PRACTICIES - Partenariat contre la radicalisation violente dans les villes, projet européen

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European Forum for Urban Security

PRACTICIES Partenariat contre la radicalisation violente dans les villes Projet européen Une alliance de villes européennes pour la prévention de la radicalisation violente


Table des matières >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Avant-propos..................................................................p. 4 L’Efus et la radicalisation ............................................ p. 6 Le projet PRACTICIES.................................................. p. 8 Une sélection d’outils développés par le projet PRACTICIES ..........................................p. 13 Lutte contre la radicalisation : défis et opportunités pour les autorités locales et régionales.................................................................p. 20 Recommandations destinées aux autorités locales....................................................p. 22

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Avant-propos

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Ces dernières années, la montée en puissance de la radicalisation et de l’extrémisme violent est devenue une des principales préoccupations des populations des villes européennes et des instances dirigeantes. Cette évolution a conduit les autorités locales à considérer ces questions comme des priorités incontournables de leurs stratégies de prévention du crime. Il est notamment important de comprendre les processus sous-jacents de radicalisation afin de mieux les prévenir. Depuis plus de 30 ans, l’Efus prône une approche équilibrée alliant prévention, sanction et cohésion sociale qui vise à répondre aux problèmes de criminalité et ainsi, mieux la prévenir. Les facteurs de risque étant similaires à ceux conduisant à la délinquance, la prévention de la radicalisation violente doit s’inscrire dans une stratégie globale de prévention. Par conséquent, il s’agit à la fois pour les villes de répondre à la problématique spécifique des individus radicalisés et violents, tout en inscrivant la stratégie de prévention de la radicalisation dans une politique de sécurité locale intégrée. Parallèlement aux travaux menés par la police et la justice, les politiques locales de prévention doivent s’appuyer sur des partenariats locaux forts et viser à renforcer la résilience des individus et des groupes face aux risques de radicalisation. Les autorités locales étant le niveau de gouvernance le plus proche des citoyens, elles sont particulièrement bien placées pour mettre en œuvre de telles politiques et mobiliser tous les acteurs locaux concernés. Un autre aspect crucial est la nécessité de respecter les libertés fondamentales en toutes circonstances, non seulement en tant que principe démocratique, mais aussi parce que c’est un élément clé du contrat social et de la cohésion sociale. Pour la société, il est en effet crucial de préserver autant la sécurité que la liberté, qui de fait dépendent l’une de l’autre et donc de refuser de choisir entre l’une ou l’autre. Il est de la responsabilité des autorités locales européennes de défendre ces valeurs fondamentales.

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De là découle la nécessité de lutter contre toutes les formes d’extrémisme violent et de communiquer de manière équilibrée et responsable, en mettant l’accent sur un discours cohérent qui ne stigmatise aucun groupe de population. Face aux attaques terroristes, la réaction politique ne doit pas être guidée par les émotions, mais doit s’appuyer sur des analyses rationnelles et des données probantes. À cet égard, il est particulièrement important d’identifier les mécanismes sociologiques et individuels en jeu dans les processus de radicalisation. Face au caractère global et transfrontalier de l’extrémisme violent, il est indispensable que les villes européennes apportent une réponse concertée et coordonnée. Les outils de propagande, les processus de recrutement, les parcours de violence radicale étant transfrontaliers, les réponses préventives doivent l’être aussi. Le projet européen PRACTICIES (« Partenariat contre la radicalisation violente dans les villes »), lancé en 2017 avec le soutien financier de la Commission européenne, est une réponse concrète à ces défis et une illustration de ces principes. Pendant trois ans, l’objectif de PRACTICIES a été d’examiner le phénomène de la radicalisation sous toutes ses facettes et de développer des outils concrets que les villes européennes peuvent utiliser pour prévenir localement la radicalisation, en les adaptant à leurs besoins et à leurs contextes particuliers. L’Efus remplit ainsi sa mission fondatrice de favoriser la coopération et les échanges entre les collectivités locales européennes sur toutes les questions de sécurité urbaine et de prévention de la criminalité.

Elizabeth Johnston Déléguée Générale de l’Efus

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L’Efus et la radicalisation

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Créé en 1987, le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) est une association rassemblant près de 250 collectivités locales et régionales européennes qui se consacre, entre autres, à la prévention de la radicalisation, de l’extrémisme violent et du terrorisme. Dès 2006, dans le Manifeste de Saragosse, les membres de l’Efus affirmaient que les autorités locales avaient un rôle clé à jouer dans ces efforts et préconisaient une approche fondée sur la cohésion et l’inclusion sociale, loin de « favoriser les actions discriminatoires, désigner des boucs émissaires ou encourager des attitudes agressives et racistes ». La même année, l’Efus a coordonné un premier projet de coopération européenne sur le sujet, Villes contre le Terrorisme (Cities Against Terrorism - CAT), qui s’est achevé en 2007. Conformément au cadre créé par l’Union européenne dans sa stratégie antiterroriste de 2005, l’Efus a encouragé l’échange d’expériences et de bonnes pratiques entre autorités locales européennes, renforcé la coopération et accru les capacités communes de lutte contre l’extrémisme violent. Depuis, l’Efus a mené ou participé à de nombreux projets et collaborations. En 2014, alors que le phénomène de la radicalisation menant à l’extrémisme violent augmentait avec à la clé un risque plus élevé d’attentats terroristes, l’Efus a mené les projets « Autorités locales contre l’extrémisme violent » (LIAISE). Les projets LIAISE 1 (2014-2016) et LIAISE 2 (2017-2018) ont mobilisé plus de 30 partenaires, autorités locales, ONG et institutions de recherche. Ceux-ci ont cherché à comprendre et renforcer le potentiel des initiatives locales de prévention, en identifiant les sujets clés sur lesquels les villes doivent travailler : partenariats multi-agences locaux, accompagnement des familles, renforcement de la résilience, déradicalisation, désengagement et contre-discours. LIAISE 1 et 2 ont mis en place des projets de prévention pilotes locaux dans toute l’Europe et une base de données d’exemples de pratiques prometteuses. Ils ont aussi produit deux guides méthodologiques. Ces travaux ont été suivis d’une série de résolutions politiques adoptées par le comité exécutif de l’Efus, qui ont encouragé une plus grande participation

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des villes aux politiques européennes de prévention de la radicalisation. Dans le même temps, les collectivités locales européennes ont pris davantage conscience de l’importance de leur rôle et de la nécessité de développer des stratégies locales de prévention. La Déclaration de Nice, coécrite par le réseau Euromed et l’Efus, a été adoptée en 2017 par les deux réseaux et 60 maires de 18 pays. Les villes signataires demandent une meilleure reconnaissance du rôle essentiel des collectivités locales, notamment par une meilleure représentation dans les instances de concertation européennes. Elles appellent également à davantage de soutien financier afin de mettre en œuvre efficacement des actions préventives et éducatives. Conformément à sa mission d’encourager le travail collaboratif et transnational entre collectivités locales et régionales, l’Efus est partenaire ou membre de plusieurs partenariats pluridisciplinaires, dont l’Alliance des villes européennes face à l’extrémisme violent (initiative promue par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe), le réseau international Strong Cities et le Radicalisation Awareness Network (RAN) de l’UE. La participation de l’Efus au RAN consiste principalement à contribuer aux échanges entre leurs différents groupes de travail, leurs experts et les projets menés par l’Efus sur des sujets d’intérêt pour les deux parties. Ce travail novateur a donné lieu à une série de projets sur la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. Ces projets ont permis de développer et de promouvoir l’influence qu’ont les autorités locales sur les approches de prévention spécialisée, telles que Local Voices (Stratégies locales de communication pour prévenir l’extrémisme - 2018-2019) et Local Young Leaders for Inclusion (Jeunes leaders locaux pour l’inclusion - LouD, 2019-2020), qui travaillent avec les jeunes pour promouvoir des discours alternatifs et renforcer la résilience, ou le projet Building Resilience to Reduce Polarization and Growing Extremism (Renforcer la résilience pour réduire la polarisation et la montée de l’extrémisme - BRIDGE, 2019-2020), qui élabore une méthodologie pour surveiller et atténuer la polarisation au niveau local. Le projet PRACTICIES, qui cherchait à mieux comprendre les causes profondes de la radicalisation et à prévenir sa propagation, est un autre exemple de projet paneuropéen dans lequel l’Efus a joué un rôle prépondérant. Comme pour d’autres publications sur la question de la radicalisation, l’Efus espère que cette brochure fournira des informations et des outils concrets aux autorités locales et régionales dans toute l’Europe.

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Le projet PRACTICIES

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Les gouvernements et la société dans son ensemble doivent faire face aux graves problèmes de sécurité posés par la radicalisation et l’extrémisme violent qui peuvent déboucher sur des attaques terroristes telles que celles perpétrées ces dernières années en Europe et ailleurs, mais aussi diviser la société et susciter la peur et la méfiance. Pour prévenir et de limiter efficacement ce phénomène délétère, il est nécessaire d’impliquer autant que possible la société civile, aux côtés des forces de l’ordre, des universitaires et d’autres professionnels, notamment ceux travaillant dans les domaines de la recherche et de la technologie.

Enfin, le projet a mobilisé des réseaux de villes européennes et des experts dans les domaines des sciences humaines, politiques et de l’information dans le but de mieux comprendre les « racines humaines de la radicalisation ». Il a permis de caractériser ces processus et leurs origines, et de construire des outils et des pratiques de prévention concrets.

C’est en réponse à un appel d’offres européen que s’est construit le réseau « Partenariat contre la radicalisation violente dans les villes » (PRACTICIES). Mis en place en 2017, il mobilise plus de 25 partenaires issus de divers pays européens (Autriche, Belgique, Grèce, Italie, Portugal, Espagne) ainsi que de la Tunisie, notamment des institutions académiques et de recherche ainsi que des gouvernements nationaux et des autorités régionales et locales. Ce vaste partenariat a permis au projet de couvrir un large éventail de domaines d’expertises : les sciences humaines, la psychologie, les sciences politiques, les sciences de l’information et l’informatique.

2. Comprendre les processus de communication qui favorisent ou limitent la propagation du discours radical

Objectifs du projet

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Les objectifs du projet PRACTICIES étaient de comprendre la radicalisation pour mieux l’anticiper et intervenir le plus en amont possible de ce processus néfaste. Notre recherche et l’évaluation des pratiques des professionnels œuvrant dans ce domaine contribuent à réduire les risques de radicalisation violente et à améliorer la sécurité urbaine dans les villes partenaires du projet. Dans ce sens, PRACTICIES a contribué à répondre à l’un des grands défis des villes européennes, à savoir favoriser la participation des citoyens et notamment les plus vulnérables afin d’être plus inclusives et diverses.

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Il visait également à identifier de bonnes pratiques d’intervention ou de prévention autour de la radicalisation violente aux niveaux européen, national et local, et à terme, à développer des actions efficaces et des outils innovants contre la radicalisation.

Plus précisément, les objectifs du projet étaient les suivants : 1. Documenter les facteurs de risque et de protection

3. Identifier les bonnes pratiques d’intervention et de prévention autour de la radicalisation menant à la violence 4. Évaluer les programmes de recherche et d’action sur la radicalisation menant à la violence 5. Évaluer et élaborer des programmes pour renforcer la cohésion sociale 6. Créer des espaces de discussions et d’échanges entre les acteurs académiques et sociaux pour mieux comprendre le phénomène de radicalisation menant à la violence 7. Renforcer les échanges théoriques, méthodologiques et pratiques entre les chercheurs, les réseaux d’acteurs et les villes 8. Participer à la prise de décision politique afin d’améliorer la sécurité des villes.

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Groupe de travail des villes du projet PRACTICIES

Avantages de PRACTICIES selon les membres du Groupe de travail des villes

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Afin de créer un lien entre les 25 partenaires de recherche et institutionnels de PRACTICIES1 et les utilisateurs finaux du projet, à savoir les collectivités locales et régionales européennes, l’Efus a mis en place un groupe de travail des villes. Il est composé de 8 villes européennes : Amadora (Portugal), Augsbourg (Allemagne), Berlin (Allemagne), L’Hospitalet de Llobregat (Espagne), Nice (France), Riga (Lettonie), Salzbourg (Autriche) et Solna (Suède).

Quels avantages et perspectives les membres du Groupe de travail des villes ont-ils tirés du projet PRACTICIES ? Ci-dessous, vous trouverez une synthèse des principaux points évoqués par les membres du groupe de travail des villes suite aux travaux menés pendant trois ans, notamment à travers quatre ateliers organisés en Europe et lors d’événements de dissémination.

Pendant trois ans, les villes de ce groupe de travail ont œuvré à identifier leurs besoins spécifiques en matière de prévention de la radicalisation au niveau local afin que les résultats du projet y correspondent de manière concrète et pragmatique.

De riches échanges entre les acteurs locaux dans toute l’Europe

Au cours du projet, trois autres membres de l’Efus se sont joints au groupe de travail des villes : Liège (Belgique), Lyon (France) et la région de Calabre (Italie). Les quatre principaux objectifs du Groupe de travail des villes étaient les suivants : 1. Définir les principales menaces posées localement par la radicalisation qui affectent les collectivités locales et régionales 2. Acquérir des connaissances sur les travaux menés dans les autres volets du projet (c’est-à-dire les « Work Packages »), principalement des outils pour aider les autorités locales à résoudre les problèmes locaux de radicalisation 3. Élaborer des recommandations pour permettre aux autorités locales et régionales d’adapter leurs politiques locales de prévention contre la radicalisation 4. Concevoir une stratégie de communication afin de diffuser les résultats du projet auprès des collectivités locales et régionales européennes, non seulement au sein du réseau Efus mais également au-delà. 1. La liste complète des partenaires PRACTICIES est disponible en page 30

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Le projet a permis de créer une plateforme de discussion entre les acteurs locaux impliqués dans la prévention de la radicalisation au niveau local dans plusieurs villes et pays européens. De plus, les partenaires du projet ont pu rencontrer un large éventail de professionnels travaillant sur la prévention de la radicalisation grâce à des visites d’étude, des tables rondes et des ateliers organisés dans toute l’Europe. Grâce à ces échanges, le projet a permis d’établir un réseau étendu qui perdurera après la fin du projet et continuera à disséminer ses résultats. De plus, les partenaires du projet ont également participé ou participent actuellement à d’autres projets européens sur la prévention de la radicalisation ou à des réseaux européens spécialisés tels que le réseau de sensibilisation à la radicalisation (RAN) de l’UE. Il y a donc des remontées d’informations entre PRACTICIES et d’autres projets européens, ce qui renforce les capacités des collectivités locales européennes à lutter contre le phénomène de radicalisation. La fertilisation croisée entre les autorités locales partenaires et les institutions européennes est un autre avantage à long terme.

Un échange de pratiques prometteuses Un des points forts du projet PRACTICIES était de permettre aux participants d’échanger leurs pratiques de terrain en matière de prévention de la

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radicalisation. Pouvoir comparer les stratégies et les pratiques menées dans d’autres villes et pays et mieux connaître le contexte spécifique des différentes autorités locales et régionales à travers l’Europe apporte des avantages à long terme qui ne sont pas quantifiables mais sont indéniables. Par ailleurs, les stratégies mises en place par les participants au projet PRACTICIES ont acquis une visibilité européenne grâce au projet. Cela a été possible notamment par la série de fiches d’informations produites dans le cadre du projet et partagées au niveau européen. Cet échange formalisé de pratiques contribue aussi largement à promouvoir, auprès des institutions européennes, le rôle important joué par les autorités locales dans les efforts de prévention de la radicalisation.

Une connaissance approfondie du phénomène de radicalisation Les échanges entre les partenaires du projet, les experts associés et les organisations externes ont permis d’approfondir les connaissances sur le phénomène de radicalisation, notamment sur les mécanismes individuels et sociaux qui amènent certains individus à se radicaliser. Ces connaissances permettent aux autorités locales de concevoir des stratégies et des programmes d’action fondés sur des données factuelles mieux adaptés aux groupes cibles (c’est-à-dire les groupes et les individus menacés de radicalisation). La nécessité de créer des relations étroites entre recherche universitaire et pratiques de terrain est l’un des aspects importants mis en évidence par le projet. Il est à noter que les connaissances acquises par le projet PRACTICIES s’appuient également sur d’autres projets européens menés par l’Efus ou auxquels il a participé sur la question de la radicalisation et, plus largement, de la polarisation (comme celles mentionnées dans l’avant-propos).

aux différents contextes spécifiques des villes et des régions associées à PRACTICIES. Ces outils, efficaces et facilement transférables, ainsi que leurs manuels d’utilisation ont été présentés et testés plusieurs fois avant d’être finalisés. Les villes et régions associées au projet bénéficient désormais d’une boîte à outils pouvant compléter leurs propres outils existants.

Une meilleure compréhension des stratégies locales En travaillant ensemble sur la prévention de la radicalisation, les autorités locales et régionales ont acquis une connaissance mutuelle des stratégies locales. Les discussions au sein du groupe de travail des villes ainsi qu’avec les autres membres du consortium PRACTICIES ont débouché sur des réflexions intéressantes sur les défis à venir et les moyens de les surmonter. Les participants ont réexaminé leurs priorités et en ont identifié de nouvelles. Ils ont également longuement discuté des difficultés rencontrées par les professionnels impliqués dans la lutte contre la radicalisation dans leur travail quotidien. Cela a également alimenté la réflexion et la réévaluation de leur stratégie de prévention de la radicalisation. Une des constatations qui a fait l’unanimité : la nécessité de travailler de manière transversale et collaborative pour mettre en œuvre une stratégie de prévention (c’est-à-dire une implication du personnel des autorités locales/régionales, mais aussi des associations de quartier, des écoles, des clubs sportifs, etc.)

Une sélection d’outils développés par le projet PRACTICIES >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

Une boîte à outils complète Grâce à un partenariat rassemblant chercheurs, experts dans l’accompagnement des personnes radicalisées, sociologues, associations publiques, techniciens municipaux et policiers, le projet a permis de construire des outils innovants adaptés aux besoins des utilisateurs finaux et adaptables

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Divers outils ont été créés par le projet pour aider les autorités locales et régionales à lutter contre la radicalisation. Ils ont été testés sur le terrain grâce à des projets pilotes développés par les autorités locales participant à PRACTICIES. En voici une sélection :

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Outil

Citizens Agora (agora citoyenne)

Organisation

Cette méthodologie a été développée par l'Université des sciences appliquées de Salzbourg

Groupe cible

Citizens Agora peut s'adresser au grand public ou à des groupes cibles spécifiques tels que les jeunes, les migrants ou certains groupes ethniques et religieux.

La méthodologie Citizens Agora vise à créer des espaces publics pour des activités d’éducation citoyenne qui encouragent une participation inclusive et active. Elle est basée sur le principe que la radicalisation est étroitement liée à la discrimination, à l’exclusion structurelle et à l’inégalité d’accès à la démocratie. La radicalisation se nourrit d’un discours manipulateur, inégal et exclusif et doit donc être combattue par une approche contraire avec un dialogue ouvert et inclusif permettant à tous les groupes sociaux et les individus d’y participer.

Les activités sont planifiées et mises en œuvre à la fois par les institutions académiques et les administrations municipales/travailleurs sociaux, travaillant en étroite collaboration pour adapter les actions aux besoins du groupe cible. À travers ces activités, les Citizens’ Agoras ont pour but d’améliorer l’éducation citoyenne inclusive, le dialogue politique, l’égalité des chances d’expression et le débat ouvert. Ces Citizens’ Agoras mettent une plateforme à disposition de ceux qui ne sont normalement pas inclus dans les processus de prise de décision et leur permettent de formuler, d’articuler et de critiquer des argumentaires (compétences essentielles pour participer à une expérience démocratique).

Outil

Desistance-Pro

Organisation

Le logiciel et le manuel d'utilisation ont été créés par le cabinet de conseil Bouzar Expertises

Groupe cible

Professionnels des institutions publiques ou associatives chargés d'identifier et d'accompagner les individus radicalisés

La méthodologie inclut différentes activités, regroupées en 4 modules :

 Module 1: Échanger des vues et des perspectives entre différents groupes • Par ex., marches exploratoires intergénérationnelles et interculturelles, travaux communautaires et auprès des jeunes, etc.

 Module 2: Faire entendre la voix des jeunes et leur offrir un espace et les compétences pour pouvoir exprimer leurs points de vue. • Par ex., parler en public, slam de poésie, etc.

 Module 3 : Inclure et faire participer les jeunes aux décisions locales • Par ex., formations et ateliers pour les jeunes, parlements de jeunes, tables rondes avec des responsables politiques, etc.

 Module 4: Établir des relations avec les écoles et les centres culturels pour améliorer l’impact de ces activités

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Les méthodes de radicalisation utilisées par les groupes extrémistes évoluent. Par exemple, les hommes musulmans ne sont plus la seule cible des recruteurs : les femmes et les jeunes issus de familles non musulmanes sont également visés. L’approche s’est également individualisée, les angoisses particulières de chaque personne visée étant exploitées pour favoriser leur radicalisation. Desistance-Pro est un logiciel conçu pour aider les travailleurs sociaux à non seulement identifier les personnes qui risquent de se radicaliser, mais aussi à prendre en charge et suivre celles qui sont déjà passées par un processus de radicalisation. Le logiciel évalue la probabilité qu’un individu accepte des alternatives non violentes aux voies radicales auxquelles il a été exposé ; ces informations peuvent alors aider le travailleur social à adapter son travail aux besoins de l’individu.

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Plutôt que d’utiliser une méthode unique, les travailleurs sociaux peuvent utiliser Desistance-Pro pour déterminer les besoins de leur client et donc la meilleure façon d’enclencher un processus de déradicalisation. Si les groupes extrémistes utilisent des processus individualisés pour radicaliser et recruter, il en est de même pour la protection contre la radicalisation. L’outil a également été conçu pour être applicable à des personnes d’horizons divers afin de répondre au nombre croissant de cibles potentielles. Pour faire une évaluation, le travailleur social répond à une série de questions sur la personne (chacune ayant 6 réponses possibles, notamment « Je ne sais pas » et « Non concerné »), en utilisant les informations recueillies lors d’entretiens, observations et échanges avec des référents externes tels que la famille, le conjoint, etc. Chaque réponse correspond à un score allant de 1 (« A accepté un engagement alternatif ») à 4 (« N’envisage toujours pas d’autres engagements »). Après avoir répondu à toutes les questions, les scores finaux apparaissent sous forme de diagramme circulaire que le professionnel interprète lui-même. Ces données permettent aux travailleurs sociaux de :

Prendre en compte les idéaux de la personne radicalisée  Répondre aux besoins et aux angoisses qui sous-tendent l’engagement de la personne dans le groupe radical

Choisir des engagements alternatifs positifs adaptés à chaque individu  Vérifier si le travail d’accompagnement permet à la personne de modifier sa vision du monde et sa définition d’elle-même et des autres.

L’outil d’éducation Digital Me est destiné à fournir aux enseignants du secondaire et aux formateurs travaillant avec des adolescents âgés de 14 à 18 ans une méthodologie spécifique pour promouvoir la citoyenneté active. La formation vise à développer le sentiment identitaire, la créativité et la culture numérique de l’étudiant, et ainsi réduire sa vulnérabilité aux discours radicaux et extrémistes. Pendant la formation, les étudiants créent une histoire numérique : une courte vidéo de 1 à 3 minutes composée d’images et d’une voix-off dans laquelle ils donnent leur point de vue et tentent de créer un intérêt et d’inspirer l’empathie pour un sujet donné. Les histoires sont partagées au sein d’un Story Circle (cercle d’histoires), où les élèves doivent poser des questions sur leur travail et y répondre et faire part de leurs commentaires aux autres membres du groupe. Ils sont ainsi encouragés à réfléchir de manière critique aux informations qu’ils reçoivent, tout en apprenant simultanément à participer activement à un groupe. Généralement, les histoires traitent d’une injustice ou tentent de sensibiliser l’auditoire à un problème particulier, dans le but de démontrer aux étudiants qu’ils sont capables de résoudre les problèmes sociétaux de l’intérieur. Des études montrent que les jeunes sont attirés vers les groupes radicaux et extrémistes par la promesse d’un sentiment d’appartenance, de sécurité et de légitimité. La formation Digital Me vise à fournir aux étudiants une voie alternative à cette radicalisation en leur apprenant à :

 Réfléchir de manière critique à la façon dont un récit peut être utilisé pour persuader les autres

Outil

Digital Me

Organisation

Cet outil a été élaboré par l'association belge Media Actie Kuregem - Stad (MAKS)

 Comprendre leur identité et leur expérience par le biais de vidéos Parler des émotions Élaborer et faire valoir leur point de vue Prendre conscience de leur capacité à résoudre les injustices Travailler en groupe Se sentir fiers de partager leur travail

Groupe cible

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Adolescents de 14 à 18 ans

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L’hypothèse sur laquelle se base Digital Me est qu’il n’existe pas de profil unique de personne radicalisée, ni de raison unique de radicalisation. Le processus de radicalisation est dû à des micro/macro raisons et reste complètement spécifique à la personne concernée. Digital Me est donc un outil efficace par son approche holistique et personnalisée qui offre aux jeunes une multitude d’avantage, dont le développement de l’intelligence émotionnelle et de la pensée critique.

L’objectif de Newscraft est d’enseigner aux étudiants à remettre en question et à critiquer de manière réfléchie les informations qu’ils rencontrent, afin de pouvoir détecter les fake news, les récits de conspiration et les discours de propagande radicale. Les principales compétences développées dans ce jeu sont les suivantes :

 Prendre l’habitude de vérifier la source de chaque information (texte et images)  Se demander qui parle et dans quel objectif

Outil

Serious Game : Newscraft

Organisation

Le jeu a été développé par la société Vertical et l'Université de Lille, par le biais du laboratoire de recherche GERiiCO.

Groupe cible

Les 14-20 ans mais principalement les 14-16 ans

Analyser les images  Comprendre l’importance d’une presse libre et variée dans une société démocratique

 Comprendre la façon dont les informations sont créées (par ex., le conflit entre attirer des lecteurs/des téléspectateurs et créer des informations, les obstacles matériels qui pourraient affecter la capacité d’un journaliste à assurer une couverture précise d’événements, notamment le manque de temps ou de financement)

 Comprendre les techniques utilisées pour rendre un récit crédible (par ex., l’utilisation de statistiques, de citations d ‘« experts » ou de preuves en image)

Newscraft est un jeu sérieux conçu pour encourager les étudiants à réfléchir de manière critique aux informations et aux médias qu’ils consomment. L’idée est que ce jeu pourrait être utilisé comme outil éducatif dans les écoles dans le cadre d’un cours plus général sur l’éducation aux médias et à l’information. Le concept est que les joueurs prennent le rôle d’un journaliste travaillant dans une salle de rédaction. Les caractéristiques et les objectifs de la salle de rédaction varient à chaque tour de jeu, et les joueurs sont donc encouragés à jouer différemment, selon le style éditorial du média auquel ils sont assignés. Pendant le jeu, le joueur doit publier des informations en fonction de son brief, en tenant compte des moyens à sa disposition tout en s’assurant que les publications génèrent au moins un nombre minimum de vues. Les joueurs sont récompensés pour avoir respecté le brief et généré des vues en sachant que certains choix de publication peuvent déclencher des événements extérieurs (positifs et négatifs).

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Le jeu encourage les étudiants à utiliser ces compétences, que les informations qui leur sont présentées proviennent ou non de sources légitimes. L’idée n’est pas de classer les médias en « bonne » ou « mauvaise » source, ni de considérer Internet et les réseaux sociaux comme une source systématiquement à risque, mais plutôt d’aider les élèves à réfléchir de manière critique à toutes les formes de médias. Le jeu s’attaque ainsi aux questions liées à la variété des sources d’information, notamment la presse écrite, les réseaux sociaux, les émissions satiriques et les vidéos et images en ligne. Le jeu est conçu pour durer entre 20 et 30 minutes afin d’être utilisé dans le cadre d’un cours d’une heure, avec d’autres supports et activités pertinents à l’initiation aux médias. L’ensemble du cours sur ce thème sera développé par l’Université de Lille comme une mallette pédagogique à part entière. Le jeu aura également toujours une certaine valeur en cas de réutilisation (si un joueur veut jouer à nouveau chez lui ou si le formateur souhaite proposer une deuxième session).

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Lutte contre la radicalisation : défis et opportunités pour les autorités locales et régionales

 La prévention de la radicalisation nécessite un travail transversal en coopération avec tous les acteurs locaux concernés ainsi qu’avec les citoyens. Il peut être difficile de mobiliser tous ces acteurs et il est donc important que les institutions publiques établissent des relations de confiance avec eux.

 Évaluer les plans de prévention de la radicalisation violente est souvent

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assez compliqué. Il est donc nécessaire de renforcer les liens entre la recherche universitaire et la pratique de terrain.

Fin 2019, alors que le projet touchait à sa fin après trois années de travail intense, l’Efus a organisé à Toulouse un atelier avec le Groupe de travail des villes. Le but était de faire le bilan de ce qui avait été réalisé sur la radicalisation et de dresser une liste des défis rencontrés par les autorités locales et régionales. Cet atelier a également permis de discuter des opportunités qui peuvent découler d’un travail de prévention dans ce domaine. Ce travail s’est appuyé sur les connaissances acquises par l’Efus sur la question de la prévention de la radicalisation au cours des dernières années, notamment des projets européens auquel nous avons participé ou avons dirigé.

 La nature confidentielle ou sensible des données sur la radicalisation

L’un des principaux aspects mis en évidence par les villes membres du groupe de travail est que PRACTICIES leur a permis de comprendre leurs forces et leurs faiblesses locales et ainsi de concevoir des solutions sur mesure. Ces travaux ont donné lieu à une série de fiches d’information disponibles sur le site Internet de l’Efus (www.efus.eu). Voici un résumé des principaux défis et opportunités identifiés.

Défis

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  Le radicalisme et l’extrémisme violent sont des phénomènes à multiples facettes (qui peuvent être motivés par toute sorte de raisons, la religion, les opinions politiques gauche/droite, voire le sport), ce qui nécessite des stratégies ciblées et adaptées.

 La polarisation précède souvent la radicalisation, mais il n’existe souvent aucune stratégie ou politique locale spécifique pour y faire face car de nombreuses autorités locales/régionales ont du mal à identifier ce phénomène comme tel.

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entrave les échanges et le partage d’informations entre acteurs de la prévention, ce qui réduit l’efficacité et la portée des stratégies de prévention.

 Souvent, les programmes de prévention de la radicalisation ne disposent pas de financement leur permettant d’être pleinement mis en œuvre et efficace.

Opportunités

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  Un travail intense sur la radicalisation et l’extrémisme violent au niveau local permet de comprendre les causes profondes de ces processus et aide les autorités locales/régionales à mieux cerner les effets néfastes de l’inégalité, de l’exclusion, de la discrimination et de la polarisation et la façon dont celles-ci exacerbent le sentiment de vulnérabilité des jeunes et de la société en général. Par cette meilleure compréhension, les gouvernements locaux et régionaux sont alors mis au défi de mieux protéger les droits fondamentaux de tous les résidents locaux et de favoriser leur participation démocratique au niveau municipal.

 Toute stratégie de prévention du crime, mais en particulier de prévention de la radicalisation nécessite d’identifier et de comprendre les ressources disponibles sur un territoire local.

 Étant donné que la radicalisation est un phénomène international, les acteurs locaux peuvent être amenés à travailler avec leurs pairs aux niveaux national, européen et international, ce qui favorise les échanges et permet de renforcer les connaissances.

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 Il est intéressant pour les collectivités locales de rechercher des outils innovants permettant aux citoyens de participer à l’élaboration des politiques de prévention de la radicalisation, notamment parce qu’elles peuvent ensuite les utiliser dans tout autre domaine politique.

Recommandations destinées aux autorités locales

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Afin de relever les défis et saisir les opportunités identifiées, les villes et régions membres du groupe de travail des villes proposent les recommandations suivantes aux autres collectivités locales et régionales européennes.

>>>>>>> Thème : Inclusion et bien-être de la population Promouvoir et améliorer le bien-être psychologique des jeunes

 Promouvoir, au niveau des politiques locales, des voies d’inclusion pour les familles dans le but de les associer aux politiques régionales et nationales. Les gouvernements et les institutions jouent un rôle pertinent en soutenant le travail des écoles et des systèmes éducatifs dans la promotion des compétences des adolescents pour une culture démocratique. Ils sont notamment appelés à créer une cohésion sociale et des environnements inclusifs et à donner une égalité des chances de développement aux jeunes victimes de discrimination, de privation et d’exclusion.

 Les familles doivent être impliquées dans un contexte qui les considère comme une partie active de la société, ce qui devrait, par conséquent, favoriser le bien-être psychologique de leurs enfants, évitant qu’ils ne suivent des chemins déviants qui pourraient conduire à une radicalisation violente.

 Par conséquent, il parait fondamental de consolider les agences de lutte contre la discrimination pour que chacun, homme et femme, reprenne confiance en soi, retrouve le sentiment de pleine appartenance et se sente protégé dans le contexte dans lequel il/elle vit.

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L’éducation civique (droits de l’homme et valeurs démocratiques) est généralement peu enseignée dans les écoles. Le système éducatif n’est pas adapté aux nouveaux problèmes résultant, par exemple, d’une plus grande mobilité des personnes, notamment la discrimination envers les enfants en raison de leur langue/origine. Le personnel manque également de formation sur le multiculturalisme ou encore les différentes religions/langues.

Promouvoir une éducation interculturelle au niveau local.  Mettre en place des forums pour surveiller et garantir le respect du dialogue culturel.

 Les municipalités doivent contrer les « fake news » et les théories du complot en enseignant la pensée critique et l’initiation aux médias ainsi que le respect et l’appréciation des différences.

 Proposition de création de programmes de mentorat axés sur les valeurs multiculturelles et démocratiques, le respect et la résolution de conflits.

>>>>>>> Thème : Culture et collaboration professionnelle Collaboration entre acteurs de terrain pour atteindre les groupes cibles

 Les structures bien établies et les experts de la jeunesse ou du travail social, les éducateurs ou les enseignants peuvent mieux accéder aux jeunes et doivent donc être impliqués dans les différentes actions dès le début.

 Combiner les rencontres en personne et celles en ligne via les réseaux sociaux permet d’établir puis de maintenir des réseaux durables entre travailleurs sociaux, éducateurs, leaders d’opinion et jeunes. Impliquer les parents dans les travaux. Assister les professionnels de première ligne

 Encadrer ou superviser les éducateurs jeunesse, leur apporter un soutien socio-psychologique et leur libérer du temps et un espace pour échanger leurs expériences.

 Leur fournir un espace d’échange, soit en personne, soit en ligne.

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Les acteurs impliqués dans la mise en œuvre des politiques de prévention contre la radicalisation demandent une meilleure formation fondée sur le partage des connaissances communes.  Des mesures de lutte contre la discrimination, l’intolérance, les préjugés et la polarisation sociale doivent être mises en œuvre avec deux objectifs principaux : empêcher la manipulation des jeunes et faciliter l’intégration sociale des nouveaux arrivants.

 Les mesures envisagées doivent prendre en compte les différents groupes d’âge de jeunes et leurs spécificités, notamment le fait que les adolescents construisent leur identité en opposition aux règles de la société.

 Les villes doivent également élaborer des actions et des stratégies pour gérer de manière positive la diversité culturelle. À cet égard, une mesure importante serait d’éduquer et d’autonomiser les jeunes afin de développer leur résilience et de leur faire accepter la diversité culturelle.

 Les villes doivent assurer les droits fondamentaux de chacun, notamment par l’accès à un logement, une éducation, une alimentation correcte, des soins de santé et la liberté religieuse. Le respect de ces droits fondamentaux est une condition préalable à l’intégration sociale. Approche holistique et réseautage

 Les structures, discours et développements politiques et sociaux généraux doivent être analysés puis pris en compte (différents extrémismes).

 La collaboration entre les différents acteurs doit être renforcée : direction de la jeunesse, animation jeunesse, écoles et éducateurs, représentants politiques, syndicats, entreprises, ONG, artistes, sportifs et autres.

>>>>>>> Thème : Démocratie locale et implication des citoyens Certaines personnes sont particulièrement vulnérables ou exclues du système scolaire et, à aucun moment de leur vie, ne ressentent de sentiments d’appartenance. Par exemple, ils craignent d’être rejetés pour leurs opinions.

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 Promouvoir l’autonomisation des citoyens - s’assurer que chaque citoyen a la possibilité et les compétences nécessaires pour participer.

 La démocratie locale doit pouvoir être pratiquée dans les établissements d’enseignement. Le succès d’une politique de prévention de la radicalisation dépend en partie de la participation active de la société civile. Une communication adéquate dans les deux sens (entre autorités et citoyens) est essentielle, en particulier pour les jeunes.

 Il est impératif d’établir une stratégie de communication préalable au niveau local qui aborde la transmission de valeurs communes dès le plus jeune âge. La résilience face aux discriminations est une compétence essentielle qui devrait être enseignée très tôt aux enfants.

 Nous proposons de créer des Journées européennes contre la radicalisation violente afin d’offrir un espace ouvert de discussion entre autorités publiques et société civile.

 Des mesures concrètes doivent être prises pour que la société civile reprenne confiance en son gouvernement et sa police et partage des valeurs communes.

 Des mesures doivent être élaborées pour promouvoir la participation active de la société civile à l’élaboration de politiques de prévention de la radicalisation. Ceci inclut également d’enseigner aux jeunes la citoyenneté et la façon de participer à la société.

>>>>>>> Thème : Innovation et nouvelles technologies Afin de lutter contre la radicalisation, les autorités locales s’appuient trop souvent sur l’utilisation d’outils ou de stratégies qui « ont fonctionné dans le passé », mais qui ne sont pas nécessairement adaptés à l’évolution des contextes locaux.

 Aujourd’hui, un phénomène aussi fluide que la radicalisation nécessite des outils de lutte innovants et adaptés. Ces nouvelles méthodes doivent être testées avant d’être mises en œuvre et soigneusement évaluées.

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 La participation des jeunes aux réflexions sur cette innovation doit être encouragée.

 Les outils pédagogiques doivent être innovants et intégrer systématiquement une approche interculturelle.

 Les outils doivent être adaptés pour tenir compte de l’influence croissante des réseaux sociaux.

 Les autorités locales doivent être prêtes à dénoncer fermement les idées radicales et les théories du complot. Internet et les réseaux sociaux sont des moyens très efficaces de diffuser des discours extrémistes, en particulier auprès des jeunes publics. La communication en ligne et les réseaux sociaux occupent une part considérable de l’espace public et ont une influence importante sur la vie sociale et les structures démocratiques.

 Les municipalités doivent proposer des discours alternatifs qui véhiculent des messages positifs et promouvoir les valeurs démocratiques et la cohésion sociale afin de renforcer la résilience de la population face aux discours extrémistes.

 Elles doivent donner de la visibilité aux actions locales et favoriser la participation de la population au processus de création.

 Les municipalités doivent s’engager à intégrer dans leurs campagnes les problèmes et les besoins des jeunes.

 Les municipalités doivent donner aux jeunes un rôle dans le développe-

>>>>>>> Thème : Autorités locales et régionales et l’UE Les pouvoirs publics nationaux et locaux se sentent souvent déconnectés des institutions européennes en matière de lutte contre la radicalisation. Certaines initiatives existent au niveau européen dans lesquelles les villes peuvent être impliquées, par exemple le Radicalisation Awareness Network (RAN) ou le partenariat EU Cities Against Radicalization.  Les autorités locales doivent être proactives et solliciter des informations sur les initiatives auxquelles elles peuvent participer. De leur côté, les institutions européennes doivent inciter les collectivités locales à participer.

 L’UE doit soutenir les politiques locales les plus proches des citoyens et les plus réactives en termes de prévention.

 Le financement de l’UE est un outil fondamental pour les villes dans la mise en œuvre de leurs politiques. Il est nécessaire que les institutions européennes attribuent davantage de financements au niveau local.

 L’UE doit impérativement assurer le respect des droits fondamentaux, notamment le droit d’asile. Une meilleure coordination au niveau européen est nécessaire pour accueillir les réfugiés et les soutenir pour qu’ils s’intègrent à la communauté locale.

>>>>>>> Thème : Gouvernance et stratégies locales Institutionnalisation, planification, budget et évaluation

ment de campagnes contre l’extrémisme violent, pas seulement parce que celles-ci pourraient bénéficier de leur savoir-faire en matière de nouvelles technologies mais aussi parce qu’il est essentiel qu’ils soient impliqués dans ces efforts qui les concernent directement.

 Une prévention précoce doit être planifiée, structurée, bien organisée,

 Les municipalités ne doivent pas permettre au contenu extrémiste de

afin d’être viables, en particulier dans un contexte général de réduction des financements publics.

prospérer et doivent veiller à la prévalence des valeurs démocratiques et de l’État de droit. Tout ceci doit être mis en œuvre par le biais de mesures juridiques et techniques.

accompagnée et évaluée par les experts en sciences sociales. Elle nécessite également des ressources adaptées.

 Les politiques visant à prévenir la radicalisation doivent être rentables

 Les administrations locales doivent élaborer le concept général, les principes directeurs et une stratégie globale de prévention.

 Les audits et diagnostics de radicalisation locale peuvent être utilisés pour optimiser la mise en œuvre des politiques. Ces derniers sont des

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outils d’aide à la décision efficaces qui donnent une base de connaissances permettant d’élaborer des politiques de prévention.

 D’autres méthodes et stratégies, telles que l’utilisation d’une police de proximité, peuvent également renforcer la confiance et la collaboration entre les différents acteurs tels que la police et les citoyens.

Les actions et projets à court terme qui relient et alimentent des structures à long terme mais ne sont pas soutenus par des politiques durables dédiées sont susceptibles d’être inefficaces et peuvent même échouer.  Les municipalités doivent investir dans la création de structures durables qui complètent la prise de décision à court terme.

Dans quatre des cinq villes analysées, il n’existe pas de réseau structuré formel de prévention de la radicalisation. Il serait toutefois possible de créer un tel réseau à partir de structures déjà en place pour promouvoir l’intégration sociale, la coexistence et le multiculturalisme, et pour répondre aux besoins des jeunes.

 Il est nécessaire de définir une stratégie incluant les étapes suivantes: 1)

 Pour améliorer la coordination, chaque ville doit être dotée de : 1) Un

Vision/idée (objectif de l’action) ; 2) Renforcement de l’action à travers un soutien au niveau national ou supranational, comprenant un plan global encadrant l’action ; 3) Déploiement du plan au niveau local ; 4) Mise en œuvre de ces trois étapes à travers des projets pouvant devenir des structures permanentes.

 L’anticipation est essentielle dans les stratégies de prévention de la radicalisation et les autorités locales doivent se concentrer sur les politiques de prévention primaire telles que la lutte contre la discrimination et la polarisation.

groupe de coordination composé de décideurs politiques provenant de services de stratégie de prévention au sein des autorités locales. Ce groupe serait chargé de promouvoir la stratégie, les buts et objectifs et de les réviser en fonction des résultats obtenus. 2) Un groupe stable d’acteurs sociaux, de représentants religieux, de médias locaux, d’associations jeunesse et de représentants de groupes professionnels (syndicats, écoles, organismes de la fonction publique, etc.).

 Les autorités locales doivent adapter les structures existantes d’intégration sociale, de coexistence, de multiculturalisme et pour la jeunesse dans le but de renforcer la sécurité et de prévenir la criminalité juvénile.

Les stratégies de prévention de la radicalisation basées sur un seul point de vue sont inefficaces. Trop souvent, la législation et les structures administratives trop complexes entravent le travail entre les différents acteurs malgré leurs bonnes intentions.

 Il est impératif d’inclure systématiquement dans toute politique de prévention de la radicalisation cet aspect du travail multilatéral, qui doit intégrer le plus grand nombre possible d’institutions intervenant dans la vie des personnes radicalisées : travailleurs sociaux, police, associations, familles, écoles, système judiciaire, services de santé, institutions publiques en charge de l’emploi, services d’immigration et autres.

 La confiance est la clé de tout bon partenariat et doit être renforcée par une formation sur le partage d’informations.

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Consortium PRACTICIES (liste des partenaires) Le projet PRACTICIES « Partenariat contre la radicalisation violente dans les villes » était mené par l’Université de Toulouse II - Le Mirail (France). Le consortium a réuni 22 partenaires : ministère de l’Intérieur CITCO (Espagne), Fachhochschule Salzburg GmbH (Autriche), Université de Calabre (Italie), Université Charles de Gaulle Lille 3 (France), TNS Opinion Kantar (Belgique), Media Actie Kuregem Stad (Belgique), Stadtgemeinde Salzburg (Autriche), Université Rey Juan Carlos (Espagne), ministère de la Justice (Portugal), Qualify Just-IT Solutions and Consulting LDA (Portugal), Université de Grenoble Alpes (France), Bouzar Expertises (France), Centre de recherche de l’Université du Pirée (Grèce), Kentro Meleton Asfaleias (Grèce), Office national d’études et de recherches aérospatiales (France), Mairie de Madrid (Espagne), Mairie d’Amadora (Portugal), Métropole Nice Côte d’Azur (France), Association Forum des Sciences sociales appliquées (Tunisie), Mairie de Toulouse (France), Commission Nationale de Lutte Contre le Terrorisme (Tunisie), Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus). Plusieurs villes européennes et institutions de la société civile ont été associées au projet en tant qu’utilisateurs finaux : Land de Berlin - Bureau de la Commission d’État contre la violence (Allemagne), département du Sénat chargé de l’éducation, de la jeunesse et des sciences de Berlin (Allemagne), municipalité de Schaerbeek (Belgique), municipalité de Liège (Belgique), Région de Calabre (Italie), Leitung Beratungsstelle Extremismus (Autriche), ONG Syriens ne Bouge Agissons (France), S.A.V.E. Belgium (Belgique), Ville de Lyon (France), municipalité de Solna (Suède), municipalité d’Augsbourg (Allemagne), municipalité de L’Hospitalet (Espagne), police municipale de Madrid (Espagne) Le projet a duré de mai 2017 à avril 2020. www.practicies.org

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Cette brochure a été réalisée dans le cadre du projet Practicies. Le projet a bénéficié du financement du programme pour la recherche et l’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne en vertu de l’Accord de Subvention n 740072

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À propos de l’Efus

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Créé en 1987, le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus, selon le sigle anglais), est le seul réseau européen de collectivités territoriales consacré à la sécurité urbaine. Il travaille sur l’ensemble des thématiques liées à la sécurité urbaine et à la prévention de la délinquance et rassemble près de 250 villes et régions de 16 pays dans l’objectif de :

 Promouvoir une vision équilibrée de la sécurité urbaine alliant prévention, sanction et cohésion sociale

 Soutenir les collectivités territoriales dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de leurs politiques locales de sécurité

 Renforcer le rôle des collectivités territoriales au sein de la gouvernance nationale et européenne

efus.eu

contact@efus.eu


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