de s e r r e t foy Juin 2013 - N°19
Journal de la communauté catholique du Pays Foyen édito
L’esprit de clocher
Fermé, bloqué, sectaire, intolérant, intransigeant… Est-ce cela l’esprit de clocher ? Est-ce le glas de toute espérance ? Réveillons-nous ! Trop bas perché notre pauvre petit clocher ? Pas universel le bon Dieu de chez nous ? Une église, quelques maisons, déjà un village, le premier cercle, la première communauté, l’Église première. Visible et audible de loin, notre clocher s’érige en repère, égrène les heures de la journée, rythme notre vie. Il nous fait enfants de Dieu au baptême, fondateurs d’une famille au mariage, nous fortifie au fil des fêtes et des événements partagés. Il nous appelle à nous arrêter et nous réunit, solidaires, pour accompagner ceux qui s’en vont. Ainsi, il nous construit, nous structure, nous apprend à vivre ensemble nos différences et certains pourront s’étonner – il n’y a là rien que de banal – que veillent aussi sur leur clocher ceux qui ne passent pas le seuil de l’église. « Je suis venu mettre le feu sur la terre » a dit Jésus ; c’est un feu d’amour et chacun est capable d’amour. Ne l’étouffons pas ! Depuis notre clocher, tous, femmes et hommes de bonne volonté, propageons-le comme une traînée de poudre qui se rit même de l’eau et voilà embrasées nos Deux Rives. La communauté s’agrandit, le feu se propage, les clochers sonnent à toute volée, s’appellent et se répondent, la bonne nouvelle s’enfle et devient merveille. Est-ce que l’on dira : « regardez comme ils sèment, regardez comme ils s’aiment » ? Et l’esprit de clocher aura rejoint l’esprit de Dieu !
P.-J. Sadoux
Esprit de clocher, es-tu là ? Dossier p.4-5
Trois questions à Serge Bauvet ■ Toujours en lien avec Madagascar, où il a vécu plusieurs années, Serge Bauvet s’est engagé auprès de l’Association sportive de Gensac-Montcaret, afin d’aider de jeunes Malgaches en situation difficile.
Aider, c’est aussi respecter - Voici trois ans que vous êtes à la retraite mais votre parcours professionnel mérite d’être connu de nos lecteurs. - Originaire de LamotheMontravel, en tant que cadre des finances, je suis resté 28 ans à Paris avant d’être détaché auprès de l’ambassade de France, deux ans au Tchad, six ans en Côted’Ivoire et cinq ans à Madagascar. Ces pays africains ont vécu des situations politiques difficiles ce qui m’a valu d’être enlevé une fois et tabassé une autre fois.
- Avez-vous gardé des liens avec ces pays ? - C’est avec la grande et pauvre île de Madagascar que j’ai conservé le plus de liens amicaux et d’entraide. J’y ai connu Alida, gardien de mon immeuble, qui ne pouvait faire vivre sa famille (femme et deux enfants) avec les 22 euros mensuels – le smig malgache à l’époque. Comme c’était un jeune sérieux, je suis intervenu pour lui trouver un emploi de coursier et d’homme de ménage auprès du service des impôts malgaches. L’enveloppe initialement prévue pour m’attribuer une
secrétaire a finalement servi à recruter Alida qui avait recueilli un enfant de trois ans dont la mère était décédée. J’ai gardé aussi des liens avec Richard, double champion du monde de kick boxing, sport que je pratique toujours. - Comment les jeunes de l’ASGM (Association sportive de Gensac-Montcaret) interviennent-ils auprès des jeunes de Madagascar ? - Pour tenter de détourner les jeunes de la drogue, de l’alcool, voire de la prostitution, Alida et Richard se font entraîneurs
de foot pour ceux qui manquent de tout. Les jeunes de l’ASGM participent à l’envoi de ballons, maillots. De mon côté, je retourne régulièrement à Madagascar apporter vêtements et articles sportifs. Dans ce pays, l’ascenseur social est en panne pour de multiples raisons dues notamment aux traditions tournées vers le passé plus que vers l’avenir. Réussir, c’est souvent engendrer la jalousie et se couper de son environnement, d’où la nécessité d’aider, mais avec doigté. Lili Nardi