de s e r r e t FOY juin 2016 - N°31
Journal de la communauté catholique du Pays Foyen ÉDITO
Regard sur le monde agricole
Dans un monde où la crise sévit partout, notre agriculture n’est pas épargnée. Ses particularismes font que le libéralisme qui la régit doit être « régulé ». Les agriculteurs sont à la fois jardiniers paysagers bénévoles- combien de cantonniers faudrait-il pour entretenir notre pays, le plus touristique du monde ? - et nourriciers. En proposant une alimentation plus variée et plus qualitative ils ont participé au bond prodigieux de l’espérance de vie. Aujourd’hui encourageons ces gens fiers de leurs produits qu’ils savent toujours perfectibles. Bien que notre agriculture nationale soit plus soucieuse et plus avancée que d’autres en matière d’environnement, des progrès restent à faire. Prenons garde à ne pas opposer les modèles entre eux, à ne pas dresser le bio contre l’agriculture raisonnée, les circuits courts contre les filières, la santé contre l’économie. Partageons l’expérience de tous et l’engagement de chacun pour une émulation salutaire ; déjà se dessinent des solutions qui viennent de la « porosité » entre les différentes expérimentations. Les agriculteurs recherchent et attendent des autorités des choix clairs offrant des perspectives soutenables et durables à leur métier. C’est dans sa ruralité originelle que la France a puisé ses valeurs comme l’écrit Saint-Exupéry : « le paysan arrache peu à peu quelques secrets à la nature et la vérité qu’il dégage est universelle ».
Pierre-Jean Sadoux
Agriculteurs éleveurs quand même !
TROIS QUESTIONS À CHRISTOPHE MARCETEAU ■ À Montpeyroux se trouve l’élevage avicole « Volailles Christophe Marceteau » : exploitation autosuffisante d’une vingtaine de poulaillers – 80 000 poulets annuels- comprenant un laboratoire d’abattage et de conditionnement.
Poussin dans un monde de gros - Avec un chiffre pareil, où vous placezvous sur ce marché très concurrentiel ? - Mon frère, mon beau-frère et moi-même avons tenu à perpétuer la tradition familiale de volailles de qualité. Notre structure moyenne vise un créneau supérieur au label rouge de la grande distribution. Cela exige un produit excellent. Nous ne sommes pas dans un schéma productiviste et pratiquons une agriculture raisonnée. - Comment commercialisez-vous ? - Nous commercialisons des volailles de 105 jours minimum alors que le label rouge en exige 81 en général. La grande majorité est constituée de l’espèce « cous rouges du SudOuest », souche ancienne et sûre. Nos animaux sont élevés dans des bâtiments dispersés
entourés de vastes espaces enherbés. Trois fourgons réfrigérés livrent 2 000 volailles/semaine à un réseau de détaillants fidèles – bouchers, moyennes surfaces et autres - dans un rayon de 80 km et majoritairement situés dans l’agglomération bordelaise. - Quel avenir pour ce type d’exploitation et de produit haut de gamme ? - Nous répondons depuis 25 ans aux exigences d’intermédiaires et de consommateurs fidèles et confiants. Nous ne pouvons les décevoir. Les derniers investissements lourds datent de 97. L’expérience acquise, une structure familiale et entrepreneuriale solide, un réseau stable nous autorisent une certaine sérénité. Propos recueillis par A. Bertoni
Daniel, Jean-Pierre et Christophe Marceteau