UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE DAKAR (E.I.S.M.V)
ANNEE: 2016
N°11
ETUDE DE L’ACTIVITE ANTIPARASITAIRE DES PLANTES DE LA PHARMACOPEE VETERINAIRE UTILISEES DANS LA LUTTE CONTRE LES TIQUES DES RUMINANTS AU BURKINA FASO THESE Présentée et soutenue publiquement le 01 juin 2016 à 15h 00 devant la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar Pour obtenir le grade de DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (DIPLOME D’ETAT) Par : Kouzendé Juste Wilfried Bienvenu YODA Né le 14 Octobre 1987 à Ouagadougou (Burkina Faso)
Jury Président :
M. Emmanuel BASSENE Professeur à la Faculté de Médecine de Pharmacie Et d’Odontologie de Dakar
Rapporteur de thèse :
M. Oubri Bassa GBATI Maître de Conférences Agrégé à l’EISMV de Dakar
Membre :
M. Moussa ASSANE Professeur à l’EISMV de Dakar
Co-directeur de thèse :
M. Assiongbon TEKO AGBO Chargé de recherche à l’EISMV de Dakar
Co-directeur de thèse :
M. Adama KABORE Maître de Recherche-DPA / INERA (Station de Saria) BF
ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE DAKAR BP : 5077-DAKAR (Sénégal) Tel : (00221) 33 865 10 08 Télécopie (221) 825 42 83
COMITE DE DIRECTION DIRECTEUR GENERAL Professeur Yalacé Yamba KABORET
LES COORDONNATEURS Professeur Rianatou ALAMBEDJI Coordonnateur des Stages et des Formations Post-Universitaires Professeur Ayao MISSOHOU Coordonnateur à la Coopération Internationale
Professeur Serge Niangoran BAKOU Coordonnateur des Etudes et de la Vie Estudiantine Professeur Yaghouba KANE Coordonnateur Recherche/Développement Année Universitaire 2015 – 2016
DEDICACE
i
Je dédie ce travail :
A tous les défunts de la famille YODA,
A DIEU le père tout puissant le miséricordieux, Pour m’avoir gardé en bonne santé durant tout mon cursus, pour m’avoir donné le courage et l’intelligence nécessaire pour mes années de formation à l’EISMV, et pour m’avoir exaucé au-delà de mes prières. Tu m’as toujours donné ce à quoi je ne m’attendais pas, saint est ton nom. Le seigneur a fait pour moi des merveilles. Je veux dire la grandeur du seigneur, mon cœur est plein de joie à cause de DIEU mon sauveur ; car il a bien voulu abaisser son regard sur moi son enfant. Puisses-tu accueillir les âmes de papa et maman dans ton paradis céleste.
A Jésus Christ, mon Sauveur et Seigneur : Sans toi Seigneur, je ne suis personne et ne puis rien. Reçois par ce travail mon action de grâce et agrée la ;
A l’Esprit saint et à la vierge Marie
A la mémoire de mon très cher papa, Dans tes actes j’ai toujours trouvé la force de me battre et de réussir. Tu as suscité en moi l’amour du travail et la passion pour l’élevage. Aujourd’hui c’est avec un cœur meurtri et le visage plein de larme que je te dédie ce travail. Que le bon DIEU t’accueille dans son paradis afin que de la haut tu puisses voir les fruits de ton labeur.
ii
A la mémoire de ma très chère maman, Maman je t’aime et je ne cesserai de le dire, toi qui as guidé mes premiers pas, qui m’as porté au dos, qui m’as aimé, qui t’es toujours soucié de mes moindres soucis. Tu as toujours démontré ton amour à travers tes actions, ton soutien et ta disponibilité. Tu t’es toujours sacrifié pour nous donner un avenir radieux. Maman, tu t’en es allé au moment où les fruits de tes efforts commençaient à murir. Tu représentais un idéal pour moi. J’espère que tu es toujours aussi fier de moi. C’est avec énormément d’émotions que j’évoque ta mémoire en ce jour pour te dire que tu es toujours présente dans mon cœur et que je continuerai toujours à défendre les valeurs que tu m’as apprises « Quand je vois la bonté de mon Dieu, briller sur le toit de ma maison, mon Ame béni le Seigneur » c’était tes dernières paroles. Repose en paix…
A mes grands-parents paternels et maternels, vous m’avez toujours accompagné par vos prières et bénédictions. J’espère que du haut des cieux, vous continuez toujours à m’orienter sur le droit chemin. Puisse DIEU vous accorder le repos éternel ;
A ma grande sœur Nadine YODA que j’appelle très affectueusement la grando, j’ai toujours été séduit par ta gentillesse, ton franc parlé et ta dévotion pour l’intérêt de la famille. Tu es pour moi aujourd’hui comme une seconde mère. Mon cursus à l’EISMV je te le dois car c’est toi tu m’as obtenu la préinscription. Toutes tes entreprises durant mon parcours pour me voir réussir restent gravées dans ma mémoire. Merci beaucoup pour tes prières et tes conseils. Que le seigneur dans son infinie bonté te glorifie, te couvre de bénédiction, te remplisse d’amour et te rende au centuple tous tes bienfaits. Longue vie à toi.
iii
A ma grande sœur Lydia YODA que j’appelle très affectueusement la grandisse, tu as façonné ma vie et tu t’es toujours sacrifiée pour mon bonheur. Merci de m’avoir toujours soutenu. Je ne saurais exprimer à sa juste valeur ma très haute reconnaissance et mes profonds remerciements pour tous tes efforts consentis à mon égard, mille mercis pour tout. Ce travail est le tien. Tu restes pour moi un exemple d’intelligence, de solidarité familiale, de travail et d’abnégation. Puisse Dieu raffermir nos liens de fraternité, t’accorder longévité et plein de succès dans tes différentes entreprises.
A mon grand frère Arnaud, "Brother" je voudrais assurer ma grande satisfaction face à ta réussite dans le domaine technique. Ton abnégation et ton amour pour le travail m’ont toujours séduit. Tu as été là depuis le début, tu m’as soutenu, encouragé et supporté. Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as fait pour moi. Que DIEU te bénisse toi et ta famille et vous donne longue vie.
A mon grand frère YAGO Clément, ce travail est le fruit de ta contribution à ma formation. L’aboutissement de ce travail est le couronnement de tout ce que tu as fait pour moi, merci pour tout. Que DIEU comble de ses grâces, et accorde une santé de fer à toi et ta famille, qu’il raffermisse nos liens de fraternité.
A mon grand frère YODA Ulrich je ne saurais exprimer ma joie sans manifester une pensée à ton égard. Tu es pour moi un exemple de courage et d’abnégation. Tu m’as toujours encouragé et soutenu ce travail est le tien. Trouve ici l’expression de mes sincères remerciements et de ma profonde gratitude. Que DIEU te bénisse et te récompense au-delà de tes attentes.
iv
A ma tendre et ravissante Célia, Tu es ma source de motivation et de réconfort. Tu incarne toutes les valeurs féminines que j’ai toujours recherchées chez une femme. Ton soutien, ta compréhension, ton amour et tes encouragements ont permis l’achèvement de ce travail. Reçois ici ma profonde gratitude. Je t’aime
A mes cousins et cousines très particulièrement Félicité, Alice, Blanche, Omar, Albertine ; Mariétou, Diane, merci de m’avoir toujours considéré comme votre frère. Puisse DIEU raffermir ces liens de fraternité pour l’éternité.
A mes neveux et nièces, Arsène, Reine, Stella, Samuel, Maelya, Grace, Owen, Ezéchiel, Moïse, Justin, Agathe vous aviez l’obligation morale de faire mieux que tonton, que ce travail vous donne l’inspiration nécessaire.
A mes amis Colocataires : Dr DAHOUROU, Dr SAVADOGO, Dr ILBOUDO, Dr ROUAMBA, ILLY sachez que tous ces moments passés ensemble resterons toujours gravés dans ma mémoire
A KOKOA Diromba, plus qu’une amie tu es comme une sœur pour moi. Depuis que je t'ai rencontrée j’ai connu ce qu’ai d’avoir une amie. Attentionnée, tu as toujours été là pour m'écouter, pour me conseiller, parfois même pour penser à ce qui m'a blessé. Merci, que DIEU te bénisse et te glorifie.
A Dr DAHOUROU, mon Co-chambrier, mon compagnon, mon ami, mon frère merci pour ton accueil, ton encadrement ton soutien. Depuis mes premiers jours à Dakar jusqu’à aujourd’hui tu as toujours été présent pour moi, je te dis merci et que le bon DIEU continue de t’élever.
v
A Aristide KABORE, Mikhaïlou DERA, Dieudonné ILLY, Hélène YAMEOGO, Arnaud TAPSOBA mes promotionnaires burkinabés plus que des amis vous êtes des frères pour moi, DIEU seul sait à quel point vous avez été déterminant tout au long de ma formation tant sur le plan scolaire que social. Merci pour tous ces moments passés ensemble que DIEU vous bénisse.
A mes amis (es) Aristide, Mika, Dieudonné, Hélène, Arnaud, Reine, Anicet, Paterne "mon binôme", Cédric, Habib, Vamara, Alassane, Fréderic, Tulgeat, Franc "mon trinôme", Abasse, Estri Penoukou, Khadji, Mme DIALLO, Stéphanie, Joël, Jule BONOGO, Brice, Adama, Anita, Gisèle, Mariam, Dr ZOBO, Martial N’DA, Martial "mon fils", Idrissa, N’DA Martial, Asseu PANEL, Béhou, Sali, Boris, Bass KABORE ce travail est le vôtre.
A tous les joueurs de football de l’EISMV très particulièrement Paterne "l’Indien", Habib "le maestro", Mika "l’infatigable", Vamara "Zlatane on jaillie", Alassane et Lamine "les destructeur ", Cédric et Aristide "les anciennes gloires", Abasse "le coach", Penoukou "le Casiasse du véto" et Anicet "le barrage, ballon passe mais l’homme ne passe pas".
A la 43éme promotion "Promotion Idrissa NASSA" nous constituons désormais une famille. Que DIEU nous accorde longue vie et qu’il nous aide à réaliser nos projets.
A notre professeur accompagnateur, le Professeur Yalacé Yamba KOBORET Directeur Général de l’EISMV.
A notre parrain, Idrissa NASSA Directeur Général de Coris Bank Burkina Faso
vi
A tous mes cadets de l’EISMV, Que le seigneur vous donne le courage et la santé afin que vous puissiez accomplir votre vocation.
A mes filleuls de l’EISMV
A la CEVEC
A tous mes amis d’enfance, amis et ainés Roland, Léonce, Sévérin, Alassane, Abraham, Louis, Eliasse, Mathieu, Thomas, Ernest, Jacques, Jacob ce travail est le vôtre.
A tous ceux que j’ai omis de citer, sachez que ce travail est le vôtre.
A mon pays le Burkina Faso
Au Sénégal mon pays hôte
vii
REMERCIEMENTS
viii
Nous adressons nos sincères remerciements et notre profonde gratitude à :
A DIEU, le tout puissant pour nous avoir accordé la santé et les forces nécessaire à l’accomplissement de ce travail ; Toutes la grande famille YODA et DEMDE pour l’éducation et l’assistance
A mes oncles et tantes maternels et paternel ;
A ma femme Mme YODA/BANSE Adélaïde merci pour tout ; Au Professeur Yamba Yalacé KABORET Directeur général de l’EISMV pour ses conseils et son soutien ;
Au Professeur Germain Jérome SAWADOGO et au Dr Adama SOW pour leurs conseils et leurs soutiens ; A tous nos maîtres de l’EISMV pour la qualité des enseignements reçus ; A tout le personnel administratif et technique de l’EISMV ;
A Nos encadreurs : pour leurs conseils et leurs soutiens : Pr Yamba Yalacé KABORET Directeur général de l’EISMV Pr Hamidou Hamadou TAMBOURA Dr Assiongbon TEKO-AGBO Dr Komlan AKODA Dr Abdou M. ASSOUMY Dr Adama KABORE Dr Dieudonné L. DAHOUROU
ix
Au professeur Hamidou Hamadou TAMBOURA, pour l’attention et la grande disponibilité accordée à notre travail, ce fut un réel plaisir de travailler à vos côtés, de bénéficier de vos qualités scientifiques et de côtoyer votre grande modestie et votre humanisme sans mesure. Au Dr Adama KABORE pour la confiance qu’il m’a accordée en acceptant de m’encadrer, j’ai beaucoup appris en rigueur scientifique et en qualité du travail bien fait ; Aux Techniciens du Département des Productions Animales de l’IN.E.R.A SINON Boukary et SANOU Moumouni pour leurs contributions. A Boureima Dicko manœuvre du Département des Productions Animales de l’IN.E.R.A, pour sa contribution. Aux personnels du Laboratoire National de l’Elevage du Ministère des Ressources Animales pour l’accueil et le soutien dont j’ai bénéficié durant mon séjour dans leur Laboratoire. Au Dr Jules André ILBOUDOU Directeur de l’Ecole Nationale d’Elevage et de Santé Animale et tout son personnel ;
A ma fille Nadège ce travail est le tien, merci pour tout.
A Mme YAOGO et Mr SANA merci pour votre aide, votre disponibilité et votre contribution dans la réalisation de ce travail que le seigneur vous le rende au centuple ;
A la BCEAO FCN05-2014 ;
A Mme DIOUF, pour son aide ;
x
A Dr MINOUNGOU, Dr OUANDAOGO, SOULGA Moussa pour les moments de stage ; A mes ainés de l’EISMV Dr TIALLA, Dr SIE, Dr PARE, Dr ZERBO, Dr DICKO, Dr TAPSOBA, Dr GUIGMA, Dr DAHOUROU, Dr OUEDRAOGO, Dr ZABRE, Dr ZOUGBARE, Dr COMBARI, Dr ROUAMBA, Dr TRAORE, Dr ILBOUDO, Dr OUADAOGO
Hamidou,
Dr
SAVADOGO,
Dr
BAZIMO,
Dr
ZEBA,
Dr
KAMBOULOUGOU ; A Mr OUEDRAOGO Philipe chef du service vétérinaire de la zone d’Aménagement Pastoral de Gaongho merci pour l’encadrement technique reçu. A tous mes promotionnaires de l’ENESA particulièrement Aziz, Mohamed, Gaoussou, Issa, Romain ; Au parrain de la 43ème promotion : "Mr Idrissa NASSA" A la 43ème promotion
A tous mes amis burkinabés de Dakar
A tous mes amis de Dakar A l’AEVD A l’AEVBD A l’ASB A l’Ambassade du Burkina Faso
A tous ceux qui de loin ou de près ont contribué à la réalisation de ce document. xi
A NOS MAÃŽTRES ET JUGES
xii
A notre Maître et Président de Jury, Monsieur Emmanuel BASSENE, Professeur à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar. Vous nous faites un grand honneur en acceptant de présider notre jury de Thèse. Votre abord facile et la spontanéité avec laquelle vous avez répondu à notre sollicitation nous ont beaucoup marqué. Trouvez ici l’expression de nos sincères remerciements et de notre profonde gratitude. Hommage respectueux.
A notre Maître et Rapporteur de Thèse, Monsieur Oubri Bassa GBATI, Maitre de conférences agrégée à l’E.I.S.M.V. de Dakar. Vous avez accepté de rapporter ce travail malgré vos multiples occupations. Votre amour du travail bien fait ainsi que votre immense générosité resteront gravés dans notre mémoire. Hommage respectueux.
A notre Maître et Juge, Monsieur Moussa ASSANE, Professeur à l’E.I.S.M.V. de Dakar. Nous vous remercions d’avoir spontanément accepté de juger ce modeste travail. Nous retiendrons de vous, la rigueur et le sérieux en toute chose. Soyez rassuré de notre profonde gratitude et de notre vive admiration.
A notre Maître et co-directeur de thèse, Monsieur Assiongbon TEKO AGBO Chargé de recherche à l’E.I.S.M.V. de Dakar. Vous avez su guider d’une main rationnelle ce travail, malgré vos multiples occupations. Les moments passés à vos côtés nous ont permis de découvrir en vous l’exemple même de la simplicité, de l’humilité, de la bienveillance et de l’amour du travail bien faits. Veuillez trouver ici l’expression sincère de notre profonde gratitude et de toute l’estime que nous vous portons.
xiii
A notre Maître et co-directeur de thèse Monsieur Adama KABORE Maître de Recherche à l’I.N.E.R.A. Vous avez encadré ce travail avec rigueur. Vos qualités intellectuelles et votre dynamisme dans le travail est une source d’inspiration. Sincères reconnaissances.
xiv
« Par délibération, la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologies et l’Ecole Inter – Etats des sciences et Médecines Vétérinaires de Dakar ont décidé que les opinions émises dans les dissertations qui leurs sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu’elles n’entendent leur donner aucune approbation ni improbation ».
xv
SIGLES ET ABREVIATIONS %
:
Pourcentage
°C
:
degré Celsius
AEF
:
Afrique Equatoriale Française
AGRI
:
Agriculture
AOF
:
Afrique Occidentale Française
C.T.F.T.
:
Centre Technique Forestier Tropical
CAPES
:
Centre d’Analyse des Politiques Économiques et Sociales
CHI2
:
Khi Carrée
CIRDES
:
Centre International de Recherche-Développement sur l’Élevage en zone Subhumide
CL50
:
Concentration Létale 50
Cm
:
Centimètre
DDL
:
Degré De Liberté Décentralisation
DGEPA
:
Direction Générale des Espaces et des Aménagements Pastoraux
DL50
:
Dose Létale 50%
DNCB
:
Dermatose Nodulaire Cutanée Bovine
DPA
:
Direction des Productions Animales
e.t
:
Ecart Type
GACOPEA
:
Gestion Appropriée des Coopératives de Petits Exploitants Agricoles
GMQ
:
Gain Moyen Quotidien
ICC
:
Insuffisance Cardiaque Congestive
INERA
:
Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles
Kg
:
Kilogramme
M
:
Mètre
MATD
:
Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
MATS
:
Ministère de l’Administration Territoriale et de la Sécurité xvi
Mc
:
mortalité corrigée
Me
:
Mortalité enregistrée chez le témoin
MEE
:
Ministère de l’Environnement et de l’Eau
MEF
:
Ministère de l’Économie et des Finances
MEM
:
Ministère de l’Energie et des Mines
Mg
:
Milligramme
MIHU
:
Ministère des Infrastructures, de l’habitat et de l’Urbanisme
ml
:
Millilitre
mm
:
Millimètre
Mo
:
Mortalité enregistrée dans les lots traités
MRA
:
Ministère des Ressources Animales
ONG
:
Organisation Non Gouvernementale
PIB
:
Produit Intérieur brut
PNUD
:
Programme des Nations Unies pour le Développement
PPCB
:
Péri Pneumonie Contagieuse Bovine
SP
:
Saison des Pluies
SPSS
:
Statistical Package for Social Sciences
SSC
:
Saison Sèche Chaude
SSF
:
Saison Sèche Froide
xvii
LISTE DES FIGURES Figure 1
: Carte des principales zones agroécologiques du Burkina Faso .............. 7
Figure 2
: Cycle de reproduction de la tique ......................................................... 25
Figure 3
: Cycle de vie a trois hôtes ...................................................................... 26
Figure 4
: Cycle de vie à deux hôtes ..................................................................... 27
Figure 5
: Cycle de vie à un hôte ........................................................................... 28
Figure 6
: Pied de Nicotiana tabacum ................................................................... 37
Figure 7
: Feuilles et fruits d’Azadirachta indica.................................................. 40
Figure 8
: Feuille de Bridelia micrantha (Hochst.) ............................................... 43
Figure 9
: Adenium obesum Roem. et Schult 1819 ................................................ 46
Figure 10 : Feuillage de Cassia nigricans Valh ....................................................... 48 Figure 11 : Schéma cartographique du site d’étude ................................................ 51 Figure 12 : Schéma cartographique de la zone pastorale de Gaongho .................... 51 Figure 13 : Balance Sartorius modèle TE6101 et plaque chauffante ..................... 55 Figure 14 : Boites de pétri contenant cinq tiques chacune ...................................... 55 Figure 15 : Erlenmeyer ............................................................................................ 56 Figure 16 : Broyeur ................................................................................................. 56 Figure 17 : Etuve thermosi SR 3000 ....................................................................... 56 Figure 18 : Mouton mossi........................................................................................ 60 Figure 19 : Chèvre mossi ......................................................................................... 60 Figure 20 : Zébu peul sahélien ................................................................................ 60 Figure 21 : Les genres de tiques rencontrées en fonction des espèces de ruminants enquêtés................................................................................ 61 Figure 22 : Répartition des différents genres de tiques rencontrées en fonction des saisons ............................................................................................. 62 xviii
Figure 23 : Stades de développement en fonction des genres de tiques rencontrées ............................................................................................ 62 Figure 24 : Espèces de tiques observées durant l’étude en fonction du sexe .......... 64
xix
LISTE DES TABLEAUX Tableau I
:
Caractéristiques générales des zones agroécologiques du Burkina Faso .................................................................................. 9
Tableau II
:
Evolution des effectifs et taux de croît des ruminants au Burkina entre 2004, 2008, 2010 et 2012 ...................................... 15
Tableau III
:
Principales maladies transmises par les tiques aux ruminants ..... 31
Tableau IV
:
Principaux acaricides commercialisés dans la zone de l’étude et leur fréquence d’utilisation ...................................................... 33
Tableau V
:
Effectif du cheptel des ruminants domestiques de la zone pastorale de Gaongho par campement ......................................... 54
Tableau VI
:
Différentes espèces de tiques identifiées par genres de tiques .... 63
Tableau VII
:
Taux de prévalence (%) aux tiques des ruminants en fonction des saisons ................................................................................... 65
Tableau VIII :
Moyenne de l’infestation par les tiques en fonction des saisons .......................................................................................... 66
Tableau IX
:
Moyenne de l’infestation par les tiques en fonction du sexe ....... 67
Tableau X
:
Moyenne des tiques en fonction de l’âge ..................................... 67
Tableau XI
:
Sites de fixation préférentiels des tiques sur les ruminants enquêtés en fonction des saisons .................................................. 68
Tableau XII
:
Méthodes de préparation des cinq plantes anti-tiques chez les ruminants selon les éleveurs ........................................................ 69
Tableau XIII :
Pourcentages de mortalités corrigées des extraits des cinq plantes testées en fonction du temps ........................................... 71
Tableau XIV :
Concentrations létales CL50 des cinq extraits aqueux testés sur la tique du genre Hyalomma au cours du test in vitro ........... 72
xx
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION......................................................................................................... 1 PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE .................................. 5 Chapitre I : Aperçu de l’élevage de ruminants domestiques au Burkina Faso ............... 6 I. Climat et zones agroécologiques ............................................................................. 6 II. Races élevées et systèmes d’élevage .................................................................... 10 II.1. Races élevées ................................................................................................. 10 II.1.1. Races locales ............................................................................................ 10 II.1.2. Races importées ....................................................................................... 10 II.1.2.1. Races d’introduction récente ............................................................. 10 II.1.2.2. Races constamment importées........................................................... 11 II.2. Système d’élevage ......................................................................................... 11 II.2.1. Systèmes d’élevage traditionnel............................................................... 11 II.2.1.1. Type transhumant (ou pastoral) ......................................................... 12 II.2.1.2. Type sédentaire ou agro-pastoral ...................................................... 12 II.2.2. Systèmes d’élevages améliorés ................................................................ 13 II.2.2.1. Type semi- intensif ............................................................................ 13 II.2.2.2. Type intensif ou moderne ................................................................. 14 III. Importance de l’élevage des ruminants au Burkina Faso ................................... 14 III.1. Importance sociale ........................................................................................ 15 III.2. Importance économique ............................................................................... 16 IV. Contraintes de l’élevage des ruminants ............................................................. 16 IV.1. Contraintes d’ordre foncier .......................................................................... 16 IV.2. Contraintes d’ordre technique ..................................................................... 17 IV.3. Contraintes d’ordre alimentaire ................................................................... 17 IV.4. Contraintes d’ordre sanitaire ........................................................................ 18 Chapitre II : Généralités sur les tiques des ruminants .................................................. 19 I. Taxonomie et morphologie .................................................................................... 19 II. Morphologie générale des tiques .......................................................................... 19 II.1. Morphologie externe ...................................................................................... 20 xxi
II.1.1. Femelle ..................................................................................................... 20 II.1.1.1. Vue dorsale ........................................................................................ 20 II.1.1.2. Vue ventrale ....................................................................................... 20 II.1.2. Mâle.......................................................................................................... 21 II.1.3. Nymphe .................................................................................................... 21 II.1.4. Larve ........................................................................................................ 21 II.2. Morphologie interne ...................................................................................... 22 III. Biologie ............................................................................................................... 22 III.1. Œuf ............................................................................................................... 23 III.2. Larve ............................................................................................................. 23 III.3. Nymphe ........................................................................................................ 23 III.4. Adultes .......................................................................................................... 24 III.5. Cycle de vie des tiques ................................................................................. 24 III.5.1. Cycle de vie à trois hôtes ........................................................................ 25 III.5.2. Cycle de vie à deux hôtes ....................................................................... 26 III.5.3. Cycle de vie à un hôte ............................................................................. 27 IV. Pathogénie ........................................................................................................... 29 IV.1. Action pathogène direct ............................................................................... 29 IV.2. Action pathogène indirecte........................................................................... 30 V. Méthodes de lutte ................................................................................................. 31 Chapitre III : Description des cinq plantes médicinales étudiées ................................. 35 I. Nicotiana tabacum ................................................................................................. 35 I.1. Caractéristiques botaniques ............................................................................. 35 I.2. Description botanique ..................................................................................... 35 I.3. Répartition géographique ................................................................................ 36 I.4. Données chimiques ......................................................................................... 36 I.5. Utilisations ...................................................................................................... 36 II. Azadirachta indica A. juss .................................................................................... 37 II.1. Caractéristiques botaniques ........................................................................... 37 II.2. Description botanique .................................................................................... 38 II.3. Répartition géographique ............................................................................... 38 xxii
II.4. Données chimiques ........................................................................................ 39 II.5. Utilisations ..................................................................................................... 39 III. Bridelia micrantha (Hochst.) Baill ...................................................................... 41 III.1. Caractéristiques botaniques .......................................................................... 41 III.2. Description botanique ................................................................................... 41 III.3. Répartition géographique ............................................................................. 42 III.4. Données chimiques ....................................................................................... 42 III.5. Utilisations .................................................................................................... 42 IV. Adenium obesum (Forssk.) .................................................................................. 43 IV.1. Caractéristiques botaniques .......................................................................... 43 IV.2. Description botanique .................................................................................. 44 IV.3. Répartition géographique ............................................................................. 44 IV.4. Données chimiques ...................................................................................... 44 IV.5. Utilisations.................................................................................................... 45 V. Cassia nigricans Valh ......................................................................................... 46 V.1. Caractéristiques botaniques ........................................................................... 46 V.2. Description botanique .................................................................................... 46 V.3. Répartition géographique .............................................................................. 47 V.4. Utilisations ..................................................................................................... 47 DEUXIEME PARTIE : PARTIE EXPERIMENTALE ......................................... 49 Chapitre I : Matériel et méthodes.................................................................................. 50 I. Zone et période d’étude ......................................................................................... 50 I.1. Zone d’étude .................................................................................................... 50 I.1.1. Situation géographique et administrative .................................................. 50 I.1.2. Cadre géophysique et climat ..................................................................... 52 I.1.3. Données socio-économiques ..................................................................... 52 I.2. Période d’étude ................................................................................................ 54 II. Matériels ............................................................................................................... 55 II.1. Matériel de laboratoire ................................................................................... 55 II.2. Matériel végétal ............................................................................................. 57 III. Méthodes ............................................................................................................. 57 xxiii
III.1. Identification des tiques ................................................................................ 57 III.2. Test antiparasitaire des extraits aqueux sur les tiques .................................. 58 IV. Analyse des données ........................................................................................... 59 Chapitre II : Résultats ................................................................................................... 60 I. Genres de tiques identifiées ................................................................................... 61 II. Prévalence ............................................................................................................. 64 III. Niveau d’infestation ............................................................................................ 65 III.1. En fonction de l’espèce ................................................................................ 65 III.2. En fonction des saisons ................................................................................ 65 III.3. En fonction du sexe ...................................................................................... 66 III.4. En fonction de l’âge...................................................................................... 67 IV. Les régions anatomiques infestées ...................................................................... 68 V. Mode de préparation des extraits aqueux des plantes .......................................... 69 VI. Test in vitro ......................................................................................................... 70 Chapitre III : Discussion, recommandation et perspectives ......................................... 73 I. Discussion .............................................................................................................. 73 II. Recommandations ................................................................................................ 77 III. Perspectives ......................................................................................................... 79 CONCLUSION ........................................................................................................... 80 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................. 84 ANNEXES ................................................................................................................... 93
xxiv
INTRODUCTION
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Le Burkina Faso est un pays sahélien de 274 200 kilomètres carrés (km2) enclavé au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Son économie est qualifiée d’économie agricole car elle tire l’essentiel de ses ressources des activités agricoles et de l’élevage, lesquelles occupent une place importante dans la formation du Produit Intérieur Brut (P.I.B.) (MEF, 2009). Sa population est en majorité rurale et agricole. Le sous-secteur de l’élevage participe quant à lui pour environ 18,9% au PIB et constitue la troisième source de devises d’exportation après l’or et le coton (PNUD, 2011). Il occupe à lui seul près de 80% de la population active, contribue à 26% aux recettes de l’exportation (MRA, 2009), et emploie plus de 900 000 personnes pour la production agricole et 60 000 à 90 000 autres personnes dans les activités de transformation et de commercialisation (MRA, 2011). Cette contribution économique positionne l’élevage comme une des principales filières présentant de réelles opportunités tant sur le marché national qu’international. En effet, la diversité des systèmes d’élevage au niveau national témoigne d’un savoirfaire des éleveurs, de l’existence de races adaptées et d’un cheptel de ruminants numériquement important composé de 8 912 512 bovins, 9 007 562 ovins et 13 486 886 caprins (MRA, 2015). A cela s’ajoute l’existence d’unités de transformation et de marchés potentiels (national et international) pour la commercialisation des productions animales qui constituent les réels atouts de l’activité d’élevage de ces animaux. Malheureusement, l’élevage des ruminants est confronté à diverses difficultés parmi lesquelles les maladies parasitaires, notamment celles dues aux tiques. Ces dernières constituent une préoccupation constante des éleveurs du fait qu’elles sont à l’origine de lésions cutanées et des maladies qu’elles transmettent aux animaux (Chartier et al., 2000). Les tiques sont des parasites de tailles variables qui lorsqu'elles se fixent sur la peau des mammifères, se gorgent ensuite du sang de leurs hôtes et peuvent être les vecteurs de pathologies parfois mortelles.
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Particulièrement vigoureuses et prolifiques, elles existent sous d'innombrables espèces et sous toutes les latitudes. En effet les bovins, les ovins et caprins souffrent d'abord d'anémie, entraînant une perte de poids et donc de valeur économique pour les éleveurs. Leur cuir s'abîme également sous le coup des piqûres et autres abrasions cutanées entrainant des pertes de sa valeur. Outre ces effets directs, ces parasites transmettent des maladies telles que la cowdriose, la dermatophilose, la theilériose, la babésiose, qui déciment les troupeaux. Les pertes que ces pathologies entraînent, dans les pays tropicaux et subtropicaux, s'avèrent énormes (Commission Européenne, 2005). Malgré l’importance des résultats enregistrés dans le domaine de la santé animale depuis plusieurs décennies, les maladies parasitaires continuent d’être une contrainte importante pour la productivité du bétail et le développement de l’élevage au Burkina Faso. La méthode la plus usitée actuellement pour la lutte contre ces tiques est l’utilisation des produits chimiques antiparasitaires ou acaricides. Cependant, plusieurs problèmes se posent quant à leur utilisation. Premièrement, les résistances aux acaricides au sein des populations de tiques sont de plus en plus fréquentes (Alonsodiaz et al., 2006). Deuxièmement, les produits chimiques préconisés pour lutter contre les parasites sont d’un coût élevé pour les éleveurs, de même que les coûts des actes thérapeutiques qu’ils occasionnent (Kaboré et al., 2012). Face à cette situation, les éleveurs initient de plus en plus des solutions endogènes. C’est le cas au Burkina Faso où l’on assiste actuellement à un regain de pratique de la médecine vétérinaire traditionnelle par l’utilisation de remèdes à base de plantes médicinales pour soigner les maladies animales (Tamboura et al., 1998 ; CAPES., 2005). Selon Kaboré et al. (2012), les éleveurs utilisent de nombreuses recettes médicinales à base de plantes locales pour lutter contre les maladies animales causées par les tiques. Parmi ces plantes, cinq ont été répertoriées comme étant à la base de la préparation de remèdes efficaces contre ces ectoparasites des ruminants dans les régions sahélienne et soudano-sahélienne. Il s’agit de Nicotiana tabacum (N. tabacum), Azadirachta indica (A. indica), Bridelia micrantha (B. micrantha), Adenium obesum (A.obesum), et Cassia nigricans (C. nigricans).
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Cependant, l’efficacité thérapeutique de ces plantes médicinales utilisées par les éleveurs n’a pas encore été évaluée. Si l’adoption de ces plantes semble être une alternative pour les éleveurs dans la lutte contre les tiques, sont-elles efficaces sur le plan thérapeutique? A cette interrogation l’hypothèse suivante a été formulée : les plantes médicinales utilisées par les éleveurs au Burkina Faso sont efficaces contre les tiques. Afin de vérifier cette affirmation, la présente étude à pour objectif général d’évaluer l’activité antiparasitaire de ces plantes. De manière spécifique, il s’agit de : -
Etablir un inventaire des espèces de tiques et le niveau d’infestation des ruminants dans la zone pastorale de Gaongho en zone nord soudanienne du Burkina Faso ;
-
Décrire les modes de préparation et d’administration des remèdes traditionnels à base des plantes utilisés pour lutter contre les tiques dans la zone d’étude ;
-
Evaluer in vitro l’activité antiparasitaire des extraits aqueux de ces plantes préparés selon les prescriptions locales sur la tique la plus dominante dans le milieu d’étude.
Ce travail comporte deux parties : la première partie est une synthèse bibliographique qui présente un aperçu de l’élevage de ruminants domestiques au Burkina Faso, les généralités sur les tiques des ruminants et la description botanique des cinq plantes étudiées. La deuxième partie porte sur l’étude expérimentale et présente la méthodologie et les résultats de l’étude.
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PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
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Chapitre I : Aperçu de l’élevage de ruminants domestiques au Burkina Faso L’élevage constitue l’une des activités principales de la population du Burkina Faso. Les statistiques du Ministère des Ressources Animales (MRA) de 2004 montrent que l’élevage des ruminants est diversifié et concerne les bovins, les ovins et les caprins MRA (2004). L’importance et le rôle de chaque espèce animale dans la vie des ménages des éleveurs varient d’une région à une autre en fonction des zones agroécologiques. I. Climat et zones agroécologiques Le Burkina Faso est sous l’influence d’un climat tropical sec. Il est soumis à l’alternance saisonnière d’air humide de mousson venant des hautes pressions océaniques et d’air sec provenant des latitudes sahariennes. D’après Fontès (1983) et Zoungrana (1991), ce climat est caractérisé par: une saisonnalité bien marquée par deux périodes très contrastées, la saison des pluies (encore appelée hivernage) et la saison sèche; une courbe ombrique unimodale; une saison sèche beaucoup plus longue que la saison des pluies; une absence de véritable saison froide (température mensuelle moyenne minimale > 18 °C); une aridité croissante du sud vers le nord. D’une façon générale, on rencontre deux (02) saisons : une saison hivernale ou saison des pluies, généralement de juin à septembre selon les années. C’est donc la saison principale de mise en culture des végétaux. Elle est marquée par l’irrégularité aussi bien inter et intra-annuelle que spatiale des pluies. une saison sèche : elle comporte deux sous composantes : l’une, froide va d’octobre à mi-mars ; et l’autre chaude allant de mi-mars à fin mai. Suivant la situation dans le pays, la durée de chacune des saisons sera variable. Plus on se dirige vers le nord, plus la saison des pluies se raccourcit au profit de la saison sèche.
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On peut distinguer, comme présentée dans la figure 1 quatre (04) grandes zones agroécologiques telles que, définies par Guinko (1984) à partir de critères climatiques et floristiques; cités par Kagone (2001).
Figure 1: Carte des principales zones agroécologiques du Burkina Faso Source : (Kagoné, 2001). La zone nord Sahélienne est la plus sèche avec une pluviométrie annuelle inférieure à 400mm (Kagoné, 2001). La zone sud-Soudanienne quant à elle reçoit de 900 à 1200 mm de pluies annuellement. La végétation varie au cours de l’année : on assiste du nord au sud à des steppes arbustives, des épineux à graminées annuelles, également à des savanes arborées, arbustives, boisées et des forêts claires.
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De 2004 à 2009 également, la variabilité du climat a été très forte, se traduisant par des débuts ou des fins de saison pluvieuse précoces en certains endroits et trop tardifs ailleurs et par des poches de sécheresses plus fréquentes en cours de saison. Cette forte variabilité de la pluviométrie a réduit en définitive la quantité globale de la pluviométrie annuelle tout en compliquant sa gestion pour les besoins de l'agriculture pluviale (Bationon, 2009). Environ13,3% des terres sont des parcelles cultivées (MRA, 2000). On retrouve l’agriculture vivrière à base de petit mil, sorgho et niébé sur l’ensemble du territoire. La zone soudanienne constitue le bassin cotonnier (MRA, 2000). L’essentiel du territoire national (61%) est constitué de terres de parcours de saison des pluies. Par terres de parcours il faut entendre les jachères, les terres marginales incultes et les réserves foncières (terres non encore mises en culture). Au nord du pays, on retrouve une activité d’élevage transhumant, réalisée majoritairement par les peuls. Il faut cependant noter que l’élevage est de plus en plus sédentaire au fur et à mesure que l’on descend vers le sud. Les aires protégées (forêts classées, réserves, parcs nationaux), constituent 15,7% du territoire; tandis que 10% hébergent les habitations et les infrastructures MRA, (2000). Le tableau I présente les caractéristiques générales des zones agroécologiques du Burkina Faso.
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Tableau I: Caractéristiques générales des zones agroécologiques du Burkina Faso Zones
Pourcentage (%) du Pluviom étrie
agroécologiques
Occupation des sols
territoire national
annuelle en mm
Sahel
13,4
< 400
Sub-sahel
15,3
400 à 700
Steppes arbustives à combrétacées et à graminées annuelles. Forte densité humaine et saturation foncière. Agriculture céréalière d’autoconsommation à base de sorgho, de mil et de niébé.
Nord-soudan
38,9
700 à 900
Savanes arborées à arbustives. Fortes densités des populations humaine et animale. Bassin cotonnier et agriculture à base de sorgho, de mil, de niébé et d’arachide.
Sud-soudan
32,4
900 à 1 200
Steppe arbustive, épineux à graminées annuelles. Agriculture vivrière à base de mil, sorgho et niébé. Elevage peulh transhumant de Zébus
Savanes arborées à arbustives et boisées, forêts claires. Zone à vocation agricole caractérisée par les cultures pérennes (manguiers, agrumes, anacardiers, etc.), la culture cotonnière, la culture de l’igname et des céréales (sorgho, mil et maïs). Zone d’accueil des transhumants en saison sèche et de conflits quelquefois mortels entre agriculteurs et éleveurs. Elevage villageois sédentaire de taurins.
Source : Fontès et Guniko (1995)
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II. Races élevées et systèmes d’élevage II.1. Races élevées Deux groupes caractérisent les races élevées au Burkina Faso ce sont : les races locales et les races importées (MRA, 2003). II.1.1. Races locales Deux races locales bovines et un métis fixés sont rencontrés au Burkina Faso : le Zébu Peul Soudanais, le Baoulé et le Méré. Toutefois le Méré n’apparaît pas comme une race dans la documentation officielle du pays (MRA, 2003). L’espèce ovine comporte trois races : le Mouton Peul, le Mouton Mossi et le Mouton Djallonké. Tout comme les ovins, trois races caprines sont recensées au Burkina Faso : la Chèvre du Sahel Burkinabè anciennement appelée Chèvre du Sahel Voltaïque, la Chèvre Mossi et la Chèvre Djallonké (MRA, 2003). II.1.2. Races importées Des races importées, quelques-unes ont acquis une adaptation au système de production et à l’environnement. Dans cette composante se retrouvent le zébu Azawack, qui fait l’objet d’une large diffusion dans le pays pour ses performances laitières reconnues, la race Bali-Bali et la Chèvre Rousse de Maradi introduites respectivement pour leur aptitude bouchère et laitière (MRA, 2003). II.1.2.1. Races d’introduction récente Les introductions récentes de races n’ont porté que sur les races bovines la Red Bororo du Niger et la Goudali du Nigeria pour leurs performances bouchères et laitières. Ces introductions ont été opérées par les pasteurs transhumants d’une part et par les producteurs privés installés dans les zones périurbaines pour la Goudali (MRA, 2003). La race N’Dama a été introduite dans des fermes au sud du pays pour sa trypanotolérance. Deux introductions ponctuelles et récentes des races Gir et Girolando ont été conduites dans les fermes étatiques de Boulbi et de Loumbila. La 10
race Bleu Blanc Belge a fait l’objet d’importation sous forme de semence à partir de la Belgique pour la production de viande (MRA, 2003). II.1.2.2. Races constamment importées La Tarentaise, la Brune des Alpes et la Montbéliarde sont utilisées en croisement dans les fermes de Koubri et de Kokologho pour l’amélioration de la production laitière. A ces races s’ajoutent les races suivantes : la Jersey, la Holstein et la Limousine (MRA, 2003). II.2. Système d’élevage Le système d’élevage est défini comme l’ensemble des techniques et pratiques mises en œuvrent par une communauté pour faire exploiter dans un espace donné des ressources végétales par des animaux, en tenant compte de ses objectifs et de ses contraintes (Lhoste et al., 1993). Au Burkina Faso, les ruminants sont élevés selon deux principaux systèmes à savoir les systèmes d’élevage traditionnel (75% de l’élevage bovin et 82% de celui des petits ruminants) et les systèmes améliorés ou modernes (MRA, 2004). II.2.1. Systèmes d’élevage traditionnel Dans les élevages traditionnels de type extensif, les troupeaux sont très mobiles et exploitent les pâturages naturels non améliorés. Il s’agit de systèmes à faible utilisation d’intrants (pas ou peu de concentrés, vaccination seulement pour une partie du cheptel en cas de maladies déclarées). Les ressources qui servent souvent à l'alimentation des troupeaux sont de propriétés collectives (pâturages naturels, retenues d’eau ou puits pastoraux) et permettent de ce fait de minimiser les charges en aliments des éleveurs (MRA, 2000). Les élevages traditionnels sont généralement des élevages naisseurs. Ils fournissent à la fois des reproducteurs, des animaux de trait, des animaux destinés premièrement à l’engraissement et secondairement à la production du lait. Les animaux sont de races locales et le lait produit est majoritairement autoconsommé. Les exploitations sont situées dans les zones à faible densité humaine, éloignées des centres de 11
consommation. C’est le système le plus répandu à l’échelle nationale et il comprend deux types caractéristiques : le type transhumant et le type sédentaire (MRA, 2000). Environ 12 % des bovins, 3,4 % des ovins et 2,5 % des caprins sont concernés par le type transhumant tandis que le mode sédentaire agropastoral implique l’essentiel des effectifs du système extensif, soit 74,6 % des bovins, 82,8 % des ovins et 87.2 % des caprins (MRA, 2004). II.2.1.1. Type transhumant (ou pastoral) Le système d’élevage transhumant se caractérise par des mouvements cycliques de déplacements de la majeure partie des troupeaux suivant les itinéraires bien déterminés à la recherche des pâturages et des points d’eau d’abreuvement. Les troupeaux en déplacement sont généralement en nombre élevé et les animaux ne produisent que très faiblement. Le lait sert généralement à l’autoconsommation. Les actions de protection sanitaire sont rares et limitées généralement aux opérations de vaccinations contre quelques maladies infectieuses. II.2.1.2. Type sédentaire ou agro-pastoral Dans le système traditionnel de type agro-pastoral, il s’agit soit d’un élevage sédentaire extensif, soit d’un élevage intégré à la production végétale vivrière. Dans les deux cas, les animaux appartiennent à des agriculteurs ou à des éleveurs et sont maintenus à distance des cultures pendant la saison pluvieuse sous la conduite d’un berger ou d’un bouvier. En saison sèche, les animaux sont laissés en divagation sur le terroir pour fertiliser les champs de cultures par leurs déjections et exploiter les résidus de récoltes (tiges de graminées, fanes de légumineuses). Dans ces élevages, les animaux bénéficient d’un complément alimentaire (sous–produits agricoles) et des fourrages fauchés et stockés. Le nombre pratiquant cet élevage est estimé à 3 624 366 éleveurs, soit 30% de la population totale du pays (MRA, 2004). Les systèmes d’élevage extensif sont confrontés à l’insécurité foncière endémique et grandissante. Les risques de conflits sont permanents entre les éleveurs et les autres
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utilisateurs des ressources naturelles, quand bien même on note une relative régression du nombre d’affrontements parfois meurtriers. II.2.2. Systèmes d’élevages améliorés Il s’agit de systèmes d’élevage où les producteurs (opérateurs économiques, agro– pasteurs, fonctionnaires, retraités etc.) investissent des moyens plus conséquents en infrastructures, en équipements et, en intrants. Cela permet aux animaux de mieux extérioriser leurs potentialités. Les acteurs impliqués dans ce système d'élevage sont orientés vers la réalisation de profit avec une tendance à la spécialisation. Ils sont situés autour des centres urbains des différentes régions du pays avec une grande concentration autour des villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Ces systèmes d’élevage périurbains se sont développés pour répondre aux besoins partiels de la demande des villes en produits animaux (surtout le lait et la viande). On y distingue deux grands types : le type semi-intensif et le type intensif. II.2.2.1. Type semi- intensif Le système d’élevage semi-intensif se caractérise en général par l’élevage des animaux de races locales (bovins, ovins et caprins) avec toutefois une tendance à l’amélioration génétique à travers des croisements avec des races exotiques. Ces types d’élevage sont le fait de nouveaux acteurs (commerçants, bouchers, fonctionnaires, retraités et travailleurs salariés du privé) reconnus comme étant les principaux promoteurs. Les activités spéculatives telles que l’embouche (de bovins et de petits ruminants) et la production laitière sont les plus développées. C'est un système qui concerne environ 12 %, 12 % et 8 % respectivement pour les bovins, les ovins et les caprins (MRA, 2004). Il est caractérisé par l’orientation de la production vers le marché, l’utilisation d’intrants zoo-sanitaires, l’investissement sur l’animal afin de faire le maximum de profit, l’apport de soins particuliers aux animaux comme le déparasitage, en plus des vaccinations obligatoires et l’apport d’une complémentation alimentaire systématique ou saisonnière aux animaux. La localisation de ces exploitations à proximité des centres urbains est en situation favorable pour l’écoulement des produits animaux (lait et animaux sur pied). 13
II.2.2.2. Type intensif ou moderne Le système d’élevage intensif se caractérise par un haut niveau d’investissement en infrastructures d’élevage et se développe autour des grands centres urbains (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso surtout). Seuls quelques acteurs privilégiés (commerçants, fonctionnaires et exportateurs de bétail) le pratiquent ou encore l’Etat et certaines Organisation Non Gouvernementale (ONG) dans le souci de le vulgariser. Ce type d’élevage s’intéresse beaucoup aux bovins de races améliorées pour la production laitière. Des croisements entre les races locales et des races d’origines africaines, européennes, latino-américaines ou asiatiques y sont réalisés. Il se caractérise par une utilisation plus importante d'intrants alimentaires et vétérinaires, une conduite raisonnée de l'alimentation, une politique efficace de production, de récolte et conservation des fourrages, ainsi que par un travail plus ou moins organisé en matière d'amélioration génétique des troupeaux présents (MRA, 2006). Les productions sont maintenues toute l’année grâce à la planification de l’alimentation, de la santé et de la reproduction. III. Importance de l’élevage des ruminants au Burkina Faso Au Burkina Faso, les ruminants (bovins, ovins caprins), occupent numériquement une place importante. Selon les statistiques du Ministère des Ressources Animales (tableau II), l’effectif du cheptel ruminant est passé d’environ 24,7 millions de têtes en 2004 à environ 27,5 millions de têtes en 2008 (MRA., 2008). Les taux de croit appliqués aux ruminants sont de 2% pour les bovins et de 3% les ovins et les caprins (MRA, 2007).
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Tableau II: Evolution des effectifs et taux de croît des ruminants au Burkina entre 2004, 2008, 2010 et 2012 Effectifs Espèces 2004
2008
Bovins
7 458 000
8 072 420
Ovins
6 904 000
7 770 083
Caprins
10 337 000
11 633 992
2010 8 398 499
2012
Taux de croit
8 738 000
2%
8 243 238
8 745 000
3%
12 342 454
13 094 000
3%
Source : (MRA, 2012) III.1. Importance sociale Au plan national, les résultats de l’enquête sur l’effectif du cheptel ont révélé que le pays compte 3 624 366 éleveurs soit 30% de la population générale. L’élevage est l’activité principale ou secondaire de cette population qui se compose de 61% d’hommes et de 39% de femmes (MRA, 2004). Une proportion de 92% de cette population vit en milieu rural contre 8% en milieu urbain. Au niveau de ces éleveurs, les fonctions traditionnelles de l’élevage des ruminants sont extrêmement importantes. Ce sont entre autres : -
sécurité économique mais également une marque de prestige chez les éleveurs de tradition (Lhoste et al., 1993) ;
-
rapprochement social entre les communautés, excepté les cas de conflits fonciers entre agriculteurs et éleveurs ;
-
valeur symbolique de référence entre les groupes socioprofessionnels, les classes sociales et aussi dans les relations sociales ;
-
objets cérémoniaux de culte pour les us et coutumes, d’alimentation en viande et en lait pour les populations urbaines et rurales. Les statistiques relatives aux volumes des abattages contrôlés de 2008 font états d’une production estimée à 15
environ 56 873 tonnes de viandes de ruminants (MRA, 2008) et celles sur les quantités de lait produites en 2008 à environ 1 498 457 litres (MRA, 2008). III.2. Importance économique Au plan économique, l’élevage des ruminants contribue considérablement au développement économique du pays. Pour l’année 2008, l’exportation des ruminants sur pieds a concerné 1 361 824 têtes d'animaux. Ce qui représente un équivalent de 10 335 834 250 F CFA de recettes pour le pays (MRA, 2008). La part des produits animaux, y compris les cuirs et peaux, dans le volume des exportations est d’environ 26% (MRA, 2001). Cette activité du secteur primaire contribue pour plus de 18% (12% pour les animaux sur pied et 6 % pour les cuirs et peaux) au PIB (MRA, 2009). Elle génère un niveau macroéconomique des revenus monétaires substantiels au profit des populations rurales et urbaines pour faire face aux dépenses courantes ou imprévues, comme celles occasionnées par les maladies ou les décès. Selon les résultats des enquêtes réalisées par le Ministère des Ressources Animales, l’élevage des ruminants est caractérisé de plus en plus par une exploitation commerciale croissante transfrontalière des animaux sur pieds (MRA, 2008). Malgré cette importance l’élevage des ruminants reste encore confronté à divers facteurs qui constituent des contraintes à son développement. IV. Contraintes de l’élevage des ruminants Les contraintes de l’élevage des ruminants sont multiples. Les plus importantes sont l’insécurité foncière, la faible capacité technique des éleveurs, la santé et l’alimentation des animaux (MRA, 2000). IV.1. Contraintes d’ordre foncier L’insécurité foncière dans laquelle évoluent les éleveurs est l’une des plus importantes. Elle se traduit par : -
une progression spatiale du front agricole à un rythme annuel de 3% au moins (en particulier dans les bas-fonds), privant ainsi les troupeaux de pâturages ou de voies d’accès à ceux-ci (MRA, 2000) ; 16
-
une occupation anarchique des couloirs d’accès aux points d’eau, des pistes à bétails et aux parcs de vaccination rendant très difficile le déplacement des animaux ;
-
des conflits plus nombreux et toujours violents entre les éleveurs et les autres utilisateurs des ressources naturelles (MRA, 2000).
C’est dire combien cette insécurité foncière constitue un véritable handicap à la pratique et à l’investissement dans le secteur de l’élevage. En outre elle affecte négativement la gestion des ressources naturelles. IV.2. Contraintes d’ordre technique Les contraintes d’ordre technique se résument au faible niveau d’équipement et de son utilisation, mais aussi en termes de faibles connaissances des acteurs. Il y a aussi la faible productivité des troupeaux, liée à l’insuffisance des actions d’amélioration des races. Cette catégorie de contraintes pourrait en partie s’expliquer par la faiblesse relative de la recherche zootechnique et vétérinaire, ainsi que par une insuffisance en matière de transfert technologique (programme d’alimentation, insémination) et de vulgarisation (MRA, 2003). IV.3. Contraintes d’ordre alimentaire Les fourragers naturels des pâturages constituent la base de l’alimentation des herbivores domestiques et notamment les ruminants. La faible productivité des pâturages naturels, l’insuffisance des aménagements pastoraux (des quantités d’eau disponibles) et l’accélération du processus de désertification constituent des contraintes qui dégradent les conditions d’alimentation et d’abreuvement des animaux. Cela est particulièrement observé en zone périurbaine où la pression démographique et la demande croissante des produits vivriers sont élevées et entrainent par conséquent une réduction de superficies dans les zones pastorales (MRA, 2000). De plus, les sousproduits agro-industriels sont hors de prix et même souvent indisponibles pour les producteurs. Pour pallier à cette situation, la majorité de nos systèmes d’élevage actuels utilise les ressources naturelles existantes (pâturages herbacés et ligneux, et l’eau de surface) pour alimenter et abreuver leurs animaux. Or, la disponibilité de ces 17
ressources est très corrélée aux facteurs climatiques, notamment à la pluviométrie qui de plus en plus ne cesse d'être déficitaire. Cette situation naturelle entraine de réelles difficultés pendant une bonne partie de l’année, surtout en saison sèche, (9 mois sur 12) du fait des effets des changements climatiques (MRA, 2003). IV.4. Contraintes d’ordre sanitaire Malgré les efforts considérables déployés en matière de lutte contre les épizooties, la situation nationale reste marquée par la persistance de plusieurs maladies infectieuses et parasitaires gastro-intestinales et ectoparasitoses dans quasiment tous les élevages. Parmi, les maladies infectieuses les plus fréquentes on peut citer la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), la fièvre aphteuse, la pasteurellose, la dermatophilose et, la dermatose nodulaire cutanée des bovins (DNCB) (Doulkoum et Paré, 2003). Ces affections sont en grande partie responsables de la faible productivité animale. A ces pathologies, s’ajoutent certaines zoonoses majeures (tuberculose et brucellose) dont l’incidence économique et hygiénique n’est plus à démontrer sans oublier qu'elles constituent une contrainte majeure à l’amélioration génétique et à l’intensification de la production laitière. Les tiques, ces parasites minuscules lorsqu'ils se fixent dans la peau des mammifères en particulier des ruminants causent de nombreux dégâts directs. Outre ces dégâts directs, ces parasites transmettent des maladies qui déciment les troupeaux. Les pertes que ces pathologies entraînent sont très importantes pour les animaux (Commission Européenne, 2005). Afin de mieux comprendre ces ectoparasites nous aborderons dans le chapitre 2 les généralités sur les tiques.
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Chapitre II : Généralités sur les tiques des ruminants I. Taxonomie et morphologie Les tiques sont des parasites appartenant à l’embranchement des Arthropoda, au sousembranchement des Chelicerata, à la classe des Arachnida, à la sous-classe des Acarida, au superordre des Aractinotrichoïda et à l’ordre des Ixodida. Dans l’ordre des Ixodida, il y a le sous-ordre des Ixodina et le sous-ordre des Argasina (Murray, 1877). Le sous ordre des Ixodina qui renferme particulièrement toutes les tiques pathogènes des ruminants, est divisé en deux superfamilles dont la superfamille des Ixodoidea et celle des Nuttallielloidea. La superfamille des Ixodoidea comprend deux familles : les Ixodidae et des Amblyommidae (Banks, 1907). En Afrique tropicale, les principales tiques parasites des ruminants appartiennent à la famille des Amblyommidae qui comporte 13 genres bien individualisés (Banks, 1907). II. Morphologie générale des tiques Les Acariens se distinguent des autres Arachnides par certaines caractéristiques: la présence d’un corps globuleux, sans limite nette entre la partie antérieure et la partie postérieure, mais la différentiation d’un capitulum antérieur d’avec le reste du corps est marquée ; l’absence de poumons ; la présence de six paires d’appendices chez l’adulte et la nymphe : 2 chélicères, 2 palpes et 4 paires d’appendices locomoteurs. Les tiques se distinguent des autres acariens par leur morphologie et leur biologie. En effet, elles ont une plus grande taille et présentent un rostre. Leur cuticule est souple (surtout chez les femelles) et peut s’étendre en surface et en épaisseur lors de la réplétion (Rodhain et Perez, 1985).
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II.1. Morphologie externe II.1.1. Femelle La femelle à jeun possède un capitulum (antérieur et terminal) qui présente une base cylindrique ou polyédrique très sclérifiée avec une forme variable (triangulaire, rectangulaire, trapézoïdale, pentagonale ou hexagonale) en vue dorsale. Sur cette base, s’insèrent : un hypostome ou rostre au centre, qui est l’organe piqueur et qui porte des fils longitudinaux de denticules rétrogrades dont le nombre a une importance dans la systématique des Boophilus (Rodhain et Perez, 1985); une paire de chélicères avec un doigt interne fixe et un doigt externe mobile servant à inciser le tégument et à permettre la pénétration de l’hypostome, une paire de palpes latéraux à quatre éléments séparés mais non articulés, mobiles à leur base, à terminaison sensorielle tactile (Rodhain et Perez, 1985). II.1.1.1. Vue dorsale La tique présente : un scutum, partie dure fortement sclérifiée, pentagonale en cœur ou en losange avec sur le bord latéral des yeux quand ils existent ; le reste du tégument dorsal comporte des sillons longitudinaux et des rides transversales qui permettent son extension. Postérieurement, les plis dessinent des festons (Rodhain et Perez, 1985). II.1.1.2. Vue ventrale La tique présente : quatre paires de hanches sclérifiées, situées latéralement et antérieurement sur lesquelles sont insérées les pattes (cinq articles) terminées par une ventouse et deux griffes (Perez-Eid, 2007).
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Les hanches particulièrement intéressantes pour la diagnose sont les hanches I, qui portent ou non des épines de taille et de longueurs différentes suivant les genres et les espèces, et parfois un prolongement antérieur plus ou moins développé ; deux plaques stigmatiques (péritrème) latérales dans l’alignement des hanches, rondes ou ovales chez les femelles, généralement en virgule chez les mâles ; un pore génital ou gonopore situé entre les hanches et qui représente une ouverture elliptique dont la structure intervient dans la diagnose de certaines espèces ; un anus ou uropore situé postérieurement et limité par un sillon anal ; des sillons longitudinaux sur l’ensemble du tégument qui est souple (Chermette et al., 2010). II.1.2. Mâle Il diffère de la femelle sur plusieurs points. Il s’agit de: sa structure : toute la face dorsale de l’idiosoma est recouverte d’un scutum épais et rigide portant des ponctuations ou non. Le tégument ventral présente parfois des épaississements en plaques paires, la conséquence en est que le mâle change peu de volume au cours du repas (Rodhain et Perez, 1985). ses proportions : le capitulum est plus ramassé, les aires poreuses sont absentes et le dimorphisme sexuel est net surtout chez les Boophilus. II.1.3. Nymphe La morphologie de la nymphe est semblable à celle de la femelle, mais sa taille est inférieure (1 à 2,5 mm). Elle est dépourvue de pore génital et d’aires poreuses sur le capitulum. En plus, elle a une couleur unie (Camicas et al., 1998). II.1.4. Larve La morphologie de la larve est bâtie sur le même type que la nymphe. Elle ne possède que trois paires de pattes, une très petite taille (0,5 à 1 mm à jeun) et ne possède pas de stigmates (Chartier et al., 2000).
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II.2. Morphologie interne La morphologie interne de la tique présente : un tube digestif constitué d’un pharynx aspirant pourvu de muscles puissants, d’un œsophage et d’un estomac à nombreux caeca antérieurs et postérieurs qui gonflent pendant le repas. Il est en rapport avec le sac rectal par un court petit intestin. Les sphérules noires d’hématine qui sont les résidus de la digestion intracellulaire du repas sanguin, s’accumulent dans le sac rectal. L’excrétion de la guanine sous la forme de sphérules blanches, est assurée par deux tubes de Malpighi se réunissant dans le sac rectal qui s’ouvre dans le rectum ou intestin postérieur qui débouche à l’anus (ou uropore) Perez-Eid (2007). des glandes salivaires constituées d’acini de plusieurs types ; elles secrètent une salive contenant un cément liquide qui se solidifie assez vite et constitue avec l’hypostome et les chélicères, le système de fixation de la tique sur son hôte (Chartier et al., 2000). La salive contient aussi des enzymes, des toxines, de l’histamine et des anticoagulants. Les glandes salivaires abritent les protozoaires transmis aux animaux par la tique. une respiration qui s’effectue par des trachées qui débouchent au niveau des plaques stigmatiques; des gonades, paires à l’origine, se réunissant par la suite en un massif unique dans la partie postérieure du corps, d’où partent les canaux d’élimination, qui s’assemblent antérieurement avant de déboucher en un conduit unique par le pore génital; une circulation qui est assurée par un cœur dorsal pulsatile; un système nerveux constitué par un ganglion céphalique traversé par l’œsophage (Chartier et al., 2000). III. Biologie L’évolution zoologique et l’adaptation parasitaire des Ixodida sont poussées. La biologie particulière est différente d’une espèce à l’autre. Une description sommaire de leur cycle biologique est utile pour comprendre et classer les types évolutifs.
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Le cycle évolutif débute par l’œuf qui éclot pour donner la larve. Celle-ci se transforme d’abord en nymphe avant de prendre la forme adulte de la tique (Perez-Eid 2007). III.1. Œuf La ponte de l’œuf se fait au sol après l’accouplement qui a lieu sur l’hôte. Habituellement, la femelle pond en des endroits abrités (sous une pierre, dans la litière végétale, dans les crevasses du sol). Le nombre d’œufs varie avec l’espèce, sa taille et l’importance du repas (de 400 à 22 500 œufs). Le temps d’incubation varie avec l’espèce, la température ambiante, un défaut d’humidité, une variation brusque de température peut tuer les œufs. En hiver tempéré, les œufs sont au repos. En général, ce temps dure de 20 à 50 jours. L’œuf éclot et donne naissance à la larve (Perez-Eid, 2007). III.2. Larve A la naissance, elle est gonflée et molle. Elle durcit en quelques jours et se met activement à la recherche d’un hôte, pratiquant soit l’affût sur une herbe, soit la recherche active par déplacement. Une fois que l’hôte est trouvé, son repas dure 3 à 12 jours suivant l’espèce et les conditions. Elle augmente considérablement de volume. Le repas terminé, elle tombe au sol, cherche un abri et y effectue sa pupaison (métamorphose complète), qui durera 2 à 8 semaines suivant les conditions atmosphériques. Il en sort une nymphe (Camicas et al., 1998). III.3. Nymphe A l’instar de la larve, la nymphe met quelques jours à durcir ; dès lors ses activités sont semblables au stade précédent pour ce qui est des déplacements, de l’hôte et de la durée du repas. C’est alors qu’elle subit une deuxième métamorphose au sol pour donner la tique adulte. La différence de taille chez les adultes sera due aux conditions favorables ou non qu’auront trouvées la nymphe et la larve (Chartier et al., 2000).
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III.4. Adultes Après un temps de durcissement et de repos, ils se mettent à la recherche d’un troisième hôte. La durée du repas sanguin est plus longue, mais elle dépend également de la température et de l’humidité. L’accouplement a lieu pendant le repas, parfois au niveau du sol, mais le plus souvent sur l’hôte. La femelle fécondée et gorgée se détache et pond. Le mâle reste fixé sur l’hôte longtemps après le départ de la femelle et il peut être transporté d’une région à l’autre lors des transhumances (Perez-Eid, 2007). III.5. Cycle de vie des tiques Le cycle évolutif d’une tique varie avec le genre, l’espèce et le milieu ambiant. La nature des rapports hôte parasite est précise ; ce sont des parasites obligatoires mais temporaires (Morel, 1969). Leur cycle de vie est caractérisé par les phases de vie sur l’hôte alternées de phases de vie libre dans la nature. Les phases de vie des tiques sur l’hôte (phase de parasitisme) sont souvent longues et matérialisées par des repas de sang grâce à leur rostre. La mort survient après l’accouplement pour le mâle, et après la ponte pour la femelle (Matzigkeit, 1997). Le développement de la tique se fait en quatre stades évolutifs et différenciés que sont l’œuf, la larve, la nymphe et l’adulte ; chez ce dernier, le dimorphisme sexuel est très marqué (figure 2).
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Figure 2: Cycle de reproduction de la tique (Matzigkeit, 1997). A chacun de ces stades évolutifs, la tique peut changer d’hôtes au cours de son cycle de vie. C’est ainsi qu’en fonction de l’espèce de tique, le cycle est dit triphasique (trois phases parasitaires), diphasique (deux phases parasitaires) et monophasique (une phase parasitaire) (Matzigkeit., 1997). III.5.1. Cycle de vie à trois hôtes Dans le cycle primitif décrit comme exemple, la recherche de l’hôte intervient par trois fois pour accomplir trois repas de sang séparés de temps libres plus ou moins longs (figure 3). Il s’agit par définition de tiques à cycle triphasique ; tel est le cas de la majorité des tiques et en particulier Amblyomma variegatum.
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Figure 3: Cycle de vie a trois hôtes (Madder, 2005) III.5.2. Cycle de vie à deux hôtes Dans ce cycle par contre, certaines tiques ont évolué dans le sens d’une réduction des phases, par suppression de la nécessité de chute au sol pour effectuer la pupaison larvaire ou diminuer les risques de destruction dans le milieu extérieur. On distingue à cet effet : le cycle diphasique (figure 4) où les trois stades du parasite évoluent sur deux hôtes différents; la larve et la nymphe se gorgent sur un même animal et l’adulte sur un autre : c’est le cas du Rhipicephalus bursa.
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Figure 4: Cycle de vie à deux hôtes (Madder, 2005) III.5.3. Cycle de vie à un hôte Dans ce cycle les trois phases de vie de la tique s’effectuent sur le même animal. On distingue à cet effet : le cycle monophasique (figure 5). C’est le cas du Boophilus.
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Figure 5: Cycle de vie à un hôte (Madder, 2005) Concernant le choix de l’hôte, certains parasites font preuve d’une grande spécificité tandis que d’autres le font beaucoup moins. Suivant la similitude ou la différence des tropismes manifestés par les tiques à leurs divers stades, on peut distinguer trois types de tiques : les tiques monotropes : la larve, la nymphe et l’adulte recherchent le même type d’hôte ; les tiques ditropes : les immatures (larve et nymphe) se gorgent sur les petits mammifères, les oiseaux, les reptiles tandis que les adultes se nourrissent sur les grands mammifères ; 28
les tiques téletropes : les immatures se gorgent sur tous les vertébrés terrestres disponibles, et les adultes sur les grands mammifères uniquement (Morel, 1969). Sur l’hôte, la situation de la tique est liée aux facultés de pénétration de l’hypostome. Ainsi, les espèces à rostre court (brévirostres) se fixent généralement sur la tête (intérieur du cornet articulaire, chignon) sur les marges de l’anus, au tourpillon de la queue. Les espèces à rostre long (longirostres) se fixent sur les parties déclives (fanon, ars, aine, mamelles, testicules, périnée). Les formes de petite taille (Boophilus à tous les stades, larves et nymphes d’Amblyomma) n’ont pas de préférence marquée et peuvent se trouver sur toute la surface du corps (Morel, 1969). IV. Pathogénie D’une manière générale, les actions pathogènes des tiques peuvent se résumer en action pathogène directe et indirecte (MRA, 2006). IV.1. Action pathogène direct L’action pathogène directe des tiques peut se résumer comme suit : un rôle pathogène direct lié à leur présence sur la peau de l’hôte et qui se traduit par des lésions locales, une perte de sang, mais aussi par l’effet de toxines injectées. En effet, la fixation des tiques est assurée par la pénétration dans l'épiderme de l'hypostome et des chélicères. A l'action mécanique de ces organes, s'ajoute l'action de la salive produite par la tique dès le début de cette pénétration. La salive permet la digestion des tissus et a également un rôle anesthésiant local, ce qui explique que la pénétration du rostre n'est généralement pas douloureuse. Le repas se déroule par aspiration du sang et des débris accumulés dans une poche constituée, autour du rostre, par la digestion des vaisseaux sanguins et lymphatiques. Le gorgement, lent au début, s'accélère ensuite, la femelle doublant de volume lors des dernières heures de fixation.
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Cette prise de sang élevée est suivie très souvent chez l’hôte d’une dégradation considérable de l’état général favorisant les autres parasitoses, ainsi que d’éventuelles complications bactériennes, des pertes de poids liées à une diminution de la consommation alimentaire (chute du Gain Moyen Quotidien (GMQ), amaigrissement induisant une baisse de la fertilité et des performances zootechniques (Starchurski et al., 1988) et parfois la mort brutale. Autour de l'hypostome, la tique constitue un manchon hyalin, produit par des sécrétions salivaires particulières, qui assurent une fixation solide à l’ origine des lésions cutanées observées au niveau des animaux. En plus, la pénétration de l'hypostome provoque également des réactions inflammatoires locales chez l'hôte. Celles-ci sont d'autant plus violentes que l'animal est résistant aux tiques. On observe de l'œdème, de la nécrose, des dégénérescences cellulaires. Cela peut provoquer une impossibilité de gorgement ou même un rejet de la tique. IV.2. Action pathogène indirecte Un rôle pathogène indirect qui se traduit par la transmission d’agents pathogènes (tableau III). Dans ce cas, les tiques véhiculent et inoculent des organismes microbiens et parasitaires variés. Les longs rapports trophiques qu’entretiennent les tiques avec leurs hôtes les prédisposent à la transmission d’agents pathogènes divers, soit entre vertébrés de la même espèce (protozoaires), soit entre divers mammifères comme les herbivores, les carnivores, rongeurs (rickettsie, ultravirus), soit entre mammifères et oiseaux (ultravirus).
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Tableau III: Principales maladies transmises par les tiques aux ruminants (CIRDES, 2011) Ectoparasites
Tiques
Maladies
Parasites en cause
Cowdriose
Cowdria ruminantium
Ehrlichiose
Ehrlichia ovina
Babésiose
Babesia ovis
Piroplasmose
Piroplasma motasi
Theilériose
Theileria mutans, Theileria velifera
Dermatophilose
Dermatophilus congolensis
Anaplasmose
Anaplama marginale
phagocytophila.
Ehrlichia
Il est à noter que certaines tiques ont un pouvoir pathogène particulier dû à des toxines présentes dans la salive et dont l'action se fait sentir sur l'organisme entier en plus de la zone de fixation. Ces toxines induisent des paralysies (genres Ixodes, Rhipicephalus et Haemaphysalis) une dishydrose ou des eczémas (sweating sickness) dus à Hyalomma truncatum. Pour pallier ces maladies, les éleveurs des milieux ruraux pratiquent concomitamment la médecine moderne et la médecine traditionnelle pour soigner les animaux malades (Tamboura et al., 1998). V. Méthodes de lutte La méthode de lutte contre les tiques des ruminants a longtemps été basée sur l’utilisation de produits chimiques antiparasitaires pour améliorer le bien-être de l’animal. Outre leur effet néfaste sur l’environnement et la santé humaine, l’usage massif des molécules a entrainé l’apparition de résistances chez les tiques, obligeant à rechercher sans cesse de nouveaux principes actifs. Ce fait a conduit à la mise en place d’une nouvelle approche dite intégrée qui ne cherche plus à éradiquer complètement les ectoparasites, mais plutôt à maitriser leurs actions. La stratégie consiste à associer plusieurs méthodes de lutte curatives, mais aussi et surtout préventives (ex : 31
développer la résistance de l’hôte en agissant sur les conditions d’élevage). Ce qui suppose une bonne connaissance des tiques et de leur biologie, une surveillance efficace des actions qu’elles induisent et une grande attention sur l’environnement d’élevage. Au Burkina Faso, la lutte contre les ectoparasites repose essentiellement sur : -
l’usage des acaricides de synthèse dans les élevages semi-intensifs et dans quelques élevages agropastoraux. Cependant, on assiste rarement dans ces élevages à l’application systématique de mesures d’hygiène (désinfection des locaux et du matériel d’élevage) en vue de minimiser la pression parasitaire et le risque de développement des maladies ;
-
la phytothérapie par l'utilisation des plantes naturelles médicinales à effet antiparasitaire chez les animaux domestiques en milieu rural car elle est moins coûteuse et est à la portée des éleveurs généralement à faibles revenus (Kaboré et al., 2012).
Par ailleurs, les principaux acaricides commercialisés dans la zone d’étude sont consignés dans le tableau IV. Ce tableau montre que les acaricides tels que la Deltaméthrine, l’Ivermectine, l’Amitraz et l’Alphacypermétrine sont principalement commercialisés dans la zone d’étude par des grossistes privées (SODIVET, FASOVET, AFI – MED, CIVA – B et SOPHAVET). La fréquence d’utilisation de ces acaricides varie d’un éleveur à l’autre. Cependant, nous avons noté que la Deltaméthrine était la molécule la plus utilisée et la molécule la moins utilisée était l’Ivermectine.
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Tableau IV: Principaux acaricides commercialisés dans la zone de l’étude et leur fréquence d’utilisation
Grossistes privés
SODIVET
Produits utilisés
Fréquence d’utilisation
Deltaméthrine (VECTOCIDND)
+++
Alphacypermétrine
++
(DOMINEXND)
+
Ivermectine (IVOMEC-DND) FASOVET
Deltaméthrine (VECTOCIDND) Amitraz
(ABOTIKND,
+++ ++
CYPERTRAZND)
+
Ivermectine (IVOMEC-DND)
-
Ivermectine 1% AFI-MED
CIVA-B
Deltaméthrine (VECTOCIDND)
++
Amitraz (ABOTIKND)
+
Ivermectine (IVOMEC-DND)
-
Deltaméthrine (VECTOCIDND)
++
Ivermectine (IVOMEC-DND)
+
Amitraz (ABOTIKND)
-
SOPHAVET
Deltaméthrine (VECTOCIDND)
++
(détaillant)
Amitraz (ABOTIKND)
+
Ivermectine 1%
-
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De nombreuses plantes de la pharmacopée vétérinaire sont utilisées dans la lutte contre les ectoparasites au Burkina Faso (Kaboré et al., 2012). Parmi cette gamme de plantes médicinales, cinq ont fait l’objet de nos investigations. Il s’agit de Nicotiana tabacum, Azadirachta indica, Bridelia micrantha, Adenium obesum, et Cassia nigricans, dont nous proposons une description.
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Chapitre III : Description des cinq plantes médicinales étudiées Dans le cadre de la présente étude, nous nous sommes intéressés à cinq plantes communément utilisées par les éleveurs ruraux dans la zone sahélienne du Burkina Faso pour le contrôle des ectoparasites: Nicotiana tabacum, Azadirachta indica, Bridelia micrantha, Adenium obesum, et Cassia nigricans, (Kaboré et al. 2012). I. Nicotiana tabacum I.1. Caractéristiques botaniques Nicotiana tabacum appartient à la famille des Solanacées Nom usuel Tabac, grand tabac ou herbe à Nicot Noms vernaculaires Les noms locaux de la plante sont tabak en Haïti, tabaco en pays hispanophones et le tabac au Burkina Faso I.2. Description botanique Nicotiana tabacum est une plante herbacée, robuste, de 50 cm à 1,5 mètre de haut. La racine du type pivotante, est longue et fibreuse. La tige dressée, de section circulaire, pubescente et visqueuse au toucher, se ramifie surtout prés de son extrémité supérieure. Les feuilles nombreuses, entières, grandes (de 30 à 60 cm de long sur 10 à 20 cm de large), fragiles, sont alternes, sessiles, un peu décurrentes, de forme ovale à lancéolée, à pointe aigüe et de couleur vert pâle. Au toucher, elles sont visqueuses comme la tige. Elles exhalent une odeur légèrement âcre et narcotique, due à la nicotine, un alcaloïde volatil de saveur agressive et d'odeur intense. Les fleurs sont vert-jaunâtre, blanches ou rosées selon la variété, avec un calice réduit de 1 à 2 cm et une corolle pubescente, à cinq lobes ovales, atteignant 5 cm de long. C'est l'extrémité de la corolle qui est coloré, le tube restant toujours verdâtre. Elles sont groupées en panicules lâches.
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L'ovaire est glabre. La plante est hermaphrodite, chaque pied portant des fleurs des deux sexes. La pollinisation, entomophile, est assurée principalement par des hyménoptères et des lépidoptères. Elles apparaissent au début de l'été. Le fruit, qui se forme jusqu'en octobre, est une capsule ovoïde à déhiscence septicide, de 1,5 cm de long. Il renferme de nombreuses petites graines. Toutes les parties de la plante contiennent de la nicotine, principalement alcaloïde (pyridyl-méthylpyrolidine). La teneur en nicotine très faible dans la jeune plante atteint son maximum au moment de la formation des graines, celle des feuilles séchées varie entre 0,5 et 9% (Longuefosse J-L. et al., 1989). I.3. Répartition géographique Originaire d’Amérique du Sud, Nicotiana tabacum a été introduite en Amérique centrale et au Mexique aux temps précolombiens (Longuefosse J-L. et al., 1989). I.4. Données chimiques La feuille est riche en alcaloïdes dont les principaux sont la nicotine (de 2 à 10%), la nor-nicotine, la N-formil et N-acétil-nor-nicotine, l’anabasine et l’anatabine et leurs dérivés N-méthylés et la tyramine. Elle contient également des acides organiques (malique et citrique), des acides phénoliques (chlorogénique, quinique et nicotinique), des flavonoïdes (le rutoside principalement), des bases volatiles, des traces de coumarines et de l’huile essentielle, de nombreux enzymes (Grunweller et al., 1990). I.5. Utilisations Le tabac était utilisé comme vermifuge et parasiticide et les jus nicotinés servaient d’insecticide en agriculture, ces usages ont été abandonnés du fait de leur grande toxicité. Les feuilles sont très employées dans le bassin caraïbe (antalgique, antispasmodique, antimigraineux). Poison des flèches au Nigeria, de pèche au ViêtNam, certains guérisseurs de la Cote d’Ivoire utilisent le jus de tabac en application répétées sur l’orifice de ponte du ver de Guinée. Il est utilisé au Mexique pour ses propriétés hallucinogènes (Longuefosse et al., 1989). La figure 6 représente un pied de Nicotiana tabacum. 36
Figure 6: Pied de Nicotiana tabacum II. Azadirachta indica A. juss. (1830) II.1. Caractéristiques botaniques Azadirachta indica est une plante arborescente de la famille des Meliaceae. Synonymes Antelaea azadirachta ou Melia azadirachta Nom usuel Son nom usuel est le « Neem » (Sacandé et al 2012). Noms vernaculaires Les noms locaux de la plante sont « Neem » en mooré, « sa furani » en bambara et dioula (Sacandé et al 2012).
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II.2. Description botanique Le Neem (Azadirachta indica) est normalement un arbre à feuillage persistant avec une cime arrondie mais qui perd ses feuilles en cas de forte sécheresse. C’est un arbre de taille moyenne atteignant 8 à 15 mètres de hauteur et pouvant dépasser 20 mètres dans des conditions favorables (C.T.F.T, 1988). Azadirachta indica est un arbre à tronc très souvent droit d’un diamètre de 30 à 80 centimètres, cylindrique, robuste avec des écorces gris, brun-foncé, crevassées et à tranches rouges bruns. La couronne est ronde ou ovale et ample en général. Les feuilles sont alternes, imparipennées parfois paripennées par avortement de la foliole terminale. Le rachis de 25 à 30 centimètres de long porte 5 à 7 paires de folioles opposées, dentées, glabres de couleur vert foncé (Daniel, 1990). Les fruits sont très caractéristiques de l’espèce. Ils peuvent servir à eux seuls au diagnostic de l’espèce. Ces fruits sont des drupes, presque cylindriques de 18 millimètres environ de longueur, bacciformes, jaunâtres et odorants à maturité. Ils sont de couleur jaune verdâtre à vert, lisses et en forme d'olive; ils contiennent une pulpe sucrée entourant une graine (Adjanohoun et al., 1980). II.3. Répartition géographique Le Neem est originaire des zones sèches de l’Inde et de Birmanie (Troup, 1921 cité par C.T.F.T., 1988). Il a été introduit dans le continent africain au début du vingtième siècle d’abord dans les colonies anglophones probablement au Nigeria (Dewaulle, 1977), puis en Afrique francophone où il est d’abord introduit par les Français au Sénégal comme arbre d’avenue, de parc et comme arbre d’ombrage dans les villes. Ensuite de Dakar alors capitale de l’Afrique Occidentale Française (A.O.F.), il a été introduit dans toute l’A.O.F. et dans les territoires sous mandat de la société des nations (Cameroun et Togo) (Fortin et al., 1990). Dans la même période, il est introduit à Brazzaville alors capitale de l’Afrique Equatoriale Française (A.E.F.). En réalité, Anglais, Espagnols et Portugais l’ont introduit dans leurs colonies tropicales. Aujourd’hui, on trouve le neem à peu près
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partout dans le monde où le climat est suffisamment chaud (Afrique, Caraïbes, Indonésie, Australie). II.4. Données chimiques Selon Henry (1949), les feuilles contiendraient un alcaloïde libre, la paraisine (Basak et Chakraborty 1968) y a signalé la présence de quercétine et de β-sistostérol et tannins. Dans les feuilles fraîches, Ekong et al., (1968) ont isolé une méliacine qui est une lactone dénommée nimbolide. Les graines fournissent 31% environ d’huile bien jaune, au goût désagréablement âcre, riche en soufre. Les graines contiennent en outre d’autres substances telles que : la salannine, la génunine (une méliacine), l’azadiron, le nimol, la désacétylnimbine, l’azadirachtine. Mitra (1938), après avoir dosé les cendres des fleurs, isole successivement un glycoside, la nimbostérine, le nimbostérol qui est le génol du glycoside, une flavone, la nimbicétine, le nonacosane et une huile essentielle sesquiterpénique puis une fraction huileuse composée principalement d’acides palmitique et oléique avec des petites quantités d’acides stéarique, oléique, linolique, béhémique et arachidique. Selon (Henry, 1949), le fruit contiendrait aussi un alcaloïde, l’azaridine. II.5. Utilisations Le neem est utilisé comme fertilisant, insectifuge et insecticide (Mitra, 1953) ou comme fumier du fait qu’il contient de l’azote, du phosphore et du potassium (Khan, 1952). Malgré le goût amer du tourteau de neem, les animaux s’y habituent vite et sont en bonne santé (Ketkar, 1976). C’est pourquoi, les feuilles de neem sont utilisées pour la nourriture des boeufs et des moutons. Le neem est également utilisé en alimentation de la volaille pour diverses raisons : pour lutter contre le stress thermique (Ingabire, 2008), pour lutter contre certaines maladies notamment parasitaires (coccidiose par exemple) (Dossou, 2008). De nos jours, le neem est utilisé en agriculture pour l’amélioration du sol, les feuilles du neem peuvent être utilisées comme un engrais et un fertilisant vert permettant 39
d’enrichir les sols et de réguler l’humidité du sol. L’usage du neem dans le domaine agricole est d’une efficacité remarquable en qualité d’insecticide. L’huile de neem, obtenue à partir du fruit de l’arbre, est un produit naturel ayant une action extrêmement toxique et non mutagène sur les insectes, mais inoffensive pour les animaux à sang chaud et les hommes (Heal et Rogers, 1950). Des recherches pharmacologiques ont signalé que des extraits des graines possèdent des propriétés antidiabétiques, antibactériennes et antivirales (Daniel et al., 1990). Le neem possède des propriétés anti-inflammatoires qui le rendent efficace dans le traitement des maladies de la peau et des furoncles (Adjanohoun, 1980). Cet arbre possède des propriétés fébrifuges ce qui explique son utilisation dans les fièvres paludiques (Daniel et al., 1990). Les extraits de neem ont des propriétés insecticides. Les extraits des graines de neem renferment un mélange de composés. Parmi ceux-ci, l’azadirachtine serait l’un des bio-insecticides les plus importants (Zongo et al., 1993). La figure 7 présente les feuilles et fruits d’Azadirachta indica
Figure 7: Feuilles et fruits d’Azadirachta indica A. juss. (1830).
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III. Bridelia micrantha (Hochst.) Baill. (1843) III.1. Caractéristiques botaniques Bridelia micrantha appartient à la famille des Euphorbiacées. Synonymes Bridelia stenocarpa Müll.Arg. (1864) Noms vernaculaires Les noms locaux sont « tâasalgo » en Mooré et « sagwan » en Bambara et Dioula (Sacandé et al 2012). III.2. Description botanique Bridelia micrantha est un arbre de taille moyenne 18m, à feuille caduques, assez denses étalées avec des couronnes plutôt rondes. La tige est relativement longue et nue, devenant lisse et pâle ou gris presque noir quand elle vieillit. L’écorce s’écaille, se fend en des endroits, format de petites cavités. Elle est brun noir ou gris. Les feuilles sont simples et arrangées symétriquement et alternativement sur les jeunes brindilles. Leur taille varie énormément et elles ont une texture rugueuse et sont oblongue. Leur surface supérieure est vert-foncée, glacée et lisse. Eventuellement, elles virent au rouge lumineux à brun-rougeâtre. On y note des taches brunes (Sacandé et al 2012). Les fleurs apparaissent en petits groupes axillaires contenant les fleurs mâles et femelles. Les fleurs mâles sont portées par un court pédicule (1-2 mm de longueur), sont triangulaires avec des pétales plus courts que les sépales et ayant 1,5 à 2 mm de longueur. Les fleurs femelles sont sessiles. Quel que soit le sexe, les fleurs sont de très petites tailles, de couleur pâle au jaune-vert. Les fleurs mâles et femelles sont séparées et apparaissent sur le même arbre (Chevalier, 1913), Les fruits apparaissent aussi en groupe, sont sub-ovoides à ellipsoïdes avec environ 8 mm de longueur et 5-8mm de diamètre, et contenant chacun une graine. Leur 41
mésocarpe est épais et leur peau lisse devient noir-ébène quand ils sont mûrs. Le bois est dur et un peu lourd (Sacandé et al 2012). III.3. Répartition géographique L’aire de répartition géographique est l’Afrique tropicale et australe. Cette espèce se trouve en forêt, le long des rivières ou fleuves, au bord des forêts boisées, dans les forêts secondaires, galeries et même en savane. Elle se trouve généralement à une altitude en dessous de 2500m. III.4. Données chimiques Les composés chimiques mis en évidence dans B. micrantha sont constitués de friedeline, taraxerone, epifridelimol, taraxerol (Pegel et Rogers, 1968 ; Kouam et al., 2005). III.5. Utilisations Le bois est utilisé pour la construction, pour les meubles de maison et comme bois de chauffage. Les fruits sont comestibles. B. micrantha est antidiarrhéique et antimicrobien. L’infusion de l’écorce est utilisée pour traiter les maux des yeux, les gastrites, la dysenterie, contre le ténia. Elle est aussi utilisée comme substance tonique. Les racines sont utilisées pour traiter les allergies, la gonorrhée, les maux de têtes, le prolapsus, du rectum. B. micrantha est aussi utilisée dans les mises bas, la douleur de la délivrance, la dystocie (Lin et al., 2002 ; Samie et al., 2005). La figure 8 présente des feuilles de Bridelia micrantha.
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Figure 8: Feuille de Bridelia micrantha (Hochst.) Baill. (1843) IV. Adenium obesum (Forssk.) Roem. et Schult (1819) IV.1. Caractéristiques botaniques Adenium obesum appartient à la famille des Apocynaceaes (Nacoulma, 1996) Synonymes Adenium arabicum Balf.f. , Adenium coetaneum Stapf, Adenium honghel A. DC, Nerium obesum Forsk (Omino, 2002). Nom usuel Baobab des chacals, faux baobab, Adenium obèse, rose du désert, pied d’éléphant. Noms vernaculaires Les noms locaux de la plante sont « zénega » ou « bella » en mooré et « küni » en fulfuldé.
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IV.2. Description botanique C’est un petit arbre ou arbuste atteignant 3 à 4 mètres de hauteur succulent, ressemblant à un petit baobab avec un tronc court et trapu (pied d’éléphant). L’écorce est lisse, brun clair, et exsudant instantanément un abondant latex transparent ou blanc en cas de blessure avec des ramifications vigoureuses ascendantes. Les feuilles sont en rosettes terminales, dressées, sessiles ou subsessiles, obovales ou lancéolées, coriaces, glabres avec le dessus nettement plus foncé ou vert bleuâtre. La floraison de la plante à lieu en première moitié de saison sèche, lorsque l’arbre est défeuillé. Les fleurs sont grandes, d’un rouge éclatant en touffes de trois à cinq. La fructification survient à environ deux mois plus tard. Les fruits sont en paires allongées avec de petites graines munies à leurs deux bouts d’une couronne de poils blanchâtres. La pollinisation se fait par papillons et la reproduction par semis ou par boutures ou greffes (Arbonnier, 2000). IV.3. Répartition géographique Adenium obesum se rencontre dans les savanes herbeuses, arborées arides et dans les régions rocailleuses ou sableuses. Il est présent au Nord du sahel, du Sénégal au Soudan, au Sud jusque dans la zone soudanienne, au Centre et au Nord-est de l’Afrique et en Arabie. On le cultive dans le monde entier pour ses qualités ornementales (Arbonnier 2000). IV.4. Données chimiques Plusieurs groupes chimiques se retrouvent dans les différentes parties de la plante (fleurs et écorces). Il s’agit des anthocyanosides, et des cardenolides que l’on rencontre dans les fleurs ; des saponosides stéroïdes, des cardenolides (honghelosides A à G) avec Oleandrigenols et des digitoxigenols, gitoxigenols comme genines que l’on rencontre dans le latex ; et des hetérosides cardiotoxiques, avec des saponosides que l’on rencontre dans les écorces (Nacoulma, 1996).
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IV.5. Utilisations Les écorces sont utilisées en bains pour traiter les dermatoses et éliminer les poux. Le latex sert en application sur les dents cariées, les plaies septiques et les ulcères. Les racines en décoction, seules ou en association avec d’autres plantes servent à traiter les maladies vénériennes. Elles sont aussi utilisées contre les rhinites (Neuwinger, 2000). Le jus de la racine ou de la tige d’Adenium obesum sert à préparer un poison de flèche pour les appâts de chacals, d’hyènes. La décoction d’écorce et de feuilles est couramment employée comme poison pour la pèche. Des préparations à base d’Adenium sont utilisées comme poison d’épreuve et pour commettre des crimes. Le bois est parfois employé comme combustible (Neuwinger, 1996). On se sert d’Adenium obesum à faible dose pour traiter l’insuffisance cardiaque congestive (ICC) et les problèmes de rythme cardiaque (arythmies atriales) mais à haute dose, elle conduit à l’insuffisance cardiaque systolique et à la mort. (Yamauchi et Abé, 1990). L’extrait à l’éthanol des racines ralentit la croissance de Bacillus subtilis, mais il n’a pas montré d’activité contre Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus ou Candida albicans. (Cepleanu et al, 1994). L’extrait aqueux d’écorces des tiges est un acaricide potentiel qui montre une toxicité élevée sur tous les stades de développement des tiques Amblyomma spp et Boophilus. (Mgbojikwe et al, 2002). La figure 9 présente Adenium obesum
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Figure 9: Adenium obesum Roem. et Schult 1819
V. Cassia nigricans Valh (1790) V.1. Caractéristiques botaniques Cassia nigricans appartient à la famille des Césalpiniacées. Synonymes Chamaecrista nigricans Nom usuel Son nom usuel est la « casse noircissante ». Noms vernaculaires Les noms locaux de la plante sont « zamlukouka » ou « yombayougou » en mooré. V.2. Description botanique C. nigricans est une plante herbacée ou sous-arbrisseau annuel, érigé et atteignant 1,5 m de haut. L’écorce est poilu et de couleur verte et pâle. Les longues feuilles alternes distiques, paripennées sont composées de 10-18 paires de folioles ayant des stipules de 5-8 mm de long. Le pétiole à glande sessile de 2-4 mm de long est rachis cannelé. 46
L’inflorescence est en grappe insérée légèrement au-dessus de l’aisselle des feuilles (3-8 fleurs). Les fleurs sont bisexuées presque régulières (5m) avec un pédicelle de 13mm de long et des sépales aigus, légèrement plus longs que les pétales. Ces derniers ont une forme ovale et de couleur jaune (4,5 mm de long). Ses fruits sont de longues gousses dressées et comprimées (2-4 cm x 0,5 cm) légèrement renflées au-dessus des graines ayant une couleur brune à noire à maturité et s’ouvrant en deux valves minces qui s’enroulent en spirale, finement pubescente, contenant jusqu’à 10 graines. Ses graines se présentent sous formes ovales ou abombiques et lisses (4 mm de long) (Arbonnier, 2000). V.3. Répartition géographique Largement, reparti en Afrique tropicale, Cassia nigricans est également présent en Asie Occidentale et en Inde. Il apparaît dans toutes les régions tropicales et subtropicales comme adventice spontanée et parfois on le trouve même en Australie. C. nigricans privilégie les terrains vagues, les champs, les abords de routes et les sols perturbés. Il est présent aussi dans les savanes herbeuses et boisées, depuis le niveau de la mer jusqu’à 1200 m d’altitude (Arbonnier, 2000). V.4. Utilisations Cassia nigricans a de nombreux usages aussi bien en médecine humaine que vétérinaire. Dans tout l’Est et l’Ouest de l’Afrique, l’infusion des feuilles ou des parties aériennes se prend contre la fièvre et le paludisme, et pour traiter les maux d’estomac, la diarrhée et les vers. En usage externe, l’infusion ou la décoction des feuilles
s’appliquent
sur
les
blessures
et
les
abcès
comme
antiseptique
(Nacoulma/Ouédraogo, 1996). La racine écrasée et mélangée à l’eau est utilisée comme antidiarrhéique. En décoction, elle sert de vermifuge. La décoction de feuilles est un anti-tussif; et en usage externe elle sert à calmer les démangeaisons. Les feuilles écrasées dans l’eau s’appliquent sur les tiques des humains et des chevaux ; broyées dans l’huile de palme, elles s’appliquent en friction sur la tête pour éliminer les poux. Cassia nigricans présente des activités pharmacologiques très intéressantes : les activités anti-ulcères, 47
contraceptives,
et
antibactériennes
sont
particulièrement
prometteuses
(Nacoulma/Ouédraogo, 1996). La figure 10 présente le feuillage de Cassia nigricans.
Figure 10: Feuillage de Cassia nigricans Valh En conclusion, les maladies transmisse par les tiques sont hautement préjudiciables à l’économie de l’élevage en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier. Elles peuvent être traitées par plusieurs plantes médicinales parmi lesquelles Nicotiana tabacum, Azadirachta indica, Bridelia micrantha, Adenium obesum, et Cassia nigricans objets de nos investigations. Ces plantes, par leurs propriétés phytochimiques et toxicologiques, laissent présager une certaine efficacité antiparasitaire. C’est l’étude de ces effets pharmacologiques que nous présenterons dans la deuxième partie de ce travail.
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DEUXIEME PARTIE : PARTIE EXPERIMENTALE
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Chapitre I : Matériel et méthodes I. Zone et période d’étude I.1. Zone d’étude I.1.1. Situation géographique et administrative Cette étude a été menée au Burkina Faso dans la zone pastorale de Gaongho est située dans la province de Bazèga à une trentaine de kilomètres à l’Est de Kombissiri (cheflieu de la province). Elle fait partie de la commune rurale de Gaongho conformément au découpage administratif. La zone pastorale a été créée par arrêté conjoint N°200031/MRA/AGRI/MEE/MATS/MEM/MIHU portant délimitation de la zone à vocation pastorale de Gaongho. Elle couvre une superficie de 6762 hectares et se situe entre les parallèles 11°56’ et 12°04’ de latitude Nord et les méridiens 01°03’ et 01°09’ de longitude Ouest. La matérialisation des limites est faite sur le terrain par des balises. Elle comprend six campements que sont Wardogo, Gansé, Mazoara, Taré, Bouli et Gaongho (MRA, 2000). La figure 11 montre une représentation cartographique de la zone d’étude et la figure 12 montre aussi une représentation cartographique du site d’étude avec les différents campements.
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Figure 11: Schéma cartographique du site d’étude
Figure 12 : Schéma cartographique de la zone pastorale de Gaongho 51
I.1.2. Cadre géophysique et climat Les sols rencontrés sur la zone pastorale de Gaongho sont d’une importante diversité. Nous avons des sols hydromorphes, à mull, halomorphes, plages latéritiques, des vertisols et paravertisols, sablonneux, argileux et des massifs granitiques de faible altitude (MRA, 2013). Le climat dans la zone pastorale de Gaongho est de type nord-soudanien. On observe une alternance de deux saisons : une saison pluvieuse de mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril (OUEDRAOGO, 2013). Les températures y sont très variables de la période froide au période chaude avec une moyenne de 30° Celsius (MATD, 2007). La saison des pluies est marquée par une pluviométrie abondante mais mal repartie dans le temps. Cette saison connait souvent le passage de vents violents soufflant d’Est en Ouest. La saison sèche quant à elle est marquée par un fort ensoleillement avec une forte chaleur. Cette situation conduit très rapidement au tarissement des quelques retenues naturelles d’eau et ralentit les activités de productions. I.1.3. Données socio-économiques La population résidente est composée essentiellement de peuls (majoritairement) et de Mossé installés dans les six campements. Les langues parlées sont le Fulfuldé et le Moré. Les principales religions pratiquées dans cette localité sont l’Islam, le Christianisme et l’Animisme. Les fêtes coutumières et religieuses sont les moments de réjouissance. Cette population est en majorité jeune mais frappée par un fort taux d’analphabétisme du fait de l’absence d’une école classique. Seuls quelques-uns apprennent à lire et à écrire en fulfuldé, en moré et/ou en arabe dans les centres d’alphabétisation et dans les écoles coraniques (MATD, 2013). Les habitants de la zone pastorale de Gaongho vivent essentiellement de l’élevage, de l’agriculture et du commerce. Le commerce est surtout pratiqué par les jeunes et les femmes. Les jeunes achètent et revendent le bétail, la volaille, et les œufs. Les femmes vendent le lait et les produits laitiers (MATD, 2013). 52
L’agriculture est une activité menée dans tous les campements. Elle se pratique autour des concessions sur des superficies relativement réduites. Elle bénéficie de l’attelage et de la fumure organique produite par les animaux d’élevage. La culture attelée se fait surtout avec les ânes. Les espèces végétales les plus cultivées sont le maïs (jaune et blanc), le sorgho (blanc et rouge), le petit mil, l’arachide, le coton, le sésame. L’agriculture est cependant confrontée à la mauvaise répartition des pluies dans le temps et à l’insuffisance de terres cultivables (MATD, 2013). L’élevage constitue la deuxième activité économique dans toute la province du Bazèga après l’agriculture. Il est toujours de type traditionnel et est aussi pratiqué par la quasitotalité de la population. Il est caractérisé par des effectifs élevés ( tableau V), une diversité d’espèces animales, la précarité de la santé des animaux, une alimentation insuffisante et pauvre surtout en saison sèche, une insuffisance des infrastructures et des équipements d’élevage, un faible niveau de technicité des éleveurs, des problèmes fonciers entre propriétaires terriens, agriculteurs et éleveurs et un faible niveau d’organisation des éleveurs (MATD, 2013). Le système d’élevage pratiqué est à dominante de type extensif, basé sur l’exploitation des parcours naturels. On note cependant une timide tentative de développement de l’embouche bovine et ovine notamment chez certains agro-pasteurs. Les principales espèces animales élevées dans cette localité sont les bovins, les ovins, les caprins, les porcins, les asins et la volaille.
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Tableau V: Effectif du cheptel des ruminants domestiques de la zone pastorale de Gaongho par campement Campements
Bovins
Ovins
Caprins
TOTAL
Bouli
576
427
200
1203
Gansé
1466
640
336
2442
Ghaongo
370
450
405
1225
Mazoara
350
205
157
712
Taré
1422
765
480
2667
Warbogo
2890
1786
2050
6726
Total
7074
4273
3628
14975
I.2. Période d’étude L’étude a été menée pendant douze mois, d’octobre 2014 à septembre 2015. Pendant cette période, le travail a consisté à effectuer différents prélèvements de tiques principalement axé sur la variation saisonnière de l’infestation des ruminants dans les différents campements de la zone.
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II. Matériels II.1. Matériel de laboratoire Le matériel utilisé au laboratoire se compose de balance électronique Sartorius modèle TE6101 (figure 13), boites de pétri (figure 14), erlenmeyer (figure 15), broyeur (figure 16), étuve thermosi SR 3000 (figure 17), plaque chauffante, papier hygiénique, fioles jaugées, béchers, boites de pétri (35×10mm), seringues de 5cc, marqueur, ciseaux, l’alcool à 70% et une loupe binoculaire.
Plaque chauffante
Balance Sartorius modèle TE6101
Figure 13: Balance Sartorius modèle TE6101 et plaque chauffante
Figure 14 : Boites de pétri contenant cinq tiques chacune 55
Erlenmeyer
Figure 15 : Erlenmeyer
Figure 16 : Broyeur
Figure 17 : Etuve thermosi SR 3000
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II.2. Matériel végétal Les feuilles des cinq plantes Nicotiana tabacum, Azadirachta indica, Bridelia micrantha, Adenium obesum, et Cassia nigricans ont été récoltées séparément à la station de Saria pour la préparation des extraits en vue de réaliser les tests in-vitro de l’activité antiparasitaire de ces plantes. (Kaboré et al. 2012). III. Méthodes III.1. Identification des tiques Les prélèvements des tiques ont été effectués sur les ruminants des élevages de la zone pastorale de Gaongho sur une durée de 12 mois consécutifs. Au cours de chaque saison, des prélèvements ont été réalisés au hasard sur des ruminants des trois espèces domestiques (bovins, ovins et caprins) élevés dans la zone pastorale en vue d’identifier les tiques existantes. Ensuite, des prélèvements de tiques ont été effectués minutieusement sur des ruminants sur lesquels les renseignements individuels relatifs au mode d’élevage, à l’âge (en se référant à la dentition : adulte ou jeune), au sexe, à la race et à l’emplacement des tiques sur le corps ainsi que le nombre de tiques observées seront notés sur la fiche d’enquête. Les tiques ont été prélevées de façon manuelle par simple arrachage après contention de l’animal. Les tiques ainsi récoltés sont placées pour chaque espèce dans des flacons plastiques contenant de l’alcool à 70% pour ensuite être identifiés au laboratoire. Pour l’identification des différentes espèces de tiques, la diagnose s’est fondée sur les caractéristiques morpho-anatomiques décrites par Lamontellerie (1966) et Morel (1969). Les flacons utilisés ont été étiquetés avec dessus, la mention de l’espèce animale, la date de récolte, et le lieu de récolte (campement). L’espèce dominante ainsi identifiée une autre série de prélèvements a été menée en saison sèche froide (novembre), dans la zone périurbaine de Ouagadougou, province du Kadiogo. Elle a été réalisée au niveau de deux villages choisis au hasard pour servir de sites de prélèvements, à savoir les villages Kouba et de Badnogo respectivement des communes rurales de Koubri et de Saaba.
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Les prélèvements s’effectuèrent chaque matin avant que le berger ne conduise le troupeau au pâturage. Les tiques prélevées sont maintenues vivantes dans des boites plastiques perforées sur le couvercle et contenant du sable humidifié avec de l’eau distillée. Après les étapes successives de prélèvement puis d’identification, s’en sont suivis les tests antiparasitaires au laboratoire avec les extraits aqueux des plantes. Le test se réalise uniquement avec l’espèce dominante de tiques qui a été identifiée précédemment. Au cours de notre étude nous avons également été au niveau de la Direction Provinciale des Ressources Animales (DPRA) du Bazèga où nous avons recensés les différents acaricides habituellement commercialisés dans la zone. III.2. Test antiparasitaire des extraits aqueux sur les tiques Les extraits des cinq plantes ont été préparés conformément à la pratique des éleveurs (Kaboré et al. 2012). Selon leurs pratiques chaque plante est d’abord séchée avant d’être finement broyée. Puis l’on a prélevé 100 g de poudre de chaque plante à bouillir dans 01 litre d'eau distillée et mis en macération pendant 24 heures toute une nuit à 4°C. Au bout des 24 heures, le macérât de chaque extrait est filtré et la solution mère de l'extrait utilisée pour la préparation de cinq concentrations (100, 50, 25, 12.5 et 6,25 mg/ml) à travers une série de dilutions successives. Les cinq doses préparées comme décrit plus haut à partir des extraits-mères de chaque plante ont été homogénéisées. A l'aide d'une seringue, 01 ml de chacune des doses a été uniformément répandue sur une rondelle de papier hygiénique posée dans une boîte de Pétri. Un lot de contrôle a été constitué avec de l’eau distillée comme solvant pour servir de témoin. Dans chaque boîte de pétri ainsi préparée, 5 tiques du genre Hyalomma ont été introduites et suivies une heure après puis toutes les 24 heures pendant 72 heures pour évaluer le pourcentage de mortalité des tiques dans chaque boîte. La tique est considérée morte lorsqu’elle reste immobile au toucher d’une pince. Chaque dose a été répétée trois fois ainsi que le lot témoin.
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Pour le test in vitro, le nombre de tiques mortes a été dénombré 1h après exposition puis toutes les 24 heures pendant 3 jours consécutifs pour calculer le taux de mortalité en utilisant la formule d'Abbott (1925). Mc = ((M0-Me) / (100-Me))*100 Où: Mo = mortalité enregistrée dans les lots traités (%) ; Me = mortalité enregistrée chez le témoin (%) ; Mc = mortalité corrigée (%). IV. Analyse des données Les données sur les tiques récoltées au niveau du site ont été enregistrées par espèce, par mois, par sexe et par âge avant d’être soumises à une analyse de variances selon la procédure du plan factoriel du logiciel StatView pour Windows, version 4.57. Les moyennes ont été calculées par saison, par espèce, par sexe et par âge. La comparaison entre les moyennes a été faite avec le test de Fisher (au seuil de 5%). L’abondance de chaque espèce de tiques rencontrées a été calculée par rapport au nombre total de tiques récoltées pendant la période d’étude. Les données obtenues ont été soumises à l'analyse de variance et les différences entre les traitements ont été séparées par le test de Fisher au seuil de 5%. Ensuite les doses létales 50 (DL50) ont été déterminées à partir de la régression du logarithme de la dose en fonction des probits des mortalités avec le logiciel IBM SPSS Statistics, version 20.
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Chapitre II : Résultats L’analyse des données collectées révèle que l’élevage extensif est le système pratiqué dans le milieu d’étude. Les races animales élevées sont essentiellement les races mossi chez les petits ruminants (figure 18 moutons mossis et figure 19 chèvres mossies) et la race zébu peul (figure 20) sahélien chez les bovins
Figure 18 : Mouton mossi
Figure 19: Chèvre mossi
Figure 20 : Zébu peul sahélien
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I. Genres de tiques identifiées Au cours de l’enquête, 1101 tiques ont été collectées sur des ruminants choisis au hasard dans les fermes de la zone pastorale de Gaongho (figure 21). Ces tiques ont été rencontrées sur les bovins (55,8% ; n = 614 tiques) et les petits ruminants (44, 2 % ; n = 487 tiques) composés d’ovins (14 % ; n = 154 tiques) et de caprins (30,2% ; n = 333 tiques). Elles sont composées de quatre genres que sont Amblyomma, Boophilus, Hyalomma et Rhipicephalus. Les genres les plus dominants sont Amblyomma (n = 336) et Hyalomma (n = 261) chez les bovins et Rhipicephalus (n = 278) et Hyalomma (n = 178) chez les petits ruminants. Chez les ovins, ce sont Hyalomma (n = 102) et Rhipicephalus (n = 52) contre Rhipicephalus (n = 226) et Hyalomma (n = 76) chez les caprins. Les tiques ont été plus observées en saison sèche froide (SSF) (51,95%) qu’en saison des pluies (SP) (45,96%) et saison sèche chaude (SSC) (2,09%) (Figure 22).
Figure 21: Les genres de tiques rencontrées en fonction des espèces de ruminants enquêtés
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Figure 22: Répartition des différents genres de tiques rencontrées en fonction des saisons La figure 23 montre que les stades de développement de ces tiques observées durant l’étude sont dominées par les adultes (55,77%) suivis des nymphes (35,24%) et des larves (8,99%).
Figure 23: Stades de développement en fonction des genres de tiques rencontrées
62
L’examen minutieux des adultes récoltés a permis d’identifier six espèces de tiques rapportées par le tableau VI. Tableau VI : Différentes espèces de tiques identifiées par genres de tiques Genres Hyalomma
Espèces - Hyalomma hyalomma - Hyalomma impressum
Boophilus
- Boophilus decoloratus - Boophilus annulatus
Amblyomma
Amblyomma varigatum
Rhipicephalus
Rhipicephalus appendiculatus
D’une manière générale, les tiques adultes identifiées renfermaient plus de mâles (72,31%) que de femelles (27,69%). En effet, seul Boophilus annulatus et Boophilus decoloratus avaient plus de femelles que de mâles dans l’échantillon (figure 24).
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Figure 24: Espèces de tiques observées durant l’étude en fonction du sexe II. Prévalence Cette étude a été conduite sur 559 ruminants pour évaluer le taux de prévalence dans la zone durant toute la période de l’étude. Ce taux a été de 43,39% (n = 240) dont 47,9% chez les ovins (n =115), 12,9% chez les caprins (n = 31) et 39,1% chez les bovins (n = 94). Cette prévalence présente un effet saison significative (Degré de Liberté (ddl) = 4 ; Chi 2 = 30, 395) au niveau de ces ruminants (tableau VII).
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Tableau VII: Taux de prévalence (%) aux tiques des ruminants en fonction des saisons Pourcentages (effectifs atteints) Saisons Bovins
Caprins
Ovins
17,9 (n = 43)
4,6 (11)
31,7 (76)
Saison sèche froide
0 (n = 0)
1,2 (3)
5 (12)
Saison sèche chaude
21,2 (n =51)
7,1 (17)
11,2 (27)
Saison des pluies
III. Niveau d’infestation III.1. En fonction de l’espèce L’ensemble des ruminants avaient une moyenne d’infestation de 4,1 ± 3,6 tiques par animal. Par espèces, les bovins étaient significativement (p < 0,05) plus infestés (5,8 ± 4,1 tiques) que les petits ruminants enquêtés à savoir les ovins (3,2 ± 2,8 tiques) et les caprins (2,2 ± 2,3 tiques) qui n’ont présenté aucune différence significative (p = 0,2113) entre eux. III.2. En fonction des saisons Les moyennes des infestations ont varié de 7,2 ± 5,4 à 4,6 ± 2,0 tiques/tête chez les bovins, de 1,2 ± 0,4 à 3,2 ± 2,8 tiques/tête chez les caprins et de 1,5 ± 0,9 à 3,6 ± 3,3 tiques/tête chez les ovins durant l’étude (tableau VIII). On remarque que les bovins et les ovins ont été plus infestés en saison des pluies contrairement aux caprins qui l’ont été qu’en saison sèche froide. Les bovins ont été significativement (p < 0,05) plus infestés en saison des pluies qu’en saison sèche froide. La moyenne d’infestation des caprins en saison sèche froide a été plus importante (p < 0,05) que celles des saisons des pluies et sèche chaude. Chez les ovins,
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l’infestation aux tiques a été significativement plus élevée en saison des pluies comparée à celle de la saison sèche chaude. Tableau VIII: Moyenne de l’infestation par les tiques en fonction des saisons Espèces (effectifs) Saisons Bovins
Caprins
Ovins
7,2± 5,4 a (43)
1,2 ± 0,4 a (11)
3,6 ± 3,3 a (76)
Saison sèche froide
0 ± 0 b (0)
1,3 ± 0,5 a (3)
1,5 ± 0,9 b (12)
Saison sèche chaude
4,6 ± 2,0 c (51)
3,2 ± 2,8 b (17)
2,8 ± 1,5 a (27)
Saison des pluies
(abc ) : les moyennes présentant les mêmes lettres sur la même colonne ne sont pas significativement différentes (p˂0,05) III.3. En fonction du sexe Le tableau IX montre que d’une manière générale les mâles avaient plus de tiques (4,9 ± 4,0 tiques) que les femelles (4,1± 3,6 tiques). Par espèce de ruminants, la tendance générale est vérifiée au niveau des bovins et des ovins contrairement aux caprins au niveau desquels les femelles avaient plus de tiques que les mâles. Toutefois, aucune différence significative n’a été observée entre les deux sexes (p˃ 0,05) au niveau des trois espèces de ruminants de l’étude.
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Tableau IX: Moyenne de l’infestation par les tiques en fonction du sexe Sexe (effectifs) Espèces Femelle
Mâle
Bovins
5,5 ± 4,1 a (71)
6,5 ± 4,1 a (23)
Caprins
2,4 ± 2,4 a (27)
1,0 ± 0,8 a (4)
Ovins
3,2 ± 2,9 a (106)
2,3 ± 1,4 a (9)
Confondues
4,1± 3,6 a (204)
4,9 ± 4,0 a (36)
(a) : les moyennes présentant la même lettre sur la même ligne ne sont pas significativement différentes (p ˂ 0,05) III.4. En fonction de l’âge Le tableau X révèle que les ruminants adultes ont été
plus infestés (4,1 ± 3,6
tiques/tête) que les jeunes (4,0 ± 3,6 tiques/tête). Cependant, cette différence n’a été significative qu’au niveau des ovins (p < 0,05) contrairement aux bovins et aux caprins qui n’ont présenté aucune différence significative (p˃ 0,05) entre les deux groupes d’âge. Tableau X : Moyenne des tiques en fonction de l’âge Sexe (effectifs) Espèces
(a
Jeunes
Adultes
Bovins
5,5 ± 3,9 a (51)
6,1 ± 4,4 a (43)
Caprins
1,5 ± 0,9 a (12)
2,8 ± 2,7 a (19)
Ovins
2,1± 1,6 a (23)
3,4 ± 3,0 b (92)
Confondues
4,0± 3,6 a (86)
4,1 ± 3,6 a (154)
, b
) : les moyennes présentant des lettres différentes sur la même ligne sont
significativement différents (p ˂0,05) 67
IV. Les régions anatomiques infestées Le tableau XI fait une situation récapitulative des sites de fixations préférentiels des tiques sur les différentes régions anatomiques des ruminants enquêtés en fonction des trois saisons de l’étude. Au total, treize (13) sites ont été identifiés chez les bovins contre dix (10) sites chez les ovins et sept (07) sites chez les caprins. L’effectif de ces sites étaient important en saison des pluies (n = 13) chez les bovins, en saison sèche chaude (n = 8) chez les ovins et en saison sèche froide (n = 6) chez les caprins. Tableau XI: Sites de fixation préférentiels des tiques sur les ruminants enquêtés en fonction des saisons Sites de fixation des tiques Saisons Bovins
Caprins
Ovins
oreilles
Oreilles et mamelles.
oreilles, mamelles, fanon, aisselle, abdomen, région Saison des pluies
inguinale, poitrail, paturon, fourreau, cuisse, yeux et anus oreilles, mamelles, pattes postérieure, fanon, aisselle,
Saison sèche froide abdomen, région inguinale, région périnéale, paturon et yeux
oreilles,
Oreilles, mamelle,
mamelles, queue,
queue, patte
patte postérieure,
postérieure et
paturon et yeux.
paturon.
Oreilles, queue, Saison sèche chaude
pattes -
pattes postérieure,
postérieure, vulve vulve, tète, patte et cuisse.
antérieure, cuisse et yeux
68
V. Mode de préparation des extraits aqueux des plantes A l’issue des entretiens tenus avec les éleveurs, les méthodes de préparation des cinq plantes supposées avoir des vertus anti-tiques sont décrites dans le tableau XII. Tableau XII : Méthodes de préparation des cinq plantes anti-tiques chez les ruminants selon les éleveurs
Plantes
Période de
Méthode de
Mode
médicinales
récolte
préparation
d’administration
Azadirachta Toute indica
période
Feuilles bouillies
les feuilles sont Nicotiana
Toute
écrasées et
tabacum
période
triturées dans l’eau pendant 24h
Bridelia micrantha
Adenium obesum
Cassia nigricans
Saison pluvieuse
Toute période
cutanée toutes
le milieu. Il faut la
espèces
planter
Application
Indisponible dans
locale toutes
le milieu. Il faut la
espèces
rechercher ailleurs
potasse + eau,
locale toutes
bien mélangé
espèces
faire une mousse
Saison
Macération 1 à 2
pluvieuse
jour dans l’eau
69
(existence) Indisponible dans
Application
dans l’eau pour
dans le milieu
Application
Feuilles pilées +
Toute la plantule
Etat des plantes
Plante saisonnière
Badigeonnage en 2 à 3 applications
Indisponible dans
ou pulvérisation 2 la région à 3 fois
Pulvérisation
Plantes saisonnière
VI. Test in vitro Le tableau XIII présente les pourcentages des mortalités corrigées des Hyalomma spp soumises aux différentes concentrations testées (en mg/ml) des extraits aqueux de A. indica, de A. obesum, de B. micrantha, de C. nigricans, et de N. tabacum en fonction du temps. On note que le lot témoin traité avec l’eau distillée n’a pas enregistré de mortalités de tiques par rapport aux concentrations des extraits des plantes testées pendant toute la durée de l’étude. Pour les extraits aqueux testés, le pourcentage de mortalités corrigées des tiques croît avec la concentration au cours du temps. La mortalité maximale des tiques avec la plus forte dose (100 mg/ml) a été atteinte le troisième jour pour les extraits aqueux de A. obesum (100%), de C. nigricans (92,8%), de B. micrantha (100%), et de A. indica (71,4%). Par contre, la mortalité maximale des tiques avec l’extrait aqueux de N. tabacum a été atteinte 24 heures après l’application des doses de 12.5 et 50 mg/ml. La dose de 50mg/ml a causé 100%, 100%, 100%, 92,8% de mortalité respectivement avec les extraits aqueux de A. indica, de A. obesum, de B. micrantha et de C. nigricans au troisième jour d’exposition. Les résultats de l’analyse de variance des données de mortalités cumulées en fonction de la dose des extraits aqueux utilisés ont montré des différences significatives (p<0,05) entre les traitements. Les mortalités observées une heure après l’application des différentes doses des extraits ne sont pas significativement différentes (p>0,05) sauf pour l’extrait aqueux de N. tabacum dont la dose de 100mg/ml a induit significativement (p<0,05) plus de mortalités que les autres extraits. Jusqu’à la fin du test, les extraits de N. tabacum, de A. obesium et de A. indica ont entrainé les pourcentages de mortalités les plus élevés comparativement aux autres extraits avec des niveaux de significativité variable entre les doses testées.
70
Tableau XIII : Pourcentages de mortalités corrigées des extraits des cinq plantes testées en fonction du temps Durée d’exposition (h)
1
24
48
72
Matériel végétal
Dose (en mg/ml) 6,25
12,5
25
50
100
A. indica
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
A. obesum
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
B. micrantha
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
C. nigricans
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
N. tabacum
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
0,0±0,0 a
13,3±11,5 b
A. indica
64,2 bc
35,7 cde
57,1 bc
57,1 bc
16,6 def
A. obesum
35,7 cde
57,1 bc
85,7 ab
85,7 ab
64,2 bc
B. micrantha
0,0 f
0,0
4,7 ef
16,6 def
42,8 cd
C. nigricans
0,0
14,2 def
57,7 bc
35,7 cde
42,8 cd
N. tabacum
78,5 ab
100 a
85,7 ab
100 a
89,2 ab
A. indica
71,4 bcd
42,8 efg
92,8 ab
100 a
50, 0 def
A. obesum
71,4 bcd
85,7 abc
100 a
100 a
100 a
B. micrantha
21,4 g
71,4 bcd
71,4 bcd
85,7 abc
100 a
C. nigricans
28,5 fg
78,5 abc
71,4 bcd
78,5 ab
64,2 cde
N. tabacum
100 a
100 a
100 a
100 a
92,8 ab
A. indica
78,5 bcd
100 a
100 a
100 a
71,4 cd
A. obesum
71,4 cd
85,7 abc
100 a
100 a
100 a
B. micrantha
64,2 d
92,8 ab
85,7 abc
100 a
100 a
C. nigricans
71,4 cd
92,8 ab
85,7 abc
92,8 ab
92,8 ab
N. tabacum
100 a
100 a
100 a
100 a
92,8 ab
f
f
(a,b,c,d,,e,f.g) les pourcentages de mortalités (Mc ± e.t) affectées d’une même lettre ne sont pas significativement (p>0,05) différents durant la période d’exposition considérée. e.t=écart type
71
L’analyse probit réalisée à partir des mortalités corrigées suite à l’exposition aux concentrations testées a permis de calculer la concentration létale 50 (CL50) pour chaque extrait de la plante. Les concentrations capables d'entrainer 50% (CL50) de mortalités de la tique étudiée ont diminué au cours de l’intervalle de 24 h à 48 h d’exposition (tableau XIV). Cette diminution est plus importante avec l’extrait aqueux de N. tabacum suivie de celui de A. indica. L’extrait de B. micrantha présente les CL50 les plus élevées aux deux périodes. Tableau XIV: Concentrations létales CL50 des cinq extraits aqueux testés sur la tique du genre Hyalomma au cours du test in vitro Concentrations létales (mg/ml) Extraits testées 24 heures
48 heures
A. indica
16,884
0,005
A. obesium
6,774
8,431
B. micrantha
115,580
10,865
C. nigricans
79,728
6,442
N. tabacum
0,699
très faible quantité
72
Chapitre III : Discussion, recommandation et perspectives I. Discussion De nombreuses plantes locales d’Afrique sont présentées comme ayant des propriétés médicinales étonnantes (Arbonnier, 2000). Un grand nombre d’entre elles ont été étudiées et leurs principes actifs spécifiques contre les parasites cibles ont été identifiés et analysés (Githiori et al., 2005). Les résultats de nos travaux montrent que les animaux de la zone pastorale de Gaongho sont fortement exposés aux infestations des tiques ainsi qu’aux maladies qu’elles induisent. La zone pastorale en elle-même offre des conditions tout à fait favorables au développement et à la dissémination de tiques. En effet, il est admis que la survie des tiques dans une région donnée dépend étroitement des conditions écoclimatiques telles que la température, l’hygrométrie et l'humidité du sol (Wall et Shearer, 2001; Nshimiyimana et Mutandwa, 2010). Sur l’ensemble de la population des 1101 tiques adultes, prélevées au niveau des troupeaux de ruminants de l’échantillon, les quatre (04) genres principaux de tiques identifiés sont Amblyomma, Boophilus, Hyalomma, et Rhipicephalus. Parmi eux, ont distingue six espèces de tiques : Hyalomma hyalomma, Hyalomma impressum, Boophilus decoloratus, Boophilus annulatus, Amblyomma varigatum et Rhipicephalus appendiculatus. L’analyse a permis de mettre en évidence que, le genre Hyalomma était le plus dominant, suivi par ordre décroissant de genres Amblyomma, Rhipicephalus et Boophilus toutes espèces confondues de ruminants (bovins, ovins et caprins). Selon les espèces hôtes, les genres les plus dominants chez les bovins étaient par ordre Amblyomma et Hyalomma, tandis que pour les ovins, c’étaient Hyalomma et Rhipicephalus et enfin pour les caprins Rhipicephalus et Hyalomma. Les genres Hyalomma et Amblyomma rencontrées ont été observées également par Kaboré et al. (1998) chez les bovins en zone nord soudanienne au Burkina Faso et Farougou et al. (2007) chez les ovins au Bénin. Au niveau des bovins de la zone soudanienne du Bénin, Farougou et al. (2006) ont noté la prédominance d’A. variegatum suivie de Boophilus geigyi. 73
Durant les trois saisons (saison sèche chaude, saison sèche froide et saison des pluies) de l’étude, toutes les espèces identifiées ont été observées en dehors de celles du genre Boophilus qui étaient absents en
saison sèche chaude. D’une manière générale,
l’infestation a été plus observée en saison des pluies qu’en saison sèche froide et saison sèche chaude, entrainant ainsi leurs proportions et fréquences d’occurrence significativement variable en fonction de la saison. On pourrait alors penser que cette dynamique spatio-temporelle des différentes espèces de tiques observées durant l’étude dépend des hôtes existants à cette période et des facteurs bioclimatiques favorable à leurs survie (Gilot et Perez-Eid, 1998 ; Estrada-Pena, 2003). En effet, la saison sèche chaude de la zone pastorale est caractérisée par une absence totale de pluviométrie et une haute température, facteurs défavorables au développement et à l'évolution des tiques, en particulier les immatures qui ne résistent pas bien à la sècheresse comparés aux adultes. Cela pourrait être la raison du nombre relativement réduit de tiques collectées durant cette période. La présence des genres Hyalomma, Amblyomma et Rhipicephalus durant toute l’année est due au fait qu’ils sont actifs en toute saison et par conséquent, ils présentent un impact économique considérable en tant que vecteurs pérennes de la propagation de maladies. Cette situation est plus marquée avec les adultes d’Amblyomma variegatum qui sont les vecteurs de Cowdriose ruminatum, parasite qui provoque le plus grand dommage des cuirs et peaux en cas de forte infestation (Solomon et al., 2001). De plus, beaucoup d’ulcères provoqués par cette espèce de tique deviennent des sites favorables pour des infections secondaires telles que la dermatophilose à Dermatophilus congolensis (Kaufnann, 1989). Nos résultats montrent également que l’infestation par les femelles du genre Boophilus était plus importante que celle par les mâles. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les femelles se détachent de leur hôte, gorgées de sang, après un repas qui dure rarement plus d’une semaine pour le stade adulte femelle, moins pour les autres stades. Selon Mekonnen et al. (2001), à travers le toilettage de l’animal les femelles de tiques engorgées peuvent également se détacher de celui-ci à cause de la taille importante de la tique. Ce constat pourrait être dû également à la petite taille des mâles de Boophilus qui fait qu’il est parfois difficile de les voir durant la collecte. Cette prédominance de 74
la présence des Boophilus a également été constatée en Ethiopie par Bedasso et al (2014), Bellete (1987) et Mohammed (1977). A l’opposé Rhipicephalus est le genre de tique numériquement la moins importante qui a été collecté durant l’étude (25,25%) ; l’on pourrait lier ce fait au plus large éventail des hôtes de cette tique qui, en plus du bétail infeste aussi d’autres animaux domestiques Walker et al (2003). Toutes les tiques récoltées durant la saison sèche ont été prélevées au niveau de la queue et de la région ano-génitale. Cette observation confirme les constats effectués par Kaboré et al. (1998) qui ont rapporté que ce sont là les zones corporelles de prédilections des tiques à cette période de l’année. La présente étude a révélé aussi que le niveau d’infestation par les tiques n’est pas lié au sexe de l’animal. Les animaux des deux sexes présentaient des taux d’infestations sensiblement les mêmes. Ce résultats était naturellement attendu vu qu’au finale l’objectif visé par le parasite demeure le même quel que soit le sexe de l’hôte : se nourrir de suffisamment de sang pour survivre et se développer. Sur le plan saisonnier, nous avons pu constater que l’infestation par les tiques présentait une plus grande occurrence durant la période humide pluvieuse que pendant la saison sèche, ce qui est en accord avec les travaux de Solomon et al. (2001) et de Bekele (2002) en Ethiopie. Des paramètres climatiques pendant l’hivernage qui sont plus favorables (humidité, températures) à la survie et à la prolifération des tiques pourraient en être une explication. D’une manière générale le facteur « âge » de l’animal ne s’est pas révélé particulièrement discriminant quand bien même les adultes portaient (en chiffres bruts) plus de tiques que les jeunes. Ce fait pourrait s’expliquer par la présence plus fréquente et régulière des adultes aux pâturages et aux points d’abreuvement que les jeunes. Il s’ensuit une exposition relativement plus faible des jeunes aux tiques. Les résultats du test antiparasitaire in vitro des cinq plantes ont montré que leurs extraits aqueux possèdent un effet acaricide sur la tique adulte du genre Hyalomma. Par conséquent, on est fondé à penser que ces extraits contiennent des principes actifs 75
à même de compromettre le développement des tiques, leur survie et leur reproduction. Concernant C. nigricans, les travaux de Mogodé-Débedé. (2004), sur la chimie des extraits ont permis de déceler la présence d’anthraquinones, de tanins et de flavonoïdes. Schmutterrer et Ascher (1989), ont pour leur part mis en évidence au niveau des extraits de ; A. indica de l’azadirachtine et de la salanine qui sont les principaux composants actifs présents dans le neem. Des auteurs comme Posselt et Reinmann (1823) rapportent que N. tabacum communément appelé tabac synthétise de nombreux alcaloïdes dont le principal est la nicotine. Les composés chimiques déjà mis en évidence dans B. micrantha sont constitués de friedeline, taraxerone, epifriedelinol et taraxerol (Pegel et Rogers., 1968; Kouam et al., 2005). Au niveau de A. obesum, les anthocyanosides, les cardenolides, les hetérosides cardiotoxiques et les saponosides ont été retrouvés dans les fleurs et les écorces de la plante (Nacoulma, 1996). Relativement à la toxicité des extraits étudiés, l’analyse des doses létales 50 (DL50) obtenues pour chaque extrait de la plante montre que l’extrait N. tabacum est plus toxique contre les tiques Hyalomma suivie par ordre de ceux de A. indica, de C. nigricans, de A. obesum et enfin de B. micrantha. Ce constat permet de supposer que N. tabacum suivie de A. indica contiendrait plus de principes actifs toxique sur les tiques Hyalomma en quantité ou en teneurs absolues que C. nigricans, A. obesum et B. micrantha. Des études ultérieures pourraient confirmer ou infirmer cette supposition. Dans tous les cas, les extraits des cinq plantes pourraient être utilisés comme des acaricides alternatifs et biodégradables dans la lutte contre les tiques pour contribuer à la résolution du problème des résistances et de la pollution chimique que présentent certains produits chimiques conventionnels (Albuquerque et al., 2007). En outre, la préparation des extraits des plantes est peu couteuse et facilement réalisable par les éleveurs, surtout en milieu rural burkinabè ou certaines régions manquent d’agents publics et privés d’encadrement en techniques d’élevage.
76
II. Recommandations Partant des résultats de la présente étude et vue l’importance de l’usage des plantes médicinales pour le développement des productions animales et la protection de la santé animale nous recommandons : II.1. Une étude ethnobotanique Cette étude permettrait de : -
Recenser l'ensemble des plantes médicinales utilisées aussi bien en médecine vétérinaire qu'en médecine humaine car l'importance des plantes médicinales ne fait actuellement plus de doute. Ceci nécessite la création d'un organisme national chargé de la collecte de ces végétaux, d'un jardin botanique national où elles seront cultivées et la confection d'un herbier national ou seront répertoriées toutes ces plantes ; ceci en vue de mettre à la disposition des chercheurs et des praticiens tout le matériel végétal nécessaire à leurs travaux. Durant la récolte de ces plantes, la collaboration des guérisseurs et des bergers qui sont les dépositaires de la pharmacopée traditionnelle sera recherchée. La contribution de certaines catégories de travailleurs est souhaitable, car ils vivent en relation directe avec les populations rurales. Il s’agit des agents du service de l’élevage, des médecins de santé humaine et des infirmiers, des agents des eaux et forêts, des botanistes, des enseignants, des élus locaux dans le cadre des structures d'éducation de masses etc.
-
Etudier la chimie de ces plantes afin de répertorier tous les principes actifs qui y sont contenus en vue de choisir ceux qui présentent le plus d'intérêt pharmacologique et déterminer ultérieurement leur utilisation comme Médicament Traditionnel Amélioré (MTA). Toutes ces études doivent aboutir à une expérimentation clinique seul moyen permettant de justifier clairement leur emploi.
77
II.2. A l’état burkinabé Dans le cadre des politiques publiques l’Etat à œuvrer à : -
Promouvoir l’insertion des guérisseurs dans le salariat. Cette insertion permettra une collaboration plus étroite entre l’organisme chargé de la recherche sur les pharmacopées
traditionnelles
et
les
dépositaires
des
pharmacopées
traditionnelles. Dans certains cas, ces guérisseurs ne vivent que de leurs connaissances ; et si l’on veut les amener à adhérer de façon volontaire et efficace à une action concertée, il est important qu’ils soient suffisamment sécurisés quant à leurs conditions matérielles de travail. Tout ce processus devrait aboutir à la mise au point de médicaments bon marché, à des prix acceptables par les populations mais dans des conditions de préparation et d'administration bien encadrées afin d’éviter les erreurs de la médecine traditionnelle. En médecine traditionnelle, la notion de dosage et de répétabilité est relativement peu documentée. Aussi, est-il nécessaire de proposer aux intéressés des modes opératoires inspirés des techniques endogènes, mais tenant compte de certains impératifs concernant les règles essentielles de préparation et d'administration des médicaments (hygiène, sécurité, reproductivité). -
Réorganiser la transhumance en créant des zones de pâturage en vue de limiter la propagation des tiques ;
-
Sensibiliser les éleveurs sur les méthodes de lutte efficace disponible contre les tiques tout en prenant en compte leurs pratiques d’élevage ;
-
Respecter la règlementation en matière de transhumance. II.3. Aux éleveurs et à la population
Une meilleure prise en charge des maladies transmises par les tiques doit être effectuée car les dommages provoqués par ces dernières sont considérables tant au niveau animal qu’humain. Et une bonne prise en charge passe nécessairement par une forte implication des éleveurs et des populations dans la lutte contre les tiques.
78
Les autorités politiques doivent mettre en place des stratégies de lutte participative adéquates pour minimiser les risques de transmission. Cela en retour demandera aux éleveurs d’être plus réceptifs aux conseils des services chargés de l’élevage et d’améliorer les conditions d’élevage des animaux. III. Perspectives Au regard des résultats obtenus, les extraits des plantes testées présentent bien une efficacité contre les tiques des ruminants. Ce qui en justifie l’usage par les tradipraticiens vétérinaires et les éleveurs afin de limiter l’infestation des animaux et par conséquent, la contamination des pâturages. Cette activité biologique confirmée est cependant variable selon la plante considérée En termes de perspectives que nous entrevoyons à l’issue de nos travaux sur les extraits aqueux de ces cinq plantes, il serait pertinent d’envisager : d’effectuer des tests de toxicité aigüe et subaigüe pour évaluer les risques liées à l’utilisation de ces extraits ; d’effectuer des tests in vivo sur les mêmes extraits afin de confirmer les tendances observées in vitro ; de réaliser un criblage phytochimique de chacun des extraits de plantes afin de déterminer les grands groupes chimiques d’intérêt présents dans les extraits étudiés ; d’étudier les mécanismes d’action des substances actives contenues dans les extraits testés sur les tiques.
79
CONCLUSION
80
Dans tous les systèmes de productions animales, la santé des animaux reste une composante majeure dont la maîtrise est indispensable pour améliorer les performances zootechniques. A l’instar des autres pays situés sous les tropiques, les maladies parasitaires en général et celles dues aux tiques en particulier constituent une contrainte majeure au développement de l’élevage des ruminants en milieu rural au Burkina Faso. Dans ce milieu où la pauvreté sévit de façon endémique, ces animaux d’élevage sont une source de revenus et de sécurité alimentaire pour les éleveurs. Malgré l’existence des médicaments modernes pour le contrôle des maladies animales, les remèdes de la pharmacopée vétérinaire traditionnelle sont toujours très utilisés pour soigner les animaux malades dans la plupart des communautés rurales burkinabé. Sur la base de ce constat, nous nous sommes intéressés aux effets des extraits de cinq plantes de la pharmacopée vétérinaire traditionnelle burkinabè utilisées par les éleveurs dans la lutte contre les sur le parasitisme des tiques des ruminants. Les enquêtes ethno-vétérinaires que nous avons réalisées dans notre étude montrent que les maladies dues aux tiques préoccupent les éleveurs de la zone pastorale de Gaongho (province du Bazèga, Burkina Faso). Face aux difficultés d’accès aux produits et aux traitements vétérinaires conventionnels, beaucoup d’entre eux font recours à la médecine vétérinaire traditionnelle. Les praticiens en la matière font preuve d’une certaine maitrise du savoir et savoir-faire, qui part du diagnostic des maladies dues aux tiques des ruminants, au choix des plantes médicinales antiparasitaires et de celui des parties des plantes les plus indiquées pour la préparation des remèdes traditionnels à administrer. L’enquête ethnobotanique de plantes médicinales antiparasitaire inventoriées a permis de retenir Nicotiana tabacum, Azadirachta indica, Bridelia micrantha, Adenium obesum et Cassia nigricans pour des études. Cependant, l’efficacité thérapeutique de ces plantes médicinales utilisées par les éleveurs n’a pas encore été évaluée. Afin de répondre à cette problématique, la présente étude dont l’objectif général est d’évaluer l’activité antiparasitaire de ces plantes, a été mise en place. De manière spécifique, il s’agissait de : -
Etablir un inventaire des espèces de tiques dans la zone pastorale de Gaongho en zone nord soudanienne du Burkina Faso ; 81
-
Appréhender les modes de préparation et d’administration des remèdes traditionnels à base de Nicotiana tabacum, Azadirachta indica, Bridelia micrantha, Adenium obesum et Cassia nigricans utilisés pour lutter contre les tiques dans la zone d’étude ;
-
Evaluer in vitro l’activité antiparasitaire des extraits aqueux préparés selon les prescriptions locales sur la tique la plus dominante dans le milieu d’étude.
La démarche méthodologique de ce travail a consisté dans un premier temps à effectuer différents prélèvements de tiques principalement axés sur la variation saisonnière de l’infestation des ruminants dans les différents campements de la zone d’étude sur une durée de 12 mois consécutifs d’octobre 2014 à septembre 2015, et dans un second temps à tester l’efficacité antiparasitaire des extraits aqueux des cinq plantes médicinales sur les tiques. Il s’agissait d’identifier le genre et l’espèce de tique dominant dans la zone, et de tester in vitro l’efficacité antiparasitaire des extraits aqueux sur les tiques. Au total 1101 tiques ont été collectées sur des ruminants dans les fermes de la zone pastorale de Gaongho dont 55,8% chez les bovins, 14 % chez les ovins et 30,2% caprins. Elles sont composées de quatre genres que sont Amblyomma, Boophilus, Hyalomma et Rhipicephalus. Les genres les plus dominants sont Amblyomma (n = 336) et Hyalomma (n = 261) chez les bovins et Hyalomma (n = 102) et Rhipicephalus (n = 52) chez les ovins. Chez les caprins les principaux genres identifiés étaient Rhipicephalus (n = 226) et Hyalomma (n = 76). Les tiques ont été observées en majorité en saison sèche froide (SSF) (51,95%). Les stades de développement de ces tiques observées durant l’étude sont dominés par les adultes (55,77%) suivis des nymphes (35,24%) et des larves (8,99%). L’examen minutieux des adultes récoltés a permis d’identifier six espèces de tiques que sont Hyalomma hyalomma, Hyalomma impressum, Boophilus decoloratus, Boophilus annulatus, Amblyomma varigatum, et Rhipicephalus appendiculatus. D’une manière générale, les tiques adultes identifiées renfermaient plus de mâles (72,31%) que de femelles (27,69%). Cependant, seuls Boophilus annulatus et Boophilus decoloratus avaient plus de femelles que de mâles. 82
Cette étude a été conduite sur 559 ruminants pour évaluer le taux de prévalence dans la zone d’étude durant toute la période. Ce taux de prévalence global a été de 43,39% (n = 240). Selon les espèces de ruminants le taux de prévalence a été respectivement de 47,9% chez les ovins (n =115), 12,9% chez les caprins (n = 31) et 39,1% chez les bovins (n = 94). Le niveau d’infestation est fonction de l’espèce, de la saison, du sexe et de l’âge et les régions anatomiques infestées varient d’une saison à une autre. Quant aux méthodes de préparation des extraits aqueux des cinq plantes supposées avoir des vertus anti-tiques des entretiens ont été tenus avec les éleveurs. Concernant le test antiparasitaire, il en ressort que les extraits des cinq plantes testées in vitro possèdent des propriétés antiparasitaires qui agissent sur les tiques des ruminants. Cette efficacité antiparasitaire est significativement plus évidente avec l’extrait aqueux de N. tabacum comparativement aux autres plantes à fortes doses en témoigne l’analyse des valeurs des doses létales obtenues. Partant des résultats de la présente étude et vue le rôle que les plantes médicinales pourraient jouer dans la lutte contre les tiques nous avons formulé des recommandons aux différents acteurs dont la prise en compte pourrait contribuer à l’amélioration de la santé des animaux d’élevage.
83
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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ANNEXES
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Annexe 1 : FICHE DE SUIVI-TIQUES CAPRINS Mois
Campement N°Al Race Age Sexe (J/A) de l’Al (M/F)
Caprins : Jeunes(J) : - de 1 an ;
Nombre Sites de fixation sur les animaux de Oreilles Fanon Aisselle Ventre Région Région Paturons Jambe tiques inguinale périnéale compté
Adultes (A) : + de 1 an
Annexe 2 : FICHE DE SUIVI-TIQUES OVINS Mois Campement N°Al Race Age Sexe (J/A) de l’Al (M/F)
Nombre Sites de fixation sur les animaux de Oreilles Fanon Aisselle Ventre Région Région Paturons Yeux tiques inguinale périnéale compté
Ovins : Jeunes(J) : - de 1 an ; Adultes (A) : + de 1 an
Annexe 3 : FICHE DE SUIVI-TIQUES BOVINS
M ois
Ca mp em ent
N° Al
Ra ce
Sex Nom e bre Ag de de e l’A tique Oreill (J/ l s es A) (M/ comp F) té
Sites de fixation sur les animaux
Fan on
Aisse Ven lle tre
R.I : Région Inguinale ; R.P : Région Périnéale Bovins : Jeunes(J) : - de 1 an ; Adultes (A) : + de 3 ans
R. I.
R. P.
Patur ons
Ye ux
Mam elles
Poit rail
An us
Four eau
Jarr et
Cuis Bou se rse
Fou rea u
SERMENT DES VETERINAIRES DIPLOMES DE DAKAR « Fidèlement attaché aux directives de Claude BOURGELAT, fondateur de l’enseignement vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes maîtres et mes aînés: d’avoir en tous moments et en tous lieux le souci de la dignité et de l’honneur de la profession vétérinaire ; d’observer en toutes circonstances les principes de correction et de droiture fixés par le code de déontologie de mon pays; de prouver par ma conduite, ma conviction, que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a, que dans celui que l’on peut faire ; de ne point mettre à trop haut prix le savoir que je dois à la générosité de ma patrie et à la sollicitude de tous ceux qui m’ont permis de réaliser ma vocation.
Que toute confiance me soit retirée s’il advient que je me parjure »
ETUDE DE L’ACTIVITE ANTIPARASITAIRE DE PLANTES DE LA PHARMACOPEE VETERINAIRE UTILISEES DANS LA LUTTE CONTRE LES TIQUES DES RUMINANTS AU BURKINA FASO.
RESUME Les tiques sont des parasites hautement préjudiciables à l’économie de l’élevage au Burkina Faso. Les contraintes liées aux méthodes modernes de lutte (lutte antiparasitaire ou acaricides) ont conduit à l’exploration de nouvelles alternatives pour combattre ces ectoparasites. Parmi celles-ci, on note l’utilisation de plantes médicinales dont Nicotiana tabacum, Azadirachta indica, Bridelia micrantha, Adenium obesum et Cassia nigricans. Les résultats des études pharmacologiques portant sur le potentiel antiparasitaire des extraits aqueux de Nicotiana tabacum, Azadirachta indica, Bridelia micrantha, Adenium obesum et Cassia nigricans ont montré que globalement les extraits aqueux possèdent un effet acaricide sur les tiques du genre Hyalomma. Relativement à la toxicité des extraits étudiés, l’analyse des doses létales 50 (DL50) obtenues pour chaque extrait de la plante montre que l’extrait N. tabacum est plus toxique contre les tiques Hyalomma suivie par ordre de ceux de A. indica, de C. nigricans, de A. obesum et enfin de B. micrantha. Au regard des résultats obtenus, les extraits des plantes testées présentent bien une efficacité contre les tiques des ruminants. Il serait judicieux d’effectuer des tests de toxicité aigüe et subaigüe pour évaluer les risques liés à l’utilisation de ces extraits, d’effectuer des tests in vivo sur les mêmes extraits, de réaliser un criblage phytochimique de chacun des extraits de plantes. Cela permettrait peut être de révéler leur potentiel antiparasitaire. Mots clés : Pharmacopée, Ectoparasites, Antiparasitaire, Toxicité. Adresse de l’auteur : M. YODA Kouzendé Juste Wilfried Bienvenu S/C : Nadine YODA 11 BP 1754 Ouaga 11 Tél. (00226) 70957344 OUAGADOUGOU (Burkina Faso) (00221) 77 602 31 55 Dakar (Sénégal) Email : yodawilfried@yahoo.fr