El Guamri et Belghyti (Vol. 4, N°1-2, 2006)

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Revue Africaine de Santé et de Productions Animales © 2006 E.I.S.M.V. de Dakar

A RTICLE ORIGINAL Caractérisation parasitologique des eaux usées de la nouvelle médina et de l’abattoir municipal de kénitra (Maroc) Y. EL GUAMRI et D. BELGHYTI* Laboratoire de Biologie et Santé. Equipe Environnement et Parasitologie. UFR Doctorale “ Parasitologie Comparée: Applications Médicales et Vétérinaires”. Projet PARS BIO 148.B.P: 133 / Faculté des Sciences. Université Ibn Tofail. Kénitra. Maroc. * Correspondance et tirés à part , e-mail : belghyti@hotmail.com

Résumé

La plus grande partie des eaux de procédé des grandes entreprises de transformation de produits alimentaires d’origine animale est retournée à l’environnement. Comme cette eau usée est habituellement chargée en micro-organismes, elle devient dès lors une source de pollution biologique importante pour le milieu récepteur. Notre présente étude porte sur le collecteur urbain (C) qui draine les eaux usées de la nouvelle Médina et de l’abattoir municipal de Kénitra. Les effluents de ce collecteur sont évacués dans les égouts et rejetés sans traitement préalable dans le Sebou. L’objectif principal de ce travail est d’évaluer qualitativement et quantitativement les œufs d’helminthes des eaux usées et d’étudier l’origine et la variation saisonnière de la charge parasitaire. Les résultats montrent qu’elles sont contaminées par ces œufs d’helminthes avec une concentration moyenne de 37,5 œufs/l dont 29,14 œufs/l de nématodes et 8,37 œufs/l de cestodes. Cette charge parasitaire est très élevée pendant les saisons automne-hiver et elle est souvent reliée aux eaux usées fortement contaminées rejetées par l’abattoir, et aussi au haut degré d’infestation parasitaire des troupeaux abattus pendant ces saisons selon l’enquête menue auprès du service communautaire vétérinaire de l’abattoir de Kénitra. Au vu de cette charge parasitaire, il apparaît nécessaire d’épurer ces eaux usées afin de protéger le milieu récepteur en général et la santé humaine et animale en particulier. (RASPA, 4 (1-2) : 33-37).

Mots-clés : Charge parasitaire - Rejet de l’abattoir - Va r i at i o n s a i s o n n i èr e - K é n i t r a .

Abstract Parasitological Characterization of wastwatrs of the newMedina and the Municipal slaughter-house of Kenitra (Morocco)

Most of water of process of the great processing undertakings of foodstuffs of animal origin is turned over to the environment. As this wastewater is usually charged in micro-organisms, it consequently becomes a source of important biological pollution for the receiving medium. Our present study carries on the urban collector (C) which drain wastewaters of the NEW MEDINA and from the municipal slaughter-house of Kenitra. The effluents of this collector are evacuated in the sewers and are rejected without preliminary treatment in Sebou. The principal objective of this work is to evaluate qualitatively and quantitatively the eggs of helminths of worn water and to study the origin and the seasonal variation of the parasitic load. The analysis shows that they are contaminated by these eggs of helminths with an average concentration of 37.5 eggs/l including 29.14 eggs/l of nematodes and 8.37 eggs/l of cestodes. This parasitic load is very high during the seasons autumn-winter and it is often connected to wastewaters strongly contaminated rejected by the slaughter-house, and also to the high degree of parasitic infestation of the herds cut down during these seasons according to the small investigation near the Veterinary Community Service of the slaughter-house of Kenitra. Within sight of this parasitic load, it appears necessary to purify this wastewaters in order to protect the receiving medium and human and animal health.arms suggests the implementation of suitable measurements to protect not only the breedings, but also people in touch with the animals.

Key-Word s : P arasit ic l oad - R eject ion of th e sl aug hter-house - Seasonal variation - Ken itra.

Introduction Au Maroc, de nombreux facteurs du milieu, en l’occurrence l’eau de boisson, les eaux usées, le manque d’hygiène alimentaire et fécale, l’insalubrité de l’habitat associé à d’autres facteurs de type socio-économiques, ont souvent un impact négatif sur la santé des populations. Ces facteurs, favorisés par une pollution fécale et urinaire intense de l’environnement hydrique y compris les cours d’eau et les lacs, sont souvent la cause directe ou indirecte dans le développement et la transmission de nombreuses maladies parasitaires dont les helminthiases.

L’OMS qualifie la contamination des eaux usées urbaines par les œufs d’helminthes, en particulier les nématodes intestinaux (Ascaris, Trichuris, Ankylostoma), comme principale contrainte pour le recyclage de ces eaux en agriculture et aquaculture à cause de leur Dose Minimale Infectante (DMI) faible et leur longue survie dans l’environnement [1].

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De ce fait, l’aspect parasitologique des eaux usées doit faire l’objet d’une attention particulière avant tout projet de réutilisation des eaux usées urbaines en agriculture [23] et dont l’optique est de chercher un moyen de traitement convenable de ces eaux usées de la nouvelle Médina et de l’abattoir municipal de Kénitra et qui répond notamment aux normes de l’OMS (< 1oeufs/l).

Matériel et Méthodes

1. DÉLIMITATION DE LA ZONE D’ETUDE La ville de Kénitra est située à 40 Km au Nord de la capitale du Maroc, entre les méridiens 6°30’ et 6°45’ Ouest et les parallèles 34°15’ et 34°20’. Elle est dotée d’un réseau d’assainissement de type unitaire qui dessert environ 78 % de la population. Le reste utilise des systèmes d’assainissement individuel par puits perdus ou fosses septiques. Le bassin versant du collecteur C s’étend sur 145 ha et couvre les quartiers suivants : Riad, Khabazat, Pénitencier, Houria. La population urbaine théorique raccordable sur ce collecteur est comprise entre 20 000 et 30 000 habitants [4].

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2. MÉTHODOLOGIE Les prélèvements d’eaux usées sont effectués bimensuellement entre Février et Juin 2003 à l’exutoire du colleteur urbain (C). Des échantillons de deux litres sont prélevés et conservés par l’ajout de Formol 10% (2 ml/litre) dans des flacons stériles. Au laboratoire, les échantillons d’eaux usées sont placés dans des éprouvettes de 2 litres, puis laissés décanter pendant 12 heures.

Le culot de décantation est utilisé après concentration pour l’analyse qualitative et quantitative des œufs d’Helminthes. Les techniques de concentration des œufs d’helminthes font appel à des méthodes de concentration dérivées de la coprologie parasitaire. La mise en évidence de ces œufs dans les échantillons a été réalisée par la technique de BAILENGER [5]. Ils sont ensuite identifiés et quantifiés à l’aide d’une lame de Mac Master.

Des microphotographies sont réalisées à l’aide d’un microscope trinoculaire doté d’un appareil photo.

Résultats

1. ANALYSE GLOBALE DES HELMINTHES PARASITES DES EAUX USÉES

1.1. Résultats qualititatifs

Les œufs d’helminthes rencontrés dans les eaux usées du collecteur (C) appartiennent à deux classes de parasites: la classe des nématodes et la classe des cestodes. Ainsi, chez les nématodes, on a pu identifier les œufs d’Ascaris sp.

Trichuris sp., Enterobius vermicularis, Ankylostome sp. et Nematodirus sp. Chez les cestodes, on a noté la présence

Concentration moyenne (oeufs/l)

Fig. 1 : Concentration en oeufs de Nématodes dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l'abattoir de Kénitra 20 10 0

Asc.

16,29

Série1 Série 1

Tri.

4,03

Ent.

0,45

Ank.

6,88

Nem. 1,49

Figure 1 : Concentration œufs de Nématodes dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l’abattoir de Kénitra

Concentration moyenne

Fig. 3 : Concentration en œufs et larves de Strongles dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l'abattoir de Kénitra 30 20

Série 1 Série1

OeufsStrg.

Strg. Œufs

23,04

Lar. Strg.

4,2

Figure 3 : Concentration œufs et larves de Strongles dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l’abattoir de Kénitra

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1.2. Résultats quantitatifs

Le pourcentage d’échantillon positif est de 100% pour les nématodes et de 90% pour les cestodes. Les concentrations moyennes en œufs des nématodes sont de 29,14 œufs/l et de 8,37 œufs/l pour les cestodes.

Les œufs d’Ankylostome sp. représentent 100% des œufs d’helminthes dans les échantillons positifs d’eaux usées analysées, suivi par les œufs d’Ascaris sp. avec un pourcentage d’échantillon positif de 90% et de 70% pour les œufs de Trichuris sp., tandis que les œufs d’Enterobius vermicularis et de Nematodirus sp. n’en représentent que 20% et 40% respectivement. Les œufs de la classe des cestodes ont été isolés dans les eaux usées avec des pourcentages d’échantillons positifs de 80% pour les œufs de Moniezia expansa et de Taenia sp, tandis que les œufs d’Hymenolepis nana n’en représentent que 20%. Les concentrations moyennes en œufs sont de 16,29 œufs/l pour Ascaris sp., 4,03 œufs/l pour Trichuris sp., 0,45 pour Enterobius vermicularis; 6,88 œufs/l pour Ankylostome sp., 1,49 œufs/l pour Nematodirus sp., 0,14 œufs/l pour Hymenolepis nana, 5,32 œufs/l pour Moniezia expansa et 2,9 œufs/l pour Taenia sp.. (Fig.1 et 2). Pour les œufs et larves de Strongles, les pourcentages d’échantillons positifs sont de 100% et 70% respectivement. Leurs concentrations moyennes sont respectivement de 23,04 œufs/l et 4,2 larves/l (Fig. 3).

Fig. 2 : Concentration en oeufs de Cestodes dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l'abattoir de Kénitra 6 4 2 0

Série 1 Série1

Hym.

0,148

Mon.

5,323

Tae.

2,906

Figure 2 : Concentration œufs de Cestodes dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l’abattoir de Kénitra

2. VARIATIONS DES CONCENTRATIONS DES ŒUFS D’HELMINTHES EN FONCTION DES SAISONS 2.1. Etude par classe

10 0

des œufs d’Hymenolepis nana, Moniezia expansa et Taenia sp. Aucun œuf de trématodes n’a été isolé au niveau des eaux usées de ce collecteur.

Concentration moyenne (oeufs/l)

Ce rejet draine en plus les eaux usées domestiques de ces quartiers populaires, les rejets de l’abattoir municipal.

En période automne-hiver, les pourcentages d’échantillons positifs pour les deux classes d’helminthes rencontrées sont de 100% pour les nématodes et de 80% pour les cestodes avec des concentrations moyennes de 27,32 œufs/l et de 7,51 œufs/l respectivement. Les pourcentages d’échantillons positifs des œufs et des larves de strongles sont respectivement de 100% et 80%, leurs concentrations moyennes sont de 28,85 œufs/l et de 6,4 larves/l.

En période printemps-été, le pourcentage d’échantillons positifs est de 100% pour les deux classes d’helminthes.

Ainsi, leurs concentrations moyennes sont de 31 œufs/l pour les nématodes et de 9,23 œufs/l pour les cestodes.

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Caractérisation parasitologique des eaux usées de la Nouvelle Médina et de l’abattoir municipal de Kénitra

Alors, que les pourcentages d’échantillons positifs des œufs et des larves de strongles sont respectivement de 100% et 40%, leurs concentrations moyennes sont de 17,23 œufs/l et de 2 larves/l.

2.2. Etude par espèces

La classe des nématodes est représentée pendant la période automne-hiver par les œufs d’espèces suivantes: Ascaris sp., Trichuris sp., Ankylostome sp. et Nematodirus sp., leurs pourcentages d’échantillons positifs sont respectivement, de 80%, 60%, 100% et de 60%. Pour les cestodes seulement les œufs de Moniezia expansa et de Taenia sp. ont été isolés avec des pourcentages d’échantillons positifs, respectifs, de 80% et 60%. Les concentrations moyennes sont de 13,51 œufs/l pour Ascaris sp., 3,39 œufs/l pour Trichuris sp., 7,38 œufs/l pour Nematodirus sp., 5,2 œufs/l pour Moniezia expansa et de 2,31 œufs/l pour Taenia sp..(Fig. 4 et 5).

En période printemps-été, les pourcentages d’échantillons positifs sont de 100% pour Ascaris sp., Ankylostome sp. et Taenia sp., 80% pour Trichuris sp. et pour Moniezia expansa; 40% pour Enterobius vermicularis et pour Hymenolepis nana, tandis que les œufs de Nematodirus sp. ne représentent que 20%. Les concentrations moyennes sont de 19,06 œufs/l pour Ascaris sp., 4,66 œufs/l pour Trichuris sp., 0,9 œufs/l pour Enterobius vermicularis; 6,37 œufs/l pour Ankylostome sp., 0,01 œufs/l pour Nematodirus sp., 0,29 œufs/l pour Hymenolepis nana, 5,43 œufs/l pour Fig. 4 : Répartition concentration moyenne en oeufs Moniezia expansa etde 3,5laœufs/l pour Taenia sp. (Fig. 4 et 5). de Cestodes dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l'abattoir de Kénitra en fonction des saisons 15 10 5 0 Pri.-été été

Hym.

Mon.

Tae.

0

5,2

2,31

0,29

hiver Aut.-hiver

5,43

3,5

Figure 4 : Répartition de la concentration moyenne en œufs de Cestodes dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l’abattoir de Kénitra en fonction des saisons Fig. 5 : Répartition de la concentration moyenne en oeufs de Nématodes dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l'abattoir de Kénitra en fonction des saisons 40 30 20 10

0

Pri.-été été

Aut.-hiver hiver

Asc.

19,06

13,51

Tri.

Ent.

Ank.

Nem.

3,39

0

7,38

2,98

4,66

0,9

6,37

0,01

Figure 5 : Répartition de la concentration moyenne en œufs de Nématodes dans les eaux usées de la nouvelle Medina et de l’abattoir de Kénitra en fonction des saisons RASPA Vol.4, N0 1-2 2006

Discussion Les eaux usées domestiques véhiculent un grand nombre d’agents pathogènes et lorsqu’elles sont rejetées à l’état brut dans le milieu récepteur, elles constituent un danger pour les populations humaines et animales en cas de réutilisation [2]. C’est pour mettre en évidence la charge parasitaire des eaux usées de la nouvelle médina et de l’abattoir municipal de Kénitra que ce travail a été réalisé et il ressort de l’analyse des échantillons analysés que les concentrations moyennes en œufs et larves d’helminthes parasites sont élevées.

Au niveau des eaux usées de ce rejet, la charge parasitaire subit des fluctuations mensuelles et saisonnières. En effet, l’analyse de la variation de l’abondance mensuelle en œufs d’helminthes montre que cette variation est en fonction des conditions climatiques de la ville. Notons que ces œufs d’helminthes, isolés à partir de nos échantillons, sont observés tout au long de la période d’étude avec des pourcentages et des concentrations relativement élevés pendant les mois qui caractérisent la période printempsété que pendant la période automne-hiver où les précipitations sont relativement rare et la température est plus ou moins élevée. Ces observations rejoignent les travaux de HABBARI [6] à Marrakech qui a trouvé des concentrations en œufs d’helminthes respectives de 31 œufs/l et 25 œufs/l en période printemps-été et en période automne-hiver; de CHALABI [7] à Rabat ; de DSSOULI et al., [8] et de MRABET [9] à Oujda; de AMAHMID et al., [10] et BOUHOUM et al., [11] à Marrakech et de Naour [12] à Beni-Mellal. En revanche, [13] a rapporté des concentrations très élevées en œufs d’helminthes pendant la saison automne-hiver dans les eaux usées de Ouarzazate, ce résultat est attribué selon l’auteur à la rareté des précipitations dans cette région à climat aride.

Par ailleurs, plusieurs auteurs ont rapporté que cette différence de concentration entre ces deux périodes est due à l’augmentation de la prévalence parasitaire des verminoses au printemps [14], [15], [16]. Alors que l’OMS [2] a signalé que cette abondance en œufs d’helminthes en période printemps-été est due aux conditions de température, d’humidité, d’oxygène et de rayonnement solaire favorables à la maturation de ces helminthes parasites. Une étude épidémiologique effectuée en Afrique du Sud par APPLETON et GOUWS, [17] a montré que la fréquence de la Trichocéphalose était corrélée avec la température extérieure, tandis que les fréquences de l’Ascaridiase et de l’Ankylostomose dépendaient des précipitations.

Les concentrations élevées en œufs d’helminthes pourraient être liées au déversement des égouts de l’abattoir municipal de Kénitra fortement chargés par les œufs et larves d’helminthes des troupeaux hautement infestés par ces vers parasites. En effet, une enquête a été faite auprès de l’abattoir de Kénitra nous a permis de se renseigner sur les troupeaux abattus au niveau de l’abattoir. Il comprend notamment les ovins, les bovins, les caprins, les équins et jamais les porcins, ce qui fait que l’origine porcine (Ascaris suum) est totalement exclue dans les échantillons d’eaux usées analysées.

En revanche, les œufs et larves de strongles sont plus abondants dans les échantillons d’eaux usées de la période automne-hiver au niveau de ce collecteur. D’après MRABET [9], les animaux abattus dans les abattoirs lors de cette période étant hautement infestés.

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EL GUAMRI et BELGHYTI

Par ailleurs, les principales conclusions de l’enquête vétérinaire faite auprès de l’abattoir de Kénitra peuvent être ainsi schématisées : - l’infestation en nématodes gastro-pulmonaires est plus où moins élevée pendant l’hiver chez les ovins et les bovins.

- L’infestation en Taenia est faible, voir absente au cours de la période estivale chez les ovins.

- Au cours de l’été, l’infestation en strongles pulmonaires; strongles gastro-pulmonaires et en Douve (Fasciolose) est plus moins faible chez les ovins par rapport à la période d’hiver.

- Chez les bovins, l’infestation en Fasciola hepatica (Fasciolose) devient considérable en été.

RICHARD [18] a mentionné que les Strongyloses digestives ont un caractère saisonnier et les infestations se font en particulier en période des pluies en raison de la grande sensibilité des larves infestantes des strongles digestives à la dessiccation.

La concentration en Trichuris sp est de 4,03 œufs/l. Cette valeur est plus ou moins élevée par rapport aux autres collecteurs urbains étudiés au niveau de Kénitra [19], [20], [21]. El MORHIT [22] a signalé que les moutons (Ovis aeris) abattus au niveau de l’abattoir de Kénitra sont infestés par Trichuris ovis, ce qui permet de conclure que les œufs de la famille de Trichuridae représentée par les œufs de Trichuris sp. au niveau du collecteur (C) raccordé à l’abattoir ont une origine qui peut être animale ou humaine. Ces concentrations concordent avec ceux trouvés à Beni Mellal [12], à Ouarzazate [13]. Au contraire, ils ne sont pas en accord avec ceux trouvés à Boujaad [23], à Oujda [9] et à Rabat [24].

Les œufs d’Ankylostome sp. qu’on a rencontrés dans les échantillons d’eaux usées analysés ont une origine exclusivement animale et pas humaine car les infestations par Ankylostoma doudenale et Necator americanus ne s’observent que dans les régions tropicales et subtropicales avec une fréquence mondiale estimée à 900 millions d’Ankylostomiens [25].

Par ailleurs, les études épidémiologiques des maladies parasitaires au Maroc montrent l’absence totale des œufs d’Ankylostome d’origine humaine dans les selles des populations marocaines [21], [26], [27], [28], [29]. El MORHIT [22] a déterminé l’infestation des moutons (Ovis aeris) par un nématode parasite appartenant à la famille des Ankylostomatidae au niveau de l’abattoir de Kénitra, ce qui nous a permis de confirmer que l’origine des œufs d’Ankylostome sp. dans les eaux usées de Kénitra est exclusivement animale. Les concentrations moyennes ne sont pas en accord avec ceux trouvés à Rabat par Batoui [24] qui a rapporté une concentration de 39 œufs/l. En revanche, ils sont plus ou moins similaires avec ceux trouvés à Oujda [30], [31] et à Ouarzazate [32] avec une concentration de 1 à 6 œufs/l.

Les œufs de Nematodirus sp. sont rarement rencontrés dans les eaux usées au niveau de différents collecteurs étudiés. Une concentration moyenne de 1,49 œufs/l à considérer comme une valeur maximale rencontrée au niveau de ce collecteur. L’origine des œufs de Nematodirus sp. est exclusivement animale. El MORHIT [22] a mentionné la présence de Nematodirus spathiger dans l’intestin grêle des moutons abattus au niveau de l’abattoir de Kénitra. De même, El MRABET [9]; El MÂROUFY [32] et IBRAHIMI [33] ont signalé l’existence des œufs de Nematodirus sp. dans les fèces du mouton respectivement à Oujda, Ouarzazate et Sidi Yahia du Gharb.

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Pour les œufs de Moniezia expansa, la concentration moyenne trouvée dans les eaux usées analysées est de 5,32 œufs/l. La valeur élevée rencontrée au niveau du collecteur (C) pourrait être liée aux eaux usées de l’abattoir contaminées par ces œufs d’helminthes.

L’étude parasitologique sur les ovins (Ovis aeris) abattus auprès de l’abattoir de Kénitra [22] a montré que les moutons sont infestés par Moniezia expansa. En effet, des analyses coprologiques réalisées sur les fèces de moutons ont permis l’isolement des œufs de Moniezia sp. par Mrabet [9] à Oujda avec une concentration moyenne de 399,24 œufs/ gramme, par IBRAHIMI [33] à Sidi Yahia du Gharb et à Ouarzazate par FIRADI [13]. Les résultats de ces travaux confirment que la présence des œufs de Moniezia expansa dans les échantillons d’eaux usées de Kénitra est donc considérée comme un apport exogène par les troupeaux infestés par la Monieziose. Les concentrations trouvées au cours de notre présente étude sont similaires avec ceux trouvés à El Jadida [34] et à Oujda [9-30]. Alors que, El MÂROUFY [32] a signalé que les œufs Moniezia sp. sont les moins fréquemment isolés parmi les cestodes à partir des eaux usées de Ouarzazate.

Par ailleurs, ces valeurs sont très faibles par rapport aux résultats de BACHIKH [35] qui a rapporté une concentration de 78 œufs /l dans les eaux usées de Kénitra.

D’après l’auteur, cette forte concentration en œufs de Moniezia expansa dans les eaux usées est occasionnée par l’abat d’un grand nombre de moutons pendant la fête religieuse (Aid El Adha).

Les œufs de Taenia sp. sont présent dans les eaux usées de Kénitra avec des concentrations relativement variables (de 0,17 œufs/l à 2,9 œufs/l). Nos résultats sont similaires avec ceux trouvés au niveau des collecteurs urbains G et H de Kénitra [20]. A Ouarzazate, FIRADI [13] a détecté des concentrations de 0,13 œufs/l à 0,23 œufs/l. A Oujda, MRABET [9] et DSSOULI [30] ont rapporté des concentrations respectives de 0,04 œufs/l et 0,9 œufs/l. A l’échelle régionale comme à l’échelle nationale, les habitudes culinaires se caractérisent par une bonne cuisson de la viande de bœuf, représentant un moyen de lutte contre le Teniasis à Taenia saginata [36]. Ainsi, les considérations religieuses qui interdissent la consommation de la viande de Porc par la population musulmane font qu’il est rare de détecter les œufs de Taenia solium dans les eaux usées du Maroc. Ceci explique les faibles concentrations en œufs de Taenia sp. dans les eaux usées du Maroc à travers les études antérieures [9], [34], [26], [13], [30], [21].

Il ressort de ce travail de recherche que la charge parasitaire en œufs d’helminthes des eaux usées de la nouvelle médina et de l’abattoir municipal de Kénitra présente un risque majeur évident pour la population humaine et animale et pour l’environnement. De ce fait, le traitement de ces eaux usées brutes est une nécessité dans le cas d’un projet de réutilisation de ces ressources hydriques non conventionnelles en agriculture.

Remerciements Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet PARS BIO N° 148, Université Ibn Tofail, Faculté des Sciences de Kénitra. Maroc.

Nos vifs remerciements au Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Formation des Cadres. Rabat, Maroc.

RASPA Vol.4, N0 1-2 2006

Caractérisation parasitologique des eaux usées de la Nouvelle Médina et de l’abattoir municipal de Kénitra

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RASPA Vol.4, N0 1-2 2006

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