)
Les Shadoks, ces drôles de bestioles, sont en quelque sorte une espèce inconnue d’échassiers. Ils se caractérisent par un corps sphérique, de longues pattes réduites à des lignes, un œil rond avec un point, un bec triangulaire, des dents acérées, trois poils sur la tête et des ailes rognées. Ces formes synthétiques et géométriques, dont les enfants usent volontiers pour dessiner les oiseaux, ont été choisies par leur auteur Jacques Rouxel dans l’objectif, entre autres, de créer des images percutantes. Mais au-delà de leur apparente simplicité, les Shadoks sont l’aboutissement de recherches graphiques et littéraires, le résultat d’inspirations croisées. Rouxel n’est certes pas novice en la matière. Déjà, lors de sa scolarité à HEC, il réalise des affiches pour les « boums » des étudiants dans un atelier de publicité aménagé à son attention dans les caves de l’école. Après un service militaire dans l’aéronavale, le jeune homme intègre en 1957 plusieurs agences de publicité. Inspiré par l’affichiste Savignac (fig.4), le maître dans ce domaine à l’époque, Rouxel dessine notamment pour le groupe Thomson (fig.3). Néanmoins, sa réelle passion est le dessin animé pour la télévision et, dès 1961, il devient producteur indépendant, essentiellement de films publicitaires 1. La genèse Rouxel imagine alors un premier film, Drôles d’oiseaux, qui est déjà une préfiguration des Shadoks (fig.1). Après quelques essais infructueux auprès de diverses productions, en juin 1965, il dépose au Service de la
recherche de l’O.R.T.F. (Office de radiodiffusion-télévision française) dirigé par Pierre Schaeffer, les Pré-Shadoks, trois films de trente secondes en noir et blanc 2. Ce fut, selon les termes de Rouxel, un « heureux concours de circonstances 3 ». En effet, à cette époque était expérimenté pour la télévision l’animographe 4, un prototype de machine à dessins animés créé par Jean Dejoux, un ancien dessinateur. Le principe était celui de « l’animation limitée 5 », réalisée sur une petite surface de 5,6 cm de hauteur et sur 6,7 cm de largeur. « Le deal c’était de travailler sur l’animographe », se souvient Marcelle Ponti-Rouxel, la compagne de Jacques Rouxel 6. Pour répondre aux besoins de la machine, celui-ci développe un graphisme minimaliste. Tous les personnages et les décors sont conçus à partir de formes simples. La sobriété des lignes évoque dans une certaine mesure celle d’équations mathématiques 7. Si ce style permet à Rouxel de travailler vite, il a aussi ses limites : « Ce n’est pas marrant, c’est évident, mais ça te force à avoir un dessin stylisé 8 », raconte l’auteur. Et il ajoute : « En fait, les Shadoks sont de la bande dessinée animée. Nous sommes obligés de nous en tenir à un dessin très dépouillé 9. » Cette contrainte ne fait cependant pas obstacle à l’expressivité des figures. Bien au contraire, elles s’animent dès leur apparition sur la feuille de papier, alors même qu’elles ne sont encore que des images fixes. L’idée d’un feuilleton se concrétise vite : une première série d’épisodes suivie de treize bandes pilotes est livrée par Rouxel et Borg 10 en 1967. D’abord refusés à la fin de l’année par Claude Contamine, le directeur de l’O.R.T.F., « parce que ce n’est pas pour la télévision 11 », ils sont acceptés en janvier 10
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1. Jacques Rouxel, Projet pour Drôles d’oiseaux, vers 1966 (collection aaa production) 2. Saul Steinberg, Sans titre, vers 1945 (Saul Steinberg, The Art of Living, Hamish Hamilton LTD, 1949) 3. Jacques Rouxel, Projet publicitaire pour la marque Thomson, 1956 (collection aaa production) 4. Raymond Savignac, Océanic. « Le seul à servorégleur », 1960 (musée Villa Montebello, Trouvillesur-mer)
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1968 par le nouveau directeur Émile Biasini, amateur d’humour anglo-saxon, qui leur commande trente-neuf épisodes supplémentaires 12. Le premier est lancé sur la première chaîne télévisée française, à l’occasion du lancement de la deuxième chaîne, le 29 avril 1968. Diffusés immédiatement après le Journal télévisé chaque soir, ils sont d’un format très court, deux minutes pour la première série et trois par la suite. En effet, baptisés « carrefours », ces films doivent meubler les intervalles entre la fin d’une émission sur la première chaîne et le début d’une autre sur la deuxième. Mais, d’emblée, ils dépassent cet objectif : les Shadoks et leurs ennemis, les Gibis, vont perdurer sur le petit écran jusqu’en 2000, avec quelques pauses 13 toutefois. Les premiers épisodes divisent les téléspectateurs. Certains d’entre eux sont choqués par la nouveauté de ce dessin animé résolument anticonventionnel et nonsense. Les Shadoks, un style graphique nouveau Le ton novateur des Shadoks est insufflé en premier lieu par le contexte du dessin animé américain contemporain. Cette filiation est d’ailleurs clairement énoncée par l’emprunt à chaque fin d’épisode d’une formule, « C’est tout pour aujourd’hui ! », comparable au « That’s All Folks ! », le générique de fin des films de Tex Avery. Mais c’est avant tout d’un style graphique dont Rouxel s’est inspiré. À l’opposé de Walt Disney, dont le « O-Style » en raison de la rondeur de ses
formes 14, est alors en vigueur, Rouxel se situe dans la lignée de celui du studio américain UPA (United Production of America) créé par le scénariste et producteur Stephen Bosustow 15. Le « I-Style », nommé ainsi du fait de ses formes anguleuses, puisait indifféremment ses sources dans l’art contemporain, le dessin de Saul Steinberg (fig.2) et de Ben Shahn, ou encore le mouvement du Bauhaus 16. Les réalisations d’UPA correspondaient en tout point à la philosophie de Rouxel. Il avait vu certains de leurs films tels que Gerald McBoing Boing(fig.6), Madeline 17, The Unicorn in the Garden (La Licorne dans le jardin) (fig.7)18 au Festival international du film d’animation d’Annecy 19. Peut-être d’ailleurs Rouxel connaissait-il ceux de Norman McLaren, expérimentateur de nouveaux genres d’animation, en particulier Le Merle (1959), dont la forme réduite à un triangle pour le bec, deux cercles pour les yeux et des tiges pour les pattes, évoque irrésistiblement celle d’un Shadok (fig.5). Le corps des personnages-oiseaux réduit à une figure géométrique juchée sur de longues baguettes dans La Petite Île de Richard Williams (1958) préfigure aussi celui des bestioles de Rouxel (fig.8). Le film d’animation contemporain joue également un rôle dans la colorisation des Shadoks. Rouxel avait réalisé ses premiers épisodes en noir et blanc, ce qui leur conférait une dimension proche du dessin de presse et convenait au graphisme simplifié des figures. Mais, à la
5. Norman McLaren, Le Merle (The Blackbird), 1958 (Office national du film du Canada) 6. Robert Cannon (Studio UPA – United Productions of America), Gerald McBoing Boing, 1950 (Robert Benayoun, Le Dessin après Walt Disney, Paris, Jean-Jacques Pauvert Éditeur, 1961, p. 79) 7. James Thurber, The Unicorn in the garden, tiré de Fables from our time & famous poems illustrated, 1940 (James Thurber, Writings and Drawings, New York, Literary Classics of the United States ; Library of America, 1996, p. 494) 8. Richard Williams, La Petite Île, 1958 (Robert Benayoun, Le Dessin après Walt Disney, Paris, Jean-Jacques Pauvert Éditeur, 1961, p. 131) 9. Heinz Edelmann, couverture du disque vinyle 33 tours Yellow Submarine, s.d. (collection privée)
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1. En 1973, Jacques Rouxel fonda avec Marcelle Ponti et Jean-Paul Couturier le studio aaa (animation art graphique audiovisuel). Lui-même fut l’auteur d’environ 80 films à vocation éducative, institutionnelle ou publicitaire. Il collabora avec d’autres dessinateurs comme Trez pour des films sur la sécurité routière – cf. Correspondance par email avec Trez, prix de l’Humour noir en 1990, 20 octobre 2017 – ou encore Jean Effel.
2. Sébastien Denis, Les Shadoks. Histoire, esthétique et ‘pataphysique, coll. « Médias Histoire », Ina éditions, Au bord de l’eau, 2015, p. 178. 3. Ibid., p. 177. 4. « L’animation était faite au crayon sur des bandes continues de kodatrace 70 mm, mises dans la bécane et filmées image par image. », Jacques Rouxel, in Fantasmagorie production, « Jacques Rouxel et les Shadoks, nouvelle série n° 2, Montreuil, s. d., p. 19.
5. La réduction des dessins (de 24 à 12 voire à 8) par seconde permettait celle du prix de revient d’un dessin animé. 6. Sébastien Denis, op. cit., p. 114.
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7. Rouxel est un ancien élève de « maths spé ». Cf. l’émission Les Français écrivent aux Shadoks, épisode « Ce soir… Merci ! Merci ! Merci ! », 25 mars 1969, dans laquelle on voit le dessinateur tracer ses figures de Shadoks sur une feuille. 8. Fantasmagorie production, op. cit., p. 24. 9. Jacques Rouxel, cité par André Légé, L’Humanité Dimanche, 28 avril 1968.
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1968 par le nouveau directeur Émile Biasini, amateur d’humour anglo-saxon, qui leur commande trente-neuf épisodes supplémentaires 12. Le premier est lancé sur la première chaîne télévisée française, à l’occasion du lancement de la deuxième chaîne, le 29 avril 1968. Diffusés immédiatement après le Journal télévisé chaque soir, ils sont d’un format très court, deux minutes pour la première série et trois par la suite. En effet, baptisés « carrefours », ces films doivent meubler les intervalles entre la fin d’une émission sur la première chaîne et le début d’une autre sur la deuxième. Mais, d’emblée, ils dépassent cet objectif : les Shadoks et leurs ennemis, les Gibis, vont perdurer sur le petit écran jusqu’en 2000, avec quelques pauses 13 toutefois. Les premiers épisodes divisent les téléspectateurs. Certains d’entre eux sont choqués par la nouveauté de ce dessin animé résolument anticonventionnel et nonsense. Les Shadoks, un style graphique nouveau Le ton novateur des Shadoks est insufflé en premier lieu par le contexte du dessin animé américain contemporain. Cette filiation est d’ailleurs clairement énoncée par l’emprunt à chaque fin d’épisode d’une formule, « C’est tout pour aujourd’hui ! », comparable au « That’s All Folks ! », le générique de fin des films de Tex Avery. Mais c’est avant tout d’un style graphique dont Rouxel s’est inspiré. À l’opposé de Walt Disney, dont le « O-Style » en raison de la rondeur de ses
formes 14, est alors en vigueur, Rouxel se situe dans la lignée de celui du studio américain UPA (United Production of America) créé par le scénariste et producteur Stephen Bosustow 15. Le « I-Style », nommé ainsi du fait de ses formes anguleuses, puisait indifféremment ses sources dans l’art contemporain, le dessin de Saul Steinberg (fig.2) et de Ben Shahn, ou encore le mouvement du Bauhaus 16. Les réalisations d’UPA correspondaient en tout point à la philosophie de Rouxel. Il avait vu certains de leurs films tels que Gerald McBoing Boing(fig.6), Madeline 17, The Unicorn in the Garden (La Licorne dans le jardin) (fig.7)18 au Festival international du film d’animation d’Annecy 19. Peut-être d’ailleurs Rouxel connaissait-il ceux de Norman McLaren, expérimentateur de nouveaux genres d’animation, en particulier Le Merle (1959), dont la forme réduite à un triangle pour le bec, deux cercles pour les yeux et des tiges pour les pattes, évoque irrésistiblement celle d’un Shadok (fig.5). Le corps des personnages-oiseaux réduit à une figure géométrique juchée sur de longues baguettes dans La Petite Île de Richard Williams (1958) préfigure aussi celui des bestioles de Rouxel (fig.8). Le film d’animation contemporain joue également un rôle dans la colorisation des Shadoks. Rouxel avait réalisé ses premiers épisodes en noir et blanc, ce qui leur conférait une dimension proche du dessin de presse et convenait au graphisme simplifié des figures. Mais, à la
5. Norman McLaren, Le Merle (The Blackbird), 1958 (Office national du film du Canada) 6. Robert Cannon (Studio UPA – United Productions of America), Gerald McBoing Boing, 1950 (Robert Benayoun, Le Dessin après Walt Disney, Paris, Jean-Jacques Pauvert Éditeur, 1961, p. 79) 7. James Thurber, The Unicorn in the garden, tiré de Fables from our time & famous poems illustrated, 1940 (James Thurber, Writings and Drawings, New York, Literary Classics of the United States ; Library of America, 1996, p. 494) 8. Richard Williams, La Petite Île, 1958 (Robert Benayoun, Le Dessin après Walt Disney, Paris, Jean-Jacques Pauvert Éditeur, 1961, p. 131) 9. Heinz Edelmann, couverture du disque vinyle 33 tours Yellow Submarine, s.d. (collection privée)
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1. En 1973, Jacques Rouxel fonda avec Marcelle Ponti et Jean-Paul Couturier le studio aaa (animation art graphique audiovisuel). Lui-même fut l’auteur d’environ 80 films à vocation éducative, institutionnelle ou publicitaire. Il collabora avec d’autres dessinateurs comme Trez pour des films sur la sécurité routière – cf. Correspondance par email avec Trez, prix de l’Humour noir en 1990, 20 octobre 2017 – ou encore Jean Effel.
2. Sébastien Denis, Les Shadoks. Histoire, esthétique et ‘pataphysique, coll. « Médias Histoire », Ina éditions, Au bord de l’eau, 2015, p. 178. 3. Ibid., p. 177. 4. « L’animation était faite au crayon sur des bandes continues de kodatrace 70 mm, mises dans la bécane et filmées image par image. », Jacques Rouxel, in Fantasmagorie production, « Jacques Rouxel et les Shadoks, nouvelle série n° 2, Montreuil, s. d., p. 19.
5. La réduction des dessins (de 24 à 12 voire à 8) par seconde permettait celle du prix de revient d’un dessin animé. 6. Sébastien Denis, op. cit., p. 114.
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7. Rouxel est un ancien élève de « maths spé ». Cf. l’émission Les Français écrivent aux Shadoks, épisode « Ce soir… Merci ! Merci ! Merci ! », 25 mars 1969, dans laquelle on voit le dessinateur tracer ses figures de Shadoks sur une feuille. 8. Fantasmagorie production, op. cit., p. 24. 9. Jacques Rouxel, cité par André Légé, L’Humanité Dimanche, 28 avril 1968.
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Liste des documents reproduits
p. 1 Jacques Rouxel, épisode 3, série 3, 1972-1973 Aquarelles sur papier Canson, encre et gouache sur celluloïds superposés 24,5 × 32,5 cm Collection aaa production
Les techniques d’animation des Shadoks ont évolué au fil des séries. Pour la première, l’équipe utilise « l’animographe », conçu pour la RTF par Jean Dejoux en 1961. Il s’agit d’un « appareil destiné, selon la définition de son inventeur, à “créer graphiquement du mouvement”. » L’animographe permettait de réaliser des dessins animés de façon plus économique et plus simple. Au lieu des 24 images par seconde nécessaires pour un dessin animé classique, l’appareil produit un effet de fondu enchaîné qui permet de se limiter à 5 ou 6 images par seconde. Il se compose d’une table à dessin et d’une visionneuse reliées l’une à l’autre, qui permettent de dessiner directement avec un crayon lumographe sur les bandes de Kodatrace. À partir de la deuxième série, l’équipe de production s’élargit et abandonne l’animographe, qui posait de réguliers problèmes techniques. Elle adopte des techniques d’animation plus traditionnelles, utilisant des superpositions de couches transparentes. Pour la première série, les dessins sont réalisés à l’encre, aux feutres Pantone et au crayon lumographe sur des bandes de celluloïds Kodatrace destinés à l’animographe. Une fois disposés dans l’animographe, ils sont filmés en 35 mm. Pour la deuxième, les dessins sont toujours réalisés directement sur celluloïds, mais le format des bandes est devenu plus confortable. Dans la troisième série, les décors sont peints sur papier, tandis que les personnages et objets animés sont dessinés et peints à la gouache sur des feuilles de celluloïd superposées.
p. 2 Jacques Rouxel, épisode 30, série 3, 1972-1973 Aquarelles sur papier Canson, encre et gouache sur celluloïds superposés 24,5 × 32,5 cm Collection aaa production p. 5 Jacques Rouxel, épisode 30, série 3, 1972-1973 Aquarelles sur papier Canson, encre et gouache sur celluloïd, crayon sur papiercalque 24,5 × 32,5 cm Collection aaa production p. 7 Jacques Rouxel, épisode 30, série 3, 1972-1973 Aquarelles sur papier Canson, encre et gouache sur feuilles celluloïd superposées Collection aaa production p. 20, 22, 24 Jacques Rouxel, épisode 39, plan a, Celluloïd saison 3, 1973 Aquarelles sur papier Canson, encre et gouache sur celluloïds superposés 24,5 × 32,5 cm Collection aaa production
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p. 21, 23, 25 Jacques Rouxel, Celluloïd Shadok saison 3, épisode 25, 1973 Aquarelles sur papier Canson, encre et gouache sur celluloïds superposés 25,2 × 33,2 cm Collection aaa production p. 26-41 Jacques Rouxel, plans de la série 1, 1968 Films 35 mm 3 × 5 cm Collection aaa production p. 42, 44, 46 Jacques Rouxel, épisode 8, série 3, 1972-1973 Aquarelle sur papier Canson, encre et gouache sur celluloïds superposés 24,5 × 32,5 cm Collection aaa production p. 43, 45, 47 Jacques Rouxel, épisode 30, série 3, 1972-1973 Aquarelle sur papier Canson, encre et gouache sur celluloïds superposés 24,5 × 32,5 cm Collection aaa production p. 49 ↑ Jacques Rouxel, épisode 4, série 1, 1968 Encre sur bande d’animographe Kodatrace 11,5 × 17,5 cm Collection aaa production
9 782351 251584
25 €
ISBN 2351251584
Par un beau jour de printemps 1968, les Shadoks débarquent sur les télévisions françaises. C’est pour la plupart en noir et blanc que les téléspectateurs découvrent ces bestioles étranges. Leur planète d’origine a pourtant des couleurs plutôt psychédéliques… Si les foyers français se sont petit à petit équipés de postes adaptés, le petit écran n’a jamais su rendre compte des véritables couleurs des Shadoks, celles des dessins et celluloïds réalisés par leur créateur Jacques Rouxel. Découvrez ou redécouvrez au fil des pages l’univers de ces drôles d’oiseaux dans leurs teintes originales.
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