Anuarite Marie Désirée DEKI

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR **************** ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES

(E.I.S.M.V)

ANNEE : 2015

Nº 01

ETAT DES LIEUX DE L’ANESTHESIE VETERINAIRE AU SENEGAL : CAS DES CARNIVORES DOMESTIQUES.

THESE Présentée et soutenue publiquement le 10 Janvier 2015 à 10 heures devant la FACULTE DE MEDECINE, DE PHARMACIE ET D’ODONTOLOGIE DE DAKAR Pour obtenir le grade de:

DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (DIPLOME D’ETAT) Par

Anuarite Marie Désirée DEKI MEMBRES DU JURY: Président :

M. Mouhamadou NDIAYE Professeur à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar.

Rapporteur et Directeur de thèse :

M. Alain Richi KAMGA WALADJO Maître de conférences agrégé à l’EISMV de Dakar

Membre :

M. Papa El Hassane DIOP Professeur à l’EISMV de Dakar


ECOLE INTER-ETAT DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRE DE DAKAR

BP 5077 – DAKAR (Sénégal) Tél. (221) 33 865 10 08 – Télécopie (221) 825 42 83

COMITE DE DIRECTION

Le directeur général Professeur Louis Joseph PANGUI

Les coordonnateurs Professeur Germain SAWADOGO Coordonnateur des Stages et des formations Post-Universitaires :

Professeur Yalacé Y. KABORET Coordonnateur de la Coopération Internationale :

Professeur Serges N. BAKOU Coordonnateur des études et de la vie estudiantine :

Professeur Yaghouba KANE Coordonnateur Recherches / Développement

Année Universitaire 2014-2015

I


LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT Directeur Général : Professeur Louis Joseph PANGUI Le Coordonnateur des Stages et des formations Post-Universitaires : Professeur Germain SAWADOGO Coordonnateur de la Coopération Internationale : Professeur Yalacé Y. KABORET Coordonnateur des études et de la vie estudiantine : Professeur Serges N. BAKOU Coordonnateur Recherches / Développement : Professeur Yaghouba KANE

DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PRODUCTIONS ANIMALES Chef du département : Papa El Hassane DIOP, Professeur - ANATOMIE-HISTOLOGIE-EMBRYOLOGIE M. Serge Niangoran BAKOU,Maître de Conférences Agrégé M. Gualbert Simon NTEME ELLA, Maître-Assistant

- PHYSIOLOGIE-PHARMACODYNAMIE-THERAPEUTIQUE Moussa ASSANE, Professeur Rock Allister LAPO, Maître de Conférences Agrégé

- CHIRURGIE-REPRODUCTION Papa El Hassane DIOP, Professeur Alain Richi KAMGA WALADJO,Maître de Conférences Agrégé M. Moussa WANE, Moniteur

- PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES ET MEDICALES Germain Jérôme SAWADOGO, Professeur Adama SOW, Maître-Assistant - ZOOTECHNIE-ALIMENTATION Ayao MISSOHOU, Professeur Simplice ASSIWEDE Maître-Assistant

ECONOMIE RURALE ET GESTION M. Walter OSSEBI, Assistant

DEPARTEMENT DE SANTE PUBLIQUE ET ENVIRONNEMENT Chef du département : Rianatou BADA ALAMBEDJI, Professeur - HYGIENE ET INDUSTRIE DES DENREES ALIMENTAIRES D'ORIGINE ANIMALE (HIDAOA) Serigne Khalifa Babacar SYLLA, Maître-Assistant Mlle Bellancille MUSABYEMARIYA, Maître-Assistante

- PATHOLOGIE MEDICALE-ANATOMIE PATHOLOGIQUECLINIQUE AMBULANTE Yalacé Yamba KABORET, Professeur Yaghouba KANE, Maître de conférences agrégé Mireille KADJA WONOU, Maître-Assistante M.Omar FALL, Docteur Vétérinaire Vacataire M. Alpha SOW, Docteur Vétérinaire Vacataire M. Abdoulaye SOW, Docteur Vétérinaire Vacataire M. Ibrahima WADE, Docteur Vétérinaire Vacataire M. Charles Benoît DIENG, Docteur Vétérinaire Vacataire

- MICROBIOLOGIE-IMMUNOLOGIE-PATHOLOGIE INFECTIEUSE Mme Rianatou BADA ALAMBEDJI, Professeur Philippe KONE Maître de Conférences Agrégé - PARASITOLOGIE-MALADIES PARASITAIRES-ZOOLOGIE APPLIQUEE Louis Joseph PANGUI, Professeur Oubri Bassa GBATI, Maître-de conférences Agrégé

- PHARMACIE-TOXICOLOGIE Assiongbon TEKO AGBO, Chargé de recherche Dr Gilbert Komlan AKODA, Maître-Assistant Adbou Moumouni ASSOUMY, Assistant

DEPARTEMENT COMMUNICATION Chef du département : Yalacé Yamba KABORET, Professeur - BIBLIOTHEQUE Mme Mariam DIOUF, Ingénieur Documentaliste (vacataire) Mlle Ndella FALL, Documentaliste - SERVICE AUDIO-VISUEL Bouré SARR, Technicien

- OBSERVATOIRE DES METIERS DE LELEVAGE (OME) Yalacé Yamba KABORET, Professeur

SCOLARITE

M. Théophraste LAFIA, Chef de la scolarité M. Mohamed Makhtar NDIAYE, Stagiaire Mlle Astou BATHILY, Stagiaire

II


A NOS MAITRES ET JUGES A notre Maître et Président de jury, Monsieur, Mouhamadou NDIAYE, Professeur à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontotologie de Dakar. Vous nous faites un immense honneur en acceptant la présidence de notre jury de thèse. Votre approche facile et cordiale, ainsi que la spontanéité avec laquelle vous avez réagi face à notre sollicitation, nous ont profondément touchés. Soyez assuré de notre sincère reconnaissance et de nos hommages très respectueux.

A notre Maître, Directeur et rapporteur de thèse, Monsieur, Alain Richi KAMGA WALADJO, Maître de Conférences agrégé à l’EISMV de Dakar. Vous avez accepté d’encadrer notre thèse sans hésitation malgré vos multiples occupations. Vos qualités intellectuelles et votre rigueur ne sont plus à démontrer. Soyez assuré de nos profonds remerciements.

A notre Maître et Juge, Monsieur, Pape El Hassane DIOP, Professeur à L’EISMV de Dakar. Nous sommes très sensibles à l’honneur que vous nous faites en acceptant de juger ce travail. Votre dynamisme et votre amour du travail bien fait forcent admiration et respect. Vous nous donnez l’occasion de vous écouter et de profiter de vos connaissances scientifiques pour améliorer ce travail qui nous est cher. Nous vous disons merci.

Je remercie également tous ceux qui, de près comme de loin, m’ont soutenue durant ces longues années d’études ; et je dédicace ce travail particulièrement :

III


REMERCIEMENTS A ma famille, A mon père Isidore, tu m’as quitté beaucoup trop tôt papa. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à toi ; j’espère que tu me vois de là où tu es et que tu es fière de moi.

A ma mère Marie, tu as toujours été là pour moi maman. Merci de m’avoir supportée au quotidien, merci de ta patience, tes encouragements et surtout tes prières. Je ne serais jamais arrivée là sans toi, tu es l’être le plus cher de mon cœur et je t’aime maman.

A mon frère Junior, tu as été le premier à croire en mes ambitions. Tu es parti avant que je ne puisse débuter cette aventure mais je sais que depuis tu n’as pas cessé de veiller sur moi de là où tu es. Merci frérot !

A ma sœur Arlette, ma grande sœur chérie ! Tu es un modèle de vie et de réussite pour moi. On a mis longtemps à se rapprocher mais je sais que je peux compter sur toi quelles que soient les circonstances.

A mes grands frères Patrick, Joël et Stéphane, même si l’on n’a pas l’occasion de se voir souvent, je sais que vous êtes là et que je peux compter sur vous. J’espère que vous êtes fier de moi.

A la grande famille SEKA, merci pour vos encouragements et votre soutien. J’aurai vraiment aimé partager ce moment avec vous mais sachez que je vous porte tous haut dans mon cœur.

A la grande famille GNESSOUGOU, merci pour votre soutien et toutes vos bonnes pensées. Au reste de ma famille, A la famille Bancal, en particulier à Anouck. Je ne saurais vous remerciez pour tous ce que vous avez fait pour moi. J’ai découvert et aimé le Sénégal grâce à vous. Vous représentez énormément pour moi (un peu comme une seconde famille !) Merci.

A ma chikita d’amour, Mylène ! Qu’aurais je fais sans toi toutes ces années ? Tu as embellis tous mes jours passés au pays de la teranga, et un simple merci ne suffirait pas à t’exprimer IV


toute ma gratitude poulette. Je t’aime énormément et c’est dommage que tu ne sois pas là pour voir la consécration de ces 6 années de folie ma chérie !

A ma petite Marie, sans qui je n’aurais jamais fêté ma majorité ! T’es une fille géniale et toujours là quand il le faut. Merci pour tes conseils et tous tes mots de réconfort.

A Rominou, Alalaaa !!! On en a eu des moments ces dernières années… Toujours partant même une veille de devoir, pour un plan « pétage de bide » ou une escapade imprévue. Merci pour tout et surtout ne désespère pas, il ya un bout à ce tunnel…

A Cam cam et Rachou, merci pour votre gentillesse et votre bonne humeur. Je vous souhaite beaucoup de courage les filles. Tenez bon, la fin n’est plus très loin !

A mon petit Denis et au reste de la communauté française de l’EISMV, merci pour ces agréables et étonnants moments passés en votre compagnie. Vous m’avez accueilli comme l’une des vôtres, je ne vous oublierai pas !

A Aline et Cécile, mes fofolles ivoiriennes, merci d’avoir toujours été là pour moi

Au Général Dosso, mon acolyte de révision, nos traversées nocturnes seront à jamais gravé dans ma mémoire.

A mes amies et amis de Dakar, Nous partageons de nombreux souvenirs …

A mes amies et amis de Côte d’Ivoire,

Aux amis que je me suis fait et à ceux que j’ai perdu durant cette belle aventure, merci d’avoir fait un jour parti de ma vie, vous avez apporté un plus à mon existence et j’espère en avoir fait de même pour vous.

A mes ainés Docteurs, Merci pour tous vos précieux conseils !

A la communauté ivoirienne de l’EISMV, merci de votre soutien

V


A la 41ème promotion, félicitation à tous pour ces années d’études.

Et à tous ceux que j’oublie, merci d’avoir contribué de près ou de loin à ce moment.

Spécial Big up à la « bande » ! Je vous connais depuis peu les ami(e)s mais on a partagé des moments tellement fou et spéciaux… j’espère que ça durera longtemps !

VI


« Par délibération, la faculté et l’école ont décidé que les opinions émises dans les dissertations qui leurs sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu’elles n’entendent leurs donner aucune approbation, ni improbation ».

VII


LISTE DES ABREVIATIONS %:

Pourcentage

°C :

Degrés Celsius

µg :

Microgramme

4AVet :

Association Vétérinaire pour l’Anesthésie et l’Analgésie Animales

AAHA :

American Animal Hospital Association

ACVA :

American College of Veterinary Anesthesiologists

AG : AINS :

Anesthésie Générale Anti-inflammatoire non stéroïdien

AIS :

Anti-inflammatoire stéroïdien

ALR :

Anesthésie loco-régionale

AMM :

Autorisation de Mise sur le Marché

ASA :

American Society of Anesthesiologists

ASV :

Auxiliaire Service Vétérinaire

ASVA :

American Society of Veterinary Anesthesia

AVA :

Association of Veterinary Anaesthetists

AVMA : BIS :

American Veterinary Medecine Association Indice bispectral

CAM :

Concentration Alvéolaire Minimale

CRI :

Constant rate infusion

ECG :

Electrocardiogramme

ECVAA :

European College of Veterinary Anaesthesia and Analgesia

EISMV :

Ecole Inter-Etat des Sciences et Médecine Vétérinaire

EtCO2 :

End Tidal dioxyde de carbone

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FeCO2 :

Fraction expirée en dioxyde de carbone

FMPO:

Faculté de Médecine, Pharmacie et d’Odontologie

h: IM : IRM : IV : IVAPM :

Heure Intramusculaire Imagerie par Résonnance Magnétique Intraveineux International Veterinary Academy of Pain Management

kg :

Kilogramme

km2 :

Kilomètre carré

mg :

Milligramme

mm :

Millimètre

mn :

Minute

n° :

Numéro

ND

Nom Déposé

:

ODVS :

Ordre des Docteurs Vétérinaires du Sénégal

OMS :

Organisation Mondiale de la Santé

ONV :

Ordre National des Vétérinaires

PIB :

Produit Intérieur Brut

RCP :

Résumé des Caractéristiques du Produit

SC :

Sous cutanée

SNC :

Système nerveux central

SNP :

Système nerveux périphérique

SpO2 :

Saturation pulsée de l’hémoglobine en oxygène

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LISTE DES TABLEAUX Tableau I : Classification du risque anesthésique ................................................................... 20 Tableau II : Récapitulatif de la classification des anesthésiques généraux ............................ 21 Tableau III : Solubilité sang/gaz comparé des agents anesthésiques volatils chez le chien ... 33 Tableau IV : Concentration Alvéolaire Minimale des anesthésiques volatils actuels ............ 33 Tableau V : Classification selon l’OMS des différents paliers de la douleur ......................... 35 Tableau VI : Exemples de Protocole anesthésique pour chien en bonne santé ...................... 40 Tableau VII : Exemples de Protocole anesthésique pour chat en bonne santé ....................... 41

X


LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Schéma fonctionnel d’un neurone. ......................................................................... 12 Figure 2 : Schéma du fonctionnement d’une synapse chimique ............................................. 14 Figure 3 : Schéma du contrôle de la profondeur de l’anesthésie ............................................. 16 Figure 4 : Répartition des vétérinaires selon leur école d’origine......................................... 481 Figure 5 : Répartition des vétérinaires selon leur structure d’exercice ................................. 491 Figure 6 : Présence d’une salle de préparation de l’animal................................................... 492 Figure 7 : Autres équipements .............................................................................................. 514 Figure 8 : Contention chimique sur les animaux................................................................... 525 Figure 9 : Evaluation du risque anesthésique des animaux................................................... 536 Figure 10 : Analgésie pré/per opératoire. .............................................................................. 547 Figure 11 : Perfusions d’antalgique pendant l’anesthésie ....................................................... 54 Figure 12 : Utilisation de l’anesthésie loco-régionale........................................................... 558 Figure 13 : Molécules anesthésique utilisées .......................................................................... 70 Figure 14 : Association médicamenteuse utilisée sur les chats ............................................. 571 Figure 15 : Association médicamenteuse utilisée sur les chiens ........................................... 571 Figure 16 : Types de complication anesthésique rencontrés. ................................................ 582

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TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 1 PREMIERE PARTIE : ANESTHESIE VETERINAIRE ------------------------------------------------------------- 3 CHAPITRE I : ANESTHESIE GENERALE ---------------------------------------------------------------------------- 4 I. A. B.

HISTOIRE ET EVOLUTION DE L’ANESTHESIE --------------------------------------------------------- 4 Notion d’anesthésie ancienne -------------------------------------------------------------------------------------------------- 5 Notion d’anesthésie moderne -------------------------------------------------------------------------------------------------- 5

A. B. C.

SOCIETES SAVANTES ------------------------------------------------------------------------------------------- 6 Définition et intérêts ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 6 Historique des associations d’anesthésistes vétérinaires --------------------------------------------------------------- 6 Association 4AVet pour les vétérinaires francophones ----------------------------------------------------------------- 8

II.

III.

MEDECINE VETERINAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST : ETAT DES LIEUX ------------------- 9

CHAPITRE II : MODE D’ACTION DES MODIFICATEURS DU SYSTEME NERVEUX ---------------- 11 I.

PHYSIOLOGIE DU SYSTEME NERVEUX ---------------------------------------------------------------- 11 Définition et rôle du système nerveux -------------------------------------------------------------------------------------- 11 Classification et organisation ------------------------------------------------------------------------------------------------- 11 Fonctionnement du système nerveux --------------------------------------------------------------------------------------- 12

A. B. C. II. A. B. 1. 2. 3. 4. 5. C. 1. 2. D. 1.

E.

MODIFICATEURS DU SYSTEME NERVEUX------------------------------------------------------------ 14 Mécanisme d’action générale ------------------------------------------------------------------------------------------------- 15 Stade de l’anesthésie générale ----------------------------------------------------------------------------------------------- 15 Stade d’Induction ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 15 Stade d’Excitation------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 15 Stade d’Anesthésie ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 16 Stade de Surdosage ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- 16 Indications thérapeutiques de l’anesthésie vétérinaire-------------------------------------------------------------- 17 Indications thérapeutiques de l’anesthésie vétérinaire ----------------------------------------------------------------- 17 Différents modes d’anesthésie -------------------------------------------------------------------------------------------- 17 Indications de l’anesthésie en pratique vétérinaire ------------------------------------------------------------------ 17 Risque anesthésique. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 19 Appréciation du risque anesthésique ------------------------------------------------------------------------------------ 19 a. Age du patient ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 19 b. Statut physiologique ou classe ASA --------------------------------------------------------------------------------- 19 Classification vétérinaire------------------------------------------------------------------------------------------------------- 20

XII


CHAPITRE III : ANESTHESIE GENERALE DES CARNIVORES DOMESTIQUES SELON LE MODELE DES SOCIETES SAVANTES ------------------------------------------------------------------------------ 23 I. DEROULEMENT CLASSIQUE D’UNE ANESTHESIE GENERALE POUR CARNIVORES DOMESTIQUES ----------------------------------------------------------------------------- 27Erreur ! Signet non défini. A. Temps pré-anesthésique -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 23 1. Evaluation pré-anesthésique du patient--------------------------------------------------------------------------------- 23 a. Consultation pré-anesthésique ---------------------------------------------------------------------------------------- 23 b. Examens complémentaires --------------------------------------------------------------------------------------------- 24 c. Détermination du risque anesthésique et obtention du consentement du propriétaire ------------------ 24 2. Préparation du patient ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 25 a. Traitements préopératoires --------------------------------------------------------------------------------------------- 25 b. Mise à jeun du patient --------------------------------------------------------------------------------------------------- 25 B. Choix du protocole anesthésique -------------------------------------------------------------------------------------------- 26 C. Etapes de l’anesthésie et molécules associées ---------------------------------------------------------------------------- 26 1. Prémédication ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 27 a. Définition et intérêts ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 27 b. Molécules utilisées en prémédication en médecine vétérinaire ---------------------------------------------- 28 2. Induction et maintenance de l’anesthésie générale chez les carnivores domestiques ---------------------- 30 a. Différentes modalités de l’induction et de la maintenance anesthésique ---------------------------------- 30 b. Molécules utilisés en anesthésie injectable ------------------------------------------------------------------------ 31 c. Molécules de l’anesthésie volatile ----------------------------------------------------------------------------------- 33 3. Phase de réveil ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 34 D. Gestion de la douleur tout au long de l’anesthésie ---------------------------------------------------------------------- 34 1. Principes généraux de la prise en charge de la douleur ------------------------------------------------------------ 35 2. Molécules à disposition des vétérinaires pour l’analgésie des carnivores domestiques ------------------- 36 E. Surveillance des fonctions vitales pendant l’anesthésie des carnivores domestiques et gestion des complications----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 37 1. Surveillance de l’anesthésie en milieu vétérinaire ------------------------------------------------------------------- 37 2. Gestion des complications lors de l’anesthésie en médecine vétérinaire -------------------------------------- 38 a. Principes généraux ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 38 b. Techniques et médicaments utilisés en médecine vétérinaire pour la gestion des complications --- 38 II.

EXEMPLE DE PROTOCOLES ANESTHESIQUES POUR CARNIVORES DOMESTIQUES ----- 39

III. RECOMMANDATIONS DES SOCIETES SAVANTES POUR L’ANESTHESIE DES CARNIVORES -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 42 DEUXIEME PARTIE: ETUDE SUR LA PRATIQUE ET LES MOYENS MIS EN OEUVRE POUR L’ANESTHESIE DES CHIENS ET CHATS – RESULTATS D’UNE ENQUETE AUPRES DES VETERINAIRES PRATICIENS AU SENEGAL --------------------------------------------------------------------- 44 CHAPITRE I : METHODOLOGIE ------------------------------------------------------------------------------------- 45 I.

OBJECTIFS DE L’ETUDE ------------------------------------------------------------------------------------- 45

II.

ZONE D’ETUDE -------------------------------------------------------------------------------------------------- 45

XIII


III. A. B.

MATERIEL ET METHODES ---------------------------------------------------------------------------------- 46 Matériel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 46 Méthodes --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 46 1. Réalisation du questionnaire ---------------------------------------------------------------------------------------------- 46 2. Traitement des données ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 47

CHAPITRE II : RESULTATS ------------------------------------------------------------------------------------------- 48 I. A. B. II.

DONNEES CONCERNANT LE VETERINAIRE ET SA STRUCTURE ----------------------------- 48 Ecole vétérinaire d’origine ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 48 Type de structure d’exercice -------------------------------------------------------------------------------------------------- 48

A. B. C. D. E. F. G. H. I. J.

EQUIPEMENTS DE LA STRUCTURE ---------------------------------------------------------------------- 49 Possession d’une salle de préparation de l’animal ---------------------------------------------------------------------- 49 Possession d’un bloc opératoire---------------------------------------------------------------------------------------------- 50 Possession d’une salle de réveil ---------------------------------------------------------------------------------------------- 50 Possession d’une source d’oxygène ----------------------------------------------------------------------------------------- 50 Possession d’une machine d’anesthésie gazeuse ------------------------------------------------------------------------ 50 Possession d’un monitorage d’anesthésie --------------------------------------------------------------------------------- 50 Possession d’un respirateur d’anesthésie ---------------------------------------------------------------------------------- 50 Possession d’une trousse ou d’un chariot d’urgence ------------------------------------------------------------------- 50 Autres équipements ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 51 Entrainement du personnel soignant à la surveillance de l’anesthésie et aux manœuvres de réanimations. 51

III. A. B. C. D. E. F. G. H. I. J.

ANESTHESIQUE ET CHIRURGIE -------------------------------------------------------------------------- 52 Pratique de la contention chimique ----------------------------------------------------------------------------------------- 52 Réalisation de consultations pré anesthésiques -------------------------------------------------------------------------- 52 Evaluation du risque anesthésique ------------------------------------------------------------------------------------------ 53 Diète hydrique avant opération----------------------------------------------------------------------------------------------- 53 Prémédication injecté séparément de l’anesthésique ------------------------------------------------------------------- 53 Analgésie pré/per opératoire -------------------------------------------------------------------------------------------------- 54 Perfusion d’antalgique pendant l’anesthésie ------------------------------------------------------------------------------ 54 Anesthésie loco-régionale ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 55 Analgésie post opératoire ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 55 Molécules et fournisseur ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 55

IV.

PROTOCOLE ANESTHESIQUE ----------------------------------------------------------------------------- 57

V.

COMPLICATION PER ET POST OPERATOIRES ------------------------------------------------------ 58 Complications anesthésiques ------------------------------------------------------------------------------------------------- 58 Morts répertoriées au cours des deux dernières années ---------------------------------------------------------------- 58

A. B.

CHAPITRE III : DISCUSSION ------------------------------------------------------------------------------------------ 59 I.

CHOIX DE LA THEMATIQUE ------------------------------------------------------------------------------- 59

II.

DIFFICULTES RENCONTREES ----------------------------------------------------------------------------- 59

XIV


III. A. B. 1. 2.

C. 1.

2. D. 1. 2.

ANALYSE DES RESULTATS --------------------------------------------------------------------------------- 60 Gestes techniques liés à l’anesthésie ---------------------------------------------------------------------------------------- 60 Utilisation des agents anesthésiques ---------------------------------------------------------------------------------------- 60 Généralités --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 60 Molécules utilisées ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 61 a. Molécules de la prémédication---------------------------------------------------------------------------------------- 61 b. Molécules de l’induction et de la maintenance ------------------------------------------------------------------- 63 Gestion de la douleur ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 63 Techniques utilisées --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 63 a. Administration d’analgésiques pré, per ou post-opératoire---------------------------------------------------- 63 b. Autres modes d’analgésie ---------------------------------------------------------------------------------------------- 64 Molécules de l’analgésie --------------------------------------------------------------------------------------------------- 64 Complications et mortalité anesthésique observées par les vétérinaires------------------------------------------- 65 Surveillance de l’anesthésie ----------------------------------------------------------------------------------------------- 65 Complications anesthésiques ---------------------------------------------------------------------------------------------- 66 a. Complications observées ----------------------------------------------------------------------------------------------- 66 b. Gestion des complications --------------------------------------------------------------------------------------------- 67

CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS ---------------------------------------------------------------------------- 68 CONCLUSION -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 70 REFERENCES -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 73 I.

BIBLIOGRAPHIE ------------------------------------------------------------------------------------------------ 73

II.

WEBOGRAPHIE ------------------------------------------------------------------------------------------------- 77

Annexe 1 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Annexe 2 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Annexe 3 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

XV


INTRODUCTION La science vétérinaire est l'application des principes de la médecine, du diagnostic et de la thérapeutique à toutes les catégories d’animaux : animaux de production, de compagnie et sauvages. Cette science vitale pour l'étude et la protection de l'élevage, de la santé des troupeaux et du suivi de la propagation des maladies, participe également à la sauvegarde de la santé humaine. La médecine vétérinaire existe depuis aussi longtemps que la relation homme/animal. Cependant, ces dernières décennies, cette relation a beaucoup évolué. En effet, L'animal qui auparavant était un objet au service de l'homme (exemple de l’agriculture), va grâce aux courants humanistes des pays du Nord, être reconsidéré dans les sociétés. Cela va se traduire par l’apparition d’une nouvelle politique : le Zoocentrisme (l’animal au centre). C’est ainsi que la notion de « bien être animal » naquit dans les pensées communes et que la maltraitance animale, pris une importance dans la juridiction. Cette nouvelle notion est axée autour de cinq (5) principes fondamentaux que sont : -

Absence de douleur, lésion ou maladie.

-

Absence de stress climatique ou physique.

-

Absence de faim, de soif ou de malnutrition.

-

Absence de peur et de détresse.

-

Possibilité d’exprimer des comportements normaux, propres à chaque espèce.

Ce changement d’attitude vis-à-vis de l’animal va s’accompagner d’une évolution fulgurante de la médecine vétérinaire. En effet, le développement et la mise à disposition de nouvelles technologies en matière de thérapeutique et de diagnostic telles que les radios, échographes ou encore les anesthésiques, vont propulser la médecine vétérinaire au même rang que la médecine humaine. Désormais, les animaux bénéficient de soins plus sophistiqués et mieux adaptés à chaque espèce. Notamment en chirurgie, où le principe « d’absence de douleur chez l’animal » sera mis en avant. Il ne s’agira donc plus, uniquement d’endormir l’animal pour faciliter l’acte chirurgical mais plutôt de veiller à ce qu’il ne ressente aucune douleur suite à l’acte, aussi bien pendant la phase de sommeil artificiel qu’après le réveil de l’animal. C’est ainsi que la spécialité d’anesthésiologiste vétérinaire vit le jour. Aujourd’hui, à son apogée dans les pays du Nord, elle s’installe peu à peu dans les mentalités africaines.

1


Ce travail de thèse s’intéressera donc à l’anesthésie vétérinaire au Sénégal. A savoir quel est sa place dans la pratique vétérinaire sénégalaise. Est-elle correctement mise en œuvre ? A quel stade d’évolution de cette pratique se situent les praticiens Dakarois ? À travers ce document, nous nous proposons dans la première partie de présenter ce qu’est l’anesthésie vétérinaire et d’exposer les recommandations des sociétés savantes en matière de bonne pratique. Dans la seconde partie, seront présentés la méthode et les résultats d’une enquête réalisée auprès de vétérinaires praticiens et qui s’attache à évaluer la pratique anesthésique vétérinaire au Sénégal. Seule l’anesthésie des chiens et chats vous seront décrits dans ce manuscrit, c’est-à-dire les protocoles choisis par les praticiens, les moyens de surveillance des fonctions vitales qu’ils mettent en place. Puis, les résultats de cette enquête seront analysés et discutés afin de mettre en lumière les points positifs ou les améliorations potentielles à apporter dans la pratique anesthésique des vétérinaires au Sénégal.

2


PREMIERE PARTIE : ANESTHESIE VETERINAIRE

3


CHAPITRE I : ANESTHESIE GENERALE

L'anesthésie se définit comme étant une abolition induite de la conscience et une incapacité à percevoir la douleur. Elle correspond à un ensemble de techniques qui permettent et facilitent la réalisation d’un acte chirurgical, obstétrical ou médical (endoscopie, radiologie...), en supprimant ou en atténuant la douleur. L’anesthésie est provoquée par l’administration de molécules agissant sur le tissu nerveux à l’échelle d’un membre, d’une région du corps ou bien au niveau du Système Nerveux Central (SNC) (Thurmon et Short, 2007). Il existe deux grands types d’anesthésie: -

l’anesthésie générale

-

l’anesthésie loco - régionale.

I.

HISTOIRE ET EVOLUTION DE L’ANESTHESIE

Le terme « anesthésie » dérive du grec « anaïsthaesia » qui signifie la « perte de sensibilité ». Il est généralement utilisé pour décrire la perte de sensation de tout ou une partie du corps. L’histoire de l’anesthésie remonte très loin dans le temps. En effet, on retrouve dans la Bible la trace d’un « profond sommeil » dans lequel fut plongé Adam afin de fournir une côte, nécessaire à la création d’Eve (Bourgelat, 1795). Plus concrètement, les hommes ont de tout temps pratiqué des interventions au cours desquelles différentes méthodes étaient utilisées dans le but d’atténuer les souffrances du patient. Parmi ces méthodes, on peut citer l’enivrement et l’étouffement pratiqués par les médecins Français du XIVe siècle, ou encore l’absorption de « potion calmante » à base d’extrait de mandragores ou de chanvre indien dont les propriétés narcotiques et analgésiques ont été découvertes depuis l’antiquité. Ces pratiques presque totalement abandonnées durant le moyen âge du fait de préjugés, reprirent néanmoins leur cours avec le début de la période de renaissance en dévoilant un large éventail de molécules et techniques dont l’inhalation de gaz.

La deuxième guerre mondiale fût également un formidable laboratoire pour la médecine dans son ensemble et l’anesthésie en particulier. La notion d’anesthésie va considérablement évoluer grâce au progrès de la physiologie entraînant par la même occasion la découverte de molécules de plus en plus spécifiques. Les moyens techniques de surveillance et de réanimation des patients devenant très performants, toutes les conditions sont alors réunies pour permettre le développement de cette discipline dans le monde vétérinaire.

4


A. Notion d’anesthésie ancienne A ces débuts, l’anesthésie avait pour but de permettre la réalisation d’une chirurgie ou d’un geste chirurgical douloureux. Face à la force et l’agressivité des animaux dans des situations algiques, la perte transitoire de conscience et l’immobilité du patient étaient indispensables. L’anesthésie se résumait donc à une narcose associée à une analgésie macroscopique ; le patient dort, ne réagit pas, donc ne peut souffrir.

B. Notion d’anesthésie moderne Les échecs post opératoires en dépit de chirurgies parfaitement exécutées ont permis de remettre en cause la notion d’analgésie macroscopique ; le patient peut-il souffrir alors même qu’il dort ? Le développement de la physiologie a permis de répondre à ces interrogations et à partir de là d’élargir la notion d’anesthésie générale. Cette nouvelle notion s’articule donc autour de quatre effets physiologiques majeurs que sont la narcose, l’analgésie, la myorésolution et la protection neurovégétative. -

La narcose ou perte de conscience correspond à un état de sommeil plus ou moins profond, pharmacologiquement induit. Les substances utilisées ont une action corticale prédominante.

-

L’analgésie est la suppression plus ou moins totale de la douleur. Elle peut être périphérique : au niveau des trajets nerveux sensitifs, ou centrale, avec une action corticale, limbique ou thalamique.

-

La

myorésolution

correspond

à

un

relâchement

musculaire,

favorable

à

l’accomplissement de certains actes chirurgicaux. Si elle est insuffisante, elle peut être complétée par des substances agissant sur la plaque motrice des neurones moteurs par paralysie ou relâchement. -

La protection neurovégétative est la protection du sujet face à l’agression chirurgicale. Les deux cibles majeures sont la formation réticulée et l’hypothalamus. Il s’agit d’un traitement préventif du choc chirurgical. Les substances utilisées ont une action sur le système neurovégétatif. Une balance anesthésique appropriée et bien maitrisée permet de réduire la réponse endocrinienne et autonome de l’animal au stress chirurgical et

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contribue donc au maintien des fonctions vitales tout au long de l’acte chirurgical (Cuvelliez et al, 2007).

L’anesthésie chirurgicale d’autrefois nécessitait une intoxication profonde par un agent anesthésique puissant, entraînant une dépression majeure des fonctions cardiovasculaires et ventilatoires. L’anesthésie de nos jours associe à un anesthésique (de plus en plus synonyme de narcotique) des substances analgésiques, neuro-protectrices et myorelaxantes. Ces substances sont utilisées en prémédication car il n’existe pas de molécule capable à elle seule de remplir toutes ces fonctions.

II. SOCIETES SAVANTES L’évolution fulgurante de l’anesthésiologie ces dernières décennies, a fortement contribué à la création d’institutions (aussi appelé sociétés savantes) spécialisés dans l’anesthésie vétérinaire.

A. Définition et intérêts Les sociétés savantes sont des associations d’anesthésistes vétérinaires qui contribuent à l’amélioration constante de la pratique anesthésique vétérinaire dans le monde. Le but de ces institutions est de promouvoir les bonnes pratiques anesthésiques et de guider les vétérinaires dans leur exercice de l’anesthésie voire même de délivrer des accréditations aux structures respectant leurs recommandations. En effet, à défaut d’avoir une législation spécifique et précise en matière d’anesthésie vétérinaire, les praticiens, étudiants et autres personnes de la profession, peuvent par le biais de ces associations, bénéficier de l’expérience de spécialistes en anesthésie vétérinaire. La formation de résidents en anesthésiologie est dispensée par des collèges européens et américains qui ont également en charge l’examen permettant de devenir spécialiste en anesthésie vétérinaire.

B. Historique des associations d’anesthésistes vétérinaires C'est au début des années 1960 aux Etats-Unis qu'est né l'intérêt des vétérinaires pour la maitrise de l'anesthésie. En effet, cette spécialité bien que présente en médecine vétérinaire, n'était jusqu'à là reconnue et valorisé qu'en médecine humaine. L'intérêt grandissant des

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vétérinaires pour l'anesthésie va permettre à quelques privilégiés de bénéficier d'invitations de la part des anesthésistes humains, afin de participer à des programmes de formation, et d'y apprendre davantage sur les techniques anesthésiques utilisées en anesthésie humaine, ainsi que le développement de nouvelles molécules. C'est en 1970, que les premiers regroupements de vétérinaires anesthésistes ont eu lieu aux Etat-Unis (Muir, 2007) et ont donnée naissance à la première société savante d'anesthésistes vétérinaires : "l'American Society of Veterinary Anesthesia" (ASVA), ouverte à tout membre de la profession ayant un intérêt pour l'anesthésie. Les objectifs de cette société étaient de contribuer à l'amélioration des techniques d’anesthésie vétérinaire et de diffuser les connaissances acquises par ses membres autant que possible auprès des praticiens. Plusieurs réunions scientifiques et éducatives ont alors vu le jour, de même que de nombreux articles publiés dans les revues scientifiques puis dans le journal de l’ASVA. Cependant, c'est bien plus tard, en 1975, au cours d'une réunion de : "l'American Veterinary Medical Association" (AVMA) à Boston, que l'analyse de la situation de l'anesthésie vétérinaire, a révélé que le nombre de vétérinaires consacrant des efforts à temps plein pour l'anesthésie vétérinaire était suffisant pour soutenir la création d'une spécialité et par la même occasion du premier collège d'anesthésistes vétérinaires : "American College of Veterinary Anesthesiologists" (ACVA). Puis, entre 1975 et 1980, l’enseignement de l’anesthésiologie s’est développé grâce à la création de postes de professeurs d’anesthésiologie vétérinaire au sein des universités du pays ; des programmes de résidence ont aussi été mis en place, de même que des programmes de formation continue et des tests d’évaluation des praticiens. Finalement, l’ACVA a reçu l’accréditation globale de l’AVMA en 1980. A niveau européen, les vétérinaires anesthésistes se sont aussi organisés en associations, parmi lesquelles figure l’Association of Veterinary Anaesthetists (AVA). Par la suite, l’European College of Veterinary Anaesthesia and Analgesia (ECVAA) a été créé en 1998. L’ACVA et l’ECVAA ont donc contribué aux avancées en anesthésiologie vétérinaire à l’échelle mondiale, en mettant en place des formations diplômantes en anesthésie vétérinaire et en éditant des guides de bonne pratique. Ainsi, en dehors de toute obligation légale, le respect des recommandations publiées régulièrement par les associations de vétérinaires anesthésistes constitue une ligne directrice essentielle aux vétérinaires pour leur pratique quotidienne de l’anesthésie et un gage de qualité anesthésique reconnu.

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C. Association 4AVet pour les vétérinaires francophones Le 14 Décembre 2000 à Paris, l’Association Vétérinaire pour l’Anesthésie et l’Analgésie Animales (4AVet), association sans but lucratif de vétérinaires francophones spécialisés ou intéressés par l’anesthésie et l’analgésie chez toutes les espèces animales, a été créée par des enseignants-chercheurs des écoles vétérinaires françaises, canadiennes et suisses désireux de partager leurs expériences et leur savoir-faire (4AVet, 2012). Ces vétérinaires et enseignantschercheurs ont par la suite été rejoints par des spécialistes francophones provenant de divers pays, et travaillent en étroite collaboration avec l’AVA et « l’International Veterinary Academy of Pain Management » (IVAPM).

L’association 4AVet a trois objectifs principaux, que sont : -

développer et promouvoir des axes de recherche en matière d'anesthésie et d'analgésie ;

-

éditer des guides en matière de bonnes pratiques d'anesthésie et d'analgésie ;

-

promouvoir l'information et la formation des vétérinaires sur le sujet et contribuer ainsi au bien-être animal.

Pour atteindre ces objectifs, l’association propose à tous les vétérinaires, ainsi qu’à leurs Auxiliaires Spécialisées Vétérinaires (ASV), différents outils théoriques et pratiques. De nombreuses campagnes de communication portant sur la douleur post opératoire et l’amélioration des pratiques anesthésiques, ont été réalisées, en association avec différents laboratoires pharmaceutiques. Des outils informatiques sont mis à disposition des praticiens sur le site internet de l’association ; ce sont des feuilles de calcul pour les protocoles anesthésiques, des didacticiels (par exemple pour l’utilisation d’une machine d’anesthésie gazeuse) et des documents utiles pour l’anesthésie des animaux (feuille de consentement éclairé, feuille de suivi anesthésique, feuille d’évaluation de la douleur…) (Annexe 1). Enfin, le site fournit également des documents didactiques sur l’anesthésie et ses risques ainsi que des recommandations officielles publiées par l’AVA. La 4AVET a été la première association dans le monde à regrouper des spécialistes dans le domaine de l’anesthésie et l’analgésie vétérinaires, et ce sans restriction d’espèces animales, s’articulant à l’échelle des vétérinaires francophones en France, au Québec, en Suisse, en Belgique et à l’étranger (4AVET, 2012).

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III.

MEDECINE VETERINAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST : ETAT DES LIEUX

Les origines de la médecine vétérinaire dans le monde remontent à l’antiquité. On retrouve par ailleurs les traces de son passage en Afrique, en particulier dans les civilisations Egyptienne et Peulh (Pol Jeanjot-Emery, 2003 ; Ba et Daget, 1962). Cependant, la profession vétérinaire telle que nous la connaissons aujourd’hui (scientifique et moderne) dans le monde, s’est développée au cours des XVIIIe et XIXe siècles. C’est à cette époque là qu’est née la première école vétérinaire mondiale à Lyon (France, 1761) sous l’impulsion d’un grand homme de science : Claude Bourgelat. L’exportation de cette nouvelle discipline sur le continent africain, s’est faite par le biais de la colonisation. En effet, La politique de colonisation suivie par les Britanniques, les Hollandais, les Français et les Portugais au début du XXe siècle, aura entraîné l'introduction d’un nombre croissants d'animaux de races européennes dans les pays tropicaux (Henderson, 1986). Aussi, pour assurer une bonne adaptation de ces races exotiques à leur nouvel environnement et répondre à leur besoins spécifiques, de nouveaux services ont vu le jour dans l’administration coloniale africaine; les services vétérinaires. Cependant, à partir de 1960, les pays d’Afrique notamment ceux de l’ouest réclament et obtiennent leur indépendance. Celle-ci va se traduire par un départ massif des administrateurs de la colonisation, ce qui entrainera un affaiblissement général de l’administration en particulier des services vétérinaires. Néanmoins, la mise en place de nouvelles structures et de nouveaux accords de coopération internationaux va relancer les activités des établissements administratifs et permettre aux services vétérinaires de continuer à exister. De plus, la pénurie en personnels qualifiés pour les services vétérinaires à laquelle les pays d’Afrique de l’ouest ont été confrontés après les indépendances a suscité une prise de conscience et motivé la création d’une école vétérinaire en Afrique noire pour la formation de cadres locaux. C’est ainsi que la première école vétérinaire d’Afrique de l’ouest et du centre, vit le jour à Dakar (Sénégal) en 1968. Cette école panafricaine sera la preuve de la volonté de l’Afrique de l’ouest et du centre à s’impliquer dans l’ascension de la profession vétérinaire. C’est ainsi qu’elle s’est adaptée à l’évolution médicale de la profession vétérinaire, elle a revue ses curricula pour intégrer au cours de cette année universitaire 2014/2015 l’enseignement de l’anesthésiologie. L’enseignement de cette nouvelle discipline va d’avantage promouvoir l’exercice de la profession vétérinaire au Sénégal qui a connu un développement important au début des années 1990. En effet, la mise en place du programme de départ volontaire de la Fonction

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Publique va permettre à un grand nombre de docteurs vétérinaires et de techniciens d’élevage de quitter le service public pour s’installer en clientèle privée. Aussi l’Etat Sénégalais dans une volonté d’accompagnement de ce processus va promulguer une loi et des décrets, que sont ; la loi n° 92-52 du 10 juillet 1992 portant création de l'Ordre des Docteurs Vétérinaires du Sénégal, le décret n° 93-514 du 27 avril 1993 portant Code de Déontologie de la médecine vétérinaire et le décret n° 95-645 du 6 juillet 1995 instituant le mandat sanitaire, favorisant ainsi la libéralisation de la profession (Sénégal, 1992).

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CHAPITRE II : MODE D’ACTION DES MODIFICATEURS DU SYSTEME NERVEUX

I.

PHYSIOLOGIE DU SYSTEME NERVEUX A. Définition et rôle du système nerveux

Le système nerveux est un système complexe qui tient sous sa dépendance toutes les fonctions de l’organisme. Il se compose de centres nerveux, qui sont chargés de recevoir, d’intégrer et d’émettre des informations, et de voies nerveuses qui sont chargées de conduire ces informations. Il sert à nous mettre en relation avec le milieu extérieur.

B. Classification et organisation On distingue le système nerveux central (SNC) formé par l’encéphale et la moelle épinière, du système nerveux périphérique (SNP) composé de nerfs et ganglions. Ces différents systèmes nerveux, possèdent deux types cellulaires de base : le neurone et les cellules gliales de soutien (support structural intime et métabolique des neurones). Les neurones sont dotés de propriétés particulières qui leur permettent de recevoir l’information, de la traiter et de la transmettre aux autres cellules. (Eckert et al, 1999) Bien que les neurones varient largement en taille et en forme, chaque neurone présente typiquement la même structure. Comme le montre la figure 1, on y distingue : -

Des dendrites : fines ramifications s’étendant à partir du soma ;

-

Un corps cellulaire ou soma : partie centrale de la cellule contenant le noyau et où s’opère les biosynthèses ;

-

Un axone : autre expansion du soma (long prolongement)

-

Des ramifications terminales de l’axone

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Figure 1 : Schéma fonctionnel d’un neurone. (Eckert et al, 1999)

Les neurones sont classés dans l’organisme, en trois types fonctionnels : -

Les neurones sensoriels, qui transmettent l’information collectée à partir des stimuli externes (sons, lumière, pression et signaux chimiques) ou qui répondent aux stimuli provenant de l’intérieur du corps (comme le niveau d’oxygène sanguin, la position d’une articulation, ou l’orientation de la tête) ;

-

Les interneurones, qui connectent les autres neurones à l’intérieur du système nerveux ;

-

Les motoneurones qui transportent les signaux aux organes effecteurs, provoquant la contraction des muscles ou des sécrétions par les cellules glandulaires (Eckert et al, 1999).

C. Fonctionnement du système nerveux L’activité d’un animal dépend du fonctionnement coordonné de manière précise d’un grand nombre d’unités cellulaires (Eckert et al, 1999). Tous les neurones du corps, avec les cellules de soutien appelées cellules gliales (ou névroglie) forment le système nerveux, qui collecte et traite l’information, l’analyse, et élabore une réponse coordonnée pour contrôler les comportements complexes (Gilles et al, 2006). 12


L’entrée des signaux en provenance d’autres neurones se fait par les dendrites, qui peuvent ainsi être considérés comme étant la région réceptrice du neurone. L’axone, qui prend origine au niveau du cône d’émergence du soma, sert à conduire les potentiels d’actions de nature électrique, formés suite au traitement de l’information par le corps cellulaire, vers l’arborisation terminale du neurone. À partir de là, des jonctions neuro-effectrices prennent le relais. Ces jonctions communément appelés synapses, ont pour rôle de transférer le potentiel d’action en provenance de l’axone vers des cellules nerveuses, musculaires ou encore glandulaires. On distingue 2 types de synapses : -

la synapse électrique : le signal est transmis à l’aide d’une jonction communicante (gapjunction)

-

la synapse chimique : le signal agit par l’intermédiaire de neurotransmetteurs (composé chimique agissant sur d’autres cellules)

La synapse chimique qui est celle majoritairement représentée dans l’organisme se compose de trois éléments : la membrane du neurone pré synaptique, la fente synaptique et la membrane de la cellule post synaptique. (Figure 2) Ainsi, en fonction du type de cellule post synaptique que nous avons, la synapse chimique prend différentes appellations. On en distingue trois, que sont : -

la synapse axo somatique

-

la synapse axo axonale

-

la synapse axo dendritique

Cependant, sous la forme de micro-circuits récurrents, les dendrites peuvent aussi se projeter directement sur des dendrites (synapses dendro-dendritiques) ou sur des axones (synapses dendro-axoniques) (Wehner et Gehring, 1999).

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Figure 2 : Schéma du fonctionnement d’une synapse chimique. (James, 2014)

Les neurotransmetteurs ou neuromédiateurs sont des substances chimiques stockées au niveau de l'élément pré-synaptique dans des vésicules ou parfois dans les cellules gliales. Le contenu de ces vésicules est généralement libéré dans l'espace synaptique, au moment de l'arrivée d'un potentiel d'action, puis, diffuse vers les récepteurs transmembranaires localisés dans la membrane de la cellule post-synaptique. Selon la nature du neurotransmetteur, l'élément post-synaptique aura comme réponse un potentiel post-synaptique inhibiteur (Glycine) ou excitateur (glutamate, acétylcholine). Il existe différents types de neurotransmetteurs et de récepteurs transmembranaires.

II.

MODIFICATEURS DU SYSTEME NERVEUX

On désigne sous le nom de modificateurs du système nerveux, toutes substances, qu’elles soient synthétiques ou naturelles, susceptibles d’interférer dans le bon fonctionnement des structures nerveuses. Les modificateurs du système nerveux les plus connus sont les anesthésiques et les analgésiques.

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A. Mécanisme d’action générale Les modificateurs du système nerveux sont nombreux et très utilisés dans le monde vétérinaire. Ils agissent principalement sur la transmission de l’influx nerveux, mais chacun à des niveaux différents, que sont : -

L’excitation du neurone

-

La conduction de l’influx nerveux

-

La synthèse du neurotransmetteur

-

La libération du neurotransmetteur

-

La fixation du neurotransmetteur sur ses récepteurs

-

La dégradation du neurotransmetteur.

B. Stade de l’anesthésie générale L’anesthésie générale se décline en 4 stades, que sont : -

Stade 1 : l’Induction

-

Stade 2 : l’Excitation

-

Stade 3 : l’Anesthésie

-

Stade 4 : le Surdosage

Chacune de ces étapes est marquée par des signes cliniques qui permettent de les reconnaître. (Figure 3) 1. Stade d’Induction Le Stade d’induction est le point de départ de toute anesthésie générale. Elle a pour but de tranquilliser et d’induire un début d’analgésie à l’animal. Durant cette étape, l’animal ne présente pas de grande modification clinique sauf en cas d’anxiété ou il y a alors accélération du rythme cardiaque. 2. Stade d’Excitation Le stade d’excitation survient juste après celui de l’induction. C’est une étape critique pour la survie de l’animal. En effet, durant ce stade, l’animal perd le contrôle de ses facultés et rentre dans une phase d’excitation involontaire. Cliniquement, cela se traduit par une augmentation du tonus musculaire, une hyperventilation, une augmentation de la fréquence cardiaque, une mydriase et un nystagmus. Ce stade d’excitation est bref et peut ne pas apparaitre avec les anesthésiques généraux modernes.

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3. Stade d’Anesthésie Lors de cette étape, l’animal tombe dans un état d’inconscience (narcose) variable selon la dose d’anesthésique administrée. Cliniquement, elle se distingue en trois (3) plans : -

L’anesthésie légère : on y observe un rétablissement des fréquences cardiaques et respiratoires accompagnées d’une baisse du tonus musculaire. Tous les réflexes sont normaux à ce stade.

-

L’anesthésie moyenne ou modérée : elle se traduit par une perte des réflexes (cutanée, plantaire, lingual et de la toux), une diminution modéré des fréquences cardiaques, respiratoires et thermiques et une baisse de la tonicité musculaire. C’est généralement à ce stade que se font la plupart des interventions chirurgicales.

-

L’anesthésie profonde : On note une perturbation de la respiration et de la fréquence cardiaque, une accentuation de la myorésolution et de la mydriase, ainsi qu’une disparition des réflexes photomoteurs et cornéens. A ce niveau, l’animal se rapproche d’un seuil critique.

4. Stade de Surdosage C’est le stade le plus dangereux. L’animal entre en arrêt cardiaque et respiratoire suite à l’intoxication de ses centres nerveux par de forte dose d’anesthésique et peut en succomber.

Figure 3 : Schéma du Contrôle de la profondeur de l’anesthésie (Hugron et al, 2005)

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5. Indications thérapeutiques de l’anesthésie vétérinaire L’anesthésie des animaux peut être assimilée à l’anesthésie des enfants ou plus généralement des patients dits « non communiquants » en médecine humaine. Dans un article sorti en 2003, Claude Lamarre présente l’importance de la sédation chez les enfants. En effet, elle a l’avantage d’augmenter la sensibilité de certains tests, tels les examens d’imagerie nécessitant une immobilité parfaite, et permet également d’éviter des contentions physiques traumatisantes pour l’enfant, qui compromettent généralement ses futures relations avec le corps médical (Lamarre, 2003).

C. Indications thérapeutiques de l’anesthésie vétérinaire 1. Différents modes d’anesthésie Dans la littérature, plusieurs modes d’anesthésie sont classiquement décrits: -

L’anesthésie volatile : elle est basée sur l’administration d’un mélange gazeux par inhalation au patient.

-

L’anesthésie injectable : l’anesthésie est généré et entretenue grâce à l’administration intraveineuse, intramusculaire ou sous-cutanée (voire intra-péritonéale pour des espèces de petit gabarit) d’un ou plusieurs anesthésiques en solution (Thurmon et Short, 2007).

-

L’anesthésie orale ou rectale

2. Indications de l’anesthésie en pratique vétérinaire En Médecine vétérinaire, l’anesthésie a de nombreuses indications : -

La réalisation d’actes chirurgicaux: c’est l’indication principale de l’anesthésie en médecine vétérinaire, notamment grâce aux effets analgésique et myorelaxant de certaines molécules.

-

La contention chimique : c’est une autre indication majeure de l’anesthésie en médecine vétérinaire. Généralement, elle s’applique sur des animaux au tempérament agressif, pour lesquels un simple examen clinique est impossible, ou encore chez des animaux dont la manipulation d’une région du corps semble douloureuse.

-

Le transport des animaux peut également être facilité par des molécules anesthésiques ou sédatives. En effet, de nombreuses molécules aux propriétés sédatives sont

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désormais disponibles sur le marché, sous forme de comprimés ou de granulés facilement administrable par le propriétaire, plusieurs heures avant le transport de l’animal. On peut citer comme exemple, l’acépromazine qui est une molécule de la famille des phénothiazines, procurant un effet sédatif et antiémétique à l’animal. On le retrouve dans le commerce sous forme de comprimés (Calmivet®, laboratoire Vétoquinol) ou de granulés (Vetranquil®, laboratoire CEVA Santé animale) (Le Point Vétérinaire, 2012). -

Certaines procédures de diagnostic sont étroitement dépendantes de l’anesthésie. En particulier pour les différents examens d’imagerie maintenant réalisés en médecine vétérinaire tels que : la radiographie, l’endoscopie, l’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM), le Scanner. En outre, les différentes prises de vue nécessitant de nombreuses secondes d’immobilité totale ou plusieurs répétitions, rendent l’anesthésie générale de l’animal indispensable.

-

La capture d’animaux sauvages, en cas de soins ou pour un transport de l’animal. L’anesthésié se fait généralement à distance notamment grâce à des fléchettes anesthésiantes : on parle alors de téléanesthésie.

-

L’euthanasie : Lorsqu’une décision de fin de vie est prise par un propriétaire en accord avec le vétérinaire, l’anesthésie est un élément indispensable à la procédure. En effet, si elle est réalisée avant l’injection létale, l’anesthésie offre de nombreux avantages. Elle permet tout d’abord une mort calme et sans douleur à l’animal, même si certaines réactions involontaires telles que des tremblements ne peuvent être évitées. Lorsque le propriétaire souhaite être présent, elle contribue à ce que l’acte soit vécu le moins difficilement possible. De plus, L’American Veterinary Medecine Association (AVMA) a émis des recommandations concernant le déroulement de l’euthanasie : l’anesthésie fait partie de la méthode idéale d’euthanasie, puisqu’une mort dans des conditions acceptables à la fois pour l’animal et pour son propriétaire ne doit générer ni anxiété ni douleur chez l’animal ; la perte de conscience avant de provoquer la mort est donc indispensable (Lamarre, 2011)

-

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D. Risque anesthésique. Le risque anesthésique peut être défini comme la probabilité de survenue d’un accident fatal au cours de l’anesthésie ou d’une issue défavorable suite à l’anesthésie (Muir, 2007) La quantification du risque anesthésique est rendue complexe par l’existence de plusieurs biais. En effet, la pratique de l’anesthésie étant le plus souvent en lien avec une chirurgie, il est souvent difficile de distinguer quelle est la part de décès uniquement imputables à l’anesthésie car le taux de mortalité exprimé dans la plupart des études est dit «periopératoire».

1. Appréciation du risque anesthésique L’appréciation du risque anesthésique se fait selon divers facteurs, et dépend notamment de la compétence de l’anesthésiste, des molécules utilisées, de la durée de l’anesthésie, de la race de l’animal et, enfin, de l’âge et du statut physiologique du patient (Cuvelliez et al, 2007).

a. Age du patient L’âge n’est pas considéré comme une contre-indication à l’anesthésie. Cependant, il est intéressent de le prendre en compte dans l’appréciation du risque anesthésique comme dans le cas d’un animal âgé. En effet, ce type d’animal est généralement plus exposé aux complications du fait de la diminution de ses capacités métaboliques (Hosgood et Scholl, 1998).

b. Statut physiologique ou classe ASA Le statut physiologique du patient est à ce jour le critère le plus pertinent pour évaluer le risque anesthésique, d’autant plus s’il est combiné à l’âge du patient (Donati et al, 2004 ; Wolters et al, 1996). Instauré par l’American Society of Anesthesiologists (ASA) en 1961, la classification ASA se distingue en six classes de risque qui permettent de graduer pour un patient donné, selon son état de santé au moment de l’anesthésie, le risque anesthésique. (Tableau I)

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Tableau I : Classification ASA du risque anesthésique (Verwaerde, 2007) Stade ASA

Description

Risque

1

Animal en bonne santé.

Minimal

2

Animal présentant une affection à répercussions générales mineures (fracture simple, infection locale, etc.).

Faible

3

Animal présentant une affection à répercussions générales modérées (fièvre, dénutrition, obésité, déshydratation légère, cardiopathie compensée, etc.).

Modéré

4

Animal présentant une affection à répercussions générales majeures (fièvre intense, sepsis, déshydratation, cardiopathie décompensée, état de choc compensé, etc.).

Elevé

5

Animal moribond (état de choc décompensé, sepsis grave, urémie, etc.)

Maximal

U

Animal dont l’état clinique requiert une intervention urgente sans stabilisation préalable.

La connaissance de la classe de risque à laquelle appartient le patient permet d’anticiper diverses complications au cours de l’anesthésie et d’informer le propriétaire du risque de mortalité imputable à l’anesthésie.

E. Classification vétérinaire En médecine vétérinaire, on distingue deux grands groupes d’anesthésique, fonction de leur site d’action : les psycholeptiques encore appelés dépresseurs, agissant au niveau du système nerveux central et les modificateurs du système nerveux périphérique. Chacun de ces groupes renferment à leur tour des sous-groupes, qui se présentent comme suit : Dans le groupe des psycholeptiques, on a :

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Anesthésiques généraux

Ils sont composés des anesthésiques gazeux (ou volatils) et des anesthésique fixe injectable ; le tableau ci-dessous (Tableau II) récapitule les différentes classifications, avec en exemple la ou les molécules les plus connue pour chaque groupe.

Tableau II : Récapitulatif de la classification des anesthésiques généraux Halotane Anesthésiques

Isoflurane

volatils

Sévoflurane Desflurane Alkylphénols

Propofol Thiopental

barbiturique

Anesthésiques

Barbital

injectables

Phénobarbital Anesthésiques

Kétamine

dissociatifs

tilétamine

Les tranquillisants :

Ils se subdivisent en deux (2) groupes : 

les tranquillisants majeurs (ou neuroleptiques) dont la principale classe est celle des phénothiazinques avec pour molécule la chlorpromazine et l’acépromazine ;

les tranquillisants mineurs avec pour unique classe en médecine vétérinaire celle des benzodiazépines composées par le diazépam et le zolazépam. •

Les Sédatifs analgésiques

La principale classe de ce groupe est l’alpha 2 agoniste avec comme molécules les plus rencontrées : la xylazine, la détomidine, la médétomidine et la romifidine.

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Les Analgésiques centraux

Ils sont essentiellement composés de morphinique ; on y retrouve : 

Les agonistes purs complets avec la morphine et le fentanyl ;

Les agonistes partiels avec la buprénorphine ;

Les agonistes-antagonistes dont le butorphanol et la nalbuphine ;

Les morphiniques faibles avec la codéine et le tramadol.

Les modificateurs du système nerveux périphérique regroupent :

Les Anesthésiques locaux :

Ils sont composés de : 

Lidocaïne ;

Bupivacaïne ;

Ropivacaïne ;

Mépivacaïne ;

Tétracaïne. •

Les Curarisants

Très peu utilisés en médecine vétérinaire, on retrouve dans ce groupe 2 classes de molécules : 

Les curares dépolarisants (ou leptocurares) avec la succinylcholine ;

Les curares non dépolarisants (ou pachycurare).

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CHAPITRE III : ANESTHESIE GENERALE DES CARNIVORES DOMESTIQUES SELON LE MODELE DES SOCIETES SAVANTES

L’anesthésie des carnivores domestiques est conditionnée par plusieurs facteurs notamment liés à l’animal, aux molécules disponibles et aux moyens de la structure où elle sera pratiquée. C’est en se basant sur toutes ces conditions que les sociétés savantes ont pu établir des recommandations publiés sous forme d’objectifs de bonnes pratiques. Les recommandations exposées dans ce chapitre sont celles de l’Association of Veterinary Anaesthetists (AVA), de l’American Animal Hospital Association (AAHA) et de l’Association Vétérinaire pour l’Anesthésie et l’Analgésie Animales (4AVET).

I.

DEROULEMENT CLASSIQUE D’UNE ANESTHESIE GENERALE POUR CARNIVORES DOMESTIQUES A. Temps pré-anesthésique 1. Evaluation pré-anesthésique du patient

Avant d’être anesthésié, tous les animaux en général doivent subir un bilan préopératoire. Cette évaluation a pour but d’identifier tous les facteurs de risques inhérents à l’animal ainsi que les problèmes pathologiques sous jacents qui peuvent avoir une influence sur la procédure anesthésique à venir. En somme, l’évaluation pré-anesthésique permet de statuer sur le risque anesthésique et de confirmer que l’intervention chirurgicale proposée est possible (Portier, 2007).

a. Consultation pré-anesthésique La consultation pré-anesthésique consiste à recueillir auprès des propriétaires, toutes anamnèses et commémoratifs sur l’animal concerné, puis à faire un examen clinique complet, dans le but de déceler toutes anomalies susceptible de compromettre le bon déroulement de l’anesthésie. Lors de cette consultation, une attention toute particulière doit être portée sur l’historique médical de l’animal ainsi que sur les traitements en cours. De plus certains commémoratifs tels que l’âge, la race et le tempérament de l’animal, sont d’une grande importance et peuvent parfois impliquer un changement de protocole, car ils sont susceptible d’être à l’origine de complications si ils sont négligés.

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Ainsi, les données recueillies lors de cette étape, permettront au praticien d’évaluer la nécessité de réaliser des examens complémentaires.

b. Examens complémentaires Les examens complémentaires viennent en appoint des données obtenues lors de la consultation pré-anesthésique. Ils permettent d’affiner le diagnostic et de corriger les anomalies décelées quand cela est possible. L’idéal serait de pouvoir réaliser pour chaque patient des analyses biochimiques, une numération formule sanguine et un bilan d’hémostase, ainsi qu’un électrocardiogramme voire même une radiographie ou une échographie (Bednarski et al, 2011). Toutefois, les soucis économiques liés à l’exercice de la profession vétérinaire limitent la réalisation d’analyses complémentaires systématiques, dont l’efficacité reste par ailleurs discutée. En médecine humaine, le recueil de l’anamnèse associé à un examen clinique approfondi est préféré aux examens complémentaires systématiques. En effet, ils induisent parfois des faux positifs et sont généralement très couteux en temps et en argent. Aussi, lorsque cela est indispensable, les examens complémentaires sont planifiés de sorte à ce que les résultats soient disponibles pour le jour de l’intervention (Portier, 2007).

c. Détermination du risque anesthésique et obtention du consentement du propriétaire Les différentes informations collectées au cours de la consultation pré-anesthésique et grâce aux éventuels examens complémentaires permettent au vétérinaire anesthésite d’évaluer le risque anesthésique pour un animal donné. Ce risque peut être estimé en utilisant une échelle de risque anesthésique identique à celle de l’homme décrit dans la classification ASA du tableau I (Fitz-Henry, 2011). A la fin de l’évaluation pré anesthésique, le vétérinaire doit obtenir le consentement éclairé du propriétaire. Cela signifie qu’il va présenter au propriétaire le risque ASA qui a été déterminé pour son animal, en lui expliquant tous les risques, en lien avec la nature de la procédure, et ce que cela sous entend. Mais, contrairement à la médecine humaine en France, l’obtention du consentement éclairé du propriétaire en médecine vétérinaire ne constitue pas une obligation légale. Elle est nécessaire avant toute anesthésie et peut être signifiée par écrit, même si en pratique cela est très peu réalisé. (Portier, 2007 ; France, 2002).

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2. Préparation du patient Pour les interventions programmées, la préparation du patient peut se faire en deux temps : quelques jours à quelques heures avant l’anesthésie un traitement peut être mis en place afin de corriger toute anomalie mise en évidence par l’évaluation pré-anesthésique de l’animal ; puis, celui-ci est mis à jeûn impérativement la veille de l’anesthésie (Portier, 2007).

a. Traitements préopératoires L’un des buts de la consultation pré-anesthésique après avoir établi le risque ASA de l’animal, est de pouvoir mettre en place un traitement adéquat afin de corriger les pathologies décelées, stabiliser l’état général et ainsi limiter le risque anesthésique : c’est le traitement préopératoire. En général, ce genre de traitement n’est possible que dans le cas d’interventions programmées ou pour les opérations en urgence dont le pronostic vital de l’animal n’est pas engagé. De plus, lorsque l’animal est déjà sous traitement pour une affection chronique par exemple, le praticien peut décider soit poursuivre le traitement soit de l’interrompre pour l’anesthésie car certains produits peuvent interagir avec les produits anesthésiques (Portier, 2007).

b. Mise à jeun du patient La mise à jeûn de l’animal plusieurs heures avant l’anesthésie est indispensable afin de limiter les risques de régurgitations et de vomissements qui pourrait avoir des conséquences potentiellement dramatique telles que l’aspiration pulmonaire et la fausse déglutition. Elle permet également de réduire la pression de l’estomac sur le diaphragme (et donc de faciliter la respiration au cours de l’anesthésie) et sur la veine cave caudale (ce qui facilite le retour veineux) (Cuvelliez et al, 2007).

Cette diète concerne strictement la nourriture, en effet, l’apport d’eau (en quantité raisonnable) jusqu’à la prémédication est autorisé (Bednarski et al., 2011). La durée d’une mise à jeûn varie selon les espèces et l’appréciation du praticien. Généralement chez le chien et le chat, elle débute entre huit à douze heures avant l’anesthésie pour permettre à l’estomac d’être totalement vidangé. Cependant, cette durée n’étant pas homologuée, la diète peut être plus longue (avec le risque d’un reflux gastro-oesophagien) ou plus courte. En effet, certains facteurs inhérents à l’animal ainsi que la quantité d’aliments déjà présents dans l’estomac doivent être pris en compte lors de la détermination du temps.

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Ainsi, pour les interventions en urgence ou lorsque le temps de jeûne n’est pas connu (ce qui peut arriver fréquemment chez les animaux vivant en extérieur), si l’anesthésie ne peut être reportée, le vétérinaire anesthésiste devra apporter une attention particulière aux voies respiratoires durant toute l’anesthésie. Enfin, toutes les recommandations concernant la mise à jeûn ainsi que d’éventuelles modifications des traitements habituels de l’animal la veille de l’anesthésie doivent être communiquées clairement au client (Portier, 2007).

B. Choix du protocole anesthésique L’anesthésie générale peut se définir comme un processus réversible dont l’objectif est d’assurer une inconscience, une myorésolution, une analgésie et une protection neurovégétative à l’animal. Cependant, il n’existe pas d’agent anesthésique parfait, ainsi aucune molécule anesthésique existante n’apporte à elle seule ces trois effets. Le praticien est alors obligé de faire des associations de deux ou plusieurs molécules afin d’arriver à l’effet anesthésique recherché : on parle alors de protocole anesthésique. Il existe à ce jour de nombreuses molécules anesthésique, aussi l’élaboration du protocole se fait en prenant en compte aussi bien les facteurs de risque anesthésique propres à l’animal à anesthésier que les effets secondaires de chaque molécules (comme de toute substance médicamenteuse d’ailleurs) (Jourdan et al, 2005 ; Holopherne et Gogny, 2007). De plus, la mise en place de façon continue tout au long de l’anesthésie de moyens de soutien physiologique, de monitorage et de réponse aux complications fait partie intégrante du protocole anesthésique (Bednarski et al., 2011). Le protocole anesthésique doit donc consister en un choix judicieux des agents anesthésiques, adapté en fonction des affections préexistantes (trouble respiratoire, trouble cardiaque, trouble métabolique) (Jourdan et al, 2005) et doit être ré-ajustable en fonction de la réponse du patient pendant l’anesthésie. C. Etapes de l’anesthésie et molécules associées Après l’évaluation clinique de l’animal et la constitution du protocole anesthésique à adopter, le vétérinaire anesthésiste procède à la mise en œuvre de l’anesthésie proprement dite. Chez le chien et le chat, les étapes successives ne diffèrent pas de l’homme et consistent en une prémédication, une induction de l’anesthésie suivie par un entretien et enfin la phase de réveil.

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1. Prémédication a. Définition et intérêts Le terme de prémédication se rapporte à l’administration d’agents pharmacologiques préalablement à la phase d’induction de l’anesthésie (Pypendop, 2007). Il s’agit d’une notion créée empiriquement par des essais sur le terrain et par constatation des progrès obtenus. La prémédication a de multiples objectifs dont le plus important est de parvenir à relaxer à l’animal et ainsi de diminution son stress et les conséquences physiopathologiques qui y sont associées. En effet, Le stress induit une augmentation du taux de catécholamines circulantes qui peuvent avoir un effet délétère sur le cœur en provoquant des arythmies. La tranquillisation ou sédation de l’animal, permet aussi de réaliser les gestes techniques nécessaires à l’anesthésie, en toute sécurité pour le personnel (pose de cathéter, mise en place d’appareils de monitorage, début de la fluidothérapie, pré-oxygénation) (Bednarski et al, 2011). Cette notion est désormais indissociable de l’anesthésie. Les molécules utilisées lors de la prémédication ont également un effet de potentialisation et permettent de réduire les doses des agents d’induction et de maintien de l’anesthésie, ainsi que les effets secondaires qui y sont liés. On parle alors de toxicité dispersée. Cet effet dépend cependant de la puissance sédative et analgésique des agents employés. La prémédication permet également de gérer la douleur de manière précoce et d’anticiper ses effets délétères en intégrant dès les premiers instants des molécules à valence analgésique ; c’est l’analgésie préventive. Cette étape permet alors, de prévenir la survenue d’une douleur post-opératoire pathologique. Durant cette phase, des agents spécifiques à la condition clinique de l’animal et à l’intervention qu’il doit subir, peuvent également être administrés. Enfin, les agents de prémédication qui ont une durée d’action suffisamment longue peuvent améliorer le réveil anesthésique, par la réduction du stress qui permet un réveil calme et en douceur. Cela étant, certaines molécules de la prémédication peuvent avoir des effets indésirables et il est donc possible de ne pas prémédiquer les patients se trouvant dans un état de santé critique (Bednarski et al, 2011). Généralement souhaitable, la prémédication n’est cependant pas toujours indispensable, d’ailleurs, en pratique en médecine vétérinaire, elle est parfois court-circuitée pour passer directement à l’étape d’induction de l’anesthésie.

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b. Molécules utilisées en prémédication en médecine vétérinaire Les vétérinaires disposent d’une large gamme de molécules pour la prémédication des carnivores domestiques, ce qui leur permet de s’adapter à chaque animal, toutefois cela implique de bien connaître chaque molécule afin de pouvoir l’utiliser au mieux. Il existe cinq classes de molécules de prémédication : les phénothiazines, les alpha2-agonistes, les benzodiazépines, les morphiniques ou opioïdes et les anticholinergiques (Pydendop, 2007). -

Les phénothiazines : les molécules de cette classe pharmacologique utilisée en anesthésie vétérinaire sont l’acépromazine et la chlorpromazine, avec une dominance de l’acépromazine. En effet, cette molécule induit une sédation légère sans analgésie et a le double avantage d’être disponible par voie orale et d’avoir une durée d’action longue. Cependant, elle est contre-indiquée chez les chiens de race Boxer et utilisée avec précaution chez les chiens de statut ASA supérieur ou égal à III.

Posologie :  En administration seule : 0,5 mg/kg (maximum 3 mg)  En pré-anesthésie : 0,05-0,2 mg/kg (IV, IM, SC) -

Les alpha2-agonistes : dans cette classe pharmacologique, quatre molécules sont disponible sur le marché pour l’anesthésie des carnivores domestiques : la médétomidine, la dexmédétomidine (énantiomère dextrogyre de la médétomidine), la xylazine et la romifidine. En plus de leurs effets sédatif, myorelaxant et analgésique, ces molécules potentialisent fortement les agents anesthésiques généraux et sont antagonisables par l’atipamézole. Par contre, elles sont parfois à l’origine de dépression cardiovasculaire intense, et par conséquent contre-indiquées chez les animaux de statut ASA supérieur ou égal à 2 et chez les jeunes animaux.

Posologie :  Médétomidine : 0,05 à 0,15mg/kg IV, IM, SC  Xylazine : 1 à 4 mg/kg IV, IM, SC  Romifidine : 0,035 à 0,350 mg/kg IM, IV, SC -

Les benzodiazépines : parmi les molécules disponibles dans cette famille, seulement trois sont couramment utilisées en anesthésie vétérinaire, ce sont : le diazépam, le midazolam et le zolazépam. Ce dernier existe exclusivement associé à la tilétamine (cf. agents d’induction). Les benzodiazépines ont très peu d’effets indésirables au niveau respiratoire et cardiovasculaire, ce sont des molécules à effet anxiolytique et

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myorelaxant, pouvant être utilisées sur des animaux de statut ASA élevé. Pour autant, les benzodiazépines provoquent parfois des réactions dysphoriques et agressives chez le chat en bonne santé. Il est préférable de les associer à d’autres molécules comme les morphiniques. Posologie :  Midazolam : 0,1-0,5 mg/kg IV, IM  Zolazepam/tilétamine : 2,5 mg/kg SC, 5 mg/kg IM, 3 mg/kg IV  Diazépam : 0.1-0,5 mg/kg IV -

Les morphiniques : Depuis quelques années, plusieurs morphiniques ont reçu une AMM chez les carnivores domestiques, parmi lesquels le butorphanol, la buprénorphine (Vandaële, 2009) et plus récemment la méthadone injectable et le fentanyl. Auparavant, seule la morphine était disponible hors Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). La principale indication des morphiniques est l’analgésie. Ce sont les molécules les plus efficaces pour traiter les douleurs aigües, ils apportent également une sédation légère à modérée. Leurs principaux inconvénients sont l’induction d’une dépression respiratoire et de vomissements dans le cas de la morphine et rarement des réactions dysphoriques.

Posologie :  Morphine : 0,05 à 0,1 mg/kg -

Les anticholinergiques : en clinique vétérinaire, seulement deux molécules sont disponibles dans ce groupe : l’atropine et le glycopyrrolate.

Elles sont utilisées

principalement pour contrer les effets indésirables d’autres molécules de prémédication, notamment chez les animaux ayant un tonus vagal élevé (ex. : les chiens de races brachycéphales), elles permettent de prévenir ou traiter la bradycardie sinusale. Cependant, leur usage systématique n’est plus recommandé. Une fois que l’animal est bien tranquillisé et après avoir attendu suffisamment longtemps afin de respecter le délai d’action des molécules de prémédication choisies, le vétérinaire peut passer à l’étape d’induction de l’anesthésie générale. Dans le cas d’une sédation simple, l’étape suivante est directement celle du réveil.

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2. Induction et maintenance de l’anesthésie générale chez les carnivores domestiques L’induction et le maintient de l’anesthésie chez les carnivores domestiques peut se faire à base d’anesthésiques injectables et/ou des anesthésiques volatils.

a. Différentes modalités de l’induction et de la maintenance anesthésique -L’anesthésie injectable (Beths et Pydendop, 2007): c’est la plus courante. En effet, cette méthode particulièrement adaptée à la phase d’induction, se déroule au mieux lorsqu’elle se fait par l’injection intraveineuse d’un agent anesthésique ayant un délai d’action court. Grâce à cette technique la pose d’une sonde endotrachéale est plus aisée et rapide, de même que la titration, c’est-à-dire l’injection de l’agent anesthésique à effet. La titration permet d’adapter la dose injectée à la profondeur de l’anesthésie ainsi qu’aux éventuels effets secondaires observés instantanément par l’opérateur. L’induction par injection intraveineuse peut cependant s’avérer impossible pour les animaux agités, pour lesquels on préfère l’injection intramusculaire dont les effets sont par contre moins instantanés. De plus, la réussite de l’induction dépend fortement de l’efficacité de la prémédication. En anesthésie vétérinaire, la phase de maintenance est le plus souvent assurée grâce à l’anesthésie injectable. En effet, elle présente bien des avantages aussi bien sur le plan financier (équipements) qu’au niveau de sa facilité de mise en œuvre. Il existe différentes modalités de maintenance : soit par injection intramusculaire, soit par injection intraveineuse. •

La maintenance par injection intramusculaire est la plus simple et elle convient pour les interventions de courte durée et peu invasives qui sont fréquemment réalisées chez les carnivores domestiques. Mais cette technique ne permet pas d’adapter instantanément la dose injectée à la profondeur de l’anesthésie car toutes les injections sont suivies d’un délai d’action relativement long durant lequel l’animal est vulnérable. La durée d’action est alors variable et les doses requises sont plus importantes.

La maintenance par injection intraveineuse contrairement à l’intramusculaire, assure un meilleur contrôle de l’anesthésie et permet donc d’adapter plus finement la dose injectée et de prolonger ainsi l’anesthésie de manière aisée si nécessaire. L’anesthésie par injections intraveineuses peut se faire soit par injections répétées (administration de bolus anesthésiques ; grande facilité de mise en œuvre mais peu avantageuse) soit par

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perfusion continue (anesthésie de meilleur qualité et peu couteux ; surveillance du débit de perfusion et maitrise des données pharmacologiques). -

L’anesthésie volatile (Desbois et Troncy, 2007): Consiste à administrer par voie respiratoire un mélange gazeux enrichi en oxygène qui véhicule des vapeurs d’anesthésie. Cette technique est surtout employée pour le maintien de l’anesthésie chez les carnivores domestiques car les masques à anesthésie sont mal adapté et mal toléré par les chiens et chats, et induisent alors un stress important. Cette méthode adaptable à tous types de chirurgie (y compris les chirurgies de convenances) permet un ajustement précis de la profondeur d’anesthésie afin d’obtenir un réveil plus rapide lors d’interventions longues. Cependant, l’emploi de cette technique nécessite de posséder un matériel spécifique (machine d’anesthésie, bouteille d’anesthésie) assez coûteux, et de pouvoir contrôler les voies aériennes supérieures (intubation endotrachéale).

Concernant le fonctionnement du matériel d’anesthésie volatile, deux types de produits sont utilisé en médecine vétérinaire pour alimentée la machine : des gaz (oxygène pur ou associé ; air, protoxyde d’azote) et des vapeurs anesthésiques. Deux types de systèmes respiratoires sont décrits dans la littérature pour les carnivores domestiques : les circuits ré-inspirant utilisables (chien) et les circuits non ré-inspirant utilisables (chien et chat). Enfin, pour les cas les plus critiques, la mise en place d’une respiration artificielle est possible, à l’aide soit d’un ballon comprimé par un opérateur (ventilation manuelle) soit d’un respirateur (ventilation mécanique). Cependant, les difficultés d’acquisition et d’utilisation des respirateurs limitent leur utilisation en milieu vétérinaire. Quelle que soit la technique d’anesthésie choisie, le vétérinaire anesthésiste doit connaître parfaitement les caractéristiques des molécules employées pour chacune d’elles.

b. Molécules utilisés en anesthésie injectable En médecine vétérinaire, les molécules d’anesthésique injectable les plus utilisées sont : le thiopental, le propofol, l’alfaxalone ainsi que deux molécules d’anesthésiques dissociatifs (la kétamine et la tilétamine associée au zolazépam) (Pydendop, 2007). -

Les anesthésiques dissociatifs : avec la kétamine et la tilétamine (qui n’est disponible qu’en association avec le zolazépam). Les anesthésiques dissociatifs sont très prisées par les vétérinaires en médecine canine et féline, car ils possèdent une marge de sécurité relativement large dans ces espèces et une durée d’action moyenne. De plus, ils peuvent

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être administrés par voie intramusculaire ou intraveineuse. Cependant, ces molécules produisent une immobilisation et une analgésie sans aucune relaxation musculaire. Quand à l’association tilétamine/zolazépam, elle ne doit être utilisée que pour les procédures de courte durée (inférieures à une heure). Posologie :  Kétamine : 5 à 15 mg/kg IM, IV  Zolazépam/tilétamine : 2,5 à 5 mg/kg IV, SC, IM -

Le propofol : c’est un alkylphénol qui provoque une sédation et une hypnose sans analgésie. En cas d’induction, l’injection doit être lentement administrée. Il peut aussi être utilisé pour le maintien de l’anesthésie par perfusion continue, en revanche, il est parfois à l’origine de dépression cardio-respiratoire importante.

Posologie :  Propofol : 6 à 8 mg/kg IV stricte -

L’alfaxalone : L’alfaxalone est une ancienne molécule, qui était associée à quelques réactions allergiques dans son ancienne formulation. Elle a été récemment reformulé avec un excipient à base de cyclodextrine et ne semble plus présenter de risque allergique, ainsi c’est l’agent d’induction et de maintien injectable le plus récemment distribué en anesthésie vétérinaire. L’alfaxalone est en réalité un stéroïde neuro-actif synthétique dérivé de la progestérone. Il permet une induction rapide et peut être utilisé en perfusion continue pour le maintien de l’anesthésie, avec une très bonne marge de sécurité et un réveil de qualité. Cependant, l’alfaxalone peut induire une dépression respiratoire importante.

Posologie :  Aflaxalone : 2 à 5 mg/kg IV -

Le thiopental : appartenant à la famille des thiobarbituriques, le thiopental est uniquement utilisé pour l’induction des anesthésies que par voie intraveineuse stricte, avec injection à effet. Il provoque une inconscience sans analgésie et ne doit jamais être utilisé pour l’entretien de l’anesthésie au risque de provoquer un réveil différé et une intoxication. A forte dose, le thiopental provoque une dépression cardio-respiratoire importante.

Posologie :  Thiopental sodique : 10 à 20 mg/kg IV stricte

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c. Molécules de l’anesthésie volatile En médecine vétérinaire, Les molécules d’anesthésie volatile disponible sont : l’halothane, l’isoflurane, le sévoflurane et le desflurane. Cependant, sur toutes ces molécules, seules les trois premières disposent d’une AMM, l’halothane étant à l’abandon et l’isoflurane la molécule de référence (Desbois et Troncy, 2007). Les agents d’anesthésie volatile sont des liquides à forte tension de vapeur ; pour les utiliser, un pourcentage précis de produit est ajouté à un gaz de transport (l’oxygène en général) grâce à un évaporateur. Chaque agent d’anesthésie volatile est caractérisé par diverses constantes dont : -

La solubilité dans le sang détermine la rapidité d’atteinte de l’équilibre en agent anesthésique: plus la solubilité est faible, plus l’équilibre est atteint rapidement et plus l’induction et le réveil sont rapides ; aussi, les changements de profondeur d’anesthésie sont d’autant plus rapides, comme dans le cas du sévoflurane dont l’utilisation est encore récente en médecine vétérinaire. (Tableau III)

Tableau III : Solubilité sang/gaz comparé des agents anesthésiques volatils chez le chien (Steffey, 1996) Molécules Solubilité sang/gaz -

Halothane 2,54

Isoflurane 1,46

Sévoflurane 0,68

La Concentration Alvéolaire Minimale (CAM) caractérise la puissance de l’agent volatil. C’est la concentration alvéolaire minimale de produit telle que 50% des animaux ne réagissent pas à une stimulation douloureuse. Plus la CAM est élevée et moins l’agent volatil est puissant. (Tableau IV)

Tableau IV : Concentration Alvéolaire Minimale (CAM) des anesthésiques volatils actuels (Desbois et Troncy, 2007)

Chien chat

Halothane 0,87 1,14

Isoflurane 1,63 1,30

Sévoflurane 2,36 à 2,09 2,58

Desflurane 7,2 à 10,32 9,79

Les anesthésiques volatils sont très avantageux puisqu’ils produisent une narcose, une immobilité et une myorésolution de bonne qualité quelle que soit la durée de l’intervention.

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Globalement, ils assurent un réveil plus rapide et de meilleure qualité que les agents injectables car l’élimination s’effectue principalement par les poumons (peu par le foie ou les reins). De plus, il est possible à tout moment, d’opérer de rapides changements du niveau d’anesthésie. En revanche, ils induisent une dépression cardiovasculaire relativement importante avec des effets vasodilatateurs périphériques pour l’isoflurane et le sévoflurane, à l’origine d’hypotensions per anesthésiques ; et l’administration d’agents analgésiques en plus des agents volatils s’avère nécessaire.

3. Phase de réveil La phase de réveil débute au moment où l’apport en agent anesthésique cesse et se poursuit jusqu’à ce que le patient retrouve une autonomie complète (Cuvelliez et Junot, 2007). C’est une des étapes critiques de l’anesthésie car 47% des décès liés à l’anesthésie surviennent dans les trois heures qui suivent l’arrêt de l’anesthésie (Brodbelt et al, 2008). Ainsi, durant cette phase, la surveillance du patient et le monitorage sont indispensable. En pratique vétérinaire, il existe que très peu de salles réservées au réveil de l’animal dans les structures d’exercice. Le plus souvent, les animaux sont remis dans leur cage d’hospitalisation ou encore dans leur cage de transport dès la fin de l’anesthésie. Enfin, l’animal ayant subi une anesthésie ne doit être libéré que lorsqu’il est complètement réveillé, c'est-à-dire réactif, réchauffé et dans un état de confort acceptable. Des instructions claires à propos des traitements post-opératoires prescrits, notamment sur leurs potentiels effets secondaires doivent être donné au propriétaire avant la restitution de son animal. De plus, le vétérinaire doit impérativement assurer un service post-anesthésique dans les vingtquatre heures suivant l’anesthésie, afin de pouvoir répondre à toute complication survenant après la sortie.

D. Gestion de la douleur tout au long de l’anesthésie Ces dernières années en médecine vétérinaire, les études sur l’analgésie se sont considérablement développée et aujourd’hui forme une discipline à part entière : l’algologie. Cette nouvelle discipline a pour objectif l’évaluation et le traitement de la douleur. En effet, les effets secondaires de la douleur étant désormais reconnus chez les animaux (retard de cicatrisation et de récupération, perte d’appétit, automutilation…), les organismes vétérinaires nord-américains tels que l’AVMA et l’AAHA exigent de leurs membres qu’ils la prennent en compte à part entière (Troncy et al. 2007). 34


1. Principes généraux de la prise en charge de la douleur La prise en charge de la douleur animale lors de l’anesthésie, en particulier lors de l’anesthésie générale, se base sur le fait que chaque procédure qui génère un traumatisme au niveau des tissus provoque une douleur pendant et après cette procédure, aussi, un traitement approprié doit alors être mis en œuvre. Le traitement doit être adapté à l’intensité de la douleur ainsi qu’à sa durée (Troncy et al, 2007). C’est dans cette optique que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mis en place une classification des analgésiques en trois paliers, correspondant à des douleurs croissantes ; cette classification initialement dédiée à la douleur cancéreuse a été étendue à la douleur peropératoire puis appliquée en médecine vétérinaire. Ainsi, à chaque palier de la classification correspondent d’une part certains types de procédures, selon leur caractère plus ou moins invasif et selon leur durée et d’autre part des protocoles analgésiques adéquats. (Tableau V)

Tableau V : classification des différents paliers de douleur selon la classification de l’OMS (Holopherne et Gogny, 2007) Palier I II III

Procédure type Castration, retrait d’épillet, curetage d’abcès Laparotomie, ophtalmologie, Mammectomie, orthopédie, thoracotomie, neurochirurgie

Douleur Faible à modérée Modérée à sévère Modérée à très sévère

Il est admis que la perception de la douleur met en jeu des mécanismes similaires chez l’homme et l’animal en particulier, les carnivores domestiques. En effet, la douleur ressentie est similaire pour ces espèces, seule l’expression de cette douleur diffère. Chez l’animal, elle se traduit généralement par des modifications comportementales et physiologiques, dont l’évaluation par le praticien peut parfois laisser place à sa subjectivité. Aussi, pour pallier ces lacunes, en plus de l’observation de l’animal, il existe plusieurs outils disponibles pour les vétérinaires tels que des grilles multiparamétriques d’hétéro-évaluation de la douleur animale (cf. Annexe 1). L’analgésie doit de préférence être multimodale et basée sur les mécanismes conduisant à la perception de la douleur. Elle doit également si possible être préventive puisque l’analgésie instaurée avant tout acte douloureux est plus efficace qu’une gestion curative et peuvent se

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poursuivre après toute chirurgie, le temps que les mécanismes de perception de la douleur cessent.

2. Molécules à disposition des vétérinaires pour l’analgésie des carnivores domestiques Pour l’analgésie des carnivores domestiques, une large gamme de molécules existe sur le marché. Parmi elles, certaines molécules sont plus exploitées que d’autres notamment les antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS), les alphas 2 agonistes et les morphiniques. Les vétérinaires ont également à leur disposition des molécules d’anesthésie loco-régionales (Holopherne et Gogny, 2007). -

Les Anti Inflammatoire Non Stéroïdiens : il existe de très nombreuses familles d’AINS disponibles en médecine vétérinaire, telles les fénamates (ex. : acide tolfénamique), les acides aryl-alcanoïques (ex. : carprofène) ou les oxicams (ex. : méloxicam) (Le Point Vétérinaire, 2012). Cependant, le paracétamol n’est pas utilisé chez ces espèces à cause de sa toxicité hépatique.

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Les alpha2-agonistes : quatre principales molécules sont disponible dans cette classe pharmacologiqu. Il s’agit de : la médétomidine, la dexmédétomidine (énantiomère dextrogyre de la médétomidine), la xylazine et la romifidine.

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Les morphiniques : de nombreuses substances de la classe des morphiniques sont disponibles pour les vétérinaires, incluant le butorphanol, la buprénorphine, et plus récemment la méthadone et le fentanyl transdermique. La morphine est également disponible pour les vétérinaires, sur ordonnance sécurisée auprès des pharmaciens d’officine. En revanche, d’autres morphiniques puissants, tels que le fentanyl injectable, demeurent peu voire pas disponibles pour les vétérinaires.

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Les anesthésiques loco-régionaux : la lidocaïne (AMM vétérinaire), la bupivacaïne et la ropivacaïne sont les molécules les plus souvent exploités par les praticiens vétérinaires. De plus, diverses techniques d’anesthésies loco-régionales sont disponibles et permettent une réduction des besoins en anesthésiques généraux. La lidocaïne peut aussi être utilisée en perfusion continue (ou Constant Rate Infusion : CRI), généralement associée à un morphinique (morphine, fentanyl, butorphanol) et à la kétamine. Toutefois, la mise en place d’une telle technique (perfusion continue) nécessite

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l’utilisation d’une pompe à perfusion ou d’un pousse-seringue, matériels parfois coûteux et peu maîtrisé par les praticiens, ce qui limite le recours à ce mode d’analgésie.

E. Surveillance des fonctions vitales pendant l’anesthésie des carnivores domestiques et gestion des complications Les vétérinaires disposent de nombreux outils de prévention et de traitement, comme en médecine humaine, leur permettant de faire face à la survenue de complications notamment cardiovasculaires et respiratoire liées à toute anesthésie. 1. Surveillance de l’anesthésie en milieu vétérinaire La surveillance de l’anesthésie en milieu vétérinaire peut être clinique par l’observation attentive des signes cliniques sur le chien anesthésié ou bien elle peut être instrumentale à l’aide d’appareils de monitorage (Junot, 2005 ; ACVA, 2009). Chez le chien et le chat de nombreux instruments de monitorage permettent de vérifier régulièrement la fonction cardiovasculaire ; par exemple, le stéthoscope œsophagien et l’électrocardiogramme sont indiqués dans la surveillance de la fonction cardiaque. Quand à la pression artérielle, elle peut être mesurée de manière non invasive par doppler ultrasonique ou par oscillométrie, et plus rarement de manière invasive via la mise en place d’un cathéter artériel relié à une ligne de pression. La fonction respiratoire est principalement contrôlé grâce au détecteur d’apnée, même s’il s’apparente plus à un dispositif d’alerte, et grâce à l’oxymètre de pouls qui fournit la valeur de saturation pulsée de l’hémoglobine en oxygène ou SpO2 et permet de détecter l’hypoxie tissulaire de manière précoce. Les vétérinaires peuvent également se servir de la capnographie qui fournit la valeur de la fraction expirée en dioxyde de carbone (FeCO2 ou EtCO2, End Tidal CO2) et permet de détecter les anomalies de ventilation mais aussi potentiellement le matériels défectueux, les troubles de la circulation ou du métabolisme. Quand à la surveillance de la température corporelle de l’animal, elle se fait principalement de manière ponctuelle grâce à un thermomètre rectal. Il existe cependant des sondes de température œsophagiennes ou rectales reliées à un moniteur et fournissant une valeur de température de manière continue tout au long de l’anesthésie. Enfin, les appareils de monitorage de la profondeur d’anesthésie tels que ceux mesurant l’index bispectral (BIS) (Longrois, 2008) corrélé à la profondeur d’anesthésie ne sont pas utilisés en médecine vétérinaire, car l’algorithme utilisé n’est pas facilement extrapolable chez

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le chien. Ainsi, la surveillance clinique pour déterminer la profondeur de narcose chez l’animal est la seule méthode pertinente (Verwaerde et al, 2005).

2. Gestion des complications lors de l’anesthésie en médecine vétérinaire a. Principes généraux Au cours d’une anesthésie, lorsque des anomalies sont détectées au niveau des paramètres cardiovasculaires et respiratoires grâce à la surveillance anesthésique, le vétérinaire doit pouvoir réagir rapidement et apporter une réponse adaptée à l’anomalie constatée. Le vétérinaire anesthésiste et les personnes dédiées à la surveillance de l’anesthésie doivent être capables de reconnaître les symptômes des différentes complications anesthésiques et doivent pouvoir la traiter. La mise en place du traitement nécessite une connaissance et une maîtrise des procédures standardisées de réanimation, incluant les gestes techniques et les molécules de réanimation. L’ensemble du personnel doit par conséquent être entrainé à la mise en œuvre de ces procédures, de plus l’affichage clair des posologies des médicaments de réanimation, dans les lieux concernés de la structure d’exercice, peut contribuer à une meilleure réponse. Enfin, avoir une trousse ou un chariot d’urgence à disposition peut s’avérer très utile. En outre, cet outil de travail est composé d’une part des instruments nécessaires à la réalisation de gestes techniques d’urgence (intubation, pose d’une voie veineuse voire trachéotomie) et d’autre part de l’ensemble des molécules nécessaires à la réanimation par action sur la sphère cardiaque et sur la sphère respiratoire. Le chariot d’urgence doit être connu de tout le personnel, facilement accessible et transportable. Il doit être facile d’utilisation ce qui implique que son contenu soit rangé de façon logique et que les procédures et posologies écrites y soient rangées également (Poncet et al, 2005).

b. Techniques et médicaments utilisés en médecine vétérinaire pour la gestion des complications Pour la gestion des complications respiratoires, les vétérinaires ont un certain nombre de moyens techniques à leur disposition. Ce sont : la pose de sondes endotrachéales, la supplémentation en oxygène et la mise en place d’une respiration artificielle manuelle ou, plus rarement, mécanique. Quand aux moyens thérapeutiques, peu de molécules sont disponible en médecine vétérinaires pour la réanimation respiratoire; les plus communes sont

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le doxapram, analeptique respiratoire qui ne doit cependant pas être utilisé en première intention en raison de ses effets secondaires, et le furosémide en cas d’œdème pulmonaire (Junot et Benredouane, 2006). En cas de complications cardiovasculaires, une supplémentation en oxygène est également mise en place, ainsi qu’une fluidothérapie. Les fluides utilisés varient en fonction du type de complications, mais les communes sont les cristalloïdes isotoniques et hypertoniques, ou les colloïdes. Si la perte en fluide concerne le sang et est très importante, alors une transfusion sanguine peut aussi être nécessaire. Lors d’un arrêt cardiaque, le rétablissement de la pompe cardiaque peut se faire grâce à un massage cardiaque externe puis interne si besoin. Contrairement aux molécules de réanimation respiratoire, les molécules utilisées pour la réanimation cardiovasculaire sont plus nombreuses. Ce sont : les anticholinergiques (atropine, glycopyrrolate), les inotropes positifs (dopamine, dobutamine) et l’adrénaline, molécule de choix pour la gestion des arrêts cardiaques. La lidocaïne quand à elle, est utilisée lors d’arythmies ventriculaires et les bêtabloquants à courte durée d’action sont pour leur part très rarement utilisés malgré leur efficacité en cas d’hypertension ou contre certaines arythmies (Junot et Benredouane, 2006). Toutefois, il existe certaines molécules, qui misent en association permettent d’avoir des médicaments pouvant traiter aussi bien les complications cardiovasculaires que respiratoires. C’est le cas du frécardylND, qui en associant deux molécules, que sont : le chlorhydrate d’heptaminol et la diprophylline, constitue un bon analeptique cardio – respiratoire. En effet, il agit de façon simultanée sur le cœur, les vaisseaux et la respiration, grâce notamment à une action stimulatrice du cortex central, des centres bulbaires vagal, vasomoteur et respiratoire, ainsi que par augmentation des débits aortique et coronaire et inhibition du spasme bronchique (Med’Vet, 2014).

II.

EXEMPLE DE PROTOCOLES ANESTHESIQUES POUR CARNIVORES DOMESTIQUES

Construire un protocole anesthésique, c’est associer des molécules. Qui dit « associations médicamenteuses », dit « potentielles interactions », avec lesquelles le praticien doit « jongler » (Holopherne et Gogny, 2007). Les tableaux IV et V présente des exemples de protocole anesthésique pour chien et chat, respectivement.

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Tableau VI : Exemples de Protocole anesthésique pour chien en bonne santé

A

CHIEN

B

Molécules

Doses

Voie d’administration

Prémédication

Médétomidine Morphine

10 à 20 µg/kg 0,4 mg/kg

IM IM

Induction

propofol

2 mg/kg

IV (à l’effet)

Maintien

Propofol Médétomidine

0,05 à 0,2 mg/kg/mn 1 µg/kg/h

IV IV*

Prémédication

Morphine Atropine ou glycopyrrolate Acépromazine **

0,5 mg/kg 0,02 mg/kg ou 0,01 mg/kg 0,03 mg/kg

IM ou SC IM ou SC IM ou SC

Induction

Propofol

4 à 6 mg/kg

IV (à l’effet)

Maintien

Propofol Morphine

0,1 à 0,4 mg/kg/mn 0,1 mg/kg/h

IV IM ou SC***

* perfusion à vitesse constante ou bolus toutes les heures ** si animal nerveux ou excité *** si procédure douloureuse

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Tableau VII : Exemples de Protocole anesthésique pour chat en bonne santé Molécules A

Voie d’administration

Médétomidine Morphine Propofol Propofol Médétomidine

50 µg/kg 0,2 mg/kg 4 mg/kg 0,1 à 0,2 mg/kg/mn 5 µg/kg/h

IM IM IV (à l’effet) IV IV*

Prémédication

Morphine Atropine ou glycopyrrolate

0,2 mg/kg 0,02 mg/kg ou 0,01 mg/kg

IM ou SC IM ou SC

Induction

Propofol

4 à 8 mg/kg

IV (à l’effet)

0,1 à 0,4 mg/kg/mn 0,03 à 0,05 mg/kg/mn 20 à 30 µg/kg 0,1 mg/ kg ou 0,2 mg/kg 5 à 7 mg/kg

IV IM ou SC** IM IM ou SC IM IM

Prémédication Induction Maintien

B

Doses

CHAT

Maintien C

Prémédication Induction maintien

Propofol Morphine Médétomidine Morphine ou butorphanol / Kétamine

* perfusion à vitesse constante ou bolus toutes les heures ** si procédure douloureuse NB: Le maintien de l’anesthésie au propofol chez le chat pour de longues durées induit un réveil prolongé (Troncy et al, 2007).

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III.

RECOMMANDATIONS DES SOCIETES SAVANTES POUR L’ANESTHESIE DES CARNIVORES

L’AVA, l’AAHA et plus récemment l’4AVET ont publié chacune des recommandations pour l’anesthésie vétérinaire. Ces recommandations ont pour but ultime de faire diminuer la mortalité anesthésique en médecine vétérinaire et de contribuer à la mise en œuvre d’anesthésie de meilleures qualités dans la profession. Les recommandations de l’4AVET rejoignant celle de l’AVA, elles ne seront exposées. De plus, les directives de l’AAHA, plus centrées sur les détails de chaque étape de l’anesthésie, viennent en complément de celle de l’AVA.

Lors du Congrès de Barcelone en 2008, l’AVA a émis cinq recommandations générales dans le but de réduire la mortalité anesthésique vétérinaire. En effet, tout en prenant en compte les problèmes économiques inhérents à la pratique vétérinaire en général, l’objectif des recommandations étaient de permettre à tous vétérinaires d’empêcher la survenue de problèmes, en d’autre terme, assurer des anesthésies plus sûres (AVA, 2008). Ainsi, l’AVA indique que tout vétérinaire ou chirurgien vétérinaire qui procède à une anesthésie générale doit être capable à tout moment de l’anesthésie: -

d’assurer la perméabilité des voies respiratoires supérieures de l’animal ;

-

d’administrer de l’oxygène ;

-

de réaliser une ventilation manuelle, par exemple à l’aide du ballon du système respiratoire de l’appareil d’anesthésie volatile ou à l’aide d’un ballon de réanimation (type Ambu bag) ;

-

d’administrer des molécules et des fluides directement par voie intraveineuse via un accès veineux sécurisé, idéalement grâce à un cathéter veineux ;

-

de procéder aux gestes de réanimation cardio-pulmonaire de base.

Afin de satisfaire à ces cinq exigences, le vétérinaire anesthésiste doit être capable d’utiliser des instruments bien spécifiques, de même qu’il doit maîtriser les techniques, relativement simples, d’intubation endotrachéale, de cathétérisme intraveineux, d’oxygénation et de ventilation manuelle. L’ensemble de ces exigences est à appliquer à tout patient candidat à l’anesthésie générale (même si l’intubation, l’oxygénation ou la ventilation manuelle ne sont pas prévues dans la procédure d’anesthésie). Avant l’induction de l’anesthésie et afin de se tenir prêt à gérer toutes complications, le vétérinaire se doit ainsi de s’assurer du bon fonctionnement et de la

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disponibilité de l’ensemble du matériel dont il pourrait avoir besoin au cours de la procédure anesthésique (sondes endotrachéales, source d’oxygène, ventilation artificielle, voie intraveineuse, matériel de réanimation). L’AVA donne ainsi les grandes lignes de conduite à suivre pour l’anesthésie, et en particulier pour l’anesthésie générale. Celle-ci seront complétées par les recommandations de l’AAHA, publiées en 2011 dans le journal de l’association, et qui fournit des directives précises pour l’anesthésie des chiens et des chats, utilisables par les vétérinaires dans leur pratique quotidienne et dans la mesure du possible (Bednarski et al, 2011). Ainsi, selon l’AAHA, une anesthésie sûre et efficace chez les carnivores domestiques débute par une étape pré anesthésique consciencieusement réalisé. En effet, le recueil des informations concernant l’animal doit être minutieux et suivi par une préparation rigoureuse du patient ; celle-ci inclut notamment la pose d’un cathéter, et la pré-oxygénation de l’animal si besoin. La prémédication du patient doit être réalisée à l’aide de molécules induisant une sédation et une analgésie effectives avant la phase d’induction pour faciliter la pose d’une sonde endotrachéale par la suite. Une exception sera néanmoins acceptée pour tout animal se trouvant dans un état critique à leur arrivée. Après une induction à base de molécule à action rapide et administrée par voie intraveineuse, la phase de maintenance sera réalisée préférentiellement avec des agents d’anesthésie volatile, tel que l’isoflurane ou le sévoflurane, par administration via la sonde endotrachéale. De plus, l’analgésie initiée pendant la prémédication doit être poursuivie et améliorée durant cette phase grâce à une anesthésie loco-régionale, administré par voie épidurale et/ou grâce à la mise en place d’une perfusion continue d’un mélange de lidocaïne, de kétamine et/ou d’un morphinique. Toutes les fonctions (cardiovasculaire, respiratoire et nerveuse) doivent être surveillées de manière continue à l’aide d’appareils de monitorage, afin que la profondeur d’anesthésie puisse être ajustée au besoin. Une administration de fluides cristalloïdes ou colloïdes sera réalisée afin de maintenir le volume du sang circulant. De plus, un plan d’utilisation de l’équipement et une indication claire des posologies usuelles des molécules, est nécessaires et doit accompagner toutes les procédures de réanimation. Ils doivent également être disponibles pendant toute la durée de l’anesthésie. Enfin, pendant toute la phase de réveil, une personne entraînée à la détection des anomalies cardiorespiratoires doit surveiller le patient. Une attention toute particulière devra être portée à la surveillance de la température corporelle, du niveau de sédation ainsi qu’à la mise en place d’une analgésie adaptée. 43


DEUXIEME PARTIE: ETUDE SUR LA PRATIQUE ET LES MOYENS MIS EN OEUVRE POUR L’ANESTHESIE DES CHIENS ET CHATS – RESULTATS D’UNE ENQUETE AUPRES DES VETERINAIRES PRATICIENS AU SENEGAL

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CHAPITRE I : METHODOLOGIE

I.

OBJECTIFS DE L’ETUDE

L’objectif principal de notre étude est d’évaluer l’état actuel de la pratique anesthésique chez les carnivores domestiques à Dakar (SENEGAL). Pour ce faire, nous avons cherché à : -

connaître l’équipement anesthésique des structures vétérinaires.

-

évaluer la mise en œuvre de l’anesthésie lors d’intervention de convenance et lors d’intervention pour chirurgie majeure.

-

estimer comment les vétérinaires sénégalais gèrent-ils les urgences anesthésiques.

Enfin, nous essayerons d’établir une corrélation entre pratique anesthésique d’une part et équipements, mise en œuvre et complications d’autre part.

II.

ZONE D’ETUDE

Notre étude a eu lieu au Sénégal plus précisément dans le département de Dakar, dont le chef lieu, Dakar, est aussi la capitale du pays. Située dans une zone tropicale subdésertique, la ville de Dakar bénéficie d'un microclimat de type côtier, influencé par les alizés maritimes et la mousson. L’année climatique est divisée par le critère pluviométrique en deux grandes saisons ; une saison chaude et humide qui s'étend de juin à octobre avec des températures avoisinant 30 °C et un pic de précipitations en août (250 mm) et une saison sèche qui dure le reste de l’année. Durant cette dernière, les températures observées sont moins élevées (17°C à 25°C) et même si le taux d’humidité reste relativement élevé, la saison est non pluvieuse. Cette ville située à l'extrémité occidentale de l'Afrique, sur l'étroite presqu'île du Cap-Vert a une superficie de 83 km2 soit 0,042 % du territoire nationale (France Volontaire, sd). Comprise entre les coordonnées 14° 40′ 20″ de latitude Nord et 17° 25′ 54″ de longitude Ouest, la ville de Dakar compte 1 056 009 habitants contre 3 215 255 habitants pour la région de Dakar (ONU, 2011) dont elle fait partie. Elle accueille également la moitié de la population urbaine du pays et concentre 80 % de ses activités économiques. Sadissou (2012) indique que l’assistance vétérinaire est très développée dans la région car les prestations cliniques sur diverses espèces animales sont passées de 3 702 (2005) à 5850 (2007). Par ailleurs, la ville de Dakar regroupe le plus grand nombre de clinique vétérinaire pour carnivores domestiques.

45


III.

MATERIEL ET METHODES A. Matériel

Notre étude étant rétrospective, nous nous sommes muni d’un questionnaire pour sa réalisation. Nous avons également pu nous procurer la liste des cabinets vétérinaires et des grossistes, distributeurs de médicaments et matériels vétérinaires présents dans la ville de Dakar auprès de l’Ordre des Docteurs Vétérinaires du Sénégal (ODVS). Sur les 46 cabinets composant cette liste, notre choix s’est porté sur les cabinets spécialisés dans le domaine de la chirurgie des carnivores domestiques. En d’autre terme, nous avons choisi les cabinets pratiquant en un mois, plus de 5 chirurgies de convenance et/ou majeur sur les carnivores domestiques. Ainsi, notre population d’étude était composée de 6 cabinets vétérinaires installés dans la zone urbaine de Dakar (cf. annexe 2) et d’un fournisseur en médicaments et matériels vétérinaires.

B. Méthodes 1. Réalisation du questionnaire Nous avons eu recours à un questionnaire pour la récolte de données (cf. annexe 3). Cette fiche a été conçue dans le respect de la confidentialité de l’identité des interviewés ainsi que des informations recueillies. Le questionnaire est composé de cinq parties. -

La première partie concerne les données caractéristiques du vétérinaire et de sa structure d’exercice ;

-

la deuxième partie recense l’équipement dédié à la pratique de l’anesthésie au sein de la structure d’exercice, elle s’intéresse également aux compétences du personnel soignant en termes de surveillance anesthésique et de gestion des complications puis interroge le praticien sur les problèmes éventuels qu’il rencontre dans sa pratique de l’anesthésie ;

-

La troisième partie est parfois scindée en deux situations distinctes : l’anesthésie pour chirurgie de convenance (castration, ovariectomie, détartrage sur animal en bonne santé) et l’anesthésie pour chirurgie majeure (toutes interventions autres que celles de convenances). Dans cette partie fait la description du déroulement d’une anesthésie en recensant les gestes techniques réalisés ;

-

La quatrième partie dénombre les diverses molécules employées par les vétérinaires;

46


-

La cinquième et dernière partie traite des accidents anesthésiques, notamment, les mortalités enregistrées ainsi que leurs circonstances.

2. Traitement des données L’enquête s’est déroulée du 27 Janvier au 27 Mai 2014. Le questionnaire était destiné à être rempli par un seul vétérinaire à la fois (par structure), et de manière anonyme, cela au travers d’une interview direct avec les concernés afin d’éviter les mauvaises compréhensions et/ou mauvaises interprétations des questions posées. Notre questionnaire comportait des questions à réponses ouvertes, à choix multiples et des questions à réponses obligatoires, ce qui nous a permis d’obtenir des données facilement analysables. Les réponses ont été récupérées, sous forme d’un tableau de donnée et analysées grâce au logiciel de statistique Sphinx. Ces réponses sont représentées dans le document sous forme de diagramme en bâton.

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CHAPITRE II : RESULTATS

Sur les six (6) cabinets vétérinaires composant l’échantillon de notre étude, tous ont accepté de répondre à notre questionnaire. Notre population cible étant peu nombreuses, les résultats de notre étude seront donnés en effectifs. Pour certaines questions, la somme des effectifs n’est pas égale à 6 car la totalité des enquêtés n’y ont pas répondu. Seront présenté dans cette partie, les variables d’intérêt pour notre étude.

I.

DONNEES CONCERNANT LE VETERINAIRE ET SA STRUCTURE

Le recueil des informations ayant été fait par entretien direct avec les vétérinaires. Nous avons pu constater que : -

Deux (2) vétérinaires sur six (6) sont de sexe féminin ;

-

Le nombre d’année d’expérience dans la pratique chirurgicale varie de 12 à 30 ans ;

-

Chacun des vétérinaires réalise au moins 5 opérations chirurgicales sur des carnivores domestiques par mois dont la majeure partie des interventions de convenance.

A. Ecole vétérinaire d’origine Seule deux écoles sont représentées ici avec une prédominance pour l’Ecole Inter Etat des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) de Dakar. (Figure 4)

6 Nombre de vétérinaires 5 4 3 2 1 Ecole d'origine

0

EISMV Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan 2/ rabat

Figure 4 : Répartition des vétérinaires selon leur école d’origine B. Type de structure d’exercice

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Parmi les 6 participants, 5 exercent dans leur propre cabinet vétérinaire et le dernier à la clinique de l’EISMV. (Figure 5) Nombre de vétérinaire

6 5 4 3 2 1 0

Structure Cabinet vétérinaire

Clinique vétérinaire

Figure 5 : Répartition des vétérinaires selon leur structure d’exercice

II.

EQUIPEMENTS DE LA STRUCTURE A. Possession d’une salle de préparation de l’animal

Sur six (6) participants, seulement quatre (4) ont aménagés une zone de préparation de l’animal. (Figure 6)

6 Nombre de vétérinaire 5 4 3 2 1 Salle de préparation

0 oui

non

Figure 6 : Présence d’une salle de préparation de l’animal

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B. Possession d’un bloc opératoire La moitié (3) des interviewés n’ont pas de bloc opératoire à proprement parlé à leur disposition tandis que l’autre moitié en possède.

C. Possession d’une salle de réveil Seulement trois (3) vétérinaires sur six (6) disposent d’une salle de réveil. Pour les autres vétérinaires, le réveil de l’animal s’effectue dans la salle où s’est déroulé l’opération.

D. Possession d’une source d’oxygène Aucun des vétérinaires interviewés ne possèdent de source d’oxygène pour l’animal.

E. Possession d’une machine d’anesthésie gazeuse Aucun des vétérinaires interviewés ne possèdent de machine d’anesthésie gazeuse. Pour tous, l’anesthésie des animaux se fait par injection.

F. Possession d’un monitorage d’anesthésie Aucun des vétérinaires questionnés ne disposent d’un monitorage d’anesthésie. La surveillance des constantes est généralement effectuée par un assistant à l’aide du stéthoscope.

G. Possession d’un respirateur d’anesthésie Aucun des six (6) vétérinaires interviewés ne dispose d’un respirateur d’anesthésie.

H. Possession d’une trousse ou d’un chariot d’urgence Tous les vétérinaires interviewés possèdent les substances médicamenteuses indispensable à une trousse d’urgence mais aucun ne disposent d’appareillage pour la réanimation.

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I. Autres équipements Les autres équipements cités sont très peu variés et disponible chez moins de la moitié (3) des vétérinaires questionnés. En outre, certains vétérinaires possèdent (Figure 7): -

Des sondes endotrachéales

-

ballon de réanimation (type ambu bag)

-

Un dispositif de réchauffement actif Autres équipements dispositif de réchauffement actif

ballon de réanimation

sondes endotrachéales

aucun

0

1

2

3

4

Nombre de vétérinaire 5

Figure 7 : Autres équipements

J. Entrainement du personnel soignant à la surveillance de l’anesthésie et aux manœuvres de réanimations. Trois (3) vétérinaires sur six (6) dans notre étude, affirment avoir un personnel soignant entrainé à la surveillance de l’anesthésie sur le patient et capable de réaliser des manœuvres de réanimation. Toutefois, le nombre de personnels soignants par cabinet n’excède pas deux.

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III.

ANESTHESIQUE ET CHIRURGIE A. Pratique de la contention chimique

Seul trois (3) vétérinaires sur six (6) appliquent systématiquement une contention chimique à leur patient, les autres préfèrent la contention mécanique lorsqu’elle est possible. (Figure 8)

Nombre de vétérinaire 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5

Contention chimique

0 oui

non

parfois

Figure 8 : Contention chimique sur les animaux.

B. Réalisation de consultations pré anesthésiques Trois (3) vétérinaires sur six (6) affirment réaliser une consultation pré anesthésique (quelques heures avant l’opération) lorsque que cela est possible.

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C. Evaluation du risque anesthésique L’évaluation du risque anesthésique se faisant lors de la consultation pré anesthésique, seulement trois (3) vétérinaires de notre étude l’effectuent, à partir des données recueillis ou de visu. (Figure 9) Nombre de vétérinaire 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 oui

non

pas de réponse

Evaluation du risque anesthésique

Figure 9 : Evaluation du risque anesthésique des animaux.

D. Diète hydrique avant opération Tous les vétérinaires interviewés préconisent une diète hydrique aux propriétaires des patients, allant de 12 à 24 heures la veille de l’opération.

E. Prémédication injecté séparément de l’anesthésique Deux (2) vétérinaires sur six (6) font systématiquement une prémédication avant l’anesthésie proprement dite. Deux (2) injectent la prémédication et l’anesthésique simultanément, sans délai d’attente. Les deux (2) derniers, en fonction des cas auxquels ils sont confrontés sépareront ou non la prémédication de l’anesthésique.

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F. Analgésie pré/per opératoire Trois (3) vétérinaires sur six (6) injectent un analgésique à leur patient au cours de l’opération seulement s’il juge que l’opération est lourde (ostéosynthèse...). Seul deux (2) vétérinaires le font systématiquement, le dernier non. (Figure 10) Nombre de vétérinaire 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5

Administration Analgésie

0 oui

non

parfois

Figure 10 : Analgésie pré/per opératoire.

G. Perfusion d’antalgique pendant l’anesthésie Un (1) seul des six (6) vétérinaires effectue une perfusion d’antalgique durant l’anesthésie mais uniquement en cas de chirurgie majeure (ostéosynthèse par exemple). (Figure 11) Nombre de vétérinaire 6 5 4 3 2 1

Administration antalgique

0 oui

non

Figure 11 : Perfusions d’antalgique pendant l’anesthésie

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H. Anesthésie loco-régionale La moitié (3) des vétérinaires questionnés n’utilise jamais d’anesthésiques locaux pour les chirurgies de convenance et pour les chirurgies majeures. Pour d’autre, l’utilisation est fonction l’appréciation subjective de la douleur de l’animal. (Figure 12)

Nombre de vétérinaire 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 oui

non

parfois

Adminisatration anesthésie loco-régionale

Figure 12 : Utilisation de l’anesthésie loco-régionale

I. Analgésie post opératoire Trois (3) vétérinaires sur six (6) pratiquent l’analgésie post opératoire.

J. Molécules et fournisseur La plupart des molécules répertoriées au cours de notre enquête proviennent selon les vétérinaires questionnés du même fournisseur, à l’exception de deux molécules importées par l’un des vétérinaires. Comme nous le montre la figure 13, ces molécules peuvent être regroupées en quatre (4) groupes ; prémédication, anesthésiques généraux (AG), anesthésiques loco-régionales (ALR) et les analgésiques. Parmi les molécules de la prémédication, la xylazine est la molécule utilisée par 100% des vétérinaires interviewés, ensuite viennent le diazépam avec deux (2) utilisateurs et enfin, la médétomidine et l’acépromazine avec un (1) utilisateur pour chacune. L’anesthésique général utilisé par tous les vétérinaires questionnés est la kétamine.

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Sur les trois (3) vétérinaires effectuant des anesthésies loco-régionales, deux (2) ont pour molécules la xylocaïne, le dernier utilise la lidocaïne. Pour l’analgésie des animaux, tous les vétérinaires auditionnés préfèrent à l’unanimité utiliser les antis inflammatoires non stéroïdiens, tels que : -

L’acide tolfénamique

-

La flunixine

-

Le méloxicam

-

La nifluryl

-

Le perfalgan

-

La tolfédine

-

Le voltarène

(Cette liste est non exhaustive)

Nombre de vétérinaire 7 6 5 4 3 2 1 0

Prémédication

AG

ALR

analgésique

Figure 13 : Molécules anesthésiques utilisées

56

diclofénac sodique

tolfédine

perfalgan

acide niflumique

méloxicam

flunixine

acide tolfénamique

lidocaïne

xylocaïne

kétamine

diazepam

acépromazine

médétomidine

xylazine

Molécules


IV.

PROTOCOLE ANESTHESIQUE

Le protocole anesthésique le plus récurrent chez les vétérinaires de notre étude, est l’association xylazine/kétamine en intramusculaire. En effet, quatre (4) vétérinaires sur six (6) l’utilisent quelque soit l’espèce à laquelle ils font face. Les figures 14 et 15 présentent respectivement, les protocoles anesthésiques réalisés sur les chats et les chiens par les vétérinaires de la ville de Dakar.

protocole anesthésique du chat Molécules IV/ kétamine + xylazine

IM/ medetomidine + kétamine + atipamezole

IM/ kétamine + xylazine

0

2

Nombre de vétérinaire 6

4

Figure 14 : Association médicamenteuse utilisée sur les chats

protocole anesthésique du chien Molécules IV/ / kétamine + xylazine

IM/ kétamine + xylazine

0

1

2

3

4

5

6

Nombre de vétérinaire

Figure 15 : Association médicamenteuse utilisée sur les chiens

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V.

COMPLICATION PER ET POST OPERATOIRES A. Complications anesthésiques

Sur six (6) vétérinaires auditionnés, un (1) seul affirme n’être confronté à aucunes complications liées à l’anesthésie. Pour tous les autres, les complications sont monnaies courantes. Celles qui reviennent le plus souvent sont l’apnée et le réveil pendant l’anesthésie. Ensuite viennent l’hypoventilation, l’arythmie, la bradycardie et le réveil prolongé. Les complications les moins fréquentes sont : l’hypotension, la dyspnée, la tachycardie, l’hypertension et la tétanie.

Complications tetanie tachycardie hypertension hypotension dyspnée réveil prolongé bradycardie hypoventilation arythmie réveil pendant l'anesthésie apnée 0

1

2

3

4

5

6

Nombre de vétérinaire

Figure 16 : Types de complication anesthésique rencontrés.

B. Morts répertoriées au cours des deux dernières années Sur six (6) vétérinaires auditionnés, la moitié (3) déclare n’avoir subi aucune perte en vie animale au cours d’une chirurgie ou liée à l’anesthésie, durant ces deux dernières années. Seul deux (2) vétérinaires ont admis avoir perdu deux (2) animaux durant une opération.

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CHAPITRE III : DISCUSSION

Dans cette partie, en plus de la comparaison des résultats obtenus avec ceux décrits dans la littérature, une critique sera faite sur le choix de la thématique et de la population d’étude. Enfin nous exposerons notre point de vue sur les résultats obtenus.

I.

CHOIX DE LA THEMATIQUE

En 1993, au Sénégal, une politique visant à privatiser la profession vétérinaire fut mise en place. Cette nouvelle politique a permis une libéralisation générale de la médecine vétérinaire, de l’importation des produits vétérinaires et de leurs distributions, favorisant un mouvement d’installation de vétérinaires privés et de para-professionnels. L’Ordre des Docteurs Vétérinaires du Sénégal (ODVS) en 2007, a recensé quatre vingt quinze (95) vétérinaires privés dont quarante six (46) sont à Dakar. La privatisation des prestations vétérinaires en Afrique en général et au Sénégal en particulier a entrainé un changement sociétal de la relation aux animaux, en particulier face aux animaux dit « de compagnie » pour lesquelles la valeur de l’animal est surtout affective. Ce changement opéré depuis déjà bien longtemps en occident, a conduit la médecine vétérinaire, qui auparavant était surtout destinée aux animaux de rente pour le développement de l’élevage et l’amélioration de la qualité de vie des populations, à se tourner vers un autre type de clientèle avec une prestation de service plus élaborée à l’instar de la médecine dite « classique ». Aujourd’hui, la volonté de faire le bilan de la gestion de l’anesthésie chez les carnivores nous a incités à réaliser cette étude.

II.

DIFFICULTES RENCONTREES

La difficulté majeure rencontrée au cours de notre étude fut le recueil des données. En effet, la plupart des vétérinaires de la ville de Dakar n’ont pas de fiches de suivies pré, per et post opératoires des animaux. Ce qui explique qu’après la réalisation du questionnaire, le manque d’information récoltées pour certaines rubriques, nous ont incités à effectuer des changements de directions du travail, justifiant explique les biais parfois observés.

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III.

ANALYSE DES RESULTATS A. Gestes techniques liés à l’anesthésie

Dans notre étude, un (1) vétérinaire sur six (6), pose systématiquement un cathéter à ses patients mais seulement en cas de chirurgie lourde (ostéosynthèse), pour faciliter l’administration des anesthésiques. Ce chiffre rejoint celui de l’étude Wagner et Hellyer (2000) dans laquelle près de 60% des vétérinaires interviewés ne posent pas de cathéter en intervention de routine. Aussi, pour Wagner et Hellyer (2000), ces résultats très faibles se justifient par l’état physiologique de l’animal et la nature des interventions. A savoir que la majorité des animaux anesthésiés sont en général jeunes et en bonne santé et qu’ils subissent des interventions de courte durée (convenance). En revanche, Farges (2012) dans une étude réalisée auprès de vétérinaire français indique que trois (3) vétérinaires sur quatre (4) posent systématiquement un cathéter pour des chirurgies de convenance et plus de 95% le font pour les chirurgies majeures. Ces résultats ne concernent que les chiens. De plus, l’observation du matériel disponible au niveau des cabinets visités, montre un manque évident de matériels adéquat pour la réalisation de gestes techniques liés à l’anesthésie. Cela semble être principalement dû au coût de ce matériel. En résumé, aucun des vétérinaires interviewés ne réalise systématiquement ou ponctuellement de gestes techniques tels que la pose de cathéter, la perfusion ou encore la pose de sonde endotrachéales à ses patients, ce qui rend difficile le traitement des complications per opératoire.

B. Utilisation des agents anesthésiques 1. Généralités Afin d’apprécier la capacité des vétérinaires interviewés à réaliser une anesthésie balancée et/ou adapter les protocoles anesthésiques en fonction de la situation clinique du patient, l’estimation du nombre total de molécules anesthésiques dont dispose chaque vétérinaire nous a semblé pertinent. Ainsi, plus de la moitié des vétérinaires de notre étude, n’utilisent que deux molécules tout au plus, quelque soit le type de chirurgie. Ce qui signifie que l’arsenal thérapeutique disponible en anesthésie, soit une vingtaine de molécules reste jusqu'à présent peu exploité par les vétérinaires de la ville de Dakar.

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Cela s’explique d’une part par un manque de connaissance des nouveaux agents anesthésiques et d’autre part par le coût parfois très élevé de ces molécules qui aurait du mal à être rentabilisé par le vétérinaire du fait d’une clientèle souvent pauvre. Ce dernier facteur, figure d’ailleurs en bonne place des facteurs posant problèmes aux vétérinaires dans leur pratique de l’anesthésie. Ainsi, bon nombre de vétérinaires pratiquent l’anesthésie avec un arsenal réduit de molécules mais qu’ils pensent maîtriser suffisamment pour être à l’aise dans la pratique quotidienne (Farges, 2012).

2. Molécules utilisées a. Molécules de la prémédication Dans notre étude, un (1) vétérinaire sur trois (3) n’effectue pas de prémédication injectée séparément de l’agent anesthésique pour les chirurgies de convenances ni pour les chirurgies majeures. Cela peut vouloir dire que soit les vétérinaires de notre étude n’utilisent pas du tout de prémédication, ce qui apparaît surprenant puisque le risque anesthésique tend à augmenter sans prémédication (Brodbelt, 2009), soit qu’ils mélangent le(s) produit(s) de la prémédication au(x) agent(s) anesthésique(s) pour n’effectuer qu’une seule injection (ex. : protocole associant xylazine et kétamine, injectés via la même seringue par voie intramusculaire). Cette dernière méthode bien que réduisant le temps d’attente du vétérinaire avant la chirurgie, ne lui permet cependant pas de tirer profit des bénéfices apportés par une prémédication correctement mise en œuvre. Cette pratique est souvent tributaire de l’habitude et/ou l’ignorance de l’avantage d’une bonne prémédication. Parmi les molécules de la prémédication disponible, la xylazine est la plus réputée auprès des vétérinaires de notre étude, aussi bien pour les chirurgies de convenance que pour les chirurgies majeures, et ce malgré le fait que la xylazine soit associée à une mortalité anesthésique plus élevée dans certaines études vétérinaires (Clarke et Hall 1990; Dyson et al, 1998). Toutefois, la xylazine utilisé chez les carnivores domestiques à jeûn, n’induit pas le vomissement, réduit ainsi le taux de mortalité. Concernant les benzodiazépines, elles sont proportionnellement moins utilisées. Cela peut être justifié par leur moindre accessibilité. En effet, en médecine vétérinaire, l’unique molécule présentant une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) est le zolazépam. De plus, cette molécule n’est pas disponible seule mais associée à un anesthésique dissociatif, la tilétamine. Le diazépam et le midazolam, d’autres benzodiazépines qui pourraient également être

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utilisées en tant qu’agents de prémédication pour carnivores domestiques, ne bénéficient d’aucune AMM vétérinaire et ne sont donc pas disponibles auprès des redistributeurs de médicaments vétérinaires. Cela étant, dans notre étude le diazépam apparait être une molécule fréquemment utilisé dans les cas de chirurgie majeure. En effet, elle est à l’origine d’une myorelaxation très intéressante dans les chirurgies majeures telles que les chirurgies osseuses. De plus, elle induit peu de dépression cardiovasculaire et respiratoire et s’avère être un choix pertinent pour les animaux critiques, bien que les benzodiazépines n’aient jamais été associées à une diminution des risques anesthésiques dans les études de référence. (Brodbelt et al, 2008) Enfin, contrairement à l’étude de Farges (2012) où la médétomidine et l’acépromazine sont les molécules de prémédication les plus utilisées, dans notre étude, ces molécules apparaissent comme les moins citées. Pour la médétomidine, cela peut s’expliquer par le fait que ce soit l’alpha2-agoniste le plus récemment mis sur le marché. Aussi, malgré les trois effets très recherchés lors de l’anesthésie, qu’elle cumule ; sédatif, analgésique et myorelaxant, la médétomidine possèdent d’importants effets secondaires (notamment au niveau cardio-respiratoire) (RCP, 2011). En dépit de cela, c’est un agent anesthésique particulièrement intéressant car son utilisation permet une épargne anesthésique ainsi qu’un réveil de bonne qualité. Par ailleurs, cet agent dispose d’un antagoniste, qui permet de reverser ses effets et ainsi accélérer le réveil de l’animal. Quand à l’acépromazine, c’est une molécule présentant une grande marge de sécurité. En effet, à faible doses, elle permet de réduire le stress de l’animal. Son utilisation a été associée à un taux réduit de mortalité anesthésique dans diverses études vétérinaires (Clarke et Hall, 1990 ; Dyson et al, 1998), cela s’explique en partie par les effets anti-arythmiques ainsi que la vasodilatation et l’hypotension dont elle est à l’origine. C’est d’ailleurs la molécule de prémédication la plus utilisée par les vétérinaires dans les études de Clarke et Hall (1990) aisni que de Wagner et Hellyer (2000). Cependant, l’acépromazine n’a aucun effet analgésique bien qu’elle permette d’offrir une bonne potentialisation de l’anesthésie. Enfin, elle est à proscrire pour les animaux débilités ou en association avec des molécules à forte valence analgésique (Goy-Thollot et al, 2006).

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b. Molécules de l’induction et de la maintenance Parmi les agents d’anesthésie injectables, la Kétamine est la molécule la plus utilisée par les vétérinaires de notre étude, aussi bien en chirurgies de convenance qu’en chirurgies majeures. Il en est de même pour les études de Wagner et Hellyer (2000) ainsi que celle de Farges (2012). Et cela, en dépit, de quelques inconvénients souvent observés comme la narcose insuffisante, la salivation et le réveil agité. La kétamine présente de nombreux avantages pratiques pour les vétérinaires en raison de sa faible toxicité, elle est très utilisé en anesthésiologie vétérinaire. De plus, c’est une molécule disponible auprès de nombreux laboratoires. Elle fait partie des molécules d’induction injectables les moins chères du marché. La kétamine est par ailleurs une molécule relativement sûre d’emploi dans la mesure où les complications cardiovasculaires et surtout respiratoires sont peu nombreuses. Elle apporte également une valence analgésique au protocole anesthésique. Pour finir, cette molécule peut être administrée aussi bien par voie musculaire que par voie veineuse, ce qui facilite son utilisation notamment sur les animaux pour lesquels l’accès veineux est difficile. Par ailleurs, elle a une durée d’action (20 mn environ) qui permet la réalisation d’interventions de convenance ou autres examens d’imagerie médicale, ce qui en fait un choix judicieux pour le praticien, lors d’anesthésie injectable.

C. Gestion de la douleur 1. Techniques utilisées a. Administration d’analgésiques pré, per ou post-opératoire Notre étude révèle que les vétérinaires de la ville de Dakar attachent peu d’importance à la gestion de la douleur. En effet, sur les six (6) vétérinaires interviewés, moins de la moitié utilisent l’analgésie pré ou per opératoire et seulement deux (33,3%) pratiquent l’analgésie post opératoire quelque soit le type de chirurgie. Les même observations ont été décrite par Wagner et Hellyer (2000), qui ont noté que 33,8% des vétérinaires mettent en place une analgésie post-opératoire après les castrations et les ovariectomies chez les chiens. Ces données sont cependant inférieures à celles de l’étude de Farges (2012), dans laquelle, le nombre de vétérinaires ayant recours à une analgésie pré, per ou post opératoire, pour les chirurgies de convenance est supérieur à 50%. Toutefois, parmi les vétérinaires n’ayant pas recours à l’analgésie pour les chirurgies de convenances, Farges (2012) affirme que 58% utilisent néamoins une analgésie en cas de chirurgie majeure. 63


Pour Farges (2012), les vétérinaires sous estiment la douleur que peut provoquer un acte chirurgical. En effet, même les interventions peu invasive et de courte durée, peuvent être à l’origine de douleurs modérés à sévères, en fonction de la sensibilité du patient. Une étude réalisée par Hugonnard et al. (1999) a cherché à comprendre l’attitude des vétérinaires français vis-à-vis de la douleur opératoire de leurs patients. Ainsi, elle a montré que 47% de ces vétérinaires, jugent leur gestion de l’analgésie inadéquate chez le chien et attribuent ce fait à la difficulté de reconnaître la douleur, au manque de connaissance des différents analgésiques ainsi qu’à la crainte des effets indésirables liés aux produits.

b. Autres modes d’analgésie Les résultats de notre étude ont montré que très peu de vétérinaire ont recours à la perfusion d’antalgique lors de chirurgie. En effet, ce mode d’administration d’antalgique nécessite une plus importante logistique (le pousse-seringue et la pompe à perfusion par exemple) et exige du vétérinaire de bien connaître les molécules, leurs posologies ainsi que le débit de perfusion. Au final, cette technique semble donc être peu maitrisée par les vétérinaires. Les chiffres concernant l’anesthésie loco-régionale semble plus satisfaisants. En effet, trois (3) vétérinaires sur six ont en effet parfois recours à l’anesthésie loco-régionale pour les chirurgies majeures. Ces résultats s’expliquent par le fait que cette technique d’analgésie procure un grand confort aux vétérinaires notamment lors de chirurgies majeures telles que les chirurgies osseuses. En effet, sa facilité de mise en œuvre associé au coût raisonnable des agents de ce mode d’analgésie (lidocaïne) la rendent très apprécié des vétérinaires.

2. Molécules de l’analgésie Parmi l’arsenal disponible en matière de gestion de la douleur, les Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS) sont les produits pharmaceutiques les plus utilisés par les vétérinaires de notre étude, aussi bien pour les chirurgies de convenance que pour les chirurgies majeures. Ces chiffres semblables à l’étude Farges (2012), divergent de ceux de l’étude de Wagner et Hellyer (2000), où les AINS sont les molécules les moins fréquemment cités par rapport à d’autres molécules à valence analgésique telles que la kétamine, le butorphanol ou la lidocaïne. Dans notre étude, tous les vétérinaires indiquent ne disposer que des AINS (en dehors des alpha2-agonistes et de la kétamine) en tant que molécules de l’analgésie. Le choix des AINS peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit d’une classe d’antalgique disponible depuis longtemps

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sur le marché vétérinaire et qu’il existe énormément de molécules possédant une AMM vétérinaire pour les animaux de compagnie. De plus, les AINS récemment mis sur le marché (inhibant préférentiellement ou spécifiquement les cyclo-oxygénases de type 2) possèdent souvent une AMM pour une utilisation per-opératoire et s’avèrent mieux tolérés chez le chien que les AINS traditionnels. Ces molécules qui étaient déjà les plus utilisées au début des années 2000 (Hugonnard et al, 2004), s’avèrent intéressantes pour les douleurs de palier 1 à 2 (douleur faible à modérée) mais insuffisantes pour des douleurs sévères. Ainsi, utilisés seuls, les AINS peuvent convenir pour des douleurs faibles à modérées, c’est-à-dire au moins en partie pour les chirurgies de convenance (d’ailleurs plus fréquemment réalisées que les chirurgies majeures). Les AINS dominent largement les Anti-Inflammatoires Stéroïdiens

(AIS) que sont les

corticoïdes. Ce qui peut s’expliquer par le fait que les AINS induisent moins d’effets secondaires. De plus, il est bien plus aisée de prescrire un AINS en traitement post-opératoire plutôt qu’une autre molécule comme les morphiniques soumis à réglementation. Les AINS sont ainsi très pratiques d’utilisation puisque, certaines molécules existant sous plusieurs forme (injectable, buvable,…), lors de la réalisation d’un traitement, le praticien utilisé la forme injectable de la molécule lors de l’anesthésie puis prescrire au propriétaire la forme buvable à domicile et gérer la douleur de l’animal sans que l’animal n’est à revenir. Leur pharmacocinétique est également intéressante car la majeure partie d’entre eux n’a besoin d’être administré qu’une à deux fois par jours. Néanmoins, l’utilisation des AINS pour l’analgésie présente des inconvénients non négligeables : tout d’abord, comme nous l’avons vu précédemment, les AINS utilisés seuls ne suffisent pas pour gérer même les chirurgies de convenance. De plus, leur toxicité rénale rend leur utilisation dangereuse pour les animaux en hypovolémie et pour ceux souffrant de troubles rénaux. Les paramètres biochimiques rénaux devraient alors, en théorie, être contrôlés avant leur administration. Les vétérinaires ont donc intérêt à disposer d’autres familles de molécules telles que les morphiniques pour gérer l’analgésie.

D. Complications et mortalité anesthésique observées par les vétérinaires 1. Surveillance de l’anesthésie La surveillance de l’anesthésie est une étape importante de la phase post opératoire. Sa réalisation se fait en partie grâce à des appareils de monitorage. En effet, la possession de cet équipement permet de mieux anticiper les complications. C’est pourquoi, l’estimation du 65


nombre d’appareils dédiés au monitorage que possède chaque vétérinaire nous est apparu pertinent pour évaluer leur capacité à surveiller l’anesthésie et/ou à détecter la survenue de complications. Les résultats obtenus montrent qu’aucun des vétérinaires de notre étude ne possède ce genre d’appareil. Contrairement à l’étude de Farges (2012) où les trois quart des praticiens interviewés indiquaient posséder ce type d’équipement. Ainsi, les vétérinaires de notre étude ne tirent aucun profit des nombreuses informations fournies par les appareils de monitorage pour la surveillance de l’anesthésie. Cela se justifie en partie par le coût parfois élévé de cet équipement. En effet, la faible demande dans ce secteur, due au nombre réduit de cas de chirurgie, ne permet pas au clinicien de rentabiliser les importants investissements que nécessite ce type de matériel. De plus, un tiers des vétérinaires indique que le personnel soignant de leur structure n’est pas entraîné à la surveillance de l’anesthésie aussi bien par les appareils de monitorages que de visu. Ils préfèrent supposer que l’anesthésie sera sans complication car l’animal est en bonne santé et les interventions sont généralement de courte durée. Pour autant, ces seuls facteurs ne peuvent garantir une anesthésie sans risque, puisque le risque de mortalité lors d’anesthésie chez le chien en bonne santé a été estimé à 0,05% (Brodbelt, 2009). Ces différents éléments, associés aux problèmes d’amortissement du matériel, n’incitent donc pas les vétérinaires à investir dans du matériel de monitorage dont les données leur apparaissent difficilement interprétables.

2. Complications anesthésiques a. Complications observées Tout comme dans l’étude de Farges (2012), la complication la plus récurrente dans notre étude est l’apnée. Ensuite viennent l’hypoventilation et l’arythmie. Ces données confirment celle de Brodbelt (2009) qui affirme que les complications d’origine respiratoire et cardiovasculaires, sont les plus fréquentes. Cependant, les données recueillies mettent à jour une possible confusion de la part des vétérinaires sur le terme d’hypoventilation. En effet, théoriquement l’hypoventilation ne peut être mesurée que par l’intermédiaire de la capnographie ou de la gazométrie sanguine or, aucun des vétérinaires de notre étude ne possèdent ce type de matériels. Il est donc probable que les praticiens confondent hypoventilation et bradypnée (baisse de la fréquence respiratoire).

66


Quand aux anomalies liées à la profondeur de l’anesthésie, les résultats de notre étude s’accorde avec ceux de Farges (2012), pour dire qu’elles sont bien plus fréquentes que les anomalies cardiovasculaires, notamment, le réveil pendant l’anesthésie qui est la seconde complication la plus observée par les vétérinaires avec le réveil prolongé. Ainsi, les vétérinaires de notre étude ont du mal à gérer la quantité d’agents anesthésiques administrée au patient, et induisent parfois des surdosages anesthésiques. Ces résultats peuvent être justifiés par une utilisation inexistante de l’anesthésie volatile, en dépit du fait que cette méthode permet un contrôle plus précis de la profondeur d’anesthésie. b. Gestion des complications Les complications au cours d’une anesthésie sont relativement fréquentes. Stabiliser les constantes du patient et s’assurer de sa survie au cours d’une intervention nécessite parfois la réalisation d’une réanimation cardiovasculaire. Tout comme pour la surveillance anesthésique, cette étape est généralement fonction d’un certain type de matériels. En outre, chaque vétérinaire doit avoir à disposition dans son cabinet, un chariot ou une trousse d’urgence, comportant à la fois une large gamme de molécule de la réanimation (adrénaline, atropine, furosémide, lidocaïne, frécardylND) ainsi que le matériel nécessaire à la réanimation (sondes endotrachéales par exemple). De plus, la présence d’un personnel soignant entrainé facilitera sa mise en œuvre. Or, d’après notre étude, les vétérinaires disposent seulement de la moitié de cet arsenal (partie médicamenteuse), ce qui signifie qu’ils sont en théorie moins efficaces pour la gestion des complications, et près de trois vétérinaires sur cinq indiquent que le personnel soignant n’est pas entrainé aux manœuvres de réanimation. Hormis ce qui précède, d’après les vétérinaires de notre étude, la mise en œuvre de la réanimation est un des facteurs qui leur pose le plus problème car ils sont peu informés sur les diverses procédures. De plus, pour tous ces vétérinaires, le personnel soignant n’est pas non plus entrainé à la surveillance de l’anesthésie.

En somme, le manque de matériels pour la surveillance anesthésique associé au manque de formation du personnel, limitent les capacités à gérer d’éventuelles complications peranesthésique.

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CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS Notre étude représente la première base de données en matière d’anesthésie des chiens et chats au Sénégal. Bien que la méthodologie ne soit pas parfaite, les données sur la pratique anesthésique et la mortalité associée, constituent le point de départ de l’évaluation de l’anesthésie vétérinaire dakaroise. En effet, les résultats de notre étude fournissent des informations essentielles sur les techniques et les produits anesthésiques utilisés par les vétérinaires d’une part, et sur les difficultés qu’ils rencontrent dans leur pratique quotidienne de l’anesthésie d’autre part. Les conclusions permettront d’envisager la réalisation d’autres études pour affiner l’évaluation de l’anesthésie des carnivores domestiques, et l’amélioration de la pratique anesthésique ainsi que son enseignement aux étudiants et aux praticiens. Nos recommandations vont donc à l’endroit : 

de l’Ordre des Docteurs Vétérinaire au Sénégal (ODVS)

-

Adhésion ou création d’une société savante pour l’anesthésie vétérinaire ;

-

Mise en place d’une règlementation sur l’utilisation des anesthésiques ;

-

Organisation d’ateliers de formation continue en anesthésiologie.

de l’Ecole Inter-états des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) de Dakar

-

Adhésion à une société savante pour l’anesthésie vétérinaire notamment la 4AVET ;

-

Organisation d’ateliers de formation continue en anesthésiologie ;

-

Sensibilisation des étudiants vétérinaires sur la gestion anesthésique.

-

Coopération avec la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie (FMPO) dans le cadre de la formation d’anesthésiste.

des structures de productions et/ou distributions de médicaments vétérinaires:

-

mettre à disposition du médecin vétérinaire à un coût raisonnable, une gamme de molécules anesthésiques pour carnivores domestiques, améliorant le confort du vétérinaire dans son exercice.

des structures de distributions de matériels vétérinaire

-

Proposer une offre aussi large qu’en médecine humaine à la spécialité vétérinaire, notamment dans l’instrumentation, par la mise en vente d’appareils de monitorage, d’anesthésies volatiles et autres à des tarifs raisonnables. Cela contribuerait à augmenter le taux d’équipement des structures locales d’exercice vétérinaire. 68


 des cliniciens vétérinaires La médecine vétérinaire ayant énormément évolué ces dernières décennies, il est du devoir du clinicien de se mettre à jour, en s’imprégnant des nouvelles techniques, pour assurer une qualité de soin et une prise en charge efficace à ses patients. A ce titre, il serait important pour tout clinicien de : -

S’informer sur les dernières avancées médicales ;

-

Se procurer le matériel nécessaire à la mise en œuvre d’une bonne anesthésie ;

-

S’adapter aux nouvelles pratiques en matière d’anesthésiologie ;

-

Participer à des ateliers de formations ;

-

Mettre en pratique les formations acquises ainsi que les protocoles.

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CONCLUSION La science vétérinaire est l'application des principes de la médecine, du diagnostic et de la thérapeutique à toutes les catégories d’animaux. Cette science vitale pour l'étude et la protection de l'élevage, de la santé des troupeaux et du suivi de la propagation des maladies, participe également à la sauvegarde de la santé humaine. La médecine vétérinaire existe depuis aussi longtemps que la relation homme/animal. Ces dernières décennies, cette relation ayant beaucoup évolué, l’intérêt de l’homme pour l’animal va totalement progresser. En effet, l’animal qui auparavant était seulement considéré comme un outil de production (exemple de l’agriculture et l’élevage) va changer de statut et passer au centre des préoccupations ; on assiste à la naissance du zoocentrisme. Ce changement d’attitude vis-à-vis de l’animal va s’accompagner d’une évolution fulgurante de la médecine vétérinaire. En effet, le développement et la mise à disposition de nouvelles technologies vont propulser la médecine vétérinaire au même rang que la médecine humaine. Désormais, les animaux bénéficient de soins plus sophistiqués et adaptés à chaque espèce. C’est dans ce cadre que la spécialité d’anesthésiologiste vétérinaire vit le jour. Aujourd’hui, à son apogée dans les pays du Nord, elle s’installe peu à peu dans les mentalités africaines. En considérant les diverses modalités de mise en œuvre des anesthésiques disponibles et en absence de cadre législatif particulier, l’objectif de cette étude était donc d’évaluer l’état actuel de la pratique anesthésique chez les carnivores domestiques au Sénégal. Cela supposait donc de mettre en évidence un certains nombre de points, tels que : le type d’équipement anesthésique disponibles dans les structures vétérinaires, les protocoles anesthésiques utilisés et la gestion des urgences anesthésiques. Les résultats obtenus ont été recueillie auprès de 6 cabinets vétérinaires présents dans la ville de Dakar et pratiquant régulièrement la chirurgie des carnivores domestiques. On remarque tout d’abord, au niveau des cabinets visités, un manque de matériels adéquat pour la réalisation de gestes techniques liés à l’anesthésie, cela semble être principalement dû au coût de ce matériel. Ainsi aucun des vétérinaires interviewés ne réalise systématiquement de gestes techniques tels que la pose de cathéter, la perfusion ou encore la pose de sonde endotrachéales à ses patients. De plus, l’évaluation du nombre total de molécule utilisé par chaque vétérinaire, montre que malgré l'arsenal thérapeutique disponible sur le marché (une vingtaine environ), les vétérinaires dakarois se contentent d'un choix minimal de molécule. Cette réticence à exploiter tout l’arsenal, s'explique en partie par le manque de connaissance 70


des nouveaux agents anesthésiques par les vétérinaires et le coût parfois élevé de certaines molécules. Ainsi, les vétérinaires de notre étude qui semblent maitrisé leurs protocoles actuels et les risques, ne voient pas l’intérêt de se lancer dans l’utilisation de nouveaux protocoles, qui serait probablement moins rentable. Parmi les molécules de la prémédication, la xylazine arrive largement en tête des molécules utilisées par les vétérinaires, tous types de chirurgies confondues. Le diazépam quant à lui est assez fréquemment utilisé dans les cas de chirurgie majeure. Pour les agents d’anesthésie injectables, la molécule la plus prisé par les vétérinaires de notre étude est la kétamine. Quand à l'analgésie pré ou per opératoire, notre étude a révélé que peu de vétérinaire la mette en pratique. Cependant la plupart utilisent des antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) après chaque opération. Concernant l'anesthésie locorégionale, elle semble rencontrer plus de succès. En effet, les vétérinaires de notre étude ont souvent recours à ce type de molécule pour gérer la douleur de leur patient, aussi bien en cas de chirurgies majeures que celle de convenance. On explique cela grâce à la facilité d'accès au produit en particulier la lidocaïne, et le faible coût de revient des produits. Parmi les anomalies les plus rencontrées, notre étude a révélé que celles liées à la profondeur de l’anesthésie sont relativement dominante, bien plus que les anomalies cardiovasculaires. De plus, les recommandations apportées par les sociétés savantes en matière de sécurisation de l’anesthésie s’avèrent méconnue des praticiens ayant participé à notre enquête. En effet, notre étude a révélé un manque de formation du personnel soignant aussi bien pour la surveillance de l'anesthésie que pour la mise en œuvre d'une réanimation, dans plus de la moitié des structures. L'évaluation de la gestion de l'anesthésie montre que les vétérinaires sont théoriquement moins efficaces dans ce domaine car ne disposant que d'une partie de l'arsenal nécessaire; la partie médicamenteuse. Tout ceci rend la capacité de détection précoce des complications per-anesthésique très limitée. En définitive, la médecine vétérinaire ayant énormément évolué ces dernières décennies, il est du devoir du clinicien de se mettre à jour, en s’imprégnant des nouvelles techniques, pour assurer une qualité de soin et une prise en charge efficace de ses patients. Par ailleurs, certaines structures telles que l’ODVS et l’EISMV pourraient contribuer à la prise de conscience des vétérinaires locaux, notamment par : -

L’adhésion ou la création

d’une société savante pour l’anesthésie et l’analgésie

vétérinaire ; -

La mise en place d’une règlementation sur l’utilisation des anesthésiques ;

-

L’organistion d’ateliers de formation continue en anesthésiologie ;

71


-

La Sensibilisation des nouvelles générations d’étudiants vétérinaires sur l’importance de la gestion de l’anesthésie et de l’analgésique de leurs patients.

Ainsi, cette étude qui est la première dans son genre au Sénégal, constitue une base de données initiale qui ouvre la voie à de futurs travaux d’évaluation de l’anesthésie vétérinaire au Sénégal, et dans les pays membres de L’EISMV.

72


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79


ANNEXES

80


ANNEXE 1

I


II


ANNEXE 2

NOM ET PRENOMS

DENOMINATION

BOMBO

FALL

VETERINAIRE

DIOP

E-MAIL

STRUCTURE

Dr Gabi

Dr Anna

ADRESSE ET/OU

DE LA

VET SERVICE

Plateau, Rue Carnot 10, Route front de terre vetservices@sentoo.sn

Dr Armand

CLINIQUE ST

BP 21411 Dakar -

SENOU

ETIENNE

Mermoz

46, cité mamelles Dr CISSE

VETCOMPLEX

aviation vetcomplex@orange.sn

Dr Annabella Dr Alain KAMGA

Mermoz Comico

AMIZAEDES

n°110 Université Cheikh

Clinique EISMV

Anta Diop

III

TEL/FAX

338219497 77 557 74 74 33 832 56 71

33 824 38 68

338604777 77 638 29 89

33 820 56 67

33 825 85 58


ANNEXE 3

FICHE D’ENQUETE N°……… Section 1 : Identification Nom Structure Adresse/ tel Activités

Structure d’exercice

Structure en association ? Dr responsables

Dr audité Sexe

Carnivores domestiques Mixte Cabinet vétérinaire Clinique vétérinaire Sans domicile professionnel d’exercice Oui

Féminin Masculin

9- Année d’obtention du diplôme vétérinaire 10- Ecole vétérinaire d’origine 11- Nombres d’employés vétérinaires 12- Nombres d’employés techniciens 13- Nombres d’employés autres

IV

Non


Section 2 : Structure et équipements 14- Disposez-vous d’une

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

19- Etes-vous équipé d’un Oui

Non

salle de préparation pour l’animal ? 15- Disposez-vous d’un bloc opératoire ? 16- Disposez-vous d’une salle de réveil ? 17- Disposez-vous d’une source d’oxygène ? 18- Etes-vous équipés d’une machine d’anesthésie gazeuse ? 18- Etes-vous équipés d’un monitorage d’anesthésie ?

respirateur d'anesthésie ? 20- Autres équipements

Sondes endotrachéales Ballon de réanimation (type « Ambu bag ») Dispositif de réchauffement actif (tapis chauffant) Pompe à perfusion Pousse-seringue Masques d'anesthésie Autre

21- Disposez-vous d’une

Oui

Non

trousse ou d’un chariot d’urgence (réanimation)? V


22- Pour quelles raison

Coût élevé du matériel

n’en disposez vous pas ?

Clientèle pauvre Méconnaissance Matériel non disponible sur le marché

23- Votre personnel

Oui

Non

Oui

Non

soignant est-il entrainé à la surveillance de l’anesthésie ? 24- Votre personnel soignant est-il entrainé aux manœuvres de réanimation ? 25- Quel(s) facteur(s)

Connaissance des

Interprétation des

vous pose(nt) problème

agents anesthésiques

paramètres de monitorage

dans votre pratique de

Mise en œuvre d’une

Cathétérisme intraveineuse

l’anesthésie?

réanimation Fonctionnement et

Fonctionnement et

utilisation du

utilisation de

respirateur

machine d’anesthésie

Mise en œuvre d’une

Autres

fluidothérapie

VI

la


Section 3 : Anesthésique et chirurgie 26- En moyenne, combien de chirurgies pratiquées vous par mois ? 27- Pratiqué vous la

Oui

Non

Parfois

contention chimique ? 28- Si non, pourquoi ?

29- Pourquoi et à quelle

Contention chimique

fréquence utilisez vous

Chirurgie de convenance

des anesthésiques ?

Chirurgie moyenne/majeure

30- Réalisez-vous des consultations pré-

Oui

Non

anesthésiques ? 31- Si oui, combien de temps avant ? 32- Si non, pourquoi ?

Coût élevé des analyses Clientèle pauvre Méconnaissance

33- Quelles types de

Age

Sexe

données recueillez-

Espèce

Poids

vous ?

Etat physiologique

antécédents

allergie

autre

Oui

Non

34- Evaluez-vous le risque anesthésique de vos patients ?

VII


35- Si oui, sur quelle base ? (classification ASA) 36- Si non, pourquoi ? 37- Préconisez-vous une

Oui

Non

diète hydrique avant les opérations ? 38- Si oui, combien de temps avant ? 39- Si non, Pourquoi ? 40- Utilisez-vous une

Pour des

Oui

Pour des

Oui

prémédication, injectée

chirurgies

Non

chirurgies

Non

séparément de

de

Parfois

majeur

Parfois

l’anesthésique?

convenance

41- Utilisez-vous une

convenance Oui

majeur

Oui

analgésie pré/per-

Non

Non

opératoire?

Parfois

Parfois

42- Avez-vous recours à

Oui

Non

Parfois

Oui

Non

Parfois

Oui

Non

Parfois

des perfusions d’antalgiques pendant l'anesthésie ? 43- Effectuez-vous des anesthésies locauxrégionales ? 44- Utilisez-vous une analgésie postopératoire?

VIII


45- évaluation de

Perte du tonus musculaire

l’endormissement de

Perte réflexe palpébral

l’animal

Modification du diamètre pupillaire

(Oui

Non

)

(myosis/mydriase) Rapport insp/exp irrégulier Perte réflexe (plantaire, lingual)

46- évaluation du réveil

Fréquence respiratoire normale

de l’animal

Réflexe positif diamètre pupillaire normal tonus musculaire

47- Durée moyenne

Convenance :

Majeur :

Convenance :

Majeur :

d’une opération 48- Durée moyenne de l’effet anesthésique

IX


Molécules

Nom Effets commercial Prémédication

Fournisseur

Prix unitaire

a b c d e f g Anesthésiques généraux a b c d e f g Anesthésiques locaux a b c Analgésiques a b c d Section 4 : Protocoles anesthésique Protocole A

Protocole B

Protocole C

Protocole D

Mode et voie d’administration Types de Convenance chirurgies Majeur

Convenance Majeur

Convenance Majeur

Convenance Majeur

Molécule 1 Molécule 2 Molécule 3 Molécule 4

X


Section 5 : Complication et post op 49- Avez-vous déjà été confrontés aux complications d’anesthésie ? 50- Si oui, Lesquelles ?

51- Combien de morts lors d’anesthésie déplorez-vous au cours des deux (2) dernières années ? 52- Pour quel type d’intervention ? 53- Quel était l’état de l’animal ? 54- Pendant quelle phase ?

55- Quel était selon vous la cause de la mort ?

Oui

Non

Hypoventilation Apnée Tachycardie Hypotension Réveil pendant l'anesthésie

Dyspnée Arythmie Bradycardie Hypertension Réveil prolongé

Convenance Moyen/majeur Sain Malade Critique Convenance Induction Entretien Réveil Post op Origine cardiaque Origine respiratoire Origine neurologique Défaillance multisystémique Hémorragie/hypovolémie Non Déterminée Iatrogène Autre

XI

Majeur

Induction Entretien Réveil Post op


SERMENT DES VETERINAIRES DIPLOMES DE DAKAR

« Fidèlement attaché aux directives de Claude BOURGELAT, fondateur de l’enseignement vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes maîtres et mes ainés : 

D’avoir en tous moment et en tous lieux le souci de la dignité et de l’honneur de la profession vétérinaire ;

D’observer en toutes circonstances les principes de correction et de droiture fixés par le code de déontologie de mon pays ;

De prouver par ma conduite, ma conviction, que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a, que dans celui que l’on peut faire

De ne point mettre à trop haut prix le savoir que je dois à la générosité de ma patrie et à la sollicitude de tous ceux qui m’ont permis de réaliser ma vocation.

Que toute confiance me soit retirée s’il advient que je me parjure»


ETAT DES LIEUX DE L’ANESTHESIE VETERINAIRE AU SENEGAL : CAS DES CARNIVORES DOMESTIQUES.

RESUME Introduction : En médecine vétérinaire, le recours à l’anesthésie est souvent nécessaire avec des indications très variées, allant d’une simple contention à la chirurgie. En considérant les diverses modalités de mise en œuvre des anesthésies disponibles et en l’absence de cadre législatif particulier, l’objectif de cette étude était donc d’évaluer l’état actuel de la pratique anesthésique chez les carnivores domestiques à Dakar (Sénégal).

Matériel et Méthodes : Notre étude étant rétrospective, nous nous sommes muni d’un questionnaire scindés en 5 grandes parties pour sa réalisation. L’enquête s’est alors déroulée sur 5 mois (janvier 2014 à mai 2014) auprès des cabinets vétérinaires de la ville de Dakar réalisant par mois un minimum de 5 chirurgies sur carnivores domestiques.

Résultats : Nous avons constaté au sein de notre population d’étude, que le nombre d’année d’expérience dans la pratique chirurgicale variait entre 12 et 30 ans et que seulement deux (2) vétérinaires sur les six (6) interviewés était de sexe féminin. De plus, tous réalisent au moins 5 opérations chirurgicales sur des carnivores domestiques par mois, dont la majeure partie sont des interventions de convenance. Parmi l’arsenal thérapeutique disponible sur le marché, les molécules qui reviennent le plus souvent quelque soit le type d’intervention sont : la xylazine, la kétamine et le diazépam. On constate également que la majeure partie des vétérinaires interviewés n’ont jamais recours à une analgésie pré ou per opératoire quel que soit le type d’intervention, et ce malgré les progrès réalisés dans le domaine de la prise en charge de la douleur animale. Seul l’analgésie post opératoire est réalisée, et ceux par la moitié des praticiens, principalement à l’aide d’Anti Inflammatoire Non Stéroïdien. Quand à l’équipement des structures, il nous est apparu inexistant. Ainsi, on se rend compte que les recommandations apporté par les sociétés savantes en matière de sécurisation de l’anesthésie s’avèrent méconnue des praticiens ayant participé à notre enquête. Cependant, les réponses obtenues concernant les cas de mortalité anesthésique rencontrés au cours des deux dernières années étant faible, on peut conclure que les méthodes utilisées par les praticiens de la ville de Dakar, bien qu’archaïque, sont efficace.

Conclusion : Cette étude qui est la première dans son genre au Sénégal, constitue donc une base de données initiale qui ouvre la voie à de futurs travaux d’évaluation de l’anesthésie vétérinaire au Sénégal et dans les pays membres de l’EISMV.

Mots clés : Anesthésie, Anesthésie vétérinaire, douleur animale, carnivores domestiques. Adresse de l’auteur : Mlle Anuarite Marie Désirée DEKI Email : anudeck@yahoo.fr Tel : +221 77 182 47 35 / +225 08 16 15 49 Imm 60/Apt 60I, Hlm Fass Paillote Dakar, Sénégal


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