Dans les JARDINS du périgord Photos Eric Sander Texte Françoise Phiquepal d’Arusmont
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Double page précédente : Kiosque à musique du château de Tiregand à Creysse (XVIIIe siècle).
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Les jardins de la chartreuse du Colombier à Paunat Moderato cantabile
De proportions délicates, au milieu d’une campagne naturellement aimable, mélangée de prairies, de champs et de bois, le Colombier est tout en nuance et subtilité. Le genre de « beauté tranquille et familière » des gravures aquarellées du XVIIIe, dotée de toutes les ressources d’agrément que la nature peut offrir. Toutefois le caractère propre du site, calme et serein, est conservé en harmonie avec le paysage doucement accidenté de collines et combes posé en toile de fond. Selon les principes de la perspective atmosphérique, une distanciation graduelle des différents plans s’opère par l’interposition d’une végétation progressivement amenuisée, allant du plus coloré au plus évanescent vers les teintes du paysage. À partir des façades et accolées aux fenêtres, côté sud, les compositions fleuries azuréennes s’accordent aux tons gris colorés inimitables des santolines, hélychrysum, et chardons couleur acier, et s’égrènent ainsi jusqu’à imperceptiblement se couler dans le paysage des prairies sauvages fleuries, des champs de blé et des lisières forestières qui forment de toutes parts un écrin nuancé. Les plans lointains sont respectés sans adjonction de plantations repérables de groupes d’arbres isolés venant bouleverser les vues agréables, évidemment présentes. Les percées en échappées mystérieuses vers la forêt située en contrebas au nord, ne sont retenues par aucun mur élevé, ni aucune haie qui pourrait provoquer des ruptures opaques et contrastées. Entre coups de cœur et intuitions, depuis quinze ans, ces jardins en parfaite harmonie avec les décors sensibles de la demeure sont sans cesse affinés et constamment en devenir.
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Corniches, ronds de bosse et pots à feu, sont les raffinements d’un assemblage de bâtiments rustiques, d’une chartreuse, un refuge fait pour le rêve d’une existence féerique qui n’accepterait aucune des rudesses et imperfections de la vie quotidienne. Un vaste enclos, un carré magique ceint de murs, et cantonné de deux pigeonniers en pavillon fait écho à ceux de la demeure construite au XVIIe et remaniée au XVIIIe siècle pour devenir un logis aux champs.
Les jardins du manoir d’Eyrignac à Salignac Jeux de verdures
La création des jardins dans un style formel, unique en son genre, a permis, depuis une quarantaine d’années, de rassembler à Eyrignac un florilège de réminiscences inattendues, inspirées par les grandes compositions historiques françaises, italiennes et anglaises. L’intention centrale audacieuse et cohérente était de relier par une ossature végétale les vestiges de l’époque glorieuse des jardins crées au XVIIIe : des bassins en pierre taillée, murets, escaliers, un pavillon dévolu à l’élevage des vers à soie, et une fontaine sculptée. Le motif principal et inattendu, face au manoir construit au XVIIe, correspond à l’alliance très anglaise dans l’esprit « Art and Kraft », d’un parterre de gazon et d’arabesques de bordures épaisses de buis, avec une perspective accélérée, puis bornée par un bouquet de conifères bleus. Le reste du domaine est divisé, avec rigueur, en pièces de verdure entièrement structurées par la taille : verger, allées parallèles des charmes et des vases, salons de repos et rotondes. Les innombrables topiaires fixent par points le dessin des compositions insolites. Un bosquet régulier, dessiné en croix par des haies de buis à hauteur d’appui, met en scène une « folie », la pagode chinoise. La végétation sous contrôle va jusqu’à poser une couvertine de feuillage au-dessus des murets. Ces jardins, qui semblent ainsi échapper à toute mutation, ne se nourrissent pas d’un paysage lointain, mais règnent en maître au milieu d’une propriété de deux cents hectares, sur un vallon de prairies fermées par la forêt.
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La vue du ciel rend compte de la netteté du plan d’ensemble des dix hectares de jardins. Dans le verger ornemental, les couronnes des pommiers sont taillées en boules et maintenues dans des proportions identiques, la base des troncs est sertie par un coussinet de santoline. L’allée des Charmes, perspective appuyée sur un étroit couloir de gazon, est bordée de contreforts de charmes qui, enroulés en spirale, alternent avec des cylindres d’ifs dans une absolue régularité. Et tout en bas, niché parmi les grands marronniers et platane, vestiges du parc à l’anglaise du XIXe, se situent le manoir construit au XVIIe.