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Revue Africaine de Santé et de Productions Animales © 2006 E.I.S.M.V. de Dakar
A RTICLE ORIGINAL Evaluation participative de l’importance des tiques et méthodes endogènes de lutte au Nord Bénin : Perspectives et valorisation G.S.O. DOSSOU-GBETE1, S. SALIFOU2* A.B. ABOH1 et S.C. DOSSA1 1 Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) 01 BP 884 Cotonou, Bénin. 2 Laboratoire de Recherche en Biologie Appliquée (LARBA), Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi,
Université d’Abomey-
Calavi BP 2009 Cotonou - Bénin.
* Correspondance et tirés à part, e-mail : pasahid@yahoo.fr
Résumé
Les tiques, par leur impact direct et les maladies qu’elles transmettent, constituent une des contraintes majeures au développement de l’élevage en Afrique. Plusieurs procédés variables selon les zones agro-écologiques sont utilisés dans la lutte contre ces parasites du bétail. Une étude a été menée sur le savoir endogène et les pratiques traditionnelles de prévention et de traitement contre ces arthropodes dans la région Nord du Bénin. Un échantillon de quatre vingt-sept paysans-éleveurs appartenant aux couches socioprofessionnelles et ethnies majoritaires de la zone d’étude a été ciblé pour cette étude. La collecte des données a été effectuée lors d’assemblées et d’entretiens individuels organisés dans quatre sous-préfectures correspondant aux zones de prédilection d’élevage bovin. L’utilisation de la Méthode Accélérée en Recherche Participative (MARP) couplée avec la technique de la maïeutique a révélé que le savoir local est riche d’un répertoire de noms locaux des tiques parasites du bétail. Ceci a permis de comprendre l’importance spécifique et économique des tiques et des méthodes de lutte et de prévention les plus appliquées. Les techniques traditionnelles de lutte se répartissent en utilisation d’extraits de plantes (58%), de mélange de produits animaux (89%) et de procédés mécaniques (35%). (RASPA, 4 (1-2) : 61-68).
M o t s - c l é s : E v a l u a t i o n p a r t i c i p a t i v e - L u t t e e n d o g è n e - Ti q u e s - B é t a i l - B é n i n . Abstract Participatory evaluation of the importance of ticks and traditional control practices in northen Benin
Insects, Ticks and Tick Borne Diseases (TTBDs) constitute a major constraint to livestock development in Africa. Several control methods have been used to control them at farm level. There is a need to assess farmers’ awareness on TTBDs, since traditional cattle ticks control is compulsory to any sustainable TTBDs control. The study reported here, has been conducted in northern Benin with eighty-seven farmers drawn from different socio-professional groups and from main ethnic groups: cattle keepers, butchers, cattle dealers, and traditional therapists. Rapid Rural Appraisal (RRA) was used to collect information during group discussion meetings and/or individual interviews. Results indicate that farmers are aware of the negative impact of TTBDs on beef production. They identify ticks according to genera level and are aware of the economic losses to cattle through blood volume sucked by the arthropods.
k e y - w o r d s : P a r t i c i p a t o r y e v a l u a t i o n a p p r o a c h - Traditional contr ol p rac tices - Cattle Tick - Benin.
Introduction L’élevage des bovins et celui des petits ruminants sont importants au nord Bénin. Cette activité est cependant affectée par de nombreuses contraintes pathologiques dont les infestations par les tiques, la gale et la dermatophylose cutanée [2], [10]. L’avènement des méthodes d’élevage «modernes» a profondément bouleversé les relations entre le bétail et ses parasites. Parmi les facteurs de changement, nous pouvons citer l’élevage intensif ; l’engraissement du bétail avec des aliments énergétiques voire enrichis de médicaments et de fabrication industrielle ; l’automatisation ; l’élevage des races non indigènes et particulièrement le transfert de races européennes à haut rendement vers les régions chaudes ; le croisement de races européennes à haut rendement avec des races provenant de régions chaudes ; l’élevage de masse ; la mise en pâture de terres délaissées jusqu’à présent et qui présentent un haut niveau d’infestation par des parasites et des vecteurs. Lorsque l’accroissement des performances des animaux RASPA Vol.4, N0 1-2 2006
d’élevage est obtenu au moyen des pratiques précitées, le résultat conduit à la baisse de la résistance aux ectoparasites et aux maladies que ceux-ci véhiculent. Le parasitisme peut alors entraîner une perte de productivité, voire la mort par suite de : - perte de sang, réaction allergique ou simple irritation, causées par les tiques, les mouches piqueuses ou autres, les poux, les puces, les acariens, etc ; - lésions de la peau et des tissus musculaires par les mouches qui provoquent des myiases ; - paralysie ou toxicose due à des tiques ; - transmission d’organismes pathogènes. Les maladies et pertes économiques engendrées par les tiques sont très importantes et peuvent être évaluées à travers une augmentation de 36% du temps de travail, une diminution de la production de viande de 20%, une diminution de la production laitière de 16%, un taux de mortalité qui s’élève à 11%, une dépréciation de la valeur de la peau de 5% et une diminution de la force de traction de 5% [27].
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