Vie chrétienne Nouvelle revue
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B I M E S T R I E L D E L A C O M M U N A U T É D E V I E C H R É T I E N N E E T D E S E S A M I S – N º 1 3 – se p tembre 2 0 1 1
À pied, de Loyola à Manrèse La confidentialité de nos partages
Chercher et vouloir le bien commun
Sommaire
éditorial l'air du temps ~ Xavier Lacroix
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chercher et trouver dieu
Chercher et vouloir le bien commun
NOUVELLE REVUE VIE CHRÉTIENNE Directeur de la publication : Dominique Léonard Rédactrice en chef : Florence Leroy Comité de rédaction : Marie-Élise Courmont Marie Emmanuel Crahay Yves de Gentil-Baichis Dominique Hiesse Paul Legavre sj Barbara Strobel Comité d'orientation : Marie-Agnès Bourdeau Marie-Denise Cuny Noëlle Hiesse Catherine Mercadier Béatrice Mercier Armelle Moulin Trésorière : Martine Louf Conception graphique : Raphaël Cuvelier Un coin de ciel bleu Photo de couverture : © Barbara Strobel Impression : Corlet Imprimeur, Condé-sur-Noireau ISSN : 2104-550X
Témoignages La voie institutionnelle de la charité Christian Mellon De la division à l'unité : Zachée Marie Emmanuel Crahay Le plus urgent, le plus universel Bruno Régent Le babillard se former L'Apostolat de la Prière Frédéric Fornos Bénévole au Secours catholique Marie-Françoise Valls Les Actes des Apôtres. 3 - Soutenir Odile Flichy À pied de Loyola à Manrèse Natalie Lacroix La confidentialité de nos partages Nadine Croizier ensemble faire communauté L'adhésion au CCFD Pierre Cholley L'atelier Étranger Nouvelles d'Abidjan Billet Sur une musique de Rameau… Philippe Robert prier dans l'instant Dans le train… Dominique Pollet
47 rue de la Roquette 75011 Paris 2 Nouvelle revue Vie Chrétienne - Nº 13
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Éditorial
Dans ton royaume En ces jours de rentrée, quelle place désirons-nous pour nos proches et pour nous-mêmes ? La dernière place n’est pas très enviable, sauf si c’est « la dernière qu’il faut absolument saisir » pour ne pas rester sur le carreau. Tout d’abord, il convient d’adopter une stratégie : se lever tôt en espérant que les premiers arrivés seront les premiers servis, travailler d’arrache-pied pour réussir au mérite ou, comme Zachée (p. 14-15), être malin. Anticipation, endurance ou débrouillardise, à chacun sa méthode ; ne jugeons pas. Ensuite, il y a ceux avec qui on a envie de partager spontanément ; ceux avec lesquels on a intérêt à s’arranger ; ceux que l’on oublierait sans doute, si nous vivions sans morale. Par-dessus tout il y a l’Évangile où chacun a une place, préparée par le Christ, tout près de lui 1. Aux jours heureux, nous sommes conscients d’avoir une bonne place. Aux jours de malheur, il est là, « qui veille à Gethsémani » avec nous. Et sa fréquentation nous change, nous ouvre aux autres, à leur bien-être et à leur souffrance. La recherche du bien commun ne va pas de soi. Elle est affaire d’éducation : apprenons aux enfants à rechercher le meilleur avec droiture. Aidons-les à trouver leur place, unique, singulière, celle où ils seront heureux – peut-être loin de l’apparente première place – non pas contre les autres, mais avec les autres. Florence LEROY
1 « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, je vous l'aurais dit ; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez. » (Jean 14,1-3)
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L'air du temps
Sexualité, domination, égalité Au-delà des personnes impliquées et sans préjuger des évolutions futures, « l’affaire DSK » nous invite à réfléchir sur la dimension morale de la « sexualité ».
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Respecter l'intime de la personne
discours avouable ou recevable, la corrélation entre sexualité et égalité semble aller de soi. Que nous soyons presque unanimement indignés du fait qu’un des hommes les puissants du monde ait pu abuser sexuellement d’une femme de ménage, que le principe de sa condamnation (s’il est coupable) aille de soi est révélateur. Certaines conduites envers les femmes ne sont ni acceptables ni acceptées aujourd’hui, quel que soit le rang des personnes impliquées : il y a là un jugement éthique appréciable. Le principe de l’égalité entre hommes et femmes est présent dans toutes les têtes - même s’il est loin de dicter toutes les conduites.
Nous avons oublié à quel point, dans d’autres cultures, la relation entre sexualité et domination semblait aller de soi : entre maîtres et esclaves, entre adultes et adolescents, entre vainqueurs et vaincus, entre hommes et femmes. Aujourd’hui, dans le
Se manifeste aussi une option sur ce que l’on appelle d’un terme un peu vague « sexualité » – que l’on ferait mieux d’appeler « érotisme ». Que ces faits soient jugés comme graves pourrait ne pas aller de soi a priori dans une culture dépourvue de toute morale. S’ils
« Il n’y a pas mort d’homme ». Cette réaction d’un ancien ministre a choqué : apprécions une telle (quasi) unanimité. L’ensemble - ou presque - de nos concitoyens juge insoutenable la relativisation des faits qui sont reprochés à l’ancien directeur du FMI. Il en va de même pour l’affirmation du président d’un groupe de presse selon laquelle « après tout il ne s’agit que d’un troussage de soubrette ! » En d’autres temps, les mêmes propos eussent moins choqué. De telles conduites non seulement étaient fréquentes, mais entraient dans les catégories de l’éthique commune.
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sont graves, c’est parce que, en dernier ressort, ils impliquent le plus intime du corps, la chair. Il y a là une option sur le corps, sur la jouissance, sur l’érotisme dont le fond est moral. Il est reconnu que toucher au corps, c’est toucher à la personne. Que l’intime du corps implique l’intime de la personne. Une telle éthique doit beaucoup plus qu’elle ne le croit à l’éthique chrétienne, qui dit essentiellement cela et dont notre culture est beaucoup plus tributaire que les slogans un peu courts sur les prétendus « tabous judéo-chrétiens » ne le laisseraient croire.
Quel consentement ? Au principe d’égalité se joint celui de liberté. La frontière entre la séduction (encore jugée légitime, heureusement !) et le harcèlement passe par là : y a-t-il ou non consentement ? En ce domaine comme en d’autres, cette notion est tout à fait déterminante. Le consentement – ou son absence
© Henri Gaud/Ciric
– change tout. Une philosophie de la liberté commande de tels jugements. Les actes exprimant le désir – éros – doivent passer par la liberté de l’autre, appellent cette liberté, rassemblée en un « oui ». Ici encore, une éthique est sous-jacente. Que cette éthique soit source de valeurs est indéniable. Qu’elle soit suffisante est une autre affaire. Le consentement justifie-t-il tout ? Légitime-t-il toute conduite ? Est-il toujours suscité par la liberté ? On peut en douter …
Don des corps et don des personnes Nous touchons donc là aussi aux limites de l’éthique ambiante. Depuis le temps que la pensée commune est commandée par le slogan paradoxal « il est interdit d’interdire » et par l’impératif « jouissez sans entraves », presque toutes les limites à la jouissance et à la mise en œuvre du désir ont sauté ou paraissent désuètes. Rares sont celles qui demeurent. Nous venons de les entrevoir – limites que nous pouvons dire « républicaines ». Mais, face à l’impétuosité des désirs, elles sont fragiles. Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que les forts, les puissants, les malins se croient « tout permis ». La conduite (au moins présumée) des hommes de pouvoir est révélatrice de potentialités qui sont présentes en chacun et peut-être même en chacune. Entre pouvoir et jouissance, il semble y avoir des affinités, voire une continuité. À mi-chemin entre ces deux termes se trouve celui de « puissance ».
Ainsi notre culture est-elle marquée par le basculement entre une certaine intransigeance envers certains actes - certes graves - et un laxisme généralisé envers d’autres. Ce contraste conduit notamment à ce que l’on a pu appeler une judiciarisation des conduites érotiques : de plus en plus de condamnations pénales ont lieu pour « viol » ou « attentat à la pudeur ». Leur nombre a triplé en dix ans. Actuellement, les affaires dites « de mœurs » occupent jusqu’à 60%, voire 80% du rôle de certains ressorts judiciaires. Mais le droit ne suffit pas à réguler la sexualité. Rien ne peut remplacer la morale, c’est-à-dire la régulation des conduites qui
passe par la conscience ou l’éthique, c’est-à-dire la formation du jugement sur la signification profonde des actes. Une fois que vous avez fait sauter le verrou de la corrélation entre érotisme et alliance, c'est-à-dire entre le don des corps et le don des personnes, les quelques barrières mises au désir sont fragiles. L’alternative entre une philosophie du plaisir qui ne mise que sur la puissance, le pouvoir, la satisfaction des pulsions et une éthique spirituelle qui souligne le côté relationnel des gestes est de plus en plus d’actualité.
Xavier Lacroix est professeur de théologie morale à l'Université catholique de Lyon et membre du Comité consultatif national d'éthique. Il est l’auteur, entre autres livres, de La traversée de l’impossible Xavier LACROIX (Vie chrétienne) Le 26 juin 2011 et Le corps de l’esprit (Cerf).
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Chercher et trouver et trouver Dieu Dieu
Chercher et vouloir le bien commun Pourquoi veiller au bien commun et en prendre soin ? Deux mots pour désigner ce qu’il est : bien et commun. S’il est bien, c’est qu’il n’est pas mauvais, même bon, qu’il mérite considération et recherche active. S’il est commun, c’est qu’il n’appartient pas seulement aux autres, il est à moi aussi. C’est mon affaire, mes affaires. En élargissant mon regard depuis mes propres intérêts, je partage mieux ce qui est à nous tous. Penser global, agir local : c’est d’abord dans la proximité et les petits riens quotidiens que se crée et se goûte le « bon pour tous ». La rencontre des autres m’est aussi nécessaire pour apprécier, discerner et juger ce qui doit être fait. Dans le champ commun à moissonner, il y a encore beaucoup de trésors à trouver, et pour mon plus grand bien particulier. Témoignages Le bien des autres. . . . . . . . . . . . . . . . 8 Entre voisins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Jour après jour. . . . . . . . . . . . . . . . . 10
© Jacques Cousin / Ciric
Contrechamp La voie institutionnelle de la charité 12
Dominique HIESSE Éclairage biblique Zachée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Repères ignatiens Le plus universel, le plus urgent, le plus durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
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Pour continuer en réunion . . 18
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Chercher et trouver Dieu
Le bien des autres Dans un pays comme la Belgique où le fossé entre Wallons et Flamands semble infranchissable, apprendre la langue du « voisin » permet de tisser des liens.
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Nous voulons transmettre à nos enfants ce principe reçu de nos parents : « Soyez constructifs ». Quoi de plus humain que les langues pour construire ensemble !
tout par besoin d’argent. Mais aujourd’hui il aime retourner à Anvers.
Une autre raison est la complémentarité des cultures de notre pays : la culture flamande, travailleuse, audacieuse pour entreprendre et opportuniste et la culture française, imaginative, audacieuse pour innover et perfectionniste. La combinaison des deux est assurément un excellent atout.
Notre fille, 19 ans, a été invitée tout enfant, en Flandre pour faire de la conversation en français avec des enfants flamands. Suite à cela, elle a décidé d’apprendre le néerlandais et d’effectuer ses trois dernières années primaires en flamand dans le village voisin du nôtre, qui est en Flandre. Elle a également passé quelques séjours en Flandre dans des familles où elle était très à l’aise. Elle a donc un très bon niveau de bilinguisme et a un contact facile avec les étudiantes d’origine flamande qu’elle croise aujourd’hui à Bruxelles.
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Il se fait que, à égale distance de Londres, Amsterdam, Cologne, Luxembourg et Paris, nous vivons à un carrefour entre les cultures latine, germanique et anglo-saxonne.
se fuir. De toute façon, ils apprendront l’anglais par la force des choses.
Enfin, quoi qu’il advienne de la Belgique, les deux régions resteront là où elles sont et le besoin de « passeurs de frontières » n’en sera que plus crucial. Maintenant le cas de chacun de nos enfants est différent.
Pourquoi le néerlandais comme première langue étrangère ? Nous avons toujours défendu auprès de nos enfants, que le néerlandais était, là où ils sont, la langue qui leur viendrait le plus à point. Bien sûr, l’anglais passe partout mais utilisé entre voisins, c’est déjà une façon de
L’aîné, 20 ans, beaucoup d’humour, avait des difficultés en néerlandais à l’école. Il a effectué plusieurs fois des stages d’une semaine en Flandre dont il est, à chaque fois, revenu enthousiaste. Et il nous semble que le courant passait bien dans les deux sens. Il a également passé quatre mois à Anvers, logeant chez l’habitant dans des conditions difficiles, ses hôtes l’accueillant sur-
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Notre plus jeune, 13 ans, a effectué un premier stage de néerlandais pendant les dernières vacances à Pâques. Nettement plus jeune que la moyenne, ça a été dur pour lui, mais ça l’a visiblement décoincé. Il cite maintenant fréquemment à la maison des expressions flamandes qu’il a apprises, et son attitude face aux préjugés et ricanements qui fusent aujourd’hui dans les écoles a bien évolué. Notre intention est donc de persévérer avec lui dans ce sens et nous avons l’heureuse impression que ce soit partagé.
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CATHERINE et CHARLES
Entre voisins La fête des voisins n'est pas juste un moment sympathique superflu - ou un pensum pour certains ! Elle favorise le vivre ensemble. Participant au conseil syndical, j’ai commencé à comprendre que cet immeuble est un bien que nous avons en commun, que ce bien est éphémère. Je le reçois comme un don de Dieu, un don à faire fructifier, un immeuble à faire vivre et à entretenir.
La fête des voisins aide à faire fructifier ce don, car parler des vide-ordures avec une voisine qui n’a pas la même position que moi avec un bon verre de vin et en dégustant ce qu’elle a préparé ne conduit pas au même échange que lors de l’assemblée générale.
J’observe que les propriétaires qui habitent l’immeuble prennent davantage souci de ce bien que ceux qui achètent pour faire un placement immobilier ou en tirer des revenus : certaines décisions ne peuvent être votées que si les deux tiers des voix sont représentées, ce qui ne nous arrive jamais. Si nous ne décidons pas ensemble de l’entretenir, il va se dégrader ; mais l’entretenir coûte cher et tous n’en ont pas le même souci.
Faire la fête avec mes voisins m’a permis de passer du souci de mon appartement au souci de notre immeuble : j’ai décidé de mettre des doubles vitrages, même si cela ne change pas ma facture de chauffage puisqu’il est collectif, mais je me suis dit que si de plus en plus de personnes le font, ensemble nous respecterons l’énergie que Dieu met à notre disposition.
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© Barbara Strobel
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Depuis longtemps on parle de la fête des voisins ; j’en avais d’autant plus le désir que j’avais du mal à faire connaissance avec les habitants de mon immeuble. J’habite dans une grosse copropriété où se mélangent des propriétaires, pour la plupart établis depuis longtemps, et des locataires qui tournent vite, car ils sont, pour la plupart, dans des studios aux loyers assez chers ; les propriétaires qui sont là depuis longtemps se connaissent et cela leur suffit ; les locataires, qui ne restent pas, ne cherchent pas à nouer des relations. J’ai cherché à savoir qui pouvait organiser cette fête et on m’a répondu que c’était le conseil syndical ; aussi dès qu’on m’a proposé d’entrer au conseil, j’ai accepté.
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Chercher et trouver Dieu
Jour après jour © P. Razzo/ Ciric
Après 10 ans de travail dans le secteur social, Patrick a rejoint en 1980 un groupe international, où il est en charge des relations avec les pouvoirs publics. Comment servir les intérêts de l’entreprise, tout en ayant le souci du bien commun ? Il n’existe pas de réponse toute faite, mais une attention portée à l’autre qui doit être constante. du bureau : les expatriés sont inquiets, rester à Tokyo, rentrer ? Visite de notre jeune agence commerciale, et son responsable, Damien. Dîner avec l’ambassadeur et des chefs d’entreprise français. Échos de la vie locale : un pays attachant, mais une administration lente, inefficace souvent corrompue. Pour tenir, ne pas craindre de se faire craindre. Point du soir : une journée de découvertes, des défis gigantesques dans ce pays, des opportunités de marché, de ressources énergétiques et agricoles, Tchernobyl à 200 km, …un pays où tout est à construire ou reconstruire.
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Lundi à Kiev Rencontre avec l’ambassadeur de France, ministres et premier ministre d’Ukraine : des défis gigantesques pour redresser le pays, des ambitions pour se rapprocher de l’Europe… 13 h 30, téléphone de Jacques, notre patron au Japon, c’est son heure habituelle, il rentre
« Envoie ton Esprit, Seigneur, et tout sera créé, tu renouvelleras la face de la terre. »
Mardi 7 heures, toujours à Kiev Ce pays en voie de libération : volonté d’indépendance, aspiration aux standards de l’Union Européenne, des réseaux occultes, la religion orthodoxe pour fondement de la société. Je médite sur ce verset du cantique de Zacharie : « Salut qui nous arrache à l’oppresseur, aux mains de tous
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nos ennemis : amour qu’il scellait avec nos pères et souvenir de son alliance sainte. » Ce matin, entretiens avec des responsables gouvernementaux, mais le premier est annulé ; ce sera une pause prière méditative à Sainte-Sophie. Le Christ vient et me sauve, son Esprit me guide tel un GPS pour me remettre sans cesse sur la route de Dieu qui est en moi, qui suis créé par lui à son image. Seigneur, que mes pensées, mes actes et mouvements intérieurs soient orientés à ta louange et à ton service ; que je reste ouvert aux diverses options qui se présentent à moi… Point avec Dieu avant de me coucher : « Souviens-toi de ce pays, de cette nouvelle équipe… Merci pour ces découvertes. Souviens-toi de chacun des enfants dans leur souci et leurs aspirations. Souviens-toi de mon épouse, son souci par rapport à son équipe de travail. Que chemine en moi ce tournant à prendre, l’année prochaine, moins de travail, plus d’ouvertures et
d’engagement communautaire. »
Jeudi 6 h 50, Paris (Jeudi saint) « Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Pour la réunion du groupe central Paris et du bureau de Bruxelles « que nous trouvions le juste équilibre entre développer les intérêts de l’entreprise et partager en externe notre expertise et nos ressources ». À la réunion, on se réjouit du succès du subventionnement de l’extension de notre usine en pays de l’Est. Nous notons que la région a 18 % de chômage. Pourrait-on rétrocéder une part des subventions reçues pour soutenir son développement ? Le directeur de l’usine nous demande de l’aide pour développer des options énergétiques en coopération avec l’État ; on imagine un projet et des alliés pour une filière propre… Mais il faut créer un projet industriel en interne. Et un directeur pays n’a pas la liberté de décider de tout cela. Vais-je en parler à mon patron ? « Seigneur, encore une riche journée, bravo à Stéphane et à Catherine, Merci pour ces collaborateurs, je les aime… Je te rends grâce. Pardon pour mes agacements, pour mon rythme trop rapide, pour les objectifs trop tendus que je fixe… Vais-je parler au président de ces projets pour ce pays de l’Est ? Ce n’est pas de mon ressort… mais pourquoi pas… ? Seigneur, merci, je suis fatigué… je te fais confiance.
« Tu es là au cœur de nos vies et c’est toi qui nous fais vivre… »
Vendredi : 6 h 50, point du matin avec Dieu Louange, « merveilles que fit le Seigneur », pensée pour chacun des enfants et petits-enfants, pour Catherine – Oui, je parlerai au président du cas de cette usine. Aujourd’hui, formation pilote des directeurs d’usines France concernant leurs relations avec les institutions territoriales : qu’ils prennent conscience de leur rôle d’acteur territorial outre leur rôle de management de leur usine… Travailler sur les scénarios du futur du territoire, ne pas seulement attendre des collectivités qu’elles soutiennent leurs besoins. Ils expriment leurs doutes, leurs besoins de savoir-faire, ils prennent conscience d’une composante nouvelle de leur responsabilité en externe. 13 h 30, téléphone de Jacques, du Japon : les médias européens dramatisent le risque nucléaire, les Japonais restent soucieux, mais confiants dans les mesures qui seront prises. Jacques est un ami, je sens que ces appels quotidiens sont importants pour lui : expression de ses soucis, soupapes ; privilège pour moi que de suivre en direct les suites d’une telle catastrophe et de pouvoir la porter dans la prière. Reprise de ma messagerie : notre avis à donner sur le projet de prime liée aux dividendes, sous 24 heures : n’est-ce pas une fausse bonne idée, un mélange
des genres, une mesure électoraliste et en fait pour un petit nombre, ni les patrons, ni les syndicats n’en veulent ? Une autre question, sur notre nouvelle usine en cours de construction en Asie et ses relations avec les villages environnants. Point du soir : ces deux questions me reviennent : « Seigneur, trouver l’équilibre entre construire cette usine en Asie, créer de l’emploi, des compétences, de la richesse locale… rester vigilants aux populations les plus défavorisées. » Prime ? L’actionnaire et le salarié, des positions différentes, ne pas opposer des catégories, soutenir les salaires face à l’inflation, justice… Il faut que je me mouille : « Que l’Esprit généreux me soutienne, éclaire mes pensées et mes positions ».
Samedi soir : veillée pascale et eucharistie de Pâques Dieu est en tous ces événements, l’Esprit me fait vivre, Il ne me laisse pas me désespérer, il me recentre sur cette permanente alliance d’amour de Dieu pour moi, sur cet accueil du Christ, crucifié, mais bras ouverts. « Jésus, Christ, donne-nous la grâce de garder les bras ouverts pour accueillir le monde, animés de la foi en la vie plus forte que la mort. »
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PATRICK
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Chercher et trouver Dieu
La voie institutionnelle de la charité Œuvrer en vue du bien commun Le bien commun n'est pas une somme de biens dont on peut dresser la liste. Il ne se réduit pas non plus à la somme des intérêts personnels. Il n'est pas non plus réservé au champ de la conscience individuelle. Mais qu'est-ce donc que le bien commun ? Que nous dit l'Église ?
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La notion de « bien commun » est au cœur de l’enseignement social de l’Église. Mais ses racines sont bien antérieures à l’émergence de cet enseignement – publication en 1891 de l’encyclique Rerum novarum sur la condition ouvrière – puisqu’on en trouve déjà chez Thomas d’Aquin. Centrale, cette notion n’est pas toujours facile à cerner, car un certain flou caractérise son contenu, comme on le voit dans la définition succincte qu’en donne le Concile Vatican II : « cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu'à chacun de leurs membres, d'atteindre leur perfection d'une façon plus totale et plus aisée » (Gaudium et Spes 26, 1). Plus éclairante est la toute récente présentation qu’en donne Benoît XVI : « À côté du bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société : le bien commun. C’est le bien du « nous tous »,
constitué d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui forment une communauté sociale. Œuvrer en vue du bien commun signifie d’une part, prendre soin et, d’autre part, se servir de l’ensemble des institutions qui structurent juridiquement, civilement, et culturellement la vie sociale qui prend ainsi la forme de la pólis, de la cité. » (Caritas in Veritate 7) Le « bien commun » est donc davantage une « visée » (il s’agit d’ « œuvrer en vue du bien commun ») qu’une somme de biens dont on ferait aisément le catalogue. Si l’on peut dresser une liste des « biens publics » (par exemple la qualité de l’eau, ou de l’air, etc.), le bien commun renvoie plutôt à un fonctionnement des institutions (sociales, politiques, juridiques, économiques) orienté vers autre chose que la somme des intérêts individuels. On touche là à un point important de
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l’anthropologie chrétienne : le social (au sens large : le politique, le culturel, l’économique, etc.) n’est pas une dimension qui en quelque sorte se surajouterait à l’individuel (parce qu’il faut bien tenir compte des autres pour vivre ensemble), mais il est constitutif de la personne même : l’homme, comme Dieu dont il est « l’image », est un être en relation, un être de relations. Il faut donc prendre au sérieux la formule de Benoît XVI : il y a vraiment un bien du nous tous, « lié à la vie en société », qui ne se réduit donc pas à la somme des biens de chacun. C’est la raison pour laquelle le marché ne peut tenir lieu de politique : il peut, sous certaines conditions, réaliser de bons compromis entre les intérêts des divers acteurs économiques (producteurs, travailleurs, consommateurs, etc.), mais il ne peut par lui-même viser le « bien commun », car celui-
En se démarquant nettement de l’individualisme dominant, en s’opposant à l’idéologie du « tout marché », la doctrine sociale de l’Église ne peut que susciter des réticences, voire des oppositions frontales. Chacun pressent les points sur lesquels de tels conflits sont probables. Pensons notamment à la culture de la compétition transmise dans le système scolaire comme dans l’entreprise (alors que la visée du bien commun exige une éducation à la coopération), à la tolérance croissante envers les inégalités de revenus et de patrimoines, à la faveur que rencontrent les thèses nationalistes (xénophobes, islamophobes, etc.), à l’indécente mobilisation sur des revendications catégorielles contraires à ce qu’exige le bien social général (le lobby des automobilistes dans l’affaire des « radars mobiles »), etc. La fidélité à l’« Évangile social » impose donc parfois un devoir de « résistance », comme on l’a vu récemment avec la mobilisation de nombreux mouvements – dont CVX – et instances ecclésiales contre des dispositions de la récente « loi Besson » sur les migrants. Le chrétien qui se décide à « œuvrer en vue du bien commun » doit savoir que ses engagements (sociaux, politiques ou syndicaux), ses choix en matière d’éducation, ses recherches de « modes de vie » plus respon-
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ci n’est pas de l’ordre des intérêts (si légitimes soient-ils) à concilier, mais d’une politique orientée par une éthique (solidarité, souci des plus faibles, respect de la dignité de chacun, etc.).
Ensemble, pour tous les passagers du navire « terre ».
sables à l’égard des générations futures (notamment en matière de consommations d’énergie), peuvent susciter des tensions, voire des conflits parmi ses proches. Mais il n’a jamais été dit que l’Évangile ferait consensus ! Plus positivement, chacun est invité à prendre au sérieux la dimension politique de la vie en société. Tous, certes, n’ont pas vocation à militer dans un parti politique ou à solliciter un mandat électif, même si l’Église y encourage ceux qui s’en sentent le goût et les compétences 1. Mais tous ont à travailler pour améliorer les « institutions qui structurent juridiquement, civilement, et culturellement la vie sociale, qui prend ainsi la forme de la pólis, de la cité » (Caritas in Veritate 7). Car la visée du bien commun n’est pas d’abord une question d’harmonieux rapports interpersonnels, mais d’institutions. Alors que beaucoup ne conçoivent spontanément la « charité » que dans leurs relations avec des personnes, la doctrine sociale de l’Église – de Pie XI (parlant en 1927 de « charité politique »)
à Benoît XVI – souligne qu’elle passe tout autant par « la voie institutionnelle ». Il en va du réalisme et de l’universalité de la charité : « On aime d’autant plus efficacement le prochain que l’on travaille davantage en faveur du bien commun qui répond également à ses besoins réels. Tout chrétien est appelé à vivre cette charité, selon sa vocation et selon ses possibilités d’influence, au service de la pólis. C’est là la voie institutionnelle – politique peut-on dire aussi – de la charité, qui n’est pas moins qualifiée et déterminante que la charité qui est directement en rapport avec le prochain, hors des médiations institutionnelles de la cité. » (Caritas in Veritate 7) « Œuvrer pour le bien commun » : un appel d’autant plus important aujourd’hui que ce bien commun prend une dimension planétaire : le « nous tous », ce n’est plus l’ « entre nous » (d’un même pays, d’une même culture, d’une même religion…), c’est vraiment tous les passagers du navire « terre ».
1 Une association dont CVX est partenaire, La politique une bonne nouvelle, propose aux jeunes chrétiens des formations pour mieux vivre cette forme d’engagement citoyen et chrétien. Voir www.politiquebonnenouvelle.eu
Christian Mellon, jésuite, est membre du CERAS (www.ceras-projet.com), dont une des missions est de faire connaître le Discours social de l’Église (www.discours-socialcatholique.fr) et de s’en aider pour éclairer les enjeux sociaux et politiques d’aujourd’hui. Il est par ailleurs, au sein de CVX, accompagnateur de l’atelier Étranger et de l’équipe Île-de-France de l’atelier Justice.
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Christian MELLON sj
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Chercher et trouver Dieu
De la division à l’unité :
Zachée
1 Entré dans Jéricho, il traversait la ville. 2 Et voici un homme appelé du nom de Zachée ; c'était un chef de publicains, et qui était riche. 3 Et il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait à cause de la foule, car il était petit de taille. 4 Il courut donc en avant et monta sur un sycomore pour voir Jésus, qui devait passer par là. 5 Arrivé en cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite, car il me faut aujourd'hui demeurer chez toi. » 6 Et vite il descendit et le reçut avec joie. 7 Ce que voyant, tous murmuraient et disaient : « Il est allé loger chez un homme pécheur ! » 8 Mais Zachée, debout, dit au Seigneur : « Voici, Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j'ai extorqué quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. » 9 Et Jésus lui dit : « Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d'Abraham. 10 Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » © Ciric
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Luc 19, 1-10
(Traduction Bible de Jérusalem)
La notion de bien commun présente chez Aristote apparaît dans les lettres de Paul à propos de la communauté (1 Corinthiens 12,7) ; par contre elle est passée sous silence dans les évangiles. Pourtant l’action de Jésus n’est pas sans effet sur le comportement de chacun en société, Zachée en a fait l’expérience. Voici un homme de paradoxe : l Petit de taille, il habite la ville la plus basse du monde (environ 300 m en dessous du niveau de la mer). Comment alors désirer le bien commun qui demande de la hauteur ? l Bon en calcul mais maillon faible dans les
Toile de l'action de Carême,1978. D'après Alemayehu Bizuneh, peintre éthiopien.
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relations.
l Trapu, mais leste comme un enfant. l Son nom « Zakkay » signifie en hébreu « pur », « juste ». « Pur » mais partenaire des publicains impurs, « juste » mais voleur et profiteur. Il est un homme divisé, il ne sait plus bien où il en est, peut-être aspire-t-il à une vie autre, à la vie vraie, mais à quel saint se vouer ? Voici qu’est annoncée à Jéricho la venue du prophète de Galilée dont on parle. Il y a foule, il paraît que ce Jésus vient de guérir un aveugle à l’entrée de la ville. S’il pouvait quelque chose ? Comment l’approcher ? Le voir sans être trop vu ? Jésus est en route vers Jérusalem. À trois reprises il a annoncé sa passion, son temps se fait court. Solidaire de l’humanité, partageant le regard du Père qui veut qu’aucun ne se perde, il passe près du sycomore et lève les yeux. Les regards se croisent. « Zachée, descends vite ! » Le collecteur d’impôt ne se le fait pas dire deux fois. Lui mal vu de la société est choisi comme hôte par Jésus ! L’évangile n’en dit pas plus, pas d’autre parole du Christ, ni reproche, ni conseil, seul le geste de s’inviter remet tout en question chez Zachée. « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Apocalypse 3,20). Zachée est appelé à prendre place au festin du Royaume. Il est élu, il est fils d’Abraham. Par son geste Jésus lui redonne confiance, les autres ne sont plus vus comme objets de profit, mais peuvent devenir des partenaires. Ses biens ne lui appartiennent plus définitivement, il se sent appelé à faire justice, à partager avec ceux qui manquent. Il n’est pas dit qu’il change de métier, mais l’énergie qu’il a mise à amasser pour lui, il pourra la déployer au service des autres et par là servir le bien commun. Le geste de Jésus a fait éclater la perception qu’il avait de
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lui-même. Réintégré dans la communauté il peut remettre de l’ordre dans ses affaires, respecter le droit dans les négociations avec les autres, et promouvoir ainsi le bien commun. Marie Emmanuel CRAHAY Auxiliaire du Sacerdoce
Pour prier…
✚ Imaginer les lieux : la ville, la foule, la rue, le sycomore. Préciser ma demande : voir Jésus, qu’il rende droit mon regard sur les autres, ajuste mon rapport aux choses, aux biens. ✚ Voir les personnes : Jésus qui avance dans Jéricho, Zachée qui monte et attend sur son arbre, d’autres publicains subalternes qui l’aperçoivent, la foule qui s’arrête avec Jésus, le regard de Jésus sur Zachée ✚ Entendre l’enseignement de Jésus : « Où est votre trésor, là aussi est votre cœur. » Où est mon trésor ? Sa parole à Zachée : « Il me faut aujourd’hui demeurer chez toi » Quelle nécessité habite Jésus ? Les murmures dans la foule : d’où viennent-ils ? Et moi ? Comment je regarde les responsables véreux ? ✚ Considérer ce qui se passe : le retournement de Zachée, les bénéficiaires de ce retournement. La joie de Jésus et de son Père, celle de Zachée et de ceux à qui il a fait justice. ✚ M’entretenir avec le Seigneur, le louer pour son action, me réjouir de la réhabilitation de Zachée. Lui parler de mes affaires, de mon souci du bien commun, de ceux pour qui aujourd’hui je désire le salut. Terminer par un Magnificat. Septembre 2011 15
Chercher et trouver Dieu
Le plus universel, le plus urgent, le plus durable La générosité ne fait pas tout. Face aux multiples sollicitations en vue du bien commun, nous pouvons très vite nous disperser, nous épuiser, nous égarer. Dans ses lettres, saint Ignace donne des critères de jugement à ses premiers compagnons.
I
1 Ignace de Loyola, Écrits, DDB 1991, p. 819-821.
Il faudrait pouvoir citer et commenter en entier la lettre d'Ignace « aux compagnons envoyés en mission » du 8 octobre 1552 1. Elle décrit trois points, concernant les envoyés et le soin qu'ils ont à avoir d'eux-mêmes, le prochain (vers qui aller, que faire, les moyens, la manière d'agir), et le lien avec le Corps et sa tête. Tout en s'adressant à des jésuites, elle peut inspirer tout chrétien soucieux de rendre le meilleur service. J'interprète ainsi ces trois dimensions de l'envoyé en mission :
1. D'abord, il a à prendre soin de lui. 2 Ignace de Loyola par lui-même, Éditions Vie Chrétienne 350, §§ 88-89.
« Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme ? » Il y a un nécessaire combat personnel pour fuir les tentations trop fortes, pour tenir dans une intention droite,
pour garder des forces physiques et spirituelles. Cette réalité est simple à exprimer : le bien du prochain et le bien de l'envoyé ne s'opposent pas ; l'un ne saurait se déployer au détriment de l'autre. 2. Ce qui concerne le rapport au prochain se décline dans quatre directions : De qui me rendre proche ? Comme on ne peut le faire de tout le monde, il convient de choisir des personnes dont on espère plus de fruit : ainsi ce peut être ceux qui ont de plus grands besoins, ou des personnes influentes, ou des personnes susceptibles de devenir ellesmêmes des envoyés. Par exemple Ignace, de passage dans son village natal 2, ira loger avec les pauvres et les sans domicile fixe, tout en usant de ses relations
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pour faire modifier des règles du vivre ensemble. Quelles actions sont prioritaires ? D'abord celles pour lesquelles on est envoyé ! Et ensuite, préférer les plus urgentes, les plus universelles, les plus durables, à celles qui sont moins urgentes, plus particulières, de courte durée ; il ne suffit pas de commencer une action, il convient d'accomplir. Les œuvres spirituelles sont à préférer aux corporelles : un exemple pour illustrer cette délicate préférence : de passage dans son village, Ignace enseigne le catéchisme aux enfants (et des adultes viennent l'écouter !), il prêche à l'hôpital, et son influence permet que soient adoptées par les responsables concernés des lois pour soutenir de manière régulière et officielle
les pauvres. Le soutien corporel des pauvres est honoré de manière durable, car inscrit dans une intelligence spirituelle, une conversion, qui est allée jusqu'à devenir réglementaire. Il fera également adopter des lois pour interdire les jeux, pour que les mauvaises mœurs n'aient pas pignon sur rue, et pour que l'angélus sonne trois fois par jour : la vie en commun doit aider les habitants à bien vivre. Quels moyens ? Outre l'exemplarité de la vie de l'envoyé, et sa prière, il faut s'adapter aux lieux et circonstances ; et comme on ne peut prendre tous les moyens, choisir les plus efficaces et ce dont on
sait mieux se servir. Ainsi Ignace, n'ayant pas peur de traiter avec des responsables politiques et religieux, les interpellera souvent pour qu'ils améliorent leur gouvernance, qu'ils aient une attention à telle situation particulière, qu'ils aient le sens de la justice, qu'ils témoignent d'une vie personnelle honnête et charitable. De quelle manière agir ? Avoir l'humilité de commencer par en bas sans s'ingérer dans ce qui est plus élevé. Essayer de se concilier la bienveillance des personnes avec qui l'on traite. Ainsi Ignace, quand il traite avec des personnes influentes, n'est pas le donneur de leçons, ni ne
se met sur un rang d'égalité ; son autorité, sa force d'interpellation s'appuient sur un profond détachement personnel, un souci de faire entendre la voix de ceux qui ne sont pas respectés. S'il invite des théologiens jésuites, experts au Concile de Trente, à aller loger chez les pauvres, c'est aussi pour le bien de ces jésuites et l'enracinement concret de leur parole de théologien. 3. Troisième dimension : le lien avec le corps et la tête. Ignace est bref, parce que cette dimension est évidente : l'envoyé doit se laisser diriger, car il n'est pas le meilleur juge de ce qu'est le bien le plus universel.
Saint Ignace de Loyola s’adresse à des religieux, à des hommes du 16 siècle. N’oublions de remettre ces extraits en perspective. e
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Premier point : à propos de soi-même. On veillera à ne pas oublier son âme tout en s'occupant des autres ; il ne faut pas consentir à la faute la plus légère pour tout le gain spirituel du monde, ni davantage s'exposer au danger de la commettre. […] on laissera de côté l'extérieur et l'on ne considérera pas les créatures comme belles ou aimables, mais comme lavées dans le sang du Christ, comme des images de Dieu, comme le temple du Saint-Esprit. […] Deuxième point : le prochain. […] 2. Pour les œuvres de charité dont on s'occupe, on préférera à toutes les autres celles pour lesquelles on est spécialement envoyé. Parmi les autres, on préférera les meilleures, c'est-à-dire les œuvres spirituelles aux corporelles, les œuvres plus urgentes aux moins urgentes, les œuvres universelles aux particulières, les œuvres qui durent à celles qui passent, car on ne peut tout faire. On se souviendra qu'il ne suffit pas de commencer, mais qu'il faut autant que possible accomplir et conserver les œuvres charitables et bonnes. […] Saint Ignace de Loyola Lettre du 8 octobre 1552
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Chercher et trouver Dieu
! Bruno Régent, jésuite, est l’auteur du Récit de l’origine (Vie Chrétienne) et de L’énigme des talents (Médiasèvres).
En final, la lettre se termine en invitant les envoyés à chercher des moyens matériels pour fonder des collèges et de bons candidats pour rejoindre la Compagnie de Jésus. J'y vois la trace d'une tension qui traverse la mission : le plus universel invite à s'ouvrir aux autres, à aller plus loin, et on voit les premiers jésuites sillonner l'Europe, François Xavier aller toujours plus loin dans l'Asie à la rencontre d'autres pays. Mais il y a à tenir le terrain, à vivre dans des fidélités relationnelles ; à côté de ces défricheurs animés de cette exigence du davantage et
du plus universel, il y a besoin de « coadjuteurs », de collaborateurs qui vont durer à un endroit, et enraciner localement dans le temps les fruits de la conversion : un davantage dans la profondeur du local. Ignace vise le bien commun ; il cherche notamment à ce que chacun et notamment les décideurs exercent leurs responsabilités en fonction du bien commun. Le bien recherché pour chacun et pour tous est celui de vivre sa vie comme un service des autres. C'est un bien spirituel, puisqu'il touche à l'orientation de la vie. La vérité de cet
esprit s'inscrit dans des œuvres et des relations en faveur des pauvres, des malades, des prisonniers (Matthieu 25). Le projet ignatien n'est pas politique, mais évangélique ; il ne cherche pas du pouvoir, mais un service. Il renonce à toute satisfaction – d'en faire assez, ou de savoir que l'on fait bien –, à toute jouissance sensible – d'être reconnu dans ses vertus, d'être remercié par ceux qui sont servis – pour vivre d'un amour en acte dont les critères sont obéissance et service effectif.
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Bruno RÉGENT sj
Pour continuer en réunion… Trois pistes…
• P iste 1 :
Regarder les petites décisions que je prends au quotidien : suis-je attentif(ve) à leurs conséquences sur la vie de mes proches ? y a-t-il parmi elles des initiatives concrètes pour améliorer la vie ensemble ? contribuent-elles à prendre soin de ce qui est collectif ?
• P iste 2 :
Pour les questions de société, comment je juge de ce qui est bon ? quels sont les critères qui comptent pour moi ? quelle est la part que je donne à l’avis des autres, aux débats collectifs, à l’action commune ? Est-ce que je porte ces questions dans ma prière ?
• P iste 3 :
Développement durable, répartition équitable des richesses, combats pour la paix, contre la faim et les épidémies… des réalités pour un bien commun plus universel, avec des conséquences financières personnelles, par exemple les impôts. Quelle est ma réaction quand on en parle ? Est-ce que je cherche à y échapper ? Quelle importance je donne à cette question, pour mon vote lors des élections ?
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Le babillard
Pour tous les jeunes
de la Communauté,
des dates à retenir !
À la suite d'Ignace, pèlerin à Jérusalem
Droits réservés
Pour les jeunes adult es de la Communau té de Vie Chrétienne de moins de 40 ans et leurs amis du M ouvement Eucharist ique des Jeunes et du Réseau Jeuness e Ignatien,
un pèlerinage en Te rre sainte qui croise la démarche « Bible sur le terrain » et la dimension ignatie nne du lundi 27 février au ve ndredi 9 mars 2012 (9 jours sur place) 8 pass-ignigo.blogs pot.com esj.cvx @gmail.com
Centre des Coteau x-Païs à Malet (12)
L’ h e u re de la retr
a ite p rofe ss io n n e lle ? U n e c h a n c e à sa is ir Session-retraite ! de 4
té jésuite d'Alger
Appel de la communau
(A lg er) La m aiso n de Be n Smen bo rate ur/t rice ch erch e un / un e co lla t appel aux différents
uite d’Alger fai Le Centre spirituel jés un collaborance en vue de trouver réseaux ignatiens en Fra la Maison, et de e iell spirituelle et matér n atio nim l’a ur po r teu personnes ou de accompagnements de pour assurer quelques groupes. re de la DCC de deux ans, dans le cad Mission pouvant être anisme de org n, pour la Coopératio (Direction Catholique qui permet et is, nça fra onnu par l’État l’Église de France rec ). une couverture sociale ou Damien de r (jeancvx@yahoo.fr) cou La Contacts : Jean ille@jesuites.com) Préville (damien.deprev
jours dans l’esp du mercredi 5 (1 rit d’Ignace de 9h) au dimanch Loyola. e 9 (16h) octobr e 2011 Avec Christian Ernst et François Pom Coteaux Païs 9 rue Monplaisir 31 éon, jésuite. 400 Toulouse ) 05 62 71 65 30 8 coteaux-pais.net
Le Hautmont (59)
Cœur de maman Groupe de parole pour maman ayant un enfant avec un handicap.
Comment avancer au quotidien avec mon enfant différent ? Ces temps forts s'adressent à toutes les mamans dont un enfant souffre d'un handicap, et qui ont envie de se ressourcer. Chaque rencontre débute par un temps de partage de nos vécus puis se poursuit par un échange lié au thème de cette année : « L'aimer sans m'épuiser. Croire à la vocation de mon enfant. » Ce cycle comporte 7 lundis après-midi de 13h45 à 16h, à partir du lundi 10 octobre. Atelier animé par Marie-Claude Vernier et une équipe. ) 03 20 26 09 61
8 www.hautmont.org
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Se former
Prier au cœur du monde Les médias nous transmettent des nouvelles des quatre coins de la Planète, nous alertent sur telle ou telle question de société. L’Apostalat de la Prière le fait aussi, mais sous un angle bien particulier : celui de la Bonne Nouvelle de JésusChrist. Oui, la prière est une force qui peut changer le monde.
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1 Le Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ) a été fondé en 1962, il remplace la « Croisade Eucharistique de France » et fait partie, au niveau international, de l’Apostolat de la Prière.
Si je vous dis : « Apostolat de la Prière », à quoi pensez-vous ? Il y a trois ans je vous aurais répondu : « ça m’évoque quelque chose de poussiéreux et de dépassé ». Il est vrai que l’Apostolat de la Prière (AP) est né en 1844 et que son histoire est ancienne ! Les mots les plus utilisés pour parler de l’AP sont : « Pape / Église / Intentions de prière / Eucharistie / Cœur de Jésus / Offrande ». J’avoue que le cumul de ces mots, à l’époque, ne m’attirait pas a priori, cela avait même tendance à me mettre à distance dans une certaine méfiance. En fait je pense que je ne connaissais pas vraiment leur signification. C’est peu à peu que j’ai découvert l’Apostolat de la Prière comme une manière d’être au service de la mission du Christ et de l’Église, par la prière, au cœur du monde. « L'Apostolat de la Prière » est une mission confiée à la Compagnie de Jésus par le Pape. C'est une association reconnue par l'Église depuis 1849 (Pie IX),
présente dans 71 pays. Le MEJ est sa « branche jeune » 1.
Quelle est son histoire ? Sa naissance et son origine sont intimement liées au désir missionnaire d'un groupe de jeunes jésuites en 1844, près du Puy-en-Velay. Ils étaient pris par leurs études alors que leur désir les poussait à annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ jusqu'aux confins du monde. Leur formateur, le Père Gautrelet, les invita à participer à la mission de l'Église par leur prière et l'offrande quotidienne de leur vie. Très rapidement se crée alors l'Association diocésaine de l'Apostolat de la Prière, qui devient nationale, puis internationale. Dès 1849, le Pape Pie IX reconnaît cette association, qui favorise l'esprit universel et missionnaire de toute l'Église. Aujourd'hui l'Apostolat de la Prière est présent dans 71 pays dans le monde, et son siège, longtemps à Toulouse, est désormais à Rome.
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« Sentir avec l’Église » Dernièrement j’ai rencontré Manon, de la Communauté de Vie Chrétienne, une jeune enseignante qui a découvert l’Apostolat de la Prière à travers le réseau social Facebook. À ma grande surprise elle n’avait pas de « l’Apostolat de la Prière » une image d’un autre âge ! L’AP évoquait plutôt pour elle la « contemplation » et « l’action », l’incarnation au cœur du monde, ainsi que la communion avec toute l’Église, quels que soient les « styles ecclésiaux ». Chaque mois, en effet, le Pape confie à l’Apostolat de la Prière ses « intentions de prière ». Ce sont de véritables « défis » pour notre humanité et pour la mission de l'Église. Un défi aussi pour chacun de nous, dans le sens où nous sommes invités à mobiliser notre cœur en vérité, par la prière et par l'action tout au long du mois. Il y a là un enjeu de conversion personnelle : croire que ma prière, humble et
Au service de la prière et de la vie spirituelle
L'Apostolat de la Prière France a commencé un « processus de recréation » depuis trois ans. Si vous souhaitez nous aider dans cette belle aventure humaine et spirituelle vous y serez les bienvenus.
L’Apostolat de la Prière offre aussi un moyen simple et profond de vivre les dimensions
Prière
eucharistique, ecclésiale et missionnaire de notre spiritualité ignatienne. La démarche que l’AP propose est un des fruits des Exercices spirituels : en répondant à l’appel du « Roi éternel » qui nous invite à collaborer avec lui dans sa mission et à nous rendre dociles à son Esprit. Comment ? Surtout par l’offrande quotidienne de notre vie, par amour, au service de la mission du Christ, et en demeurant en communion avec toute l’Église, par notre prière pour les intentions de prière du Pape.
lat de la
Aujourd’hui, en France, l’Apostolat de la Prière c’est :
confie se résument à une phrase et que nous ne connaissons pas grand-chose au « défi » qu’elles évoquent ? Comment faire pour que ce ne soit pas qu'une prière mécanique, ou une prière qui n'occupe que trente secondes de notre esprit chaque mois ? Pour que ces « intentions » puissent nous concerner, rejoindre nos vies, et nous mobiliser dans la prière et l'action, il est important de leur donner chair. C'est le sens du site PRIER au cœur du MONDE et de nos pages Facebook.
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Frédéric FORNOS sj
© Aposto
fragile, comme peut l'être notre propre souffle, nous met en communion avec Jésus-Christ, et favorise son action dans le monde. Rien de spectaculaire, pas de bruit, pas de « buzz ». Le Seigneur agit dans le monde comme un mendiant d'amour qui frappe à la porte de nos cœurs. Pour l’aider dans sa mission il nous invite lui-même à prier, à intercéder auprès du maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson (Matthieu 9,38). Ces défis sont très divers, ils peuvent concerner la situation des réfugiés, ou la sauvegarde de la création, comme les communautés chrétiennes en Europe ou en Asie, ou encore en ce mois de septembre, les enseignants. Chaque mois nous sommes ainsi conduits au cœur du monde !
Directeur national de l’Apostolat de la Prière
- une équipe de 23 personnes, la moitié ayant moins de 35 ans ; - un magazine internet gratuit, PRIER au cœur du MONDE (www.apostolat-priere.org) avec 27 000 visites par mois (480 000 « hits ») ; - une présence sur Facebook (plus de 450 « fans ») ; - un trimestriel Avec le Christ édité à 17 500 exemplaires ; - une inscription ecclésiale certaine, avec près de 40 % des sites diocésains en lien avec nous. Comment mobiliser notre prière et notre cœur lorsque les intentions de prière que le Pape nous Septembre 2011 21
Se former
Bénévole au Secours Catholique Un apprivoisement mutuel Marie-Françoise Valls est bénévole au Secours Catholique. Un bénévole c’est quelqu’un qui aide quelqu’un d’autre ? Et si ça marchait aussi dans l'autre sens ? Laissons la parole à Marie-Françoise. Au fil des mois, un véritable compagnonnage s’est mis en route, renforcé par un premier « Voyage de l’Espérance » à la Cité St Pierre de Lourdes en 2003. Lors de cette Semaine sainte, j’ai reçu comme une confirmation de mission le texte d’Isaïe : « La Parole chaque matin me réveille… pour réconforter celui qui n’en peut plus » (Isaïe 50,4-9). Or elles étaient nombreuses, ces
La Cité St-Pierre à Lourdes, maison d'accueil du Secours catholique pour les pélerins les moins argentés.
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femmes qui n’en pouvaient plus : Rmistes soutiens de famille avec des soucis de santé, des enfants placés par la DDASS ou échappant à leur contrôle, des fins de semaine difficiles, des conflits de voisinage ou des violences conjugales etc. Au fil des années, ces femmes abattues se sont relevées. En priant Marie et Bernadette à Lourdes, en recevant le sacrement des © Philippe Glorieux/ Ciric
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Cela fait une douzaine d’années que j’ai poussé la porte du Secours Catholique du Cher, suite à l’appel d’une bénévole. Un coup de main serait le bienvenu dans un « groupe convivial » : des femmes d’une cité HLM qui se retrouvaient une fois par semaine pour une après-midi détente et travaux manuels. Histoire d’oublier leurs soucis et de valoriser leurs talents.
malades, elles sont été visitées par une force incroyable qui leur a permis de surmonter leurs épreuves. L’une a trouvé une famille d’adoption parmi les pèlerins de Lourdes et entamé une démarche de pardon envers un de ses enfants qui l’avait blessée ; l’autre a surmonté sa dépression, retrouvé du travail et accompagné dans la foi son mari malade ; une troisième s’est mise au service des SDF aux petits-déjeuners du Secours, une autre aide au vestiaire à l’accueil des migrants…
mais le Verbe s’est fait frère » (il pensait bien sûr à ses voisins algériens dont sa communauté était si proche). Frère de tout homme en souffrance, quelle que soit sa race ou sa religion.
À travers toutes ces « résurrections » (le mot s’impose), c’est le Seigneur qui manifeste sa tendresse pour les plus pauvres et qui les guide sur le chemin de la confiance et de la paix.
Mon engagement auprès de ces femmes m’a amenée progressivement à comprendre le sens profond du sacrement du frère et de l’Eucharistie : Dieu ne peut diviniser que ce que nous avons au préalable humanisé. Comme lui-même s’est abaissé le Jeudi saint en lavant les pieds de notre humanité. Tout ce que nous vivons de profondément humain dit quelque chose de Dieu, lui qui nous fait vivre en se donnant lui-même en son Corps et en son Sang pour que nous communiquions à notre tour cette vie reçue de lui…
Mais cette démarche n’a pas été à sens unique, car ces « mères courage » m’ont apporté à leur tour réconfort et compassion quand mon mari est tombé gravement malade et est décédé. Ces partages de nos vies, dans les bons comme les mauvais moments, et des relectures entre bénévoles et accueillies m’ont aidée à cheminer dans la foi en m’ouvrant les yeux sur les situations humaines bouleversantes vécues par tant de familles précaires : handicap, chômage, prison, alcoolisme, drogue, jeunes en errance, maltraitances, illettrisme, souffrances psychologiques etc. Comment ne pas entendre le cri de Dieu à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Me revient aussi la parole du prieur de Tibhirine, Christian de Chergé : « Non seulement le Verbe s’est fait chair,
Le Père de Foucauld rêvait lui aussi d’être « frère universel » des plus petits du désert, les Touaregs nomades. Or ce sont eux qui se sont montrés frères et lui ont sauvé la vie lors d’une famine, en le nourrissant du lait de leurs chèvres et en partageant leur dénuement…
Moi qui vivais dans un milieu familial et social privilégié, j’étais loin de me douter que je serais appelée un jour à franchir cet immense fossé qui me séparait de la grande pauvreté. Je rends grâce au Seigneur de m’avoir placée sur la route de ces « Bernadette d’aujourd’hui », mes sœurs en humanité et mes compagnes de cordée.
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Marie-Françoise VALLS En équipe CVX à Bourges
Fondé en 1946, le Secours Catholique-Caritas France est un service de l’Église catholique, membre de la confédération Caritas Internationalis. Le Secours Catholique a pour mission « de faire rayonner la Charité chrétienne par la mise en œuvre d’une solidarité concrète entre tous ». Pour s’adapter à l’évolution de la société, le Secours Catholique agit pour « renforcer notre soutien aux personnes et territoires les plus marginalisés ou isolés, par la mise en réseau et le partenariat » (orientation n° 1). Il mène le combat contre l’exclusion sous toutes ses formes. La question de l’hébergement et du logement est au cœur de son combat, avec une attention particulière, sur le front de l’exclusion, auprès des personnes en situation de précarité, éloignées du marché du travail, personnes isolées âgées, détenues en situation d’indigence, étrangères en attente de régularisation. « Agir sur les causes de la pauvreté en s’engageant avec les personnes qui la subissent » (orientation n° 3) guide l’action de la Direction Action France et Institutionnelle au Secours Catholique. Son expertise est fondée sur les constats de ses 62 900 bénévoles assidus et généreux sur le terrain de la pauvreté et de l’exclusion. L’observation des premiers a enrichi l’expertise des référents thématiques du siège pour, de concert, alerter les pouvoirs publics et sensibiliser l’opinion. Présentation extraite du site du Secours catholique www.secours-catholique.org : pour découvrir l’action du Secours catholique, trouver la délégation la plus proche de chez vous, etc.
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Se former
Les Actes des Apôtres
3. Soutenir, être soutenu Discerner, envoyer et être envoyé sont les préalables à toute mission. Vient alors le temps de l’action où ceux qui ont été envoyés ont besoin du soutien de leurs frères. Qu’en était-il dans les premières communautés chrétiennes ? emprisonnés, et doivent comparaître devant le Sanhédrin. Ni les menaces (4,21) ni les coups (5,40) ne les empêchent de braver l’interdiction qui leur est faite de prononcer le nom de Jésus. Sans minimiser le courage et la constance dont ils font preuve en toutes circonstances – qui, dans le cas d’Étienne, iront jusqu’au martyre (7,60) –, le récit met fortement en valeur l’importance du soutien qu’ils trouvent au sein de la communauté des disciples.
Le succès de leur prédication irrite les autorités religieuses. La dispute de saint Étienne (Cathédrale de Prato, Italie) de Paolo Uccello, détail.
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© Bridgeman / Giraudon
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Depuis le jour de la Pentecôte, les douze apôtres, remplis d’Esprit Saint, accomplissant la mission qu’ils ont reçue du Christ au moment de son Ascension, proclament, à Jérusalem, la Résurrection de Jésus. Alors que leur témoignage est favorablement accueilli par la foule des pèlerins et par le peuple, le succès de leur prédication ne tarde pas à irriter les autorités religieuses et à leur valoir des ennuis sérieux. À plusieurs reprises, ils sont arrêtés,
Le soutien de l’écoute fraternelle et de la prière communautaire Ainsi, la première chose que font Pierre et Jean, sitôt libérés par le Sanhédrin après leur première arrestation, c’est d’aller rejoindre leurs compagnons pour leur rapporter les paroles des grands prêtres et des anciens et les mettre au courant de la situation dangereuse dans laquelle ils se trouvent désormais. Au soutien d’une écoute fraternelle qui leur est réservée d’emblée s’ajoute immédiatement celui de la prière commune : « Tous, unanimes, s’adressèrent à Dieu… » (4,24). Tournés vers Dieu, dans un même élan des cœurs, ils témoignent de la communion dans laquelle l’Esprit de Pentecôte leur donne de vivre. C’est à Dieu, invoqué comme « Maître, créateur du ciel et de la terre et de tout ce qui s’y trouve » qu’ils s’en remettent, cherchant à comprendre, à la lumière de son dessein de salut, le sens des événements présents. Relisant le
l’Assemblée de Jérusalem L'entrée des païens dans la communauté a soulevé un grave problème de fond : que Dieu leur ait ouvert la porte de la foi les dispense-t-il de se soumettre aux exigences de la Loi de Moïse ? Certains chrétiens venus de Jérusalem pensent que non et viennent lancer le débat à Antioche. Paul et Barnabé sont d’un avis contraire. Il est décidé d'en référer aux apôtres, à Jérusalem. L'assemblée qui se réunit à Jérusalem pour en discuter est également divisée et, là aussi, la discussion est vive car le problème est sérieux et l'enjeu de la décision important pour l'avenir. Pierre rappelle qu'en allant annoncer l'Évangile aux païens, il a accompli la volonté de Dieu, et que la venue de l'Esprit sur eux l’a attesté. Affirmant que « c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous avons été sauvés, exactement comme eux » (15,11), il juge inutile d'imposer aux païens le joug de la loi, déjà trop lourd pour Israël. Paul et Barnabé, profitant du calme rétabli par les propos de Pierre, parlent à leur tour. C'est l’avis de Jacques, fondé dans l’Écriture, qui sera retenu. Les païens ne seront pas obligés de se faire circoncire pour entrer dans la communauté comme le souhaitent certains chrétiens issus du pharisaïsme. En revanche, ils devront respecter les prescriptions inscrites dans la loi à leur sujet, en particulier les règles alimentaires (15,20). Il est alors décidé, à l'unanimité, d'envoyer une délégation à Antioche, avec Paul et Barnabé, pour communiquer les directives retenues. Prise sous l’impulsion de l’Esprit (« l'Esprit Saint et nous avons décidé »), cette décision confirme la vocation universelle de l'Église et l'engage définitivement sur la voie de l'ouverture. Psaume 2, attribué à David, ils en actualisent le contenu, assimilant la violence qui les frappe, en tant qu’envoyés de Dieu, à celle de « Jésus, ton serviteur, ton Oint ». La responsabilité humaine est, certes, reconnue : « Oui, ils se sont vraiment assemblés en cette ville, Hérode et Ponce-Pilate… », mais c’est l’agir salvifique de Dieu dans l’histoire qu’ils confessent : « Ils ont ainsi réalisé tous les des-
seins que ta main et ta volonté avaient établis » (4,28). À l’instar de Jésus allant au bout de sa Passion, l’aide qu’ils attendent de lui n’est pas qu’il les délivre des persécutions dont ils sont victimes mais, bien plutôt, qu’il leur donne l’audace nécessaire pour continuer de proclamer sa Parole avec assurance, c’est-à-dire de poursuivre leur mission. L’exaucement de leur demande –
et, par là même, du réconfort reçu de ce temps de prière communautaire – est doublement confirmé pour le lecteur. La suite du récit nous apprend, en effet, qu’à la fin de leur prière, « ils furent tous remplis du Saint-Esprit et disaient avec assurance la parole de Dieu » (4,31) et, que, par leur main, « beaucoup de signes et de prodiges s’accomplissaient dans le peuple » (5,12).
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!
Accompagnés et portés par la communion ecclésiale (ici la Communauté du Chemin neuf).
© Corinne Mercier / Ciric
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Le soutien des « visites pastorales » et de la communion ecclésiale C’est également mû par le souci – pastoral, en l’occurrence – de soutenir les communautés du monde de la Diaspora que Paul, conscient des difficultés que ces jeunes Églises devront affronter et désireux de les « affermir » dans leur foi, leur rend à nouveau visite. Déjà, au terme de son premier voyage missionnaire, effectué en compagnie de Barnabas, et au cours duquel, dans des conditions souvent difficiles, allant jusqu’à la menace de lapidation (14,5), il a annoncé la Bonne Nouvelle et fait d’« assez nombreux disciples » (14,21) à Antioche de Pisidie, Iconium, Lystre, Derbé et les alentours, Paul a pris soin de repasser par ces villes. Lui et Barnabas « y affermissaient le cœur des disciples et les engageaient à persévérer
dans la foi » (14,22a). Le soutien qu’ils leur apportent prend, tout d’abord, la forme d’une parole d’encouragement à tenir bon dans un contexte hostile où les souffrances et les persécutions ne manqueront pas : « Il faut, disaient-ils, passer par beaucoup de détresses pour entrer dans le Royaume de Dieu » (14,22b). Il se prolonge par la désignation d’« anciens », responsables de la communauté, par « des prières accompagnées de jeûne ». Avant de les quitter, les deux missionnaires les confient, dans la foi, au Seigneur (14,23). C’est ce même souci pastoral, joint à celui de construire l’unité de l’Église, qui est à l’origine du deuxième voyage missionnaire de Paul, cette fois accompagné de Silas. Reprenant le chemin de la Syrie et de la Cilicie (15,41), Paul revient à Derbé, Lystre et Iconium. Sa rencontre avec un jeune chrétien, Timothée, dont la mère était une judéo-chrétienne et le père « grec », c’està-dire un païen, sera pour lui l’occasion de témoigner de son respect des décisions prises à Jérusalem concernant la place des païens dans l’Église (voir encadré page précédente). Parce que Timothée est juif par sa mère, Paul le fait circoncire. Invalidant par anticipation les accusations qui lui seront faites de trahir la religion de ses pères (cf. 21,21), il applique à la lettre le décret apostolique : la non-obligation de la circoncision pour les païens n’implique pas pour les juifs de transgresser la Loi. La cohérence entre ce geste haute-
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ment symbolique et les discours qu’il tiendra dans la suite de son voyage est d’ailleurs immédiatement soulignée par le récit : « Dans les villes où ils passaient, Paul et Silas transmettaient les décisions qu’avaient prises les apôtres et les anciens de Jérusalem et ils demandaient de s’y conformer » (16,4). La croissance des Églises, tant du point de vue de leur nombre que de celui de la solidité de leur foi, en est la conséquence (16,5). En racontant ainsi comment, tout au long de leur mission, les premiers témoins du Christ ont été, chacun, accompagnés et portés par la communion ecclésiale, les Actes des Apôtres soulignent la dimension collective et solidaire de l’engagement de tous ceux qui accueillent l’appel du Christ à marcher à sa suite.
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Odile FLICHY Prochain article : « Évaluer » Odile Flichy, spécialiste de l’œuvre de Luc, enseigne au Centre Sèvres – Facultés Jésuites de Paris. Cet article fait partie d’une série de quatre volets qui nous invite à lire le livre des Actes des Apôtres à la lumière du « DESE » de la CVX : discerner, envoyer, soutenir et évaluer, une dynamique née lors de l’Assemblée mondiale de la CVX à Nairobi : « Les rencontres des communautés locales doivent permettre à chacun en communauté de discerner, d’être envoyé, d’être soutenu et d’évaluer sa mission, ce qui fera grandir la responsabilité partagée, clé de voûte de la Communauté Apostolique. » Recommandations de l’Assemblée Générale de Nairobi 2003 à la Communauté de Vie Chrétienne (voir le lien avec ce document sur www. viechretienne.fr).
Sur les pas du pèlerin : à pied de Loyola à Manrèse Natalie, membre de la CVX belge, est partie sur les pas de saint Ignace. Nous lui avons demandé quels étaient les points de la spiritualité ignatienne qu’elle avait plus particulièrement goûtés au fur et à mesure qu’elle marchait.
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Je le reconnais : j’ai une affection « désordonnée » pour Ignace… Une histoire d’amitié privilégiée née quand j’avais 13 ans alors que j’étais bibliothécaire de ma classe au collège et que, par hasard, je suis tombée sur le Récit d’un pèlerin… Ignace, un homme au cœur de feu, amoureux de Jésus. Depuis cette lecture, un désir fou de marcher sur ses traces. Au fil des ans, le rêve a surgi dans mon cœur : marcher seule de Loyola à Manrèse en mendiant mon logement et ma nourriture… En avril 2007, on m’annonce que j’ai un problème très sérieux aux poumons et ma première question au pneumologue est : « Vais-je encore pouvoir réaliser mon rêve ? » Oui, si je ne traîne pas et si j’ai des compagnons pour faire route avec moi et pour porter mes bagages. Commence alors une intense préparation car contrairement au chemin de Saint-Jacques, il n’y a aucune tradition pour le chemin de saint Ignace : recherche de l’itinéraire d’Ignace, puis de cartes – pas facile de
Accueilli dans la communauté jésuite de Logroño. Autour du P. Eloy, de gauche à droite : Marc, Étienne, Natalie et Jean-Benoît.
trouver des cartes précises du Pays basque –, de logements… Recherche d’un bon équipement et entraînement. Soutenue par mon équipe de travail, j’obtiens une autorisation exceptionnelle pour un long congé normalement interdit pour une infirmière travaillant en hôpital. Enfin, le plus important, des compa-
gnons CVX et jésuites se proposent pour m’accompagner. 13 août 2010 : le grand jour ! Étienne, jésuite, et moi démarrons de Loyola sous une pluie battante. Le soir déjà, Marc nous rejoint à Zumarraga ; quelques jours plus tard, Jean-Benoît à Logroño, et désormais, nous
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! 1 Cf. l’article de Jacques Fédry dans le numéro précédent : « La tentation sous couleur de bien ».
cheminerons toujours à quatre. Si Étienne chemine trois semaines avec moi, les autres se relaient de semaine en semaine à mes côtés : cela a nécessité une organisation très importante.
Qui servons-nous ? L’objectif de ce pèlerinage était de demander une grande grâce au Seigneur pour la CVX et la Compagnie : ne pas faire de grandes œuvres pour lui mais effectivement travailler à son œuvre à lui ! C’est sans doute ce qu’Ignace nous invite à demander dans la méditation des deux étendards : « la connaissance des tromperies du mauvais chef et le secours pour m’en garder, ainsi que la connaissance de la vraie vie qu’enseigne le souverain et vrai capitaine, et la grâce pour l’imiter » (Exercices spirituel 139), « pour être disponible à tout ce que Dieu attend de nous dans chaque situation concrète de notre vie quotidienne » (Principes généraux de la CVX 5c).
À la grâce de Dieu
La route entre Loyola et Manrèse, sa confession générale et surtout les mois de grandes épreuves intérieures à Manrèse l’ont complètement purifié. Ignace renonce à ses jeûnes effrayants qui ont d’ailleurs abîmé sa santé pour toujours, à ses heures de prière interminables, à sa négligence corporelle,… pour se laisser enseigner par Dieu. Et peu à peu, il va consentir à être là où le Seigneur désire qu’il soit, à travailler à son œuvre à lui. Cette croissance spirituelle qui peut paraître chronologique est en fait un combat incessant qui se livre en chacun de nous. Quels intérêts est-ce que je sers : les miens ? ceux du mauvais esprit ? ceux du Seigneur ? Et le mauvais esprit a plus d’un tour dans son Droits réservés
Nous le savons, à Loyola, Ignace décide de faire de grandes choses pour Dieu : partir à Jérusalem en pèlerinage… chemin long et dangereux, beaucoup mouraient
sac pour nous éloigner du Seigneur, parfois très subtilement, parfois même sous couvert de bien 1. Chaque jour, nous commencions la journée en l’offrant pour une équipe CVX de Belgique francophone et pour une communauté jésuite de la Province en demandant cette grâce pour chacun(e).
en route de maladie – d’où ces grands hôpitaux le long des routes de pèlerinage –, ou de faim… Ignace veut vivre cela de façon radicale en pratiquant de dures pénitences et sans aucune sécurité. Mais derrière cela, Ignace sert en fait ses propres intérêts : restaurer son image blessée au siège de Pampelune au moins à ses propres yeux, peut-être aux yeux de Dieu… Il y a encore beaucoup d’orgueil là-dedans.
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Nous emmenions avec nous le Saint Sacrement et celui qui le portait marchait toute la journée en silence un peu en retrait. Après deux heures de marche, nous nous arrêtions pour lire un extrait de l’évangile de Jean. Cette lecture était suivie d’un bref échange pour nous entraider à le comprendre et nous reprenions la route en silence durant une heure en priant le texte. Le soir, nous célébrions longuement l’Eucharistie entre nous, car elle était aussi l’occasion d’une relecture de la journée. Nous prenions le temps de faire mémoire des clins d’œil de la Providence tout au long de la journée : tous les anges gardiens que le Seigneur nous avait envoyés pour nous indiquer le chemin, remplir nos gourdes, nous accueillir pour loger ou chercher le logement suivant ; les rencontres riches nous partageant la vie de l’Église ou la dure réalité sociale comme ces centaines d’étrangers embauchés pour la cueillette des fruits contre un salaire de misère ; la profusion de la création : tous ces arbres fruitiers qui nous ont nourris bien des jours… et après avoir relu l’extrait de l’évangile médité le
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matin, nous nous partagions les uns aux autres les fruits de notre prière. Cette relecture nous permettait de réaliser à quel point « notre cœur était tout brûlant » tandis que nous faisions route.
En compagnonnage Le dernier point ignatien de cette grande aventure que j’aimerais vous partager est le compagnonnage vécu. Paradoxalement, j’ai béni le Seigneur pour ma maladie. Sans elle, je me serais lancée seule dans mon pèlerinage et je ne serais pas arrivée au bout. Grâce aux compagnons, ce fut possible et « facile » : pourtant, nous avons traversé le Pays basque, j’ai parcouru 680 km en 31 jours entièrement à pied. Certains jours, nous avons marché avec plus de 30 et 40 degrés, à travers des régions complètement désertiques ! Une seconde dimension de ce compagnonnage est certainement le merveilleux accueil tellement délicat et attentif que nous avons reçu, en particulier dans différentes communautés religieuses (Clarisses, Franciscains et Jésuites). Étienne avait retenu une parole de son père maître à l’occasion du pèlerinage fait durant son noviciat : « Durant votre pèlerinage, l’autoroute du mauvais esprit sera le compagnonnage, il voudra vous diviser ». Aussi, nous étions extrêmement attentifs à la qualité des relations entre nous. Car évidemment, il y en a toujours un qui a du mal à se lever, un qui traîne à faire son
sac, qui marche trop vite ou qui regarde la carte de manière trop distraite. Nous avons vécu une grande attention les uns aux autres, apprenant à nous dire les choses au fur et à mesure quand une tension surgissait. Nous avons fait l’expérience d’une totale mise en commun de nos biens. Plus la température augmentait, plus nous nous sommes lestés de beaucoup de choses pour pouvoir prendre davantage d’eau. Mais la joie ne nous a jamais quittés. Nous avons vécu avec très, très peu matériellement mais nous avons fait l’expérience qu’avec l’amitié, la Parole et l’Eucharistie, on pouvait traverser beaucoup de choses et être profondément heureux. Sans doute, Ignace et ses six compagnons qui font leurs vœux à Montmar-
tre le 15 août 1534 pourraient témoigner de la même chose. Oui, merci à mes compagnons de m’avoir permis de réaliser mon rêve et je leur donne rendezvous, si Dieu me prête souffle, pour parcourir la dernière route d’Ignace : Venise-Rome !
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Natalie LACROIX CVX Belgique
Si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure vous pouvez écrire à l’attention de Natalie Lacroix au secrétariat de la CVX belge : secretariat@cvx-belgique. org. Natalie sera heureuse de vous fournir cartes et conseils. Septembre 2011 29
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Vivre la confidentialité en Communauté Je suis sensible à ce que vivent mes compagnons de route et je m’interroge sur ce que je peux dire ou non à leur sujet. Qu’en est-il de la confidentialité ?
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La confidentialité est essentielle dans toute relation humaine, y compris au travail et en Église, parce qu’elle est une condition préalable à la confiance. Nous avons tous conscience qu’elle est un prérequis indispensable à la vie communautaire, mais sommes nous certains d’en partager la même notion ? Sur quels points exercer notre vigilance ?
L’autre : un frère du Christ Ce qui fonde la Communauté, ce n’est pas une unité intellectuelle ou affective, ni même une manière de faire commune : c’est d’abord la relation personnelle de chacun au Christ. C’est l’enjeu de nos partages et cela conduit forcément à un respect mutuel comparable au silence des sanctuaires. Tout ce qui peut porter atteinte à l’autre n’est plus envisageable : une question un peu intrusive dans nos rencontres, évoquer avec d’autres ce que nous avons entendu en réunion, etc. Ce qui peut nous paraître anodin peut blesser profondément et avoir des répercussions imprévisibles.
Notre désir commun : s’entraîner à suivre le Christ Décider en cherchant l’union à la vie du Christ suppose un chemin de liberté intérieure. Pour nous encourager mutuellement sur ce chemin, chaque membre doit pouvoir évoquer en équipe les différents domaines de sa vie et ce qui y est en jeu. Pour que chacun puisse parler en vérité, il faut qu’il puisse compter sur le respect et la confidentialité des autres membres. Aussi peut-il être profitable d’évaluer en équipe : mes attitudes mettent-elles les autres en confiance ? Dans quels domaines m’est-il difficile de partager en équipe ? Qu’estce qui m’y aiderait ?
Une vigilance personnelle et collective constante Dans les réunions d’équipe : dans le deuxième tour, s’interroger avant toute prise de parole sur ce qui pourrait être une aide ou une gêne pour l’autre et oser parler mais avec délicatesse. En
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retour, oser dire aux autres ce qui nous gêne. Dans CVX hors de l’équipe : au fil des années les liens se tissent. Il est légitime d’échanger des nouvelles, comme dans une famille. Mais une information échangée par amitié peut parfois blesser fort si elle est colportée. En toute occasion, se souvenir ensemble que l’autre est un frère du Christ, et qu’il décide seul de ce qu’il veut bien dire et à qui il veut le dire. Hors de CVX : notamment dans les petites villes ou dans les milieux où tout le monde se connaît, une réserve totale est indispensable ! Soutenons-nous dans nos différences ! Certains sont naturellement silencieux, et risquent de laisser une situation se dégrader dans le mutisme, et d’autres sont naturellement loquaces et curieux des autres, au risque de souffrir a posteriori d’en avoir trop dit. Chacun veille en se connaissant bien et en ayant au cœur le même désir fraternel, mais osons aussi demander à nos compagnons leur soutien pour exercer ensemble cette vigilance.
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Nadine CROIZIER
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Ensemble faire Communauté
La CVX dit « oui » au CCFD © P. Razzo /Ciric
Le CCFD-Terre solidaire a demandé à deux reprises à la CVX de rejoindre sa collégialité qui regroupe déjà 28 mouvements et services d’Église. Le 30 avril dernier, le Comité national de la CVX a répondu « oui » à l’unanimité.
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Il y a 4 ans, le CCFD nous a appelé à le rejoindre. Nous n’avions pas les forces, le chantier de la gouvernance nous attendait, nos critères pour nous engager dans des missions communautaires n’étaient pas clairs… Ce n’était pas le moment ! À l’occasion des 50 ans du CCFDTerre Solidaire, son président Guy Aurenche a renouvelé cet appel. Après un discernement approfondi en Comité National, nous avons dit : « oui ». Bien sûr cet appel a de nouveau soulevé les mêmes questions, les mêmes réticences : pourquoi nous ? est-ce le charisme de la CVX ? pourquoi pas le Secours Catholique ? à quoi cela nous engage-t-il ? en avons-nous les moyens ? En février, le CN s’est mobilisé pour rassembler les éléments du discernement : mieux comprendre ce qu’est le CCFD, comment il fonctionne, interroger les membres de la communauté qui y sont engagés, faire un sondage, relire nos principes généraux. En avril nous avons reçu Guy
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PG 6 : […] Ce sens de l'Église nous pousse à une collaboration créative et concrète pour faire avancer le règne de Dieu sur terre, et il suppose que nous soyons prêts à partir pour servir là où l'Église a besoin de nous. PG 4 : […] Nous sommes particulièrement conscients du besoin urgent de travailler pour la justice par une option préférentielle pour les pauvres et un style de vie simple qui exprime notre liberté et notre solidarité avec eux. […] Et PG 8 : […] Notre vie est essentiellement apostolique. Le champ de la mission CVX n'a pas de limites : elle s'étend à l'Église et au monde, afin d'apporter à tous les hommes la bonne nouvelle du salut et de servir les individus et la société en ouvrant les cœurs à la conversion et en luttant pour changer les structures d'oppression. […] d) La Communauté nous pousse à proclamer la Parole de Dieu et à travailler à la réforme des structures de la société, en participant aux efforts qui sont faits pour libérer les victimes de toute sorte de discrimination et en particulier pour abolir les différences entre riches et pauvres. […] Extrait des Principes Généraux. Pour relire nos Principes Généraux : cvxfrance.com, rubrique Publications et documents.
Aurenche au CN. Nous avons mieux compris que cet appel était un appel d’Église. Le CCFD, et c’est original, est gouverné par des mouvements d’Église et l’objectif de Guy est que toute sa diversité y soit représentée. Il souhaite en particulier renforcer la capacité du CCFD à dire que ses convictions et son engagement sont ancrés dans l’Évangile. Nous avons senti la forte proxi-
mité entre les objectifs du CCFD et nos Principes Généraux, en particulier PG 4 et PG 8. Nous avons aussi senti que des synergies étaient possibles avec notre communauté mondiale : soutien d’actions de développement menées par CVX dans tel ou tel pays, parole éventuellement commune dans le domaine du plaidoyer international. Après un long temps d’échange entre nous sur ce qui nous poussait à dire oui et ce qui nous retenait, un premier vote a montré que plus des ¾ d’entre nous souhaitaient répondre positivement. En juin enfin, après avoir pris le temps de lire et de partager sur la charte des mouvements du CCFD à laquelle nous étions invités à adhérer (voir encadré ci-contre), nous avons confirmé notre réponse par consensus. Il reste au CCFD à valider notre réponse en nous élisant comme membre lors de sa prochaine assemblée générale en novembre… Alors à quoi nous engageonsnous ? En premier lieu à envoyer un délégué représentant la communauté lors des deux assemblées générales annuelles du mouvement. Ensuite à inviter nos membres à participer en diocèse à la vie du CCFD. Enfin, et c’est notre désir et non pas celui du CCFD, à nous organiser pour soutenir notre délégué et mieux soutenir les nombreux membres déjà engagés dans ce mouvement.
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Pierre CHOLLEY Pour le CN sortant
Au début des années soixante, des mouvements et services de laïcs déjà engagés dans des actions de solidarité nationale et internationale décident de répondre, ensemble, à l'appel lancé par la FAO et relayé par Jean XXIII pour la lutte contre la faim dans le monde. Organisés en réseaux en France et au niveau international, ces mouvements et services reçoivent mission des évêques d'animer et de gérer la collecte de carême de l'Église en France. Ils se constituent en association pour susciter, encourager des actions de solidarité avec le tiers-monde. Ainsi naît en 1961 le Comité catholique contre la Faim (CCF). Très vite il apparaît, notamment dans la réflexion enrichie par l'encyclique Populorum progressio, que la lutte contre la faim ne peut aboutir que par le développement des populations concernées. En 1966, le CCF devient Comité catholique contre la Faim et pour le Développement : le CCFD. Historique extrait du site du CCFD
Depuis 50 ans, le Comité catholique contre la Faim et pour le Développement – Terre Solidaire œuvre avec ses partenaires dans un monde aujourd'hui marqué par une mondialisation où les plus fragiles sont écrasés […]. En croyant que les mentalités peuvent changer, en découvrant l'espérance même là où il y a souffrance et échec, nous, mouvements et services d'Église, avec le CCFD-Terre Solidaire, nous acceptons de bouger ici et là-bas pour être plus solidaires de nos frères, où qu'ils soient dans le monde. Pour nous, cet engagement repose sur de fortes convictions, nourries de la Bonne Nouvelle […]. Extrait de « L’Engagement des Mouvements et Services d'Église au service de la solidarité », texte écrit à l’occasion des 50 ans du CCFD-Terre Solidaire. ccfd-terresolidaire.org
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Ensemble faire Communauté
L’atelier Étranger
Impossible de se taire La CVX France comporte de nombreux ateliers. Ces ateliers regroupent des personnes qui n’ont pas souvent l’occasion d’échanger en profondeur, mais qui travaillent dans un même milieu. Avocats, magistrats et visiteurs de prisons pour l’atelier Justice, infirmiers, médecins et autres soignants professionnels pour l’atelier Santé par exemple. L’atelier Étranger regroupe des personnes soucieuses de l'accueil de l'étranger, impliquées à des degrés divers dans un travail ou une association sensible à l'étranger.
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« Je suis étranger… et tu m’as reçu dans ton bureau du foyer, tu m’as accueilli à ta consultation, tu m’as reçu chez toi, tu m’as nourri, tu m’as enseigné le français, tu m’as visité au centre de rétention, tu as manifesté pour moi… »
1 Voir www.clc-europe.org/ d_projects/migration.html
Ces phrases, plusieurs personnes actives auprès des étrangers, des migrants les entendent quotidiennement. Elles se sont réunies pour constituer l’atelier Étranger de la CVX France avec deux buts principaux : être un lieu de soutien, de relecture et de discernement ; être une source d’information et d’alerte pour la CVX France en lien avec la commission Migration forcée1 de la CVX Europe. Après plusieurs années de tâtonnements, et de balbutiements, nous observons, depuis 2007, une évolution en deux temps.
Motivations spirituelles en lien avec des actions personnelles Ce qui est premier a été le besoin de s’entraider à vivre en cohéren-
ce avec l’Évangile dans les engagements et les relations avec des étrangers. La session inter-ateliers, à Biviers, en août 2007, donne le coup d’envoi. Les partages sont riches. Le chantier est immense et la tâche délicate ; comment vivre le caractère apostolique de la CVX dans ce domaine ? La question d’une prise de parole publique se pose. En 2008, l’atelier se sent invité à diffuser dans la communauté les prises de position de l’Église sur la situation des migrants et à soigner les liens avec les organisations chrétiennes : le JRS (Service jésuite des réfugiés), la Pastorale des migrants, le Secours Catholique, le RCI (Réseau chrétien Immigrés), la Cimade, l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), etc. En avril 2008, invitation est faite aux membres de la CVX France à signer l’appel lancé par la Cimade contre le projet de directive européenne sur le retour des étrangers qualifiée de « directive de la honte »
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En mai 2008, la prise de position de la Commission épiscopale pour la mission universelle de l’Église, concernant une des lois sur l’immigration est diffusée. Des membres de l’atelier participent aux « Cercles du silence ». Lors de la rencontre CVX « migrants forcés » au Hautmont, en novembre de cette même année 2008, la dimension européenne apparaît essentielle.
Prises de postion communautaires Ces prises de position communautaire découlent à la fois d’une exigence intérieure que nous nommons volontiers appel de l’Esprit, et des événements dans le monde dont nous sommes témoins (lois qui se durcissent alors que le respect des étrangers est souvent mis à mal). L’atelier Étranger appelle les membres de la Communauté à signer et à participer à la campagne « Si la solidarité est un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit » (Cimade, Gisti…). La
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Devant l'Assemblée nationale.
CVX France signe « l‘appel pour le droit à l’accueil inconditionnel » au printemps 2009. En avril 2010, la CVX France décide, à la demande de l’atelier Étranger, de cosigner un communiqué associatif « Des étrangers décidément indésirables » lors de l’annonce du projet de loi relatif à l’immigration. Au congrès de Nevers, en mai 2010, deux forums sont organisés par l’atelier sur la situation indigne imposée aux migrants, dont la proposition d’un Cercle du silence. Un mois plus tard, à la demande de l’atelier, les responsables nationaux CVX, signent l’appel lancé par 5 organisations chrétiennes « Ne laissez pas fragiliser le droit de l’étranger » manifestant la volonté de CVX de s’associer à cette mobilisation des associations chrétiennes. Après accord du responsable CVX France, des membres de l’atelier rédigent une communication
pour informer les membres de la CVX de la signature de leur communauté. L’envoi est fait quand le projet de loi est en discussion à l’Assemblée Nationale, en septembre 2010.
Au printemps dernier, lors de la session européenne CVX/JRS sur les migrants forcés, un texte sur les « Caractéristiques ignatiennes d’un accompagnement des migrants forcés » a vu le jour.
Dans le même temps, des membres de la CVX France participent à la manifestation de 45 organisations chrétiennes devant la Chambre des Députés.
Aujourd’hui une question s’impose à nous : comment, à l’invitation de la CVX mondiale, entrer, davantage, avec d’autres, dans ce mouvement de l’advocacy ? c'està-dire de la promotion de la cause des plus pauvres que sont beaucoup de migrants, joignant aux actions compassionnelles, les actions structurelles (cf. lettre CVX/ CLC mondiale Projets n° 148) donc, pour les membres de la CVX, la nécessité d’agir aux deux niveaux, lorsque la dignité de la personne humaine est en jeu.
L’atelier tient le stand de la CVX aux Semaines Sociales de France 2010 dont le thème est « Migrants, un avenir à construire ensemble ». Depuis le début de l’année 2011, l’atelier poursuit son action, notamment avec les organismes chrétiens, concernant le projet de loi relatif à l’immigration : campagne de cartes de vœux en direction des sénateurs, cosignées par les associations ; alertes lancées avec d’autres, textes de protestations avant l’adoption de la dernière loi sur l’immigration.
Retrouver la présentation de tous les ateliers sur rubrique Vous et la Communauté.
Nous nous sentons invités à unir notre action spirituelle et ecclésiale à notre action dans la société et, ainsi, à faire grandir le Corps apostolique tout entier. L’atelier Étranger de la CVX France
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Ensemble faire Communauté
La CVX en Côte d’Ivoire Quelques laïcs désireux d’apprendre à prier, un jésuite : il n’en fallait pas plus pour que naisse la CVX Côte d’Ivoire. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Leur ExCo, ce que nous appelons en France Équipe Service Nationale, nous répond et nous partage très simplement la façon dont les CVX ivoiriens ont traversé la crise très grave qui a ravagé leur pays.
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L’histoire de la CVX en Côte d’Ivoire a débuté avec un laïc, qui avait exprimé aux pères jésuites son désir d’apprendre à prier. Avec d’autres chrétiens animés du même désir, il a constitué un groupe de quatre couples autour du Père Vincent Foutchantse, actuel supérieur de la communauté jésuite St François Xavier d’Abidjan-CI. Ce groupe s’est réuni pour la première fois le 2 novembre 1989. Les premières rencontres ont suscité un foisonnement d’idées, mais avec le temps ces idées ont été canalisées par la spiritualité ignatienne. L’Assemblée Générale constitutive de la CVX-Côte d’Ivoire a eu lieu le 1er mai 1994 avec l’élection du premier ExCo présidé par, Olivier Marius Bagou (1er président) et pour Assistant ecclésiastique Vincent Foutchantse. La CVX Côte d’Ivoire s’est agrandie par cooptation jusqu’en 1995, où ont commencé les groupes d’accueil (décision prise à la session – retraite de Kodjoboue de 1994). Notre affiliation à la CVX mondiale
est effective depuis le 31 juillet 2003. Elle s’est faite lors de l’AG mondiale de Nairobi. Aujourd’hui la CVX-Côte d’Ivoire compte 101 membres, dont 40 engagés temporaires, repartis en 9 communautés locales dont les noms sont les suivants : Cana, Cardoner, Cénacle, Emmaüs, La Storta, Navarre, Puits de Jacob, Siloé et Shalom (la dernière née, fin 2010). En février 2010, nous perdions notre 2e assistant ecclésiastique, Pierre Faure, jésuite. L’actuel assistant, Édouard De Loisy, également jésuite a été nommé en 2010. La formation continue occupe une place de choix au sein des activités de la CVX-CI. C’est un des piliers sur lesquels repose notre croissance. Pour la formation de ses membres, notre communauté organise chaque année trois week-ends et trois matinées de formation sur divers thèmes. Des formations à « Notre charisme » en fonction de l’étape de crois-
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sance des membres ont lieu, ainsi que des formations sur l’accompagnement spirituel. Ces formations permettent aux membres de vivre pleinement leur engagement de chrétiens au quotidien.
Avant l’exacerbation de la crise Lors d’un week-end de formation sur « L’engagement au style de vie CVX, sens et responsabilité pour le CVX » (Document de référence : Notre Charisme), les 5 et 6 février 2011, pendant la soirée communautaire, nous avons échangé sur le vécu de la situation de crise par chacun. Il ne s’agissait pas d’une discussion. Il s’agissait d’exprimer librement ses consolations et désolations (ses colères, ses espoirs, ses angoisses etc.). Cet exercice a aidé les uns et les autres à vivre autrement les événements et transcender les clivages politiques. Le 12 décembre 2010 et le 14 mars 2011, notre communauté s’est agrandie par l’intégration de 14 nouveaux membres.
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Le 25 mars 2011 alors que des combats avaient déjà éclaté à certains endroits et que les déplacements étaient difficiles, voire risqués et impossibles pour certains, nous avons célébré avec nos parents et amis, la solennité de l’Annonciation et la fête mondiale en union avec toutes les CVX dans le monde, surtout avec celles dont le pays est en proie à des difficultés de toutes sortes. À cette occasion, deux membres de la communauté ont prononcé leur engagement temporaire à vivre le style de vie CVX.
La vie communautaire pendant les combats d’Abidjan Ce fut une période vraiment difficile car inimaginable. Plusieurs membres ont connu la mise en chômage technique ou le licenciement selon les difficultés auxquelles les entreprises étaient en proie. La fermeture des grandes banques, a eu pour conséquence la raréfaction de l’argent. On a assisté à des pillages, des agressions, des enlèvements, des exécutions, des déplacements de population avec tout leur cortège de difficultés a s’approvisionner en nourriture et à trouver un abri décent. Il régnait une terreur du fait de militaires incontrôlés et de civiles en arme. La mort était présente à tout moment. Les infrastructures, les réseaux de distribution d’eau, d’électricité et de communication avaient été endommagés par endroits entraînant une forte perturbation voir une suppression de fourniture. Il était donc difficile de pouvoir avoir les informations des uns et
des autres. Les rares moments de connexion à Internet étaient une grâce particulière qui nous permettait d’avoir quelques nouvelles des membres CVX et surtout de faire fonctionner la chaîne de solidarité et de soutien entre les membres. Des membres de la CVX ont dû partir de leur maison parce qu’en insécurité, d’autres ont été agressés, d’autres encore ont perdu des proches et/ou tous leurs biens. Grâce à Dieu, nous ne déplorons aucune perte en vie humaine en notre sein, mais des vies entières ont été bouleversées. Comme toute la société ivoirienne, le fonctionnement de la CVX a été affecté. Nous ne pouvions plus tenir notre calendrier de rencontres aussi bien national que local. Nous n’osions plus quitter nos quartiers ou rester longtemps dehors surtout le soir. Les membres qui l’ont pu ont quitté Abidjan ou la Côte d’Ivoire. D’autres piégés par les combats se sont terrés chez eux. Aujourd’hui à cause de la déloca-
lisation de certaines entreprises, certains membres ont quitté le pays ou Abidjan (lieu de notre implantation pour le moment). Le programme annuel n’a pu être tenu que partiellement. Nous avions depuis quelques années des problèmes d’accompagnateurs de communauté locale. Ils se sont aggravés avec la crise ; en effet, Nos accompagnateurs, qui sont pour la plupart des scolastiques jésuites, ont dû être déplacés au Ghana ou au Togo. Nous prospectons avec, notre nouvel assistant ecclésiastique le père Édouard de Loisy, des possibilités avec les congrégations avec qui nous partageons la spiritualité ignatienne pour remédier à cette situation. Lui-même accompagne actuellement trois communautés locales. Nous avons entrepris depuis trois mois une formation pour les CVX qui désirent être accompagnateurs laïcs de communauté locale : huit membres participent à cette formation.
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Ensemble faire Communauté
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Faut-il désespérer ? Non. Au cœur de ces jours sombres, nous avons pour la plupart fait l’expérience de grands élans de solidarité entre voisins, partageant de la nourriture, quelques médicaments dont certains disposaient (les pharmacies n’étaient plus approvisionnées), se soutenant mutuellement moralement et spirituellement. Dès l’amélioration de la sécurité l’ExCo a pu se réunir pour remobiliser les membres et inviter les communautés locales à se rencontrer. Ces rencontres devaient être le lieu pour les membres CVX de partager leur vécu et senti de la crise.
Où en sommes- nous aujourd’hui ? « Espérant contre espérance, Abraham cru ! » La vie reprend progressivement. Et tous nous nous remettons de ces événements difficiles et nous gardons les yeux fixés sur notre créateur et rédempteur. Nous lui faisons confiance et restons bien collés au principe et fondement de notre existence : « créés pour louer, respecter et servir Dieu ». Le 4 juin, nous sommes-nous retrouvés pour une « demi-journée CVX » en lieu et place de notre traditionnel week-end de formation du mois de mai. Nous avons commencé la rencontre par le partage d’un déjeuner. Cette rencontre avait pour objet de nous retrouver après cette grave crise. Par petits groupes nous avons partagé longuement sur nos angoisses, nos peurs et
nos incertitudes, nos joies et nos mécontentements. Cela a été une occasion pour s’exprimer en toute liberté et sécurité sans craindre de représailles ou un regard inquisiteur ou une dénonciation. À l’évaluation tous les membres ont souhaité une autre rencontre car celle-ci leur a fait du bien. Nous avons compris qu’il fallait engager un processus de guérison des membres qui se sentent blessés. Aussi le dimanche 19 juin, nous avons eu une matinée CVX bien chargée. Elle a commencé par une formation à l’écoute les uns des autres afin d’essayer de guérir les plaies ouvertes par la crise. Nous nous sommes retrouvés par groupe de trois membres pour un jeu de rôle : observateur, écouteur et orateur. Ce jeu nous a bien aidés dans notre démarche de guérison. Nous avons terminé par la première édition de « la messe qui prend son temps ». Depuis l’année dernière, L’archevêché d’Abidjan a confié à la CVX la gestion et l’animation du Centre Culturel de la Cathédrale. Nous sommes actuellement en train d’identifier deux CVX qui vont se consacrer entièrement à ce service. Nous avons été témoins, depuis la crise, de deux mariages. Ce sont quatre membres CVX qui ont trouvé leur bonheur au sein de la CVX. Par ailleurs, une trentaine de personnes désireuses de vivre notre expérience spirituelle ignatienne ont accepté de faire partir d’un groupe d’accueil, lieu d’initiation à la spiritualité ignatienne et au style de vie CVX. Leur formation a véritablement débuté le mois
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dernier. Une retraite ignatienne d’élection de 6 à 8 jours et un discernement de la coordination sont indispensables à leur intégration dans la communauté. Le discernement pour le renouvellement de L’ExCo lancé depuis le 21 janvier 2011 – le mandat de l’actuel ExCo présidé par Augustin Kouassi Foffié arrivant à expiration en juin-juillet 2011 – n’a atteint son point d’achèvement que le dimanche 10 juillet dernier avec la proposition de candidature aux différents postes du bureau. L’AG qui consacrera l’élection du nouveau bureau pour le mandat 2011-2013 se tiendra le dimanche 24 juillet 2011. Enfin, Le 31 juillet, nous célébrerons la fête de St Ignace avec les pères jésuites. Certains membres prendront ce jour-là un engagement temporaire. Ce sont des moments intenses, graves, mais pleins de la joie parfaite que nous donne le Seigneur. Ainsi le travail de guérison intérieure que nous avons commencé se poursuivra afin que les membres CVX, refaits par la « divine majesté », puissent offrir leur être et leur temps pour aider les autres à retrouver le chemin du pardon, de la fraternité et du développement pour tous. Ne sommes-nous pas appelés à renouveler sans cesse notre engagement à participer à l’édification de son royaume à la suite du Christ ? C’est cela l’essentiel de toute vie chrétienne. Christ nous devance !
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ExCo de la CVX Côte d’Ivoire
Billet
Sur une musique de Rameau…
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À la maison des prêtres âgés, fin juin, il m’avait accueilli goguenard : - Tiens, un vacancier sur le départ, qui n’est pas très sûr de me retrouver à la rentrée… Pourquoi nier ? On ne ruse pas avec l’abbé H., musicologue.
Ce jour-là, sur son clavier coincé entre deux piles de partitions et un tas de linge sale, il m’a joué du Rameau. Pendant quelques minutes, le temps d’un rondeau, le vieux rebelle s’est fait interprète respectueux du maître, attentif au tempo, aux silences. « Poursuis la paix, recherche-la ». Simon le Zélote faisait halte à Béthanie.
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Simon H. est la version ecclésiastique de la vieille dame indigne. Il en faut au moins un par diocèse, c’est statistique. Propos outranciers, générosité brouillonne et autres inconvenances, il était déjà spécialiste sous Pie XII, « c’est pas JR qui me fera fermer boutique. » H. confond Rome et Dallas. Sénilité ? Non, analyse sociopolitique.
Mais rassurez-vous, il s’est vite repris - en criant, fenêtre grand ouverte : « Rameau ! Génie octogénaire ! » Il se mettait en voix. Contre qui ? Allez savoir avec un homme aux mille enthousiasmes, aux mille indignations. - Tu as vu les saints qu’on fabrique pour les jeunes cathos ? Leurs Pier Giorgio Savatti, leurs Claire de Cateldanlsac ? » La diatribe dura plus longtemps que « les Tendres Plaintes » du bon M. Rameau. Elle permit plus de contrepoints – de dissonances aussi, dont le Vatican fit tous les frais. Le thème n’était jamais perdu de vue : pour H., un éloge appuyé d’existences fauchées en pleine jeunesse n’aide pas à devenir adulte. - Ça donnerait plutôt envie de mourir vite, avant que le temps ne gâte tout… Et l’on en croise, dans notre Église, de ces braves jeunes, bien généreux, bien purs, qui ont peur de se perdre en se frottant à la vraie vie. Ils sont faciles à reconnaître : sur 10 ans, ils s’habillent toujours de la même façon. « J’ai gardé mon costume de première communion, mon petit cœur aussi… » - Ce n’est pas à garder, son cœur de premier communiant ? - La communion, petit, c’est justement ce qui nous permet de vivre, jour après jour, la perte de nos illusions sur nous-mêmes, sur le monde. Et de nous en réjouir… Tout à coup, il s’est tu. Il caressait une partition… « Tout ça, je l’ai compris le jour où j’ai admis que, plus le temps passait, moins j’avais de chance d’être un enfant prodige, et plus j’avais de temps pour découvrir la musique… » Philippe ROBERT sj PS : J’ai revu l’abbé H., il n’est pas mort durant les vacances. Septembre 2011 39
Prier dans l'instant
Derrière moi, un temps de relecture. Rencontres de travail avec l’équipe service de notre ancienne région. Rencontres avec des accompagnateurs, des compagnons. Devant moi, une nouvelle aventure. Une communauté appelée à se laisser renouveler par l’Esprit qui l’envoie. Je pense aux contacts, aux prémices, aux liens qui se tissent avec de nouveaux compagnons de service, et à l’inquiétude exprimée, portée ensemble, car l’équipe est encore incomplète. Entre les deux, l’été, un peu à part, un peu à côté. Comme ce trajet en train, entre deux destinations. Un peu de vide, un peu de temps en dehors. Me tenir là, dans ce vide reposant. D’autres ont travaillé pour nous ouvrir un chemin. Nous sommes invités à inventer une nouvelle manière d’être ensemble. Plus vivante, plus proches les uns des autres. Invités à proposer, créer, suggérer, nous laisser traverser par ce que l’Esprit nous inspirera. « Comment cela se fera-t-il ? » Luc 1,34 Je ne sais pas comment cela se fera, mais ce sera avec toi, Seigneur. Ne nous as-tu pas dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles » ? Apocalypse 21,5 « Que tout se passe pour toi selon ta foi » Matthieu 8,13 Aujourd’hui, pas grand-chose à faire, seulement croire. C’est cela qui me vient. Du temps pour croire. Un acte tout de même, mais un acte de foi. Seigneur, augmente en nous la foi. Luc 17,5 Tu nous attends déjà sur l’autre rive. Donne à cette communauté qui t’appartient une confiance choisie, qui te permette d’agir en nous. Dominique POLLET
Nouvelle revue Vie Chrétienne – Septembre 2011
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Dans le train. Le temps du vide, et de la foi