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Échelle de participation

Le Quick Scan est un élément central de l’approche de Rotterdam en matière de polarisation et de sa stratégie globale de dialogue et de cohésion sociale. La ville fait en sorte que la voix des groupes et des individus modérés soit entendue dans le but de prévenir les tensions. Les « bâtisseurs de pont » locaux jouent un rôle important dans cet effort, car ils ou elles peuvent rencontrer les membres de leur communauté pour maintenir la paix et organiser des activités pour contrer la polarisation lorsque celle-ci apparaît.

4. Échelle de participation

La démocratie et la cohésion sociale sont largement fondées sur la participation et le dialogue. Le manque d’opportunités de participer formellement et informellement à la société locale (participation politique, démocratique, sociale ou économique) est un facteur d’exclusion et de marginalisation, et peut être l’une des causes structurelles des processus de polarisation du fait qu’il renforce les tensions.

L’ « échelle de participation » est un outil pratique pour évaluer les possibilités, les niveaux et les formes de participation des individus à la société locale. C’est un outil visuel qui permet aux collectivités territoriales de représenter et de catégoriser différentes opportunités de participation pour les individus au sein de la société, par exemple au sein de partenariats ou par la participation à des débats et décisions, ou encore en jouissant d’un certain pouvoir de décision25 .

Ressources nécessaires pour l’utilisation de l’outil

La municipalité doit avoir accès à et la capacité d’analyser des données anonymisées sur la participation conventionnelle et non conventionnelle aux processus démocratiques, dans différents groupes et milieux de la société locale. S’il n’existe pas de données sur les formes conventionnelles et non conventionnelles de participation, la municipalité devrait pouvoir mener une analyse de la perception de la démocratie en utilisant l’échelle de participation et la tester auprès du public. Une fois la phase de collecte terminée, les experts municipaux pertinents peuvent analyser les données et se concentrer sur les groupes et sousgroupes qui se perçoivent comme ayant de l’influence et un pouvoir décisionnaire sur certains aspects de la vie locale. Enfin, les collectivités territoriales doivent avoir la capacité et la volonté politique d’agir en fonction de ces observations ainsi que d’élaborer des stratégies destinées à renforcer la participation du public.

Partenariats

Pour réaliser cet exercice, il est recommandé que les collectivités territoriales contactent et/ou dialoguent avec : les institutions nationales ou régionales pertinentes qui puissent leur donner accès aux statistiques et données recherchées ; les communautés et groupes locaux qui ont des perceptions différentes de la participation démocratique ; les organisations locales et nationales qui peuvent parrainer/soutenir la participation du public ; une université locale ou centre de recherche

25- Projet PRACTICIES (H2020-SEC-06-FCT-2016), D4.2 – Échange d’expériences, 28 octobre 2018, p.6.

qui peut conduire l’examen éthique et contribuer aux processus de recherche, d’analyse et de reporting ; les institutions éducatives et/ou associations locales telles que les clubs culturels ou sportifs qui peuvent promouvoir la participation des jeunes ; et enfin les travailleurs sociaux et associations qui ont des contacts et des relations de confiance avec les groupes les moins susceptibles de participer politiquement.

Les liens entre les observations et le niveau de polarisation

Les observations collectées avec l’échelle de participation permettront aux collectivités territoriales d’évaluer et de répondre aux expériences vécues, quel que soit l’endroit où on peut les situer dans un continuum d’aliénation/participation démocratique et aux prises de décision. Les expériences de marginalisation et d’aliénation, réelles ou perçues, peuvent alimenter la polarisation et saper la cohésion sociale.

III. L’examen éthique

Avant de commencer la mise en œuvre, les outils d’audit fondés sur des enquêtes ou des questionnaires doivent passer un examen éthique. Il s’agit, en général, de faire valider les formulaires destinés à recueillir des informations sur les participants ainsi que les formulaires de consentement (les photos, vidéos et enregistrements audio requièrent un consentement distinct). Il convient de vérifier ces prérequis au préalable auprès d’une université ou d’un comité d’éthique (dans certains pays, le processus d’examen éthique est centralisé, alors que, dans d’autres, il est décentralisé et conduit par des instituts de recherche et/ou universités)26 . Dès le début de la planification de l’audit, les municipalités doivent établir un partenariat collaboratif avec les chercheurs et les organisations qui contribueront au processus d’examen éthique. Ceci peut aider la municipalité à conceptualiser l’utilisation des outils d’une façon qui, non seulement, corresponde aux standards d’éthique internationaux, mais aussi réponde aux facteurs sous-jacents de risque de polarisation et, à l’inverse, de renforcement de la cohésion sociale. Dans la mesure où un examen éthique peut durer entre quelques semaines et quelques mois, il est important de planifier à l’avance. Un examen éthique n’est pas la même chose qu’un examen juridique, et il est possible que les deux soient nécessaires selon le contexte de chaque municipalité (conformité aux exigences locales, régionales, nationales et européennes). Pendant la crise sanitaire du Covid-19, de nombreux, sinon la totalité, des comités d’examen éthique dans le monde ont donné la priorité aux recherches liées à la pandémie, et ont mis en place des processus d’examen accélérés pour toute recherche en lien avec celle-ci. Dans la mesure où la pandémie a, dans certains cas, amplifié et accéléré la polarisation, y compris les déterminants sociaux et physiques qui contribuent à toute sorte d’inégalités, il peut être bénéfique pour les municipalités de collaborer avec des experts en santé mentale pour inclure des questions liées au Covid dans leur recherche qualitative ou quantitative en matière de polarisation.

Chapitre 3

Répondre à la polarisation – stratégies innovantes de prévention et de réduction

À partir des résultats et des conclusions de la phase d’audit, qui aura permis à chaque collectivité partenaire d’évaluer le niveau et la forme de polarisation à l’œuvre dans leur territoire, ainsi que les facteurs et acteurs de risque et de protection, les collectivités partenaires ont élaboré des projets pilotes ciblés avec l’aide du comité d’experts BRIDGE.

Ces projets ont pour objectif de prévenir ou de réduire la polarisation à court, moyen et long terme. Il s’agit de mettre en place des solutions durables pour prévenir et/ou réduire les causes structurelles de polarisation, plutôt que des actions immédiates et ad hoc de prévention. Ces actions ne peuvent être durables que si les citoyens se les approprient, ce qui veut dire qu’ils doivent être associés au processus d’élaboration et de mise en œuvre aux côtés des acteurs pertinents qui auront été identifiés au préalable, dans le cadre d’une approche « toute la société ».

En raison de la situation sans précédent causée par la pandémie de Covid-19, les activités pilotes des partenaires locaux ont dû être adaptées aux circonstances et certaines activités qui nécessitaient une participation en personne ont dû être retardées. À l’heure où nous rédigions cette publication, les mesures de restriction étaient toujours en place (avec des différences selon les pays), ce qui a empêché de conduire les activités prévues. Leur mise en œuvre future reste incertaine.

Ville de Bruxelles : questionnaire de polarisation et méthodologie de groupes de parole

L’activité pilote de la Ville de Bruxelles avait plusieurs objectifs : 1. mieux comprendre la structure de la polarisation dans la ville, 2. améliorer les relations entre les communautés locales,

3. combler le fossé entre différents groupes de population et les institutions et collectivités territoriales.

Sur la base de ces objectifs, la Ville de Bruxelles a diffusé une enquête en ligne afin de mieux comprendre la structure et les caractéristiques de la polarisation à l’échelle locale, ainsi que l’impact sur celle-ci de la crise du Covid-19.

Cette grande enquête qualitative cible 5 000 habitants et employés à Bruxelles. Des experts ont contribué à élaborer le questionnaire – afin de garantir la production de données valides et qu’il soit adapté au contexte de la ville – et l’échantillon de la population locale. Un examen juridique et éthique a aussi eu lieu. De plus, pour garantir la validité de l’échantillon de population, et notamment l’inclusion de groupes qui tendent à être exclus de telles enquêtes (les seniors, les migrants, les femmes), la municipalité a mis en place des partenariats entre les services municipaux, tels que ceux de l’enseignement supérieur, les services sociaux et les centres communautaires. Des visites gratuites de monuments et lieux historiques de Bruxelles étaient offertes pour inciter les gens à répondre. Il s’agissait aussi d’illustrer les liens existants entre la ville et ses habitants.

Le questionnaire lui-même est testé et disséminé en cinq phases : la première s’adresse aux anglophones en Belgique recrutés au travers d’une plateforme spécialisée telle que Prolific ou Pollfish. Il s’agit de permettre la planification de l’analyse et l’identification des aspects de l’enquête que la municipalité peut amender si besoin. La seconde phase concerne un échantillon de convenance : des membres du personnel municipal de la ville de Bruxelles participent oralement à l’enquête en donnant leur réponse, en français ou flamand, à des collèges qui enregistrent, traduisent et transmettent les informations aux chercheurs. Il n’y aura pas de sondage sur l’expérience utilisateurs. Les individus ne fournissent pas de données réelles : l’accent est mis sur leurs expériences (qui peuvent varier). La troisième phase s’adresse aux franco- et néerlandophones en Belgique recrutés par le biais de plateformes d’enquête pour tester les traductions, les plans d’analyse et régler les derniers problèmes. La quatrième phase est fondée sur un échantillon de convenance des habitants de Bruxelles avec lesquels la Ville a déjà des relations fortes, et qui pourraient préparer le terrain pour des groupes de parole entre travailleurs sociaux et membres des communautés locales, ainsi que réunir des données empiriques sur la polarisation et la santé publique. Enfin, la dernière phase consiste à recruter des personnes de la population générale et

des sous-groupes ciblés, afin d’améliorer la compréhension empirique de la polarisation et de la santé publique pendant cette période. À l’heure où nous écrivons, l’analyse des résultats par les experts spécialisés restait à faire. Ensuite, la municipalité a prévu d’organiser des groupes de parole entre citoyens et des formations pour les leaders communautaires. Il s’agira de recueillir des informations sur les tensions entre différents groupes de population et d’établir un dialogue continu entre ceux-ci et les collectivités territoriales.

Autres actions prévues : Recrutement et formation de leaders communautaires aux méthodes de facilitation du dialogue (septembre-octobre 2021). Points à retenir et recommandations : l’élaboration du questionnaire et l’évaluation des résultats doivent être menées par des experts afin de produire des données valides fondées sur les résultats d’un échantillon représentatif. Il convient de conduire un examen éthique. La municipalité doit clairement identifier les objectifs qu’elle compte poursuivre au vu des résultats de l’enquête, dans le cadre d’une stratégie durable et à long terme.

Gouvernement de Catalogne et Ville de Terrassa : enquête approfondie de polarisation

Sur la base des résultats et des informations collectés pendant la phase d’audit, le Gouvernement de Catalogne et la Municipalité de Terrassa ont élaboré une enquête pour analyser plus profondément les conflits complexes liés aux dynamiques de polarisation dans la région. Il s’agissait d’étudier le niveau de cohésion sociale, les questions de sécurité, le radicalisme et l’extrémisme, et les facteurs de résilience. L’enquête comprenait aussi des questions sur les interactions communautaires, les influences extérieures sur les dynamiques polarisantes et les bonnes pratiques de renforcement de la cohésion sociale. L’enquête a été conduite de deux façons : dans la ville de Terrassa, le questionnaire a été distribué à divers types d’acteurs, tels que travailleurs sociaux, police locale, professionnels de l’éducation, leaders

communautaires et services de santé locaux afin d’obtenir une image complète de la situation locale. De plus, environ 300 membres de la police de Catalogne ont été interrogés afin d’évaluer plus largement les acteurs et les dynamiques polarisantes dans toute la région. Les résultats seront analysés et disséminés par le biais de sessions de formation en ligne pour la police et les acteurs municipaux des municipalités de Catalogne. L’autorité régionale a l’intention d’incorporer les résultats et les outils de l’enquête de polarisation à leurs stratégies de politique publique.

Ville de Düsseldorf : sensibiliser au phénomène de la polarisation

Capitale du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, Düsseldorf est engagée de longue date dans la promotion de la cohésion sociale à l’échelle locale. Outre le conseil municipal, il existe un conseil de l’intégration, un conseil pour les citoyens seniors, un conseil des jeunes et un conseil consultatif pour les personnes handicapées, qui relaient tous les préoccupations de ces groupes respectifs. Bien que ces organes existent depuis longtemps, des points de vue et comportements polarisants, et parfois extrémistes, se font jour à Düsseldorf. Pour y répondre, la municipalité a décidé de lancer une campagne vidéo afin de sensibiliser divers acteurs locaux et le public. La municipalité a mis en place un groupe de travail qui réunit des partenaires de l’Office de l’Égalité des Chances, de l’Office de la Migration et de l’Intégration, du département de la Culture et de l’Administration des écoles, de l’Office de la Jeunesse, de la Ligue des Associations de bien-être, de la communauté juive et du Conseil de Prévention de la Délinquance. La vidéo produite pour la campagne sera mise à disposition des professionnels de l’éducation qui pourront l’utiliser lors de débats avec les jeunes sur le racisme, les discriminations et la polarisation.

Ville de Genk : dialogue de groupe sur l’impact de la pandémie et storytelling collectif

Le projet pilote de la Ville de Genk a pour objectif de recueillir des données sur les effets de la pandémie sur la polarisation au sein de différents groupes d’âge (16-25 ans, 26-39 ans, plus de 40 ans), afin de comprendre les tensions observées au sein de la société locale pendant la pandémie, l’émergence de nouveaux facteurs et acteurs de polarisation, et les impacts négatifs et positifs de la pandémie sur la polarisation. Genk veut recueillir des histoires et des expériences personnelles, et invitera les habitants à les raconter lors de sessions de groupe. Afin d’obtenir des informations des différents groupes d’âge, des sessions de dialogue seront organisées avec tous les groupes d’âge ensemble. Les participants seront sélectionnés par un travailleur social spécialisé et des agents des services municipaux pertinents (Diversité et Égalité de Chances, ainsi que Développement d’une Identité Positive et Interdépendance). À partir des résultats de ces sessions, les participants élaboreront et produiront de manière collaborative un « produit » créatif (par exemple une collection de nouvelles, une pièce de théâtre, une exposition, un court-métrage, etc.). Le principal objectif de cette activité est de partager des histoires et des expériences personnelles qui peuvent lier les différents membres de la communauté et renforcer la cohésion sociale.

Le produit final présentera les impacts autant négatifs que positifs de la pandémie (par exemple, pour le côté positif, le fait que l’expérience partagée de la crise peut avoir pour effet de surmonter certaines divisions).

La municipalité prévoit qu’un certain nombre de thèmes émergeront de ces conversations et veut en parler ouvertement avec les habitants. Ces thèmes pourraient notamment être : la pauvreté, les difficultés et opportunités économiques  le genre et la sexualité  la diversité culturelle

 la religion/les croyances

la santé/le bien-être

 la globalisation  l’éducation/la formation

 l’asile/l’immigration  l’éducation/le travail/la formation

 les perceptions des gens et de la société  les loisirs/la vie nocturne (boîtes de nuit).

Pour préparer les sessions de groupe, des conversations en tête-à-tête sont organisées avec les participants dans un environnement sûr où elles/ils peuvent librement raconter leur histoire et leur expérience. Points à retenir et recommandations : il est recommandé de confier la sélection des participants à des agents municipaux qualifiés, par exemple les travailleurs sociaux. Les participants doivent donner leur accord. Le groupe sélectionné doit être représentatif des différentes communautés locales.

Ville d’Igoumenitsa : questionnaire de polarisation et séminaire thématique pour les acteurs locaux

Le projet pilote de la ville a consisté en un questionnaire de polarisation, élaboré avec le soutien d’experts, afin de détecter les niveaux et formes de tensions sociales et les manifestations potentielles de polarisation dans la société locale. Le questionnaire était adressé aux acteurs locaux (élus locaux, représentants de la police et des gardescôtes, l’Association du Droit de la ville, l’Association commerciale, représentants des médias locaux et de la culture…). Quarante-huit personnes ont répondu. Les résultats ont montré qu’il existe des tensions sociales et que la société locale est dans une certaine mesure polarisée. À la question « Y a-t-il des groupes dans votre commune qui ne se parlent pas (quels groupes) ? » une majorité a répondu « oui ». À la question de savoir quelles catégories de citoyens n’échangent pas avec les autres groupes, les répondants ont indiqué les Roms, les étudiants du secondaire et les supporters de divers clubs de sport.

À la deuxième question, « Y a-t-il des groupes qui sont exclus, marginalisés ou victimes de discrimination par l’État ou autre ? », une majorité a répondu par l’affirmative. La plupart pensent qu’il existe en effet des groupes sociaux qui sont exclus, marginalisés et victimes de discrimination. Ils désignent en priorité les Roms et les travailleurs immigrés. À la question numéro 3, « Avez-vous remarqué/vécu la délinquance ou la violence dans votre ville ? », 66,7% ont répondu qu’ils avaient été témoins de phénomènes de violence et de comportements délinquants dans leur ville. À la sous-question, « quels phénomènes susnommés mènent-ils selon vous à la/au polarisation/xénophobie/racisme et à la violence sexiste ? », 81% ont répondu qu’il s’agit principalement des « actes de violence et de vandalisme dans les espaces communaux et publics ». Liée à cette sous-question, la question numéro 4 « Croyezvous que ce phénomène se soit accru ces dernières années ? », 88,3% ont répondu par l’affirmative, ce qui montre que cette question doit être traitée.

Enfin, la dernière question portait sur le rôle de la municipalité dans la prévention et la réduction de tels actes et comportements qui pourraient, par exemple, mener à une aggravation de la polarisation. À la question « Quels types d’action doivent être lancées ? », et « Qui, selon vous, doit entreprendre de telles actions ? », la plupart ont répondu que la Municipalité d’Igoumenitsa et autres institutions publiques devraient avant tout élaborer et mettre en place des actions de sensibilisation en ligne et via les médias. Un expert a analysé les résultats et souligné les domaines de tension qui alimentent la polarisation et suggéré des actions pour y remédier. La prochaine étape consistera pour la municipalité à organiser avec les experts spécialisés un séminaire avec les acteurs locaux sur ce qui constitue la polarisation, comment elle se manifeste dans la communauté locale, et comment la prévenir ou la réduire, par exemple avec des actions de sensibilisation destinées aux jeunes. Points à retenir et recommandations : il convient d’élaborer le questionnaire avec le soutien d’un expert qui connaît les spécificités locales et les nuances de la langue grecque autour des notions de pola-

risation. Les acteurs locaux doivent être informés des objectifs du projet et du questionnaire, afin qu’ils participent aux sessions de sensibilisation et aux activités organisées ensuite pour prévenir ou réduire la polarisation. Enfin, les experts doivent connaître et être conscients des caractéristiques locales.

Ville de Louvain : développer un modèle d’approche restaurative dans la structure organisationnelle de la ville et expérimenter la méthodologie des « cercles communautaires »

L’activité pilote de la Ville de Louvain consistait à explorer comment appliquer « l’approche restaurative » à la structure organisationnelle de la ville et, sur un plan pratique, à expérimenter la méthode des « cercles communautaires » dans un quartier marqué par les conflits et les tensions.

L’approche restaurative est une méthode de gestion des conflits et des dommages causés qui consiste à réunir toutes les parties prenantes dans un environnement sûr où elles peuvent reconnaître le dommage causé et travailler ensemble pour le réparer. Cette approche est particulièrement efficace dans les situations de polarisation. Selon les termes de Tim Chapman, expert en la matière, « la justice restaurative permet aux personnes de construire ou de réparer une communauté après un incident nuisible. Cela peut se faire au travers de ‘cercles restauratifs’ ou de conférences où les participants sont encouragés à raconter leur expérience, exprimer leurs sentiments et leurs points de vue, et à s’écouter et se questionner les uns les autres de façon sûre et respectueuse. Un cercle restauratif est un processus de communication nonhiérarchique où chaque participant s’assoit en cercle et parle à son tour, sans interruption »27 . La Ville de Louvain à l’intention d’appliquer cette approche dans son modus operandi. Pour ce faire, elle a prévu une phase préparatoire au cours de laquelle les différents services municipaux et les membres du

27- Mitiger la polarisation : les enseignements de l’approche de justice restaurative par Tim Chapman, expert auprès du projet BRIDGE. Article publié sur le site web de l’Efus (2021) : https://efus.eu/thematiques/mitigating-polarisation-lessons-from-the-restorative-justiceapproach-by-tim-chapman-expert-with-the-bridge-project/?lang=fr

comité de pilotage de Leuven Restorative City travailleront ensemble pour élaborer la façon d’opérationnaliser l’approche restaurative pour la municipalité. Ils produiront des recommandations claires et pratiques pour l’application par le conseil municipal de Louvain de l’approche restaurative ; identifieront un cas pour lequel on utilisera le modèle de cercle communautaire ; composeront, prépareront et animeront (avec un animateur) ce cercle communautaire ; documenteront et évalueront son process et ses résultats ; et enfin discuteront et définiront la relation entre le modèle des cercles communautaires et d’autres pratiques restauratives. Conformément à l’objectif d’intégrer l’approche restaurative dans la structure organisationnelle de la ville, il y aura plusieurs phases de travail en parallèle. La première aura pour objectif de définir précisément la structure organisationnelle qui permettra à Louvain d’être une ville restaurative. Ensuite, trois sessions interactives seront organisées pour clarifier les ambitions et les objectifs des acteurs, la forme de gouvernance et la façon dont celle-ci sera structurellement soutenue, et les rôles et missions des partenaires participant à l’innovation structurelle, ainsi que le soutien financier nécessaire. La seconde phase, scientifique, consiste en une recherche sur comment Louvain peut effectivement être une ville restaurative. Cette phase est essentiellement dirigée par un expert externe. En particulier, cette activité sera focalisée sur les bénéfices que cette approche peut apporter aux acteurs et aux citoyens locaux. La mise en place effective de ces activités demande un travail collaboratif en partenariat avec le comité de pilotage de Leuven Restorative City (services municipaux, police locale, Institut de Criminologie de l’Université de Louvain – KU Leuven, services locaux de médiation et éducateurs de jeunesse) et avec les professionnels intervenant dans le cas pilote (gestionnaire de quartier, médiateurs de quartier, gardiens de logements sociaux et de quartier). Avant que le travail de ce partenariat ne soit opérationnel, des représentants des acteurs impliqués ont participé à une session de formation sur la justice restaurative pour réduire la polarisation.

Points à retenir et recommandations : il convient de former les acteurs pertinents pour qu’ils comprennent bien les spécificités de l’approche restaurative et de l’outil des cercles communautaires. Le cas pilote pour l’expérimentation de cet outil doit être identifié avec le soutien d’experts. Sur la base de ce cas-test, il convient d’élaborer des recommandations claires et pratiques pour intégrer de façon durable l’approche restaurative à la structure organisationnelle de la ville.

Ville de Reggio Emilia : accompagner la régénération urbaine en renforçant la cohésion sociale

L’audit de polarisation de la Municipalité de Reggio Emilia a révélé des tensions entre différents groupes de population du quartier de la gare, où existent de fortes disparités économiques et sociales et qui manque d’espaces publics où les citoyens peuvent se rencontrer. Ce quartier multiculturel a mauvaise image auprès des habitants de Reggio Emilia, principalement en raison d’une couverture presse négative. Alors qu’il est prévu de régénérer ce quartier en aménageant un ancien site industriel, la municipalité et ses partenaires ont décidé de consacrer le projet pilote BRIDGE aux mesures d’accompagnement à ce projet de régénération urbaine, afin de renforcer la cohésion sociale et de prévenir une accélération de la polarisation dans le quartier. Ce faisant, la Ville répond aux associations et groupes de citoyens étrangers qui vivent ou travaillent dans le quartier et qui avaient exprimé leur souhait de voir le quartier régénéré sur le plan résidentiel, social et culturel. La municipalité et son partenaire, l’association Mondinsieme, ont organisé une série de réunions de quartier, en s’appuyant sur la collaboration existante au sein d’un réseau local regroupant des acteurs locaux, des citoyens, des services municipaux et la police. Il s’agissait d’identifier et d’impliquer des personnes-ressources vivant dans le quartier et ainsi de renforcer l’inclusivité des activités destinées à renforcer la communication et la cohésion sociale. Outre ces réunions, un festival de rue dans le quartier a été lancé afin de créer des espaces et des activités communs pour tous les citoyens, qu’ils soient immigrants ou natifs, résidents ou non-résidents.

Pour accompagner le réaménagement urbanistique du quartier de la gare, et notamment l’installation dans le quartier du QG de la police municipale, un programme de formation a été donné aux policiers municipaux dans le but d’améliorer les relations avec les habitants. Ce programme encourageait une approche interculturelle et a contribué à dissiper les stéréotypes et à améliorer la compréhension mutuelle entre police et citoyens par le dialogue et la coopération. Toutes les activités qui ont accompagné la régénération urbaine du quartier ont contribué à l’objectif de réécrire collectivement les discours autour de ce quartier. Points à retenir et recommandations : encourager un dialogue fructueux entre les habitants et la police demande la participation de professionnels dûment formés, qui peuvent faciliter la communication et contribuer à dissiper les stéréotypes.

Ville de Rotterdam : réduire la polarisation dans les écoles

L’évaluation par la Ville de Rotterdam de la polarisation locale avec la méthode Quick Scan (voir Chapitre 2) a montré que les tensions et les dynamiques de polarisation mises à jour avec Quick Scan affectent aussi les écoles locales. Les enseignants notamment ont exprimé un besoin d’être soutenus pour répondre à la polarisation qui oppose les élèves, et risque de nuire à la paix et au respect mutuel dans la vie quotidienne à l’école. La municipalité a répondu en organisant une formation en ligne pour les futurs enseignants du secondaire qui leur apporte non seulement des connaissances théoriques sur les processus et les dynamiques de polarisation, mais aussi des compétences pratiques et de communication. L’objectif est de leur enseigner des méthodes concrètes pour qu’ils sachent réagir lorsque des élèves provoquent des débats polarisants et conflictuels et soient capables d’instaurer un climat dans leur classe où les élèves puissent librement discuter de leurs opinions et croyances. Le programme de formation sera évalué et mis à disposition d’un plus grand nombre d’enseignants ou futurs enseignants à Rotterdam et au-delà.

Ville de Stuttgart : répondre à la polarisation en formant des Guides du Respect

La municipalité de Stuttgart a décidé de traiter la question de la polarisation à la suite de tensions croissantes entre différents groupes sociaux en raison, et à cause, de plusieurs incidents dans les piscines publiques, où des employés et maîtres-nageurs ont été insultés et même attaqués. Ces incidents, qui ont coïncidé avec des événements similaires dans d’autres villes allemandes, ont fait les unes des journaux et alimenté la controverse. Dans une certaine mesure, les immigrants et les jeunes ont été tenus pour responsables et stigmatisés comme étant irrespectueux. Le débat a été alimenté par des fausses accusations et des généralisations abusives. Ces incidents, et d’autres constats, ont amené la Municipalité de Stuttgart à se focaliser sur le thème du respect et à répondre aux dynamiques évolutives de polarisation. Le projet pilote des Guides du Respect a pour objectif de favoriser la cohésion sociale en promouvant des interactions respectueuses, équitables et paisibles entre tous les citoyens, notamment dans les espaces publics. Le projet est basé sur une approche par les pairs et mettait l’accent sur le dialogue entre les jeunes et les autres groupes sociaux. En établissant un dialogue avec les citoyens sur la vie en commun qui doit être respectueuse et paisible, les volontaires agissaient aussi comme intermédiaires entre la municipalité et le public. De plus, comme ils représentaient divers groupes de population, les Guides du Respect ont aussi mis en avant les opportunités liées à l’immigration et à la diversité.

La municipalité a lancé une campagne publique pour recruter des volontaires, principalement parmi les jeunes adultes. Tous les volontaires ont été formés à leur mission en tant que Guides du Respect, et ont reçu une formation basique en stratégies de communication et gestion des conflits. Lorsqu’ils patrouillaient dans les espaces publics tels que les piscines, les parcs et les places, ils étaient toujours accompagnés d'agents municipaux et parfois menaient des missions conjointes avec la police. La municipalité a offert un soutien permanent aux Guides, notamment en leur donnant la possibilité de réfléchir sur les missions dont ils avaient la charge et en leur offrant des formations avancées.

Le projet pilote a été mis en place en coopération avec plusieurs partenaires tels que la police, des formateurs aux conflits déployés par le réseau des travailleurs de rue, les associations de jeunesse, et la société municipale de gestion des piscines publiques. Cette approche coopérative a renforcé l’approche municipale de la sécurité, intitulée le Partenariat pour la Sécurité de Stuttgart. Avant tout, le projet pilote a confirmé l’hypothèse selon laquelle une majorité de jeunes sont ouverts au dialogue et à la coopération si on les traite d’égal à égal, et que l’on communique avec eux de façon simple. Points à retenir et recommandations : recruter des Guides du Respect volontaires demande un soutien et une supervision constants, ainsi qu’une formation, délivrée par des professionnels, à la communication et à la gestion des conflits. Lorsqu’ils sont déployés, les volontaires doivent toujours être accompagnés d’agents municipaux, agents de police ou autres. Les limites de leur mission doivent être clairement communiquées et respectées : les volontaires ne doivent pas intervenir dans des situations dangereuses qui demandent une médiation professionnelle ou l’intervention de la police.

Département du Val d’Oise : activités éducatives et culturelles pour réduire les tensions entre la police et les jeunes

Le projet pilote du Val-d’Oise a été mis en œuvre dans le cadre de sa politique de prévention spécialisée dans les villes d’Argenteuil et de Villiers-le-Bel, et était centré sur la réduction des tensions entre la police et les jeunes. Il s’agissait de comprendre les points de vue des deux côtés, de nuancer et de développer les perceptions et les représentations de ces deux groupes et de créer des conditions favorisant le dialogue, et enfin, de renforcer les liens et la confiance entre les professionnels qui travaillent sur la question des comportements des jeunes dans les espaces publics. Sur la base de ces objectifs, le projet pilote du Val-d’Oise a été organisé en quatre activités complémentaires les unes des autres. L’association de prévention spécialisée Valdocco a commencé à travailler avec un groupe de 4-5 jeunes filles à l’écriture d’un scénario dans le

but de réaliser un court-métrage sur les relations police-population. Les jeunes filles ont pu rencontrer et dialoguer avec des agents de police, et cet échange a nourri la phase finale de mise en œuvre du court-métrage. Cette activité a été complétée par une autre action éducative et artistique menée par une autre association de prévention spécialisée, Contact. Celle-ci travaille avec des jeunes pour rédiger, avec l’aide d’un éditeur qui travaille pour une maison d’édition, leurs expériences et leurs perceptions de la police. Il est envisagé de mener cette activité également avec des agents de police volontaires. Les textes seront lus par les deux groupes et il est possible qu’une réunion soit organisée entre ceux-ci.

De plus, le département envisage de créer un groupe de travail sur les relations entre la police et les jeunes qui réunirait des agents de police et des éducateurs spécialisés en prévention. Sa mission serait de discuter des moyens de réduire les tensions entre les deux groupes, et de dissiper les préjudices et les fausses représentations. Enfin, la quatrième action sera une série de représentations théâtrales sur le thème des relations police-population suivies d’un débat. L’association Théâtre en Stock réalisera cette activité. La pièce sera rédigée pour le Conseil départemental du Val-d’Oise avec la participation d’agents de police et d’associations de prévention spécialisée. Elle sera ensuite proposée aux associations de prévention spécialisée qui pourront mobiliser des jeunes pour qu’ils participent au projet. Points à retenir et recommandations : il s’agit de créer un espace sûr pour le dialogue et d’établir la confiance avec chacun des groupes concernés, avant de commencer à travailler sur le sujet lui-même. Par ailleurs, le but est d’engager des activités artistiques et culturelles sous la supervision d’experts et de professionnels afin d’établir des ponts entre les différents groupes.

Ville de Vaulx-en-Velin : une évaluation approfondie pour objectiver le degré et la forme de polarisation et élaborer une stratégie locale de prévention

Le projet pilote de la municipalité de Vaulx-en-Velin a consisté en une analyse approfondie et objective de la polarisation locale, qui n’est pas encore clairement identifiée, décrite ou bien connue par les acteurs locaux et les citoyens de la ville. Il s’agissait aussi d’identifier des indicateurs qui permettraient à la ville de suivre l’évolution de la polarisation. À partir des résultats de l’analyse, l’objectif à long terme est d’élaborer des programmes d’action pour prévenir les manifestations de polarisation telles qu’identifiées par l’analyse. Pour mettre en œuvre ces actions, Vaulx-en-Velin conçoit une méthodologie pour un diagnostic approfondi, identifie des indicateurs d’évaluation quantitative de la polarisation locale, et conçoit ou adapte les outils d’évaluation qualitative pertinents, tels que les questionnaires. La phase suivante consistera à collecter des données et de l’information en lien avec les indicateurs identifiés. Ensuite, il s’agira d’enregistrer ces données et d’analyser les résultats. Pour réaliser les activités prévues, deux types de partenariat doivent être établis et mobilisés. Le premier est un partenariat avec un expert/ professionnel du monde de la recherche ou de l’université qui a une connaissance de la polarisation et de l’expérience dans l’élaboration d’indicateurs et l’analyse de résultats. Ceci permettra d’élaborer une méthodologie permettant une analyse objective des données récoltées. Le deuxième type de partenariat réunira des acteurs locaux dans le but de collecter des données qualitatives et quantitatives. Il s’agit par exemple des services municipaux pertinents, de représentants de la police et des citoyens qui peuvent aussi faire remonter des informations et des données à la municipalité. Points à retenir et recommandations : pour une analyse approfondie de la polarisation, la municipalité devrait travailler avec un ou une experte ayant des connaissances spécifiques sur la polarisation et l’élaboration d’indicateurs, afin de collecter des données représentatives, ainsi que sur l’analyse des données. Il convient d’établir et de

mobiliser des partenariats locaux dans le but de collecter des informations et données pertinentes. Les résultats doivent être présentés de manière à nourrir une stratégie à long terme et durable de prévention de la polarisation, qui peut inclure des propositions d’actions spécifiques. Enfin, une telle stratégie devrait être pleinement intégrée à la stratégie globale de sécurité existante.

Région Ombrie : enquête sur la pensée « jeu à somme nulle » et formation des acteurs locaux

La Région Ombrie a mené un audit régional de polarisation qui a mis en lumière une augmentation du taux de pauvreté et d’autres facteurs socio-économiques négatifs, mais aussi une baisse de la participation politique et une hausse des discours de haine envers les immigrants. Comme l’audit a révélé la présence de polarisation parmi les citoyens de la région, l’autorité régionale a décidé d’étudier davantage le phénomène en mesurant dans quelle mesure la pensée « jeu à somme nulle » se propage parmi la population. Une étude fondée sur un instrument de psycho-diagnostic destiné à mesurer la présence d’un tel mode de pensée a été menée en coopération avec l’Université de Pérouse et d’autres experts. Afin que l’échantillon soit représentatif de la diversité sociale, économique, culturelle de la population et de son niveau d’éducation, le questionnaire a été diffusé en ligne et sur papier. Le questionnaire papier a été distribué dans les cabinets médicaux et les salons de coiffure, ainsi qu’à des groupes de résidents de différentes municipalités. Le questionnaire en ligne a principalement été rempli par des étudiants de l’enseignement supérieur. Les résultats ont montré que les phénomènes potentiellement polarisants sont davantage prévalents chez les individus ayant un faible niveau d’éducation, la tranche d’âge 35-60 ans, et les habitants des banlieues et des municipalités les moins peuplées. À la suite de l’enquête, un programme de formation a été donné à différents types d’acteurs – policiers, agents municipaux, avocats, et représentants de diverses organisations de la société civile. Il s’agissait de

les informer sur le phénomène de la polarisation et d’en discuter, ainsi que de diffuser les résultats de l’enquête et de les sensibiliser. La formation comprenait des sessions sur la prévention et l’approche intégrée de la sécurité urbaine, ainsi que sur le phénomène des discours de haine. Afin de poursuivre ces efforts de sensibilisation et de capitaliser sur l’expérience et les connaissances acquises à ce jour, la Région a produit une publication qui sera diffusée à d’autres collectivités territoriales.

La Région Ombrie a conduit les activités de son projet pilote, en coopération avec des experts de l’Université de Pérouse, des municipalités situées dans et en dehors de la région, la police, des associations du Barreau, des organisations de la société civile, des médecins généralistes et des coiffeurs.

Points à retenir et recommandations : mener une étude sur la prévalence de la pensée « jeu à somme nulle » requiert la participation d’experts tels que des universitaires. Il convient de considérer avec soin les aspects éthiques et légaux dans toute activité de recherche et de collecte de données, qui doit être conforme à la législation nationale et européenne. Il faut notamment bien préparer la collaboration avec les professionnels des domaines sensibles, notamment les cabinets médicaux et les salons de coiffure, afin de garantir la confidentialité des informations et l’anonymat des répondants.

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Chapitre 4

Intégrer la question de la polarisation dans les politiques de sécurité urbaine – recommandations pour les collectivités territoriales

Ce chapitre est consacré aux recommandations méthodologiques et opérationnelles pour les collectivités territoriales en matière d’élaboration des audits locaux de sécurité, et d’élaboration et de mise en œuvre de stratégies et d’activités locales durables pour prévenir ou réduire la polarisation. Toutes les mesures et actions entreprises pour diagnostiquer et répondre à la polarisation à l’échelle locale ou régionale doivent être en ligne avec les stratégies, politiques et initiatives générales de prévention de la ville ou de la région. Dans la mesure où la polarisation est un phénomène protéiforme et complexe, qui a des impacts sur différentes strates et sphères de la société, les stratégies de prévention et de réduction de la polarisation demandent, pour être efficaces, une approche pluridisciplinaire et multi-acteurs. Ainsi, les différents services municipaux (jeunesse, éducation, police, santé) comme les acteurs tels que les associations de jeunesse, les initiatives citoyennes et les leaders communautaires doivent être associés à l’élaboration et la mise en œuvre de telles stratégies.

Un sujet sensible

Répondre à la polarisation est difficile et demande la participation de toutes sortes d’acteurs locaux, qui peuvent avoir des perceptions très différentes des réalités locales et des dynamiques et causes de la polarisation. Déterminer si la population locale est polarisée et quels comportements, actions et situations correspondent effectivement à un phénomène de polarisation demande d’agir avec beaucoup de soin et de façon transparente. Il faut également bien clarifier les termes et la compréhension de ce phénomène. C’est pourquoi il est très important d’associer une large gamme d’acteurs locaux afin d’élaborer ensemble une compréhension de la situation locale. Les conflits d’intérêts ou les tensions entre groupes ou communautés sont légitimes et sont la norme dans les sociétés démocratiques. Utiliser à mauvais escient ou à la légère le label « polarisation » peut (même involontairement) discréditer les revendications légitimes de tel ou tel groupe, et donc attiser de nouvelles tensions menant à la polarisation.

Lorsqu’il existe sur le territoire des conflits aigus et des dynamiques polarisantes entre différents groupes ou communautés, la municipalité doit être consciente que les représentants de la collectivité ou la police ne peuvent pas agir comme « bâtisseurs de pont », parce qu’ils ne sont probablement pas perçus par tous les acteurs impliqués comme des représentants impartiaux d’une institution qui inspire confiance. Intervenir sur la polarisation au milieu d’une controverse qui crée des divisions au sein de la population locale demande de prendre des précautions et de mettre en œuvre des stratégies qui peuvent, dans une certaine mesure, paraître illogiques. Comme la polarisation est alimentée par un renforcement constant des discours qui divisent, les activités de réduction ne doivent pas s’adresser aux « fauteurs de trouble » ou « pousseurs » de la radicalisation. Une collectivité qui s’adresserait aux acteurs polarisants dans une situation où les dynamiques polarisantes sont toujours à l’œuvre et non traitées pourrait involontairement légitimer leurs revendications et amplifier les discours sous-jacents qui divisent. Au contraire, les activités de réduction de la polarisation devraient, tout d’abord, se focaliser sur les groupes cibles qui ne prennent pas activement part au conflit, c’est-à-dire le « centre silencieux ». Les stratégies de communication sur les mesures destinées à réduire les conflits et les tensions doivent aussi prendre en compte les discours polarisants existants et éviter de renforcer (involontairement) les qualificatifs fondés sur des préjugés et des stéréotypes décrivant les deux groupes polarisés28 .

Volonté politique – le rôle des élus locaux et régionaux

Le soutien et l’engagement politiques des élus et une communication active sur les objectifs et la stratégie de réponse à la polarisation sont nécessaires à la mise en œuvre effective de mesures de prévention et de réduction. Les discours et actes publics des élus sont très symboliques, et peuvent servir d’exemple et de levier dans le contexte local ou régional. Ils peuvent aussi avoir une portée à l’échelle nationale, voire internationale. Ainsi, les responsables politiques locaux et régionaux

28- Voir Efus (2017). Prévenir les violences discriminatoires au niveau local : pratiques et recommandations.

doivent éviter tout discours polarisant et toujours, quelles que soient les circonstances (même lorsqu'ils sont en campagne), promouvoir l’inclusivité et la tolérance.

La volonté et l’engagement politiques des élus doivent s’exprimer par une communication transparente en interne (avec leurs équipes) et en externe (avec les citoyens locaux), ainsi que par un soutien financier et des ressources adéquates pour traiter le problème. Ceci donnera une légitimité politique et une reconnaissance publique aux stratégies et activités entreprises.

Construire une vision partagée de la ville

Élaborer un plan concret de réponse à la polarisation commence par une évaluation générale de l’étendue et de la forme de celle-ci à l’échelle locale et régionale. L’étape suivante est de formuler une vision claire pour l’avenir de la ville, qui doit être partagée et soutenue par tous les acteurs qui y participent. Cela implique de définir des objectifs à moyen et long terme, et d’établir une compréhension commune des objectifs et des priorités. Cela renforce la participation des divers acteurs pertinents et donc l’inclusivité du processus de prise de décision. Un tel effort collectif est particulièrement efficace s’il se concentre sur le potentiel, les ressources et les expériences partagées, plutôt que sur les déficits et les conflits. Répondre à la question de la polarisation à partir d’une vision largement partagée de l’avenir de la ville ou de la région favorise l’acceptation et le soutien.

Afin de susciter l’adhésion et de faire participer la population locale au processus, ce qui lui permettra de s’approprier cette vision de la ville, on peut mettre en place des formats informels de participation qui vont au-delà de la politique électorale. De nombreuses municipalités pratiquent déjà certaines formes de participation régulière des citoyens, que ce soit par des réunions avec les dirigeants politiques, des réunions à la mairie, des groupes de parole ou des « future labs ». Le développement de stratégies et de mesures pour répondre à la polarisation peut utiliser ces formats pour mobiliser et rallier la communauté locale à l’élaboration de buts partagés et d’une vision commune.

Créer un espace pour le dialogue et la compréhension mutuelle

La polarisation se caractérise par des fronts endurcis et l’absence, voire le refus, d’un dialogue constructif entre groupes opposés. Faciliter le dialogue entre les différents groupes et segments de la population est donc très important pour surmonter les tensions. Réunir des gens qui ont des points de vue différents demande une préparation soigneuse et des animateurs qui sont reconnus et perçus comme légitimes et impartiaux par tous les participants et qui inspirent confiance. Dans les activités de dialogue de groupe, tous les participants doivent être traités sur un pied d’égalité et interagir de façon coopérative. Les objectifs doivent être partagés par tous, avec le soutien des institutions. À l’inverse, initier un dialogue sans préparation peut perpétuer et enraciner les conflits entre les groupes29. Faciliter les contacts intergroupes, s’ils sont accompagnés par des praticiens dûment formés et conduits avec doigté, renforce la capacité des participants à avoir de l’empathie et favorise la complexité cognitive qui se traduit en ouverture d’esprit et davantage de résilience30. Accroître la complexité cognitive en surmontant les schémas de pensée noir-et-blanc et « eux et nous » n’est pas facile. Cependant, permettre aux participants de réfléchir sur, et d’exprimer, leur expérience, et permettre à chacun de raconter son histoire, tout en évitant les discussions sur « l’autre groupe » est un bon point de départ. Il convient de prendre le contexte local en compte lorsqu’on prépare un tel dialogue. Lorsqu’il n’y a pas de conflit en particulier ni d’incident récent, le dialogue préventif entre participants d’origines et de parcours variés peut favoriser la compréhension mutuelle et permettre de (ré) affirmer un engagement à résoudre pacifiquement les conflits et à favoriser des interactions positives entre les groupes de la société locale ou régionale. En cas de conflit endurci, le dialogue dans le cadre d’un processus de médiation peut être utile. Des acteurs professionnels dûment formés, tels que les travailleurs sociaux, peuvent appeler les représentants du «

29- Voir Kelman, H. C., & Fisher, R. J. (2003) 30- Voir Boyd-MacMillan et al. (2016); Saslow et al. (2014); Pancer et al. (2000)

centre silencieux » à participer à ce type de rencontre. Les membres des parties perçues comme polarisées doivent se rencontrer précisément pour atteindre des objectifs clairs. Les participants doivent être soigneusement sélectionnés à condition qu’ils assument le problème et soient prêts à en parler. Il faut éviter l’utilisation d’une rhétorique polarisante et de la confrontation intergroupes, parce que cela mettrait les participants sur la défensive et empêcherait d’avancer dans la communication et l’engagement. Lorsqu’un conflit ou incident est résolu, le dialogue de réconciliation entre les membres des groupes polarisés est un format qui peut permettre de réduire la rhétorique polarisante et favoriser les contributions constructives en cas de conflit, ainsi que la cohésion sociale.

Acteurs, réseaux, partenariats

À partir de l’évaluation des ressources existantes, des structures et des éventuelles failles, l’élaboration et la mise en œuvre d’actions concrètes de prévention ou de réduction de la polarisation demande de faire équipe avec différents types d’acteurs. Il convient d’identifier les acteurs et les partenariats clés, et de leur attribuer des tâches et des rôles précis (par exemple comme bâtisseurs de pont ou agents de liaison). Ces acteurs et partenariats doivent représenter les services publics et les organisations de la société civile, tout en incluant des structures informelles et des individus.

Une telle approche peut rendre nécessaire la participation d’organisations qui ne font pas encore partie des réseaux municipaux ou avec lesquelles la municipalité n’a pas encore de contact formel ou de relations officialisées. À cet égard, il est important d’élaborer des stratégies de communication ciblées pour expliquer que la participation à un dispositif local de prévention constitue une reconnaissance du rôle et de la responsabilité de ces organisations au sein de la communauté. Il faut aussi rassurer ces organisations sur les possibles aspects « négatifs » d’une telle collaboration (plus de responsabilités, critiques d’une partie de la société locale, etc.).

Si les acteurs locaux sont indispensables à la stratégie de prévention,

ils ne suffisent peut-être pas pour remplir toutes les tâches. La coopération avec les institutions régionales ou nationales peut être très utile et apporter une expertise additionnelle. Une telle collaboration multiniveaux et multi-acteurs peut faire bénéficier le projet de toute une gamme d’expertises et de connaissances. Les échanges permanents entre décisionnaires politiques, chercheurs et praticiens nourrissent l’élaboration de stratégies et d’outils locaux. Cette collaboration multiniveaux et multi-acteurs peut renforcer l’approche « toute la société » et contribuer à légitimer les actions menées.

Renforcement des capacités

La polarisation affecte les individus, les communautés et la société, ainsi que les institutions, et pose un défi pour de nombreux domaines des politiques publiques et de nombreux praticiens de terrain. Répondre à ce défi demande une gamme d’aptitudes, de compétences et de connaissances. Le phénomène de la polarisation n’est pas nouveau en soi, mais les contextes dans lesquels il évolue et ses dynamiques varient et évoluent dans le temps. Pour effectivement répondre à la polarisation et à ses diverses expressions, il convient de faire un bilan des aptitudes, compétences et expertise existantes sur lesquelles on peut s’appuyer, et d’identifier les domaines qui demandent une formation ciblée et un renforcement des capacités. Ces besoins peuvent concerner différents domaines : le rôle particulier des réseaux sociaux dans les processus de polarisation et l’importance des compétences et des outils en réseaux sociaux pour répondre à ce défi ; l’émergence de nouveaux acteurs politiques qui alimentent la polarisation et sur lesquels il existe encore peu de connaissances disponibles ; l’expression spécifique de la polarisation et ses discours sous-jacents, notamment en ce qui concerne la religion ou les conflits mondiaux. À partir de l’évaluation des acteurs pertinents et de leur rôle et expertise, la phase de préparation d’un dispositif de prévention doit déterminer les besoins spécifiques en formation pour transmettre les informations et connaissances générales de base et renforcer les aptitudes et compétences permettant de répondre à la polarisation. Il

convient d’inclure les pratiques professionnelles réflexives intégrant les traumatismes y compris ce qui est prévu pour la supervision (par exemple par des collègues seniors, par les pairs, ou par le mentorat), afin de réduire la « fatigue compassionnelle » et les traumatismes vicariants et secondaires. Dans ce sens, la présence continue et la disponibilité de professionnels de la santé mentale, pour des consultations confidentielles et un soutien sans stigmate ni conséquences professionnelles négatives, est bénéfique.

Point de départ – audits locaux et régionaux de polarisation

La première étape, et le point de départ de toute action concrète de prévention et de réduction de la polarisation, est l’élaboration et la mise en œuvre d’audits locaux et régionaux de polarisation (voir chapitre 2). Ce diagnostic d’une situation propre à un territoire donné est crucial pour améliorer les connaissances sur la polarisation au sein de la population locale et appuyer les mesures de prévention et de réduction sur des données probantes. Les mesures de prévention ne peuvent être élaborées et mises en œuvre efficacement que si des données pertinentes sont collectées sur l’état de la polarisation à l’échelle locale et les facteurs et acteurs de risque et de protection. Ceci doit se faire dans le respect des cadres législatifs et juridiques locaux, régionaux, nationaux et européens. Afin que l’audit soit fiable, les collectivités doivent utiliser des méthodologies adéquates avec le soutien d’experts. Les stratégies, politiques et initiatives existantes de prévention doivent être régulièrement revues et évaluées en fonction des connaissances et données les plus récentes. Les données sur la polarisation dans un territoire donné (au niveau local ou régional) doivent être régulièrement publiées (par exemple sous la forme d’un rapport annuel). Les acteurs locaux de la sécurité doivent être formés à auditer et surveiller les tensions et les dynamiques de polarisation dans leur contexte local respectif. Dans la mesure où la polarisation est un phénomène qui évolue rapidement et qui se manifeste surtout sur les réseaux sociaux, les municipalités doivent renforcer leurs ressources et leurs capacités de suivi régulier de ceux-ci. Elles doivent élaborer des campagnes et des straté-

gies pour contrer les discours conflictuels et polarisants qui affectent les discours, ou accroissent les tensions et les conflits à l’échelle locale ou régionale. Il est recommandé de travailler de concert avec les acteurs pertinents locaux et régionaux, notamment les médias locaux, les réseaux sociaux et les influenceurs locaux, pour déboulonner les discours polarisants, les rumeurs, les discours de haine et les théories du complot qui affectent et nuisent à la communauté locale. Analyser le contexte local ou régional commence par un examen général des caractéristiques démographiques, économiques, sociales et autres de la ville. Les données sur les niveaux de pauvreté, le revenu moyen, le taux de décrochage scolaire, le chômage, l’accès aux services de santé (dont la santé mentale), aux apprentissages, l’accès au logement et la qualité de celui-ci, l’accès aux transports publics et aux garderies d’enfant permettent d’évaluer les inégalités structurelles et les facteurs de risque de marginalisation, qui, à leur tour, peuvent alimenter la polarisation. À partir des résultats de cette analyse, il est crucial d’établir un profil des facteurs de risque pour les individus ou les groupes – notamment leur genre, âge et caractéristiques socio-économiques – et d’identifier les facteurs de protection et sources de résilience et de bien-être déjà en place pour ces individus ou groupes. Cette cartographie des facteurs de protection doit inclure l’identification des acteurs locaux qui travaillent dans les quartiers ou avec les groupes identifiés comme manifestant des tensions ou de la polarisation. Elle inclut aussi l’évaluation des structures et des programmes existants dans le cadre de l’environnement politique et institutionnel qui peuvent contribuer à développer des actions de prévention ou de réduction, et l’identification des opportunités et points forts et du potentiel de la ville ou de la région qui peuvent contribuer à renforcer la cohésion sociale et la participation citoyenne. Il est également important d’identifier et de s’appuyer sur les opportunités d’entrer en contact avec les habitants, de dialoguer directement avec eux pour résoudre les conflits et leurs conséquences négatives, et aussi de renforcer leurs obligations mutuelles par la reconnaissance de leurs intérêts communs. Ceci peut se faire, par exemple, par des processus et outils tels que les « cercles restauratifs » développés dans le cadre de l’approche de justice restaurative.

De même, à partir des résultats de l’audit, il est recommandé d’élaborer un plan de communication interne et externe qui permette à la municipalité de sensibiliser le public sur le phénomène et sur les actions à prendre.

Élaborer des actions locales

Lorsque l’on élabore des activités locales à partir des résultats de l’audit, il est important de s’appuyer sur les ressources existantes identifiées au préalable, ainsi que sur les acteurs et structures identifiés pendant l’audit local de polarisation. Outre la mobilisation des ressources identifiées, les collectivités doivent veiller à ce que les citoyens puissent s’approprier l’élaboration et la mise en œuvre des actions locales. L’élaboration d’initiatives et de politiques concrètes devrait être fondée sur une approche « toute la société », qui associe tous les acteurs locaux pertinents, y compris les citoyens. Ainsi, les collectivités doivent-elles nouer des relations de confiance avec les personnes ressources au sein de la communauté qui, étant donné leur proximité et leur connaissance des différents groupes de population locaux et des facteurs et acteurs polarisants, peuvent effectivement participer à une approche conjointe avec tous les acteurs pertinents, y compris les citoyens. Si ces derniers sont associés et s’approprient les mesures et stratégies envisagées, cela renforce la légitimité et la durabilité des actions. Agir face à la polarisation demande des mesures et des approches qui apportent aux communautés locales des réponses ad hoc et des solutions à long terme, dont l’impact est durable. Les stratégies et mesures de réponse à la polarisation doivent être associées à des stratégies et des politiques à long terme. De telles initiatives et solutions doivent être élaborées d’une manière souple et flexible, c’est-à-dire qu’on peut les changer en fonction de l’évolution du contexte local. Une évaluation régulière de ces initiatives permet de déterminer si elles demeurent pertinentes ou si elles doivent être adaptées.

Avant d’élaborer des mesures de prévention et de lutte contre la polarisation, il convient de définir les objectifs généraux et à long terme des politiques publiques en matière de cohésion sociale, d’intégration, de développement socio-économique, d’anti-discrimination, de jeunesse et de programmes éducatifs et pour l’emploi. Les collectivités territoriales peuvent favoriser l’égalité des chances, par exemple en élaborant des politiques et initiatives publiques qui réduisent les inégalités structurelles et la marginalisation. De plus, afin de légitimiser de telles actions et de créer un contexte favorable à leur mise en œuvre, les collectivités doivent communiquer de façon transparente, à l’interne et à l’externe, sur les actions envisagées et leurs objectifs à court, moyen et long terme. Les activités concrètes, pratiques et locales de réponse à la polarisation doivent être conçues dans le cadre de réponses globales et durables adaptées aux contextes et besoins locaux et aux priorités locales. Afin de bien développer de telles activités, il convient de prendre en compte réflexions et les aspects suivants.

Approches durables pour répondre à la polarisation

Les activités de prévention ou de réduction de la polarisation doivent être en ligne et en cohérence avec les stratégies et politiques générales de prévention de la municipalité, et correspondre à des objectifs et des résultats durables à long terme. L’importance de la durabilité est bien connue. Élaborer des initiatives durables demande une planification soigneuse en amont, ainsi qu’un processus de suivi permanent. Il s’agit donc de déterminer les préconditions, l’ampleur ainsi que les objectifs concrets et communs des stratégies et activités de prévention ou de réduction de la polarisation. Il convient ainsi de mesurer si la ou les nouvelles initiatives répondront à la polarisation de manière efficace et conséquente, si elles correspondront aux groupes ou communautés polarisées, et si l’on cherchera à dialoguer avec ceux-ci. Cela peut se faire, par exemple, en permettant un usage partagé des ressources locales par les groupes polarisés, ou bien en mettant à disposition des plateformes et des opportunités de promouvoir et de permettre l’iden-

tification de valeurs et de buts partagés. Un autre aspect important consiste à évaluer si les mesures envisagées sont conformes aux initiatives et stratégies existantes, et comment ces nouvelles activités et initiatives peuvent être intégrées à la routine et aux habitudes des organisations et acteurs responsables. Pour déterminer le succès des activités, on peut utiliser diverses approches : évaluer formellement le processus de mise en œuvre et le résultat des activités ; établir des structures et systèmes permettant un suivi réflexif, par exemple par des évaluations informelles permanentes, des rapports de situation, une supervision par les pairs ou les collègues, ou encore le mentorat. Ces préparatifs doivent comprendre des processus formels de documentation, et une définition collective des indicateurs et marqueurs de succès partagés par tous les acteurs impliqués dans l’activité en question. Travailler avec une diversité d’acteurs peut requérir une réflexion régulière sur les objectifs des activités et les résultats escomptés, de façon à favoriser une vision partagée, de même qu’une définition claire et un consensus général sur les objectifs communs.

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Prevention and Mental Health Professionals. The Journal of Nervous and Mental Disease, 205(1), 54-57. https://journals.lww.com/jonmd/Abstract/2017/01000/

Violent_Extremism,_Community_Based_Violence.9.aspx

Outils et projets

Bulles d’information - Filter Bubble : https://www.filterbubble.lu/ LIAISE 1 & 2 – Prévention de la radicalisation menant à l’extrémisme violent. Projet mené par l’Efus et cofinancé par le Fonds Sécurité Intérieure de l’Union européenne. Présentation des étapes de développement d’une stratégie locale de prévention de la délinquance, depuis la mobilisation politique jusqu’à l’élaboration, le diagnostic et l’évaluation. Recommandations méthodologiques, obstacles potentiels à la stratégie et comment les surmonter. LOUD – Jeunes leaders locaux pour l’inclusion. Mené par l’Efus, cofinancé par le Programme Erasmus+ de l’Union européenne. Renforcement des capacités des collectivités territoriales et des jeunes à produire des discours alternatifs, combattre les préjugés et renforcer la cohésion sociale.

Méthodes et campagnes locales de discours alternatifs produites par les jeunes d’une municipalité et adressées à leurs pairs, dans le but de favoriser des environnements qui dissuadent les jeunes de dériver vers l’intolérance et les comportements extrémistes.

Newscraft: https://newscraftseriousgame.com/ PRACTICIES – Partenariat contre la radicalisation violente dans les villes. Codirigé par l’Université de Toulouse II – Le Mirail (France). Projet financé à 100% par la Commission européenne / Programme de recherche et d’innovation Horizon 2020.

Outils de prévention contre les discours de haine Pratiques de prévention de la radicalisation violente à l’échelle européenne, nationale et locale.

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BRIDGE – Comprendre et répondre à la polarisation au niveau local

Des points de vue extrémistes qui se banalisent, des conflits intergroupes de plus en plus aigus et toutes sortes de modes de pensée « eux et nous » semblent marquer de façon croissante la réalité des sociétés européennes aujourd’hui. De telles formes de polarisation sont souvent étroitement liées à des phénomènes transnationaux tels que les crises financières, les mouvements migratoires, le terrorisme international ou la récente pandémie, mais elles ont un impact profond sur la vie sociale à l’échelle locale. Cette publication examine comment la polarisation se développe et touche les municipalités comme les régions européennes. Elle présente des outils, des exemples pratiques et des recommandations pour que les collectivités territoriales puissent mieux comprendre, diagnostiquer et agir contre la polarisation.

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