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Questionnaire/enquête de polarisation (jeu à somme nulle

II. Sélection des outils de l’audit

Les outils que nous suggérons servent à identifier, affirmer et renforcer les facteurs de protection et réduire les facteurs de risque. Une approche combinant diverses méthodes est recommandée pour l’audit de polarisation, afin de permettre aux municipalités de « photographier » la polarisation à partir de plusieurs angles, en utilisant des méthodes qualitatives (groupes de parole, entretiens) et quantitatives (analyse des données existantes, dissémination de questionnaires). Combiner ces méthodes permet d’obtenir une image plus large et profonde de la polarisation à partir de données empiriques. Intégrer des données démographiques existantes avec des données quantitatives récentes augmente les bénéfices des investissements antérieurs, permet de réviser les processus de collecte de données afin de les améliorer, et augmente les bases de données pour le suivi régulier et la planification des politiques. Organiser des groupes de parole et des entretiens permet d’obtenir des informations nouvelles et peut initier un processus de construction ou de renforcement de la cohésion sociale. Cependant, réunir des personnes qui ont des points de vue différents demande une bonne préparation, afin d’éviter de perpétuer et de consolider des vues et des discours polarisés entre les groupes et participants opposés. La sélection suivante d’outils d’évaluation apporte des angles et des perspectives différents : certains facilitent la détection de la polarisation et des tensions au sein d’une municipalité, d’autres permettent d’évaluer le niveau de participation ou encore d’identifier les potentiels « bâtisseurs de pont ».

1. Questionnaire/enquête de polarisation (jeu à somme nulle)

Ce mode de pensée conçoit la vie comme un jeu à somme nulle où l’on ne peut gagner que si d’autres perdent. Un tel mode de pensée est l’une des causes-racines de la polarisation et des tensions sociales. C’est

pourquoi un audit sur le mode de pensée « jeu à somme nulle » est utile pour générer des données empiriques sur la manifestation de la polarisation dans une communauté donnée. L’audit peut apporter aux municipalités des informations précieuses sur l’étendue de la polarisation, ainsi que les facteurs de risque et de résilience. Pour ce faire, le questionnaire utilise le concept du mode de pensée « jeu à somme nulle », qui mesure le degré auquel un individu conçoit les relations intergroupes et sociales comme fixes et hostiles, excluant la possibilité de coopération et de dialogue. L’enquête cherche à déterminer la présence de modes de pensée « jeu à somme nulle » sur une échelle. Il a été démontré que celle-ci est un indice d’hostilité intergroupe.

Opérationnalisation

Les questions doivent être adaptées et travaillées pour qu’elles correspondent au contexte spécifique de la collectivité. On peut ajouter des marqueurs territoriaux, comme les noms des gangs ou autres identifiants de polarisation que la municipalité juge pertinents étant donné le contexte local.

Un autre aspect important est la façon dont le questionnaire est distribué afin qu’il touche le plus grand nombre possible de personnes et permette ainsi de réunir des données représentatives. Ceci peut se faire en ligne, physiquement sur papier, ou avec une combinaison des deux. Un autre point important est de permettre aux gens de répondre de façon anonyme et sûre, et de garantir que leurs données ne seront ni publiées ni partagées. Si les réponses sont recueillies oralement, les données d’identification et démographiques doivent être enregistrées et classées séparément. Afin que ces études produisent des données valides, leur exécution doit être menée ou soutenue par un partenaire expert qualifié. Les réponses peuvent démentir ou confirmer les perceptions. Les critères de validité supposent que la collecte de données soit fondée sur un échantillon représentatif de la population et que l’étude ne reflète ni ne comprenne aucun biais.

Exemples concrets

Les répondants doivent se sentir à l’aise pour répondre le plus honnêtement possible et doivent être rassurés qu’il n’y a pas de réponse bonne ou mauvaise. Ils doivent pouvoir prendre tout le temps dont ils ont besoin.

Ils pourront donner leur niveau d’accord ou de désaccord avec des affirmations comme suit :

« Le succès d’une personne est généralement l’échec d’une autre personne ». « La vie est telle que lorsqu’une personne gagne, l’autre personne doit perdre ». « la collectivité territoriale souhaite ce qui est le mieux pour moi et pour ma communauté ». Outre ces affirmations, avec lesquelles les répondants peuvent « ne pas être du tout d’accord » ou « très d’accord », l’enquête peut aussi demander aux répondants de nommer un groupe ou une communauté avec laquelle ils s’identifient le moins.

Ressources nécessaires

Afin de formuler des questions pertinentes et d’analyser les réponses, il faut pouvoir analyser des données démographiques anonymisées. De plus, la municipalité doit s’assurer de collecter des données des participants qui représentent la diversité de la population locale. Inciter à remplir le questionnaire, par exemple avec des « bons culturels », des coupons, ou en offrant la possibilité de visiter des lieux ou monuments historiques de la ville, peut être une option pour attirer ceux qui ne répondraient pas autrement. La municipalité doit éviter de collecter des données biaisées en incluant seulement des participants qui sont bien intégrés socialement et qui, par conséquent, ne participent pas à la polarisation. Pour collecter des données valides, il est aussi important de pouvoir répondre rapidement et directement aux participants (par exemple s’ils se sentent mal à l’aise). Afin de garantir que la municipalité puisse travailler à partir des résultats, l’engagement du public doit être soutenu sur la durée.

Partenariats

Afin d’élaborer et de mettre en œuvre le questionnaire de façon efficace, il convient de collaborer étroitement avec les acteurs suivants : services publics donnant accès aux statistiques et données recherchées ; une université ou un centre de recherche local qui élaborera le questionnaire, conduira l’examen éthique et contribuera à analyser les données et à présenter les résultats de façon claire pour tous ; divers communautés et groupes situés à divers points de l’échelle de polarisation afin de favoriser la participation durable des répondants et, enfin, des organisations locales et nationales qui puissent soutenir/collaborer à des activités avec le public après l’analyse des résultats du questionnaire.

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