UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES (E.I.S.M.V/Dakar)
No 10
ANNEE 2016
ANALYSE DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT DANS LES REGIONS DE DAKAR ET DE THIES THESE Présentée et soutenue publiquement le 04 Juin 2016 à 9h 00mn devant la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar Pour obtenir le Grade de DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (DIPLOME D’ETAT) Par Mademoiselle FAMA CHEIKH GUEYE Née le 22 Mars 1986 à Dakar (SENEGAL)
JURY PRESIDENT :
M. Gora MBAYE
Maître de conférences agrégé à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar
CO-DIRECTEUR ET RAPPORTEUR DE THESE :
M. Ayao MISSOHOU
Professeur à l’E.I.S.M.V. de Dakar
MEMBRE :
M. Oubri Bassa GBATI
Maître de Conférences Agrégé à l’E.I.S.M.V. de Dakar
DIRECTEUR DE THESE :
M. Abdoulaye DIENG
Professeur à L’E.N.S.A. / Thiès (Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture)
ECOLE INTER ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE DAKAR BP : 5077-DAKAR – Fann (Sénégal) Tel: (00221) 33 865 10 08 / Fax: (221) 33 825 42 83/ Site web: www.eismv.org
COMITE DE DIRECTION LE DIRECTEUR GENERAL Professeur Louis Joseph PANGUI LES COORDONNATEURS Professeur Germain Jérôme SAWADOGO Coordonnateur des Stages et des Formations Post-Universitaires Professeur Yalacé Yamba KABORET Coordonnateur de la Coopération Internationale Professeur Serge Niangoran BAKOU Coordonnateur des Etudes et de la Vie Estudiantine Professeur Yaghouba KANE Coordonnateur de la Recherche/Développement
Année Universitaire 2015-2016
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LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
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DEDICACES
Je rends grâce à DIEU LE MISERICORDIEUX ET A SON PROPHETE MOUHAMED (PSL). Je dédie ce travail à : A mon très cher Papa Makhoudia GUEYE Papa tu as toujours guidé mes pas et tu m’as guidé vers cette école et rien que pour ça je ne pourrais te remercier assez. Tu es un papa protecteur, prévoyant et très affectueux. Retiens cette phrase à jamais : Je t’aime papa. A ma tendre Maman Fama DIOUF GUEYE Je suis ravie d’être le fruit de tes entrailles, femme de gloire, femme vertueuse et de valeur. Cette douceur et cette beauté qui émanent de toi sont le reflet de ton âme. Que la lumière divine ne cesse de jaillir en toi maman. A mes grand frères de cœur El Hadji Alioune et Cheikh Ahmed Tidiane ; A mes grandes sœurs et mères Mme NIANE Soukeyna, Mme NDIAYE Aminata, Mme MBAYE Aïssatou, Mme NDIAYE Fatoumata Binetou ; A mes petites sœurs adorées Ndéye Anna et Ramatoulaye ; N’importe qui serait très heureux d’appartenir à cette fratrie. A cette occasion, je rends grâce à Dieu de m’avoir donné cette chance. Vous êtes exceptionnels. Que le tout puissant nous couvre de sa miséricorde. A mes beaux-frères Idrissa NIANE, Mamadou Omar NDIAYE, El Hadji Socé NDIAYE, Alioune MBAYE. A mes belles-sœurs Khadidiatou TRAORE, Amsatou CISSOKHO, Hya CISSOKHO (ma meilleure amie et ma complice).
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A mon compagnon de vie. Merci pour ton soutien pendant toutes ces années. Merci pour ton respect, pour ton admiration et surtout pour ton amour inconditionnel. A mes adorables nièces et à mes neveux chéris. Vous me comblez de bonheur au quotidien au plus profond de mon âme vous qui m’appelez affectueusement « Fama chou ». Sachez que je vous rends au centime près tout l’amour que vous me vouez. Que Dieu vous couvre de sa grâce mes amours. Au Docteur Mame Fatou THIOUNE ma marraine et grande sœur. Merci de m’avoir couvé et choyé pendant mes toutes premières années à l’école vétérinaire. Je te renouvelle toute mon affection Madame LY. Au Docteur Serigne Abdoulaye CISSE mon Maître de stage en clinique. Grace à l’amour que vous avez pour la Médecine Vétérinaire et de par votre générosité et votre rigueur dans le travail, vous m’avez aidé à mettre à profit mes acquis. Que la grâce de Dieu soit avec vous en toute circonstance mon cher frère. Au Docteur Ousmane NDIAYE mon parrain, pour m’avoir offert ma première trousse vétérinaire et pour toute l’estime que vous avez pour moi, je vous dédie ce modeste travail. Au Docteur Alpha SOW Vous avez contribué à la réalisation de ce travail dans la plus grande discrétion. Votre ouverture d’esprit, votre disponibilité, vos compétences et votre générosité méritent d’être mentionnés honorable Docteur. Sincères remerciements. A l’A.E.V.S. A l’A.E.V.D. Au SENEGAL ma patrie
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REMERCIEMENTS
Nos sincères remerciements vont particulièrement : Au groupe NESTLE, merci d’avoir mis à notre disposition les moyens nécessaires pour la réalisation de cette étude et de nous avoir donné l’opportunité de travailler sur ce sujet. Particulièrement à Monsieur MBOUP Cheikh Mbacké pour la coordination de ce travail. A toute ma famille particulièrement à mon Papa Au Professeur Ayao MISSOHOU Au Professeur Abdoulaye DIENG Au Docteur Alpha SOW A tout le corps enseignant de l’E.I.S.M.V. A Madame DIOUF et à Madame MISSOHOU à la bibliothèque de l’E.I.S.M.V. Aux Inspecteurs régionaux et départementaux de l’élevage Aux Responsables des Fermes intensives de la Zone des Niayes Aux Responsables des Entreprises de transformation laitière Aux Eleveurs dans les régions de Dakar et de Thiès A la 42éme Promotion [Promotion François ABIOLA] A tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail
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A NOS MAÎTRES ET JUGES A notre Maître et Président de Jury Monsieur Gora MBAYE, Maître de Conférences agrégé à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar Vous nous avez séduits par votre abord facile et votre disponibilité. Avec une spontanéité sans égal, vous nous faites un grand honneur en acceptant de présider ce jury de thèse malgré vos nombreuses occupations. Soyez assuré, honorable président, de notre profonde reconnaissance. A notre Maître, Co-directeur et Rapporteur de thèse Monsieur Ayao MISSOHOU, Professeur à l’E.I.S.M.V. de Dakar Votre compétence, votre dynamisme et votre rigueur ont guidé notre choix sur votre service pour la soutenance de notre thèse. Cher Maître, nous ne trouverons guère les mots pour vous exprimer toute notre gratitude, cependant veuillez recevoir tous nos vœux de santé, de félicité et de longévité. Vos grandes qualités humaines qui suscitent respect et admiration de tout un chacun, resteront pour nous un souvenir indélébile. A notre Maître et Juge Monsieur Oubri Bassa GBATI Maître de Conférences agrégé à l’E.I.S.M.V. de Dakar Le choix de votre personne en tant que Membre du jury a été largement motivé par votre sagesse, votre amour du savoir et votre simplicité. Veillez agréer l’assurance de notre profonde gratitude. Hommage à vous cher Maître. A notre Maître et Directeur de thèse Monsieur Abdoulaye DIENG, Professeur à l’E.N.S.A./Thiès Avec expertise, vous avez guidé ce travail en mains de maître. Puisse ce travail être l'occasion pour nous de vous exprimer notre grande sympathie et notre vive reconnaissance. vi
« Par délibération, la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie et l’Ecole Inter – Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar ont décidé que les opinions émises dans les dissertations qui leurs sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu’elles n’entendent leur donner aucune approbation ni improbation ».
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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
% : Pourcentage AFOM : Atouts- Faiblesses- Opportunités- Menaces AN: année Ans : années ANIPL : Association Nationale pour l’Intensification de la Production Laitière ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie ASCOSEN : Association des Consommateurs du Sénégal AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières C : Circuit CEP : Cellule des Études et de la Planification CINAFIL : Comité Interprofessionnel National de la Filière Lait Local CLP : Ceintures Laitières Périurbaines CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal COVESE : Consortium des Vétérinaires du Sud et Est DINFEL : Directoire Nationale des Femmes en Elevage DIREL : Direction de l’élevage DNCB: Dermatose nodulaire contagieuse bovine DSRP: Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté EISMV : Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires Eql : Equivalent lait FAO : Organisation Mondiale de l’Agriculture pour l’Alimentation F CFA : Franc de la Communauté Française de l’Afrique FEITLS : Fédération des Eleveurs Indépendants et Transformateurs Laitiers du Sénégal FENAFILS : Fédération Nationale des Acteurs de la Filière Lait Local du Sénégal FNRAA : Fonds national de la Recherche Agricole et Agro-alimentaire g : gramme GIE : Groupe d’intérêt Economique viii
GRET : Groupe de Recherche et d’Echange Technologique ILRI: International Livestock Research Institute ISRA : Institut Sénégalais de Recherche Agricole ITA: Institut de Technologie Alimentaire kg: Kilogramme KM: Kilomètre Km²: kilomètre carré l : Litre LDPE : Lettre de Politique de Développement de l’Elevage LNERV: Laboratoire National d’Elevage et de Recherche Vétérinaire LOASP : Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale m: mètre MAER : Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement Rural MDE : Maison des éleveurs MEPA : Ministère de l’Elevage et des Productions Animales mm : millimètre ONG : Organisation non gouvernementale OP: Organisation Professionnelle OSB : Opération de Sauvegarde du Bétail PACE : Programme Panafricaine de Contrôle des Epizooties PAPEL : Projet d’Appui à l’Elevage PBL : Projet de Bassin Laitier PIB : Produit Intérieur Brut PME : Petites et Moyennes Entreprises PMI : Petites et Moyennes Industries PNDE : Plan National de Développement de l’Elevage PNIA : Plan National d’Investissement Agricole PROCORDEL : Programme Concerté de Recherche Développement RAC : Revue Annuelle Conjointe RGPHAE : Recensement Général de la Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage ix
SA : Société Anonyme SARL : Société à Responsabilité Limitée SCA : Stratégie de croissance accélérée SODEFITEX : Société de Développement et de fibres textiles SWOT : Strengths- Weaknesses- Opportunities- Threats TEC: Tarif Extérieur Commun UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine UHT : Ultra Haute Température UNCS : Union Nationale des Consommateurs Sénégalais UPPRAL : Union des Producteurs et Préposés du Rayon Laitier de Dahra USA : United States of American USAID : United States Agency for International Development USD : United States Dollars UTL : Unité de Transformation de Lait ZBA : Zone du Bassin arachidier ZF : Zone du Fleuve ZSO : Zone Sénégal Oriental
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LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Evolution du cheptel de 2000 à 2013 .................................................5 Figure 2 : Répartition par région des effectifs bovins en 2012 ………………...6 Figure 3 : Zones éco-géographiques du Sénégal ……………………………….9 Figure 4 : Zébu Gobra ………………………………………………………...10 Figure 5 : Taurin N’dama ……………………………………………………..11 Figure 6 : Race Djakoré ……………………………………………………….11 Figure 7 : Zébu Maure ………………………………………………………...12 Figure 8 : Race Holstein ………………………………………………………12 Figure 9 : Race Montbéliarde …………………………………………………13 Figure 10 : Race Jersiaise……………………………………………………...14 Figure 11 : Race Normande……………………………………………………14 Figure 12 : Race Guzérat………………………………………………………15 Figure 13 : Race Brune des Alpes……………………………………………..15 Figure 14 : Contribution à la production de lait local selon l’espèce en 2013...17 Figure 15 : Évolution de la production laitière locale de 1999 à 2013 (en million de litres) ………………………………………………………………………..17 Figure 16 : Répartition de la production nationale de lait cru en fonction des régions …………………………………………………………………………18 Figure 17 : Provenance des importations de produits laitiers en 2012 ………..23 Figure 18 : Evolution des importations et de la production annuelle 2000-2013 en millions d’équivalents litres de lait …………………………………………24 Figure 19 : Evolution du montant des importations de produits laitiers au Sénégal de 2008 à 2012 ………………………………………………………..25 Figure 20 : Schéma de la chaîne de valeur lait local ………………………….36 Figure 21 : Carte administrative de la région de Dakar ………………………55 Figure 22 : Effectif du cheptel ruminant dans la région de Dakar par Département en 2012 …………………………………………………………..56 Figure 23 : Carte administrative de la région de Thiès ……………………….57 Figure 24 : Effectif du cheptel ruminant dans la région de Thiès par département en 2012 …………………………………………………………...59 Figure 25 : Répartition des producteurs en fonction de l’ethnie ……………...64 Figure 26 : Appartenance des acteurs de la chaîne de valeur à une organisation…………………………………………………………………….66 Figure 27 : Répartition des éleveurs en fonction des systèmes de production...68 Figure 28 : Bâtiment d’élevage à Tivaouane ………………………………….68 Figure 29 : Répartition des éleveurs ne pratiquant pas l’insémination artificielle en fonction de leurs arguments ………………………………………………...70 Figure 30 : Affections rencontrées par les éleveurs …………………………..70 Figure 31 : Lésions de Dermatose Nodulaire Contagieuse Bovine …………...71 xi
Figure 32 : Répartition des races bovines en fonction des zones d’étude …….72 Figure 33 : Métisses en stabulation à Mboro dans le Département de Tivaouane………………………………………………………………………72 Figure 34 : Composition du cheptel en fonction des zones d’étude…………...73 Figure 35 : Pourcentage des producteurs avec ou sans géniteur………………74 Figure 36 : Pourcentage des femelles en production…………………………..75 Figure 37 : Pourcentage des femelles traites…………………………………..76 Figure 38 : Répartition de la production actuelle de lait en fonction des races.78 Figure 39 : Répartition de la production en fonction des zones d’étude………78 Figure 40 : Métisse en traite manuelle à Notto…………………………..........79 Figure 41 : Types de produits obtenus après transformation du lait frais……..80 Figure 42 : Répartition des métisses dans le Département de Mbour………..102
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LISTE DES TABLEAUX
Tableau I: Part de la production de lait en 2013 en fonction de l’espèce……..16 Tableau II: Unités de transformation du lait local au Sénégal ………………..22 Tableau III: Transformateurs industriels de lait en poudre au Sénégal……….26 Tableau IV: Comparaison des marges brutes…………………………………35 Tableau V: Prix d’achat moyen (F CFA) du litre de lait aux producteurs……………………………………………………………………..43 Tableau VI: Projets d’élevage en cours d’exécution au Sénégal……………...50 Tableau VII: Structures d’appui à la filière laitière…………………………...50 Tableau VIII: Structures de transformation de lait local et/ou en poudre…….62 Tableau IX: Calendrier de l’enquête…………………………………………..62 Tableau X: Répartition des mâles adultes……………………………………..73 Tableau XI: Répartition des jeunes mâles…………………………………….74 Tableau XII: Répartition des femelles reproductrices………………………...74 Tableau XIII: Répartition des femelles en lactation…………………………..75 Tableau XIV: Répartition des femelles traites………………………………...75 Tableau XV: Répartition des génisses………………………………………...76 Tableau XVI: Répartition des veaux-velles…………………………………...76 Tableau XVII: Estimation de la production actuelle de lait…………………..78 Tableau XVIII: Prix du litre de lait pendant la saison sèche (F CFA)………..81 Tableau XIX: Prix du litre de lait pendant la saison des pluies (F CFA)…......81 Tableau XX: Coût de production en extensif sans utilisation de concentré…..82 Tableau XXI: Coût de production en extensif avec utilisation de concentré…83 Tableau XXII: Coût de production en extensif avec construction d’étable…...84 Tableau XXIII: Coût de production en exploitation en stabulation…………..84 Tableau XXIV: Coût de production en exploitation semi-intensive………….85 Tableau XXV: Marges chez les producteurs………………………………….86 Tableau XXVI: Marges chez les collecteurs et transformateurs……………...86 Tableau XXVII: Quantité de lait collecté par KIRENE de 2009 à 2013……...90 Tableau XXVIII: Analyse SWOT…………………………………………...109 Tableau XXIX : Exploitations pour une collecte à court terme……………….113
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TABLE DE MATIERES
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1 PREMIERE PARTIE : FILIERE LAITIERE………………………………………………….3 CHAPITRE I : FILIERE LAIT AU SENEGAL ........................................................................ 5 I.1. ELEVAGE AU SENEGAL ................................................................................................. 5 I.1.1. Place de l’élevage dans l’économie nationale................................................................... 5 I.1.2. Données sur l’élevage au Sénégal ..................................................................................... 5 I.1.3. Systèmes d’élevage et spécificités régionales au Sénégal ................................................ 7 I.2. PRODUCTION LAITIERE AU SENEGAL ..................................................................... 10 I.2.1. Cheptel laitier .................................................................................................................. 10 I.2.1.1. Races locales ................................................................................................................ 11 I.2.1.2. Races exotiques ............................................................................................................ 13 I.2.2. Production de lait ............................................................................................................ 17 I.2.3. Systèmes de collecte ....................................................................................................... 19 I.2.3.1. Collecte directe ............................................................................................................ 20 I.2.3.2. Collecteurs de métier ................................................................................................... 20 I.2.3.3. Centres de collecte ....................................................................................................... 20 I.2.4. Transformation du lait local ............................................................................................ 21 I.2.4.1.Transformation artisanale traditionnelle ....................................................................... 21 I.2.4.2. Mini laiteries ................................................................................................................ 22 I.2.4.3. Transformation industrielle .......................................................................................... 22 I.3. IMPORTATIONS DU LAIT ET DES PRODUITS LAITIERS AU SENEGAL ............. 23 I.3.1. Provenance et composition des importations .................................................................. 23 I.3.2. Volume et évolution des importations………………………………………………….22 I.3.3. Transformation de la poudre de lait ................................................................................ 26 I.3.3.1. Transformation artisanale ............................................................................................ 26 I.3.3.2. Transformation industrielle .......................................................................................... 27 I.3.4. Circuit de commercialisation .......................................................................................... 27 CHAPITRE II : CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL ............................................. 28 II.1. NOTION DE CHAÎNE DE VALEUR ............................................................................. 28 II.2. ACTEURS DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL................................ 29 xiv
II.2.1. Au niveau de la production ............................................................................................ 29 II.2.2. Au niveau de la collecte ................................................................................................. 29 II.2.3. Au niveau de la transformation ..................................................................................... 29 II.2.4. Au niveau de la commercialisation…………………………………………………………………………….28 II.2.5. Organisations professionnelles et interprofessionnelles ................................................ 29 II.2.6. Organisations des consommateurs ................................................................................. 30 II.3. CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL ............................................................... 31 II.4. SCHEMA DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL ................................ 36 II.5. COUTS DE PRODUCTION ............................................................................................ 37 II.6. MARCHE DU LAIT ET DES PRODUITS LAITIERS AU SENEGAL ........................ 39 II.6.1.Offre en lait et produits laitiers ....................................................................................... 40 II.6.2. Demande en lait et produits laitiers ............................................................................... 40 II.6.3. Prix du lait local au Sénégal .......................................................................................... 41 II.7. CONTRAINTES AU DEVELOPPEMENT DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL ................................................................................................................................ 45 II.7.1. Au niveau de la production ............................................................................................ 45 II.7.2. Au niveau de la collecte ................................................................................................. 45 II.7.3. Au niveau de la transformation ..................................................................................... 46 II.7.4. Au niveau de la commercialisation................................................................................ 46 II.7.5. Contraintes sanitaires ..................................................................................................... 47 II.7.6. Contraintes financières .................................................................................................. 47 II.7.7. Contraintes infrastructurelles ......................................................................................... 47 II.7.8. Vol de bétail................................................................................................................... 48 II.7.9. Au niveau politique ....................................................................................................... 48 II.7.10. Au niveau gestion et organisation ............................................................................... 48 II.8.PROJETS, POLITIQUES ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DE LA CHAÎNE DE VALEUR ........................................................................................................................... 48 II.8.1. Politiques et stratégies de développement ..................................................................... 48 II.8.2. Mesures de developpement............................................................................................ 50 II.8.3. Projets d’elevage en cours ............................................................................................. 50 II.8.4. Structures d’appui au secteur laitier .............................................................................. 51
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DEUXIEME PARTIE : ............................................................................................................ 54 ETUDE DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT DANS LES REGIONS DE DAKAR ET THIES....................................................................................................................................... 54 CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODE .......................................................................... 55 I.1. CADRE D’ETUDE ............................................................................................................ 55 I.1.1. Région de Dakar ............................................................................................................. 55 I.1.1.1. Situation géographique ................................................................................................ 55 I.1.1.2. Organisation administrative ......................................................................................... 55 I.1.1.3. Climat………………………………………………………………………………...54 I.1.1.4. Démographie ................................................................................................................ 57 I.1.1.5. Elevage ......................................................................................................................... 57 I.1.2. Région de Thiès .............................................................................................................. 57 I.1.2.1. Situation géographique ................................................................................................ 57 I.1.2.2. Organisation administrative ......................................................................................... 58 I.1.2.3. Climat ........................................................................................................................... 59 I.1.2.4. Démographie ................................................................................................................ 59 I.1.2.5. Elevage ......................................................................................................................... 59 I.1.2.6. Agriculture ................................................................................................................... 60 I.2. MATERIEL ....................................................................................................................... 60 I.3. METHODE ........................................................................................................................ 61 I.3.1. Echantillonnage............................................................................................................... 61 I.3.2. Elaboration des fiches d’enquête (questionnaire) ........................................................... 61 I.3.3. Période d’étude ............................................................................................................... 62 I.3.4. Déroulement de l’étude ................................................................................................... 62 I.3.4.1. Enquête exploratrice .................................................................................................... 62 I.3.4.2. Enquête proprement dite .............................................................................................. 62 I.3.5. Traitement et analyse des résultats……………………………………………..............61 I.3.6. Limites méthodologiques ................................................................................................ 64 CHAPITRE II : RESULTATS ................................................................................................. 65 II.1. CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT DANS LES REGIONS DE DAKAR ET DE THIES .......................................................................... 65 II.1.1. Principaux acteurs de la chaîne de valeur lait ............................................................... 65 II.1.1.1. Acteurs de la production ............................................................................................. 65 II.1.1.2. Acteurs de la collecte .................................................................................................. 65 xvi
II.1.2. Organisations des acteurs .............................................................................................. 67 II.1.3. Conduite de l’élevage .................................................................................................... 68 II.1.3.1. Systèmes d’élevage ..................................................................................................... 68 II.1.3.2. Alimentation et eau ..................................................................................................... 70 II.1.3.3. Transhumance ............................................................................................................. 70 II.1.3.4. Mode de reproduction ................................................................................................. 70 II.1.4. Cheptel laitier ................................................................................................................ 72 II.1.4.1. Races bovines ............................................................................................................. 72 II.1.4.2. Composition du cheptel .............................................................................................. 73 II.1.5. Production de lait ........................................................................................................... 78 II.1.6. Caractéristiques de la traite ............................................................................................ 80 II.1.7. Transformation du lait local ......................................................................................... 81 II.1.8. Vente et prix de vente du lait ......................................................................................... 81 II.1.9.Compte d'exploitation…………………………………………………………………..80 II.1.9.1. Analyse des couts de production…………………………………………………….81 II.1.9.2. Analyse des marges………………………………………………………………….85 II.1.10. Aspects financiers ........................................................................................................ 88 II.1.11. Encadrement et recherche ............................................................................................ 88 II.1.12. Analyse du marché ...................................................................................................... 88 II.2. ANALYSE DES CONTRAINTES A LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT DANS LES REGIONS D’ETUDE .............................................................................................................. 92 II.2.1. Contraintes liées à la production laitière ...................................................................... 92 II.2.1.1. Prédominance des races locales dans le cheptel ......................................................... 92 II.2.1.2. Sous exploitation du potentiel laitier .......................................................................... 92 II.2.1.3. Conduite du troupeau .................................................................................................. 92 II.2.1.4. Transhumance ............................................................................................................. 93 II.2.1.5. Accès difficile à l’alimentation et à l’eau ................................................................... 93 II.2.2. Contraintes liées à la collecte et la transformation ........................................................ 94 II.2.3. Contraintes liées à la commercialisation ....................................................................... 95 II.2.4. Contraintes liées à l’insémination artificielle ................................................................ 95 CHAPITRE III : DISCUSSION……………………………………………………………...94 III.1. Caractéristiques de la chaîne de valeur dans les régions de Dakar et de Thiès .............. 96 III.1.1. Principaux acteurs de la chaîne de valeur .................................................................... 96 xvii
III.1.1.1. Producteurs ................................................................................................................ 96 III.1.1.2. Collecteurs ................................................................................................................. 97 III.1.1.3. Transformateurs ........................................................................................................ 98 III.1.2. Organisations des acteurs ............................................................................................. 98 III.1.3. Conduite de l’élevage ................................................................................................... 98 III.1.3.1 Systèmes d’élevage .................................................................................................... 98 III.1.3.2. Alimentation .............................................................................................................. 99 III.1.3.3.Transhumance ............................................................................................................ 99 III.1.3.4. Mode de reproduction ............................................................................................. 100 III.1.3.5. Santé animale .......................................................................................................... 101 III.1.4. Cheptel laitier ............................................................................................................. 102 III.1.4.1. Races bovines .......................................................................................................... 102 III.1.4.2. Composition du cheptel ........................................................................................... 103 III.1.5. Production de lait ....................................................................................................... 105 III.1.6. Caractéristiques de la traite ........................................................................................ 106 III.1.7. Transformation du lait local ...................................................................................... 106 III.1.8. Prix de vente du lait .................................................................................................... 107 III.1.9. Compte d’exploitation ................................................................................................ 107 III.1.9.1.Coûts de production ................................................................................................. 107 III.1.9.2.Analyse des marges .................................................................................................. 108 III.1.10. Aspects financiers .................................................................................................... 109 III.2 ANALYSE SWOT DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT .......................................... 109 III.2.1. Dèfinition SWOT ....................................................................................................... 109 III.2.2. Analyse SWOT de la chaîne de valeur lait…………………………………………109 IV. RECOMMANDATIONS................................................................................................. 111 IV.1. Recommandations aux encadreurs à la recherche et à l’Etat ........................................ 111 IV.2. Recommandations au groupe NESTLE ........................................................................ 112 IV.3. Recommandations aux producteurs ……… ................................................................. 112 IV.4. Recommandations aux collecteurs et transformateurs .................................................. 112 CONCLUSION ...................................................................................................................... 115 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................... 119
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INTRODUCTION Situé à l’extrême Ouest du continent africain, le Sénégal compte selon les statistiques officielles un total de 3,5 millions de citoyens vivant de l’élevage. Avec une contribution à hauteur de 7,4 % au PIB national (REPUBLIQUE DU SENEGAL /MAER, 2014), l’élevage constitue une composante essentielle de l’économie sénégalaise et occupe une place prépondérante dans la recherche de l'autosuffisance alimentaire, notamment en produits d'origine animale. Ce secteur bénéficiant d’un soutien conséquent de la politique de sécurité alimentaire du gouvernement, reste cependant très désorganisé et marqué en particulier par des organisations paysannes dispersées rendant ainsi difficile la coordination des initiatives d’appui de l’Etat et de ses partenaires financiers. Pourtant, le développement de l’élevage est d’un enjeu capital pour faire face à la demande nationale en produits animaux, notamment du lait et des produits laitiers. En effet, les performances de la production laitière locale étant très limitées en raison du faible potentiel génétique des races locales (1 à 3 litres de lait/jour/vache, voire moins durant la période sèche) (BROUTIN et al., 2000), la satisfaction des besoins du Sénégal en lait et produits laitiers demeure largement tributaire des importations dont le coût est évalué à 63,3 milliards en 2010 (ANSD, 2011). Des tentatives de collecte ont été entreprises au niveau des zones de production. C’est le cas de Nestlé Sénégal, qui en 1991 avait ouvert des centres de collecte de lait frais dans la zone du Ferlo pour la production de lait concentré sucré et non sucré dans son usine de Dakar. Jusqu’en 2002, ces centres de collecte et de refroidissement fournissaient du lait frais à l’usine (près de 127 400 litres de lait en 1999) et des ressources financières importantes aux petits producteurs de lait du bassin du Ferlo (8 à 15 000 000 de francs CFA, soit l’équivalent de 16 000 à 30 000 USD) toutes les deux (2) semaines. Malheureusement, après douze (12) ans de fonctionnement, ces centres ont été fermés en Avril 2003 et l’usine transférée au Ghana en raison de la faiblesse et de l’irrégularité des quantités collectées et les problèmes liés à la qualité du lait.
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Aujourd’hui, la chaîne de valeur lait au Sénégal a évolué positivement en présentant de nombreux atouts tels que l’augmentation de la capacité de production avec l’amélioration des races et des systèmes d’élevage par la promotion d’exploitation laitières modernes et semi modernes, l’existence de nombreux programmes d’appui, l’opportunité offerte par les marchés de Dakar et des villes secondaires pour des produits
locaux
transformés
de
bonne
qualité,
l’apparition
d’organisations
professionnelles et d’interprofessions et la volonté des services publics de développer le secteur de l’élevage (DIEYE et al., 2005). Parallèlement, si on tient compte d’ une part du rétrécissement de l’offre des producteurs européens et d’autre part de l’augmentation de la demande de pays comme la Chine (USAID, 2007), le marché international pourrait subir une raréfaction en produits laitiers. C’est dans ce contexte que le groupe Nestlé a souhaité réévaluer la chaîne de valeur lait au Sénégal, pour analyser les possibilités de relance de l’approvisionnement local arrêté il y a de cela douze (12) ans. A ce titre, l’objectif général de l’étude est de conduire une analyse détaillée de la chaîne de valeur lait dans les régions de Dakar et Thiès à travers une évaluation de la production, des circuits de collecte, d’approvisionnement et de commercialisation. Et plus spécifiquement, l’étude devra répondre aux objectifs suivants : identifier les services critiques dont dépend la chaîne de valeur lait (l’alimentation, l’eau, les soins vétérinaires, l’accès aux ressources financières et aux services agricoles…) ; collecter et analyser les informations pertinentes sur les différents acteurs ; collecter et analyser les informations sur les facteurs clés de réussite/échec d’une stratégie de collecte de lait local à des fins d’industrialisation (analyse SWOT).
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Ainsi ce travail comprend deux (2) parties. La première partie est une revue de la littérature sur le secteur lait au Sénégal et sur l’analyse de la chaîne de valeur lait. La deuxième partie quant à elle correspond à la partie expérimentale portant sur l’analyse de la chaîne de valeur lait dans les régions de Dakar et Thiès, et qui abordera les résultats obtenus, la discussion et enfin les recommandations.
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PREMIERE PARTIE : FILIERE LAITIERE
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CHAPITRE I : FILIERE LAIT AU SENEGAL I.1. ELEVAGE AU SENEGAL Le Sénégal à l’image de la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, est un pays où l’élevage joue un rôle central, aussi bien sur l’économie nationale que pour la population. L’économie du Sénégal repose sur l’agriculture, après laquelle l’élevage représente la deuxième grande activité du secteur primaire. L’élevage est intrinsèquement lié à la vie sociale et économique de la population sénégalaise. En effet, il revêt une importance capitale sur le plan économique et social pour sa contribution aux revenus des ménages et à la création d’emplois. I.1.1. Place de l’élevage dans l’économie nationale Au Sénégal, avec une contribution à hauteur de 7,4% au PIB national (REPUBLIQUE DU SENEGAL /MAER, 2014), l’élevage constitue une composante essentielle de l’économie sénégalaise et occupe une place prépondérante dans la recherche de l'autosuffisance alimentaire, notamment en produits d'origine animale. Sa valeur ajoutée aux prix courants est évaluée à 263 milliards de francs CFA et a représenté 4,1% du PIB en 2010 ; son poids dans la valeur ajoutée totale du secteur primaire se situe à 23,6% pour la même année (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2011). Il présente un potentiel important en termes de création de richesse avec une contribution au PIB de 4,2% en 2012 (REPUBLIQUE DU SENEGAL /MAER, 2014). Un total de 3,5 millions de citoyens vit de l’élevage qui joue un rôle important pour la sécurité alimentaire du pays. Les animaux représentent plus de la moitié du capital détenu par les ruraux et jouent à ce titre un rôle primordial dans tout processus d’intensification ou de diversification de leurs activités (RENARD et al., 2004). I.1.2. Données sur l’élevage au Sénégal Au Sénégal, le cheptel national est assez diversifié, cependant on ne dispose pas de chiffres précis sur le cheptel. Des estimations sont réalisées à partir des résultats des campagnes de vaccinations obligatoires organisées par l’Etat. Les données sur les 5
effectifs restent donc très approximatives. Le Sénégal dispose d’un cheptel de plus de 15 millions de têtes en 2011 et composé de 3 378 995 de bovins, 5 887 068 d’ovins, 5 038 116 de caprins, 535 124 d’équins, 455 504 d’asins, 374 890 de porcins et 4 794 de camélidés, qui a crû de 2% par an sur les cinq (05) dernières années (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2014). En effet, le graphique suivant (Figure 1) montre une croissance continue du cheptel
nombre d'animaux en milliers de têtes
au cours de ces dernières années.
7 000 6 000 5 000 4 000 Bovins
3 000
Ovins 2 000
Caprins
1 000 0
années
Figure 1 : Evolution du cheptel de 2000 à 2013 (DIREL/ MEPA, 2012)
Ce cheptel est réparti géographiquement selon les spécificités régionales. Les régions du Sud et Sud-Est du Sénégal sont plus densément occupées par les bovins (Figure 2).
6
6%
1%
5% 5%
9%
Dakar
Thiès
Diourbel
Kaolack
Kaffrine
Fatick
Tambacounda
Kédougou
Kolda
Sédhiou
Ziguinchor
Louga
Saint Louis
Matam
4% 5% 12% 8% 3% 5% 22% 14% 1%
Figure 2 : Répartition par région des effectifs bovins en 2012 (DIREL/ MEPA, 2012) Cependant, le bétail est assez mobile dans le temps et dans l’espace (DIA, 2013). Selon la saison et la disponibilité de l’eau et des pâturages, le troupeau de bovins et de petits ruminants effectue des déplacements du Nord vers le Sud/Sud-Est du pays. L’amplitude de la transhumance est tributaire des conditions d’accès au pâturage et à l’eau. Plus la sécheresse est longue, plus les distances parcourues sont élevées. La coexistence de l’élevage avec l’agriculture ou sa prédominance comme activité dans certaines sous-zones a contribué à la différenciation des systèmes de production en vigueur (DIEYE et al., 2003). I.1.3. Systèmes d’élevage et spécificités régionales au Sénégal Les systèmes pastoraux et agropastoraux de production laitière sont les plus répandus au Sénégal du point de vue des effectifs des animaux utilisés et des quantités produites. D’après DIARRA (2009), leur performance est fortement liée aux conditions agroécologiques et socio-économiques. Elles définissent les contraintes et les opportunités de ces systèmes. Au Sénégal, il existe d’importantes disparités et c’est ainsi qu’on 7
distingue six (6) grandes régions (Figure 3), présentant chacune des spécificités : le Bassin arachidier (ZBA), la zone du Fleuve (ZF), la Casamance (Zone sud), la zone du Sénégal oriental (ZSO), la zone Sylvo-pastorale ou Ferlo (ZSP) et les Niayes (CSE/FAO, 2003). La zone du Fleuve Sénégal : une région hydro-agricole à vocation rizicole Cette région couvre l’extrême nord et l’est du Sénégal, soit 14,4 % de la superficie du territoire national. Elle est caractérisée par un climat de type sahélien marqué par la faiblesse de la pluviométrie (300 à 400 mm/an dans la vallée, de 200 à 300 mm/an dans le delta) et par l’alternance d’une saison sèche prononcée et d’une saison des pluies qui va de mi-juillet à septembre. Pour l’élevage, la zone du Walo est particulièrement intéressante pour ses parcours post-culturaux. Elle a aussi des potentialités en sous-produits agricoles et agroindustriels destinés à l’alimentation animale. Les cultures fourragères, en revanche, sont quasiment inexistantes. La zone sylvo-pastorale : une région à vocation pastorale Elle se situe immédiatement au sud de la vallée du fleuve, occupe une partie de la zone sahélienne et sahélo-soudanienne et couvre 21,7 % du territoire national. Elle correspond à la région de Louga excepté Kébémer. Cette zone présente les plus mauvaises performances en termes de pluviométrie. Du fait du caractère aride de l'environnement, l’élevage pastoral constitue le principal système de production. Le Bassin arachidier Il représente 21,6% de la superficie et correspond à la zone agricole où domine la culture arachidière. Le système agro-pastoral est le système dominant dans cette région. Le bétail est considéré par les agriculteurs comme un moyen d’épargne et un outil de production (culture attelée). Ce système utilise les sous-produits agricoles (fanes et tourteaux d’arachide). Il est cependant confronté à l’extension des surfaces agricoles au détriment des surfaces pastorales. La pression foncière induit un phénomène d’intensification mais la baisse des ressources naturelles nécessite le recours à des compléments qui expliquent les coûts de production plus élevés.
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La zone sud (Casamance) Elle représente 14,4% du territoire national. Elle comprend la Haute Casamance (Kolda, Vélingara), la Moyenne Casamance (Sédhiou, Bignona) et la Basse Casamance (Ziguinchor, Oussouye). Cette zone se caractérise par des volumes de pluies beaucoup plus importants et une végétation naturelle plus abondante. Selon BROUTIN et al., (2000), ses potentialités sont plus fortes que celles du bassin arachidier en raison d’une plus faible pression foncière et donc de l’existence de parcours importants et de la possibilité de combiner l’utilisation de ressources naturelles à une intensification avec stabulation des animaux (coûts de production plus faibles). La zone du Sénégal oriental Elle est l’équivalent de la région administrative de Tambacounda. Elle couvre 27,4% de la superficie nationale. A l’instar de la zone sud, elle a une pluviométrie importante (plus de 1000 mm/an) et par conséquent un potentiel important en termes de disponibilité en ressources fourragères. C’est une région où se développent de plus en plus l’agriculture et l’élevage extensif avec le fort courant migratoire provoqué par l’épuisement des terres de la partie ouest du pays et la précarité des pâturages dans le nord du Sénégal. Le système agro-pastoral y est dominant. La zone des Niayes Elle représente 1,4% de la superficie nationale et correspond à la bande côtière large de 10 km, qui s’étend de Dakar à Saint Louis. C’est la zone du Sénégal où on retrouve les systèmes d’élevage intensifs utilisant les races étrangères bovines hautement productives telles que Jersiaise, Montbéliarde, Holstein, Brune des Alpes, Gir, Abondance …Les conditions climatiques particulières de la zone des Niayes du Sénégal et sa proximité de l’agglomération dakaroise lui donnent une grande importance sur le plan agricole et plus spécialement sur celui de l’élevage. Les fermes laitières urbaines et périurbaines présentent des profils souvent très différents de ceux des exploitations agropastorales. Les ressources végétales disponibles, qui constituent la base de l'alimentation, déterminent les différents modes de conduite des troupeaux (NJONG, 2006).
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Figure 3 : Zones éco-géographiques du Sénégal (CSE/FAO, 2003) I.2. PRODUCTION LAITIERE AU SENEGAL La production laitière au Sénégal est caractérisée par une diversité des systèmes de production, une offre locale de lait faible et stagnante, une forte autoconsommation et de nombreuses tentatives d’organisation de la collecte du lait dont les plus récentes sont portées par l’agro-industrie. A cela, s’ajoute des prix au producteur très variables selon la saison et le lieu, l’existence de nombreuses microentreprises artisanales, l’essor des petites entreprises de pasteurisation (mini-laiteries) et l’apparition de nouvelles petites fromageries (DIEYE et al., 2005). I.2.1. Cheptel laitier Les bovins exploités au Sénégal sont de races locales d’une part et de races exotiques d’autre part. Divers métissages sont opérés entre ces différentes races et les produits métissés représentent une fraction non négligeable du cheptel bovin. L'essentiel de la production locale de lait est fourni par les systèmes purement traditionnels exploitant les races locales dont les performances laitières sont très faibles.
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De plus, une part importante de la production de lait est auto consommée (35 à 60 % selon les zones, voire jusqu’à 80 %) (BROUTIN et al., 2000).
I.2.1.1. Races locales Zébu Gobra Le zébu Gobra également appelé zébu peulh est un bovin à bosse (Figure 4), de grande taille (1,25 à 1,40 m au garrot) et de format moyen (PAGOT, 1985). Le poids adulte est estimé à 350 kg chez la femelle et à 450 kg chez le mâle (ISRA, 2003 cité par AYABAGABO, 2012). La production laitière de la femelle zébu Gobra est estimée entre 1,5 et 2 litres de lait par jour et la durée de lactation entre 150 et 180 jours (PAGOT, 1985). Il est originaire de la région agropastorale au Nord du Sénégal.
Figure 4 : Zébu Gobra (SOW, 2014)
Taurin N’dama Il est originaire de la forêt au Sud du Sénégal (DESMOULIN, 2006) et est caractérisé par sa trypanotolérance. COULOMB (1976) rapporte que la production annuelle serait de 350 à 450 litres de lait au cours d’une lactation de 5 à 6 mois ; soit une production journalière de 0,9 à 1,25 litres. Au Sénégal, il est rencontré dans les régions du Sud et de l’Est (Figure 5). 11
Figure 5 : Taurin N’dama (PAUL, 2005) Djakoré La race Djakoré est issue du métissage entre le zébu Gobra dont elle a hérité la taille (Figure 6) et le taurin N’dama dont elle tient sa rusticité et sa trypanotolérance (DIALLO, 2005). Sa production laitière est améliorée par rapport à celle de la N’dama.
Figure 6 : Race Djakoré (SOW, 2014) Zébu Maure Le Zébu Maure (Figure 7) est rencontré au Sénégal, en Mauritanie et dans la boucle du Niger (RUKUNDO, 2009). La femelle est considérée comme une bonne laitière et produit en élevage extensif environ 3,4 à 4,2 litres de lait avec 4,5% de matière grasse, par jour pour une durée de lactation de 8 mois (MICHOAGAN, 2011).
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Figure 7 : Zébu Maure (SOW, 2014) I.2.1.2. Races exotiques Face à la faible productivité des races locales ne pouvant satisfaire la demande croissante des populations en viande et en produits laitiers, des races étrangères (Jersiaise, Montbéliarde, Holstein, etc.) ont été introduites au Sénégal. On a : Holstein La race Holstein (Figure 8), originaire des Pays Bas, présente une bonne capacité d’adaptation et une longévité remarquable (jusqu’à 17 ans) (FERRARI, 2013). L’âge au premier vêlage est de 32,4 ± 6 mois ; l’intervalle entre vêlages est de 446 ± 123 jours. Avec une mamelle volumineuse, bien veinée et des trayons adaptés à la traite mécanique ; la Holstein est une vache laitière par excellence. BA DIAO (2005) rapporte une moyenne de 4541 litres en 305 jours de lactation au Sénégal.
Figure 8 : Race Holstein (WIKIPEDIA, 2015) 13
Montbéliarde La Montbéliarde (Figure 9) est une des races laitières françaises qui a un bon potentiel en viande (DENIS et TRAORE, 1986). DIALLO (2005) rapporte que les femelles nées au Sénégal ont une production laitière moyenne de 3 258 litres en 268 jours de lactation.
Figure 9 : Race Montbéliarde (WIKIPEDIA, 2015) Jersiaise La race Jersiaise (Figure 10) est originaire de l’île de Jersey dans la Manche (France). L’âge au premier vêlage est de 24 mois avec un intervalle entre vêlages de 360 jours en moyenne.
C’est une race haute productrice de lait avec des performances
appréciables à travers le monde. Elle est de l’ordre de 4 080 litres aux USA et 4 870 litres en Danemark. Au Sénégal, sa production annuelle a été estimée par SOW (1991) à 3 217 ±77 Kg de lait en 310 jours de lactation. Principalement utilisée par les fermes laitières pour son lait riche en matière grasse (6,7 à 7%), son lait est le plus riche de toutes les races bovines avec un taux butyreux de 59 pour 1000 et un taux protéique de 41 pour 1000.
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Figure 10 : Race Jersiaise (WIKIPEDIA, 2015) Normande La Normande (Figure 11) est une race bovine française originaire de la Normandie et a une réputation d'être une race mixte qui produit une viande de qualité et dont le lait est particulièrement bien adapté à la transformation fromagère. Les quantités de lait produites sont très bonnes, avec une moyenne de 7300 kg de lait par vache et par an. Ces vaches sont très fertiles, avec un taux de réussite en première insémination artificielle de 53 %. Elle montre également une bonne rusticité et des qualités d'adaptation à divers climats.
Figure 11 : Race Normande (WIKIPEDIA, 2015)
Guzérat Vache d’origine indienne également appelée Kankrey (Figure 12), elle est importée du Brésil et fait partie des races bovines les plus lourdes. Son âge au premier vêlage est de 1618 ± 246,9 jours (4-5ans) avec un intervalle vêlage-vêlage de 480,6 ±11,4 jours (LNERV, 1989). Sa production laitière minimale est de 201 litres en 139 jours de lactation et la production maximale est de 1875 litres en 348 jours (DIALLO, 2005). 15
Figure 12 : Race Guzérat (WIKIPEDIA, 2015) Brune des Alpes Elle est originaire des montagnes de l’Est de la Suisse. Le potentiel laitier de la brune est reconnu depuis toujours avec une production moyenne de 7 800 kg par lactation. Son lait est riche en matières grasses (41 g/l de taux butyreux) et en protéines (33,7 g/l) et est intéressant pour la production de fromages de qualité. La brune (Figure 13) est par ailleurs réputée pour conserver une bonne production malgré des conditions difficiles, ce qui en fait une race appréciée en montagnes et sur des sols pauvres.
Figure 13 : Race Brune des Alpes (WIKIPEDIA, 2015) Girolando La race est issue du métissage entre la Gir d’origine indienne et la Holstein (DIALLO, 2005). C’est une race assez connue pour sa rusticité héritée de la race Gir et pour la production laitière provenant de la Holstein. Elle est responsable pour 80% de la production de lait au Brésil, qui est le principal facteur du choix de cette race pour l’exportation. 16
Les races
locales présentent d’assez bonnes aptitudes bouchères, par contre les
performances de la production laitière restent très limitées en raison du faible potentiel génétique de ces races (0,5 à 3 l de lait/jour). Ce faible potentiel, la conduite et la gestion traditionnelles des troupeaux (présence prolongée du veau sous la mère, peu d’utilisation de compléments), le contexte socioculturel (production de viande privilégiée, rôle d’épargne des ruminants), ainsi que les ressources en eau limitées dans les zones d’élevage se traduisent par une production laitière faible et très saisonnière.
I.2.2. Production de lait La production de lait au Sénégal est collectée dans les élevages de type extensif et semi-intensif et dans quelques fermes intensives situées dans la zone des Niayes. La production extensive représente plus de 84% de la production totale de lait (ANSD, 2011). Pour l'année 2013, elle est estimée à 217,4 millions de litres et provient essentiellement de l'élevage traditionnel fortement tributaire des conditions climatiques. Elle est répartie en fonction de l’espèce comme l’indique le Tableau I. Tableau I : Part de la production de lait en 2013 en fonction de l’espèce (MEPA, 2013) ESPECE Vache Chèvre Brebis
Quantité en millions de litres 132,2 58,9 26,9
En effet, au Sénégal, la production laitière nationale transformée et commercialisée est celle de vache et de chèvre (la production de lait de brebis est assez faible).
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chèvre 27% vache 61%
brebis 12%
Figure 14 : Contribution à la production de lait local selon l’espèce en 2013 (MEPA, 2013) Notons qu’il est tout aussi difficile d’estimer la production de lait que le comptage du cheptel. La multiplicité des systèmes de production, les fortes variabilités dues aux conditions géo climatiques ou aux potentialités génétiques, la méconnaissance de la part de la production réellement prélevée dans un but d'autoconsommation ou de ventes, conduisent à une forte incertitude sur le niveau réel des quantités de lait effectivement produites (METZGER et al., 1995). La Figure 15 montre l’évolution de la production de lait local de 1999 à 2013. 250 quantité de lait en million de litres
200 150 100
166,7
180,9 184,5
202
217,4
137,3 145,9 125,3 127,8 129,3 128 132,2 121,6 115,1 118,5 114,2 116,1 120,2 111 110,4 95,9 97,3 100,7 102,3 93,5 97,7 100,1 101,5 86 92,3
50 0
20,6 20,9 21,5 15,5 18,1 18,3 18,9 19,4
20
19,9 24,4 24,9 25,9 25,4 26,9
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 année Vaches
Brebis/Chevres
Production totale
Figure 15 : Évolution de la production laitière locale de 1999 à 2013 (en million de litres) (MEPA, 2013) Compte tenu du fait que tous ces facteurs entrent en jeu pour l’estimation de la production de lait, il est évident que cette dernière varie sur le plan national d’une 18
région à l’autre en fonction de leurs spécificités. La Figure 16 présente la répartition de la production nationale de lait cru en fonction des régions.
Kolda/ Sédhiou 13%
Dakar 4%
Thiés 5%
Diourbel 5% Zinguinchor 2%
Saint Louis 9% Tambacounda/ Kédougou 24%
Matam 6% Fatick 7% Louga 14% Kaolack/Kaffrine 11%
Figure 16 : Répartition de la production nationale de lait cru en fonction des régions (DIREL, 2014) La production présente également un fort caractère saisonnier (offre en lait plus élevée en hivernage et quelques mois après) en raison du groupement des mises bas en fin de saison sèche et en début d’hivernage et des disponibilités en pâturages plus importantes durant la période humide (BROUTIN et al., 2000). Le développement du segment de la collecte a permis l’exploitation des zones d’élevage bénéficiant de conditions favorables pour la production de lait, mais le plus souvent éloignées des centres de consommation ou des unités de transformation. I.2.3. Systèmes de collecte L’acheminement du lait des producteurs aux consommateurs ou transformateurs est assuré par des collecteurs qui utilisent différents moyens. Ainsi, plusieurs formes de collecte sont rencontrées :
19
I.2.3.1. Collecte directe En milieu rural, les éleveurs amènent leur production de lait dans des bidons ou seaux au niveau des unités de transformation. Le transport se fait à pied ou à vélo. Chaque éleveur achemine généralement sa propre production. Cependant des éleveurs organisés assurent cette tâche à tour de rôle. Dans la zone de Dakar, le lait des fermes situées dans la zone des Niayes est acheté par des femmes le plus souvent, qui le redistribuent sous forme de lait cru mais généralement de lait caillé à une clientèle fidélisée. I.2.3.2. Collecteurs de métier Il existe, surtout en zone sud, des collecteurs professionnels qui utilisent le vélo pour rassembler le lait de plusieurs exploitations avant de le livrer aux unités de transformation (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2013). Ils sillonnent plusieurs villages pour rassembler les quantités à livrer et le rayon de collecte peut atteindre 15 à 20 km. Les volumes transportés sont importants et peuvent atteindre 60 à 80 litres selon l’USAID (2007).
I.2.3.3. Centres de collecte Des tentatives de collectes ont été entreprises au Sénégal au niveau des zones de fortes productions. Ces efforts peuvent être illustrés par les tentatives d’UCOLAIT à Saint Louis entre 1968 et 1972, par les neufs (09) centres de collectes du Réseau Nestlé entre 1995 et 2004 et les sept (07) centres de collecte de la SODEFITEX (Société de Développement et des Fibres Textiles) (USAID, 2007). En effet, une tentative de connexion de la production locale à une unité industrielle a été entreprise par la société Nestlé dans la zone du Ferlo de 1991 à 2003 dans sept (07) localités (Boulal, Warkhokh, Déali, Thiargny, Guéli, Thiamène, Wendou Loumbel). Une expérience qui consistait à remplacer progressivement la poudre de lait importé par du lait local dans la fabrication des laits concentrés (sucrés et non sucrés). Le système reposait sur la connexion du bassin de production et de collecte localisé en zone rurale dans le Ferlo avec l’unité industrielle installée à Dakar et ce, grâce à des centres de collecte et de refroidissement mobiles et des camions citernes. 20
Selon BROUTIN et al. (2000) ce système n’a pu donner les résultats escomptés au Sénégal, contrairement aux expériences menées en Asie et en Amérique du Sud. Les principales raisons de cet échec, qui ont été avancées, sont la faiblesse et l’irrégularité des quantités collectées dont les principales causes sont le prix aux producteurs peu attractif, la nature du cheptel, la faiblesse et l’irrégularité de la production laitière. A ces facteurs d’ordre technique s’ajoute le prix de revient élevé du lait collecté : en 2000, le coût de collecte et de transport avoisinait les 350 F CFA contre 195 F CFA pour le prix du lait reconstitué malgré la dévaluation de 1994 (BROUTIN et al., 2000). Compte tenu de la saisonnalité de la production laitière, la collecte était maintenue seulement pendant la saison des pluies, les lieux de collecte et de transformation (Dakar) étant distants de 300 kilomètres et la réfrigération obligatoire. Du fait d’un coût de collecte et de traitement non compétitif par rapport à l’utilisation de la poudre, Nestlé a arrêté l’opération en 2002 (DIOP et al., 2009). En dehors de Dakar, l’importance de la
transformation est étroitement liée à la
saisonnalité de la production, élevée en hivernage et faible voire inexistante en saison sèche. Malgré son aspect saisonnier, cette activité présente des incidences socioéconomiques assez intéressantes surtout pour les femmes, car génératrice de revenus pour leurs ménages et pourvoyeuse d’emplois. I.2.4. Transformation du lait local La production locale est encore peu valorisée car étant peu transformée en raison de sa faible disponibilité et de son irrégularité. Selon les types de transformation du lait local, on peut distinguer: I.2.4.1.Transformation artisanale traditionnelle Il s’agit d’activités menées essentiellement par des femmes approvisionnées par les élevages extensifs (zones rurales et périurbaines) et aussi des fermes intensives (aux environs de Dakar). Une grande partie de la production locale passe par ce système individuel de transformation.
21
En effet, la majorité de la production hivernale des élevages extensifs et plus de 50% de celle des fermes intensives sont écoulés à travers ses femmes qui en transforment la plus grande partie (USAID, 2007). Toutefois, il est important de signaler la présence de plus en plus importante des hommes dans le secteur, nomment dans la zone sud (lait des étables fumières en saison sèche) et la région de Dakar (lait des fermes intensives). I.2.4.2. Mini laiteries A la faveur de la stabulation adoptée par certains éleveurs de la zone Sud et Est du pays, il est apparu à partir des années 1993 des initiatives privées d’installation d’Unités de Transformation de Lait (UTL) appelées mini laiteries. Ces dernières se sont installées dans les villes secondaires et communes rurales du pays, notamment, Saint Louis, Richard Toll, Podor, Matam, Kolda, Tambacounda, Vélingara, Fatick, Kaolack, Sédhiou, Kédougou, Dahra (BROUTIN et al., 2000 ; BA DIAO et al., 2004). Depuis, les mini laiteries se sont démultipliées pour atteindre le nombre de 40 en 2000 et à travers tout le pays (USAID, 2007). Les quantités transformées vont de 30 litres/jour à près de 400 litres/ jour (SOKONA et al., 2003 ; BA DIAO et al., 2004).
I.2.4.3. Transformation industrielle Parmi les unités industrielles utilisant en totalité ou en incorporation du lait local, on peut citer la « Laiterie du Berger », « SIAGRO » et les laiteries de certaines fermes laitières de la banlieue dakaroise (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2013). A Richard TOLL dans la région de Saint Louis, la « Laiterie du Berger » qui dispose d’une unité de transformation s’approvisionne en lait à travers un système de collecte dans les élevages extensifs des villages environnants sur un rayon de 50 km. L’unité industrielle de la « SIAGRO » installée dans la région de Thiès utilisait principalement du lait en poudre. Elle a initié une politique d’incorporation du lait local à partir des fermes intensives avec lesquelles des contrats sont établis. En périphérie de Dakar, de grandes fermes intensives ont installé des industries laitières pour sécuriser leurs débouchés et créer une valeur supplémentaire.
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Tableau II : Unités de transformation du lait local au Sénégal (USAID, 2007) Laitières Laiteries industrielles Mini laiteries modernes Mini laiteries artisanales
Nombre 02 06 35
Capacité moyenne (en litres) 10 000 -12 000 2 000 -8 000 50 - 500
La production laitière nationale reste très faible, irrégulière et fortement marquée par une variation saisonnière. Elle ne répond pas encore aux besoins nationaux en lait et produits laitiers mais surtout elle ne saurait l'être dans le contexte actuel d'urbanisation et de forte pression démographique que subit la ville de Dakar où la demande est plus importante. Face à cette situation, Le Sénégal est donc contraint d’importer une part importante de sa consommation. Ces importations sont à un niveau élevé depuis le milieu des années 80 et constituent aujourd’hui l’équivalent en lait liquide du double de la production locale (BAKHOUM, 2006).
I.3. IMPORTATIONS DU LAIT ET DES PRODUITS LAITIERS AU SENEGAL Le Sénégal dépend pour les deux tiers de son approvisionnement en lait des marchés extérieurs (DUTEURTRE et al., 2005); Cette situation est similaire pour la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest qui sont les plus déficitaires de l’Afrique Subsaharienne (RENARD et al., 2004). En effet, il a régulièrement figuré parmi les plus grands pays importateurs de lait en Afrique au Sud du Sahara, à côté du Nigeria et de la Côte d'Ivoire (VON MASSOW, 1990). Le recours massif aux importations de lait et de produits laitiers ainsi que l’augmentation de leur volume trouvent leur origine dans la politique laitière coloniale, au déficit de la production locale et à la libéralisation du marché laitier. Le lait en poudre s’est solidement installé dans le paysage laitier ouest-africain. I.3.1. Provenance et composition des importations Les pays développés assurent 62% des importations mondiales de lait (mesurées en équivalent lait) et 93% des exportations, ce qui explique clairement le rôle capital du commerce international de lait dans les pays développés (KNIPS, 2014). 23
La France est le principal exportateur de lait vers le Sénégal avec 42% du total des importations entre 2000 et 2003, soit 12 000 tonnes du pays. Les importations de poudre de lait provenant de l’Argentine et de l’Uruguay ont augmenté de 12% à 18% entre 2000 et 2003. La contribution de ces deux (2) pays de l’Amérique latine a atteint 5 000 tonnes en 2003 (BAKHOUM, 2006). Le lait liquide provient à 90% de la France avec près de 4 500 tonnes par an. Le marché du lait au Sénégal est très convoité. Beaucoup de pays tentent de le pénétrer, mais avec des succès très limités. C’est le cas de la Côte d’Ivoire, de l’Espagne, de la Belgique, du Portugal, de l’Italie, de la République Sud-Africaine, de la Tunisie et de la Thaïlande. L’Allemagne est le seul exportateur qui émerge valablement de cette compétition, passant de 0 à 5 % entre 2000 et 2003 (DUTEURTRE et al., 2005). Le Ghana est devenu un grand exportateur de lait concentré vers le Sénégal depuis l’arrêt de production de Nestlé Sénégal. La Côté d’Ivoire contribue dans l’approvisionnement
du
Yaourt
au
Sénégal,
depuis
ces
dernières
années
(BAKHOUM, 2006). Les principaux pays fournisseurs des produits laitiers en 2012 sont : la France (30,3%), la Nouvelle Zélande (20,6%), l’Irlande (5,4%), le Brésil (5,1%) et le Maroc (4,7%) (Figure 17). Maroc; 4,70% Brésil; 5,10% Irlande; 5,40% France; 30,30% Nouvelle Zélande; 20,60%
Figure 17 : Provenance des importations de produits laitiers en 2012 (ANSD, 2012) I.3.2. Volume et évolution des importations Après une très forte hausse durant les années 1980, atteignant près de 27 millions de tonnes en 1993 et représentant à l’époque plus de 17 milliards de FCFA (avant 24
dévaluation), les importations ont fortement chuté après la dévaluation pour se situer en 1998 à un plus de 15 millions de tonnes représentant une valeur de plus de 20 milliards de F CFA, pour reprendre leur progression dans les années 2000 (BROUTIN et al., 2000). On note une petite baisse des importations en volume en 2007 (Figure 18) liée à la flambée des prix sur le marché international mais qui n’a pas enrayé la croissance du coût des importations qui est passé de 25 milliards de F CFA en 2002 à 58 milliards de F CFA en 2007 (DIA et al., 2008).
350 300 250 200 150 100 50 0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
production locale 118,5 121,6 101,5 110,4 114,2 116,1 120,2 137,3 145,9 166,7 180,9 184,5 202 217,4 importation
188 168,2 192,3 254,2 238,4 288,4 331,1 222,1 202,4 320,5 281 235 284,6 196 production locale
importation
Figure 18 : Evolution des importations et de la production annuelle 2000-2013 en millions d’équivalents litres de lait (DIREL, 2014) Les importations de lait en poudre en 2013 ont représenté 185,9 millions équivalent litre de lait auxquelles s’ajoutent les importations des autres produits laitiers (lait condensé, lait UHT, fromages, beurre) donnant un niveau d’importations représentant près de 196 millions équivalent litre de lait (DIREL, 2014). Entre 50 % et deux tiers du lait consommé au Sénégal est aujourd’hui importé. Les importations de lait et de produits laitiers sont ainsi élevées au Sénégal, en termes de volume et ceci à une répercussion forte sur la facture laitière.
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Figure 19 : Evolution du montant des importations de produits laitiers au Sénégal de 2008 à 2012 (ANSD, 2013) Cette situation a occasionné l’émergence et le développement de petites et moyennes entreprises et petites et moyennes industries (PME/PMI)
évoluant dans le
reconditionnement du lait en poudre en sachets et la transformation en produits laitiers (lait liquide, yaourts, lait caillé, etc.) (DUTEURTRE, 2006). I.3.3. Transformation de la poudre de lait Le secteur des importations du lait et des produits laitiers concerne différents types d’entreprises. La transformation industrielle consommerait 8 à 10% du lait en poudre importé, le reste empruntant le circuit de la consommation en l’état ou de la transformation artisanale (BA DIAO, 2005). I.3.3.1. Transformation artisanale Il s’agit d’activités individuelles de production de lait caillé, généralement exercées par des hommes. Notons que la transformation artisanale du lait en poudre en lait caillé est très répandue dans les villes et ce secteur concerne près de 6 000 acteurs au Sénégal (KONATE, 2003). Il est très difficile d’estimer la quantité de lait en poudre qui transite par ce système informel, surtout développé à Dakar ainsi que le type de lait utilisé.
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I.3.3.2. Transformation industrielle Elle concerne les PME et les industries. Elles ont une gamme de produits plus diversifiés et disposent d’un marché plus vaste qui peut s’étendre au-delà du Sénégal. La quasi-totalité de ces unités est installée à Dakar. En effet, à Dakar, ces unités bénéficient d’économies d’échelle relativement fortes avec le développement d’une offre de services, d’infrastructures, de travail spécialisé et d’une demande relativement importante. En plus, la présence du principal port du pays réduit fortement le coût du transport du lait en poudre, principale matière première de ces unités (DIARRA, 2009). Le Tableau III ci-dessous présente quelques transformateurs industriels de lait en poudre au Sénégal. Tableau III: Transformateurs industriels de lait en poudre au Sénégal Nom de l’entreprise SIM-SARL Laiterie Dakaroise SA SAPROLAIT-SA LES MAMELLES JABOOT-SA SIAGRO MILKOA-SARL SATREC-SA SOSEPAL-SARL
Matière première Poudre de lait Poudre de lait Poudre de lait Poudre de lait
localisation Dakar Dakar Dakar Dakar
Poudre de lait/lait local Poudre de lait Poudre de lait Poudre de lait
Kiréne (Thiès) Dakar Dakar Dakar
I.3.4. Circuit de commercialisation Le lait en poudre ainsi que les autres produits importés sont commercialisés à travers le circuit long des importateurs, grossistes, semi-grossistes et détaillants. Les principaux clients des importateurs sont les grandes surfaces, les grossistes et semi-grossistes, les hôtels et restaurants, quelques transformateurs et détaillants. La majorité des grossistes qui alimentent Dakar, sa banlieue et les autres régions du Sénégal en produits laitiers et autres produits alimentaires (riz, huile, détergents, …) sont installés au centre-ville. Environ la moitié des ventes de lait en poudre concerne Dakar, l’autre moitié part dans les régions (BROUTIN et al., 2000) . 27
CHAPITRE II : CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL
II.1. NOTION DE CHAÎNE DE VALEUR C’est Michael Porter (Harvard) qui dans les années 80 a imaginé le concept de chaîne de valeur. Il a décomposé l’activité de toute organisation en un certain nombre de sous-activités. L’Entreprise se doit d’optimiser l’utilisation de ses moyens humains et financiers afin de maximiser la Valeur ajoutée qu’elle crée. L’approche chaîne de valeur repose sur : l’idée que l’organisation est constituée d’une chaîne de relations clientsfournisseurs; chacune des intersections ou interfaces de chaîne ayant pour but d’ajouter de la valeur aux produits ou services. la valeur peut être définie comme le meilleur rapport possible entre la satisfaction des besoins des clients d’une part, et le coût associé aux produits ou services d’autre part. La chaîne de valeur s’appuie sur l’existence d’un marché comme préalable à la production. C’est une méthode de découpage des entreprises, depuis les matières premières jusqu’aux consommateurs finaux en activités pour : identifier les différentes ressources, évaluer les coûts, et montrer comment se créé la valeur ajoutée au sein d’une filière (marges). En effet, le concept chaîne de valeur est une série d'activités qui ajoutent de la valeur à un produit final, depuis la production, suivie de la transformation ou encore de l'élaboration du produit final, jusqu'à la commercialisation et la vente au consommateur ou à l'utilisateur final. Toutefois, il n'existe pas de modèle universel de la chaîne de valeur.
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II.2. ACTEURS DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL Une chaîne de valeur est une série d'activités qui ajoutent de la valeur à un produit final, depuis la production, suivie de la transformation ou encore de l'élaboration du produit final, jusqu'à la commercialisation et la vente au consommateur ou à l'utilisateur final. A cet effet, elle fait intervenir des acteurs à chaque maillon de la chaîne. II.2.1. Au niveau de la production Les producteurs sont constitués des pasteurs, agro-éleveurs et des fermes. Les producteurs individuels sont regroupés en GIE souvent du même village ou de villages proches. Les GIE sont regroupés à leur tour en union de producteurs de lait. La vocation de ces organisations est la défense des intérêts de leurs membres (approvisionnement en intrants, crédit auprès des institutions de finance, collecte et transport du lait, mise en place de partenariat avec les unités de transformation) (USAID, 2007). II.2.2. Au niveau de la collecte Les collecteurs sont essentiellement des individuels, les laiteries et les centres de collectes/refroidissements. II.2.3. Au niveau de la transformation Les transformateurs /distributeurs comprennent les individuels, les GIE / coopératives, les PME/PMI et les industriels. II.2.4. Au niveau de la commercialisation La commercialisation est assurée par les producteurs et surtout par les collecteurs et transformateurs. II.2.5. Organisations professionnelles et interprofessionnelles Plusieurs organisations professionnelles et interprofessionnelles ont été créées pour leur implication dans les politiques de développement du secteur laitier et la représentation des intérêts des membres/acteurs, surtout des producteurs individuels et des unités de transformation artisanales. On peut en citer:
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ANIPL (Association Nationale pour l’Intensification de la Production Laitière) ; CINAFIL (Comité Interprofessionnel National de la Filière Lait) ; DINFEL (Directoire National des Femmes en Elevage) ; FEITLS (Fédération des Eleveurs Indépendants et Transformateurs Laitiers du Sénégal) ; FENAFILS (Fédération Nationale des Acteurs de la Filière Lait local du Sénégal) ; Consortium des Vétérinaires du Sud et Est. Ces organisations jouent plusieurs rôles au niveau de leurs membres. Leurs rôles varient et, à titre d’illustration, comprennent : le renforcement des capacités de négociation entre acteurs ; la promotion des actions collectives liées à la construction des ressources (savoirfaire, réputation, normes techniques de production …) ; la dynamisation de la production, la reconquête des marchés domestiques et la sécurisation des débouchées ; le lobbying et le plaidoyer. Ces organisations jouent de plus en plus un rôle important en identifiant les besoins particuliers de leurs membres et en présentant leurs objectifs et contraintes collectives aux autorités étatiques. Une plus grande synergie de leurs actions contribuera incontestablement au renforcement du secteur par la mutualisation des ressources et la capitalisation des diverses expériences (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2013). II.2.6. Organisations des consommateurs Les stratégies de développement du secteur laitier ont pour finalité la mise sur le marché de produits de qualité. Aussi les consommateurs, regroupés au sein d’associations, s’impliquent activement dans la recherche de solutions durables aux contraintes identifiées. Parmi celles-ci on peut citer : l’ASCOSEN (Association des Consommateurs du Sénégal) ; l’UNCS (Union Nationale des Consommateurs Sénégalais).
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II.3. ANALYSE DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL L’USAID (2007) à travers une analyse de la chaîne de valeur du lait local au Sénégal décrit cinq (5) circuits dans le système d’organisation de la chaîne. Chacun de ces circuits présente des avantages ainsi que des inconvénients. Circuit 1 (C1): Vente directe du lait cru Le circuit C1 est caractérisé par une vente directe de lait cru aux consommateurs ou par l’intermédiaire de détaillants. Il est approvisionné par les fermes intensives et semi intensives (Dakar, Touba et Kaolack) et les éleveurs (ruraux et périurbains). On note deux (2) variantes dans ce circuit : Vente directe de lait cru aux consommateurs : Le lait cru étant périssable, cette activité est menée sur des distances de moins de 10 km en général et par des femmes le plus souvent. Ce circuit est fonctionnel seulement en hivernage à l’intérieur du pays et pratiquement toute l’année dans les zones proches des fermes (Dakar surtout). Vente de lait cru par l’intermédiaire de détaillants : A Dakar, il s’agit en général de kiosques gérés par des femmes et approvisionnées par les fermes intensives. Ailleurs, c’est des points de vente aux environs des marchés des villes et cette activité est plutôt hivernale. Les avantages de ce circuit C1 sont essentiellement l’apport de revenus monétaires immédiats. Il permet d’éviter des coûts supplémentaires de conservation et de stockage. Cependant, les limites de ce circuit C1 sont : l’absence de chaîne de froid ; le caractère périssable du lait cru qui ne permet pas une vente sur de longues distances ; la faiblesse des quantités vendues. Circuit 2 (C2) : Collecte de lait cru chez les éleveurs A ce niveau, le lait cru des producteurs est collecté par un individu ou une structure. Actuellement, cette activité se mène surtout en zones Sud (Kolda et Sédhiou) et concerne des éleveurs en relation avec des centres de collecte (PBL, SODEFITEX) ou 31
des collecteurs individuels approvisionnant des mini laiteries. Il s’agit de deux (2) types d’intervenants : Les collecteurs de métier : Ce sont des individus qui assurent le transport (à vélo) du lait et sont seulement des intermédiaires entre producteurs et transformateurs. Ils sont rémunérés par les producteurs soit en lait (1/3 des quantités livrées sur 3 jours) ou en espèces (15-25 FCFA/litre livré). Le rayon d’activités de ces collecteurs est d’environ 20 km dans les zones appelées Ceintures Laitières Péri urbaines (CLP). Les centres de refroidissement : Ils ont été installés dans la zone Sud par la SODEFITEX dans son Projet de Bassin Laitier (PBL) ayant comme cibles les zones au-delà des CLP, entre 20 et 100 km. Les producteurs livrent du lait cru aux centres qui en assurent le stockage dans des tanks de refroidissement puis un véhicule frigorifique effectue le ramassage et le transport vers d’autres clients. Le lait collecté dans le circuit C2 est essentiellement vendu aux mini laiteries et exceptionnellement aux consommateurs ou fermes transformatrices. Les avantages du circuit sont les suivants : une meilleure organisation de la collecte et la sécurisation des débouchés pour les producteurs ; une amélioration relative de l’approvisionnement des mini laiteries même s’il demeure irrégulier du fait de la saisonnalité de la production ; une possibilité de tester la qualité du lait à l’arrivée de la mini laiterie ou du centre de collecte ; une valorisation du lait produit en zones éloignées ; une promotion du métier de collecteur ; des opportunités de création de coopératives laitières regroupant des producteurs qui assureraient leur propre collecte ; l’accès des producteurs aux intrants ; des échanges, une circulation des informations et une meilleure communication. Cependant, le circuit C2 connaît des limites qui sont :
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l’absence de contrôle de la qualité du lait par les collecteurs individuels et donc une difficulté d’identifier le producteur en cas de problème ; la faible capacité de collecte par les individuels du fait de leur moyen de transport inadéquat (vélo) ; l’irrégularité de l’offre en lait liée aux systèmes de production en saison sèche, ne sécurisant pas l’approvisionnement des mini laiteries ; les problèmes de débouchés en hivernage liés aux limites des mini laiteries ; les difficultés d’accès à certaines zones de production. Circuit 3 (C3) : Transformation du lait cru provenant directement des producteurs Les producteurs livrent directement du lait cru aux mini laiteries, à pieds, à vélo ou en mobylettes sur des distances d’au plus 20 km dans des zones appelées ceintures laitières péri urbaines (CLP). Les niveaux de production et de transformation du circuit C3 suivent la même tendance que dans C2. Le circuit C3 qui est le plus répandu dans les différents modes d’organisation, a les avantages suivants : une sécurisation relative des débouchés aux producteurs ; une amélioration de l’organisation de la chaîne ; une offre en produits laitiers de meilleure qualité aux consommateurs ; une facilitation à l’accès ou l’approvisionnement en intrants alimentaires pour les producteurs ; un important rôle de solidarité sociale (avance sur paie, achat d’ordonnance …) que jouent les gérants de mini laiteries envers les producteurs ; une épargne pour le producteur de lait par le cumul mensuel de ses recettes lui permettant de faire certains investissements (achat vélo, mobylettes, charrettes …) ; une meilleure sensibilisation et même des formations pratiques (en hygiène …) des producteurs de lait de la part des gérants de mini laiteries.
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Le circuit C3 connaît cependant des limites qui sont les suivantes : l’irrégularité de l’offre en lait en saison sèche, ne sécurisant pas l’approvisionnement des mini laiteries ; la faible capacité des mini laiteries qui sont en général saturées pendant l’hivernage, créant par conséquent des problèmes de débouchés ; les locaux sont souvent étroits et inappropriés, ne suivant pas les principes de base de transformation en agro-alimentaire (marche en avant …) la difficulté d’accès au crédit d’investissement et de fonds de roulement. Il apparaît dans le circuit C3 une dynamique organisationnelle (accès au crédit, acquisition de concentrés alimentaires ...) et une certaine professionnalisation de ses acteurs à différents niveaux. Circuit 4 (C4) : Fermes intensives avec laiteries industrielles Ce circuit caractérise des fermes intensives (Pastagri et Wayembam) qui en plus de la production ont investi sur des laiteries industrielles de grande capacité (5 000 à 12 000 litres jour). Les laiteries sont approvisionnées par leur ferme et il est arrivé exceptionnellement qu’elles achètent à travers par exemple l’ancien réseau de collecte de Nestlé exploité par l’Union des Producteurs et Préposés du Rayon Laitier de Dahra (l’UPPRAL) (livraison de 70 000 litres en 2003 à Wayembam). Les avantages des transformateurs de ce circuit C4 sont : la sécurisation d’un minimum de leur approvisionnement à partir de leur ferme ; la maîtrise de la production par une gestion prévisionnelle de la reproduction ; la technologie de leur équipement qui permet de produire une meilleure qualité ; la disponibilité en général de moyens financiers pour tout besoin d’investissement ; l’opportunité d’une meilleure exploitation de l’information commerciale qui leur permet d’atteindre des marchés plus importants.
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Ce circuit C4 connait par ailleurs des limites : des contraintes alimentaires liées aux difficultés d’accès aux intrants en particulier les fourrages (paille de riz …) disponibles seulement en zones éloignées (Région du Fleuve) ; une contrainte majeure est le problème du foncier pour leurs cultures fourragères et la possibilité d’extension des fermes. Circuit 5 (C5) : Transformateurs assurant la collecte Il s’agit d’une initiative innovante basé sur la production de lait local des élevages extensifs pour approvisionner une laiterie industrielle de grande capacité. L’usine a des véhicules qui collectent deux (2) fois par jour le lait sur quatre (4) axes d’une distance moyenne de 50 km. Malgré l’insuffisance d’approvisionnement, cette laiterie a déployé des stratégies commerciales qui ont réussi à présenter leurs produits partout à plus de 400 km de l’usine, à Dakar et dans toutes grandes villes du pays. Les avantages de ce circuit C5 sont : la possibilité d’extension des circuits de collecte ; l’approvisionnement des producteurs en concentrés alimentaires pour assurer le minimum de production laitière en saison sèche ; la technologie de leur équipement qui permet de produire une meilleure qualité ; la bonne exploitation de l’information commerciale qui leur permet d’atteindre des marchés importants (hôtels …). La limite de ce circuit C5 est essentiellement : la non maîtrise de l’approvisionnement en lait vis-à-vis de la saisonnalité de la production des élevages extensifs, avec pour conséquence un fonctionnement de l’usine en sous capacité. Il ressort de la revue précédente des cinq circuits identifiés que, les circuits C2 et C3 semblent avoir la possibilité d’évoluer graduellement. De bonnes opportunités existent aussi pour le Circuit C5 avec une technologie plus adaptée et accessible ainsi que des liens plus renforcés entre l’unité de transformation et les systèmes de collectes bien organisés.
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Le Tableau IV présente une comparaison des marges brutes sur la chaîne de valeur lait. Tableau IV : Comparaison des marges brutes (USAID, 2007) Acteurs Prix Achat Prix vente F/Litre F/Litre Producteurs : C1: 200 - 400 vente directe 175 vente à des détaillants C2 : collecteurs 175 - 225 individuels 150 centres de collecte C3 200 - 300 Collecteurs : 175 - 225 200 -250 Individuels 150 250 -350 Centre collecte Transformateurs : C2 200 - 250 500 C3 200 - 350 500 C4 C5 300 500 / 680
Détaillants : Lait crû Lait caillé : Sachets Tetrapak
Marge brute %
30 - 60% 20%
20 - 25% 15% 20 -30% 10 - 15% 65 - 130% 65% 65% 65% 126% (hors coût emballages importés)
175 / 400
200 / 500
25 - 30%
500 680
650 - 700 800 - 1 000
30 - 40% 15 - 45%
II.4. SCHEMA DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL Le schéma ci-dessous (Figure 20) donne un aperçu global de la chaîne de valeur lait local au Sénégal. Les acteurs y sont représentés ainsi que divers circuits de transformation et de distribution du lait depuis la production jusqu’aux consommateurs sous forme de différents produits. L’analyse met en évidence un faible niveau de maîtrise de la quasi-totalité des maillons constitutifs de la chaîne de valeur lait local au Sénégal. 36
Figure 20 : Schéma de la chaîne de valeur lait local (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2013) La production laitière est caractérisée par une très forte saisonnalité de l’offre qui se répercute sur les coûts de production et d’accès aux marchés ainsi que les prix des produits à la consommation. II.5. COUTS DE PRODUCTION Durant la saison des pluies, la production est abondante. Les flux de lait proviennent des élevages extensifs où les coûts de production sont amoindris car ne concernent que la main d’œuvre du berger pour le gardiennage du troupeau toute la durée de la saison des pluies.
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La rémunération du berger est très variable d’un système à un autre. Dans les systèmes agropastoraux du sud du Sénégal, il est payé 500 à 1000 F CFA/tête/mois, soit rémunéré en nature en bénéficiant de la totalité de la traite d’un jour de la semaine (DIEYE et al., 2002). Les marges obtenues sont plus importantes, mais la principale contrainte est liée aux difficultés d’accès aux marchés notamment pour les producteurs des zones enclavées. Selon les moyens de transport utilisés, les coûts varient de 10 F CFA à Kolda où les bidons en plastique et les vélo sont utilisés (DIEYE et al., 2003) à près de 135 F CFA ailleurs. Durant la saison sèche, le lait produit provient des systèmes semi-intensifs et intensifs. La production laitière nécessite l’utilisation importante d’intrants alimentaires qui constituent ainsi les principaux coûts. A cela s’ajoute le coût du transport du lait dans le cas de la vente du lait en ville. Dans le cas des systèmes périurbains de Kolda où la supplémentation est pratiquée pour maintenir la production, le coût de l’alimentation constitue ainsi 70 à 80% des coûts totaux (DIEYE et al., 2003). Les augmentations de prix liées aux coûts des intrants alimentaires sont répercutées sur les prix du lait très variables suivant les années. De 1996 à 2002, le prix du litre de lait en saison des pluies est passé de 125 F C FA à 200 F CFA et de 150 F CFA à 245 F CFA en saison sèche, soit des augmentations respectives de 60% et 63% (DIEYE et al., 2003). La disponibilité et le coût de l’alimentation constituent donc des facteurs déterminants des performances de la production laitière intensive. Au niveau des fermes laitières intensives des régions de Dakar et Thiès, les données rapportées par SERY (2003) montrent que 65% des recettes journalières de la vente du lait sont destinées aux dépenses d’alimentation. Selon DIAKHOUMPA (2003), l’alimentation représente 98,2% des coûts dans le cas des élevages utilisant les produits de croisement pour la production de lait. Les marges obtenues sont très faibles dans ces filières intensives.
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En système semi intensif, DIOP (1997) rapporte que le coût des aliments demeure un facteur limitant, en sachant que l'alimentation représente 50 à 60 % des coûts de production. La transformation du lait frais en lait caillé sucré, lait pasteurisé, yaourt, fromages et huile de beurre permet de mieux valoriser le lait frais et d’élargir le marché de consommation. A la transformation, les coûts très variables sont relatifs à la main d’œuvre, au sucre, aux arômes, à l’énergie, à l’eau, aux emballages et à la distribution des produits. Les coûts de transformation s’élèvent respectivement de 100 à 200 F CFA pour le circuit informel de la zone périurbaine de Dakar, 200 à 250 pour le système semi intensif de Kolda et 520 F CFA pour le dispositif de Nestlé (BA DIAO, 2003). En se rapportant aux types de produits, les données de divers auteurs rapportent des coûts de transformation variant de 73 F CFA pour le lait pasteurisé à 520 F CFA pour les fromages. L’alimentation constitue un des points focaux de la production laitière. Une importante production laitière s’accompagne toujours d’une bonne alimentation des animaux. Le coût des aliments est en effet l’un des postes de dépenses les plus importants (NDIAYE, 1991). II.6. MARCHE DU LAIT ET DES PRODUITS LAITIERS AU SENEGAL Le marché sénégalais du lait et des produits laitiers connaît une certaine dépendance vis à vis du marché mondial dont la tendance est caractérisée par une hausse croissante des prix. Cette tendance des prix à la hausse va certainement s’exacerber si l’on tient compte de la raréfaction attendue des produits laitiers, raréfaction consécutive d’une part au
rétrécissement de l’offre des producteurs européens et d’autre part à
l’augmentation de la demande de pays comme la Chine (USAID, 2007). Il apparaît ainsi que, malgré la nouvelle dynamique qui émerge des fermes intensives et les initiatives prometteuses dans certains élevages (ceintures laitières périurbaines, bassins laitiers, élevages de métisses F1, F2 …), la satisfaction de la demande au Sénégal va connaître des difficultés.
39
II.6.1.Offre en lait et produits laitiers Le Sénégal fait partie des pays dont le déséquilibre de l'offre par rapport à la demande en lait est très important. Malgré un cheptel bovin important, l’élevage au Sénégal se caractérise par une production laitière en dessous des besoins de la population. La production laitière traditionnelle dominante ne permet pas de couvrir la demande : 80% du lait produit en milieu rural est destiné à l'autoconsommation (METZGER et al., 1995). La contribution des systèmes intensifs de production laitière essentiellement concentrés en zone périurbaine de Dakar, reste très faible (0,6% par an) (BA DIAO, 1995). En effet, la faiblesse de l’offre en lait local s’explique essentiellement par : une prédominance des races locales bovines alors qu’elles sont peu productives (0,5-3 litres/vache/jour), soit au plus 450 litres/lactation
pour une durée de
lactation d’environ 180 jours ; une partie sert à l’alimentation du veau, environ 50% ; une importante autoconsommation (35-60% selon les zones, voire 80%, des quantités n’accèdent pas au marché) ; le caractère saisonnier de la production lié à un certain regroupement des saillies en hivernage, par conséquent les mises bas en fin de saison sèche et début hivernage ce qui occasionne une insuffisance supplémentaire d’alimentation. Ainsi, cette faible production comparée aux besoins des populations explique le déséquilibre entre l’offre et la demande. II.6.2. Demande en lait et produits laitiers La demande est satisfaite à hauteur de 68% par les importations (319 millions litres en 2005). D’ailleurs, entre 2001 et 2005, le taux de dépendance du Sénégal en produits animaux est passé de 17 à 41%. Il apparaît que la production locale (114,2 millions de litres en 2004) provenant à 70% des élevages extensifs en zones rurales essentiellement, trouve pour la plupart ses débouchés dans les grands centres urbains et villes secondaires du pays. Ainsi, la consommation en lait et produits laitiers demeure essentiellement urbaine (ventes directes ou aux unités de transformation) (USAID, 2007). 40
La tendance de la demande est à la hausse avec l’évolution démographique (2,4% par an), l’urbanisation (taux de croissance urbaine de 4% par an) (USAID, 2007) et la modification des modes de consommation alimentaire). La satisfaction de la demande intérieure est assurée par les importations du lait et des produits laitiers. Elles sont à un niveau élevé depuis le milieu des années 80 et constituent aujourd’hui l’équivalent en lait liquide du double de la production locale (BAKHOUM, 2006). Le prix du lait local connaît de grandes fluctuations (temporelles et spatiales) liées en grande partie aux variations et volumes de l'offre et de la demande et aux négociations entre éleveurs et transformateurs (BROUTIN et al., 2000). II.6.3. Prix du lait local au Sénégal Le prix de vente du lait frais est très variable selon la destination du produit et le lieu. C'est le plus souvent sur le marché que s'établit le prix en fonction de l'offre et de la demande et suivant les règles de base de l'échange, ce qui est rare est cher (DIEYE et al., 2005). A l'intérieur du pays le prix de vente varie de 125 à 350 F CFA ; il est encore plus bas en saison des pluies. On notera que le prix n’a pas beaucoup évolué depuis la dévaluation du F CFA puisqu’il était entre 100 et 200 F CFA/l en 1993
et que Nestlé l’achetait aux
producteurs à 90 F CFA le litre en 1992, à 120 F CFA en 1995 (après la dévaluation) et à 135 F CFA/litre en 2000. Le prix de vente aux transformateurs dans les zones de Kolda et Sédhiou est en moyenne de 150 F CFA/litre. En effet, dans les villes secondaires (telles que Kolda, Tambacounda), le lait coûte 30 à 50% moins cher que dans la capitale. Le producteur vend son lait à un prix relativement bas, car ses dépenses sont plus faibles (surtout en intrants alimentaires). Le pouvoir d'achat des populations et la demande y sont également très bas. D'une façon générale, une majoration sensible des prix est observée en saison sèche (15 à 25 % de plus qu'en saison humide) en lien avec la baisse de l’offre. Là encore,
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c'est la confrontation entre l'offre et la demande qui fixe le niveau des prix pour la vente directe (BA DIAO, 2003). Autour des grandes villes telles que Dakar, Thiès, le lait frais reste une denrée rare, son prix est donc élevé. Le litre du lait frais est payé entre 450 et 500 F CFA au producteur périurbain et revendu entre 600 et 700 F CFA en ville. Les prix au producteur élevés en zone périurbaine de Dakar peuvent s'expliquer en dehors de la rareté du produit par un prix de revient du lait également élevé dans les élevages intensifs (supérieur à 400 F CFA/litre). Ces derniers utilisent des animaux importés et sont grands consommateurs d'intrants. A ce niveau, le lait produit n'est pas compétitif et l'équilibre financier de ces fermes reste incertain. Les élevages traditionnels périurbains profitent de ces prix élevés même si leurs coûts de production sont beaucoup moindres (BA DIAO, 2003). On peut également penser que l’offre plus faible que la demande et le pouvoir d’achat plus élevé de certains consommateurs dakarois, prêts à acheter le lait frais à ce prix, interviennent dans la détermination du prix de vente (BROUTIN ET AL., 2000). Dans la zone de Nguékokh (dans le Département de Mbour), le prix du litre de lait vendu par les éleveurs varie entre 350 et 400 F CFA aussi bien en saison sèche qu’en saison des pluies (DIALLO, 2005). Concernant la vente aux mini-laiteries, dans le département de Vélingara, le lait frais s’achète à 200 F CFA/l en saison des pluies et à 235 F CFA/l en saison sèche (pour tenir compte des coûts de production plus élevés en raison de la complémentation alimentaire et pour inciter les éleveurs à vendre aux laiteries alors que l’offre diminue et qu’ils pourraient peut-être obtenir un meilleur prix par la vente directe) ; le litre de poudre de lait revient à 195 F CFA lorsqu’il est vendu en gros (GAULIER, 2005). Dans la zone de Kédougou, le prix d’achat du lait aux producteurs par les minilaiteries est de 225 F CFA en saison des pluies et de 275 F CFA pendant la saison sèche (CISSE, 2004). Dans la région de Saint-Louis, le prix d’achat du litre de lait des sept (7) mini laiteries installées dans la région depuis 1997 auprès des éleveurs, varie entre 175 et 300 F CFA (CORNIAUX, 2003). Dans cette même région, le prix du litre de lait vendu localement au marché par les centres de collecte de la région de Linguère varie entre 42
200 F CFA (saison des pluies) et 400 F CFA (saison sèche). Convoyé à Dakar, il est commercialisé entre 275 et 290 F CFA/l auprès de la ferme de Wayembam ou du DIRFEL (THIAM, 2005). A Ziguinchor, la mini-laiterie achète le litre de lait à 200 F CFA et les mini-laiteries de Kolda l’achètent à 200 F CFA/litre en hivernage et à 250 F CFA/litre pendant la période sèche (DUTEURTRE, 2006). À Dahra, dans la zone Sylvo-pastorale, en saison des pluies le prix du lait est encore plus abordable (environ 200 F CFA le litre de lait cru ou caillé). Cependant, en saison sèche, dans cette zone d’élevage, le prix du lait cru atteint 400 F CFA. En somme, le prix du lait présente des variations. En zone rurale, son prix varie entre 200 F CFA et 350 F CFA en fonction du niveau d’enclavement de la zone. En zone périurbaine, le lait issu des fermes intensives est parfois plus cher : son prix au litre oscille entre 300 et 600 F CFA. Ces écarts importants justifient que certains transformateurs sont prêts à payer le lait local plus cher que le lait en poudre reconstitué. Ce qui se justifie soit par des engagements de certaines laiteries à collecter une part de leur approvisionnement, soit par une volonté de ces laiteries de valoriser des produits d’origine locale (crème fraiche, fromage, etc.) (DUTEURTRE et CORNIAUX, 2013). Le prix d’achat en moyenne (F CFA) du litre de lait aux producteurs est présenté sur le Tableau V.
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Tableau V : Prix d’achat moyen (F CFA) du litre de lait aux producteurs Zone
Saison des pluies
Saison sèche
Auteurs
Dakar / Thiès
475
550
(BA DIAO, 2003)
Nguékokh
375
375
(DIALLO, 2005)
Ziguinchor
200
250
Vélingara
200
235
(DUTEURTRE, 2006) (GAULIER, 2005)
Dahra
200
400
Kédougou
225
275
Kolda
200
250 400
Saint-Louis
200 250
(DUTEURTRE, 2006) (CISSE, 2004) (DUTEURTRE, 2006) (THIAM, 2005) (CORNIAUX, 2003)
Le lait caillé vendu en petites quantités à Dakar à des prix très élevés (500 F CFA/l) est présent dans les villes secondaires et dans les marchés ruraux à des prix très compétitifs 250 à 300 F CFA/l (BAKHOUM, 2006). Le prix à la consommation du lait local reste assez élevé au Sénégal notamment à Dakar où le litre de lait cru ou caillé provenant des fermes de la zone des Niayes est vendu entre 500 et 700 F CFA. Le prix à la production varie en fonction de la saison et de la zone de production. Malgré une forte tradition de production et de commerce du lait et des produits laitiers, la productivité laitière est limitée par d’importantes contraintes. Les systèmes de production sont peu performants et à cela s’ajoutent les ressources alimentaires de mauvaises qualités, les maladies, l’accès limité au marché et aux services (santé, crédit, formation, …) et le faible potentiel génétique des animaux laitiers. Tous ces éléments entre autres, sont autant de facteurs qui entravent le développement de la chaîne de valeur lait au Sénégal.
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II.7. CONTRAINTES AU DEVELOPPEMENT DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT AU SENEGAL Les problèmes se situent à chaque maillon de la chaîne et sont généralement ceux de l'élevage pris dans son ensemble en milieu tropical. Ces contraintes, qui bloquent le développement de la chaîne de valeur lait, sont aujourd'hui bien identifiées et répertoriées : II.7.1. Au niveau de la production L'élevage sénégalais mené en majeure partie sur le mode extensif, reste tributaire des aléas géo-climatiques, ce qui se traduit par des problèmes de disponibilité en aliments et en eau durant la période de soudure. La conséquence directe est la chute de la production (DIOP, 1997). Les principales causes imputables aux difficultés d’alimentation du cheptel relèvent des facteurs suivants : la mauvaise valorisation des pâturages ; le problème foncier et l’inadaptation du cadre règlementaire; la faible valorisation des sous-produits agricoles et agro-industriels ; le non disponibilité de l’eau d’abreuvement (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2013). Une prédominance des races locales bovines alors qu’elles sont peu productives (0,53litres/vache/jour), soit au plus 450 litres de lait pour une durée de lactation d’environ 180 jours (USAID, 2007) limite la production. II.7.2. Au niveau de la collecte Il existe autant de facteurs qui rendent délicates les activités de collecte de lait. Parmi ceux-ci on peut citer : une collecte très mal organisée avec des circuits souvent courts. une collecte très aléatoire à cause de l’atomicité et du caractère saisonnier de la production ; des difficultés d’accès à certaines zones de production qui sont enclavées et l’impraticabilité de la plupart des voies; 45
une faible organisation, une dispersion de la production et un déficit d’infrastructures et d’équipement ; des problèmes d’écoulement pendant la saison des pluies ; des coûts élevés de refroidissement ou absence de chaîne de froid ; une faible formation au niveau des collecteurs ; l’absence de garantie de la qualité par manque de contrôle. II.7.3. Au niveau de la transformation Les principales contraintes au développement de la transformation du lait local sont : la baisse de l’offre en saison sèche et le prix élevé du lait ; la surcapacité de certaines unités de transformation ; les difficultés d’écoulement des produits laitiers en hivernage du fait de la concurrence des vendeurs ambulants ; les difficultés dans la gestion des laiteries (gestion technique et financières) ; le personnel insuffisamment formé pour la gestion des unités de transformation ; le manque de matériels et d’équipements de froid ; le manque de classification de l’emballage et leur coût élevé ; des locaux inappropriés des unîtes artisanales ; la faible maîtrise des Bonnes Pratiques d’Hygiène ; le manque de matériels et d’équipements de froid ; la forte concurrence des produits à base de lait en poudre. II.7.4. Au niveau de la commercialisation Les produits laitiers locaux pénètrent faiblement le marché et ne se valorisent pas suffisamment par le fait qu’ils sont des produits naturels (USAID, 2007). Les principales contraintes au niveau de la commercialisation se présentent comme suit : le manque de diversification des produits ; la mauvaise qualité des emballages ; l’absence de sites de vente appropriés ; l’inexistence de réseaux de distribution structurés (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2013). 46
II.7.5. Contraintes sanitaires Elles concernent les pathologies et le non accès aux intrants sanitaires. En effet, certaines affections touchent les animaux et sont des facteurs qui entrainent une baisse de la production. C'est le cas de la dermatose nodulaire cutanée des bovins (DNCB) dont on signale depuis quelque temps la présence de foyers disséminés dans la périphérie de Dakar et notamment dans la zone des Niayes. Cette maladie avait déjà causé des dégâts économiques importants lors de l'épizootie de1988 (DAHER, 1995). Par ailleurs, en élevage traditionnel, on note le parasitisme notamment les trypanosomiases, la fasciolose, les maladies telluriques etc. Dans les systèmes d'élevage exploitant les races hautes productrices laitières, beaucoup de problèmes sanitaires se posent. D’après BA DIAO (1989), les parasitoses sanguines, les affections de l'appareil digestif, les problèmes de reproduction, les mammites et les affections néonatales constituent les faits saillants de la pathologie des animaux importés. II.7.6. Contraintes financières La capacité d'autofinancement des éleveurs est faible. Ils doivent faire appel à un financement formel. Or le crédit agricole est difficilement accessible (DIOP, 1997) et non-adapté au sous-secteur. Les crédits accordés sont souvent à court terme et ils sont destinés en priorité à l'embouche bovine alors que la production laitière nécessite des crédits à moyen et long terme (GASSAMA, 1996). En effet, le secteur de l’élevage semble être abandonné en ce qui concerne l’accès au crédit par rapport à d’autres secteurs notamment l’agriculture (BAKHOUM, 1996). II.7.7. Contraintes infrastructurelles L’absence de bâtiments d’élevage et de magasins de stockage dans la quasi-totalité des exploitations constitue des obstacles à la production laitière. Les animaux divaguent le jour à la recherche de pâturages et d’eau et sont parqués la nuit dans les champs à l’air libre ou à côté des maisons pour les métis.
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II.7.8. Vol de bétail Il constitue aujourd’hui l’une des contraintes majeures qui freinent le développement des productions animales. Ce phénomène constitue une véritable préoccupation des éleveurs. II.7.9. Au niveau politique On note une absence de politique nationale laitière et un manque de règlementations adéquates gouvernant le sous-secteur. II.7.10. Au niveau gestion et organisation Il existe une mauvaise organisation de la part d’une grande partie des acteurs (USAID, 2007). On peut citer : un secteur négligé, désorganisé, anarchique ; un faible soutien public à la production locale ; un manque d’observatoire pour un réseau central d’information ; un manque de recensement exhaustif ; un manque de formation et de communication entre différents acteurs de la chaine. Bien qu'aujourd'hui les contraintes majeures à la chaîne de valeur lait soient bien connues, leur maîtrise, en revanche, reste à réaliser. Pour autant, elle bénéficie de certains atouts comme entre autres : des compétences techniques privées et publiques (bien que celles-ci soient encore à renforcer dans le domaine de la transformation et de la commercialisation) ; une volonté de l’état de développer le secteur (BROUTIN et al., 2000).
II.8.PROJETS, POLITIQUES ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DE LA CHAÎNE DE VALEUR II.8.1. Politiques et stratégies de développement L’augmentation de la production laitière est affichée comme une priorité du Ministère de l’Élevage qui souhaite développer ce secteur
du lait malgré des ressources
budgétaires limitées. 48
Un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRPII) et de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA), a pour objectif principal « d’accroître la productivité du secteur de l’élevage, conformément à la Loi d’Orientation Agro-sylvo-pastorale (LOASP) ». La Lettre de politique de développement de l’élevage (LDPE) précise les options gouvernementales. Elle vise à rendre les filières animales plus compétitives, plus productives et plus diversifiées. Les actions privilégieraient une intensification des systèmes de production : amélioration des conditions d'élevage, meilleure couverture sanitaire, levée des contraintes alimentaires (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2012). Le gouvernement s’est engagé dans une campagne de sensibilisation/information sur la constitution de réserves fourragères en s’appuyant sur les services de l’État. Un accent particulier serait également mis sur l'introduction de gènes laitiers »’. Un plan de développement de l’élevage doit être défini, dont le domaine laitier est une composante majeure. Il reposerait sur cinq (05) grands axes : amélioration de la sécurité alimentaire du bétail (intensification des réserves fourragères) ; amélioration de la situation zoo sanitaire du cheptel ; amélioration de l’élevage des espèces à cycle court et aviculture traditionnelle (diversification, amélioration des techniques de production) ; amélioration de la production laitière avec comme principal outil l'insémination artificielle (10 000 vaches en 3 à 5 ans, croisement avec 4 races choisies : Holstein, Montbéliarde, Brune suisse et Abondance) ; contrôle et surveillance des mouvements du bétail destiné au commerce. (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2012). Le Plan national de développement de l’élevage (PNDE) a pour option la création des conditions d’une croissance forte et durable et des richesses et lutter contre la pauvreté (2011 et relecture en 2013). Les nouvelles options politiques sont déclinées dans différents documents (DIA, 2013).
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La Stratégie Nationale de Développement Economique et Sociale (2013-2017) prévoit d’injecter 96,589 milliards de F CFA et les Objectifs stratégiques poursuivis sont: améliorer la productivité et la compétitivité de l’élevage, à travers l’intensification et la valorisation de la production, le renforcement des infrastructures et équipements pastoraux ; mettre en place un système d’assurance pastorale ; améliorer le pilotage sectoriel, avec l’appui aux organisations professionnelles, l’amélioration du système de suivi-évaluation du sous-secteur de l'élevage ; améliorer le cadre législatif et réglementaire ; renforcer les capacités d’intervention des services techniques. II.8.2. MESURES DE DEVELOPPEMENT A travers cette stratégie nationale, la production de lait attendue en 2017 est de 460 millions de litres. Le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) prévoit l’introduction de nouvelles races pour la production laitière. Le montant prévu pour 2011-2015 est de 53 milliards de F CFA. Ainsi, des mesures sont prises par l’Etat. Il s’agit de : l’application d’un tarif avantageux pour l’électricité et l’eau ; la promotion des énergies renouvelables ; le développement de la contractualisation entre acteurs ; la structuration du secteur lait; la promotion des produits laitiers locaux ; la mise en place de mécanismes de protection des produits locaux… (REPUBLIQUE DU SENEGAL, 2012). II.8.3. PROJETS D’ELEVAGE EN COURS Plusieurs projets qui interviennent directement ou indirectement dans le secteur laitier sont en cours au Sénégal. Ils participent à l’exécution de la politique de développement du secteur lait. Ils sont également conduits dans les pôles de production laitière du Sénégal (DIA, 2013). Les financements dans le développement de ce secteur proviennent du budget de l’État du Sénégal et des projets et programmes appuyés par les coopérations et les institutions de développement. 50
Tableau VI: Projets d’élevage en cours d’exécution au Sénégal (DIA, 2013) PROJETS ET PROGRAMMES Programme national d'insémination artificielle Projet Création centres d'impulsion pour la modernisation de l'élevage Programme national de protection zoo sanitaire Programme Équipement du monde rural / Volet Élevage Projet de Développement de l'élevage au Sénégal oriental et en Haute Casamance Programme d'appui institutionnel aux services déconcentrés de l'élevage Fonds d'appui à la stabulation Projet de développement de l’élevage et de structuration de la filière laitière dans le département de Dagana Projet de gestion durable du bétail ruminant endémique
PERIODE 2011-2015 2011-2015 2011-2015 2011-2015 2011-2015 2011-2015 2011-2015 2011-2015 2011-2014
Projet d’appui à l’amélioration durable de la productivité et de la 2011-2015 compétitivité des filières laitières bovines en Afrique de l’Ouest et du Centre (AMPROLAIT) Projet lait d’Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) 2011-2015 II.8.4. STRUCTURES D’APPUI AU SECTEUR LAITIER Elles bénéficient de soutiens divers provenant du secteur public, du secteur financier, des ONG, des bailleurs de fonds, parmi tant d’autres. Ces structures d’appui au secteur (Tableau VII) offrent des types d’action ainsi que des stratégies très diversifiés. Tableau VII : Structures d’appui à la filière laitière
Secteur public
Secteur privé et para public
Structures de développement
Ministère de l’Elevage, Direction de l’Elevage, PAPEL, ISRA, ITA Vétérinaires privés, SODEFITEX autres fournisseurs d’aliments bétails ONG et projets, AVSF, GRET,
de
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Les stratégies de financement du secteur laitier sont mises en œuvre en partie dans le cadre du Programme Agricole. Les interventions portent sur : les Opérations de Sauvegarde du Bétail (OSB) par les subventions de l’aliment bétail ; la santé animale par la vaccination et le suivi épidémiologique mais aussi ; l’amélioration génétique à travers le programme d’insémination artificielle. Ces interventions se font à travers les structures étatiques et privées : inspections des services vétérinaires dans le cadre de l’OSB, différents projets comme le PACE et le PAPEL dans le cadre des services d’insémination artificielle et la promotion de la stabulation permanente ; vétérinaires privés dans le cadre de la délégation du mandat sanitaire notamment la vaccination, d’ONG et de bureaux d’études dans le cadre du renforcement des capacités mais également la mise en place de crédits. A travers la pratique de la stabulation, le Consortium des Vétérinaires du Sud et Est (COVESE), encourage l’amélioration génétique par le biais de l’insémination artificielle pour l’augmentation de la productivité du lait cru par les races locales. Selon l’USAID (2007) les financements alloués au sous-secteur de l’élevage restent encore faibles et très peu de structures de financement ont accepté d’entrer dans ce sous-secteur. La CNCAS fait partie des rares structures qui ont financé les activités de production animale. Elle a financé à travers des lignes de crédits et de fonds de garantie dans le cadre de projets comme le PAR et le PAPEL. Au total, la CNCAS a alloué au secteur laitier environ 6 milliards de F CFA entre 2003 et 2007 ; ces financements ont concerné surtout les aliments de bétail. Malgré ces financements, les conditions d’octroi (apport personnel, garantie, taux d’intérêt, délai de remboursement) sont souvent inadaptés avec les activités du secteur. Sur le plan institutionnel, le secteur public a accompagné la structuration des producteurs avec la création des Maisons des Eleveurs (MDE) au niveau des différentes régions ainsi que le Directoire National des Femmes en Elevage (DINFEL) et ses démembrements, notamment les Directoires Régionaux des Femmes en Elevage (DIRFEL). 52
Le secteur public accompagne également les dynamiques locales de développement du secteur laitier. Les initiatives concernent des activités de recherche-développement dans le cadre des financements du Fonds National de la Recherche Agricole et Agroalimentaire (FNRAA) et le Programme Concerté de Recherche-développement (PROCORDEL). Sur le plan réglementaire, l’intervention du secteur public porte notamment sur l’élaboration des lois et les différentes normes. Parmi les dispositifs réglementaires intéressant ce secteur, on peut citer : les différentes dispositions sur l’hygiène et le contrôle sanitaire du lait et les produits laitiers ; la loi sur l’amélioration génétique et plus récemment ; la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale dont une disposition porte exclusivement sur l’élaboration d’un programme national de développement de l’élevage. L’intervention des organisations professionnelles (OP) dans l’offre de services dans le secteur laitier local est limitée par leur absence d’autonomie financière. Malgré le nombre de membres affichés, la mobilisation des capitaux propres est très faible.
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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DE LA CHAÃŽNE DE VALEUR LAIT DANS LES REGIONS DE DAKAR ET THIES
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CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODE I.1. CADRE D’ETUDE I.1.1. Région de Dakar I.1.1.1. Situation géographique Située dans la presqu’Ile du Cap-Vert, la région de Dakar s’étend sur une superficie de 550 km², soit 0,28% du territoire national. Elle est comprise entre les 17° et 17° 32 de longitude Ouest et les 14° 53 et 14° 35 de latitude Nord. Elle est limitée à l’Est par la région de Thiès et par l’Océan Atlantique dans ses parties Nord, Ouest et Sud. I.1.1.2. Organisation administrative L’organisation administrative de la région de Dakar (Figure 21) a connu des mutations de plusieurs ordres depuis l’époque coloniale. Depuis 2002, par décret n° 2002- 166 du 21 Février 2002 fixant le ressort territorial et les chefs-lieux des régions et départements, la région de Dakar est organisée administrativement en: Quatre (4) départements : Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque; Dix (10) arrondissements : quatre (04) dans le département de Dakar (Almadies, Dakar Plateau, Grand Dakar, Parcelles Assainies), un (01) dans celui de Guédiawaye et qui porte le même nom que le département, trois (03) dans celui de Pikine (Dagoudane, Niayes, Thiaroye) et deux (02) dans celui de Rufisque (Rufisque, Sangalkam) ; Quarante-trois (43) communes d’arrondissements : dix-neuf (19) dans le département de Dakar, cinq (05) dans celui de Guédiawaye, seize (16) dans celui de Pikine et trois (03) dans celui de Rufisque ; Deux (02) communautés rurales situées toutes les deux dans le département de Rufisque : Sangalkam et Yène; Quatre (04) villes : Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque ; Trois (03) communes : Bargny, Diamniadio et Sébikotane.
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Figure 21 : Carte administrative de la région de Dakar (WIKIPEDIA, 2015) I.1.1.3. Climat Le climat est de type canarien et subit fortement l’influence des facteurs géographiques et atmosphériques. Par la présence d’une façade maritime ceinturant presque toute la région, il est caractérisé, pendant une bonne période de l’année, par un micro climat marqué par l’influence de l’alizé maritime ; d’où l’existence d’une fraicheur et d’une humidité quasi permanente et relativement forte de l’ordre de 25%. Toutefois, l’Harmattan, l’alizé continental saharien, se fait sentir faiblement en saison sèche et au fur et à mesure qu’on s’éloigne des côtes. La température varie entre 17°et 25° C de Décembre à Avril et de 27° à 30° C de Mai à Novembre. La pluviométrie est caractérisée par une durée relativement courte de l’hivernage, variant entre trois et quatre mois de Juillet à Octobre. Elle est marquée d’une part, par une inégale répartition dans le temps et dans l’espace et, d’autre part, par une faiblesse des quantités enregistrées.
56
I.1.1.4. Démographie La région de Dakar avec 3.137.196 habitants (RGPHAE, 2013) est de loin la région la plus peuplée du Sénégal (13.508.715 habitants). Avec une densité moyenne nationale de 69 habitants au km², Dakar est aussi la région où la concentration de la population est plus accentuée avec 5.735 habitants au km², contre seulement 9 habitants au km², à Kédougou (RGPHAE, 2013). I.1.1.5. Elevage Dès la fin du XXe siècle, sous l’effet d’une forte croissance démographique et de l’urbanisation de la presqu’île du Cap Vert, les élevages extensifs sont obligés de se déplacer à cause de terrains de parcours de plus en plus restreints. Ils s’implantent au sud des Niayes, voire dans le Ferlo. Ainsi, dans la région de Dakar, l’élevage bovin est essentiellement localisé dans la zone des Niayes (Figure 22) et y est principalement de type semi-intensif et intensif. 160000 140000 120000 100000 80000 60000 40000 20000 0
Bovins ovins caprins
Dakar
Pikine/ Guédiéwaye
Rufisque
sous total
Figure 22: Effectif du cheptel ruminant dans la région de Dakar par Département en 2012 (ANSD/RGPHAE, 2013) I.1.2. Région de Thiès I.1.2.1. Situation géographique Située à 70km de la région de Dakar, la région de Thiès est l’une des 14 régions administratives du Sénégal. Elle se trouve à l’Ouest du pays, en couronne autour de la presqu’Ile du Cap-Vert. Elle couvre une superficie de 6.601 km²,
soit 3,4% du
territoire national et est limité au Nord par la région de Louga, au Sud par la région de
57
Fatick, à l’Est par les régions de Diourbel et Fatick et à l’Ouest par la région de Dakar et l’Océan Atlantique. I.1.2.2. Organisation administrative La région de Thiès couvre une superficie de 6.601 km² soit 3,4 % du territoire national. Elle est découpée en 03 départements : Mbour, Thiès et Tivaouane (Figure 23). La ville de Thiès est le chef-lieu de la région et du département du même nom. La région comprend dix (10) arrondissements et compte cinquante et une (51) Collectivités Locales réparties comme suit: une (01) région, une (01) ville, quatorze (14) Communes, trois (3) Communes d’Arrondissement2 et trente-deux (32) Communautés rurales. En 2008 il y a eu la création de trois communes d’arrondissement, qui composent la ville de Thiès, et de quatre nouvelles communes dans le département de Mbour (Ngaparou, Popenguine, Saly Portudal et Somone). En outre la région de Thiès compte 1474 villages. Le département de Tivaouane compte le plus grand nombre de villages avec 908 villages suivi du département de Thiès (385 villages) et enfin celui de Mbour (181) (ANSD/RAC, 2013).
Figure 23: Carte administrative de la région de Thiès (ANSD/RAC, 2013)
58
I.1.2.3. Climat Le climat de la région est influencé par des courants marins. En effet, la région se situe dans une zone de transition soumise à l’influence des alizés maritimes et de le harmattan, elle présente un climat de type soudano-sahélien : Sud, Sud-est, et plus sahélien au Nord et Nord-est. La zone Ouest, quant à elle, présente un climat Sudcanarien. Les précipitations moyennes sont de l’ordre de 400 à 600 mm par an. I.1.2.4. Démographie La population de la région se chiffre à 1.709.112 habitants répartis comme suit dans les trois départements : Thiès (636.068 habitants), Mbour (641.068 habitants) et Tivaouane (431.956 habitants). C’est la troisième région la plus densément peuplée (256 habitants/km²) après Dakar et Diourbel (294 habitants/km²). Elle est la deuxième région la plus urbanisée avec un taux d’urbanisation de 49%, et concentre 14% de la population urbaine du Sénégal (ANSD/RAC, 2013). I.1.2.5. Elevage La région de Thiès concentre toutes les espèces (bovins, ovins, caprins, équins, asins, volailles, porcins, etc.). Le département de Mbour regroupe le plus grand nombre d’animaux (Figure 24). Et le secteur de l’élevage a un impact
certain sur le
développement de la région (embouche, installation de ferme laitière …). On y rencontre le système semi-intensif qui est le résultat d’un processus d’évolution de l’élevage extensif, utilisant à la fois les ressources naturelles (pâturage) et des intrants alimentaires complémentaires. Ce système semi-intensif valorise les sous-produits agricoles. Il est cependant confronté à l’extension des surfaces agricoles en défaveur des surfaces pastorales.
59
300000 250000 200000
Bovins
150000
OVins
100000
Caprins
50000 0 Thiés
Tivaouane
Mbour
sous total
Figure 24: Effectif du cheptel ruminant dans la région de Thiès par département en 2012 (ANSD/RGPHAE, 2013) I.1.2.6. Agriculture La région de Thiès est un grand pôle de production agricole grâce à ses nombreuses potentialités hydrauliques et pédologiques. L’agriculture dans cette région occupe une place importante dans la vie économique et sociale de la région de Thiès et est pratiquée dans trois zones (ANSD/RAC, 2013): La zone côtière des Niayes à vocation maraîchère et fruitière ; La zone centre à vocation arachidière, arboricole et aussi de manioc ; La zone sud à vocation maraîchère et vivrière. C’est la région de Thiès qui compte le plus grand nombre de ménages agricoles avec 96 587, soit 12,8% des ménages agricoles sénégalais, suivie de la région de Louga (9,5%) et de Saint-Louis (9,4%) (ANSD/RGPHAE, 2013).
I.2. MATERIEL Le matériel utilisé pour la réalisation de notre étude est : un ordinateur de marque HP, un téléphone portable de marque iPhone qui a servi d’appareil photo et un agenda pour la prise de note.
60
I.3. METHODE I.3.1. Echantillonnage L'échantillon de notre étude a été choisi selon la méthode empirique (Accidental Sampling). Il s'agit d'une méthode non probabiliste dans laquelle les individus sont retenus lorsqu'on les rencontre jusqu'à ce que l'on obtienne le nombre d'individus souhaité. Ce nombre peut être fixé au départ de l'étude ou au contraire déterminé en fonction des renseignements obtenus au cours de l'étude. Dans cette méthode, la probabilité qu'a un individu d'être retenu n'est pas connue (LANDAIS, 1986). Sachant que l’élevage est présent dans toute la région de Thiès et dans le souci de voir les éventuelles spécificités en fonction des zones, notre échantillon porte sur les trois (3) départements de la région. Le nombre des individus retenus est fixé au hasard dans le seul but d’obtenir un nombre représentatif pour nos analyses. Pour la région de Dakar, le choix de notre échantillonnage est orienté vers la zone des Niayes car l’élevage y est principalement localisé. Plus précisément la partie méridionale de la zone des Niayes qui comprend la région de Dakar mais aussi de Thiès. La méthode adoptée pour la conduite des enquêtes était basée sur des entretiens individuels guidés ou non guidés. L'intérêt étant non seulement de récolter des informations quantitatives (effectifs, quantités, prix...), mais aussi de discuter des difficultés rencontrées par les différents acteurs de la chaîne de valeur lait. I.3.2. Elaboration des fiches d’enquête (questionnaire) En tenant compte de la complexité de la chaine de valeur, cinq (5) types de questionnaires ont été élaborés pour la collecte des données. Ainsi on a un questionnaire pour : les producteurs individuels (Annexe 1), les fermes intensives et semi-intensives (Annexe 2), les structures de collecte et de transformation de lait local (Annexe 3), les organisations des éleveurs (Annexe 4), les industries de transformation de lait en poudre (Annexe 5). Les questionnaires ont été faits dans le souci de répondre aux objectifs de l’étude. 61
I.3.3. Période d’étude L'étude de la chaîne de valeur lait dans les régions de Dakar et Thiès a été faite sur la période de Septembre 2014 à Mars 2015. I.3.4. Déroulement de l’étude L'étude s'est déroulée en deux étapes avec une première phase de prospection et de recherche bibliographique et une deuxième phase consacrée aux enquêtes de terrain. La recherche bibliographique a eu lieu à la bibliothèque de l’EISMV de Dakar et à l’ISRA. Des recherches sur internet ont été aussi effectuées. I.3.4.1. Enquête exploratrice La première étape a conduit à rechercher et collecter l'information de base axée sur des données bibliographiques et documentaires. Une phase de prospection a permis de mener des entretiens libres auprès des personnes ressources (groupements d'éleveurs, services régionaux et départements de l’élevage, ISRA, ANSD …). Cela dans le but d'acquérir une vue générale de l'environnement naturel, des conditions socioéconomiques des zones d’étude et des informations déjà disponibles. Les outils d’enquête ont été revus et réadaptés après cette phase de pré-enquête.
I.3.4.2. Enquête proprement dite Dans la région de Thiès, un total de 230 éleveurs a été enquêté (en raison de 5 éleveurs par sites) répartis dans 13 localités dans le Département de Thiès, dans 18 localités dans le Département de Tivaouane et dans 15 localités dans celui de Mbour. La rencontre des producteurs (choisis au hasard) a eu lieu avec l’aide des services départementaux de l’élevage, des chefs de villages et maires dans certaines communes mais aussi lors des rencontres des éleveurs avec le projet ILRI (International Livestock Research Institute). Dans la zone des Niayes l’enquête a eu lieu auprès de 15 éleveurs choisis au hasard dans la commune de Sangalkam et auprès de 20 fermes intensives et semi-intensives choisies en fonction de leur accessibilité. 62
Des structures de transformation de lait local et/ou de lait en poudre dans les régions de Dakar et Thiès (Tableau VIII) ont été soumises à nos questionnaires. Enfin des entretiens non guidés et individuels ont eu lieu avec des collecteurs et/ou transformateurs de lait local, rencontrées à domicile ou niveau des points de vente dans les deux (2) régions.
Tableau VIII : Structures de transformation de lait local et/ou en poudre STRUCTURE Fromagerie de Keur Moussa Laiterie dakaroise Laiterie « Africa seed » Laiterie « Entreprise Serigne Saliou Mbacké » Laiterie Jaboot SARBI Bonnet rouge CANDIA (SIAGRO)
REGION Thiès Dakar Dakar Thiès Dakar Dakar Dakar Thiès
Le Tableau IX présente le calendrier de l’enquête. Tableau IX : Calendrier de l’enquête DEPARTEMENT Thiès Tivaouane Mbour Dakar
PERIODE Novembre 2014 Novembre - Décembre 2014 Décembre 2014- Janvier 2015 Janvier- Février 2015
I.3.5. Traitement et analyse des résultats Les données recueillies auprès des différents acteurs de la chaîne de valeur à l’aide des fiches d’enquête, nous ont permis d’obtenir des variables qualitatives et quantitatives. Elles ont été saisies et enregistrées dans le tableur Microsoft Excel pour les différentes analyses statistiques et pour le tracé des graphiques. Le logiciel Microsoft Word a été utilisé pour la rédaction du présent document.
63
I.3.6. Limites méthodologiques Elles résultent essentiellement dans : la difficulté à rencontrer certains acteurs sur place tels que les responsables des exploitations intensives ou semi-intensives ; la difficulté à obtenir certaines informations (nombre d’animaux, quantité de lait …) auprès des producteurs traditionnels qui sont quelques fois introvertis ; l’absence de registres de comptabilité dans la presque totalité des exploitations ce qui fait que les coûts de production ont été estimés sur la base de déclaration et sans justification ; la difficulté à tomber sur la personne capable de répondre aux questions au niveau des entreprises de transformation. Cela a fait que pour certaines les informations exactes ne sont pas obtenues. et enfin les moyens de transports n’ont pas été convenables pour certains sites.
64
CHAPITRE II : RESULTATS II.1. CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT DANS LES REGIONS DE DAKAR ET DE THIES II.1.1. Principaux acteurs de la chaîne de valeur lait II.1.1.1. Acteurs de la production Notre échantillon nous montre que les producteurs sont en majorité d’ethnie Wolof (Figure 25). La classe d’âge est comprise entre 24 et 77 ans. Les hommes représentent 98% des producteurs et les femmes 2%. Ces producteurs sont à 73% des agro-pasteurs et à 17% des salariés. PEULH 14%
SERERE 26%
AUTRES 2%
WOLOF 58%
Figure 25 : Répartition des producteurs en fonction de l’ethnie
II.1.1.2. Acteurs de la collecte Notre étude montre que la collecte est majoritairement assurée par les femmes ; la ferme de Wayembam a à elle seule 300 femmes qui achètent le lait sur place par jour. Les femmes collectent le lait chaque matin chez le producteur (éleveur /ferme) et assurent la vente directe aux consommateurs du lait cru ou après transformation. Il arrive aussi qu’elles approvisionnent d’autres femmes qui se chargent de vendre aux consommateurs. L’échantillon de notre enquête montre aussi que des structures de transformation assurent leur propre collecte directement chez l’éleveur. Il s’agit de : 65
la laiterie « Entreprise Serigne Saliou Mbacké » à Thiokhol dans la Communauté rurale de Notto (Département de Thiès) ; la laiterie Africa seeds à Keur Ndiaye Lo dans le Département de Rufisque ; la fromagerie de Keur Moussa dans la communauté rurale du même nom (Département de Thiès); l’usine KIRENE (CANDIA) dans le Département de Thiès ; des fermes Pastagri et Wayembam dans la Zone des Niayes. II.1.1.3. Acteurs de la transformation A l’issu de notre étude, 78 transformateurs de lait local ont été obtenus et trois (3) types de transformation ont été identifiés. Transformateurs artisanaux Ils représentent 92% des transformateurs du lait local. Cette activité est menée essentiellement par des femmes approvisionnées par les élevages traditionnels (zones rurales et périurbaines) et aussi les fermes intensives (aux environs de Dakar). Laiteries Elles représentent 4% des transformateurs du lait local et sont représentés par : la fromagerie de Keur Moussa, dans le Département de Thiès depuis 1980 et qui est gérée par des moines, transforme le lait de chèvre collecté auprès des éleveurs de la Commune de Keur Moussa surtout à Ndoyéne (village peulh). la laiterie Africa seeds à Keur Ndiaye Lo (anciennement appelé Ferme de Normand)
dans la Commune de Sangalkam a débuté les activités de
transformation du lait en 2011. Elle est approvisionnée en lait de vache par les fermes EMAAP et Pastagri et après transformation, présente une gamme variée de produit. l’unité de transformation laitière de Thiokhol dans la Communauté rurale de Notto dans le Département de Thiès ; elle utilise le lait de vache en saison pluvieuse mais ajouté à de la poudre de lait pendant la saison sèche. Elle est approvisionnée en lait local par sa propre ferme et les éleveurs de la zone surtout par les peulhs de Keur Mory Fall.
66
Unités industrielles Représentent 4% et sont : la laiterie de la ferme de Wayembam transforme actuellement 10 000 litres de lait en moyenne par mois. Elle est approvisionnée par la ferme elle-même ; la laiterie de la ferme de Pastagri transforme en ce moment 800 litres par jour ; l’unité industrielle de KIRENE installée dans la région de Thiès, a initié une politique d’incorporation du lait local à partir des fermes intensives avec lesquelles des contrats sont établis. II.1.2. Organisations des acteurs L’échantillon de notre étude montre que 68% des acteurs de la chaîne sont membres d’une organisation (Figure 26).
NON 32% OUI 68%
Figure 26 : Appartenance des acteurs de la chaîne de valeur à une organisation Ces organisations sont les suivantes : la maison des éleveurs (MDE) qui est l’organisation la plus répandue dans la région de Thiès. La MDE existe dans toute la région de Thiès avec un président dans chaque département et dans chaque commune. le GIE Insémination artificielle et élevage de métisses à Kayar a été créé en 2012 par des passionnés de l’élevage et les conditions à remplir pour être membres sont : un apport de 50 000 F CFA, avoir un minimum de 5 femelles, 67
accepter d’inséminer 2 vaches par an pour chaque membre. Le GIE voulant être très sélectif ne compte que 18 membres. Leurs objectifs sont de: accroître la production de lait et de viande ; faire la stabulation avec l’utilisation des résidus de récolte et la culture fourragère ; produire 30 à 40 litres de lait au minimum par jour et pour chaque membre. l’association des propriétaires de races pures et améliorées à Tivaouane créée en 2012 avec 20 membres, prône pour la santé animale, la maximisation de la production laitière via l’insémination artificielle. le G.I.E Fédération des éleveurs de Sindia et de Nguékhokh dans le département de Mbour qui prône pour la modernisation de l’élevage et compte 120 éleveurs. Le G.I.E, pour l’intensification de la production laitière, a un projet en cours d’un milliard cinq cent millions de F CFA (1.500.000.000 F CFA) pour la construction d’étable pour chaque membre sur une superficie de 126 hectares (appartenant à la commune de Nguékhokh). le G.I.E Kawral à Keur Ndiaye Lo, créé il y a une quinzaine d’année. l’Association Nationale pour l’Intensification de la Production Laitière (ANIPL) regroupe les fermes modernes dans la zone des Niayes et elle se limite actuellement dans les régions de Dakar et Thiès. Cependant elle compte s’étendre dans tout le Sénégal. L’objectif de l’association est de créer un lobbying pour résoudre les problèmes communs à tous les fermiers. Il s’agit du foncier, de la fiscalité et de l’approvisionnement en intrants alimentaires. La première action de cette organisation a été la concertation en vue d’éviter les spéculations sur la paille de riz.
II.1.3. Conduite de l’élevage II.1.3.1. Systèmes d’élevage Notre échantillon montre que la gestion de l’élevage est majoritairement traditionnelle ; 68% des éleveurs enquêtés évoluent dans un système extensif contre 6% seulement en élevage intensif (Figure 27).
68
Dans le système extensif, on note l’absence de bâtiment d’élevage chez 87% des éleveurs qui parfois ne possèdent que des enclos avec des piquets en bois et fils de fer, où sont parqués les animaux pendant la nuit. Seuls 13% des éleveurs ont réalisé des clôtures en fonction de la taille de leur cheptel pour la nuit après les pâturages. A Keur Ndiaye Lo dans la commune de Sangalkam, les éleveurs traditionnels disposent d’un espace de trois (3) hectares donné par l’Etat depuis plusieurs années, et où sont regroupés les animaux chaque soir. Dans la zone des Niayes où domine l'élevage des races importées le mode de conduite des troupeaux repose sur la stabulation permanente.
6%
26%
EXTENSIF SEMI-INTENSIF 68%
INTENSIF
Figure 27 : Répartition des éleveurs en fonction des systèmes de production
Figure 28: Bâtiment d’élevage à Tivaouane
69
II.1.3.2. Alimentation et eau L’alimentation de base des animaux est constituée essentiellement par les pâturages et les résidus de récolte. Notre échantillon montre que 58% des éleveurs utilisent des compléments avec l’aliment de commerce pour leurs animaux. Parmi eux, 37% l’utilisent pendant toute l’année et 63% pendant la saison sèche uniquement. Pour ce qui est de l’abreuvement du cheptel, il se fait au niveau des forages et puits en élevage traditionnel.
II.1.3.3. Transhumance Notre étude montre que 73% des éleveurs en extensif enquêtés pratiquent la transhumance. Pour 21% de ces éleveurs transhumants, cette pratique est due à des habitudes traditionnelles et pour les 79% autres c’est lié aux contraintes d’alimentation du cheptel. La transhumance concerne la presque totalité du cheptel, seuls les animaux faibles, les vaches à terme et quelques-unes à traire pour les besoins de la famille (autoconsommation, vente) sont laissés sur place. Les zones de transhumance sont à Tassette, Mont Rolland, Diender, Ranch de Dolly, Pout, Sangalkam, Diamniadio et parfois plus loin dans la zone sylvo-pastorale. De manière générale elle se passe en saison sèche à partir de Décembre-Janvier. Le retour est déterminé par le début de la saison des pluies. II.1.3.4. Mode de reproduction Notre échantillon montre que 61% des éleveurs utilisent la monte naturelle comme mode de reproduction dans leur élevage et que 39% font l’insémination artificielle pour la multiplication du cheptel. Trois (3) principales raisons ont été avancées par les éleveurs qui ne pratiquent pas l’insémination comme méthode de reproduction dans leurs élevages (Figure 29).
70
5%
43% 52%
Coût élevé Gestion des sujets difficile Pas intérêt
Figure 29 : Répartition des éleveurs ne pratiquant pas l’insémination artificielle en fonction de leurs arguments
II.1.3.5. Santé animale 87% des éleveurs de notre échantillon affirment avoir eu à rencontrer des problèmes sanitaires. Les affections les plus citées sont représentées sur la Figure 30.
Figure 30 : Affections rencontrées par les éleveurs La Figure 31 montre des lésions de Dermatose Nodulaire Contagieuse Bovine (DNCB) chez une vache de race Gobra dans la commune de Keur Moussa (Département de Thiès). 71
Figure 31 : Lésions de Dermatose Nodulaire Contagieuse Bovine Nos résultats révèlent que 73% des éleveurs sollicitent les services d’un agent de la santé de manière régulière pour des motifs de déparasitage, d’affections en plus de la vaccination. Et 21% le font uniquement que lors des campagnes de vaccination ; 6% des éleveurs affirment n’avoir jamais sollicité leurs services. L’automédication est pratiquée par 22% des éleveurs.
II.1.4. Cheptel laitier II.1.4.1. Races bovines Les résultats de notre échantillon montrent une prédominance de la race locale dans la région de Thiès avec respectivement 71%, 64% et 69% pour les Départements de Thiès, Mbour et Tivaouane. Par contre, on note une prédominance des races exotiques et métisses dans la région des Niayes (Figure 32).
72
LOCALES
METISSES
2% 27%
7% 29%
5% 26%
71%
64%
69%
EXOTIQUES
50%
38% 12%
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
Figure 32 : Répartition des races bovines en fonction des zones d’étude
Les métisses sont composées de produits de croisement entre les races locales et les races exotiques. Ces dernières sont représentées surtout par la Holstein, la Mombeliarde, la Jersiaise, le Guzérat, la Brune des Alpes et le Girolando.
Figure 33: Métisses en stabulation à Mboro dans le Département de Tivaouane
II.1.4.2. Composition du cheptel Les résultats obtenus avec notre échantillon montrent que les femelles représentent plus de la moitié du cheptel avec 69% dans le Département de Thiès, 64% à Mbour,
73
66% à Tivaouane et 88 % dans la zone des Niayes. Les taureaux représentent entre 2% et 8% du cheptel. La Figure 34 présente la composition globale du cheptel dans les régions d’étude. taureaux
veaux velles
5%
69%
2%
2%
64%
66%
jeunes mâles
1%
88%
21% 5% THIES
femelles
26%
24%
8%
8%
MBOUR
TIVAOUANE
9% 2% ZONE DES NIAYES
Figure 34: Composition du cheptel en fonction des zones d’étude
Mâles adultes Notre échantillon montre que la moyenne des mâles varie entre 0,6 et 1,14 en fonction des sites (Tableau X). Tableau X: Répartition des mâles adultes
MINIMUM MAXIMUM MOYENNE
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
0 4 0 ,6
0 6 1,14
0 4 0,9
0 3 1,08
On note qu’entre 23% et 57% des éleveurs de notre échantillon ne disposent pas de géniteurs (Figure 35).
74
Avec géniteur
23%
37%
41%
63%
59%
57%
77%
43%
THIES
Sans géniteur
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
Figure 35 : Pourcentage des producteurs avec ou sans géniteur Jeunes mâles Les jeunes mâles représentent entre 1% et 5% de l’effectif des animaux de notre échantillon (Figure 34) avec une moyenne variant entre 0,24 et 0,64 en fonction des zones d’étude (Tableau XI). Tableau XI: Répartition des jeunes mâles
MINIMUM MAXIMUM MOYENNE
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
0 3 0 ,64
0 3 0,24
0 3 0,27
0 5 0,37
Femelles reproductrices Toutes les exploitations de notre échantillon disposent de femelles en âge de se reproduire avec un minimum de 1 et un maximum de 450 femelles (Tableau XII).
Tableau XII: Répartition des femelles reproductrices
MINIMUM MAXIMUM MOYENNE
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
2 17 5,78
2 13 6,48
1 14 5,24
2 450 38,6 75
Femelles en lactation Pendant la période de nos enquêtes les exploitations de notre échantillon présentent chacune au minimum une femelle en production (Tableau XIII). Tableau XIII : Répartition des femelles en lactation THIES
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
1 7 2,55
1 9 3,53
1 8 2,64
1 200 22,48
MINIMUM MAXIMUM MOYENNE
Notons que toutes les femelles reproductrices ne sont pas en production pendant cette période de notre étude. Le pourcentage des femelles en production se présente comme sur la Figure 36. NON
OUI
44%
55%
50%
58%
56%
45%
50%
42%
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
DAKAR
Figure 36 : Pourcentage des femelles en production Femelles traites Avec notre échantillon, la moyenne des vaches traites varie de 2,06 à 22,03 et toutes les exploitations ont minimum une femelle à traire (Tableau XIV). Tableau XIV: Répartition des femelles traites
MINIMUM MAXIMUM MOYENNE
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
1 5 2,06
1 8 3
1 6 2,27
1 200 22,03
76
De même, toutes les femelles en lactation ne sont pas traites. Le pourcentage des femelles qui sont traites est donné par la Figure 37. NON
OUI
81%
85%
86%
19%
15%
14%
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
98%
2% DAKAR
Figure 37 : Pourcentage des femelles traites Génisses Le pourcentage des génisses dans l’effectif global des animaux est de 21% dans le Département de Thiès, 18% à Mbour, 19% à Tivaouane et 9% dans la zone des Niayes (Figure 34) ; avec une moyenne variant entre 2,16 et 4,22 (Tableau XV). Tableau XV : Répartition des génisses
MINIMUM MAXIMUM MOYENNE
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
0 15 2,50
0 9 2,50
0 8 2,16
0 31 4,22
Veaux- velles Les veaux-velles représentent entre 9% et 26% de l’effectif total des animaux (Figure 34). La moyenne varie de 2,53 à 4,28 en fonction des zones avec un minimum de 0 et un maximum de 20 (Tableau XVI). Tableau XVI: Répartition des veaux-velles
MINIMUM MAXIMUM MOYENNE
THIES
MBOUR
TIVAOUANE
ZONE DES NIAYES
1 7 2,53
1 9 3,58
1 8 2,65
0 20 4,28
77
II.1.5. Production de lait Nos résultats montrent que les productions varient de 1l à 2 700l de lait par jour selon les exploitations considérées. A l’issu de nos analyses, nous constatons que toutes les vaches en production ne sont traites. Ainsi dans l’estimation de la production dans notre zone d’étude, seules les vaches traites pendant la période de nos enquêtes seront retenues. Les vaches rencontrées sont de races locales (Gobra, Djakoré, Ndama), des métisses et des exotiques (Holstein, Mombeliarde, Jersiaise…). L’estimation de la production a été réalisée en tenant compte de ces différentes races et de la durée moyenne de lactation obtenue à partir de nos enquêtes. Sur cette base, les résultats sont les suivants : vaches de races locales -
production journalière moyenne : 2,12 litres
-
durée moyenne de lactation : 180 jours
-
production moyenne par lactation : 381,6 litres (hors tétée des veaux)
vaches métisses -
production journalière moyenne : 8 litres
-
durée moyenne de lactation : 225 jours
-
production moyenne par lactation : 1800 litres
vaches de races pures exotiques -
production journalière moyenne : 15 litres
-
durée moyenne de lactation : 300 jours
-
production moyenne par lactation : 4500 litres
Ainsi les quantités de lait obtenues présentées dans le Tableau XVII, représentent le potentiel de production.
78
Tableau XVII : Estimation de la production potentielle RACES
NOMBRE DE VACHES
Locales
380
POTENTIEL DE PRODUCTION LAITIERE (en litres) 760
Métisses
624
6240
Exotiques
331
4965
Le potentiel de production journalière de lait est estimé à 10 732,6 litres. Les races exotiques et les métissent fournissent la quasi-totalité de la production (Figure 38). LOCALES 7% EXOTIQUES 46%
METISSES 47%
Figure 38: Répartition de la production actuelle de lait en fonction des races Ainsi, l’essentiel de la production est fourni par les élevages intensifs et semi-intensifs de la Zone des Niayes (Figure 39). REGION THIES
ZONE DES NIAYES
26%
74%
Figure 39 : Répartition de la production en fonction des zones d’étude
79
Toutefois, les régions de Dakar et de Thiès possèdent un potentiel laitier supérieur à la production de lait actuelle (10 732,6 litres de lait par jour) car toutes les femelles susceptibles de produire ne sont pas en production à cette période de l’étude. II.1.6. Caractéristiques de la traite Nombre de traite 100% des producteurs de notre échantillon font la traite. Le nombre de traite par jour varie suivant les producteurs. En effet, 59% des producteurs de l’échantillon déclarent faire la traite une seule fois par jour, par contre 41% d’entre eux affirment traire leur vache deux fois par jour. Responsable de la traite La traite est assurée majoritairement par les femmes avec 64% des cas, suivi des hommes (producteurs ou bergers) avec 28% et enfin les enfants (8%). Moyen de traite La traite se fait principalement de façon manuelle dans 94% des cas contre 6% pour la traite mécanique.
Figure 40: Métisse en traite manuelle à Notto
80
II.1.7. Transformation du lait local Le lait caillé constitue le principal
type de produit obtenu après transformation
(Figure 41). Fromage traditionnel 9% Lait pasteurisé 3%
Huile de beurre 19% Lait caillé 62%
Beurre 1% Lait UHT 2% Créme 1% Fromage Yaourt 1% 2%
Figure 41: Types de produits obtenus après transformation du lait frais II.1.8. Vente et prix de vente du lait Dans nos régions d’étude, la vente du lait frais ou caillé est majoritairement assurée par les femmes. Elles sont rencontrées au niveau des marchés le plus souvent, des garages, des rues plus rarement pendant cette période et aussi à la ferme directement (Dakar surtout). A Dakar la vente du lait frais ou caillé se fait principalement au niveau des kiosques implantés par des fermes pour la plupart. Les produits laitiers après transformation par les laiteries et industries sont retrouvés chez les distributeurs tels que les boutiques, les supers marchés, les supérettes, les stations-service. Le prix du lait varie en fonction des régions et des périodes de production. Dans la région de Dakar pendant la saison des pluies, les fermes et les éleveurs périurbains vendent le lait entre 400 et 600 F CFA/l à des revendeurs et des transformateurs. Soit un prix entre 500 et 700 F CFA le litre du lait frais et surtout caillé aux consommateurs. Et pendant la saison sèche le prix moyen du litre de lait 81
chez le producteur est de 700 F CFA, et après transformation le prix peut atteindre 1 000 F CFA/l. Dans la région de Thiès en période de forte production, les exploitations vendent leur lait entre 300 et 500 F FCA/l à des revendeurs et transformateurs, soit un prix aux consommateurs de 500 F CFA/l en moyenne pour le lait frais et 600 F CFA/l après transformation. Par contre pendant la saison sèche le litre du lait après transformation est vendu à hauteur de 700 F CFA. Les Tableaux XVIII et XIX donnent le prix du litre de lait cru et caillé en fonction des saisons et régions. Tableau XVIII : Prix du litre de lait pendant la saison sèche (F CFA)
Prix minimal (F CFA) Prix maximal (F CFA) Prix moyen (F CFA)
THIES cru caillé 400 500 600 700 500 600
DAKAR cru caillé 600 700 800 1 000 700 850
Tableau XIX : Prix du litre de lait pendant la saison des pluies (F CFA)
Prix minimal (F CFA) Prix maximal (F CFA) Prix moyen (F CFA)
THIES cru caillé 300 400 500 600 400 500
DAKAR cru caillé 400 500 600 700 500 600
II.1.9. Compte d’exploitation II.1.9.1. Analyse des coûts de production Il existe des variations de coût de production qui sont fonction des systèmes d’élevage mis en place. Après analyse de nos résultats, nous avons classé les exploitations en cinq (5) types pour le calcul des coûts de production. Ils se différencient par le type d’investissement, l’alimentation, les soins vétérinaires, l’utilisation de la main d’œuvre. Leur moyenne a permis de calculer le coût de production d’un litre de lait d’une vache au cours de sa carrière. Ainsi, on obtient les types suivants : 82
Exploitations en extensif sans utilisation de concentré pendant la saison sèche Il s’agit d’élevage évoluant dans un système extensif utilisant pour l’alimentation le pâturage naturel et les résidus de récolte. Les animaux n’utilisent pas de compléments alimentaires pendant la saison sèche. Aucun investissement n’est réalisé. Pour les paramètres de la reproduction, l’âge au premier vêlage est de 4ans en moyenne, l’intervalle vêlage-vêlage est de 21 mois avec une durée de lactation de 6 mois, 3 litres en début de lactation et 0,5 litres en fin de lactation. La moyenne journalière est de 1,75 litres, d’où 315 litres pour une lactation. La vache fait 5 vêlages avant la réforme ce qui donne 1 575 litres durant sa carrière. L’âge de réforme de la vache est de 13 ans en moyenne. Les races utilisées sont les races locales et il n’y a pas de groupement des vêlages ; la reproduction se fait au hasard et surtout pendant la saison des pluies. Les frais sanitaires de la vache se limitent aux vaccinations annuelles et quelques fois au déparasitage et s’évaluent en moyenne à 450 F CFA l’année. La main d’œuvre est pratiquement familiale et les frais d’élevage s’évaluent à 350 F CFA l’année. Pendant la saison sèche, les résidus de récolte et la paille de brousse constituent l’alimentation de la vache et leur coût est évalué à 40 F CFA par jour. Toutes les charges de l’exploitation rapportées à la carrière de la vache se présentent comme suit : Tableau XX : Coût de production en extensif sans utilisation de concentré DESIGNATION Alimentation (F CFA) Charges eau (F CFA) Frais d’élevage (F CFA) Frais sanitaires (F CFA) Charges totales de production (F CFA) Production totale de lait de la vache (litres) Coût de production (F CFA) d’un litre de lait
CHARGES DE PRODUCTION Saison sèche Saison des pluies 187 200 0 14 875 0 15 600 15 600 5 850 5 850 223 525 21 450 1 575 1 575 142
14
83
Exploitations en extensif avec utilisation de concentré pendant la saison sèche Elles se différencient du premier type par l’utilisation des compléments alimentaires pendant la saison sèche de Janvier à Juillet. Les quantités de lait en début et en fin de lactation sont respectivement de 4 litres et 1 litre et pour des durées et nombre de lactation identiques aux précédents. Ainsi on obtient 2 437,5 litres de lait pendant la carrière de la vache. Le coût de l’alimentation s’évalue à 200 F CFA en moyenne par jour pour la vache. Du fait de l’utilisation de la complémentation alimentaire, le cout de production varie en fonction des saisons. Tableau XXI : Coût de production en extensif avec utilisation de concentré DESIGNATION Alimentation (F CFA) Charges eau (F CFA) Frais d’élevage (F CFA) Frais sanitaires (F CFA) Charges totales de production (F CFA) Production totale de lait de la vache (litres) Coût de production (F CFA) d’un litre de lait
CHARGES DE PRODUCTION Saison sèche Saison des pluies 525 000 0 14 875 0 15 600 15 600 5 850 5 850 561 325 21 450 2 437,5 2 437,5 230
8
Exploitations en extensif amélioré avec construction d’étable Pour ce type d’exploitation, des investissements sont réalisés. Il s’agit de la construction de modestes étables ou enclos où sont mis les animaux pendant la nuit après le pâturage. Ils sont évalués à 60 000 F CFA en moyenne. Les paramètres de la reproduction sont les mêmes que les précédents sauf que avec la présence des métisses, la quantité de lait en début de lactation est de 8 litres et 2 litres en fin de lactation. Ce qui fait une moyenne journalière de 5 litres et pour une durée de lactation de 6,5 mois, on a 975 litres par lactation et 4 875 litres durant la carrière de la vache. Les frais d’élevage sont constitués par la main d’œuvre (700 F CFA par an pour la vache), les frais sanitaires (1000 F CFA en moyenne par an). Du fait de l’utilisation de la complémentation alimentaire pendant la saison sèche, le coût de production est également saisonnier. 84
Tableau XXII : Coût de production en extensif avec construction d’étable DESIGNATION Amortissement étable (F CFA) Alimentation (F CFA) Main d’œuvre (F CFA) Frais insémination artificielle (F CFA) Charges eau (F CFA) Frais sanitaires (F CFA) Charges totales de production (F CFA) Production totale de lait de la vache (litres) Coût de production (F CFA) d’un litre de lait
VALEUR Saison sèche Saison des pluies 850 850 525 000 0 109 200 109 000 80 000 80 000 14 875 0 13 000 13 000 561 325 21 450 2 437,5 2 437,5 152 41
Exploitations en stabulation Il s’agit d’exploitation où les animaux sont maintenus en étable en permanence et utilisant des métisses en majorité. Pour les paramètres de la reproduction, l’âge au premier vêlage est de 3 ans en moyenne, l’intervalle vêlage-vêlage est de 15mois avec une durée de lactation de 8mois, 12 litres en début de lactation et 4 litres en fin de lactation. La moyenne journalière est de 8 litres, d’où 1920 litres pour une lactation. La vache fait 5 vêlages avant la réforme ce qui donne 9 600 litres durant sa carrière. L’âge de réforme de la vache est de 9 ans en moyenne. L’alimentation est de la paille à volonté et complémentée avec du concentré tous les jours ; les frais s’élèvent à 400 F CFA en moyenne avant l’âge au premier vêlage et de 800 F CFA par jour après. Les frais d’élevage sont constitués par la main d’œuvre (1 500 F CFA en moyenne par mois pour la vache) et les frais sanitaires (2 500 F CFA en moyenne par an). Tableau XXIII : Coût de production en exploitation en stabulation DESIGNATION Amortissement étable (F CFA) Alimentation (F CFA) Main d’œuvre (F CFA) Frais insémination artificielle (F CFA) Charges eau (F CFA) Frais sanitaires (F CFA) Charges totales de production (F CFA) Production totale de lait de la vache (litres) Coût de production (F CFA) d’un litre de lait
VALEUR 850 2 160 000 162 000 80 000 27 000 22 500 561 325 9 600 255 85
Exploitations semi-intensives Des investissements plus élevés sont réalisés pour ce type d’exploitation (étables, magasin de stockage d’aliment, divers matériels d’élevage) et s’élèvent à 10 000 000 F CFA en moyenne. Les principales races sont les races exotiques et leurs produits de croisement. Les paramètres de la reproduction sont: l’âge au premier vêlage est de 3 ans en moyenne, l’intervalle vêlage-vêlage est de 15mois avec une durée de lactation de 8mois en moyenne, 15 litres en début de lactation et 6 litres en fin de lactation. Ce qui fait une moyenne journalière de 11 litres, d’où 2 640 litres de lait pour une lactation. La vache faisant 5 vêlages avant la réforme produit 13 200 litres de lait durant sa carrière. L’âge de réforme de la vache est de 9 ans en moyenne. L’alimentation est à base d’ensilage, et complémentée avec du concentré et de la paille à volonté ; les frais s’élèvent à 1 200 F CFA en moyenne par jour pour la vache. La main d’œuvre s’estime à 25 000 F CFA par an et les frais sanitaires à 8 500 F CFA moyenne par an. Tableau XXIV: Coût de production en exploitation semi-intensive DESIGNATION Amortissement étable (F CFA) Alimentation (F CFA) Main d’œuvre (F CFA) Frais insémination artificielle (F CFA) Charges eau (F CFA) Charges électricité (F CFA) Frais sanitaires (F CFA) Charges totales de production (F CFA) Production totale de lait de la vache (litres) Coût de production (F CFA) d’un litre de lait
VALEUR 416 470 3 078 000 225 000 80 000 54 000 23 400 76 500 3 953 370 13 200 300
Concernant les exploitations intensives et semi-intensives dans la zone des Niayes, le coût de production a été obtenu directement lors des enquêtes. Au niveau de ces exploitations, les paramètres de reproduction sont les suivants : L’âge à la première mise bas se situe entre 28mois et 36mois et l’intervalle vêlagevêlage est entre 12 et 14mois. La durée de lactation varie de 7 à 10mois avec une quantité maximale de 25 litres de lait en début de lactation et 5 litres en fin de lactation. Le nombre de lactation varie entre 4 et 7 lactations. 86
Le coût de production moyen pour un litre de lait au niveau des élevages dans la zone des Niayes est de 185 F CFA avec un coût minimal de 200 F CFA et un coût maximal de 410 F CFA. L’alimentation est le principal poste de dépense pour l’ensemble des exploitations. Elle représente entre 50% et 90% des charges. Dans les exploitations intensives elle est suivie de la main d’œuvre, de l’amortissement des bâtiments d’élevage et des frais sanitaires. Dans les exploitations extensives l’alimentation représente pratiquement l’essentiel des charges. II.1.9.2. Analyse des marges Pour un prix de vente moyen de 400 F CFA d’un litre de lait, on obtient les marges cidessous pour les producteurs en fonction du type d’exploitation : Tableau XXV: Marges chez les producteurs Sans utilisation de concentré
Avec utilisation de concentré
SS
SS
SP
SP
Avec construction d’étable
SS
En stabulation
Semiintensif
Zone des Niayes
SP
Coût de production (F CFA)
142
14
230
8
152
41
255
300
285
Marge (F CFA)
258
386
170
392
248
359
144
100
115
SS : saison sèche SP : saison des pluies Les marges chez les collecteurs et transformateurs artisanaux du lait local se présentent comme sur le Tableau XXVI.
Tableau XXVI : Marges chez les collecteurs et transformateurs Collecteurs
Transformateurs
Prix d’achat d’un litre de lait
400
400
Prix de vente d’un litre de lait
500
600
Marge (F CFA)
100
200
87
II.1.10. Aspects financiers Notre étude montre que les modestes financements que quelques rares éleveurs ont eu à obtenir étaient destinés à l’embouche. Le seul financement cité par les producteurs est l’aliment de bétail. II.1.11. Encadrement et recherche On a : les services régionaux et départementaux de l’élevage ; l’Institut Sénégalais de la Recherche Agronomique (ISRA) ; l’Ecole inter Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar (EISMV) ; International Livestock Research Institute (ILRI): il s’agit d’un projet (2012 à 2015) dont le but est d’identifier les meilleurs types de races bovines pour les petits et les moyens producteurs. Le projet étudie également les moyens d’améliorer l’accès des agriculteurs au matériel de reproduction.
II.1.12. Analyse du marché La description du marché dans les régions de Dakar et de Thiès a montré une grande diversité des entreprises qui s’activent dans la transformation laitière. Cependant seul quelques-unes utilisent comme matière première le lait local ; il s’agit de : La laiterie « Serigne Saliou Mbacké » de Thiokhol Située dans la Commune de Notto dans le Département de Thiès, la laiterie est mise en place par une dame native de la commune et qui est propriétaire d’une ferme de vache laitière d’une dizaine de têtes (métisses et locales). Les investissements de la laiterie s’élèvent à 2.350.000 F CFA (bâtiment et l’ensemble du matériel). Avec une capacité de transformation de 100 litres par jour, la laiterie fonctionne en dessous de sa capacité surtout en saison sèche (20 litres en moyenne par jour). C’est ainsi que pendant cette période, elle utilise aussi de la poudre de lait 25 kg/semaine. Le prix d’achat du litre de lait est de 400 F CFA en hivernage et 500 F CFA en saison sèche. Les objectifs qui ont favorisé sa création sont pour: -
valoriser le lait local ;
-
permettre aux éleveurs qui ont une surproduction de pouvoir vendre ; 88
-
permettre aux femmes de la commune de venir s’approvisionner en lait caillé pendant les cérémonies en leur garantissant la qualité ;
-
création d’emploi et lutter contre la pauvreté.
Ses contraintes sont: -
le manque
d’investissement
important (juste marmite, gaz, glacière,
frigidaire) ; -
l’absence de moyen de transport pour aller chercher du lait dans les villages où la production est plus importante dans la commune.
Son circuit de commercialisation: -
vente sur place
-
vente au niveau des services à proximité et dans la ville de Thiès (SENELEC, SDE, Crédit mutuel, etc.)
-
l’absence de marque commerciale sur les emballages fait que les produits ne peuvent pas accéder aux grandes surfaces (supérettes, stations-services, etc.)
Les types de produits laitiers de la laiterie figurent en Annexe 6. La Fromagerie de Keur Moussa Elle est gérée par des moines et les activités de la fromagerie ont commencés depuis 1980 et elle utilisait du lait de chèvres exotiques (chèvres des Alpes). Et depuis quelques années c’est les chèvres locales qui sont utilisées. Elle a une capacité de transformation de 200 litres par jour. La collecte se fait trois fois par semaine avec une quantité moyenne de 50 litres par collecte. La collecte se fait: -
avec un collecteur qui joue le rôle d’intermédiaire entre la fromagerie et les producteurs ; il va chercher le lait dans la commune surtout dans le village de Ndoyéne chaque matin pendant les jours de collecte,
-
le matériel est représenté par des bidons et un filtre,
-
les couts sont de 2000 F CFA pour le charretier et le prix d’achat du litre du lait est à 600 F CFA en moyenne.
Les difficultés rencontrées par la fromagerie sont :
89
-
mauvaise qualité du lait surtout en saison sèche car les chèvres sont nourries avec les feuilles d’arbre notamment le « neem » et cela entraine des difficultés lors de la transformation du lait ;
-
faible quantité de lait collecté soit 50 litres en moyenne par jour
La vente se fait : -
sur place à la fromagerie ;
-
à Dakar et à Thiès dans les grandes surfaces (2fois par semaine à raison de 10 à 15 kg par livraison)
-
à l’hôtel résidence de Saint Louis (3 à 4 livraisons par an à raison de 10kg par livraison)
L’Annexe 7 présente les produits de la fromagerie. La laiterie « Africa Seeds » Le propriétaire est un français, ingénieur en agronomie. Il s’agit d’une entreprise qui produit de la culture bio (fruits et légumes) en plus de la laiterie et situé à Keur Ndiaye Lo dans la sous-préfecture de Sangalkam. Les activités de la transformation du lait ont débuté en 2011. Pour la collecte la laiterie s’approvisionnait à Wayembam et à Pastagri pendant ses premières
années
mais
des
problèmes
de
qualité
et
d’irrégularité
dans
l’approvisionnement ont fait qu’elle s’est tournée vers la ferme EMAAP. Elle s’approvisionne en lait deux fois dans la semaine avec une quantité de 500 à 800 litres/ semaine. La vente se fait à: -
98% à domicile avec une clientèle étrangère à 75% ;
-
2% dans sa propre boutique à Sally Portudal dans le Département de Mbour.
Ses produits laitiers ne se retrouvent pas dans les grandes surfaces car ne disposant pas encore de conditionnement spécifique (pas de marque). L’Annexe 8 présente les produits de laiterie. L’industrie SIAGRO Kiréne Créée en 2001 pour la production d’eau minérale et c’est en 2005 que l’entreprise s’est lancé dans la production de lait UHT (ultra haute température) de marque CANDIA
90
(licence française) et dans la production de jus. Au départ c’est la poudre de lait qu’elle utilisait uniquement et en 2007 elle incorpore du lait local à 20%. SIAGRO est livré en lait local par les fermes EMAAP et Pastagri (Tableau XXVII). Tableau XXVII : Quantité de lait collecté par Siagro de 2009 à 2013 Année 2009 2010 2011 2012 2013
Quantité(en litres) 143 946 205 254 158 590 227 616 176 342
Fermes Pastagri et EMAAP Pastagri et EMAAP Pastagri et EMAAP Pastagri et EMAAP EMAAP
Aujourd’hui l’entreprise a mis en place un centre de collecte dans la région de Fatick. L’objectif de l’entreprise est le suivant : -
50% de lait local dans sa transformation dans 2 ans;
-
100% de lait local dans 5 ans.
En effet, le centre de collecte dans la région de Fatick a une capacité de 4000 litres/jour, avec un investissement de 50 000 000 de F CFA pour le moment (car d’autres matériels d’une valeur de 30 000 000 de F CFA environ sont en cours d’importation). Lors de l’étude de faisabilité, de l’entreprise, 384 éleveurs ont été enquêtés. La collecte débutera pendant l’hivernage et le prix du litre de lait est à 300 F CFA et des mesures d’accompagnement pour des éleveurs sont prévues par l’entreprise. Le choix de la région de Fatick porte sur : l’utilisation des résidus de culture dans l’alimentation des animaux ; la présence de métisses dans la région; la production y est plus ou moins constante (et non pas une zone de grande production). Et cela en comparaison à la zone de Dahra où la production est très inconstante du fait qu’elle soit une zone de transhumance. En effet, tous les éleveurs rencontrés à Dahra pendant la saison des pluies, proviennent d’un peu partout au Sénégal et à cela s’ajoute les mises bas qui sont groupées d’où la forte production de lait pendant cette période.
91
Ce centre de collecte à Fatick est le centre test ; deux autres sont prévus : un centre au Nord du pays et un centre mobile à Dahra. Et dans quelques mois, l’usine SIAGRO débutera une collecte auprès de dix (10) fermes dans la zone des Niayes (Dakar et Thiès) dont Wayembam et EMAAP avec des camions frigorifiques. A côté de ces entreprises de transformation de lait local, les autres que nous avons eu à approcher, transforment et reconditionnent (pour certaines) le lait en poudre. Les types de produits de ces entreprises figurent en annexe.
II.2. ANALYSE DES CONTRAINTES A LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT DANS LES REGIONS D’ETUDE II.2.1. Contraintes liées à la production laitière II.2.1.1. Prédominance des races locales dans le cheptel La race locale domine dans le cheptel laitier alors qu’elle est réputée faible productrice. Cela se manifeste sur les quantités de lait très faibles produites par les vaches locales (1,75l/jour/vache en moyenne) en comparaison aux races exotiques (15l/jour/vache en moyenne). II.2.1.2. Sous exploitation du potentiel laitier Malgré leur faible productivité, le potentiel laitier des vaches locales n’est pas réellement exprimé. En effet les conditions d'alimentation (alimentation insuffisante et complémentation rare) et d'entretien des femelles en lactation selon le mode traditionnel de l'élevage, ne permettent pas d'extérioriser le potentiel laitier de ces animaux. II.2.1.3. Conduite du troupeau Le caractère extensif qui domine l’élevage dans la région de Thiès connait des difficultés à savoir :
92
le vol de bétail ; la divagation des animaux dans les champs à l’origine des conflits entre agriculteur et éleveur ; l’ingestion de corps étrangers ; l’ingestion d’herbes toxiques pour le bétail et qui provoque la mort subite de l’animal. II.2.1.4. Transhumance La transhumance a de fortes conséquences sur la production et la collecte de lait ; pratiquée pendant une partie de l’année, elle réduit les possibilités d’exploitation et de commercialisation du lait. Par ailleurs, l’éleveur doit disposer d’une somme d’argent pour pouvoir acheter de l’eau pour abreuver ses animaux au niveau des forages et de l’aliment pour les animaux affaiblis pendant le trajet. Ce qui est une contrainte pour les éleveurs surtout ceux disposant d’un grand cheptel. II.2.1.5. Accès difficile à l’alimentation et à l’eau L’accès aux pâturages pose souvent des difficultés car il n’y a pas de séparation entre les surfaces à cultiver et celles pour le bétail. A cela s’ajoute la rareté ou l’absence de pâture pendant la saison sèche d’où la transhumance. A cela s’ajoute l’absence de pratiques de stockage des aliments sous forme de foin ou d'ensilage contribuant au déficit nutritionnel pendant la saison sèche. En élevage intensif, le problème de l’alimentation se pose aussi. En plus des coûts très élevés de l’alimentation, le manque de terre pour les cultures fourragères constitue l’une des contraintes de production. En effet les espaces réservés aux cultures fourragères dans la zone des Niayes sont de plus en plus restreints en raison de l’urbanisation avancée. A côté de l’alimentation, on constate également les contraintes liées à l’abreuvement du bétail à savoir :
93
l’absence d’infrastructure dans la plupart des zones; les pannes trop fréquentes des forages par manque d’entretien ; les difficultés d’accès aux points d’eau existants à cause des aménagements hydro-agricoles dans certaines communes. On note aussi qu’au milieu de la saison sèche, le nombre de points d'eau diminue progressivement, et l'on assiste à une concentration progressive du bétail autour des points d'eau permanents (forage, puits). II.2.1.6. Problèmes sanitaires Le bétail est sujet à des pathologies qui entravent la production laitière. A cela s’ajoute : l’insuffisance des agents de la santé animale (un seul agent technique de l’élevage pour 4 communes parfois) ; l’absence de moyen de l’éleveur pour louer les services d’un vétérinaire privé en cas de problème majeur ; l’utilisation de médicaments de qualité douteuse ou frauduleux par les éleveurs ; l’automédication par les éleveurs ; l’absence de parc de vaccination dans certaines communes. II.2.2. Contraintes liées à la collecte et la transformation Dans les élevages traditionnels, il n’y a pas de système de refroidissement, le lait est collecté et transporté à la température ambiante. De sérieux problèmes de qualité surviennent à ce niveau à savoir l’absence de froid, ajoutée aux problèmes comme l’hygiène de la traite. En effet, il n’y a pas d’hygiène de la traite ; l’éleveur ne prend pas la peine de se laver les mains avant de procéder à la traite sinon cela se fait uniquement avec de l’eau. A cela s’ajoute l’environnement et le matériel de collecte dont la propreté laisse à désirer. Les pis de la vache sont rarement nettoyés avant la traite. Ce qui est à l’origine de la contamination physique et microbienne du lait.
94
La transformation est essentiellement artisanale et il n’y a pas de grande diversité des produits après transformation ; le lait caillé étant le principal produit.
II.2.3. Contraintes liées à la commercialisation Il n’existe pas de marché physique pour le lait d’où la vente se fait partout dans les deux régions. Le risque de mévente pendant la saison des pluies est souligné par la plupart des vendeurs ce qui entraine une fermentation du lait avec l’absence de réfrigération.
II.2.4. Contraintes liées à l’insémination artificielle Les contraintes liées à l’insémination artificielle résultent de : la mauvaise gestion des vaches inséminées et des produits issus de l’insémination artificielle par l’éleveur ; le coût élevé et le faible taux de réussite de l’insémination artificielle; le manque de suivi des vaches inséminées par les acteurs (vétérinaires, inséminateurs, etc.) ; le non accès à l’insémination artificielle de la plupart des éleveurs. II.2.5. Contraintes financières L’accès au crédit est encore très faible voir insuffisant pour faire face aux exigences du sous-secteur en dépit des initiatives en cours. Les rares crédits accordés à l’élevage sont souvent à court terme et sont destinés en priorité à l’embouche alors que la production laitière a besoin plutôt de crédit à moyen et à long terme.
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CHAPITRE III : DISCUSSION
III.1. Caractéristiques de la chaîne de valeur dans les régions de Dakar et de Thiès III.1.1. Principaux acteurs de la chaîne de valeur III.1.1.1. Producteurs Nos résultats ont montré que dans nos régions d’étude, l’élevage des bovins laitiers est pratiqué essentiellement par les Wolof (58%) suivi des Sérère (26%) et en troisième position par les Peulh (14%). Ces résultats concordent avec ceux de SOW (2014) dans la région de Thiès avec 56,8% pour les Wolof suivi des Sérères (22,0%) et les Peulh (13,6%). Nos résultats sont également proches de ceux de SERY (2003) dans les régions de Dakar et de Thiès dont la répartition est la suivante : Wolof 65%, Peulh 13%, Sérères 13 %. D’après SOW (2014) ces résultats sont en accord avec les données ethno géographiques de l’ANSD en 2010 dans ces deux (2) régions. Les éleveurs des bovins rencontrés sont en majorité des hommes (98% contre 2% des femmes) dans nos régions d’étude. De tels résultats confirment ceux de NKOLO (2009) dans la région de Thiès (hommes 98,1% et 1,9% pour les femmes) et de SOW (2014) dans la même région avec 94,9% et 5,1% respectivement. Le même constat est fait par ce dernier à Diourbel (89,2% et 10,8%) et à Kolda par UMUTONI (2012) avec 93.3% pour les hommes contre 6,7% pour les femmes. Ces résultats témoignent de la faible implication des femmes au Sénégal dans l’élevage des bovins laitiers. Certains auteurs comme SOW (2014) expliquent cela comme étant lié à leurs capacités physiques et matérielles. Les éleveurs s’activent dans d’autres types d’activité en plus de l’élevage et l’agriculture en est la principale. Ainsi, les producteurs dans les régions de notre étude sont à 73% des agro-pasteurs et à 17% des salariés. Ces résultats sont similaires à ceux de SOW (2014) dans la région de Thiès (74,6%). En effet l’agriculture occupe une place importante dans la région de Thiès mais aussi dans la zone des Niayes d’où la forte cohabitation de l’élevage avec l’agriculture dans ces zones. 96
III.1.1.2. Collecteurs Notre étude révèle que différents types de circuits cohabitent dans les régions de Dakar et de Thiès. Ces circuits déterminent les relations entre les acteurs de la chaine. Ainsi on rencontre : Les femmes qui collectent le lait chaque matin chez le producteur (éleveur /ferme) et assurent la vente directe aux consommateurs du lait cru ou après transformation. Il s’agit du Circuit 1 décrit par l’USAID. Ce circuit est pratiqué toute l’année dans les zones proches des fermes (Dakar surtout). La laiterie « Entreprise Serigne Saliou Mbacké » à Thiokhol dans la Communauté rurale de Notto (Département de Thiès), est livré en lait par les éleveurs de la zone. D’après l’USAID c’est le Circuit 3.Toutefois, la laiterie est confrontée à l’irrégularité de l’offre en lait en saison sèche. Ainsi elle fonctionne en sous capacité pendant cette période et utilise du lait en poudre dans la transformation. La laiterie Africa seeds à Keur Ndiaye Lo dans le Département de Rufisque assure sa propre collecte au niveau des fermes (EMAAP) et correspond au Circuit 2. La fromagerie de Keur Moussa dans la communauté rurale du même nom (Département de Thiès) est livrée par un collecteur qui assure le rôle d’intermédiaire entre les producteurs et la laiterie. Il correspond également au Circuit 2 de l’USAID. L’usine KIRENE (CANDIA) dans le Département de Thiès assure une collecte au niveau des fermes intensives (EMAAP et PASTAGRI) ; c’est le Circuit 2. Les fermes Pastagri et Wayembam sont approvisionnées par leur ferme et correspondant au Circuit 4. En effet, cette activité permet la sécurisation d’un minimum de leur approvisionnement à partir de leur ferme par la maîtrise de la production.
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III.1.1.3. Transformateurs Les transformateurs artisanaux sont majoritaires avec 92%. Ils sont représentés par les femmes principalement qui sont les épouses des éleveurs mais aussi d’autres qui achètent du lait frais chez ces dernières ou directement chez le producteur. A côté de ces femmes on a les fermes intensives et semi-intensives qui transforment une partie de leur production en lait caillé. Cela est lié à la demande mais aussi c’est une manière pour ces producteurs d’augmenter la durée de conservation du lait. Les laiteries et les industrielles ne représentent que 8% des transformateurs du lait local de notre échantillon. Ce faible pourcentage pourrait s’expliquer par un manque de moyen. Cette situation interpelle les décideurs politiques ainsi que les bailleurs pour un investissement dans le secteur de la transformation industrielle du lait local ce qui contribuerait à sa valorisation.
III.1.2. Organisations des acteurs L’échantillon de notre étude montre que 68% des acteurs de la chaîne sont membres d’une organisation. Cependant, d’après les études de SERY (2003, Dakar et Thiès) il n’en existait aucune dans la zone. Donc ce constat témoigne de la volonté des acteurs de la chaine de se regrouper. Néanmoins, la plupart de ces organisations ne sont pas fonctionnelles. Le même constat est fait par DIA (2013), selon qui la structuration organisationnelle et professionnelle est encore faible et dispersée malgré les tentatives d’organisation. III.1.3. Conduite de l’élevage III.1.3.1 Systèmes d’élevage La gestion de l’élevage est majoritairement traditionnelle (68% en extensif, 26% en semi intensif et 6% en élevage intensif). Et seuls 13% des éleveurs en extensif ont réalisé des clôtures en fonction de la taille de leur cheptel pour la nuit après les pâturages. Nos résultats confirment les observations de SOW (2014, région de Thiès) 98
et de AYABAGABO (2012, Département de Thiès). En effet, l'absence de bâtiment d'élevage dans la presque totalité des exploitations confirmerait le caractère extensif encore dominant de l'élevage dans ces zones. III.1.3.2. Alimentation L’alimentation de base des animaux est constituée essentiellement par les pâturages et les résidus de récolte. Le même constat est fait par SOW (2014) à Thiès et à Diourbel, UMUTONI (2012) dans les régions de Kolda et Kaolack, AYABAGABO (2012) dans le Département de Thiès. Les auteurs GUERIN et FRIOT (1988) ont révélé que les pâturages représentent la principale ressource pour plus de 90% du cheptel sénégalais. Cependant cette pratique est plus fréquente pendant la saison des pluies. Nos résultats révèlent que 58% des éleveurs de notre échantillon utilisent l’aliment de commerce. Il s’agit en effet des éleveurs évoluant dans le système intensif et semi intensif où le régime alimentaire est à base de fourrages et de compléments sous forme de concentrés et aussi de quelques élevages améliorés dans la région de Thiès. Toutefois, même si de nombreux sous-produits agricoles sont utilisés pour le cheptel du fait que l’élevage y est associé à l’agriculture le problème d’alimentation demeure dans les élevages. Dans la zone des Niayes, du fait de l’intensification de l’élevage, l’alimentation est un facteur qui limite la production laitière. En effet, d’après les résultats de certains auteurs tels que SOW (1996), la complémentation alimentaire a eu une influence significative sur la performance laitière. III.1.3.3.Transhumance En élevage traditionnel, 73% des éleveurs pratiquent la transhumance. Parmi eux, 21% le font pour des raisons de tradition. Tout compte fait, il semblerait difficile de vouloir changer les mentalités car certains éleveurs affirment qu’à l’approche de la période de transhumance les animaux cherchent à partir et cela écœure l’éleveur et pour d’autres ils ne pensent pas abandonner cette pratique qui leur a été léguée par leurs ancêtres.
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Néanmoins la principale raison avancée par les producteurs transhumants (79% de notre échantillon) c’est les contraintes d’alimentation du cheptel. En effet, la production est confrontée à la rareté et à la pauvreté en saison sèche du pâturage naturel, constituant essentiel de l’aliment des animaux. Et cela concorde avec les résultats obtenus par AYABAGABO (2012, Département de Thiès) selon qui ce phénomène est à l’origine de la mobilité des éleveurs. Ceux qui ne transhument pas (27% de notre échantillon) sont le plus souvent les producteurs qui tendent vers la sédentarisation de l’élevage avec comme objectif l’augmentation de la production de lait. III.1.3.4. Mode de reproduction Notre échantillon montre que 61% des éleveurs utilisent la monte naturelle comme mode de reproduction dans leur élevage et que 39% ont recours à l’insémination artificielle pour la multiplication du cheptel en plus de la monte naturelle. Les résultats de SERY (2003, Dakar et Thiès) avec 52 % pour la monte naturelle et 48 % pour l'insémination artificielle dans les mêmes régions, sont proches de nos résultats dans la mesure où la majorité des exploitations utilisent la monte naturelle comme mode de reproduction. Le constat reste également le même, il n’y a pas assez de géniteurs pour assurer la monte naturelle. Trois principales raisons ont été avancées par les éleveurs qui ne pratiquent pas l’insémination comme méthode de reproduction dans leurs élevages. Pour 52% de ces éleveurs la gestion des sujets est difficile voire couteuse. Ainsi, ils sont confrontés à des situations telles que la mort du produit, leur sensibilité aux maladies, les difficultés pour l’alimentation et les quantités de lait invendus pendant la période de production. Ainsi tous ces facteurs font que l’éleveur préfèrent garder une vache locale qui consomme moins, produit peu de lait et dont la vente est plus facile et avec une gestion de l’animal plus simple. Et 43% des éleveurs, connaissant les avantages de l’insémination, affirment que le coût est élevé et ils n’ont pas les moyens pour en bénéficier. Une telle remarque a été faite aussi par SERY (en 2003 à Dakar et à Thiès). 100
Enfin 5% affirment ne pas avoir un intérêt à faire inséminer leurs animaux. Cette situation s’expliquerait par le fait que chez les peulhs, c’est la femme qui est responsable et bénéficiaire du lait donc l’éleveur pourrait ne pas trouver d’intérêt à inséminer, surtout quand cela doit se faire à ses frais. III.1.3.5. Santé animale Soins vétérinaires Dans les régions de Dakar et de Thiès, la majorité des producteurs louent les services des agents de la santé animale. Ainsi, 73% d’eux les sollicitent de manière régulière pour des motifs de déparasitage, d’affections en plus de la vaccination. 21% le font uniquement que lors des campagnes de vaccination Ces résultats sont proches de ceux de GASSAMA (1996) dans la petite côte à Mbour avec 74,4% qui sollicitent régulièrement les services d’un agent vétérinaire et 15,4% qui n’assurent que les vaccinations comme soins à leurs animaux lors des campagnes annuelles. Nos résultats concordent aussi avec ceux de SOW (2014) dans la région de Thiès pour qui 68,1% des éleveurs font appel aux services des vétérinaires (40,2% aux privés et 27,9% aux publics) et avec ceux de SERY (2003 à Dakar et Thiès) avec 70% des cas pour des vaccinations et autres soins. Seuls 6% des éleveurs dans nos régions d’étude ne sollicitent pas les services des vétérinaires. Le même fait est obtenu par SERY (2003) avec 4% dans ces deux régions. A l’issu de nos enquêtes on note que l’automédication est pratiquée par 22% des éleveurs et ces résultats confirment ceux de SOW (2014) dans la région de Thiès et de Diourbel avec respectivement 23% et 25,8%. Ce phénomène s’expliquerait par la forte présence et d’accès facile aux médicaments frauduleux au niveau des marchés hebdomadaires où s’approvisionnent les éleveurs. Pathologies La majorité des producteurs ont affirmé avoir eu à rencontrer des maladies animales. Une telle remarque est faite par SOW (2014 à Thiès et à Diourbel) et SERY (2003 à 101
Dakar et à Thiès). Les affections les plus rencontrées par les éleveurs sont la pasteurellose bovine, la trypanosomose, la dermatose nodulaire cutanée bovine (DNCB), la fièvre aphteuse, les mammites, les autres maladies de la reproduction et les vers intestinaux. SOW (2014) rapporte des résultats similaires dans les régions de Thiès et de Diourbel par ordre d’importance : la pasteurellose, la DNCB, la fièvre aphteuse, la trypanosomose, les mammites, les entèrotoxémies et les infections par les vers. De même IBRAHIMA (2009) dans le département de Tivaouane affirme que les principales maladies rencontrées sont la fièvre aphteuse et la DNCB. Ainsi, malgré l’éradication de certaines maladies comme la peste bovine, il en demeure d’autres au sein du bétail et qui sont des obstacles pour les productions animales. III.1.4. Cheptel laitier III.1.4.1. Races bovines Notre échantillon montre une prédominance de la race locale dans la région de Thiès avec respectivement 71%, 64% et 69% pour les Départements de Thiès, Mbour et Tivaouane alors que les races exotiques ne représentent respectivement que 2%, 5% et 7% du cheptel dans cette région. De tels résultats sont proches de ceux de SOW (2014) dans la même région avec 70,5% pour la race locale contre 1,9 pour les races exotiques et de ceux de SERY (2003) dans la même région (68%). Cette prédominance de la race locale dans la région a été obtenue également avec NKOLO en 2009 (86,4%). Contrairement à la région de Dakar, où l’on note une prédominance des races exotiques et métisses avec respectivement 51% et 38%, la race locale présente un pourcentage plus faible (11%). Ces résultats sont en accord avec ceux de SERY (2003) à Dakar avec 11%. En effet c’est à Dakar plus précisément dans la zone des Niayes où on rencontre principalement l’élevage intensif exploitant les races exotiques ainsi que les produits de leur croisement. Les gènes des races exotiques les plus communément exploités dans les régions de Dakar et de Thiès sont la Montbéliarde, la Jersiaise, le Girolando, la Holstein, le 102
Guzérat, la Normande et la Brune des Alpes. Cette analyse confirme les résultats de SOW (2014 à Thiès) mais aussi ceux de SERY (2003 à Dakar et à Thiès). Suite à un recensement par le service départemental de l’élevage, le Département de Mbour compte 335 métisses en 2013 et elles sont réparties comme sur la Figure 42.
150 100 50 0
Femelles Males
Figure 42: Répartition des métisses dans le Département de Mbour La présence de ces races réputées de bonnes laitières dans ces régions est d’une importance capitale pour la production laitière. Elle témoigne ainsi du désir des éleveurs d’accroitre leur production malgré que leur nombre soit encore inférieur à ceux des vaches de races locales dans la région de Thiès. III.1.4.2. Composition du cheptel Les résultats obtenus avec notre échantillon montrent que les femelles représentent plus de la moitié du cheptel avec 69% dans le Département de Thiès, 64% à Mbour, 66% à Tivaouane et 88 % dans la zone des Niayes. SERY (2003) rapporte des résultats proches des nôtres dans les régions de Dakar et de Thiès pour les vaches qui représentent 82% de l’effectif des animaux. Mâles adultes Ils ne représentent qu’entre 2% et 8% de l’effectif des animaux. La plupart des exploitations ne disposent pas de géniteurs (23% des élevages dans la zones des Niayes et jusqu’à 57% dans le Département de Thiès). GASSAMA (1996) a obtenu des résultats similaires sur la Petite Côte avec une absence de géniteurs dans 41% des 103
exploitations. Cette situation entrainerait un faible taux de reproduction dans les exploitations. Le même constat est fait par MOUNKALA (2002, Dakar) ; selon lui la reproduction se fait au hasard des rencontres. Jeunes mâles Dans toutes les zones de notre étude on trouve des exploitations qui ne disposent pas de jeunes mâles pouvant servir de géniteurs plus tard ou de renouvellement. En effet ils ne représentent qu’entre 1 et 5% de l’effectif du cheptel. Femelles reproductrices Les femelles en âge de se reproduire dominent dans le cheptel. Toutefois, elles ne sont pas toutes en production actuellement. Pour certaines elles sont taries ou en fin de carrière et la plus part ne sont tout simplement pas en production pendant cette période de l’année. Femelles en production Dans la région de Dakar 58% des vaches reproductrices sont en production contrairement dans la région de Thiès où les vaches en production représentent entre 44% et 55%. Cela s’expliquerait par le fait que les producteurs en intensif qui prédominent dans la région de Dakar ont une meilleur gestion de la reproduction du cheptel. Ceci pourrait aussi être dû au manque de géniteurs dans la plus part des exploitations. Femelles traites Nos résultats révèlent que dans toutes les exploitations de notre échantillon on trouve au moins une vache qui est traite. Cependant le pourcentage des vaches qui sont traites est plus élevé dans la zone des Niayes à cette période de notre étude avec 98% et dans la région de Thiès le pourcentage des vaches traites est de 81% dans le Département de Thiès, 85% dans le Département de Mbour et 86% dans celui de Tivaouane. Cette différence serait liée au fait que pendant cette période, la production dans les élevages en extensif n’est pas à son maximum contrairement à l’élevage dans la zones des Niayes avec l’exploitation des races exotiques. Toutefois, les vaches qui ne sont pas traites sont le plus souvent celles dont les capacités de production sont très médiocres (0,1 à 0,2 litres).
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Génisses Elles représentent entre 9% et 21% de l’effectif global des animaux avec un minimum de 0 et un maximum de 31 génisses. En effet, elles servent pour le renouvellement des vaches en fin de carrière mais aussi pour la vente dans la plupart des cas. Veaux-velles A cette période de l’étude où il n’y a pas trop de naissance, le pourcentage des veauxvelles varie entre 9% et 26% de l’effectif global. Mais aussi, ils sont le plus souvent vendus surtout au niveau des élevages intensifs et semi-intensifs.
III.1.5. Production de lait Suite à nos enquêtes, un minimum de 1 litres et un maximum de 2 700 litres par jour et par producteur sont obtenus dans les régions de Dakar et de de Thiès. Ces résultats, similaires à ceux de SERY (2003) dans les mêmes régions seraient dus au nombre d’animaux exploités mais aussi aux races utilisées. Notre estimation de la production totale journalière dans ces deux (2) régions est de 10 732,6 litres de lait à cette période de l’étude. Cette production émane principalement des races exotiques (46%) et métisses (47%) et de la zone des Niayes (74% de la production). Ce résultat peut être lié au fait que c’est dans la zone des Niayes qu’on rencontre essentiellement ces races dans les systèmes intensifs et semiintensifs. Mais aussi il pourrait s’expliquer par le fait que pendant cette période (début de la saison sèche), les systèmes extensifs voient leur production de lait baissée avec l’absence des pâturages. Un tel constat est fait par DIEYE et DUTEURTRE (2003) et selon ces auteurs, durant la saison sèche le lait produit provient des systèmes semiintensifs et intensifs. Toutefois, la production laitière dans la zone des Niayes subit des variations liées aux stress thermiques. En effet, avec l’exploitation des races exotiques, les fermes voient leur production laitière augmentée en période de fraicheur. Nos constats corroborent ceux de SARR (2011) et de FERRARI (2013) qui dans leurs études réalisées respectivement au Sénégal et à Dakar arrivent à la même conclusion. En effet le climat chaud et humide pendant l’hivernage est défavorable aux vaches exotiques. 105
Cette saisonnalité de la production est plus perceptible en élevage traditionnel et à ce niveau la baisse de production pendant la saison sèche est due à l’absence de pâturage. III.1.6. Caractéristiques de la traite Nombre de traite La traite d’une fois par jour est majoritaire dans les exploitations (59%). En effet pendant cette période de l’étude qui correspond au début de la saison sèche, la production laitière n’est pas à son maximum et les quantités de lait obtenues pour la majorité des animaux ne sont pas très importantes. Par contre toutes les exploitations intensives font deux traites par jour (matin et soir). Ce constat confirme les résultats de FERRARI (2013) dans la région de Dakar au près des fermes de la Zone des Niayes. Responsable de la traite La traite est assurée majoritairement par les femmes dans 64% des cas, suivi des hommes (producteurs ou bergers) avec (28%) et enfin des enfants (8%). Cela atteste le fait que le lait revient aux femmes dans les exploitations laitières traditionnelles. Moyen de traite La traite se fait principalement de façon manuelle dans 94% des cas contre 6% pour la traite mécanique. Ces résultats témoignent du manque d’infrastructure dans les élevages. III.1.7. Transformation du lait local Après la transformation du lait frais, le lait caillé est la principale forme de présentation (62%) suivi de l’huile de beurre (19%). Nos résultats corroborent ceux de GASSAMA (1996) sur la Petite Côte avec 60 % pour le lait caillé et 18% pour le beurre traditionnel. Cette forme de présentation permet de conserver le lait frais qui est très périssable en l’absence de froid. Cela montre aussi la faible valorisation des autres produits laitiers pouvant être obtenu après transformation. En effet les produits comme le lait 106
pasteurisé, la crème et le yaourt ne représentent qu’entre 1 et 3% de la transformation du lait cru. Ce fait pourrait aussi être dû au manque de technicité des acteurs de la transformation et d’infrastructures dans les exploitations.
III.1.8. Prix de vente du lait Le prix du lait varie en fonction des régions et surtout en fonction des périodes. Pendant la saison des pluies le prix moyen du litre de lait frais est de 500 F CFA à Dakar et 400 F CFA à Thiès et pendant la saison sèche il est de 700 F CFA à Dakar et 500 F CFA à Thiès. Ainsi c’est à Dakar qu’on note les prix les plus élevés. Cette différence de prix s’expliquerait par la disponibilité du produit mais aussi par un prix de revient élevé du lait à cause de l’intensification du système de production. Cependant, les élevages traditionnels périurbains profitent de ces prix élevés même si leurs coûts de production sont beaucoup moindres (BA DIAO, 2003). Toutefois le prix du litre de lait est plus élevé dans les régions de Dakar et de Thiès qu’à l’intérieur du pays. DUTEURTRE (2006) arrive à la même conclusion en rapportant que le prix du litre de lait est de 200 F CFA en saison des pluies et de 250 F CFA pendant la saison sèche à Ziguinchor; de même que CISSE (2004) avec des prix de 225 F CFA/l pendant la saison des pluies et 275 F CFA/l pendant la saison sèche à Kédougou. Et selon DIEYE et al., (2005) le prix de vente du lait frais est très variable selon la destination du produit et le lieu. Selon ces auteurs, c'est le plus souvent sur le marché que s'établit le prix en fonction de l'offre et de la demande et suivant les règles de base de l'échange. III.1.9. Compte d’exploitation III.1.9.1.Coûts de production Nos résultats révèlent qu’au niveau des fermes intensives et semi-intensives dans la zone des Niayes le coût de production pour un litre de lait varie entre 200 F CFA et 410 F CFA. Ces résultats sont similaires à ceux de SARR (2011, Sénégal) qui rapporte dans la zone des Niayes un coût variant de 284 à 410 F CFA.
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Au niveau des élevages extensifs ce coût varie entre 142 F CFA et 255 F CFA pendant la saison sèche et pendant la saison des pluies il varie entre 8 F CFA et 41 F CFA. Ce coût de production est plus faible pendant la saison des pluies car aucune dépense n’est effectuée aussi bien pour l’alimentation que pour l’eau pour les élevages extensifs. Le coût élevé dans la zone des Niayes se justifie par une intensification du système d’alimentation ainsi que des investissements lourds. L’analyse des coûts de production montre que l’alimentation reste le principal poste de dépense avec 50 à 80% des charges de production pour les exploitations intensives et semi-intensives dans la zone des Niayes. SARR (2011) trouve des résultats similaires dans la région de Dakar avec des coûts allant de 53,58% à 78,53%. Pour les exploitations extensives les charges de l’alimentation peuvent représenter jusqu’à 90%. Ce résultat s’explique par le fait que dans ces élevages, les charges se résument principalement à l’alimentation. En effet les investissements sont presque inexistants, la main d’œuvre familiale et les frais sanitaires se limitent essentiellement aux vaccinations. III.1.9.2.Analyse des marges Nos résultat montrent que les marges les plus faibles sont notées chez les producteurs en intensifs et semi-intensifs et elles sont de 100 F CFA à 144 F CFA pour un litre de lait vendu. En élevage extensif, les marges sont plus importantes avec 170 F CFA à 258 F CFA pendant la saison sèche et pendant la saison des pluies; elles atteignent 359 F CFA à 392 F CFA pour un litre de lait vendu à 400 F CFA en moyenne. Ces marges plus grandes en saison des pluies s’expliquent par le fait que pendant cette période les coûts de production en élevage extensif sont presque nuls. En effet, il n’y a pas de charges lourdes pour l’eau encore moins pour l’alimentation qui constituent les principales charges. Par ailleurs, les différences de marges entre les exploitations intensives ou semiintensives et les exploitations extensives sont dues aux coûts de productions plus élevés dans les élevages avec une intensification des systèmes de production.
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III.1.10. Aspects financiers Nos résultats révèlent que les seules aides reçues par les éleveurs sont représentées par la subvention de l’aliment de bétail. En effet, chaque année l’Etat subventionne de l’aliment bétail aux éleveurs. Néanmoins selon ces derniers, la distribution se fait tardivement pour la plupart du temps c’est-à-dire au moment où ils n’en ont plus besoin (saison des pluies); et aussi les quantités reçues sont insuffisantes. Et certains éleveurs ne comptent que sur la subvention car l’aliment est cher. III.2.ANALYSE SWOT DE LA CHAÎNE DE VALEUR LAIT III.2.1. Dèfinition SWOT SWOT (Strengths – Weaknesses – Opportunities – Threats) ou en français AFOM (Atouts – Faiblesses – Opportunités – Menaces) C’est un outil d'analyse stratégique qui combine l'étude des forces et des faiblesses d'une organisation, d’un territoire, d’un secteur, etc. avec celle des opportunités et des menaces de son environnement. Il aide à la définition d'une stratégie de développement. L’analyse repose sur une logique : Forces : Aspects positifs internes que contrôle l’organisation ou le pays, et sur lesquels on peut bâtir le futur. Faiblesses : Aspects négatifs internes contrôlés par l’organisation ou le pays, et pour lesquels des marges d’amélioration importantes existent. Opportunités : Possibilités extérieurs positives, dont on peut éventuellement tirer parti. Elles se développent hors du champ d'influence du pays (ex : changement de goût des consommateurs mondiaux concernant une production du pays, développement du commerce par Internet, etc.).
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Menaces : Problèmes, obstacles ou limitations extérieures, qui peuvent empêcher ou limiter le développement du pays ou d'un secteur. Elles sont souvent hors du champ d'influence du pays. III.2.2. Analyse SWOT de la chaîne de valeur lait Au terme de notre étude, une analyse de la chaine de valeur lait est faite ce qui nous a permis de dégager les forces et les faiblesses de la chaîne mais également les opportunités et les menaces de la chaine de valeur lait (Tableau XXVIII). Tableau XXVIII : Analyse SWOT FORCES Potentiel réel d’exploitation du cheptel laitier Présence de groupement d’éleveurs Développement de fermes intensives Présences de races exotiques et de métisses Volonté de certains éleveurs à faire de la stabulation Existence d’un marché porteur Volonté politique réaffirmée de développer la filière locale
FAIBLESSES Faible disponibilité en eau Mauvaise gestion des ressources pastorales Difficultés d’accès au foncier et aux intrants Financement faible et inadapté Prophylaxie sanitaire encore insuffisante Manque d’infrastructures et d’équipements de collecte, conservation et de transformation du lait
OPPORTUNITES Valorisation de la production locale Développement d’une offre diversifiée pour répondre à la demande nationale insuffisante Augmentation de la valeur ajoutée par la transformation des produits Réduction de la facture laitière
CONTRAINTES Persistance des importations de lait du fait d’un prix plus accessible pour les populations et des pressions de lobbies
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IV. RECOMMANDATIONS Au terme de ce travail sur la chaîne de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès, un nombre de recommandations se présentent. Ces dernières s'adressent essentiellement aux acteurs suivants : les encadreurs, la recherche et l’Etat, au groupe NESTLE, aux producteurs, aux collecteurs et transformateurs. Chacun devra intervenir à son niveau pour contribuer à la levée des contraintes liées à la chaîne de valeur lait. IV.1. Recommandations aux encadreurs à la recherche et à l’Etat Ces acteurs ont un rôle déterminant dans la chaîne de valeur lait. Ainsi ces quelques recommandations leur sont adressées. Il s’agit de : réviser et adapter le dispositif législatif et réglementaire par : la clarification des textes relatifs à la TVA sur le lait local; la prise des dispositions réglementaires pour l’incorporation du lait local par les unités de transformation. levée des contraintes liées à l’alimentation des animaux par : la vulgarisation des techniques de conservation des fourrages par le biais des pratiques de la fenaison et de l'ensilage permettant de constituer des réserves fourragères pour faire face à la variation du disponible alimentaire au cours de l'année ; la mise à la disposition des producteurs de l’aliment de bétail subventionné à temps et surtout en quantité suffisante. mettre à la disposition des services de l’élevage de moyens financiers et techniques leur permettant d’accomplir leur mission. favoriser les investissements dans la chaîne de valeur en promouvant le partenariat public privé. vulgariser l’outil d’insémination artificielle comme moyen d’amélioration de la production laitière par : la multiplication des programmes d’insémination artificielle ; la mise en place de mesures d’accompagnement pour la bonne réussite de l’action.
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assurer une meilleure couverture sanitaire aux animaux par : la mise en place de parc de vaccination absent dans certaines localités ; le renforcement des infrastructures et équipements sanitaires pour une meilleure prise en charge des pathologies animales ; la mise en place de mesures pour arrêter la distribution déplorable des médicaments de qualité douteuse. lever les contraintes liées à l’abreuvement du cheptel par : la multiplication des forages et fontaines ; la revue des aménagements hydrauliques dans le territoire national. mettre à la disposition des acteurs des crédits avec des conditions adéquates leur permettant de réaliser leurs différentes spéculations. renforcer l’organisation de la chaîne par : la mise en place d’un comité de concertation sur les prix au producteur et la promotion du label « Lait local » dans le cadre d’un appui à la mise en place d’une interprofession lait local ; l’aménagement de marchés physiques ou des points de vente en partenariat avec les collectivités locales. IV.2. Recommandations au groupe NESTLE Cette étude nous a permis de voir l’existence d’une potentialité pour le développement de la chaîne de valeur et donc des possibilités de collecte à des fins d’industrialisation. Toutefois un certain nombre d’actions stratégiques doivent être menées pour motiver, accompagner et encadrer les producteurs. Il s’agit de: s’approcher des groupements des éleveurs d’où l’avantage de travailler avec une unité plutôt que de travailler avec les éleveurs individuellement ; renforcer les organisations des acteurs de la chaîne avec des appuis financiers; inciter les producteurs de lait à augmenter leur production en leur octroyant des subventions ; assister les producteurs dans la prophylaxie sanitaire et médicale et dans la gestion technique du cheptel par la mise d’un vétérinaire ou d’un agent technique de l’élevage à leur disposition ; 112
former des éleveurs pour les bonnes pratiques d’hygiène ; préconiser la subvention des géniteurs et leur mise à disposition des éleveurs ; appuyer les producteurs à améliorer l’alimentation en saison sèche par la complémentation avec l'aliment bétail en le subventionnant ; assister les éleveurs sur le plan social ; et enfin développer un partenariat privé public. IV.3. Recommandations aux producteur Nous recommandons aux producteurs de : donner plus d’intérêt aux races exotiques en acceptant l’insémination artificielle ; solliciter les services des agents de la santé pour le bien-être des animaux et éviter l’automédication; participer massivement aux campagnes de vaccination du bétail ; avoir une bonne gestion de la reproduction en respectant l’intervalle vêlage vêlage d’un an, pour maximiser la production et pour avoir du lait pendant toute l’année et pas seulement sur une période ; adopter les techniques de conservation du fourrage comme le traitement de la paille à l’urée ce qui permet en même temps d’augmenter les valeurs nutritives de l’aliment. IV.4. Recommandations aux collecteurs et transformateurs Il s’agit de : adopter les bonnes pratiques d’hygiène pour éviter les contaminations du lait ; avoir plus de technicité pour multiplier les sous-produits obtenus après transformation du lait et ainsi augmenter les revenus ; travailler en groupement pour la valorisation du domaine de la collecte et de la transformation A l’issu de ce travail, nous recommandons au groupe Nestlé pour un système de collecte à court terme convenable aussi bien pour l’entreprise que pour le producteur, de travailler avec les producteurs qui ne transhument pas. Car la transhumance en tant
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que méthode d’élevage, est incompatible avec une production importante et une bonne gestion du troupeau et encore moins avec un système de collecte adéquat. A cet effet nous portons une attention particulière aux exploitations suivantes :
Tableau XXIX : Exploitations pour une collecte à court terme Exploitation Fermes modernes
Localisation Zone des Niayes (Dakar et Thiès)
Justification Bonne gestion de l’élevage avec une maitrise plus ou moins de la reproduction et de l’hygiène de la traite (environ 8000 litres de lait par jour)
Les éleveurs de Keur Ndiaye LO
Dans la sous-préfecture de Sangalkam
Collecte facile car le cheptel est sur place et la transhumance est rare. 18 troupeaux et une production assez importante pendant la saison des pluies environ 250litres par jour
Ferme holstein
Tivaouane
Bonne capacité de production (120litres par jour actuellement) et qu’elle a du mal à vendre. Raison pour laquelle le propriétaire vend la plupart du temps les femelles gestantes pour limiter sa production.
Ferme de 80 laitières
Tivaouane dans la commune de Chérif Lo (Pambal)
Mise en place par un espagnol qui pense investir dans la transformation s’il n’arrive pas à écouler sa production.
Ferme agro-pastorale moderne
Mbour dans la commune de Nguéniéne (village Aga-babou)
Bonne gestion de la production de lait avec la race jersiaise (environ 100litres actuellement)
Eleveurs à Sindia et à Nguékhokh
Mbour
Production considérable avec la présence de métisses et tend vers l’intensification de l’élevage
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CONCLUSION Au Sénégal, à l’instar de la plupart des pays de l’Afrique, l’élevage occupe une place prépondérante dans la recherche de l'autosuffisance alimentaire et son développement est d’un enjeu capital pour faire face à la demande nationale en produits animaux, notamment en lait et produits laitiers. Toutefois ce secteur qui bénéficie d’un soutien conséquent de la politique de sécurité alimentaire du gouvernement, reste très désorganisé, marqué en particulier par des organisations paysannes dispersées rendant ainsi difficile la coordination des initiatives d’appui de l’Etat et de ses partenaires financiers. En 1991 Nestlé Sénégal avait entrepris des tentatives de collecte de lait frais dans la zone du Ferlo pour la production de lait concentré sucré et non sucré dans son usine de Dakar. Malheureusement, après douze (12) ans de fonctionnement, ses centres de collecte et de refroidissement ont été fermés en Avril 2003 et l’usine transférée au Ghana en raison de la faiblesse et de l’irrégularité des quantités collectées et les problèmes liés à la qualité du lait. Aujourd’hui, la chaîne de valeur lait au Sénégal a évolué positivement en présentant de nombreux atouts tels que l’augmentation de la capacité de production avec l’amélioration des races et des systèmes d’élevage, l’existence de nombreux programmes d’appui, l’opportunité offerte par les marchés de Dakar et des villes secondaires pour des produits locaux transformés de bonne qualité, l’apparition d’organisations professionnelles et d’interprofessions et la volonté des services publics de développer le secteur de l’élevage. C’est dans ce cadre que le groupe Nestlé à travers cette étude a souhaité identifier les contraintes et les opportunités d’une croissance et d’un développement de la chaîne de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès pour analyser les possibilités de relance de l’approvisionnement local arrêté il y a de cela douze (12) ans.
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L’étude s’est déroulée pendant la période allant de Septembre 2014 à Mars 2015 a permis de caractériser la production laitière et d’identifier les forces ainsi que les faiblesses qui entravent son développement à travers une analyse détaillée de la chaine de valeur lait dans ces régions. Ainsi, il a été constaté au terme de cette étude que les producteurs sont en majorité d’ethnie Wolof (58%), suivi des Sérères (26%) et des Peulhs (14%). Les classes d’âge sont comprises entre 24 et 77 ans. La production laitière est principalement assurée par les hommes (98%). Ces producteurs sont à 73% des agro-pasteurs et à 17% des salariés. Les collecteurs sont essentiellement représentés par les femmes et seulement par quelques structures de transformation qui assurent elles-mêmes la collecte. Les transformateurs sont représentés principalement par les transformateurs artisanaux (92%) suivi des laiteries (4%) et des industries (4%). Et 68% des acteurs de la chaine sont membres d’une organisation. La gestion de l’élevage est majoritairement traditionnelle ; 68% des éleveurs évoluent dans le système extensif contre 6% seulement en élevage intensif. Dans le système extensif, on note l’absence de bâtiment d’élevage chez 87% des éleveurs. Dans la zone des Niayes où domine l'élevage des races importées le mode de conduite des troupeaux repose sur la stabulation permanente. L’alimentation de base des animaux est constituée essentiellement par les pâturages et les résidus de récolte. Cependant 58% des éleveurs utilisent des compléments avec l’aliment de commerce pour leurs animaux. Parmi eux, 37% l’utilisent pendant toute l’année et 63% pendant la saison sèche uniquement. L’abreuvement du cheptel se fait au niveau des forages et puits en élevage traditionnel. La transhumance est pratiquée par la majorité des éleveurs dans le système extensif (73%). Pour 21% de ces éleveurs transhumants, cette pratique est due à des habitudes traditionnelles et pour les 79% c’est liée aux contraintes d’alimentation du cheptel. La monte naturelle est le principal mode de reproduction du cheptel (61%) devant pour l’insémination artificielle (39%).
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La majorité des éleveurs (87%) affirment avoir rencontré des problèmes sanitaires. Les services des agents de la santé sont sollicités de manière régulière pour des motifs de déparasitage, d’affections en plus de la vaccination par 73% des éleveurs, et 21% le font uniquement lors des campagnes de vaccination ; 6% des éleveurs affirment n’avoir jamais sollicité leurs services. L’automédication est pratiquée par 22% des éleveurs. La race locale prédomine dans la région de Thiès avec respectivement 71%, 64% et 69% du cheptel pour les Départements de Thiès, Mbour et Tivaouane. Par contre, les races exotiques et métisses dominent dans la région des Niayes (88%). Les femelles représentent plus de la moitié du cheptel (69% dans le Département de Thiès, 64% à Mbour, 66% à Tivaouane et 88 % dans la zone des Niayes). Les taureaux représentent entre 2% et 8% du cheptel. Entre 23% et 57% des éleveurs ne disposent pas de géniteurs. Entre 44% et 58% des femelles en âge de produire sont en production. Le pourcentage des femelles qui sont traites se situe entre 81% et 98% des femelles en production. Nos résultats montrent que les productions varient de 1l à 2 700l de lait par jour selon les exploitations considérées. Le potentiel de production journalière de lait est estimé à 10 732,6 litres de lait. La quasi-totalité de la production est fournie par les métisses (47%) et les races exotiques (46%). Ainsi, l’essentiel de la production provient des élevages intensifs et semi-intensifs de la Zone des Niayes (74%). Et 100% des producteurs font la traite et plus de la moitié (59%) l’effectuent une seule fois par jour. Elle est assurée majoritairement par les femmes (64%) et se fait principalement de façon manuelle (94%). Le principal type de produit obtenu après transformation est le lait caillé (62%). Le prix moyen du litre de lait cru pendant la saison sèche est de 500 F CFA à Thiès et de 700 F CFA à Dakar contre 400 F CFA à Thiès et 500 F CFA à Dakar pendant la saison des pluies. Le coût de production pour un litre de lait varie entre 200 F CFA et 400 F CFA dans les exploitations intensives et semi-intensives et est plus bas en exploitation extensive surtout pendant la saison des pluies ( entre 8 F CFA et 41 F CFA). L’alimentation reste
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le principal poste de dépense et représente entre 50% et 80% des coûts de production dans les exploitations intensives et semi-intensives. Les producteurs en extensif réalisent les marges les plus élevées (entre 170 F CFA et 268 F CFA pendant la saison sèche et entre 359 F CFA et 392 F CFA en saison des pluies). Par contre, dans les exploitations intensives et semi-intensives ces marges varient entre 100 F CFA et 144 F CFA. La description du marché dans les régions de Dakar et de Thiès a montré une grande diversité des entreprises de transformation laitière et dont la matière première est le lait en poudre. Sur la base de l’analyse de la chaîne de valeur lait et conformément au souhait du groupe Nestlé, les régions de Dakar et de Thiès ont la capacité de satisfaire une demande industrielle sur le marché local vue les atouts dont elles disposent. En effet les conditions climatiques sont favorables à l’intensification des systèmes de production, la présence des races exotiques avec un véritable potentiel laitier, la mobilisation des acteurs de la chaîne qui constitue un signal fort, la proximité des zones de production avec l’usine, la cohabitation de l’élevage et l’agriculture avec l’utilisation des résidus de récolte dans l’alimentation des animaux. Toutefois, l’analyse de la chaîne a montré une complexité des contraintes liée, entre autres, à l’impact des importations de produits laitiers, à la faible valorisation du potentiel local en élevage extensif, au faible accès au crédit et à l’absence d’infrastructures pour la collecte et la transformation du lait local. A ce titre, l’Etat a un rôle central à jouer pour la création d’un environnement favorable au développement de la chaine de valeur lait et pour sa mise en œuvre. Les recommandations mettent l’accent sur le renforcement des organisations des acteurs de la chaîne avec des appuis financiers, la promotion du label « Lait local », la mise en place d’investissements dans la chaîne de valeur lait en promouvant le partenariat public privé.
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124
ANNEXES Annexe 1 : Questionnaire aux producteurs Annexe 2 : Guide d’entretien administre aux responsables de fermes intensives Annexe 3 : Questionnaire aux structures de collecte de lait et de transformation Annexe 4 : Guide d’entretien aux organisations des eleveurs Annexe 5 : Guide d’entretien administre aux responsables d’entreprises de lait importe Annexe 6 : Produits de la laiterie « Serigne Saliou Mbacké » de Thiokhol Annexe 7 : Produit de la « Fromagerie de Keur Moussa » Annexe 8 : Produits de la laiterie « Africa Seeds » Annexe 9 : Produits de la « Laiterie Dakaroise » Annexe 10 : Produits de « Sarbi » Annexe 11 : Produits de « Mamelles Jaboot »
Annexe 1 :
QUESTIONNAIRE AUX PRODUCTEURS N°
Date : /
/
Identification 1. Nom 2. Prénom 3. Sexe 4. Age 5. Ethnie 6. Région /Département/Commune/Arrondissement
Exploitation 7. Quel est le nom de votre exploitation ? 8. Depuis combien d’année pratiquez-vous l’élevage et quelles en sont les raisons ?
9. Avez-vous une autre activité? OUI 10. Si oui laquelle 11. Quel est votre système d’élevage ? Extensif Semi-Intensif 12. Quelle est la composition de votre cheptel et le nombre? Bovin Ovin Caprin 13. Quelles sont les races bovines que vous utilisées ? 14. Et pourquoi ce choix ? 15. Quelle est la structure du cheptel des bovins? Mâles adultes Femelles reproductrices Femelles en production Génisses Jeunes mâles Veaux-velles Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
NON
Intensif Autres
16. Faites-vous de la transhumance ? OUI NON 17. Si non, pourquoi ?
18. Si oui, pourquoi et durant quelle période?
19. Quelles sont les charges liées à la transhumance ?
20. Quelles sont vos principales sources de revenu dans l’élevage ? Lait Viande Vente d’animaux Autre 21. Avez-vous d’autres sources de revenu (si oui préciser) ? OUI NON 22. Etes-vous affilié à une (des) organisation (s) ? si oui préciser OUI NON
23. Quels en sont les avantages ?
24. Avez-vous accès à des subventions ou aides ? OUI NON 25. Si oui, elles proviennent de qui ? ETAT ONG PROGES Autres Investissement 26. Avez-vous réalisé des constructions pour la gestion de votre élevage ? Lesquelles ?
27. A quel coût ? 28. Quelle est votre source d’eau ? 29. A quel coût ? 30. Quelle est votre source d’énergie ? 31. A quel coût ? 32. Avez-vous un matériel de traite ? OUI NON Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
33. A quel cout ? 34. Quels autres matériels disposez-vous pour votre troupeau?
35. Quels en sont les couts ? Main d’œuvre 36. Combien de personnes travaillent dans l’exploitation ? 37. Sont-ils rémunérés ? OUI 38. A combien ?
NON
Couverture médicale 39. Votre exploitation est-elle confrontée à des problèmes de santé ? OUI NON 40. Si oui, lesquels ?
41. Votre exploitation est-elle suivie par un agent de la santé animale ? OUI NON 42. Si non, pourquoi ? 43. Si oui, lequel (lesquels)?
44. Quels sont les soins médicaux que vous apportez fréquemment à votre troupeau ?
45. A combien s’élève la couverture médicale d’un animal et/ou de l’exploitation?
Alimentation 46. Arrivez-vous à nourrir sans difficultés votre troupeau ? Oui toujours Souvent Rarement Jamais 47. Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
48. Quelles en sont les solutions ?
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
49. Quel type d’alimentation utilisez-vous pour votre troupeau?
50. Quelle quantité journalière d’aliment est consommée par animal? 51. Quels en sont les couts ?
Production 52. Quel type de reproduction utilisez-vous pour la multiplication du cheptel? Monte naturelle Insémination artificielle 53. A quel coût? 54. Quels sont les paramètres de reproduction de votre élevage ? Age au premier vêlage Intervalle vêlage-vêlage Durée de lactation Quantité de lait en début et en fin de lactation Nombre de vêlage Age de réforme 55. Votre production de lait varie-t-elle en fonction des saisons? OUI NON 56. Pendant quelle période est-elle maximale ? Début hivernage Mi- hivernage Fin hivernage Saison sèche Autre 57. Quelles en sont les raisons ?
58. Comment évolue votre production au fil des années ? Progresse Constante Régresse 59. Quel est le nombre de femelles en production actuellement? 60. Combien de femelles sont traites actuellement ? 61. Combien de traites faites-vous par jour? 1 2 3 62. Quelle est la quantité de lait obtenue par vache et en moyenne par jour ? 63. Quel est votre moyen de traite ? Mécanique 64. Si manuel, qui assure la traite ? Eleveur Femme
Manuel Enfant
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
Autre
65. Quelles sont les contraintes liées à la production (les citer par ordre de priorité) ?
66. Comment pensez-vous y remédier ?
67. Quels sont vos moyens de conservation du lait frais ?
Transformation 68. Faites-vous de la transformation ? OUI NON 69. Si oui, à quel moment et à quel pourcentage ?
70. Quelles sont les difficultés liées à la transformation (les citer par ordre de priorité)?
71. Quels sont les produits obtenus après la transformation, leur modèle et leur prix ?
Commercialisation 72. Qui fixe le prix du litre de lait ? Eleveur Client Marche 73. Comment évolue le prix en fonction des saisons ?
Autre
74. Quel est le prix du litre de lait actuellement ? 75. Le prix du lait est-il rémunérateur ? OUI NON 76. Où écoulez-vous votre production ? Ménages Laiteries Fermes Marche urbain Marche rural 77. Les citer
78. Comment se fait la livraison ?
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
Marche local Autre
79. Comment est le niveau de la demande ? Très élevé élevé Moyen Faible Très Faible 80. La demande est-elle constante ? OUI NON 81. Etes-vous en mesure d’approvisionner correctement vos clients ? Oui toujours Souvent Rarement Jamais 82. Quelles sont vos stratégies pour améliorer la production?
83. Quelles sont les difficultés liées à la commercialisation dans la zone?
84. Quelles solutions préconisez-vous ?
Perspectives de la filière lait 85. Quels sont les avantages de l’élevage et de la production de lait dans la zone ?
86. Quels en sont les inconvénients ?
87. Comment pensez-vous qu’on peut améliorer la production de lait au Sénégal ?
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Annexe 2 :
GUIDE D’ENTRETIEN ADMINISTRE AUX RESPONSABLES DE FERMES INTENSIVES Date :
/
/
N° :
Exploitation 1. Comment s’appelle votre ferme et quelle est sa localisation ?
2. Quel est son contexte de création ?
3. Quels sont vos investissements ?
4. Quelles sont les charges en eau et en électricité par an ?
5. Quelles sont vos principales activités dans la ferme ?
6. Combien de personnes travaillent dans l’entreprise (personnel fixe et temporaire) ?
7. Quelle est la masse salariale mensuelle ?
8. Quelle est la structure du cheptel ? Mâles adultes Femelles reproductrices Femelles en production Génisses Jeunes mâles Veaux-velles 9. Quelles sont les races utilisés et pourquoi ce choix ?
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10. Quel type de reproduction utilisez-vous ? Monte naturelle
Insémination artificielle
11. A quel coût ? 12. Quel type d’aliment utilisez-vous ? 13. Quelle est la composition de la ration journalière et en quantité et par type d’animaux?
14. Quels en sont les couts ?
15. Quels sont les paramètres de reproduction de votre élevage? Age au premier vêlage Intervalle vêlage-vêlage Durée de lactation Quantité de lait en début et en fin de lactation Nombre de vêlage en moyenne d’une vache Age de réforme Couverture sanitaire 16. Etes-vous confronté à des pathologies ? Lesquelles ?
17. Comment est assuré le suivi sanitaire du troupeau et quels en sont les couts annuels par animal ?
Production 18. Quel est le nombre de vaches en production actuellement ?
19. Quel est le nombre de vaches qui sont traites ?
20. Combien de litres de lait produisent-elles en moyenne par jour ?
21. Quel est type de traite utilisez-vous ? Manuel
Mécanique
22. Combien de traites faites-vous par jour ?
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23. Dans votre ferme, la production varie-t-elle en fonction des saisons ? Comment pouvez-vous expliquer cela ?
24. Quel est le coût de production pour un litre de lait ?
25. Votre production est-elle satisfaisante ?
26. Quelles sont les difficultés liées à la production ?
27. Comment pensez-vous y remédier ?
Commercialisation et transformation 28. A combien vendez-vous le litre de lait ?
29. Existe-t-il une variation du prix en fonction des saisons ? Et pourquoi ?
30. Qui sont vos clients et quel est votre circuit de distribution ?
31. Comment se passe la livraison du produit ? Et quels en sont les couts ?
32. Est-ce que votre production arrive à supporter les charges de la ferme? 33. Bénéficiez-vous d’un appui de l’Etat ou d’une autre structure ? (à préciser)
34. Etes-vous affilié à une organisation ? Si oui, laquelle et quelles en sont les avantages ?
35. Faites-vous de la transformation ? Pourquoi ?
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36. Si oui, quel est le coût de la transformation ?
37. Quel est votre processus de transformation ?
38. Quel est le niveau de transformation en termes de litre et par jour ?
39. Rencontrez-vous des difficultés dans la transformation ? si oui lesquelles ?
40. Quels types de produits proposez-vous, le modèle, la quantité et à quel prix ?
41. Quel est le circuit de distribution de ces produits ?
42. Quelles sont les quantités vendues par jour?
43. Quelles en sont les variations ?
44. Vous limitez vous à votre production interne ? 45. Si non ? Quelles sont vos sources d’approvisionnement en lait locale et/ou en poudre de lait ?
Perspectives de la filière lait 46. Quelles sont les forces et opportunités de la filière lait dans la région ?
47. Quelles sont les faiblesses et contraintes ? 48. Comment pensez-vous qu’on peut améliorer la production locale ?
49. Quels sont vos remarques sur les politiques publiques et les projets ?
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Annexe 3 :
QUESTIONNAIRE AUX STRUCTURES DE COLLECTE DE LAIT ET DE TRANSFORMATION N° : Date: Entreprise 1. Comment s’appelle votre structure et quelle est sa localisation ?
/ /
2. Quelle est son historique et son contexte de création ?
3. Quels sont vos objectifs ?
4. Quelle est la principale activité de votre structure ? 5. Quelles sont les autres activités ?
6. A combien s’élève vos investissements ?
7. Comment évolue votre chiffre d’affaire? Progresse Constant 8. Etes-vous affilié à une organisation ? OUI NON 9. Si oui, laquelle et quels en sont les avantages ?
10. Bénéficiez-vous d’un appui ? ETAT ONG 11. A préciser
Projet
Régresse
Autre
Collecte 12. Quelles sont vos sources d’approvisionnement en lait local ? Fermes Eleveurs Marché Autre 13. Les citer
14. Quelles sont vos stratégies et moyens de collecte ?
15. Quelles en sont les charges ?
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
16. Quelles sont les difficultés liées à la collecte ?
17. Comment pensez-vous y remédier ?
18. Quel est le volume de lait collecté par jour ?
19. Existe-t-il des variations du volume collecté ? OUI NON 20. Si oui, à quelle période et quelles en sont les raisons ?
21. A combien achetez-vous le litre de lait ? 22. Quelles sont les variations du prix du litre de lait ?
Transformation 23. Quelle est la capacité réelle de transformation de votre structure en termes de litres ? 24. Combien de litre de lait transformez-vous par jour en moyenne? 25. Quelles en sont les variations ?
26. Comment jugez-vous votre niveau de transformation ? Très élevé Elevé Moyen Faible Très faible 27. Vous approvisionnez vous avec du lait en poudre ? OUI NON 28. Pourquoi ?
29. A quel pourcentage ?
30. Quelles sont les difficultés liées à la transformation?
31. Quelles sont les charges liées à la transformation ?
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32. Quels sont les types de produits obtenus après la transformation, le modèle, le volume et leur prix ? produit modèle conditionnement Volume prix
Vente du produit 33. Quel est le niveau de la demande dans la zone ? Très élevé Elevé Moyen Faible 34. Quelles en sont les variations ?
35. Où écoulez-vous vos produits ? Ménage Marché local Marche rural 36. A préciser
Très faible
Marche urbain
Autre
37. Comment se passe la vente ?
38. Etes-vous en mesure de satisfaire correctement vos clients ? Toujours Souvent Rarement Jamais 39. Quelles sont les difficultés du marché ?
Perspectives de la filière lait 40. Quels sont les points forts de la filière lait dans la zone ?
41. Quels sont les faiblesses de la filière lait dans la zone ?
42. Comment pensez-vous qu’on peut améliorer la production de lait dans la zone ?
43. Que penser vous des politiques publiques et projets pour l’amélioration de la production locale de lait?
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Annexe 4 :
GUIDE D’ENTRETIEN AUX ORGANISATIONS DES ELEVEURS Date :
/
/2014
N° :
1. Quel est votre nom ; prénom ; ethnie ; numéro de téléphone et adresse
2. Comment s’appelle votre organisation et en quelle année a-t-elle été créée ?
3. Pourquoi a-t-elle été créée et quels sont vos objectifs ?
4. Quelles sont ses activités ?
5. Combien de membres compte-t-elle ?
6. Quelles sont les conditions à remplir pour être membre ?
7. Quel poste occupez-vous dans l’organisation et quels sont vos rôles?
8. Avez-vous des difficultés à remplir vos rôles dans l’organisation ? Si oui lesquels ?
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9. Quelles sont les opportunités et les avantages que l’organisation offre à ses membres ?
10. Votre organisation bénéficie-t-elle d’un appui de l’Etat, d’une banque, d’un ONG ou autre ? Et comment cela se passe ?
11. Etes-vous affilié à une autre organisation ? Laquelle ? Et quels sont vos rapports ?
12. Est-ce que vous disposez des informations sur chaque membre par rapport à ses activités ?
13. Quelles sont vos impressions personnelles sur l’élevage dans la zone ?
14. Quelles sont vos impressions sur la production et la transformation du lait dans la zone en termes de quantité, qualité, nombre d’acteurs ?
15. Quelles sont vos impressions sur le marché du lait dans la zone ?
16. Quelles sont les difficultés de la filière lait dans la zone ?
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17. Comment pensez-vous-y apporter des solutions ?
18. Quels sont les aspects positifs de la filière lait dans la zone ?
19. En tant que acteur comment pensez-vous qu’on puisse développer la filière lait dans notre pays ?
20. Que pensez-vous des politiques publiques et projets ?
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Annexe 5 : GUIDE D’ENTRETIEN ADMINISTRE AUX RESPONSABLES D’ENTREPRISES DE LAIT IMPORTE N° :
Date :
/ /
L’entreprise 1. Comment s’appelle votre entreprise et quelle est sa localisation ?
2. Quelle est l’historique et le contexte de création de votre entreprise ?
3. Quels sont vos objectifs ?
Les importations 4. Quelle est la composition des produits importés ?
5. Quelles sont leurs origines géographiques ?
6. Quels est le circuit de distribution de ces produits ?
La transformation et la commercialisation 7. Utilisez-vous le lait local dans la transformation ? OUI
NON
8. Si non, pourquoi ?
9. Si oui, quelles sont vos sources d’approvisionnement en lait local ? Et comment cela se passe (transport, prix d’achat du litre, quantité, saisonnalité) ?
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
10. Quels sont les types de produits proposés et leur modèle à partir du lait en poudre et /ou du lait local?
Produit
Modèle
Conditionnement
Volume
Prix
11. Quels est le circuit de distribution de ces produits ?
12. Quels sont les problèmes liés à la commercialisation ?
13. Quelles sont vos impressions sur le marché du lait dans la région et au Sénégal ?
Perspectives de la filière lait 14. Quels sont les points forts de la filière lait ?
15. Quels sont les points faibles ?
16. Quels sont les opportunités ?
17. Quels sont les contraintes ?
18. Quelle place pourrait jouer l’entreprise dans le développement de l’élevage et de la filière locale lait ?
19. Quelle remarque pouvez-vous faire sur les politiques publiques et projets?
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
Annexe 6 : LAITERIE DE NOTTO (ENTREPRISE SERIGNE SALIOU MBACKE)
Produit lait sucré écrémé lait écrémé non sucré lait pur non sucré lait pur + créme non sucré Lait fruité Lait + thiakry
Volume 1 litre 1 litre 1 litre 1 litre 250 g 250 g
Conditionnement sachet sachet sachet sachet pot pot
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Prix 1000 frcs 500 frcs 600 frcs 500 frcs 500 frcs 500 frcs
Annexe 7 : FROMAGERIE DE KEUR MOUSSA
Produit Volume Conditionnement Prix Fromage patte molle fleuri 90-100mg Max 200mg buche 1200frs/kg Annexe 8 : AFRICA SEEDS
Produit lait entier pasteurisé lait demi écrémé pasteurisé Fromage blanc 25% MG Fromage blanc 0% MG Fromage blanc Fromage tomme Fromage affiné type parmesan Créme fraiche Beurre doux Beurre demi-sel Yaourt étuvé nature Yaourt étuvé nature Yaourt étuvé nature Yaourt étuvé nature Yaourt étuvé vanille Yaourt étuvé vanille Yaourt brassé (vanille ou amure) Yaourt brassé (vanille ou amure)
Volume 1L 1L 400ml 400ml 3L 1kg 1kg 370ml 200-250g 200-250g 125ml 370ml 3L 5L 125ml 370ml 250ml 1L
Conditionnement bouteille plastique ou verre bouteille plastique ou verre pot verre capsule plastique pot verre capsule plastique seau plastique à l'unité papier ingraissable à l'unité papier ingraissable pot verre capsule métallique à l'unité papier ingraissable à l'unité papier ingraissable pot verre capsule plastique pot verre capsule métallique seau plastique seau plastique pot verre capsule plastique pot verre capsule métallique bouteille plastique bouteille plastique
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
Prix 1300frs 1300frs 2200frc 2200frc 12500frs 17500frs 2600frs 3000frs 3000frs 400frs 1200frs 8200frs 12000frs 450frs 1300frs 700frs 2800frs
Annexe 9 : LA LAITERIE DAKAROISE Produit Lait en poudre Lait en poudre Lait caillé Lait caillé Lait caillé Lait caillé sucré Lait caillé nature Lait caillé sucré Lait caillé nature Lait caillé sucré Lait caillé sucré Lait caillé nature Thiakry Thiakry Thiakry Khamsa Fromage Labneh entier Fromage Labneh light Fromage Labneh entier Emmental Mozzarella pizza Lait frais pasteurisé demi-écrémé Lait frais pasteurisé demi-écrémé Lait frais pasteurisé entier Lait frais pasteurisé entier Lait frais pasteurisé Yaourt nature Yaourt nature 0%MG Yaourt sucré Yaourt sucré 0%MG Yaourt aromatisé vanille Yaourt aromatisé fraise yaourt aromatisé banane Yaourt aromatisé cérise Yaourt aromatisé abricot Yaourt aromatisé framboise Yaourt aromatisé ananas Yaourt aromatisé coco Yaourt aromatisé mangue Yaourt au fruit fraise Yaourt au fruit ananas Yaourt au fruit des bois Yaourt au fruit
Volume 25g 400g 90ml 250ml 500ml 500ml 500ml 1L 1L 2,5L 5L 5L 150ml 250ml 500ml 200g 500g 500g 250g 1kg 1kg 1L 1/2L 1/2L 1L 20L 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml 125ml
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
Conditionnement sachet sachet sachet sachet sachet pot pot pot pot seau seau seau pot pot pot pot pot pot pot pot pot Bouteille Bouteille Bouteille Bouteille Bidon pot pot pot pot pot pot pot pot pot pot pot pot pot pot pot pot pot
Prix 98frs 1175frs 85frc 200frc 365frc 475frc 450frc 875frc 850frc 2150frc 3900frc 3800frc 200frc 300frc 500frc 250frc 2000frc 2000frc 1250frc 4600frc 3960frc 675frc 400frc 400frc 675frc 9000frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 180frc 300frc 300frc 300frc 300frc
Annexe 10 : SARBI MILKOA
Produit Lait caillé Lait caillé Lait caillé Lait caillé Lait caillé Lait caillé Thiakry Thiakry
Volume 100g 250 500g 750g 500g 1kg 300g 500g
Conditionnement Sachet Sachet Sachet Sachet Pot Pot Pot Pot
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
Prix 85frc 200frc 400frc 600frc 500frc 1000frc 250frc 550frc
Annexe 11 : MAMELLES JABOOT
Produits yaourt nature yaourt nature yaourt yaourt yaourt yaourt yaourt yaourt yaourt yaourt yaourt thiakry thiakry thiakry thiakry lait caillé lait caillé lait caillé yaourt à boire vanille yaourt à boire fraise yaourt à boire coco yaourt à boire exotique petit pot aromatisé vanille petit pot aromatisé fraise petit pot aromatisé exotique petit pot aromatisé coco
Volume 500grs 1kg 12Kg 5kg 2,5kg 1kg 500grs 750grs 500grs 250grs 100grs 400grs 200grs 225grs 400grs 750grs 500grs 250grs 30cl 30cl 30cl 30cl 200grs 200grs 200grs 200grs
Conditionnement Prix pot 500frs seau 1000frs seau 11 500frs seau 4500frs seau 2400frs seau 1050frs pot 550frs sachet 650frs sachet 430frs sachet 230frs sachet 85frs pot 500frs pot 260frs sachet 225frs sachet 430frs sachet 650frs sachet 430frs sachet 230frs pot 325frs pot 325frs pot 325frs pot 325frs pot 260frs pot 260frs pot 260frs pot 260frs
Analyse de la chaine de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès
SERMENT DES VETERINAIRES DIPLÔMES DE DAKAR «
Fidèlement
attaché
aux
directives
de
Claude
BOURGELAT, fondateur de l’Enseignement Vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes Maîtres et mes Aînés : D’avoir en tous moments et en tous lieux le souci de la dignité et de l’honneur de la profession Vétérinaire ; D’observer en toutes circonstances les principes de corrections et de droiture fixés par le code de déontologie de mon pays ; De prouver par ma conduite, ma conviction, que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a, que dans celui que l’on peut faire ; De ne point mettre à trop haut prix le savoir que je dois à la générosité de ma patrie et à la sollicitude de tous ceux qui m’ont permis de réaliser ma vocation. Que toute confiance me soit retirée s’il advient que je me parjure».
RESUME : Analyse de la chaîne de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès Cette étude vise à identifier les contraintes et les opportunités d’une croissance et d’un développement de la chaîne de valeur lait dans les régions de Dakar et de Thiès pour analyser les possibilités de relance de l’approvisionnement en lait local de Nestlé Sénégal. Elle s’est déroulée de Septembre 2014 à Mars 2015 et a porté sur 265 producteurs répartis dans les Département de Thiès (65), de Mbour (75), de Tivaouane (90) et dans la zone des Niayes (35). Après analyse des résultats, il ressort de cette étude que la production laitière est principalement assurée par les hommes (98%) et que ces producteurs sont en majorité d’ethnie Wolof (58%) et sont à 73% des agro-pasteurs. La gestion de l’élevage est majoritairement traditionnelle (68%) et l’alimentation de base des animaux est constituée essentiellement par les pâturages et les résidus de récolte. La monte naturelle est le principal mode de reproduction du cheptel (61%). La race locale prédomine dans la région de Thiès avec respectivement 71%, 64% et 69% du cheptel pour les Départements de Thiès, Mbour et Tivaouane. Par contre, les races exotiques et métisses dominent dans la région des Niayes (88%). Les femelles représentent plus de la moitié du cheptel (69% dans le Département de Thiès, 64% à Mbour, 66% à Tivaouane et 88 % dans la zone des Niayes). Entre 44% et 58% des femelles en âge de produire sont en production. Le pourcentage des femelles qui sont traites se situe entre 81% et 98% des femelles en production. Les productions varient de 1litre à 2 700 litres de lait par jour selon les exploitations considérées. Le potentiel de production journalière de lait est estimé à 10 732,6 litres de lait. La quasi-totalité de la production est fournie par les races exotiques (46%) et les métisses (47%). Ainsi, l’essentiel de la production provient des élevages intensifs et semi-intensifs de la Zone des Niayes (74%). Les producteurs en extensif réalisent les marges les plus élevées entre 170 F CFA et 268 F CFA pendant la saison sèche et entre 359 F CFA et 392 F CFA en saison des pluies. Par contre dans les exploitations intensives et semi-intensives ces marges varient entre 100 F CFA et 144 F CFA. La description du marché a montré une grande diversité des entreprises de transformation laitière et dont la matière première est le lait en poudre. Des recommandations ont été faites sur la base des résultats obtenus après l’analyse de la chaîne de valeur dans le but de remédier aux contraintes.
Mots clés : Chaîne de valeur, production de lait, coût de production, régions de Dakar et de
Thiès, force /faiblesse, contraintes/opportunités. Auteur : Fama Cheikh GUEYE E-mail : fama_cheikh@yahoo.fr / famichette@hotmail.fr Téléphone : +221 77 614 98 22 /+221 70 400 85 53 Adresse : Parcelles Assainies Unité 11