Denis Cardinaux
cette eau de rien
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Du même auteur : Espérir, Poèmes (2003-2008), Chôra 2019. À paraître : Puis, la rive touchée, Poèmes (2009-2011)
ISBN : 978-88-31414-11-1 © 2021, Ed. Chôra s.r.l Via Enea 33, 00181 Roma www.edizionechora.com
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LIVRE I
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ALEPH
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Que veux-tu
I
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et pourquoi cet espace soudain
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vaste comme pour que s’immisce un très grand témoignage ?
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Non formulé, si c’est à moi que tu adresses ton appel, pourquoi choisir alors celui qui ne sait pas même aux lumières de ton cœur ?
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Voici la coupe d’une prose heurtée, vaguement musicale au bout de quelques brèves, le silence, comme dans le regret d’un vers très beau mais impossible - ou peut-être trompeur à ceinturer son trop de vérité dans l’immédiat.
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J’ai confiance et je sais que le chant est donné pour quelque feu très haut qui n’est pas pris encore et que c’est en marchant que mes yeux vont s’ouvrir dans la cantillation des choses de la terre.
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Je te demande la fidélité, l’obstination de la simplicité. Et si ce n’est que défricher, en avant d’un chemin qui serait pour un autre, la poésie n’en sera que plus elle-même, canopée balancée dans les jours vécus, vin renversé sur la mer des nappes.
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Et je sais bien qu’on passe vite sur les choses sans discerner le battement et qu’on s’égare, satisfait des constructions quand il faudrait un pur écho, l’asile d’un amour à ce chevet distrait. Je sais aussi qu’être impuissant au pied d’une exigence, crier ou décevoir, c’est déjà, mort utile, te répondre. Pourtant, si tu ne brilles dans l’image que me sera cette eau de rien, ce silence, saurai-je soutenir le rythme pressenti qui s’en ira au pas des jours ? Qu’est-ce pour Toi que la flamme indécise ? Tu pourras même l’ignorer, ce pauvre essor dans le besoin de ton visage. Tu pourras même délaisser
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Par le dessous de la journée, j’entends monter les notes effacées de noms tremblants au sanctuaire. Ils sont les pauvres dans le cercle le plus bas de ton Église, celui où je me plais à demeurer, celui d’où je regarde s’échouer les notes les plus graves de la fête. Je ne chanterai pas sans la clé du Visage, sans la Nuit, sans les Anges, sans Toi.
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II
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On chuchote dans l’ombre : pourquoi envisager une œuvre sans mesure et selon quelle autorité ? Il ne convient plus d’éluder les vents qui tournent sur les toits, d’occulter le surgeon de la voix dans les jours. Il est venu le temps d’être fidèle et de répondre. Forme une conque de tes mains, retiens cette eau en double écho de la source et du temps.
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Je sais que la parole s’enracine dans un mot de mars, un mot d’automne et de printemps par lequel est tourné le sablier du temps. Car celle qui s’incline au bas de l’escalier des choses, sait ce qu’est la parole et ne prononce qu’une fois. Mais moi, je recommence, je redis, je sais combien les mots se griffent sur les pierres des murs, qu’à peine amorcées, nos louanges se brisent dans l’hésitation de notes imprudentes, et qu’une flamme ne s’exhausse que dans la fumée de la mèche exsangue. Si donc elle ne daigne se laisser voir dans le dépouillement d’un verbe de hasard, du moins, qu’elle préside à ce cœur laissé là.
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Elle à qui je dédie le moindre de ses coups.
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