Rev ue Africaine de Santé et de Productions Animales © 2014 E.I.S.M.V. de Dak ar
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A rticle de synthese Toxicité et détoxification biologique du tourteau de Jatropha curcas L. pour une utilisation en alimentation animale : Synthèse bibliographique T.D.T. NESSEIM1, 2* A. DIENG1, G. MERGEAI3 et J.L. HORNICK2 1 Université
de Thiès, Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture, Département des Productions Animales, Km 3 route de Khombole, BP A 296 Thiès,
Sénégal
2 Université de liège, Faculté de Médecine Vétérinaire, Département de Productions Animales, 20 Boulevard de Colonster, 4000 liège, Belgique 3 Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech, Département Phytotechnie Tropicale et Horticulture, 2 Passage des déportés,
5030 Gembloux, Belgique
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Correspondance et tirés à part , e-mail : tnesseim@univ-thies.sn
résumé
L’utilisation des graines oléagineuses de Jatropha curcas L. pour la production d’agro-carburants se traduit par la génération de quantités importantes de tourteau. Ce dernier constitue une excellente source en nutriments alimentaires, avec 45,8 à 63,8% de protéines brutes par rapport à la matière sèche. Cependant, il contient des constituants toxiques (curcine et esters de phorbol) et antinutritionnels (inhibiteurs de trypsine, phytates et saponines) qui limitent son utilisation en nutrition animale. différentes méthodes ont été utilisées pour détoxiquer le tourteau parmi lesquelles des procédés thermiques et chimiques à base de divers solvants notamment alcooliques. Par ailleurs, la mise en œuvre de procédés biologiques par l’utilisation de champignons microscopiques, de bactéries ou de complexes enzymatiques, permet une réduction significative des composés toxiques et antinutritionnels et, dans la plupart des cas, améliore la valeur nutritionnelle du tourteau et donc son utilisation en alimentation animale. (raspa, 11 (3-4) : 143-149).
mots-clés : Jatropha curcas L. - Tourteau - Curcine - Esters de phorbol - Composés antinutritionnels - alimentation animale. abstract Toxicity and biological detoxification of Jatropha curcas L. meal for use in animal feed: a review The Jatropha cucas L. non edible oil seeds for biofuel production results in the generation of large amounts of cake. The latter is an excellent source of dietary nutrients that contains between 45.8 and 63.8% crude proteins compared to the dry matter. However, it contains toxic components (curcin and phorbol esters) and anti-nutrients (protein inhibitors trypsin, phytates and saponins) that limit its use in animal nutrition. different methods have been used to detoxify the meal including thermal and chemical processes based on various alcoholic solvents. However, the implementation of biological processes through the use of fungi, bacteria or enzyme complexes, allows not only a significant reduction of toxics and anti-nutritionals compounds, but in most cases, improves the nutritional value of the cake and therefore its use in animal feed.
Key – Words : Jatropha curcas L. - meal - Curcin - Phorbol esters - anti-nutrients components - animal feed.
Introduction 1. UTILISaTIon dU ToUrTEaU dE Jatropha curcas 2. FaCTEUrS ToxIqUES ET anTInUTrITIonnELS dU ToUrTEaU dE Jatropha curcas 3. ProCédéS dE déToxIFICaTIon bIoLogIqUE dU ToUrTEaU dE Jatropha curcas ET UTILISaTIon PoTEnTIELLE En aLImEnTaTIon anImaLE
Conclusion
Introduction Les plantes cultivées qui produisent des oléagineux comestibles peuvent être utilisées dans l’industrie du biodiésel mais de manière limitée à cause de leur valeur dans le secteur alimentaire. Pour satisfaire une demande de plus en plus grande en huile végétale permettant de produire des agrocarburants, utilisation est faite de plantes oléagineuses non comestibles comme Jatropha curcas [53]. Encore appelé pourghère (Tabanani en langage vernaculaire sénégalais), et appartenant à la famille des Euphorbiaceae, J. curcas a suscité beaucoup d’intérêt en tant que source de biodiésel. Cet RASPA Vol.12 N03-4, 2014
arbuste, non consommé par le bétail, est couramment cultivé sous les tropiques pour marquer des limites de terrains ou pour lutter contre l’érosion [79]. Ses feuilles, sa tige et les extraits de son écorce sont utilisés en tradithérapie mais également dans l’industrie cosmétique et insecticide. Son fruit est constitué d’un péricarpe (35%) et de la graine (65%) qui elle-même est composée d’une enveloppe (35%) riche en lignine et d’une amande (65%) à haute valeur protéique [15]. L’objectif de cette synthèse bibliographique est de passer en revue les principaux constituants toxiques et antinutritionnels
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