Extrait Diamant mandarin - Éditions Ulmer

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ORIGINE ET HISTOIRE Systématique La systématique est la science qui permet d’inventorier et de classer les êtres vivants, créée par le botaniste suédois Carl Von Linné dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Notre animal est un Cordé, c’est-à-dire qu’il appartient à l’embranchement des animaux possédant une « corde » dorsale. Nous avons ainsi ce que les scientifiques appellent le type. Cette « corde » est constituée de vertèbres : logiquement, le mandarin rejoint donc le sous-type des vertébrés. Sa classe est tout aussi évidente : il s’agit d’un oiseau, il n’est guère besoin d’épiloguer. Vient ensuite l’ordre : en ce qui nous concerne, nous avons là un Passériforme (un passereau en langage courant). Définir cet ordre n’est pas aisé, car il est extrêmement vaste et varié. Il rassemble une multitude d’oiseaux de gabarit moyen à petit, originaires de tous les continents. Tous ont en commun, en particulier, des pattes munies de quatre doigts bien développés, trois dirigés vers l’avant et le dernier en opposition. Au sein de cet immense ordre, sont déclinées un grand nombre de familles : celle qui nous intéresse porte le nom d’Estrildidés. Elle rassemble des oiseaux de petite taille, originaires d’Afrique, d’Océanie ou d’Asie. Ceux-ci se distinguent notamment par les traits suivants : - un bec relativement court et fort, caractéristique d’un régime essentiellement granivore - des mœurs généralement grégaires, avec des comportements sociaux marqués, même s’il existe un certain nombre d’exceptions - des couples fidèles et solidement établis - des œufs blancs ou blanchâtres - un nid fermé avec un accès souvent agrémenté d’un tunnel ou d’une marquise ! - des oisillons donc l’intérieur du bec est orné de sortes de petits « tubes», habituellement richement colorés. Certains auteurs ne reconnaissent pas la famille des Estrildidés et considèrent qu’il ne s’agit en fait que d’une sous-famille, les Estrildinés,

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Mâle mandarin de la sous-espèce australienne (P. guttata castanotis).

Mâle mandarin de la sous-espèce océannienne (P. guttata guttata).

comprise dans la famille des Plocéidés, en clair, celle des moineaux et des veuves. Goodwin (1982), dans son ouvrage de référence sur le sujet, s’oppose à cette inclusion et revendique une famille séparée, en s’appuyant sur les différences morphologiques et de comportement propres aux petits astrilds. Les taxonomistes déclinent cette famille en un nombre important de genres. C’est là que les choses se gâtent, car tout le monde ne s’accorde pas sur le sujet ! Si la plupart des experts s’entendent pour affecter le diamant mandarin au genre Poephila depuis les années 1970, d’autres lui préfèrent encore le genre ancien Taeniopygia, proposé par Reichenbach en 1862 (y compris le ministère français !). Le premier fait référence au régime alimentaire (« mangeur d’herbes » en grec), alors que le second se réfère aux stries sombres de la queue. L’origine du terme Poephila n’est pas connue avec précision : beaucoup l’attribuent à Gould (1842), mais Pomarède stipule qu’il serait antérieur et dû aux Français Hombrom et Jacquinot, collaborateurs de Dumont d’Urville… En revanche, il semble y avoir unanimité sur le nom de l’espèce : guttata. Issu du latin, ce nom fait allusion aux « gouttelettes » claires

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Origine géographique et comportement en milieu naturel Le diamant mandarin occupe une large partie du territoire australien, à l’exception d’une étroite bande côtière au sud et des pointes nord de la Terre d’Arnhem et du Cap York. Il est présent dans toutes les petites îles de la Sonde : Timor, Lombok, Flores, Wetar, Sumbawa, Sumba, Alor, Savu, Samau, Kiser, Letti, Sermatta, Luang et Moa. Il a été introduit dans l’île Kangourou au Sud de l’Australie. Son habitat de prédilection consiste en plaines ouvertes herbeuses ou recouvertes de buissons et de bosquets. Il évite les endroits trop arides et les forêts denses, même s’il est régulièrement signalé dans ces dernières. Depuis l’expansion de l’homme et la création de champs cultivés et de points d’eau artificiels dans les régions sèches, son aire de distribution s’est étendue. De même, le semis et l’arrosage de pâturages lui ont offert de nouveaux territoires à coloniser. Enfin, l’exploitation du bois et l’entretien des forêts contribuent également à faciliter son implantation. Le mandarin n’hésite pas à s’approcher des habitations, des jardins et des parcs. Sans se montrer familier, il n’a pas peur de l’homme. Toutefois, sa confiance ne le pousse pas à aller sur le rebord des fenêtres facilement. Sa présence dans un endroit donné est souvent conditionnée par celle de l’eau. Ainsi, dans les régions sèches, il est facile de savoir qu’un point d’eau est situé à proximité si l’on remarque un vol de mandarins. Néanmoins, Goodwin rapporte des expériences qui ont montré que le mandarin était capable de survivre sans eau durant une longue période (jusqu’à 250 jours et même 18 mois, dans certaines conditions). La manière de boire est assez originale pour un passereau : elle rappelle celle des pigeons qui se servent de leur

Parade nuptiale du mandarin. Ici, avec un couple en mutation brune à poitrine noire.

bec comme d’une paille et aspirent de bonnes quantités de liquide à chaque fois. Bien que relativement sédentaire, le mandarin peut effectuer des déplacements importants si les conditions de survie deviennent défavorables, là où il se trouve. Dans tous les cas, c’est une espèce abondante à l’état naturel, qui vit et se déplace en bandes souvent nombreuses et bruyantes, hors saison de reproduction. Il serait ainsi comparable au moineau domestique européen. En période des nids, il devient un peu moins conciliant avec ses semblables, toutefois, plusieurs auteurs mentionnent que les nids sont souvent très voisins et que les oiseaux mènent encore une grande partie de leurs activités en groupes, mais plus petits (une vingtaine d’individus au maximum).

Parade nuptiale du mandarin.

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L e d i a m a nt m a n d a r i n

Dans son habitat naturel, il se nourrit essentiellement de graminées sauvages mûres ou à demi-mûres et de verdure. Immelmann relève que des insectes sont également consommés tout au long de l’année. Ceux-ci sont capturés en vol, sur les feuilles ou au sol. La saison de reproduction varie suivant les conditions naturelles, l’abondance de la nourriture en particulier, elle-même liée à la pluviométrie. Dans les zones sèches, elle survient très clairement après la période de pluies. Cette période s’étale surtout d’octobre à avril en Australie, mais en certains endroits, la ponte est possible toute l’année. Dans le Sud, où le climat est plus rude, les mois les plus froids (de juin à août) sont évités. Le diamant mandarin élève en général au moins deux nichées par an. La parade nuptiale est assez sommaire : les deux oiseaux sautillent de façon saccadée entre deux branches proches, tout en lançant des cris brefs et répétés et en relevant la queue. Simultanément, le mâle gonfle les plumes afin d’en mettre en évidence les parties colorées, notamment le damier noir et blanc du croupion. Lorsque la femelle s’immobilise, le mâle approche par une succession de sauts croisés, tantôt à gauche, tantôt à droite de la branche, en érigeant les plumes de sa tête. Lorsque la parade se situe au sol, ce qui n’est pas rare, le conquérant décrit des cercles de plus en plus étroits autour de sa belle. Si la femelle juge que le bellâtre est digne d’elle, elle s’aplatit et sa queue prend un mouvement saccadé rapide, un peu comme un tremblement. Il s’en suit la copulation proprement dite.

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