UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR ******************** ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE DAKAR (E.I.S.M.V.)
Année 2016
N° 26
ETUDE DES MECANISMES DE FINANCEMENT DE LA CHAINE DE VALEUR BETAIL VIANDE AU BURKINA FASO
THESE Présentée et soutenue publiquement le 04 juillet 2016 à 09 heures devant la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar pour obtenir le grade de DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (DIPLOME D’ETAT) Par Mlle Hélène YAMEOGO Née le 31 Décembre 1991 à Sourgou (Burkina Faso)
Jury Président :
Monsieur Gora MBAYE Maître de conférences agrégé à la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie de Dakar
Directeur et rapporteur de thèse :
Monsieur Yalacé Yamba KABORET Professeur à l’EISMV de Dakar
Membres :
Monsieur Moussa ASSANE Professeur à l’EISMV de Dakar Monsieur Oubri Bassa GBATI Maître de conférences agrégé à l’EISMV de Dakar
Co-directeur de thèse :
Dr Walter OSSEBI Assistant à l’EISMV de Dakar
Gloire à Dieu le Miséricordieux,
Pour m’avoir protégé de tout mal durant tout mon cursus et pour m’avoir comblé de ses grâces à chaque instant. Merci seigneur pour ton amour infini. « Recommande ton sort à l’Eternel, mets en lui ta confiance, et il agira. » Psaume 37 :5
i
DEDICACES A mon feu Père YAMEOGO K. Michel : Dieu vous a rappelé au moment où j’étais très loin de vous. Tout en renouvelant mes prières pour vous, je vous dédie ce travail. Reposez en paix. A ma Mère BONKOUNGOU P. Madeleine : femme battante, soucieuse de l’avenir de ses enfants, vous m’as toujours encouragé dans mes études malgré les difficultés de la vie que vous rencontrez. Ce travail est le fruit de votre courage et de vos efforts, puisse-t-il vous donner satisfaction et répondre à l’espoir que vous portez à ma réussite. Que Dieu Le Tout Puissant vous garde assez longtemps en vie pour que je puisse profiter toujours de vos conseils et partager encore de bons moments avec vous. A mes Grands frères, Ignace, Marcel et Emmanuel : vous m’avez manifesté un grand amour durant tout ce temps passé loin de vous en vous souciant de mes nouvelles. Ce présent travail qui n’aurait pu se réaliser sans votre soutien et vos conseils. Merci pour tout. Que Dieu nous protège et nous comble de ses grâces. A mon Oncle BONKOUNGOU B. Jean Bâptise : vous nous avez toujours soutenu mes frères et moi. Ce travail vous est dédié. Puisse Dieu vous accorder encore de nombreuses années de vies afin que nous puissions bénéficier de vos conseils et bénédictions. A ma belle-sœur KABORE D. Rachel : tu m’as prouvé combien de fois que la sœur d’une personne n’est pas toujours seulement celle avec qui on a des liens de parenté par l’affection que tu portes envers moi. Ainsi ton savoir écouter et tes conseils m’ont particulièrement marqués depuis que tu es entrée dans la vie de mon frère. Que Dieu t’accorde la longévité et bénisse votre union.
ii
A mes neveux et nièces : Romain, Descartes, Davis, Elyes,
Parfait,
Pulchérie, Thierry et Eddy : Voici l’exemple qu’on peut partir de rien et devenir quelqu’un dans la vie; il suffit d’avoir confiance en Dieu et croire en soi-même. Je vous dédie ce travail en vous demandant de faire mieux que moi. A mon unique M. THIOMBIANO Salifou, mon amour tu es la lumière qui a su toucher mon cœur. Je remercie le Tout Puissant de t’avoir mis sur ma route. Puisse Dieu nous réserver le meilleur. A mon petit d’homme, ma chance, tes mouvements me réconfortent et remplissent ma vie d’un bonheur inestimable. Nous sommes très pressés de te voir. Que le tout puissant te bénisse et te protège. A mon amie et grande sœur, Docteur TAPSOBA : tu m’as considéré comme ta petite sœur depuis que j’ai mis pied à l’EISMV. Tes encouragements et tes conseils à mon égard m’ont permis de réaliser ce travail. Que Dieu te bénisse et pérennise notre amitié ; A ma famille d’accueil à Dakar, Tantie NONGONIERMA et ses enfants : Je me suis toujours sentie chez moi à vos côtés par la sécurité et l’épanouissement que je ressens. J’ai retrouvé chez vous ma seconde maison. Affection familiale. Aux familles ONADJA, MOSER et THIOMBIANO, pour votre soutien ; A mes amis de Ouaga: Felix, Adolphe, Claudine et Abel : Merci pour tous les moments passés ensemble. A mes promotionnaires Burkinabé : « mes garçons » Dr KABORE, Dr ILLY, Dr DERA, Dr YODA et M. TAPSOBA. Merci pour tous les moments passés ensemble. Puisse Dieu rendre notre amitié solidaire et inébranlable. Au Pr SAWADOGO : C’est en ayant votre soutien que nous sommes arrivés au bout.
iii
Au Pr KABORET : Vous qui avez été le premier à apporter du soutien et à propulser ce travail. Au Dr SOME/BONTOULGOU Joceline : Merci pour ton soutien, tes conseils, ton aide dans la réalisation de ce travail. Que Dieu fasse perdurer ce lien. Au Dr SOW : Pour tout ce que vous faites pour nous. A mes ainés : Dr TIALLA, Dr TAPSOBA, Dr PARE, Dr ZERBO, Dr YOUGBARE, Dr COMBARI, Dr GUIGMA, Dr DICKO, Dr DAHOUROU, Dr ROAMBA, Dr TRAORE, Dr SAVADOGO, Dr ILBOUDO, Dr OUANDAOGO, Dr ZEBA, Dr KAMBOULIGOU, Dr ZABRE, Dr BAZIMO. A mes ami (e) s : Madi, Guy, Hamidou, Dialenly, Bruno, Jean Marie, Jules, Brice, Boris, Aristide, Désiré, Idrissa, Rosario, Issaka, Moctar, Zangré, Guemila, Valerie, Nadège, Mariame, Anita, Ines, Salimata. Sachez que les moments passés ensemble ne seront jamais oubliés. A mes « fils et filles » de l’EISMV : Martial, Moumouni, Rita, Maimouna, Larissa, Lionel. Le respect que vous avez à mon égard m’a tellement marqué. Je vous encourage pour la suite de vos études. A mes amis de la 43ème promotion : Khady, Nana, Sahidi, Paterne, Singa, Anicet. Merci pour votre soutien et votre disponibilité. A tous les étudiants du rez de chaussée du bâtiment C pour la sympathie manifestée et la solidarité. A tous les étudiants de la 43ème promotion. Au Parrain de la 43ème promotion, M. Idrissa NASSA ; A tous mes frères compatriotes. A ma chère patrie le BUKINA FASO. Au SENEGAL, merci pour l’hospitalité. iv
REMERCIEMENTS A DIEU, le Miséricordieux, pour nous avoir accordé la santé et les forces nécessaires à l’accomplissement de ce travail ; A toute ma famille pour l’éducation et le soutien sans faille ; Au Pr KABORET, Directeur Général de l’EISMV ; Au Dr OSSEBI, pour sa disponibilité et son encadrement ; Au Dr SOME/BONTOULGOU Joceline, merci pour tout ; A M. ZABSONRE Alexie, merci pour votre disponibilité et vos conseils ; A M. ZONGO Paul, merci pour le soutien ; A M. YAMEOGO Emmanuel et son épouse merci pour votre soutien ; A ma Marraine, Sylvie Dasylva : merci pour ton soutien. Au Dr BATIONO, pour son soutien ; Au Dr TAPSOBA, pour son appui conséquent ; M. BAMBARA, DR BATIOBO, Dr OUEDRAOGO, M. TANKOUANO Oumarou, Dr PODA, Dr OUATTARA, M. ZONGO, M. ZOURI, M. TOE, M. BISSIR, M. SOULGA, M. DAKOURE, M. BAMAGO, Mme OUEDRAOGO, M. SYLVESTRE, M. SIRIMA, pour leurs conseils lors de la réalisation du travail de terrain ; M. NIKIEMA ET SA FAMILLE à Ouagadougou, Merci pour tout ; Au Dr SAVADOGO, Dr ILBOUDO, Dr HAKIZIMANA, Dr KABORE, Dr DERA, M. BONOGO, M. OUOBA, M. OUEDRAOGO, M. OUATTARA et M. COMPAORE pour leur soutien dans la réalisation de ce travail ; A tous nos maîtres de l’EISMV de Dakar, pour la qualité de l’enseignement qu’ils nous ont si généreusement dispensé ; v
Au parrain de la 43ème promotion, M. IDRISSA NASSA ; A tout le personnel administratif et technique de l’EISMV ; A l’Association des Etudiants Vétérinaires de Dakar ; A la Cellule des Etudiants Vétérinaires Catholiques ; A l’Amicale des Etudiants Vétérinaires Burkinabè de Dakar; A l’Association des Scolaires Burkinabè de Dakar ; A l’Ambassade du Burkina Faso au Sénégal ; A tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail. Je vous adresse mes sincères remerciements.
vi
A NOS MAITRES ET JUGES A notre Maître et Président de jury, Monsieur Gora MBAYE, Maître de conférences agrégé à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar. Nous avons été particulièrement émus par l’enthousiasme et la spontanéité avec lesquels vous avez accepté de présider notre jury de thèse, malgré vos multiples occupations. Votre rigueur scientifique et votre sens des relations humaines sont des qualités qui nous ont particulièrement marqué. Veuillez trouver ici nos remerciements les plus sincères.
A notre Maître, Rapporteur et Directeur de thèse, Monsieur Yalacé Yamba KABORET, Professeur à l’EISMV de Dakar. En acceptant de rapporter ce travail, vous nous faites un grand honneur. Nous apprécions très hautement votre esprit de simplicité et votre sens de responsabilité. Vos qualités humaines et scientifiques, la clarté et la rigueur de vos enseignements forcent respect et considération. Sincères remerciements !
A notre Maître et juge, Monsieur Moussa ASSANE, Professeur à l’EISMV de Dakar. C’est avec plaisir et spontanéité que vous avez accepté de siéger dans notre jury de thèse. Vos qualités humaines et scientifiques nous servirons de guide.
vii
Recevez ici toute notre gratitude et notre grande considération. Sincères remerciements ! A notre Maître et juge, Monsieur Oubri Bassa GBATI, Maître de Conférences agrégé à l’EISMV. Vos multiples préoccupations ne vous ont pas empêché d’accepter avec promptitude de juger ce travail. Vos qualités scientifiques, la clarté et la rigueur de vos enseignements et votre grande disponibilité nous ont profondément marqué durant notre cursus à l’EISMV. Hommage respectueux !
A notre Maître et Co-Directeur de thèse, Monsieur Walter OSSEBI, Docteur vétérinaire, Assistant au service d’Economie Rurale et de Gestion. Vous nous avez inspiré, aidé, et encouragé dans notre travail. Les moments passés ensemble nous ont permis de découvrir en vous l’exemple même de la bienveillance et de l’amour pour le travail bien fait. Vos conseils nous ont servi et continueront toujours à nous orienter. Veuillez trouver ici l’assurance de notre sincère reconnaissance et de notre profonde admiration !
viii
« Par délibération, la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie et l’Ecole Inter- Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar ont décidé que les opinions émises dans les dissertations qui leurs sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu’elles n’entendent leur donner aucune approbation ni improbation »
ix
SIGLES ET ABREVIATIONS 3ADI
:
African
Agribusiness
and
Agro-industries
Development
Initiative BOA
:
Bank of Africa
BRVM
:
Bourse Régionale des Valeurs Mobilières
CEDEAO :
Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest
CILSS
Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse
:
dans le Sahel CIRAD
:
Centre
de
coopération
Internationale
en
Recherche-
Développement sur l’élevage en zone subhumide CPF
:
Confédération Paysanne du Faso
CSE
:
Contribution du Secteur de l’Elevage
DGESS
:
Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectoriels
EISMV
:
Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar
EPCVM
:
Enquête Prioritaire sur les Conditions de Vie des Ménages
FAO
:
Food and Agriculture Organization of the United Nations
FBDES
:
Fonds Burkinabé de Développement Economique et Social
FCFA
:
Franc de la Communauté Financière Africaine
FODEL
:
Fonds de Développement de l’Elevage
IRAM
:
Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de développement x
MEF
:
Ministère de l’Economie et des Finances
MRA
:
Ministère des Ressources Animales
ONUDI
:
Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
OP
:
Organisation Paysanne
PAFASP
:
Programme d’Appui aux Filières Agro-Sylvo-Pastorales
PAPSA
:
Projet d’Amélioration de la Productivité agricole et de la Sécurité Alimentaire
PME
:
Petite et Moyenne Entreprise
PMI
:
Petite Moyenne Industrie
PNUD
:
Programme de Nations Unies pour le Développement
PPAAO
:
Le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest
PPCB
:
Péri Pneumonie Contagieuse des Bovidés
PUH
:
Permis Urbain d’Habitation
RCPB
:
Réseau des Caisses Populaires du Burkina
SOFAB
:
Société de Fabrique d’Aliment de Bétail
SPAI
:
Sous-Produits Agro-Industriel
UEMOA
:
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UNHCR
:
United Nations High Commissioner For Reefugees (HautCommissariat des Nations Unies pour les Réfugiés)
VSF-B
:
Vétérinaire Sans Frontière de Belgique
xi
LISTE DES FIGURES Figure 1 : Carte du Burkina Faso ............................................................................... 5 Figure 2 : Evolution des exportations par espèce (en milliers de têtes) au Burkina Faso .............................................................................................. 7 Figure 3 : Répartition des bovins par région en 2012 ............................................ 22 Figure 4 : Répartition de petits ruminants par région en 2012 ................................. 22 Figure 5 : Carte de localisation des différents marchés de bétail suivi par la DGESS ..................................................................................................... 22 Figure 6 : Structuration de la filière nationale bétail viande en 2007 ...................... 24 Figure 7 : Implantation des caisses populaires dans les provinces du Burkina Faso .......................................................................................................... 41 Figure 8 : Origines des sorties d’animaux ................................................................ 45 Figure 9 : Localisation des zones d’enquête au Burkina Faso ................................ 51 Figure 10 : Répartition des producteurs selon leur niveau d'étude au Burkina Faso .......................................................................................................... 57 Figure 11 : Répartition des commerçants selon leur niveau d’étude ......................... 59 Figure 12 : Niveau d’étude des transformateurs ........................................................ 61 Figure 13 : Répartition du type d’aliment utilisé pour la production ......................... 63 Figure 14 : Pratique d'examen clinique des animaux achetés .................................... 66 Figure 15 : (A) Répartition des commerçants et (B) Principaux lieux d'exportation de bétail .............................................................................. 66 Figure 16 : Lieu de dépôt de l’argent issu des ventes d’animaux .............................. 67 Figure 17 : Difficultés rencontrées par les commerçants lors de la traversée des frontières .................................................................................................. 68
xii
Figure 18 : Répartition de transformateurs selon leur maîtrise de la découpe des carcasses .................................................................................................. 69 Figure 19 : Causes des pertes des transformateurs..................................................... 71 Figure 20 : Sources de financement des producteurs au Burkina Faso ..................... 73 Figure 21 : Origines des crédits des producteurs au Burkina Faso ........................... 73 Figure 22 : Source de financement des commerçants au Burkina Faso ..................... 75 Figure 23 : Origines des crédits des commerçants au Burkina Faso ........................ 75 Figure 24 : Source de financement des transformateurs au Burkina Faso ................. 76 Figure 25 : Origines des crédits des transformateurs au Burkina Faso ...................... 76 Figure 26 : Satisfaction des enquêtés par rapport aux taux d'intérêt .......................... 78 Figure 27 : Périodicités de remboursement des crédits contractés ............................ 79
xiii
LISTE DES TABLEAUX Tableau I
: Evolution de l'effectif du cheptel national par espèce (en milliers) de 2008 à 2012 ............................................................... 6
Tableau II
: Répartition du cheptel par système ............................................... 9
Tableau III
: Origines des sources de revenus monétaires des ménages ruraux par région ........................................................................ 13
Tableau IV
: L’intervention des acteurs suivants les différents maillons de la filière .................................................................................. 18
Tableau V
: Abattages en 2012 par espèces et variations .............................. 25
Tableau VI
: Exportations du bétail en 2012 et variations par espèce ............ 26
Tableau VII
: Source de financement du PAFASP ........................................... 33
Tableau VIII
: Systèmes d’élevage du bétail et leurs contraintes ...................... 44
Tableau IX
: Répartition des personnes enquêtées par province au Burkina Faso ............................................................................... 56
Tableau X
: Lieu de dépôt de l’épargne des producteurs au Burkina Faso ............................................................................................. 57
Tableau XI
: Répartition des commerçants enquêtés en fonction des provinces ..................................................................................... 58
Tableau XII
: Lieu de dépôt de l’épargne des commerçants du Burkina Faso ............................................................................................. 59
Tableau XIII
: Répartition des transformateurs selon les provinces .................. 60
Tableau XIV
: Différents types de transformateurs ............................................ 61
Tableau XV
: Lieu de dépôt de l’épargne des transformateurs au Burkina Faso ............................................................................................. 62
Tableau XVI
: Types d'élevages en fonction du mode de production ................ 62 xiv
Tableau XVII
: Suivi prophylactique des animaux selon le niveau d'étude des producteurs ........................................................................... 63
Tableau XVIII
: Nombre de déparasitage des animaux par an ou par cycle ......... 64
Tableau XIX
: Lieu de vente en fonction de la province de provenance du producteur ................................................................................... 64
Tableau XX
: Variation des bénéfices des producteurs en FCFA..................... 65
Tableau XXI
: Contraintes liées à la commercialisation .................................... 67
Tableau XXII
: Variation des bénéfices des commerçants en FCFA .................. 69
Tableau XXIII
: Variation du montant des bénéfices des transformateurs en FCFA .......................................................................................... 70
Tableau XXIV
: Répartition des acteurs enquêtés suivant le niveau d'étude et le lieu de dépôt de l'argent (en valeurs) .................................. 71
Tableau XXV
: Montant des cotisations des groupements en FCFA .................. 72
Tableau XXVI
: Source de financement des groupements des commerçants ....... 74
Tableau XXVII : Montant des cotisations au niveau des groupements de commerçants ............................................................................... 74 Tableau XXVIII : Garanties exigées par les institutions financières ....................... 77 Tableau XXIX
: Variation du taux d’intérêt.......................................................... 77
Tableau XXX
: Proposition des taux d'intérêt par les acteurs de l'élevage .......... 78
xv
TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ......................................................................................................... 1 PREMIERE PARTIE.................................................................................................... 3 CHAPITRE I : L’ELEVAGE DU BETAIL AU BURKINA FASO ......................... 4 I.1. Généralités sur le Burkina Faso ............................................................................. 4 I.1.1. Présentation physique et données socioéconomiques ..................................... 4 I.1.2. Sous-secteur de l’élevage ................................................................................ 5 I.1.3. Etat des organisations professionnelles d’élevage .......................................... 8 I.2. Systèmes d’élevage au Burkina Faso .................................................................... 9 I.2.1. Systèmes d’élevage traditionnels .................................................................. 10 I.2.2. Systèmes d’élevage améliorés ....................................................................... 11 I.3. Importance de l’élevage du bétail au Burkina Faso............................................. 11 I.3.1. Importance socioculturelle ............................................................................ 11 I.3.2. Importance économique ................................................................................ 12 CHAPITRE II : LA CHAINE DE VALEUR BETAIL VIANDE AU BURKINA FASO ......................................................................................................... 15 II.1. Description de la chaîne de valeur bétail viande au Burkina Faso.................... 15 II.1.1. Définition d’une chaîne de valeur ................................................................ 15 II.1.2. Différents composants de la chaîne de valeur bétail viande ........................ 15 II.1.3. Interprofession de la chaîne de valeur bétail viande .................................... 19 II.2. Commercialisation du bétail au Burkina Faso ................................................... 21 II.2.1. Offre en bétail .............................................................................................. 21 II.2.2. Demande en bétail ........................................................................................ 23 II.2.3. Exportation ................................................................................................... 26 CHAPITRE III : BESOINS, CONTRAINTES ET ORGANES DE FINANCEMENT DES ACTEURS DE LA CHAINE DE VALEUR BETAIL VIANDE AU BURKINA FASO ................................................................................. 28 III.1. Besoins des acteurs de la chaine de valeur bétail viande .................................. 28 III.1.1. Cas des producteurs .................................................................................... 28 III.1.2. Cas des commerçants .................................................................................. 28 xvi
III.1.3. Cas des transformateurs .............................................................................. 29 III.2. Organes de financement des acteurs ................................................................. 29 III.2.1. Projets et programmes étatiques ................................................................. 29 III.2.2. Projets et programmes non Etatiques ......................................................... 34 III.2.3. Institutions financières ................................................................................ 37 III.3. Contraintes rencontrées par les acteurs de la chaine de valeur bétail viande ...................................................................................................................... 43 III.3.1. Cas des producteurs .................................................................................... 43 III.3.2. Cas des commerçants .................................................................................. 46 III.3.3. Cas des transformateurs .............................................................................. 48 DEUXIEME PARTIE ................................................................................................. 50 CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES ........................................................ 51 I.1. Zone d’étude ........................................................................................................ 51 I.2. Echantillonnage ................................................................................................... 52 I.3. Conduite de l’enquête .......................................................................................... 52 I.3.1. Enquête exploratoire ...................................................................................... 52 I.3.2. Enquête transversale ...................................................................................... 53 I.4. Traitement des données et analyses statistiques .................................................. 54 CHAPITRE II: RESULTATS .................................................................................... 56 II.1. Identification des différents mécanismes de financement des acteurs de la chaîne de valeur ...................................................................................................... 56 II.1.1. Description socio-économique des acteurs .................................................. 56 II.1.2. Facteurs influençant la gestion technico-économique des activités ............ 62 II.1.3. Sources de financements des acteurs ........................................................... 72 II.2. Difficultés liées aux mécanismes de financement de la chaîne de valeur du bétail-viande au Burkina Faso ................................................................................ 77 II.2.1. Types de garanties ........................................................................................ 77 II.2.2. Taux d’intérêt ............................................................................................... 77 II.2.3. Différents modes de remboursement des crédits ......................................... 79 CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS .............................. 80 III.1. Discussion ......................................................................................................... 80 xvii
III.1.1. Limites de l’étude ....................................................................................... 80 III.1.2. Mode de financement des acteurs ............................................................... 80 III.1.3. Difficultés liées aux modes de financement ............................................... 81 III.2. Recommandations ............................................................................................. 85 III.2.1. Acteurs de la chaîne de valeur bétail viande .............................................. 85 III.2.2. Institutions financières ................................................................................ 85 III.2.3. Projets ......................................................................................................... 85 III.2.4. Etat (MRA) ................................................................................................. 86 CONCLUSION ............................................................................................................ 87 BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................... 90 ANNEXES .................................................................................................................... 95
xviii
INTRODUCTION L’élevage occupe une place sociale et économique majeure au Burkina Faso. En effet, il occupe plus de 80% des ménages qui en tirent l’essentiel de leurs revenus. Pourvoyeur d’emplois, le sous-secteur de l’élevage participe à la lutte contre la pauvreté par une augmentation des revenus des éleveurs de l’ordre de 3% l’an [17]. Avec un cheptel national estimé en 2010 à plus de 8,2 millions de bovins, 21 millions de petits ruminants, 39 millions de volailles et 2,2 millions de porcins [23], le soussecteur de l’élevage contribue, pour plus de 18% (12% pour les animaux sur pieds et 6% pour les cuirs et peaux) à la création de la valeur ajouté nationale ; il est classé troisième poste pourvoyeur de devises après l’or et le coton [18]. L’élevage participe à l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations par un apport de produits de haute valeur nutritive (viande, lait ; œuf). Par ailleurs, l’élevage constitue un facteur d’intensification des systèmes de productions agricoles par la traction animale et la fertilisation des sols. La population burkinabè est en pleine croissance avec un taux d’accroissement estimé à 3,42% par an et selon les prévisions, cette population devait atteindre 18450494 habitants en 2015 [11]. Pour une grande partie de cette population, la pauvreté constitue une réalité quotidienne : plus de 46,4% de la population totale vit ainsi en dessous du seuil de pauvreté [12]. Considérant le taux de croissance de la population et le seuil de pauvreté, il est indispensable de développer le secteur de l’élevage qui constitue la principale source de revenus des populations rurales. Malgré son importance socio-économique le sous-secteur de l’élevage ne bénéficie que d’une très faible part des investissements publics. Celle-ci a été estimée à 1,13% des dépenses d’investissement de l’Etat au cours de la période 1995-2006. Outre les efforts de l’Etat, des institutions financières privées contribuent dans les investissements au profit de l’élevage. Cet apport estimé entre 0,02% et 0,03% au cours de la période 2005 à 2009 demeure largement en dessous des besoins financiers du secteur [26]. La chaîne de valeur bétail viande, en l’occurrence, fait face aux multiples contraintes financières qui freinent son développement [46]. La principale 1
difficulté
demeure
l’accès
des
acteurs
de
la
chaîne
aux
financements.
Malheureusement, si la problématique du déficit en matière d’apport financier est une réalité, le dispositif de financement présent au niveau national semble ne pas satisfaire les acteurs. Cette étude porte sur l’analyse des mécanismes de financement de la chaîne de valeur bétail viande au Burkina Faso. Pour mieux appréhender la situation, l’étude s’attèlera spécifiquement à : Identifier les mécanismes de financement de la chaîne de valeur bétail viande ; Evaluer les difficultés liées au financement de la chaîne de valeur bétail viande. Afin de faciliter et de bien guider la réflexion, l’hypothèse suivante a été formulée : tous les différents maillons de la chaîne de valeur bétail viande, au Burkina Faso, sont confrontés à de nombreuses difficultés de financement. Pour atteindre ces objectifs, nous avons conduit une enquête transversale auprès des acteurs de la chaîne de valeur bétail viande : producteurs, commerçants, transformateurs, responsables des projets, personnels techniques des services d’élevage et responsables des entreprises financières. Ce travail comprend deux parties : la première partie est une synthèse bibliographique sur la chaîne de valeur bétail viande, et la deuxième partie présente les résultats de l’étude.
2
PREMIERE PARTIE Synthèse Bibliographie
3
CHAPITRE I : L’ELEVAGE DU BETAIL AU BURKINA FASO I.1. Généralités sur le Burkina Faso I.1.1. Présentation physique et données socioéconomiques Pays situé au cœur de l’Afrique occidentale, le Burkina Faso s’étend sur une superficie de 274222 Km2 [11]. Il jouit d’un climat tropical sec caractérisé par des aléas climatiques qui vulnérabilisent tout le secteur productif primaire, en occurrence l’agriculture et l’élevage. Il est limité au Nord et à l’Ouest par le Mali, à l’Est par le Niger, au Sud par le Benin, le Togo et le Ghana et au Sud-ouest par la Côte d’Ivoire (figure1). Le Burkina Faso comptait en 2006, 14 millions d’habitants dont 52% de femmes selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH). Cette population, selon les prévisions, devrait atteindre 18450494 d’habitants en 2015 [12]. En 2006, environ 77% de la population vivaient en milieu rural et 46,6% avaient moins de 15 ans. Le pays connaît un fort taux d’accroissement démographique estimé à 3,42% par an. Ce croît démographique est le résultat d’une fécondité élevée, précoce et rapprochée avec en moyenne 6,2 enfants par femme. Dans cette même période le taux de mortalité général qui était de 14,8% en 1996 est passé à 11,8% en 2006. L’espérance de vie à la naissance est estimée à 56,7 ans en 2006. Notons qu’en 2009, le seuil de pauvreté a été estimé de 130735 FCFA et la proportion des pauvres était de 46,7% [13]. Plus de 80% de la population Burkinabè travaille dans le secteur primaire notamment l’agriculture et l’élevage.
4
Figure 1 : Carte du Burkina Faso I.1.2. Sous-secteur de l’élevage Le secteur primaire est fortement dominé par l'agriculture et l'élevage, faisant ainsi du Burkina Faso un pays à vocation agropastorale. L’élevage est caractérisé par l’existence d’un cheptel numériquement important et diversifié (tableau I) [23], avec une faible productivité caractérisée par un système d’exploitation de type extensif.
5
Tableau I: Evolution de l'effectif du cheptel national par espèce (en milliers) de 2008 à 2012 Espèces
2008
2009
2010
2011
2012
Bovins
8072
8233
8398
8566
8 738
Ovins
7770
8003
8234
8490
8 745
Caprins
11633
11982
12342
12712
13 094
Pintades
7092
7304
7523
7749
7 982
Porcins
2083
2124
2167
2210
2 255
Poulets
28267
29115
29988
30888
31 815
Asins
1009
1029
1050
1071
1 093
Camelins (*)
16331
16653
16982
17317
17 659
Equins (*)
37810
38168
38531
38894
39 266
(*) Pour les camelins et équins, leurs effectifs ne sont pas en milliers. Source : [21] et [23] Avec un cheptel estimé à plus de 216 millions toutes espèces confondue (tableau I), le sous-secteur de l’élevage joue un rôle majeur sur le plan social, économique et de la sécurité alimentaire [18]. Pourvoyeur d’emplois, il contribue pour plus de 18% au P.I.B. Son taux de rentabilité est de 19,7% est plus important que celui de la production végétale (7,5%) [18]. Le sous-secteur de l’élevage contribue grandement à la lutte contre la pauvreté, surtout en milieu rural, à travers la création d’emplois et la génération de revenus substantiels. En termes d’emplois directs générés, l’élevage occupe annuellement plus de 900000 personnes à plein temps pour la production et 60000 à 90000 autres pour les activités de transformation et de commercialisation [25]. Selon les trois enquêtes menées sur les conditions de vie des ménages en 1994, en 1998 et 2003, l’élevage est la principale source de revenus en milieu rural [24].
6
Concernant les exportations et la contribution au budget de l’Etat (figure 2) [23], l’élevage a été, en 2009 le troisième poste pourvoyeur de devises du pays puisque le bétail sur pied constituait le troisième produit d’exportation après l’or et le coton. Les valeurs moyennes annuelles des produits animaux exportés représentent 15 à 16 milliards de FCFA, soit 30% des recettes d’exportation [16].
Source : [23] (DGSS)
Figure 2: Evolution des exportations par espèce (en milliers de têtes) au Burkina Faso L’élevage contribue directement à la sécurité alimentaire par la consommation des produits animaux à savoir la viande, le lait et les œufs. Celui des espèces à cycle court joue un rôle particulier dans ce cadre pour l’alimentation des ménages ruraux. En effet les ménages ruraux tirent une bonne partie de leur alimentation dans l’exploitation des espèces à cycle court. Toutefois, la contribution de l’élevage à la couverture des besoins de la population reste faible sur le plan nutritionnel avec une consommation moyenne annuelle par habitant de produits animaux en 2009, estimé à 13,2kg de viande ; 20,4 litres de lait et 12,4 œufs; comparé aux normes internationales qui sont de 38 kg de viande, 241 litres de lait et 145 œufs selon la FAO [34].
7
D’autres facteurs militent en faveur de non satisfaction des besoins alimentaires des populations. Parmi ces facteurs, les maladies animales telles que le charbon symptomatique, la fièvre aphteuse, le charbon bactérien, la pasteurellose, la trypanosomiase, la peste porcine, l’influenza aviaire sont prédominantes. Les foyers de principales maladies contagieuses au Burkina Faso, au cours de la période 20032012, ont connu des évolutions diverses. En effet, chez les petits ruminants, après des pics en 2007 et 2009, le nombre de foyers est en baisse depuis 2010 de l’ordre de 44,1%. Chez les bovins, cette baisse est notable depuis 2010 sauf pour la fièvre aphteuse qui présentait une hausse importante en 2011. Chez les porcins et la volaille, on note une baisse non significative. Chez les autres espèces telles les asins et les équins, les foyers enregistrés sont faibles avec cependant une tendance à la hausse. Malgré les efforts soutenus du Gouvernement, la couverture vaccinale reste très limitée et la recrudescence des maladies animales épizootiques émergentes ou réémergentes demeure une des principales contraintes au développement du soussecteur de l’élevage [23]. Pour faciliter les actions de l’Etat, les acteurs de ce sous-secteur de l’élevage se sont organisés en groupement ou en association. I.1.3. Etat des organisations professionnelles d’élevage Selon le dernier recensement des Organisations Paysannes (OP) réalisé en 2001 au démarrage du Plan d’Action d’Appui aux OP, 1700 organisations affichent l’élevage comme activité principale [37]. Ils sont régis par la loi N/ 014/99/AN [28]. Ces organisations œuvrent dans le domaine de la production, commercialisation et/ou dans la transformation des animaux ou produits d’élevage dont le siège social est situé à Ouagadougou. Dans la chaîne de valeur bétail viande, plus de 700 organisations ont été recensées. Elles sont constituées des groupements, des Unions et Fédérations. Il s’agit notamment de : -
l’Union Nationale des Commerçants Exportateurs de Bétail (UNACEB) ;
-
l’Union Nationale des Exportateurs du Bétail et de la Viande (UNAEBV) ; 8
-
l’Union Nationale des Bouchers et Charcutiers (UNABOC) ;
-
la Fédération des Eleveurs du Burkina (FEB).
Toutes ces organisations sont reconnues comme interlocutrices privilégiées du Ministère des Ressources Animales (MRA) et plus généralement de l’Etat [46]. Mais ces acteurs de l’élevage notamment les producteurs pratiquent différents modes d’élevage qui sont surtout liés à l’alimentation et à la façon dont ces producteurs entretiennent leurs animaux. I.2. Systèmes d’élevage au Burkina Faso Au Burkina Faso, il existe deux grands types de systèmes d’élevage. Ce sont les systèmes d’élevage traditionnels et les systèmes d’élevage améliorés (tableau II). Tableau II : Répartition du cheptel par système (%) Système Traditionnel
Système
Total
Transhumant
Sédentaire
amélioré
Bovin
16,5
79,3
4,2
100
Ovin/Caprin
5,9
90,9
3,2
100
Asin
1,3
91,6
7,1
100
Equin
4,4
81,1
14,6
100
Camelin
4,5
91,7
3,8
100
Porcin
0
92,6
7,4
100
Poule
0
98
2
100
Pintade
0
98,5
1,5
100
Canard
0
96,6
3,4
100
Dindon
0
90,6
9,4
100
Source : Recensement Général de l ‘Agriculture 2006-2010 (RGA) [26]
9
I.2.1. Systèmes d’élevage traditionnels Les systèmes d’élevage traditionnels se caractérisent par une faible utilisation d’intrants. L’habitat des animaux est inexistant ou sommaire. La complémentation alimentaire est souvent absente, sauf en cas de crise fourragère aigue pour soutenir les animaux affaiblis. La protection sanitaire se résume aux vaccinations obligatoires pour une fraction du troupeau et à quelques soins en cas de maladie déclarée. Il s’agit d’élevage de subsistance et parfois de prestige. Les systèmes d’élevage traditionnels regroupent les systèmes transhumants et les systèmes extensifs sédentaires [3]. I.2.1.1. Systèmes transhumants Le système pastoral transhumant regroupe le système pastoral de transhumance à grande envergure et le système de transhumance de petite envergure. Dans le premier cas, les troupeaux se déplacent très souvent en groupe sur des centaines de kilomètres voire au-delà des frontières nationales. Dans le second cas, les troupeaux se déplacent dans des localités voisines pour une courte période. Ce dernier peut être confondu facilement au système agropastoral sédentaire sauf qu’ici les animaux restent loin de la base pendant une période assez longue. Les systèmes pastoraux transhumants se rencontrent sur toute l’étendue du territoire national, avec une forte prépondérance dans les régions du Sahel, de l’Est et à l’Ouest du pays [3]. Dans le système pastoral transhumant, la production s’organise autour des pâturages naturels et il n’y a pas d’intégration cultures-élevage. Toutefois, l’exploitation des fourrages post récolte constitue un maillon important de la chaîne de pâturage annuelle. La production fourragère et la constitution de réserves fourragères sont très faibles. En zone sahélienne, les sous-produits agro-industriels (SPAI) sont utilisés pendant la saison sèche pour soutenir les animaux faibles du sous-troupeau laitier. L’abreuvement des animaux se fait principalement à partir des eaux de surface, avec des difficultés liées à la disponibilité et/ou à l’accès en saison sèche. Ces pasteurs transhumants ont un nombre important de bovins et de petits ruminants. Les systèmes pastoraux transhumants sont pratiqués par environ 9% des ménages éleveurs [26].
10
I.2.1.2. Systèmes extensifs sédentaires Les systèmes d’élevage extensifs sédentaires sont des systèmes dans lesquels les animaux se déplacent à une distance qui ne dépasse pas une journée de marche du parc de nuit. On y distingue le système pastoral sédentaire et le système agropastoral. Le confiage y est de plus en plus fréquent. Le système traditionnel sédentaire est le mode d’élevage le plus dominant. Il regroupe selon les espèces entre 79% à 98,5% des animaux et est pratiqué par environ 85% des éleveurs [26]. I.2.2. Systèmes d’élevage améliorés Dans ces systèmes, les éleveurs investissent des moyens plus conséquents en intrants, infrastructures et travail, ce qui permet aux animaux de mieux extérioriser leurs performances. Ce sont des systèmes semi-intensifs (6% environ) voire intensifs dans lesquels se retrouvent l’embouche familiale, l’embouche commerciale et les élevages spécialisés laitiers [40]. Ces types d’élevage se développent généralement autour des centres urbains et sont l’œuvre d’une diversité d’acteurs ; comprenant aussi bien des acteurs voulant capitaliser des revenus issus d'autres sources de rendement, comme des fonctionnaires en service ou à la retraite, des commerçants, des jeunes éleveurs voulant moderniser l'installation familiale et/ou ayant pris la mesure des potentialités de la filière lait en milieu périurbain [26]. I.3. Importance de l’élevage du bétail au Burkina Faso I.3.1. Importance socioculturelle Sur le plan culturel, l’élevage du bétail intervient à plus d’un titre à la valorisation de la situation des peuples pasteurs ; de l’honneur et du prestige. En plus ce produit d’élevage est utilisé comme dot lors des mariages coutumiers dans certaines ethnies du Burkina comme les Gourounsis. Chez le peuple Lobi, le bétail sert plutôt à l'expression d'une identité spirituelle et culturelle qu'à la spéculation commerciale. De plus le bétail est également utilisé lors des fêtes (Tabaski, baptêmes, Noël, mariages, sacrifices) [42]. Par ailleurs, l’élevage constitue un facteur d’intensification des systèmes de productions agricoles par la traction animale et la fertilisation des sols. Les bovins 11
sont utilisés dans les champs et les grandes exploitations de coton dans le Sud du pays pour la culture attelée [15]. Les bovins de traction réduisent les efforts des cultivateurs et valorisent au mieux leur journée de travail. Cependant, au Sud ou l’acquisition des animaux s’avère plus difficile, les cultivateurs sont approvisionnés par les éleveurs du Nord à travers un programme du Ministère de l’Agriculture dont le but est d’améliorer le rendement des cultivateurs. Cela est un facteur important qui participe à l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. Les producteurs élèvent les animaux et décident à un moment donné de vendre une partie du troupeau pour répondre à des besoins familiaux (achat de céréales, soins, scolarité, habillement, fêtes, etc.) ; auquel cas, les animaux sont conduits au marché pour être vendus. En plus d’être une source de revenu, l’exportation de la viande est pourvoyeuse d’emploi tant en amont qu’en aval de la chaîne d’exportation. Elle requiert ensuite la création d’ateliers d’embouches sous forme concentrique. Cela permettra également d’avoir de la viande de qualité certifiée, d’augmenter les recettes d’exportation et surtout, de tirer un profit supplémentaire de la commercialisation ou de la transformation des produits dérivés : le cuir, les cornes, les os, et tous les autres produits qui sont perdus lorsque l’animal est vendu sur pied [26]. I.3.2. Importance économique I.3.2.1. Contribution du sous-secteur de l’élevage aux revenus des ménages ruraux Selon les résultats de l’enquête sur les conditions de vie des ménages de 2003, environ 38,8% des revenus monétaires des ménages ruraux proviennent de l’élevage, contre 22,5% pour l’agriculture (tableau III). Ainsi, au plan national, le sous-secteur de l’élevage constitue la principale source de revenus monétaires pour les ménages en milieu rural. Alors au regard du rôle que joue les revenus monétaires dans l’accès aux services sociaux de base tels que la santé et l’éducation, il ressort que le sous-secteur de l’élevage contribue de façon très significative à l’amélioration du niveau de développement humain des populations rurales au Burkina Faso.
12
La contribution du sous-secteur de l’élevage aux revenus monétaires des ménages varie fortement selon les régions. Dans les régions du Sahel et du Centre Nord, la part des revenus tirés de l’élevage est estimée en moyenne à 50%. Elle est respectivement à 68,9% et 55,4% (tableau III). Egalement dans les régions du Plateau central, du Nord, de l’Est et du Centre-Est, le sous-secteur de l’élevage est la principale source de revenus monétaires des ménages ruraux et sa contribution varie entre 30,9% et 36,3% [26]. Tableau III : Origines des sources de revenus monétaires des ménages ruraux par région (%). Région
Non
Agricole Elevage Salaires
Boucle du
Agricole
Transferts
Autres sources
Total
15,7
24,8
9,5
33,0
16,8
0,3
100
Cascades
57,2
16,3
2,9
19,0
4,6
0,0
100
Centre
18,3
14,5
27,4
23,1
16,7
0,0
100
Centre Est
19,4
30,9
5,0
23,3
20,6
0,7
100
Centre Nord
20,2
55,4
2,2
10,7
11,4
0,1
100
Centre Ouest
34,3
16,9
8,3
13,7
26,7
0,2
100
Centre Sud
38,9
22,4
1,7
10,1
26,3
0,6
100
Est
22,9
35,3
16,6
12,4
8,8
4,0
100
Hauts Bassins
37,1
28,5
3,6
15,4
15,2
0,3
100
Nord
12,7
35,0
5,0
25,8
21,5
0,0
100
Plateau Central
29,6
36,3
4,7
19,6
8,8
1,0
100
Sahel
4,4
68,9
1,1
17,0
8,5
0,0
100
Sud-Ouest
20,9
13,8
10,1
43,0
10,6
1,5
100
Total
22,5
38,8
5,4
18,9
13,8
0,5
100
Mouhoun
Source : A partir des données de l’EPCVM-2003 (Enquête prioritaire sur les conditions de vie des ménages)
13
I.3.2.2. Contribution du bétail à l’économie nationale Le bétail procure des revenus importants pour l’économie du Burkina Faso. En effet l’ensemble du chiffre d’affaires bovins et petits ruminants confondus, est estimé à 253,8 milliards dont 74% (103.5 milliards) proviennent du marché national et de la vente directe par les petits commerçants et 26% de l’exportation (38.3 milliards). En outre, elle constitue une source importante de devises pour l’Etat par la Contribution du Secteur Elevage (CSE) qui est une taxe de 3000 FCFA par bovin à l’exportation. Les différentes taxes procurent 500 et 750 millions directement à l’Etat à travers le Fonds de Développement de l’Elevage (FODEL). Le FODEL utilise 40% de la CSE pour investissements dans le secteur de l’élevage. En 2007, le volume moyen des transactions sur les marchés suivis a été de 54 657 943 228 FCFA [32]. Vu cette importante contribution du bétail à l’économie nationale, à la lutte contre la pauvreté et à l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Burkina Faso, il est indispensable de mieux connaitre la chaîne de valeur bétail viande pour bien booster son développement.
14
CHAPITRE II : LA CHAINE DE VALEUR BETAIL VIANDE AU BURKINA FASO II.1. Description de la chaîne de valeur bétail viande au Burkina Faso II.1.1. Définition d’une chaîne de valeur Le concept chaîne de valeur bétail viande inclut l’ensemble des activités et des participants impliqués dans le circuit de la production du bétail jusqu’à la transformation de celui-ci en viande. De ce fait, une chaîne de valeur est souvent définie comme une séquence d’opérations créant une valeur ajoutée, de la production à la consommation en passant par la commercialisation et la transformation du bétail. Chaque segment de la chaîne entretient un ou plusieurs liens avec le segment suivant ou précédent [43]. L’analyse de la chaîne de valeur est une évaluation de tous les acteurs et de tous les facteurs qui participent à la réalisation des activités et des relations créent entre les participants de façon à identifier les principales entraves à l’amélioration du rendement, de la productivité et de la compétitivité d’une ferme et la façon dont ces entraves peuvent être surmontée. L’intégration d’une chaîne de valeur de la ferme à la table peut permettre d’en améliorer les rendements et la valeur, en réduisant les pertes, en assurant la sécurité sanitaire, en diminuant les prix à la consommation et en améliorant les prix et les revenus en faveur des petits producteurs du bétail. La chaîne de valeur bétail viande est constituée de producteurs, de commerçants, et de transformateurs. II.1.2. Différents composants de la chaîne de valeur bétail viande Les principaux acteurs de la chaîne de valeur bétail viande sont les éleveurs ou producteurs, les commerçants de bétail (collecteurs et exportateurs, les courtiers) et les transformateurs (bouchers et les charcutiers).
15
II.1.2.1. Producteurs La production de bétail est assurée par près de 80% de la population du Burkina Faso. Elle est réalisée dans une large mesure par de petits producteurs. On peut scinder toutefois ces acteurs en deux groupes en lien avec les systèmes d’élevage. On a ainsi : -
les pasteurs, les agropasteurs et les agro-éleveurs comme principaux acteurs au niveau des systèmes traditionnels d’élevage ;
-
les fonctionnaires, les retraités, les commerçants, les hommes d’affaires, les décideurs politiques comme nouveaux acteurs qui opèrent surtout au niveau des systèmes d’élevage améliorés (semi-intensifs ou intensifs) [26].
Concernant la structuration de ces acteurs, de nombreuses organisations de base existent sous forme de groupements, de syndicats ou de coopératives. Le PAFASP a aidé à la création d’une interprofession bétail-viande et d’une interprofession volaille locale [46]. Notons qu’au Burkina Faso, il est rare qu’un producteur se spécialise dans l’élevage d’une seule espèce animale donnée, la majorité des producteurs burkinabé élèvent indistinctement les bovins, les ovins et les caprins. Nous rencontrons toutefois, de plus en plus, des producteurs qui se spécialisent dans l’embouche bovine et / ou ovine. II.1.2.2. Commerçants Les acteurs de la commercialisation du bétail sont principalement les collecteurs, les commerçants et les exportateurs. Ces deux derniers intervenants achètent généralement les animaux auprès des collecteurs sur les marchés de regroupement. Mais il arrive que les commerçants négocient directement les animaux auprès des éleveurs. Les transporteurs sont également des acteurs importants de ce maillon [46]. II.1.2.3. Transformateurs Les transformateurs du bétail en viande regroupent les bouchers, les charcuteries, les chevillards, rôtisseurs, grilleurs, etc. Tous ces acteurs se rendent d’abord à l’abattoir avec le bétail pour le contrôle sanitaire.
16
Les carcasses en gros sont gérées par les chevillards qui confient la vente au détail à des bouchers-détaillants ; lesquels revendent la viande au niveau des boucheries plus ou moins aménagées ou tout simplement au niveau d’étalages sommairement aménagés en bordure des marchés ou des routes. Le principal produit de transformation du bétail est la viande fraîche. Elle représente l’écrasante majorité des produits carnés vendus sur le marché national. Les produits de charcuterie moderne préparés dans les supermarchés sont les pâtés, les merguez, le chawarma,... Ils gagnent progressivement du terrain dans les deux principales villes du pays (Ouagadougou et Bobo Dioulasso) et quelques villes secondaires (Ouahigouya, Koudougou), mais la production reste encore faible [46]. Les différents maillons de la chaîne de valeur bétail viande ainsi que les acteurs intervenant dans chaque maillon sont résumés dans le tableau IV [46].
17
Tableau IV : L’intervention des acteurs suivants les différents maillons de la filière MAILLON
FONCTION
AGENTS - Vendeurs propriétaires (éleveur, emboucheur, agro -pasteur, vendeurs détaillants); - Associations/groupements professionnels : (PAFASP, PAPISE, FODEL, Ordre des Vétérinaires…)
PRODUITS
PRODUCTION
Elevage (nourriture, soin…) et mise en place sur le marché d’animaux
COMMERCIALISATION
Achats d’animaux avec les producteurs aux marchés de collecte, puis aux marchés de regroupement et enfin aux terminaux pour l’exportation ou pour approvisionner les aires d’abattage, les abattoirs séchoirs, les abattoirs frigorifiques; Les animaux sont conduits soit à pied, soit en camion ou entrain
Vendeurs collecteur; Acheteurs (commerçants locaux, démarcheurs) - Commerçantsexportateurs/pied - Commerçants exportateurs de carcasses - Associations/groupements professionnels (SOGEAO, APEX/FASONORM, PAFASP, PAPISE…)
Bovins, ovins et caprins sur pied
Boucherie de gros
Achat d’animaux sur pied, abattage dans les aires d’abattage ou dans les abattoirs frigorifiques et cession de la viande en gros
Boucherie de détail
Achat d’animaux sur pied, abattage dans les aires d’abattage et les abattoirs frigorifiques et cession de la viande au détail; Achat de la viande avec les grossistes et vente au Détail
- Chevillards -Bouchers abattants - Exportateurs (SOGEAO, APEX/FASONO, Ordre des Vétérinaires,…)
Grillade
Achète et fait cuire la viande pour la consommation
- Bovins, ovins et caprins sur pied - Fumier - Traction animale
-
TRANSFORMATION
Source : [46]
18
Bouchers détaillants (SOGEAO, APEX/ FASONOM, Ordre des Vétérinaires,…) Grilleurs (APEX/ FASONORM, Ordre desVétérinaires,)
II.1.3. Interprofession de la chaîne de valeur bétail viande II.1.3.1. Définition de l’interprofession de la chaîne de valeur bétail viande D’un point de vue théorique, les organisations interprofessionnelles s’appréhendent comme « l’ensemble des moyens de concertation et d’action que se donnent les organisations représentatives d’un secteur économique pour améliorer ensemble les conditions d’exercice de l’activité des opérateurs et la promotion du produit ». Autrement dit, il s’agit de personnes morales de droit privé reconnus par l’Etat regroupant en leur sein des partenaires de l’amont et de l’aval de la chaîne de valeur bétail viande (producteurs, commerçants, transformateurs) [49]. La théorie sur l’organisation interprofessionnelle lui confère quatre caractéristiques essentielles : -
En premier lieu, il s’agit d’une structure de droit privé (c’est à dire regroupant exclusivement des organisations privées) et volontairement constituée par les professionnels de la chaîne de valeur bétail viande. Son fonctionnement et son organisation sont entièrement régis par le droit privé en ce sens qu’ils sont laissés à la discrétion de ses initiateurs.
-
En second lieu, c’est une organisation représentative des différents métiers ou maillons de l’amont et de l’aval de la chaîne de valeur bétail viande. Les interprofessions comprennent, en principe, les représentants des maillons de cette chaîne de valeur, en particulier ceux qui sont directement concernés par le secteur d’activité visé et les organisations qui représentent un métier doivent être effectivement représentatives des opinions de la majeure partie des professionnels de ce métier.
-
Une troisième caractéristique est qu’au plan légal, la légitimité d’une organisation interprofessionnelle doit être consacrée par un acte de l’autorité administrative qui la reconnaît en qualité «d’organisation interprofessionnelle».
-
Enfin, dernière caractéristique, l’interprofession est une structure associée au pouvoir règlementaire grâce au mécanisme d’extension des accords
19
interprofessionnels qui deviennent alors opposables à l’ensemble des opérateurs du secteur économique concerné [49]. II.1.3.2. Missions et principes des organisations interprofessionnelles Les missions fixées aux organisations interprofessionnelles sont multiples et dépendent largement de la volonté des professions membres et des problèmes posés. Toutefois,
de
manière
générale,
on
peut
dire
que
chaque
organisation
interprofessionnelle : -
améliore la qualité des produits et leur mise en adéquation avec les attentes des consommateurs ;
-
encourage la demande par la mise en œuvre d'actions de promotion collective;
-
assure la fonction recherche et expérimentation ;
-
joue un rôle dans l'amélioration du fonctionnement et de la maîtrise du marché (organisation et harmonisation des pratiques et des relations professionnelles en usage ; gestion de la production et du marché).
-
traite les statistiques et les données économiques du secteur, assurant ainsi une mission de transparence au sein de la chaîne de valeur bétail viande.
Outre
ces
différentes
missions
qu'assurent
les
interprofessions,
la
vie
interprofessionnelle repose sur quatre principes fondamentaux de fonctionnement : représentativité ; parité ; unanimité et subsidiarité. Mais l’interprofession de la chaîne de valeur bétail viande connait quelques facteurs limitants: l’insuffisance d’organisation et le manque de professionnalisme des acteurs. Les organisations et associations professionnelles sont généralement peu efficaces en termes d’apport de services aux membres et présentent souvent un déficit de représentativité. Cette absence de structuration solide et de représentativité forte est particulièrement préjudiciable aux producteurs (éleveurs et agropasteurs) qui ne peuvent ainsi garantir leur représentativité au sein des instances locales de gestion foncière [49].
20
II.2. Commercialisation du bétail au Burkina Faso La chaîne de valeur bétail viande regroupe différents acteurs au niveau des trois principaux maillons que sont les producteurs, les commerçants et les transformateurs. Les transactions sont de deux types en fonction de la nature des produits. La première concerne les transactions en amont. Elle porte sur les bovins sur pied et implique les éleveurs, les commerçants de bétail et les bouchers. Les transactions se font au niveau des villages, des marchés de collecte et des marchés de regroupement [4]. La seconde est relative aux transactions en aval. Elle concerne la viande du bétail et implique les bouchers, les restaurateurs et les consommateurs. Les transactions se font au niveau des marchés chefs-lieux de provinces. Les transactions au niveau des marchés de production comme celui de Gorom Gorom se font entre les éleveurs et les commerçants de bétail locaux. Au niveau des marchés de regroupement comme ceux de Djibo et Dori dans la région du Sahel et d’exportation de Fada dans la région de l’Est, d’autres acteurs sont présents notamment les commerçants exportateurs de bétail ainsi que les bouchers. Les transactions au niveau des différents marchés se font avec une forte implication des courtiers dans la négociation et la garantie des transactions [32]. II.2.1. Offre en bétail Le Burkina Faso est un pays sahélien qui jouit d’un avantage comparatif naturel à produire des bovins, des petits ruminants
exportables. L'élevage constitue après
l’agriculture la deuxième activité du secteur primaire. La production nationale du bétail est estimée en 21012 à plus de 8,7 millions de bovins et plus de 21 millions de petits ruminants [23]. Cette taille du cheptel en bétail est la somme des différents effectifs du bétail rencontré dans les différentes régions du pays (figure 3 et 4).Les marchés à bétail au Burkina Faso sont regroupés en quatre types : les marchés de consommation, les marchés de production ou de collecte, les marchés de regroupement et les marchés d’exportation. Vingt-deux marchés à bétail (figure 5) sont suivis au Burkina par la DGESS/MRA comme marchés de référence en matière de flux et de mercuriales [46]. 21
Figure 3: Répartition des bovins par région en 2012
Figure 4: Répartition de petits ruminants par région en 2012
Source : [23]
Source : [20]
Figure 5: Carte de localisation des différents marchés de bétail suivi par la DGESS Les estimations des offres du bétail faites sur les marchés de bétail donnent les informations suivantes :
22
-
Selon les offres moyennes de bovins par jour de marché, les cinq principaux marchés par ordre d’importance sont : Djibo, Pouytenga, Fada N’Gourma, Dori et Kaya. Il s’agit des marchés de regroupement et d’exportation. En 2012, ces marchés ont connu une chute des offres en bovins sauf pour les marchés de Dori et Djibo qui ont enregistré une hausse respective de 9% et 15,7%. Par rapport à la moyenne des cinq dernières années, les offres en bovins de Djibo et Pouytenga ont connu une hausse de 16,0% et 10,1% respectivement. Les autres marchés ont chuté notamment le marché de Fada N’Gourma avec une baisse de 24,2%.
-
Les offres en caprins et en ovins sont plus importantes dans les marchés de Djibo, Pouytenga et Dori. En 2012, les offres d’ovins ont évolué à la baisse par rapport à l’année 2011 mais elles ont connu une légère hausse à Pouytenga et Dori par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les offres de caprins, quant à elles, ont connu une hausse de 15,5% à Djibo et 5,4% à Pouytenga, Dori étant resté stable par rapport à 2011 [23].
Au regard des différentes variations observées concernant les petits ruminants, il se dégage deux situations soit les commerçants abandonnent les marchés pour faire une collecte de porte en porte pour aller directement aux marchés d’exportation soit les producteurs eux-mêmes ont tendance à aller directement aux marchés d’exportation. II.2.2. Demande en bétail Du point de vue des marchés de destination des flux, le bétail au Burkina Faso peut être
décomposé
en
deux
segments
(figure
6):
le
segment
intérieur
d’approvisionnement des marchés domestiques des provinces et des grandes villes et le segment d’exportation de bétail sur pied vers les pays de la sous-région.
23
Source : [32]
Figure 6 : Structuration de la filière nationale bétail viande en 2007 Les circuits intérieurs d’approvisionnement sont courts en nombre d’intermédiaires. Les animaux sur pied achetés au niveau des marchés de collecte et de regroupement sont commercialisés sur place ou bien acheminés vers les grands centres urbains où ils sont abattus et commercialisés. Les échanges se font au niveau de quatre types de marchés : les marchés de production, les marchés de regroupement, les marchés terminaux ou de consommation et les marchés d’exportation [32]. Les marchés de productions sont situés au niveau des grandes zones de production comme la région du Sahel. Les éleveurs emmènent leurs animaux au niveau de ces marchés. Les animaux sont vendus à des commerçants collecteurs. Les destinations des flux au niveau de ces marchés sont diverses.
24
Les marchés de regroupement sont localisés dans des zones de carrefours ou l’accès est facile grâce aux infrastructures routières. Les principaux acteurs dans ces marchés sont les commerçants de bétail. L’essentiel des transactions se fait entre les commerçants collecteurs et les commerçants exportateurs ou vendeurs au niveau du marché intérieur, c’est le cas du marché à bétail de Djibo. Les marchés terminaux sont situés dans les grandes zones de consommation comme les villes de Bobo Dioulasso et de Ouagadougou et dans les pays d’exportation. Les marchés d’exportation disposent d’infrastructures comme le marché de Fada N’gourma qui facilite l’embarquement des animaux pour les pays voisins. Les principaux acteurs présents sur ces marchés sont les éleveurs, les commerçants de bétail (collecteurs et exportateurs), les courtiers, les bouchers et les consommateurs. La consommation nationale en viande du bétail est en pleine croissance en témoigne les statistiques des abattages contrôlées du tableau V [23]. Environ 250000 bovins ont été abattus en 2012, soit une augmentation de 10,7% par rapport à l’année 2011. En comparaison de la moyenne des cinq dernières années, les effectifs abattus ont connu une hausse de 17,3%. En termes de têtes abattues par espèce, les ovins viennent en deuxième rang avec 356 000 en 2012. Ce nombre est en augmentation de 11,3% par rapport à l’année 2011 et de 17,9% en comparaison de la moyenne des 5 dernières années. En 2012, un peu plus de 1000000 de caprins ont été abattus dans les abattoirs et aires d’abattages. Ce chiffre est en hausse de 9,3% par rapport à l’année précédente. Comparativement à la moyenne des cinq dernières années, les caprins abattus sont en augmentation de 18,8% [23]. Tableau V : Abattages en 2012 par espèces et variations Espèce
Abattages 2012 (en milliers)
2011
2007-2011
Bovins
250
10,70%
17,30%
Caprins
1062
9,30%
18,80%
Ovins
356
11,30%
17,90%
Source : [23] 25
II.2.3. Exportation L’exportation du bétail se fait soit à partir des marchés de consommation des grandes villes comme Ouagadougou et Bobo Dioulasso ou bien à partir des marchés d’exportation comme celui de Pouytenga et Fada N’gourma. En 2012, les principales espèces exportées par ordre d’importance en termes d’effectifs, étaient les caprins (576 000), ovins (417 000), bovins (364 000). L’exportation des animaux à partir du Burkina se fait soit à pied soit en engin mobile (par train ou en camion). Le nombre de bovins exportés en 2012 est en légère baisse de 2% par rapport à 2011, et est stable, comparativement à la moyenne des cinq dernières années (tableau VI). Tableau VI : Exportations du bétail en 2012 et variations par espèce Variation par rapport à Espèce
2012 2011
2007-2011
Bovins
364 555
-2,0%
0,0%
Caprins
576 815
-22,6%
-6,2%
Ovins
417 203
-28,8%
-13,9%
Source : [23]
Les deux principales destinations des départs de bovins vers l’étranger sont le Nigéria (38%) et le Ghana (37%) (Figure 6). Le Nigeria reste toujours un gros demandeur ou consommateur potentiel. La Côte d’Ivoire a importé 7% alors que le Bénin a pour sa part accueilli 9% des bovins exportés par le pays. Les bovins exportés en 2012 provenaient principalement des régions de l’Est, du Centre-Est, du Centre-Sud. La plupart de ces régions disposent d’un marché à bétail spécialisé ou abritent une zone pastorale ou bien encore disposent leur pâturage naturel à une zone d’accueil.
26
Ces régions représentent également des zones d’accueil et de transit des animaux provenant de la partie septentrionale du pays. En 2012, les exportations d’ovins ont connu une baisse de 28,8% par rapport à 2011, et de 13,9% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Depuis 2006, le Ghana est le principal importateur d’ovins burkinabè, suivi de la Côte d’Ivoire puis du Bénin. En 2012, les régions ayant contribué fortement aux transactions ovines sont par ordre d’importance le Centre-Est, le Centre-Sud, le Centre-Ouest et le Centre. Les caprins exportés en 2012 sont en baisse de 22,6% par rapport à 2011, et de 6,2% comparativement à la moyenne des cinq dernières années. Les plus grands effectifs de caprins exportés proviennent principalement des régions du Centre-Sud, du Centre-Ouest, du Centre-Est et du Sahel. Le Centre-Sud occupe la première place en exportation de caprins avec une part d’environ 30%. Le Ghana est le principal pays importateur de caprins du Burkina avec 74% de l’ensemble des caprins exportés en 2012. Le Bénin et la Côte d’Ivoire ont importé 12% et 4% respectivement du total des caprins exportés [23]. La chaîne de valeur bétail viande regroupe plusieurs acteurs depuis la production du produit jusqu’à sa commercialisation. Cependant elle reste confrontée à un certain nombre de besoin et de contrainte qui entravent son développement malgré l’existence des organes de financements.
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CHAPITRE
III :
BESOINS,
CONTRAINTES
ET
ORGANES
DE
FINANCEMENT DES ACTEURS DE LA CHAINE DE VALEUR BETAIL VIANDE AU BURKINA FASO Les acteurs de la chaîne de valeur bétail viande rencontrent des difficultés qui entravent le développement des activités en amont et aval de la chaîne. Ces difficultés se divisent en besoins et en contraintes que les responsables du ministère d’élevage tentent de résoudre. Mais les actions publiques ont besoins de l’appui et du soutien des initiatives privées pour être pérennisées. III.1. Besoins des acteurs de la chaine de valeur bétail viande III.1.1. Cas des producteurs Les producteurs du bétail pourraient vendre leur bétail à des prix plus élevés s’ils avaient un meilleur accès aux marchés. Il est essentiel d’améliorer l’accès aux routes entre les zones d’élevage et les marchés ainsi que de régler les problèmes de corruption et de taxes illicites le long des axes de transport. De telles améliorations permettraient d’augmenter les opportunités de commercialisation et favoriseraient la baisse des coûts de transaction pour les producteurs et les grossistes. La mauvaise diffusion des informations sur le marché permet aux commerçants d’imposer les prix, surtout ceux pratiqués à la ferme, ce qui a un effet dissuasif sur l’accroissement de la production du bétail [46]. III.1.2. Cas des commerçants Les exportations de bétail sont en augmentation et représentent une part importante du revenu total des exportations (9,6% en 2010). En effet. les exportations sont faibles comparées à la production, ce qui laisse entrevoir un potentiel considérable pour les exportations. Cependant, à cause du manque d’infrastructures, les exportateurs burkinabés se retrouvent dépendants des importateurs des pays voisins pour transporter les animaux à la fois à l’intérieur du pays et à l’étranger. Cela a un fort effet dissuasif pour les exportateurs et l’absence de concurrence, qui donne lieu à des coûts additionnels,
28
représente un frein aux exportations de bétail. L’ensemble de ces éléments contribue à la formation de prix faibles sur le marché domestique. De plus, les coûts illicites à la frontière, notamment entre le Burkina Faso et les pays côtiers, représentent une charge supplémentaire pour les commerçants [46]. III.1.3. Cas des transformateurs La filière de la transformation compte des milliers de grilleurs et de restaurants professionnels à travers tout le pays. Des PME de transformation, comme la Générale des Viandes, SACS, CPBK, se distinguent déjà dans la capitale burkinabè. Cependant, fondamentalement, la transformation est artisanale et semi-industrielle (bouchers, rôtisseurs/grilleurs et charcutiers). Il n’existe pas encore de transformation industrielle de viande : la mise en conserves de produits de viande préparée ou autres produits dérivés [46]. Au Burkina Faso, le métier de boucher ne s’apprend pas, il se transmet. La plupart des bouchers n’ont pas reçu de formation professionnelle. III.2. Organes de financement des acteurs III.2.1. Projets et programmes étatiques Au Burkina Faso, le premier promoteur du monde rural en général et de l'élevage en particulier demeure l'Etat. Son action porte principalement sur la production animale, la santé animale, la transformation et la commercialisation des produits animaux. Au total, le financement public a consacré au sous-secteur de l'élevage au cours de la dernière décennie est de 7,85 milliards de FCFA en moyenne par an, soit à peine 1% du Budget de l'Etat. Environ 72% de ces dotations budgétaires à l'élevage sont destinées aux fonctionnements du ministère de l’élevage [19]. Par contre en Côte d’Ivoire 2% du budget de l’Etat est consacré à l’élevage [40]. Le sous-secteur de l'élevage est très faiblement financé par le secteur bancaire. Seulement 211 millions de crédits ont été accordés à des opérateurs de l'élevage en 2009, soit 0,03% du total des crédits à l'économie. La microfinance est l'alternative choisie par beaucoup de paysans pour le financement de leurs activités pastorales ou
29
agropastorales. Le montant des microcrédits octroyés au profit des activités d'élevage et d'agriculture est estimé à environ 20,5 milliards de FCFA en 2009, soit environ 25% des crédits distribués. Au total, le financement privé destiné spécifiquement au sous-secteur de l'élevage au cours de l'année 2009 ressort inférieur à 21 milliards de FCFA. Ce qui correspond à un taux de financement du sous-secteur de l'élevage à peine 5%. L’Etat burkinabè soutient le monde rural grâce à ses projets et programmes qui visent le développement des activités du secteur primaire [19]. III.2.1.1. FODEL III.2.1.1.1. Origine et définition du FODEL Le Fonds de Développement de l’Elevage (FODEL), était initialement appelé fonds d’équipement à sa création. Il a adopté son statut particulier en 2008, pour se conformer avec la loi n°004-2005/AN du 24 mars 2005, devenant ainsi un fonds national de financement. III.2.1.1.2. Objectifs et actions du FODEL Le FODEL intervient sur divers plans pour améliorer les conditions d’élevage et favoriser le développement de celui-ci sur le plan national. Ces objectifs sont : -
Financer toute action visant à l’amélioration de la situation zoo sanitaire et la santé publique ;
-
Soutenir les initiatives des professionnels ;
-
Promouvoir la formation professionnelle ;
-
Financer les missions de suivi et de contrôles des activités sur le terrain,
-
Faire du crédit pour les activités d’élevage.
Le but essentiel du FODEL est de financer toutes les activités initiées par les professionnels de l’élevage (production, commercialisation) soit sous forme de crédit ou de subvention.
30
Notons que les ressources de FODEL proviennent essentiellement de la Contribution du Secteur de l’Elevage (CSE), de la subvention de l’Etat et les dons de tout bailleur de fonds ou de toutes autres formes de financement. En 2012, les limites des actions du FODEL étaient liées aux difficultés de recouvrement de la CSE qui stagne annuellement autour de 30% quand dans la même période les besoins de financement se situaient entre 1 à 2 milliards de FCFA. Des efforts sont en train d’être fait pour revoir les dispositions du code des impôts relatifs à la CSE en vue de l’élargissement de l’assiette et de l’augmentation de la part du FODEL qui était de 40% à au moins 60% dans la clé de répartition de la CSE ; cela permettra de satisfaire le maximum de promoteurs [33]. III.2.1.2 PAFASP II.2.1.2.1. Origine et définition du PAFASP Ce Programme d’Appui aux Filières Agro-Sylvo-Pastorales (PAFASP) est mis en œuvre depuis janvier 2007 par le gouvernement du Burkina Faso à travers le Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (MAHRH) avec le soutien de la Banque Mondiale. Le PAFASP vise à traduire les objectifs du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) et de la Stratégie de Développement Rural (SDR) en matière de croissance du secteur agricole et de réduction de la pauvreté, en termes d’accroissement de la compétitivité des filières agricoles, sylvicoles et pastorales. D’un coût global de 46 milliards de francs CFA (budget initial), le PAFASP a été exécuté sur une période de 6 ans (2007 à 2012) [33]. Les responsables du PAFASP ont proposé en 2012, la poursuite des objectifs du PAFASP avec une phase additionnelle. Cette phase additionnelle devrait permettre au projet de consolider et amplifier les résultats de la phase initiale. La Banque Mondiale a mis à la disposition du Burkina Faso, un prêt d’un montant de 25 milliards de francs CFA. Ce prêt correspond à un financement additionnel au profit du PAFASP. Ce financement additionnel, prévu pour être exécuté en deux ans (20142016) permettra de consolider et d’étendre les acquis de la phase initiale du projet [38]. 31
III.2.1.2.2. Objectifs et actions du PAFASP L’objectif général du PAFASP est d’améliorer la compétitivité des filières ciblées sur les marchés nationaux, sous régionaux et internationaux en vue de contribuer à une croissance agricole équitable au Burkina Faso. Pour atteindre cet objectif les responsables du PAFASP doivent travailler pour le renforcement des capacités des organisations professionnelles et interprofessionnelles en les aidant à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies de développement des filières orientées ; en plus ils doivent développer des infrastructures pour accroitre la production en quantité et en qualité des produits agricoles en renforçant les liens des acteurs avec les marché [8]. Le public cible du PAFASP est constitué des acteurs privés des filières (producteurs, transformateurs, commerçants, exportateurs…), des organisations professionnelles et interprofessionnelles, des services techniques de l’Etat, et des structures privées de soutien aux filières ciblées. Il y a quatre produits cibles que sont : la mangue, les oignons, le bétail viande et la volaille locale dans le but de renforcer la disponibilité de ces produits sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux. Le budget global du PAFASP est composé d’un budget initial et d’un budget additionnel pour la réalisation de ces objectifs (tableau VII). Le PAFASP utilise deux outils de financement pour la réalisation de ses activités que sont : -
Le Fonds de Promotion des Filières (FPF) qui est essentiellement un instrument de financement à coûts partagés sur la base de montages financiers qui associent la contribution des bénéficiaires et celle du Projet ;
-
Le fonds de garantie qui est un mécanisme de facilitation de l’accès des promoteurs au crédit. En tant que système d’assurance, il s’adresse beaucoup plus aux institutions de financement qu’aux acteurs des filières [7].
32
Tableau VII : Source de financement du PAFASP Bailleurs de fonds contributions
Financement initial
Financement additionnel
USD en
FCFA en
USD en
millions
milliards
millions
Etat Burkinabè
3,5
2,019
5,59
2, 655
Banque Mondiale
66
34,676
50
23, 750
Contribution des bénéficiaires
7,5
3,819
6,58
3, 122
7,5
3,87
3,74
1, 778
84,5
44,384
65,91
31,306
Financements des institutions financières TOTAL
FCFA en milliards
Source : [7]
Notons que c’est grâce aux actions soutenues par le PAFASP que l’interprofession de la chaîne de valeur bétail viande a vu le jour, en plus au moins 2 500 microprojets sont cofinancés et exécutés avec l’appui FPF dont des projets de l’embouche bovine et ovine [7]. III.2.1.3. PAPSA III.2.1.3.1. Origine et définition du PAPSA Entre fin 2007 et 2008, une crise alimentaire est survenue au Burkina Faso. Elle a fait l’objet d’un plan d’Urgence pour réaliser la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PUSAN), qui a été adopté en mai 2008. Le gouvernement burkinabè a négocié et obtenu, l’appui technique et financier de la Banque Mondiale, pour la mise en œuvre du « Projet d’Amélioration de la Productivité agricole et de la Sécurité Alimentaire », (PAPSA).
33
Le PAPSA intervient dans quatre domaines dont quatre ministères sont concernés à savoir les Ministères de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (MAHRH) et de l’Environnement et du Cadre de vie (MECDV). Dans l’exécution du financement initial du PAPSA le budget s’élevait à 26,163 milliards de FCF répartis comme suit: 78% du don IDA, 9% de l’Etat burkinabé et 13% des contributions des bénéficiaires. Après la phase initiale une phase additionnelle a été mise en place avec un élargissement des objectifs sur le terrain. III.2.1.3.2. Objectifs et actions du PAPSA Lors de la première phase du PAPSA de 2008 à 2012 le sous-secteur de l’élevage a bénéficié de diverses actions. C’est ainsi que : -
25 000000 de têtes de volaille ont été vaccinées ;
-
162 porcheries de démonstration ont été construites ;
-
459 poulaillers de démonstration ont été construits ;
-
1518 vaches inséminées avec de la semence de races améliorées ;
-
10 centres de collecte de lait construits ;
-
2500 000 litres de lait collectés ;
-
Acquisition de 13 lots de matériel de sensibilisation et d’animation au profit des Directions Régionales des Ressources Animales (DRRA).
Mais avec la phase additionnelle ils ont prévu de financer les promoteurs des projets d’embouches bovines et ovines. III.2.2. Projets et programmes non Etatiques III.2.2.1. ONG APIL III.2.2.1.1. Origine et définition de l’ONG APIL L’Action pour la Promotion des Initiatives Locales (APIL) intervient dans plusieurs domaines au Burkina Faso dont l’élevage. Le Centre d'Elevage Rationnel (CER) d’APIL a été mis en place depuis 2005 dans une dynamique de soutien aux
34
agro-pasteurs de la province du Sanmatenga pour améliorer la race locale à travers des croisements avec la race Goudali qu’il a importée du Nigéria. Le centre regroupe une quarantaine de Goudali dont les capacités de production laitière et de viande ne sont plus à démontrer. En effet depuis 2006, les animaux ont été éprouvés avec succès aux dures conditions de vie dans le Sahel burkinabé. Notons qu’en 2011, les croisements entre race locale et Goudali ont été une priorité pour ce centre. III.2.2.1.2. Objectifs et actions de L’ONG APIL L’ONG APIL a réalisé les actions suivantes dans la filière bétail dans la province du Sanmatenga. -
Formation de 40 nouveaux agro-pasteurs sur les techniques de l’élevage moderne, la gestion de vaches laitières, la fauche et conservation du fourrage ;
-
Le croisement de 250 vaches avec le taureau Goudali, dont 135 ont été en gestation.
-
La laiterie LAISOKA a collecté cette année 29615,5 litres de lait, soient 12863,5 litres provenant des Goudali du CER et 16752 litres des vaches des agro-pasteurs soutenus par APIL [15].
III.2.2.2. UNHCR III.2.2.2.1. Origine et définition UNHCR L’offensive lancée par les rebelles Touaregs en janvier 2012 dans plusieurs villes du Nord Mali suivie d’attaques contre l’armée régulière malienne, ont engendré un exode massif de réfugiés maliens en direction des pays voisins. Le Burkina Faso à l’instar des autres pays voisins du Mali, a accueilli une vague de réfugiés fuyant les conflits. Ces populations sont installées dans des camps (Goudebo, Mentao et SaagNiogniogo), le centre urbain de Bobo-Dioulasso et des sites spontanés (Damba, Dibissi, Férério, Gountouré Gnègné, TinHidjad, Déou, etc.) avec leur cheptel. Depuis leur arrivée, ces populations devaient faire face à des besoins spécifiques en termes de santé, de vivres, d’éducation, etc. C’est ainsi que le Haut-commissariat des 35
Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) en partenariat avec la Commission Nationale pour les Réfugiés au Burkina Faso (CONAREF), a mis en place un dispositif qui a permis la prise en charge des besoins urgents des réfugiés. En fonction des activités principales pratiquées au Mali, les réfugiés peuvent être classés en 3 catégories : les éleveurs qui tirent leur moyen de subsistance des activités d’élevage, les agro-éleveurs qui vivent de la culture de mil et de l’élevage transhumant et les agriculteurs. En termes d’effectif, les agro-éleveurs semblent plus nombreux, suivis des éleveurs et des agriculteurs [1]. Depuis leur arrivée au Burkina Faso, la majorité des réfugiés s’est installée dans la région du Sahel sujet à de fréquentes crises alimentaires aussi bien pour les hommes que pour le bétail. Le bétail, principal indicateur/déterminant de subsistance et de richesse des réfugiés est hélas sous menace des risques sanitaires et de l’épuisement probable de la biomasse végétale surtout en période de soudure [31]. III.2.2.2.2 Objectifs et actions du UNHCR L’objectif principal étant d’augmenter la capacité en termes de moyens de subsistance (animaux, compétences, infrastructure/matériel) et de facteurs de production des réfugiés et des populations hôtes. Dans le cadre de plusieurs sous accords liant VSF-B et UNHCR depuis 2012 des actions de sécurisation du cheptel des réfugiés et de la population hôte ont été conduites. Cette sécurisation s’est faite à travers une stratégie à trois volets : -
la protection sanitaire du cheptel contre les principales épidémies qui sévissent dans la région du Sahel. Il s’agit de la pasteurellose, de la péripneumonie contagieuse bovine, et des diverses parasitoses. Cette action porte sur la totalité des animaux ;
-
la vulgarisation des techniques modernes d’élevage et l’accès aux sousproduits agro-industriels qui améliorent les performances zootechniques des animaux notamment à travers la complémentation alimentaire stratégique. Depuis 2012, plus de 300 tonnes d’aliments bétail ont été distribuées au profit des réfugiés et des ménages hôtes ;
36
-
la facilitation de la mobilité des animaux des réfugiés, pour éviter les pressions sur les ressources pastorales et les conflits qui en découlent, à travers la vulgarisation de certaines dispositions légales en vigueur au Burkina Faso pour la gestion des ressources pastorales. Le disponible fourrager est régulièrement évalué depuis 2012. Des actions ont été également menées pour promouvoir la cohabitation pacifique entre réfugiés et population hôte.
Cette stratégie mise en œuvre a permis de faire face convenablement aux difficultés de l’activité d’élevage dans le contexte actuel des réfugiés que sont la précarité des systèmes de soins vétérinaires et de l’alimentation des animaux à la base de la baisse de la productivité (chute de la fertilité, de la fécondité, jeunes sevrés, animaux exploitables…) et des productions des animaux (baisse de la production laitière, de l’embonpoint…). Notons que la mise en œuvre du projet est assurée par Vétérinaire Sans FrontièreBelgique (VSF-B) en partenariat avec l’ONG Association Node-Noodo (A2N). L’ONG A2N est le partenaire local de VSF-B depuis 2005 dans le Sahel. Cette collaboration, a permis aux deux structures de se connaître et de travailler efficacement à la mise en œuvre de projets de développement et d’urgence [48]. III.2.3. Institutions financières L’accès aux financements demeure un grand problème. Selon les estimations de la Banque mondiale, environ 26% de la population burkinabè a accès aux services financiers. Toutefois, l’accès à la microfinance est en pleine expansion. Selon un rapport de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), environ 41 institutions de microfinance (IMF) opèrent dans le pays, desservant environ 800 000 clients en 2010 [10]. Sur le plan social, certaines pressions qui occasionnent des dépenses (mariages, fête de la Tabaski, baptêmes, etc.) conjuguées à la faiblesse des revenus des exploitations agricoles familiales font que le remboursement des crédits n’est pas toujours une priorité.
37
Cela explique pourquoi les institutions financières sont extrêmement réticentes à faire du crédit à l’agriculture si les deux conditions suivantes ne sont pas réunies : existence d’une caution solidaire entre les membres de la collectivité emprunteuse et maîtrise de la recette [41]. III.2.3.1. Banques commerciales Au total, il existe 13 banques au Burkina Faso, ce qui est nombreux, mais l’évolution des exigences minimales de fonds propres (5 milliards en 2010 et 10 milliards en 2012) pourrait entraîner une restructuration du secteur. Le capital de ces banques provient de plus en plus d’origine privée ce qui réduit la capacité d’influence du système politique sur le système bancaire [41]. Les banques commerciales qui soutiennent surtout les acteurs de la chaîne de valeurs bétail viande sont les suivantes : Ecobank, BOA, Banque Atlantique, BCB, BICIAB, Coris Bank international… Notons qu’en 2013 Coris Banque International a été désigné comme meilleure banque qui soutient les PME [47]. III.2.3.2. Institutions de microfinances Les institutions de microfinance sont en général regroupées en réseau ou associations. On dénombre une association et un réseau [41]. III.2.3.2.1. Association Professionnelle des Institutions de Microfinance au Burkina Faso (APIM-BF) L’Association Professionnelle des Institutions de microfinance au Burkina Faso (APIM-BF) est l’organisation faitière qui fédère un ensemble d’institutions de microfinance. Elle compte cinquante (50) membres sur une soixantaine d’institutions de microfinance au Burkina Faso. C’est le cas de la Mutuelle d’Epargne et de Crédit des Artisans et Producteurs du Burkina, dont le siège se trouve à Ouahigouya (MECAP/Burkina) [41].
38
Notons que le MECAP, membre de l’Union des Mutuelles d’Epargne et de Crédit des Artisans et des Producteurs du Burkina (UMECAP), est une Institution Mutualiste d’épargne et de crédit mise en place en 2001 sous l’appellation MECANO/BF. Elle s’est constituée sous forme de réseau en 2009 et agrée sous le nom d’Union MECAP. MISSION « Contribuer de façon significative et durable au développement socioéconomique des populations du Burkina Faso exerçant des activités de production artisanale ou agricole par une offre de services financiers adaptés et rentables. » OBJECTIFS et BUTS SOCIAUX -
Servir une proportion plus importante des Artisans et des Producteurs ;
-
Offrir des produits d’épargne et de crédit adaptés aux besoins des membres ;
-
Améliorer de façon continue le degré d’autonomie technique et financière par une plus grande professionnalisation et la recherche de l’efficience ;
-
Atteindre 30% des ménages les plus pauvres dans sa zone d’intervention dont 80% de femmes [2].
III.2.3.2.2. Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) Le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) exerce dans le domaine de la microfinance. Aussi, son activité principale est la collecte de l’épargne et sa rétrocession sous forme de crédits octroyés pour le financement des activités des membres, en vue du développement économique du pays. Dans un esprit de solidarité et de responsabilité individuelle et collective, en vue de l’épanouissement de ses membres et de la communauté tout entière, le RCPB s’est assigné une mission, tout en prônant des valeurs, et a pris des engagements qu’il est résolu à respecter. En effet le réseau des caisses populaires du Burkina contribue efficacement à l’amélioration des conditions de vie des populations du Burkina en collectant l’épargne des adhérents, pour les redistribuer sous forme de crédits.
39
Avec plus de 35 ans d’expérience au service des populations, le RCPB se positionne de nos jours comme le leader incontesté du secteur de la microfinance au Burkina. Le RCPB mène ses activités sous la forme de coopérative. C’est donc une structure mutualiste dont les membres sont copropriétaires ; elle constitue de ce fait un patrimoine collectif dont la pérennité est tributaire de l’application des principes directeurs que sont : la solidarité et la responsabilité individuelle et collective des membres [41]. Produits et services offerts Institution financière de proximité par excellence, les offres du RCPB s’adressent à toute personne physique ou morale résidant en milieu rural ou urbain, ayant difficilement
accès
aux
services
financiers
des
institutions
financières
conventionnelles, et désireuse de prendre en main la clé de son développement. Il s’agit notamment des commerçants, des agriculteurs, des éleveurs, des artisans, des fonctionnaires et salariés du secteur privé, des entrepreneurs, des groupements et associations. Le Réseau offre une gamme de produits et services financiers accessibles, en constante évolution et adaptés aux besoins des populations [41]. Zones Couvertes Le RCPB Le Réseau des Caisses Populaires du Burkina couvre l’ensemble des provinces (45) du Burkina Faso. Il compte au 31/12/13, cent quatre-vingt-cinq (185) points de vente, 4 Unions Régionales, 5 Antennes Techniques et une Fédération représentés sur la carte (figure 7) ci-dessous :
40
Source : http://www.rcpb.bf/images/Carte_dimplantation_du_RCPB.jpg
Figure 7 : Implantation des caisses populaires dans les provinces du Burkina Faso III.2.3.3. Systèmes de garanties Notons qu’avec les institutions financières, l’accès au financement est très difficile si les conditions ne sont pas remplies par les acteurs de la chaîne de valeurs bétail viande qui sont à la recherche du crédit. Ce problème peut être surmonté grâce à des garanties adaptées fournies par des institutions publiques ou privées ou des institutions de cautionnement mutuel. Les systèmes de garanties de crédit sont destinés à faciliter l’accès à des sociétés disposants des projets viables à des financements bancaires dont elles seraient normalement exclues. Au Burkina Faso la Société Financière de Garantie Interbancaire du Burkina (SOFIGIB) créée en 2006 mais fonctionnelle depuis 2008, intervient pour aider les promoteurs de projets dans l’acquisition des crédits. Le capital de la SOFIGIB est de 475 millions dont plus de 89% sont détenus par les banques et les établissements financiers du Burkina Faso tandis que l’Etat Burkinabè détient les 11% restant au travers du Fonds Burkinabè de Développement 41
Economique et Social (FBDES). La société a pour objectifs d’apporter des garanties pour des crédits au moyen et long terme consenti par les banques et les établissements financiers actionnaires de la SOFIGIB, à des entreprises (PME/PMI) régulièrement installées au Burkina Faso et exerçant dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. La SOFIGIB a défini les objectifs en termes de financements bancaires, soit 80% pour les extensions/développement d’entreprises et 20% pour les créations d’entreprises. Les garanties octroyées sont d’un montant minimum de 15 millions et ne doit pas excéder 25 millions. La garantie ne peut en aucun cas excéder 50% du montant du crédit bancaire en plus, un apport personnel d’au moins 15% du coût total du projet est exigé. Un apport personnel qui ne peut être inférieur à 15% du cout total du projet est exigé. Une autre option pour garantir l’accès au financement est représentée par les Associations de Mutuelle de Garanties (AMG), qui ont le même objectif général que la SOFIGIB. Ces derniers tirent parti de la connaissance partagée et de la pression par pairs exercée sur les entrepreneurs dans un ressort géographique ou dans un secteur donné. Les membres d’une AGM souscrivent un prêt solidaire à travers un de ses membres, ce qui peut avoir les avantages suivants : -
le risque est reparti entre toute société membre d’une AGM ;
-
les pairs de l’emprunteur sont à mesure d’évaluer le risque d’un prêt mieux qu’une banque, étant donnée la proximité géographique ou sectorielle ;
-
la pression des pairs peut renforcer la discipline des emprunteurs, puisque le défaut est collectivement couvert par les pairs.
Ce dernier parait particulièrement adapté à l’Afrique (Burkina Faso) ou la forte cohésion de nombreuses communautés est déjà à l’origine du succès des systèmes de tontine et de microcrédit [44].
42
III.3. Contraintes rencontrées par les acteurs de la chaine de valeur bétail viande III.3.1. Cas des producteurs III.3.1.1. Contraintes techniques La principale source des contraintes est la dominance du caractère extensif (tableau VIII) de l’élevage traditionnel qui se traduit par : -
des conflits récurrents, quelquefois meurtriers, entre agriculteurs et éleveurs et le climat de tension permanente entre les deux communautés ;
-
la surcharge pastorale, avec des risques de dégradation du sol et de la végétation, en rapport avec la croissance démographique et les changements climatiques ;
-
le transfert de cheptel sahélien burkinabè, vers certains pays côtiers à fortes potentialités pastorales en vue d’échapper aux effets néfastes des changements climatiques et aux conflits ;
-
la recrudescence de certaines maladies animales épizootiques, émergentes ou ré-émergentes telles que les pasteurelloses, la péripneumonie contagieuse des bovidés, etc. ;
-
l’érosion génétique des races locales, notamment des taurins qui risquent de perdre leur caractère trypano-tolérant à cause du métissage avec les zébus trypano-sensibles;
-
le faible professionnalisme et lobbying (seulement 18% des OP) ;
-
le manque de connaissance des techniques d’embouche [46].
43
Tableau VIII : Systèmes d’élevage du bétail et leurs contraintes Types
Espèces
Principales contraintes
Traditionnel Transhumant (Pastoral)
Agropastoral
Bovins, Ovins, Caprins
Piste à bétail, Abreuvement, Santé animal Appui conseil, Alimentation (rareté et cout), Consanguinité
Bovins, Ovins,
Alimentation (coût), Consanguinité
Caprins
Appui conseil, Santé animal,
Amélioré
Semi-intensif
Intensif
Foncier, Alimentation (coût)
Bovins, Ovins,
Appui conseil, Santé (pathologies
Caprins
émergentes)
Bovins, Ovins,
Foncier, Alimentation (coût)
Caprins
Source : [26]
L’irrégularité dans l’approvisionnement en SPAI et le renchérissement des prix de ces SPAI sont des limites au développement de l’embouche bovine et ovine, pratique courante chez les éleveurs des zones périurbaines et des villes. L’embouche concerne les taureaux mais également les vaches reformées. Le problème est lié à une mauvaise gestion des stocks par les commerçants d’aliments mais également à l’indisponibilité du produit dans les usines du fait de la très forte demande [46]. L’insécurité qui tend à se généraliser et à s’aggraver en milieu rural, avec des agressions visant à délester les populations entre autres de leur bétail et des recettes provenant de la vente du bétail. Cette insécurité est de nature à entraver l’exécution normale des actions de développement de l’élevage dans certaines régions du pays. La faiblesse de la couverture sanitaire limite l’accès des élevages aux mesures de prophylaxie sanitaire et augmente les risques de pathologies. En effet, il y a peu 44
d’installations de vétérinaires privés et l’accès pour les éleveurs est difficile du fait des longues distances et de l’enclavement de certaines zones comme le Sahel. Les pertes au niveau des élevages sont ainsi très importantes en cas de maladies [32]. La mortalité du bétail est importante étant donnée les pathologies rencontrées dans certaines zones frontalières. Les risques sont d’autant plus importants du fait de l’existence de réserves de faune sauvage. La couverture sanitaire et la surveillance épidémiologique sont un enjeu stratégique dans ces régions où il y a une importante circulation d’animaux. Tout ceci se traduit par un niveau de conduite et d’encadrement déplorables des élevages ou plus de 64% des sorties sont des pertes (58% de mortalité et 6% de vols ou disparition) comme l’indique la figure 8 ci-dessous [23].
Figure 8 : Origines des sorties d’animaux III.3.1.2. Contraintes financières En plus des menaces techniques (pathologies), anthropiques (conflits et rétrécissement de l’espace et des ressources alimentaires et hydriques) et naturelles (désertification et avancée du désert), on note une menace économique caractérisée par la non protection du marché local. Ceci se traduit par la faible incitation et l’absence de mécanisme de financement adapté à l’activité. En effet, le faible niveau de protection du tarif extérieur commun
45
(TEC) de l’UEMOA et le risque d’un Accord de Partenariat Economique (APE) qui ne prennent pas suffisamment en compte les produits animaux dans la liste des produits sensibles à loger dans la cinquième bande à 35% du TEC de la CEDEAO n’est pas de nature à encourager les investissements privés au profit d’activités d’élevage [26]. Des taxes sont mises en place ainsi que des réglementations sur les périodes de transhumance. Par exemple au Togo, une taxe de 5000 FCFA par tête de bovin est payée à chaque traversée du territoire. En plus de cela les producteurs ont des difficultés pour accéder aux crédits offerts par les banques commerciales au Burkina Faso. Ce qui influence négativement les activités d’embouches car la faiblesse des fonds de roulement se remarque dans l’approvisionnement alimentaire des animaux [46]. III.3.2. Cas des commerçants III.3.2.1. Contraintes techniques Les coûts de transaction et les tracasseries sur la voie sont des entraves importantes au commerce du bétail. A cela s’ajoutent le manque de sécurité et les risques liés aux vols durant le convoyage des animaux. Il n’existe pas de structure de transport spécialisée pour le bétail. La disponibilité d’un moyen de transport à destination des marchés hors de la zone est fortement liée à l’existence d’un fret retour. En effet, l’éloignement de la zone par rapport aux principaux marchés intérieurs de destination (Ouagadougou, Bobo Dioulasso…) et aux marchés d’exportation, ainsi que la forte compétition avec le transport des produits agricoles constituent des contraintes importantes. Les commerçants peuvent ainsi rester deux à sept jours à la recherche d’un camion après l’achat des animaux. Les exportateurs de la zone de Fada et de Pouytenga, qui étaient principalement sur le marché du Nigéria, ne sont plus les seuls (car présences d’autres régions du Burkina Faso et autres pays). Avec la crise ivoirienne, le Nigéria est devenu le second marché après le Ghana. Cette orientation sur le marché Nigérian est liée à la forte demande en viande et aux modalités de paiement au comptant.
46
Les coûts d’approche au niveau des marchés terminaux d’exportation sont très élevés du fait de l’importance des coûts de transaction lors de la traversée de certain pays. Cependant, la forte atomisation de l’activité de la filière constitue une limite importante dans les pouvoirs de négociation pour le transport mais également dans la limitation des nombreux coûts d’approche (taxes officielles et frais personnel) et de transaction [32]. III.3.2.2. Contraintes financières Le commerce à crédit augmente. Directement à la ferme, le paiement se fait habituellement au comptant et en espèce au moment de l’achat. Les commerçants donnent parfois des avances en espèces aux petits producteurs en guise de contrat afin de s’assurer un approvisionnement régulier. Sur le marché frontalier, on accepte généralement une combinaison de paiement en espèces et à crédit. Environ 24% de toutes les transactions étudiées sur les marchés frontaliers étaient à crédit ; 56% utilisant une combinaison de paiement en espèce et à crédit ; et les 20% restants payant en espèce. Cela implique que les fonds de roulement deviennent une contrainte limitative pour les commerçants itinérants qui opèrent principalement à la ferme. L’infrastructure routière s’améliore, mais les frais de transport s’augmentent de plus en plus. La conduite des animaux sur pied est le mode de transport local le plus répandu en raison d’une infrastructure routière rurale insuffisamment développée. Toutefois, malgré le fait que les infrastructures routières et ferroviaires s’améliorent considérablement pour le transport transfrontalier, le coût moyen de 48 FCFA par kilomètre, pour transférer l’équivalent d’une tonne de viande de bœuf des exploitations agricoles au Burkina Faso, de Bobo Dioulasso jusqu’à Niangoloko, augmentait jusqu’à 172 FCFA par kilomètre entre Niangoloko et Abidjan (Côte d’Ivoire). Des transferts locaux similaires de Tenkodogo à Bittou (Burkina Faso) coûtaient respectivement 88 FCFA et 40 FCFA; alors que les frais de transport transfrontalier s’élevaient respectivement à 153 FCFA et à 83 FCFA par kilomètre pour aller de Bittou à Accra. L’augmentation des frais est partiellement due aux frais de documents, aux taxes élevées sur les carburants, et à la multiplication de taxe routière illégale qu’il faut payer lors de transferts transfrontaliers. La conduite des
47
animaux sur pied aussi loin que possible avant l’usage du transport routier ou ferroviaire constitue donc une stratégie commerciale plus rentable; parce que dans le passé quand il y avait moins de bonnes routes et moins de camions adaptés au transport du bétail. Cela entrainait des mortalités, des ventes forcées et des pertes de poids des animaux. Néanmoins, le recours à la conduite des animaux sur pied est de plus en plus menacé par l’accroissement de la population humaine et associé à l’expansion de l’agriculture qui empiète sur les routes du bétail existantes; routes qui sont spécialement conçues pour faciliter le déplacement des animaux et l’accès à l’eau pour éviter les dégâts causés aux cultures et aux propriétés. En réalité, l’expansion agricole limite aussi les chances de concevoir de nouvelles routes du bétail. Il faut donc établir des politiques qui diminuent les frais transfrontaliers de transport et qui développent de nouvelles routes du bétail tout en protégeant celles qui existent. La compétitivité s’atténue entre les commerçants du bétail. La concurrence est rude entre les commerçants du bétail sur le marché local. Cependant, les gros commerçants dans la partie transfrontalière du circuit ne subissent que peu de concurrence étant donné le gros investissement de capitaux que cela exige. Les marges de commercialisation pour les commerçants dans la partie nationale du circuit se situaient entre 2,7 à 5,5% du coût final de l’animal ; alors qu’elles oscillaient entre 11,6 et 14,3% dans le circuit transfrontalier. Cela se traduit par une rente économique de 6,5 milliards de FCFA par an captée par les larges exportateurs de bétail du Burkina Faso. Cela indique que la disponibilité en crédits pour les petits commerçants en bétail pourrait être une précieuse option pour améliorer la performance du marché [45]. III.3.3. Cas des transformateurs III.3.3.1. Contraintes techniques L’absence d’un centre de formation de bouchers au Burkina Faso entraine une non diversification des produits transformés. Le déficit en termes de normes constitue un des principaux défis des filières de production de la viande en provenance d’élevage de petits ruminants. Il s’agit notamment de la faiblesse des normes sur la viande fraiche ainsi que l’absence de
48
normes sur le conditionnement et les emballages. Par ailleurs lorsque des normes de production et/ ou de transport existent, elles sont méconnues par les acteurs de la filière et/ou le suivi- contrôle est déficient. Plusieurs normes et labels de qualité sont en train d’être élaborés dans le secteur des viandes au Burkina Faso sous la charge de l’Agence de Promotion des Exportations (APEX). L’APEX indique que « Pour la réalisation de sa mission, il s’appuie sur la Stratégie Nationale d’Exportation (SNE) nouvellement élaboré pour aider à apporter des solutions au maillon commercialisation à travers la recherche de marché et le respect des normes de qualité.» Il n’existerait cependant pas de normes spécifiques pour les viandes fraîches et séchées qui sont pourtant les principaux produits issus de la transformation au Burkina Faso et qui pourraient contribuer à créer de la valeur ajoutée au sein des filières. La question de l’élaboration de normes pour le conditionnement et l’emballage des produits est également posée. Au Sahel également, au-delà de l’amélioration des pratiques de conservation et d’abattage, sans doute faut-il favoriser la réalisation d’infrastructures de grillade et de restauration, de même qu’assurer des formations en techniques de découpe et grillade de la viande [32].
.
III.3.3.2. Contraintes financières Les transformateurs ont des difficultés pour accéder aux crédits offerts par les banques commerciales car ils ont du mal à remplir les conditions exigées. La capacité de production est très limitée dans les quelques unités de transformation qui existent car elles ne possèdent pas d’équipements adaptés à de grande production. En plus le manque de financement non adapté à leur rythme de production est à l’origine de la perte de leurs clients fidèles [46]. Notons que les contraintes financières des acteurs de la chaîne de valeurs bétail viande se traduisent par leurs faibles capacités à formuler des projets bancables. Au cas où les projets sont bancables ils ont des difficultés à trouver les différents types de garanties exigées par les institutions de finances. En plus les taux d’intérêt et les délais de remboursement sont des difficultés qui impactent les activités ainsi que leur rentabilité [14].
49
DEUXIEME PARTIE Cette seconde partie est composée de trois chapitres. Le premier chapitre présente la méthodologie de recherche, le deuxième chapitre présente les résultats obtenus et le dernier aborde la discussion et les recommandations.
50
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES I.1. Zone d’étude La présente étude s’est déroulée au Burkina Faso de 1er Septembre au 30 Novembre 2015. Le Burkina Faso est divisé en 45 provinces réparties dans 13 régions. L’étude a concerné 08 provinces. Le choix des provinces a été guidé par la présence d’importants marchés à bétails. En effet aux alentours de ces marchés importants, il y a le développement des activités de production, de commercialisation et de transformation ; ce qui entraine une forte présence des acteurs de la chaîne de valeur bétail viande. C’est ainsi que pour les marchés à production nous avons choisi le marché à bétail de Bena (Banwa), pour les marchés de regroupement ou de collecte nous avons choisi le marché à bétail de Djibo (Soum), les marchés à bétail de consommation de Bobo-Abattoir, de Ouaga-Abattoir et de Ouaga-Tanghin dans les provinces du Houet et du Kadiogo, et les marchés à bétail d’exportation de Bittou, de Bobo-Colma, de Fada N’gourma, de Niangoloko et de Pouytenga respectivement dans les provinces du Boulgou, du Houet, du Gourma, de la Comoé et de Kouritenga (Figure 9).
Source : Auteur Figure 9 : Localisation des zones d’enquête au Burkina Faso
51
I.2. Echantillonnage L’étude a porté sur 160 personnes intervenant dans la chaîne de valeur dont 54 producteurs, 55 commerçants, 31 transformateurs, 07 représentants d’institutions financières, 07 agents des services de l’élevage, 05 responsables de projets et 01 responsable d’une usine de fabrique d’aliment. Les critères qui ont prévalu au choix des personnes enquêtées ont été : -
Etre un acteur de la chaîne de valeur bétail viande ;
-
Etre dans une zone accessible ;
-
Etre volontaire pour participer aux enquêtes en répondant aux questionnaires.
En ce qui concerne les responsables des institutions financières, des projets et de l’usine de fabrique d’aliments de bétail, le volontariat a surtout prévalu au choix. L’effectif retenu en fonction de chaque catégorie d’intervenant de la chaîne de valeur bétail viande a été limité par le nombre de volontaires dans chaque province. En d’autres termes nous avons enquêté tous ceux qui étaient volontaires et le nombre de candidats retenus en fin d’enquête a constitué notre échantillon d’étude. I.3. Conduite de l’enquête Il s’agissait d’abord d’une enquête exploratoire qui a permis de réaliser par la suite une enquête transversale. I.3.1. Enquête exploratoire Elle a reposé sur des entretiens menés auprès des personnes ressources susceptibles d’aider à mieux appréhender les mécanismes de financement de la chaîne de valeur du bétail viande au Burkina Faso. Cette enquête exploratoire a débuté après un entretien avec la Secrétaire Générale du Ministère des Ressources Animales (MRA), au sortir duquel nous avons rencontré les personnes et les structures suivantes : les responsables de la Fédération des Eleveurs (FEB) du Burkina Faso ; les responsables des commerçants et exportateurs du bétail du Burkina Faso ; les responsables des transformateurs de la viande du bétail ; 52
un représentant de Coris Bank International ; la bibliothèque de la MRA ; le représentant de la DGESS. Après cette enquête exploratoire, des questionnaires ont été élaborés pour l’enquête transversale. I.3.2. Enquête transversale Les questionnaires précédemment élaborés ont été administrés au cours d’une enquête auprès des acteurs de la chaîne de la valeur bétail viande, les prestataires de services et les représentants de l’administration public et privé. I.3.2.1. Organisation du questionnaire Le questionnaire, conçu en fonction des objectifs spécifiques visés, a pris en compte les résultats de l’enquête exploratoire. Les acteurs de la chaîne de valeur bétail viande étant organisés en groupements ou en associations, il s’agissait de comprendre d’une part le fonctionnement de leurs organisations et d’autre part l’impact de celles-ci au niveau des mécanismes de financement de leurs activités. Ainsi, quatre questionnaires et deux guides d’entretien ont été élaborés à partir du logiciel Sphinx Millenium version 14.5 : Le questionnaire destiné aux producteurs (annexe 1), propriétaires d’animaux dont les différentes rubriques avaient pour but de déterminer l’origine géographique de l’éleveur, son groupement, le type d’élevage pratiqué, la production, le suivi sanitaire de ses animaux, le mode de vente et enfin le mode de financement de son activité d’élevage ; Le questionnaire destiné aux commerçants, exportateurs ou non (annexe 2), vendeurs et acheteurs d’animaux dont les différentes rubriques avaient pour but de déterminer l’origine géographique du commerçant, son groupement, le fonctionnement et le mode de financement de son activité commerciale ;
53
Le questionnaire destiné aux transformateurs (annexe 3), vendeurs de carcasse du bétail ou de viande, de bétail transformé dans l’objectif de connaître les produits issues de la transformation de la viande et du bétail, enfin le fonctionnement et le mode de financement de son activité ; Le questionnaire destiné aux institutions financières (annexe 4) a permis de recueillir leurs connaissances sur l’élevage, en particulier concernant la chaîne de valeur bétail viande et leurs avis sur les conditions d’octroi de crédits aux acteurs de la chaine de valeur bétail viande ; Le premier guide d’entretien a été utilisé lorsque nous rencontrions les responsables des projets (annexe 5) ; et le second guide d’entretien avec les agents des services de l’élevage (annexe 6). I.3.2.2. Déroulement de l’enquête Le recueil des données s’est fait sous forme d’entretiens individuels semi-directs avec les répondants en français et en langue mooré qui est la langue nationale la plus parlée au Burkina Faso. Nous avons bénéficié de l’accompagnement sur le terrain d’un des chargés d’étude du Secrétariat Général du MRA. Sa présence et ses conseils ont facilité nos rencontres avec les acteurs de la chaîne de valeur bétail viande. C’est ainsi que selon les cas, des rencontres sur rendez-vous avec les personnes enquêtées ont eu lieu au niveau des marchés à bétail ou dans les services de l’élevage. I.4. Traitement des données et analyses statistiques Le dépouillement a été fait à l’aide du logiciel SPSS version 20 tandis que la carte de la zone d’étude a été établie grâce au logiciel ArcGIS version 3.9. L’analyse des données est composée de plusieurs étapes : Statistique descriptive : effectuée sur le tableur Excel sous Windows, elle a consisté à une description sommaire des résultats qui ont été présentés sous forme de tableaux ou de graphiques (diagramme en barre et camembert). Tests d’indépendance : il s’agit du test de Khi-deux (X2). Le test exact de Fisher a été utilisé lorsque les fréquences attendues étaient inférieures à 5% [31]. Le niveau de confiance a été fixé à 95% et une différence était considérée 54
significative lorsque la p-value (p) était inférieure à 5% [30]. Le test de khideux a été effectué à l’aide du logiciel SPSS version 20. Pour le test exact de Fisher les analyses ont été effectuées à l’aide du logiciel R 3.1.2. L’application de cette méthodologie a permis d’obtenir les résultats présentés dans le chapitre suivant.
55
CHAPITRE II: RESULTATS La présentation des résultats est faite suivant les objectifs spécifiques. Ainsi, après une description des acteurs de la chaîne de valeur bétail-viande enquêtés, nous présenterons
les
facteurs
influençant
la
gestion
technico-économique
du
fonctionnement de leurs activités et leurs sources de financement. Cela nous permettra de recenser les difficultés qui entravent le développement des mécanismes de financement des activités des acteurs de la chaîne de valeur bétail viande. II.1. Identification des différents mécanismes de financement des acteurs de la chaîne de valeur II.1.1. Description socio-économique des acteurs II.1.1.1. Les producteurs II.1.1.1.1. Répartition des producteurs enquêtés selon la province Dans les 8 provinces d’étude, 54 producteurs ont été enquêtés et réparti dans le tableau IX. Les effectifs les plus élevés ont été rencontrés dans les provinces du Houet et de la Comoé qui ont eu respectivement 14 et 10 individus enquêtés. Tableau IX : Répartition des personnes enquêtées par province au Burkina Faso Province
Effectifs
Pourcentage
Houet
14
25,9
Kadiogo
5
9,3
Kouritenga
5
9,3
Banwa
4
7,4
Soum
8
14,8
Boulgou
5
9,3
Comoé
10
18,5
Gourma
3
5,6
Total
54
100,0
56
II.1.1.1.2. Niveau d’étude Le niveau d’étude des producteurs enquêtés est relativement moyen. En effet, plus de 65% n’ont pas un niveau secondaire (figure10). La proportion de ceux ayant fréquenté l’école coranique est de 32% et celle des analphabétisés était de 13%.
Aucun 13% Primaire 33%
Coranique 32%
Secondaire 22%
Figure 10 : Répartition des producteurs selon leur niveau d'étude au Burkina Faso II.1.1.1.3. Lieu de dépôt de l’épargne des producteurs au Burkina Faso Il ressort du tableau X que 87% des producteurs ont déposé leur épargne à la banque ou dans une institution de microfinance. Tableau X : Lieu de dépôt de l’épargne des producteurs au Burkina Faso Effectifs
Pourcentage
Banque ou Micro finance
47
87
Maison ou tierce personne
7
13
Total
54
100,0
57
II.1.1.2. Les commerçants II.1.1.2.1. Commerçants par province Le tableau XI montre que sur les 55 Commerçants enquêtés dans les provinces concernées, la province du Houet et celle du Kadiogo avaient les effectifs les plus élevés (respectivement de 20 et 25,5%). Tableau XI : Répartition des commerçants enquêtés en fonction des provinces Province
Effectifs
Pourcentage
Houet
11
20,0
Kadiogo
14
25,5
Kouritenga
2
3,6
Banwa
6
10,9
Soum
5
9,1
Boulgou
9
16,4
Comoé
6
10,9
Gourma
2
3,6
Total
55
100,0
II.1.1.2.2. Niveau d’étude Plus de la moitié des commerçants enquêtés sont instruits. C’est seulement 33% qui n’ont pas été dans une école. Parmi les instruits, 31% ont un niveau primaire, 13% un niveau secondaire et 24% ont fréquenté l’école coranique (figure 11).
58
Primaire 31%
Aucun 33%
Secondaire 13% Coranique 23%
Primaire
Secondaire
Coranique
Aucun
Figure 11 : Répartition des commerçants selon leur niveau d’étude II.1.1.2.3. Lieu de dépôt de l’épargne des commerçants au Burkina Faso Nos résultats montrent que 70% des commerçants enquêtés ont affirmé qu’ils déposaient leur épargne soit à la banque soit dans les institutions de microfinance (tableau XII). Tableau XII : Lieu de dépôt de l’épargne des commerçants du Burkina Faso Effectifs
Pourcentage
Banque ou Micro finance
39
70
Maison ou tierce personne
16
30
Total
55
100,0
II.1.1.3. Les transformateurs II.1.1.3.1. Transformateurs par provinces L’observation du tableau XIII montre que sur les 8 provinces concernées par l’enquête, les représentants du Houet et du Kouritenga sont majoritaires.
59
Tableau XIII : Répartition des transformateurs selon les provinces Province
Effectifs
Pourcentage
Houet
6
19,4
Kadiogo
3
9,7
Kouritenga
7
22,6
Banwa
5
16,1
Soum
4
12,9
Boulgou
3
9,7
Comoé
1
3,2
Gourma
2
6,5
Total
31
100,0
II.1.1.3.2. Niveau d’étude La figure 12 montre que parmi les transformateurs enquêtés, 42% n’avaient aucun niveau d’étude, 23% ont fréquenté l’école coranique. Seulement 13% ont un niveau secondaire et 22% ont un niveau primaire. Nous pouvons affirmer que presque la moitié (42%) des transformateurs enquêtés n’a pas été instruite.
60
Primaire 22% Aucun 42%
Secondaire 13%
Coranique 23%
Figure 12 : Niveau d’étude des transformateurs II.1.1.3.3. Type de transformateurs Au cours de nos travaux nous avons identifiés 6 types de transformateurs. Le tableau ci-dessous (Tableau XVI) montre que la profession de boucher détaillant et grilleur était le plus représentée. Tableau XIV : Différents types de transformateurs Type de transformateur
Effectifs
Pourcentage
Boucher en gros
1
3,2
Boucher détaillant
4
12,9
Boucher en gros et détaillant
7
22,6
Charcutier
2
6,5
Boucher détaillant et grilleur
11
35,5
Kilichiman*
6
19,4
Total
31
100
Kilichiman* : boucher vendant la viande sous forme de lamelles grillées ou séchées.
61
II.1.1.3.4. Lieu de dépôt de l’épargne des transformateurs au Burkina Faso Le tableau XV montre que la majorité (52%) des transformateurs enquêtés déposait leur épargne soit dans leur maison ou chez une tierce personne. Cela montre une faible (48%) fréquentation des transformateurs au niveau des institutions financières. Tableau XV : Lieu de dépôt de l’épargne des transformateurs au Burkina Faso Effectifs
Pourcentage
Banque ou Micro finance
15
48
Maison ou Tierce personne
16
52
Total
31
100,0
II.1.2. Facteurs influençant la gestion technico-économique des activités II.1.2.1. Cas des producteurs II.1.2.1.1. Mode de production L’analyse du tableau XVI montre que 50% des producteurs enquêtés pratiquent les deux types d’élevage à savoir le mode naturel et l’embouche. Seulement 11,1% et 38,9% pratiquent respectivement le mode naturel de l’élevage et l’embouche. En plus, les producteurs transhumants et nomades pratiquent uniquement le mode naturel de l’élevage. Ce sont les sédentaires qui pratiquent les deux modes d’élevages. Tableau XVI : Types d'élevages en fonction du mode de production Mode de production Mode naturel
Embouche
Les deux
Total
Type
Sédentaire
1
21
27
49
d'élevage
Transhumant
2
0
0
2
Nomade
3
0
0
3
6
21
27
54
11,1%
38,9%
50%
100%
Total Pourcentage
62
II.1.2.1.2. Type d’aliment utilisé La figure 13 montre que l’alimentation des animaux provenait essentiellement (61%) des Sous-Produits Agro-Industriels (SPAI). Le pâturage qui constitue un aliment naturel sans coût représente seulement 24% des aliments utilisés dans la nutrition du bétail.
15%
24%
61%
Paturâge
SPAI
Aliment industriel
Figure 13 : Répartition du type d’aliment utilisé pour la production II.1.2.1.3. Suivi prophylactique des animaux Quel que soit le niveau d’étude des producteurs, plus de la moitié ont participé aux campagnes de vaccination. Le tableau XVII montre que le taux de participation est de 83,3%. Tableau XVII : Suivi prophylactique des animaux selon le niveau d'étude des producteurs
Niveau d'étude Total
Primaire Secondaire Coranique Aucun
Campagnes de vaccination Oui (%) Non (%) 88,9 11,1 81,8 18,2 76,5 23,5 85,7 14,3 83,3 16,7
63
Total (%) 100 100 100 100 100
II.1.2.1.4. Déparasitage Comme l’illustre le tableau XVIII, les producteurs qui pratiquent les deux types d’élevages sont ceux qui déparasitent plusieurs fois leurs animaux. Tableau XVIII : Nombre de déparasitage des animaux par an ou par cycle Nombre de déparasitage par an ou par cycle
Mode de Mode naturel production Embouche Les deux Total
Total
0
1
2
3
1
0
5
0
6
0
10
8
3
21
0
2
21
4
27
1
11
35
7
54
II.1.2.1.5. Lieux de ventes des animaux La plupart des commercialisations du bétail se faisaient dans les marchés à bétail. Nos résultats ont montré que la majorité (70%) des producteurs enquêtés vendent leurs animaux dans les marchés à bétail (tableau XIX). Tableau XIX : Lieu de vente en fonction de la province de provenance du producteur Lieu de ventes des animaux
Province
Marché (%)
Ferme (%)
Total (%)
Houet
38,5
61,5
100
Kadiogo
100
Kouritenga
60
Banwa
100
100
Soum
100
100
Boulgou
100
100
Comoé
50
Gourma
100
Total
71,7
64
100 40
50
100
100 100
28,3
100
II.1.2.1.6. Bénéfices moyens des producteurs Nous retenons que malgré le coût élevé de l’aliment, les producteurs ont eu des bénéfices suite aux ventes de leurs animaux. Le bénéfice minimal étant retrouvé au niveau de l’espèce caprine avec un minimum de gain de 3500 FCFA et une moyenne de 8500,16 FCFA par animal. La spéculation la plus lucrative est l’espèce bovine où le gain minimal était de 25000 FCFA avec une moyenne de 42000,5 FCFA par animal. Les bénéfices moyens ont été obtenus avec la spéculation ovine qui rapporte en moyenne 11250,47 FCFA par animal. Par ailleurs de forts écarts types caractérisent ces marges bénéficiaires. Les spéculations les plus lucratives présentant les écarts types les plus importants avec 5205,57 et 21950,65 FCFA respectivement pour les spéculations ovine et bovine (Tableau XX). Tableau XX : Variation des bénéfices des producteurs en FCFA Bénéfice
moyen
animal vendu
par
Minimum Maximum
Moyenne
Ecart type
caprin
3500
8000
8500,16
3520,840
ovin
6000
30000
11250,62
5205,57
Bovin
25000
60000
42000,5
21950,65
II.1.2.2. Cas des commerçants II.1.2.2.1. Mode de pratique d’examen clinique des animaux achetés Avant d’acheter un animal, les commerçants eux-mêmes faisaient un examen clinique à distance de l’animal pour vérifier la présence de symptômes de certaines pathologies. La majorité des commerçants enquêtés prenaient le soin de bien examiner l’animal avant d’acheter (figure 14). Mais seulement 18 % des commerçants enquêtés examinaient l’animal avant l’achat et avant l’embarquement.
65
18%
82%
Avant l'achat
Avant l' embarquement
Figure 14 : Pratique d'examen clinique des animaux achetés II.1.2.2.2. Principaux lieux de destination du bétail Parmi les commerçants enquêtés il y avait des commerçants exportateurs. Au total 40% des commerçants enquêtés (figure 15.A) affirmaient vendre leurs animaux au Burkina Faso. La proportion de ceux qui vendent à l’étranger est de 49,1% et 10,9% pour ceux qui vendaient soit au Burkina soit à l’étranger. La figure 15.B, montre que les exportateurs du bétail sont plus fréquents en Côte d’Ivoire 45,5%, suivi du Ghana et du Nigeria. 100% 80% 60%
10,9%
40%
49,1%
65,5
54,5 92,6
92,7
40% 20%
34,5
29,1
7,4
Ghana
Benin
Nigeria
Exportateur
Les deux
Oui
(A)
45,5
7,3
0%
Chevillard
70,9
Cote d'Ivoire
Togo
Non
(B)
Figure 15 : (A) Répartition des commerçants et (B) Principaux lieux d'exportation de bétail 66
II.1.2.2.3. Lieux de dépôt de l’argent issu des ventes du bétail Il ressort de la figure 16, que plus de 80% de l’argent issu des ventes d’animaux est déposé à la banque ou dans une institution de micro finance.
9% 4% 40%
Banque Institution de microfinance
47%
Maison Tierce personne
Figure 16 : Lieu de dépôt de l’argent issu des ventes d’animaux II.1.2.2.4. Contraintes de la commercialisation du bétail Les commerçants enquêtés ont affirmé qu’ils subissaient des pertes (tableau XXI) lors du transport des animaux depuis le lieu d’achat jusqu’au marché de destination. Ces pertes sont dues aux maladies, aux vols, aux surcharges ou aux accidents. Tableau XXI : Contraintes liées à la commercialisation Réponses des
Effectifs
Pourcentage
Oui
44
80,0
Non
11
20,0
Total
55
100,0
enquêtes
67
II.1.2.2.5. Difficultés lors de la traversée des frontières Presque tous les exportateurs enquêtés (94,5%) enregistraient des difficultés (figure 17) lors de la traversée des frontières. Ces difficultés sont liées au mauvais état des routes, à l’insécurité, aux taxes sauvages ou à la fluctuation de la monnaie des pays anglophones en occurrence le Nigéria.
100% 80% 56,4
56,4
43,6
43,6
Taux d'echange de la monaie
Taxes sauvages
47,3
43,6
52,7
56,4
Mauvais etat des routes
Insécurité
60% 40% 20% 0%
Oui
Non
Figure 17 : Difficultés rencontrées par les commerçants lors de la traversée des frontières II.1.2.2.6. Variation des bénéfices des commerçants en FCFA L’analyse du tableau XXII, montre que les commerçants engrangent des bénéfices malgré les pertes et les difficultés rencontrées pendant le transport. En plus le bénéfice obtenu après la vente variait fortement d’une espèce à l’autre. L’espèce la plus rentable est l’espèce bovine où le gain minimal était de 20000 FCFA avec une moyenne de 37000,75 FCFA par animal.
68
Tableau XXII : Variation des bénéfices des commerçants en FCFA Bénéfice moyen par espèce
Minimum Maximum
animal vendue
Moyenne
Ecart type
caprin
3000
9000
7400,54
2920,580
ovin
5000
25000
9350,45
4805,67
Bovin
20000
70000
37000,75
19800,85
II.1.2.3. Cas des transformateurs II.1.2.3.1. Répartition des transformateurs selon la maitrise de la découpe Parmi les transformateurs de la viande de bétail enquêtés, seulement 6% étaient spécialisés dans la découpe. Les 94% des transformateurs ont besoin d’être formés sur la découpe des carcasses (figure 18).
6%
94%
Oui
Non
Figure 18 : Répartition de transformateurs selon leur maîtrise de la découpe des carcasses
69
II.1.2.3.2. Bénéfices des Transformateurs Il ressort du tableau XXIII que le bénéfice engrangé par les transformateurs variait fortement d’une espèce à l’autre. Le bénéfice minimal étant retrouvé au niveau de l’espèce caprine avec un minimum de gain de 2500 FCFA et une moyenne de 6700 FCFA par carcasse. La spéculation la plus lucrative est la vente de produits transformés d’origine bovine où le gain minimal était de 15000 FCFA avec une moyenne de 30723 FCFA. Les bénéfices moyens ont été obtenus avec la spéculation ovine pour une moyenne de 7089,47 FCFA. Par ailleurs de forts écarts types caractérisent ses marges bénéficiaires. Les spéculations les plus lucratives présentant les écarts types les plus importants avec 3575,673 et 16903,268 FCFA respectivement pour la spéculation ovine et bovine. Tableau XXIII : Variation du montant des bénéfices des transformateurs en FCFA Bénéfice moyen par carcasse vendu
Minimum Maximum Moyenne
Ecart type
Carcasse caprine
2500
10000
6700,00
2320,714
Carcasse ovine
3000
17200
7089,47
3575,673
Carcasse Bovine
15000
87500
30723,23
16903,268
II.1.2.3.3. Causes des pertes des transformateurs Tous les transformateurs enquêtés ont affirmé qu’ils subissaient des pertes. Le problème de la conservation de la viande, les crédits non payés, la surestimation du poids de l’animal et les saisies partielles engendrent des pertes importantes qui variaient en fonction de la profession des transformateurs (figure 19).
70
100% 80%
61,3
60%
74,2
40% 20%
38,7
0%
25,8
35,5
48,4
48,4
93,5 64,5
51,6
51,6
6,5
Oui
67,7
32,3
non
Figure 19 : Causes des pertes des transformateurs II.1.2.4. Relations entre le niveau d’études des acteurs et le lieu de dépôt de leur épargne Le test d’indépendance de Khi-deux (tableau XXIV) est utilisé pour voir le lien d’indépendance entre le niveau d’étude et le lieu de dépôt de l’argent. Pour ce faire, les modalités de la variable lieu de dépôt ont été regroupées en deux : Banque ou Micro Finance et Maison ou Tierce Personne. Ce regroupement a été effectué afin de mettre en évidence les personnes qui déposent leur argent dans des institutions financières et celles qui en déposent ailleurs. Ce test a concerné l’ensemble des acteurs enquêtés donc c’est un résultat global pour les producteurs, les commerçants et les transformateurs. Tableau XXIV : Répartition des acteurs enquêtés suivant le niveau d'étude et le lieu de dépôt de l'argent (en valeurs)
Lieu de Dépôt 2=
X
8,820
Banque ou Micro Finance Maison ou Tierce Personne Pourcentage
Primaire
Niveau d’études Secondaire Coranique
Aucune
33
21
27
20
9
3
10
17
87,5%
73%
79% ddl = 3
71
54% p = 0,032
Le niveau d’études a eu une influence significative sur le choix du lieu de dépôt de l’argent (épargne) (p<0,05). II.1.3. Sources de financements des acteurs II.1.3.1. Sources de financement des producteurs II.1.3.1.1. Groupements des producteurs Les producteurs enquêtés ont affirmé que la source de financement de leur groupement était les cotisations des membres. Le montant des cotisations variait d’un groupement à un autre. Il faut noter que parmi les 30 groupements de producteurs enquêtés, le montant minimal des cotisations était de 250 FCFA et le montant maximal des cotisations était de 5000 FCFA par mois (Tableau XXV). Tableau XXV : Montant des cotisations des groupements en FCFA Source de financement du groupement Montant de la cotisation par personne
Minimum Maximum Moyenne
250
5000
1926,00
Ecart type
1541,045
Les montants des cotisations des groupements des producteurs sont utilisés pour régler les problèmes sociaux des membres ou utilisés pour l’entretien des puits pastoraux. Par ailleurs, ces cotisations peuvent être utilisées pour couvrir les frais de déplacement lors d’une participation des membres à une séance de formation ou de rencontre. II.1.3.1.2. Activité de production Concernant le financement de l’activité de production des producteurs, la figure 20, montre que 65% d’entre eux ont recours à leurs propres moyens, suivi des crédits venant des institutions financières 33% et des projets 2%.
72
33%
65%
2%
Crédit_institution financière
Crédit_Projet
Pas de crédit
Figure 20 : Sources de financement des producteurs au Burkina Faso Les producteurs qui bénéficiaient des crédits faisaient recours à trois types de structures : 64% de ces crédits venaient des institutions de microfinance (Caisse populaire, Caisse urbaine de Djibo), 20% des institutions bancaires et 16% des projets (figure 21). 0,5 0,45 0,4 0,35 0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05 0
0,47
0,16
0,11
0,05 Caisse populaire
Caisse urbaine de Djibo
EcobanK
Coris Banque
Institution financière
Banque ou institution de micro finance
0,11 0,05
0,05 BICIAB
FODEL
Maison de l'entreprise
Projet ou programme
Projet ou structure de l’Etat
Figure 21 : Origines des crédits des producteurs au Burkina Faso
73
II.1.3.2. Sources de financement des commerçants II.1.3.2.1. Groupements des commerçants Les commerçants enquêtés appartenaient à 24 groupements. La grande majorité des commerçants ont affirmé que la source de financement de leurs groupements respectifs était la cotisation (Tableau XXVI). Tableau XXVI : Source de financement des groupements des commerçants Source de financement
Effectifs
Pourcentage
Cotisation
48
87,3
Aucune
7
12,7
Total
55
100,0
Le tableau XXVII montre que la moyenne du montant des cotisations vaut 4481,1 FCFA. En tenant compte de l’écart type 9533,5 FCFA ; il y a une dispersion importante du montant autour de la moyenne. Ce montant élevé des cotisations peut influencer leur utilisation. Lors de nos enquêtes il est ressorti que certaines cotisations de certains groupements servaient à prêter aux membres de leur groupement. Tableau XXVII : Montant des cotisations (FCFA) au niveau des groupements de commerçants Source de financement
Minimum Maximum Moyenne
Montant des cotisations
500
40000
4481,25
Ecart type 9533,522
Dans les groupements des commerçants, les cotisations sont utilisées pour effectuer des prêts. Cependant ces cotisations peuvent servir à régler leurs problèmes sociaux. (Contribution pour mariage, baptême).
74
II.1.3.2.2. Mode de financement des commerçants du bétail La figure 22 illustre les différents types de sources de financement de l’activité commerciale. Plus de la moitié (53%) des commerçants enquêtés ont déjà bénéficié d’un crédit.
29%
47%
13% 11%
Crédit_Institution finançière
Crédit _Projet
Crédit_Familial
Pas de crédit
Figure 22 : Source de financement des commerçants au Burkina Faso Les 50% des crédits des commerçants venaient des institutions de microfinances (Caisse populaire et Laafi sira Thiebo), 28% des crédits
des projets de
développements de l’élevage (FODEL et PAFASP) (figure 23) et seulement 10% des crédits venaient des institutions bancaires. 0,40 0,35 0,30 0,25 0,20 0,15
0,36 0,23
0,10
0,14
0,05 0,00
Caisse populaire
Ecobank
0,14 0,05
0,05
Coris bank
BICIAB
Banque ou institution de micro finance
0,05 Laafi sira Thiebo
FODEL
PAFASP
Projet ou structure de l’Etat
Figure 23 : Origines des crédits des commerçants au Burkina Faso 75
II.1.3.3. Source de financement des transformateurs La figure 24 montre que près de 88% des transformateurs enquêtés ont affirmé qu’ils n’ont pas encore été des bénéficiaires de crédit. 9% 3%
88%
Crédit_intitution financière
Crédit_projet
Pas de crédit
Figure 24 : Source de financement des transformateurs au Burkina Faso Il ressort de l’analyse de la figure 25 que quelle que soit l’institution financière le taux de financement des transformateurs reste faible. Ce taux d’octroi des crédits est de 40% pour l’institution de micro finance, 40% pour les projets et seulement 20% pour l’institution bancaire. 0,25 0,2 0,15 0,1
0,2
0,2
0,2
0,2
0,2
Ecobank
Caisse populaire
MECAP
PCESA
Maison de l'entreprise
0,05 0
Banque ou institution de micro finance
Projet ou structure de l’Etat
Figure 25 : Origines des crédits des transformateurs au Burkina Faso 76
II.2. Difficultés liées aux mécanismes de financement de la chaîne de valeur du bétail-viande au Burkina Faso II.2.1. Types de garanties L’analyse du tableau XXVIII montre que les institutions financières qui accordent les crédits préfèrent en premier lieu le Permis Urbain d’Habitation (PUH) suivi de la caution comme garanties. Tableau XXVIII : Garanties exigées par les institutions financières (en %) Caution
PUH
Matériel de transport
Troupeau
Oui
65,9
75,6
24,4
16,7
Non
34,1
24,4
75,6
83,3
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
II.2.2. Taux d’intérêt Il faut noter que le taux d’intérêt variait de 7 à 18% en fonction du type de structure financière (tableau XXIX). Tableau XXIX : Variation du taux d’intérêt Minimum
Maximum
Moyenne
7
18
12,5
Plus de la moitié (68,3%) des acteurs qui bénéficiaient des crédits n’étaient pas satisfait du taux d’intérêt (figure 26).
77
31,7%
68,3%
Oui
Non
Figure 26 : Satisfaction des enquêtés par rapport aux taux d'intérêt Le tableau XXX montre que les propositions du taux d’intérêt par les acteurs variaient de 7 à 12%. Plus de la moitié des acteurs préféraient un taux d’intérêt variant entre 10 et 11%. Tableau XXX : Proposition des taux d'intérêt par les acteurs de l'élevage (en %) Taux d’intérêt
Pourcentage
7
14,8
8
7,4
9
11,1
10
18,5
11
33,3
12
14,8
Total
100,0
78
II.2.3. Différents modes de remboursement des crédits Il y avait différentes périodicités de remboursement des crédits. 48,6% des bénéficiaires des crédits ont adopté le mode de remboursement par semestre, 28,6% remboursaient par trimestre. Le reste le faisait annuellement (17,1%) ou journalièrement (5,7%) (figure 27).
5,7% 17,1%
28,6%
Trimestrielle Semestrielle Annuelle
48,6%
Journalier
Figure 27 : Périodicités de remboursement des crédits contractés (en %)
79
CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS Dans ce chapitre nous allons interpréter les résultats de notre étude puis les confronter aux résultats d’autres études afin de formuler des recommandations à l’endroit des acteurs de la chaîne de valeur bétail viande et les prestataires de services. III.1. Discussion III.1.1. Limites de l’étude Au cours de la réalisation de cette étude, plusieurs difficultés ont été rencontrées. La première tient au caractère délicat du sujet abordé qui est : « Etude des mécanismes de financement de la chaîne de valeur bétail viande au Burkina Faso ». En effet, Certains producteurs pensaient que nous faisons l’objet d’un nouveau projet qui voulait se mettre en place et qui cherchait des bénéficiaires. Les commerçants et les transformateurs quant à eux avaient tendance à nous considérer comme des agents des impôts venus investiguer sur leurs chiffres d’affaires, ce qui peut rendre subjectives certaines de leurs réponses. Ces pensées rendaient certains acteurs réticents vis-à-vis de nos questions. Aussi les responsables de certaines institutions financières affirmaient que les renseignements que nous recherchions chez eux étaient classés confidentiels. La période pendant laquelle s’est déroulée l’enquête ne permettait pas à certains acteurs d’être disponible car ils s’adonnaient aux travaux champêtres en dehors de leurs activités principales. En outre, notre étude s’est limitée à quelques provinces du Burkina Faso en raison des moyens limités dont nous disposions pour la réalisation des enquêtes. III.1.2. Mode de financement des acteurs Les acteurs de la chaîne de valeur bétail viande sont organisés en groupement. La plupart des besoins des groupements sont financés par les cotisations des membres. Les cotisations des membres des groupements des producteurs sont utilisées dans l’entretien des puits pastoraux et pour régler les problèmes sociaux des membres du groupement. Ces résultats sont différents de ceux de KONAN [40] qui a montré que 33% des crédits des producteurs provenaient des associations villageoises.
80
Chez les commerçants, le montant des cotisations avait un écart type de 9533,522 FCFA par rapport à la moyenne qui était de 4481,25 FCFA ; cela montre qu’il y a une dispersion importante des montants autour de la moyenne. Ces cotisations servaient non seulement au fonctionnement des groupements mais aussi étaient utilisés pour des prêts aux membres de ces groupements. C’est ainsi qu’au niveau des sources de financement des commerçants, les crédits familiaux s’élevaient jusqu’à 11%. Ces prêts ne sont autres que les cotisations de certains groupements de commerçants. En effet, dans certains groupements, il est courant que des sommes importantes cotisées soient prêtées à un membre du groupement pour qu’il puisse renforcer son activité commerciale. L’étude a révélé que seulement 35% des producteurs enquêtés bénéficiaient des crédits. Ce faible pourcentage rend difficile le développement de l’embouche qui nécessite des fonds de roulement élevés. Ces résultats confirment ceux rapportés par 3ADI [46]. Selon cette étude de 3ADI [46], il existait des difficultés chez les producteurs quant à l’accès aux crédits venant des banques commerciales. En outre, ATTIE [3] avait indiqué que les Banques commerciales offraient des crédits aux acteurs de l’élevage dans un faible pourcentage. Ce manque à gagner se remarque dans l’approvisionnement alimentaire des animaux. En effet, les producteurs ne sont pas à mesure de constituer des stocks d’aliments. Ce qui les exposent aux fluctuations des prix des aliments qui lorsqu’ils sont élevés peuvent impactés sur le nombre d’animaux à mettre en embouche. Chez les transformateurs enquêtés seulement 12% bénéficiaient des crédits. Ce faible pourcentage s’explique par le manque d’organisation dans ce secteur d’activité. Par ailleurs, ces acteurs ont affirmé qu’ils préféraient les dons car les crédits engendraient de nombreuses difficultés. III.1.3. Difficultés liées aux modes de financement Les institutions financières qui accordent les crédits aux acteurs de la chaîne de valeur préféraient en premier lieu le PUH, suivi de la caution comme garanties alors que cela n’est pas accessible pour les acteurs. En effet en tenant compte de certaines valeurs
81
culturelles dans le pays, ces acteurs ne sont pas prêts à offrir aux banques leurs PUH comme garanties dans l’espoir d’avoir du crédit. En plus de cet aspect ces acteurs n’ont pas souvent en leur disposition la liquidité qui doit être déposée comme caution pour prendre le crédit. En effet 16,7% affirmaient que leurs troupeaux étaient considérés comme garantie et 24,4% utilisaient les moyens de transports comme des garanties. Lors de nos entretiens, il est ressorti que ce sont les projets et programmes de l’Etat qui acceptaient le troupeau et le matériel de transport comme des garanties. La majorité des acteurs qui bénéficiaient des crédits n’étaient pas satisfaits du taux d’intérêt (68,3%). En effet ces taux d’intérêt étaient très élevés (18%). Durant l’enquête les acteurs nous ont affirmé que la périodicité de remboursement du crédit le plus adapté à leurs activités est celui de la semestrialité. Nos résultats ont confirmé cela car presque la moitié des acteurs remboursaient leur crédit par semestre (48,5%). Les difficultés liées aux modes de financement limitent l’accès aux crédits par les acteurs. Ce faible taux d’accès aux crédits entrave le développement d’activités liées à la production, à la commercialisation et à la transformation. III.1.3.1. Contraintes liées aux activités de production Au Burkina Faso 88% des producteurs de bétail sont des sédentaires et plus de 50% d’entre eux pratiquant toujours l’élevage extensif. Mais avec les effets des changements climatiques (diminution du volume des pluies et l’avancée du désert), le pâturage devient de plus en plus insuffisant. Lors de notre étude nous avons trouvé que près de 61% de l’aliment utilisé pour l’élevage du Bétail était composé des Sous-Produits Agro-industriel (SPAI). La place de ces sous-produits dans l’alimentation animale a été déjà reconnue par 3ADI [46] qui a indiqué que l’irrégularité dans l’approvisionnement et le renchérissement des prix des SPAI constituaient des limites au développement de l’embouche bovine et ovine. Nos acteurs ont besoin de la liquidité pour s’approvisionner en SPAI mais cela devient impossible face aux difficultés d’accès aux crédits.
82
L’étude a montré que près de 22% des producteurs déparasitaient au plus une seule fois leurs animaux dans l’année. A Cela s’ajoute le fait important que la plupart de ces producteurs étaient des nomades ou des transhumants. Cela peut entrainer une faible surveillance épidémiologique dans les zones frontalières. Par conséquent, les animaux sont livrés à eux-mêmes dans les conditions dramatiques rencontrées dans le sahel et les zones frontalières. Tous ces problèmes cumulés pourraient être à l’origine d’une baisse de la production et donc d’une baisse de la rentabilité de l’activité comme l’indique les origines des sorties des animaux dans le document publié par le PNUD [26]. III.1.3.2. Contraintes dans la commercialisation du bétail En ce qui concerne les commerçants 82% d’entre eux examinaient soigneusement à distance le bétail avant de les acheter. Seulement 18% le faisaient après l’achat de l’animal. Cela pourrait expliquer les nombreuses pertes que rencontraient les commerçants lors du transport suites à des maladies. En effet, le délai d’attente pour l’embarquement du bétail vers les pays frontaliers varie de 3 à 7 jours et cela peut être favorable au développement des maladies qui étaient en incubation ou la contamination des animaux sains par les animaux malades. C’est ainsi que nos résultats ont révélé que 80% des commerçants enquêtés affirmaient qu’ils enregistraient des pertes lors des transports des animaux du lieu d’achat vers le lieu de destination. L’étude a montré que 94,5% des commerçants enquêtés rencontraient des difficultés lors du transport de leurs animaux vers le marché de destination. Ces difficultés seraient dues soit à l’insécurité 56,4% (coupeurs de routes) ; au mauvais état des routes 52,7% (accidents, renversement du camion), aux taxes sauvages 43,6% et 43,6% due aux taux de change de la monnaie. Ces résultats confirment ceux de Okike et al. [32], qui ont rapporté lors d’une étude menée par le CILLS que les tracasseries sur la voie, le manque de sécurité et les risques liés aux vols sont des entraves importantes aux commerces du bétail.
83
III.1.3.3. Contraintes dans la transformation du bétail Seulement 6% des transformateurs enquêtes avaient une bonne maîtrise de la découpe des carcasses de bétail. Ces résultats confortent ceux rapporté dans l’étude menée par ILRI [36] qui précisait que l’absence d’un centre de formation de bouchers au Burkina Faso entraine l’augmentation du nombre des bouchers non spécialisés et la non diversification des produits issus de la transformation de la viande du bétail. Outre cela les transformateurs ont affirmé qu’ils subissaient de nombreuses pertes. Mais les pertes les plus élevés 64,5% étaient dues à la mauvaise conservation des carcasses ; cela confirme le travail de Okike et al [32] qui a montré que le manque du matériel de conservation de la viande dans le Sahel freine le développement et la rentabilité des boucheries.
84
III.2. Recommandations Au vu des résultats de l’étude, il s’avère important de formuler des recommandations afin de contribuer au développement des mécanismes de financement des acteurs de la chaîne de valeur bétail viande. III.2.1. Acteurs de la chaîne de valeur bétail viande Les producteurs doivent participer de façon active aux campagnes de vaccination organisées par le MRA. En plus les transhumants et les nomades doivent déparasiter leurs animaux avant et au moment du retour des déplacements. Les commerçants doivent éviter de circuler avec l’argent liquide pour ne pas alimenter l’insécurité liée aux braquages. Pour cela ils doivent déposer l’argent issus des ventes dans les institutions financières les plus proches des lieux de ventes du bétail. Les transformateurs quant à eux doivent s’organiser pour se procurer du matériel de froid pour la conservation de leurs carcasses en limitant ainsi leurs attentes vis à vis de l’Etat. III.2.2. Institutions financières Les institutions financières doivent alléger les garanties, diminuer leur taux d’intérêt, et adapter les périodes de remboursement en fonction du type d’activité des acteurs de la chaîne de valeur bétail viande. En plus les institutions financières peuvent s’installer en proximité des marchés à bétail pour faciliter le dépôt de l’argent issu des ventes du bétail. III.2.3. Projets Il est important de sensibiliser les acteurs de cette chaîne de valeur, surtout ceux des zones reculées sur l’existence de lignes de crédits et les modalités d’accès à ces crédits, car eux ne demandent pas d’énormes garanties. Les projets pourraient s’engager à former les producteurs sur les techniques d’embouches bovine et ovine. Ajouté à cela ils pourraient former tous les acteurs de la
85
chaîne de valeur bétail viande sur la gestion technico-économique de leurs activités afin d’en améliorer la rentabilité. En plus ces projets pourraient créer une école de formation sur la technique de la découpe des carcasses. Ils doivent faciliter l’accès aux SPAI surtout dans les zones reculées où les producteurs dépensent beaucoup d’argent avant d’avoir un sac de SPAI. Il est nécessaire d’augmenter le budget des projets pour satisfaire la demande des promoteurs de projets. Il faut mettre en place un système de suivi-évaluation efficace associant une assistance vétérinaire permanente aux projets de s’assurer de la maîtrise des paramètres sanitaires à tous les niveaux de la chaîne de la valeur. III.2.4. Etat (MRA) Les coûts de productions augmentent avec l’indisponibilité et la cherté des SPAI. Des accords de subventions devraient être négociés par l’Etat auprès des entreprises de la place afin d’améliorer l’accessibilité de ces SPAI aux producteurs. Aussi il faut sensibiliser les producteurs sur la pratique des cultures fourragères en les aidants dans l’obtention des semences. La collaboration de MRA avec les institutions financières pour réduire les taux d’intérêts et alléger les garanties afin de faciliter l’accès des crédits aux acteurs de la chaîne de valeur qui ne disposent pas de grands moyens pourrait être une alternative pour améliorer l’investissement. En plus l’Etat doit renforcer les systèmes de garanties déjà en place dans le pays. L’Etat doit veiller à l’augmentation de la sécurité sur les voies pour faciliter le commerce du bétail. En plus il doit travailler à la mise en place du système de taxe unique pour éradiquer la surenchère des taxes sur les routes dues aux taxes sauvages.
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CONCLUSION Le Burkina Faso est un pays à vocation agropastorale. Dans sa politique de développement du sous-secteur de l’élevage, plusieurs projets ont été élaborés pour développer les productions animales afin d’augmenter le niveau de revenus des ménages ruraux. C’est ainsi que le Fonds de Développement de l’Elevage (FODEL) et le Programme d’Appui aux Filières Agro-Sylvo-Pastorales (PAFASP) interviennent dans plusieurs domaines de l’élevage dont celui du bétail en soutenant les acteurs. Ils fournissent des crédits aux acteurs de la chaîne de valeur bétail viande mais cela reste insuffisant pour occasionner un développement conséquent de l’élevage. Vu les enjeux économiques que suscite le secteur de l’élevage en matière d’augmentation des devises relatives à l’exportation, l’une des premières questions à se poser est celle du financement de ce sous-secteur. Certes, il existe bien des organismes qui en sont responsables mais cela demeure insuffisant. C’est dans cette optique que nous avons entrepris l’étude sur les mécanismes de financement de la chaîne de valeur bétail viande au Burkina Faso avec pour objectif global d’analyser les mécanismes de financement de la chaîne de valeur bétail viande. De façon spécifique, il s’agit de : -
Identifier les mécanismes de financement de la chaîne de valeur bétail ;
-
Evaluer les difficultés liées aux mécanismes de financement de la chaîne de valeur bétail viande.
Cette étude, conduite dans huit provinces réparties dans sept régions du Burkina Faso à savoir, la Boucle du Mouhoun, les Cascades, le Centre, le Centre-Est, l’Est, les Hauts Bassins et le Sahel a permis de collecter des informations auprès des producteurs, des commerçants, des transformateurs, des institutions financières, et des projets. Pour sa réalisation, un questionnaire a été administré en mode semi-direct à 160 personnes dont 54 producteurs appartenant à 30 groupements ; 55 commerçants appartenant à 24 groupements ; 31 transformateurs avec 4 particuliers et les 25 personnes appartiennent à 9 groupements ; 7 institutions financières ; 7 directeurs provinciaux des Ressources Animales ; 5 responsables des projets ; 1 responsable 87
d’une industrie de fabrique d’aliments. Les données recueillies ont fait l’objet d’une analyse statistique à l’aide des logiciels Excel version 2013, Statistical Package For Social Sciences (SPSS) version 20 et R. 3.1.2. L’étude a révélé que concernant les modes d’élevage, 88,9% des producteurs enquêtés étaient des sédentaires et pratiquaient soit l’embouche et/ou le mode naturel d’élevage. De plus, il est ressorti que les sous-produits agro-industriels (61%) occupaient une place importante par rapport au pâturage (24%) et l’aliment industriel (15%) dans l’alimentation du bétail. Par ailleurs, 83,3% des producteurs participaient aux campagnes de vaccination. L’étude a aussi montré que 71,7% de ces producteurs avaient recours aux marchés de bétail pour vendre leurs animaux. En tenant compte des lieux de vente, il y avait des commerçants qui vendaient leurs animaux au Burkina Faso, à l’étranger ou dans les deux lieux à des proportions respectives de 40%, 49,1% et 10,9%. Cependant, 80% de ces commerçants enregistraient des pertes lors du transport de leur animaux depuis les lieux d’achat jusqu’aux lieux de vente. Aussi, 94,5% des exportateurs du bétail subissaient des difficultés lors de la traversée des frontières. En comparant le niveau de maîtrise de la découpe des carcasses, il y avait seulement 6% des transformateurs enquêtés qui maîtrisaient la découpe des carcasses. En plus de cela, quel que soit le type de carcasse du bétail vendu, l’intervalle minimum des bénéfices variaient
de 2500 à 15000 FCFA et cela était plus élevé chez les
spécialistes de la découpe des carcasses. Mais, ces transformateurs subissaient des pertes dont la principale cause (65%) était le problème de conservation de la viande. Les analyses ont montré que le niveau d’étude des acteurs influence le lieu de dépôt de l’épargne issu de leur activité. Ainsi, il y avait 87,5% du niveau secondaire, 79% du niveau primaire, 73% du niveau coranique et 54% n’ayant aucun niveau d’étude qui déposait leur épargne soit à la banque soit dans une institution de microfinance. Pour développer leur activité et pallier à certaines contraintes et difficultés ces acteurs ont besoins des financements
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L’étude à montrer que 35% des producteurs enquêtés bénéficiaient des crédits dont 33% provenaient des institutions financières et 2% provenaient des projets et programmes. Chez les commerçants, 53% bénéficiaient des crédits dont 29% provenaient des institutions financières, 13% des projets et 11% de la famille. Par contre, seulement 12% des transformateurs bénéficiaient des crédits dont 9% provenaient des institutions financières et 3% des projets. Néanmoins, ces bénéficiaires des crédits rencontraient des problèmes concernant les types de garanties exigées surtout par les institutions financières. Ajouté à cela, 68,3% de ces bénéficiaires n’étaient pas satisfaits du taux d’intérêt qui leur a été proposé. Ils existaient différents modes de remboursement de ces crédits mais le remboursement par semestre (48,6%) était le plus utilisé par ces bénéficiaires. Au terme de cette étude, il s’avère important d’augmenter le niveau de financement des activités des acteurs de la chaîne valeur bétail viande. L’accent doit être mis au niveau des projets à travers l’élargissement de leur budget et de leur champ d’intervention. En plus, l’Etat doit travailler à avoir un partenariat avec les institutions financières dans le but d’alléger les types de garanties et de diminuer les taux d’intérêts. Cela permettra de rehausser le niveau de financement de la chaîne de valeur bétail viande et d’augmenter les revenus des populations rurales, en développant les activités de production, de commercialisation et de la transformation du bétail, dans un futur proche ceci sera porteur de croissance économique et sociale au Burkina Faso.
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94
ANNEXES
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SERMENT DES VETERINAIRES DIPLOMES DE DAKAR «
Fidèlement
attachée
aux
directives
de
Claude
BOURGELAT, fondateur de l’enseignement vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes maîtres et mes aînés :
D’avoir en tous moment et en tous lieux le souci de la dignité et de l’honneur de la profession vétérinaire ;
D’observer en toutes circonstances les principes de correction et de droiture fixés par le code de déontologie de mon pays ;
De prouver par ma conduite, ma conviction, que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a, que dans celui que l’on peut faire ;
De ne point mettre à trop haut prix le savoir que je dois à la générosité de ma patrie et à la sollicitude de tous ceux qui m’ont permis de réaliser ma vocation. Que toute confiance me soit retirée s’il advient que je me parjure ».
ETUDE DES MECANISMES DE FINANCEMENT DE LA CHAINE DE VALEUR BETAIL VIANDE AU BURKINA FASO RESUME Le Burkina Faso est un pays à vocation agropastorale. Dans sa politique de développement du sous-secteur de l’élevage, plusieurs projets ont été élaborés afin d’augmenter le niveau de financement des projets d’élevage. C’est ainsi que des projets comme le FODEL, le PAFASP, le PAPSA financent les activités des acteurs de la chaîne de valeur bétail viande. Malgré l’intervention des organismes le financement des activités des acteurs de la chaîne de valeur bétail viande demeure insuffisant. C’est dans cette optique que nous avons entrepris l’étude sur les mécanismes de financement de la chaîne de valeur bétail viande au Burkina Faso. Cette étude, conduite dans huit provinces réparties dans sept régions du Burkina Faso à savoir, la Boucle du Mouhoun, les Cascades, le Centre, le Centre-Est, l’Est, les Hauts Bassins et le Sahel a permis de collecter des informations auprès des producteurs, des commerçants, des transformateurs, des institutions financières, et des responsables des projets. Ce travail vise à identifier les mécanismes de financements et leurs difficultés afin de formuler des recommandations pour améliorer les mécanismes de financements des acteurs de la chaîne de valeur bétail-viande. Ainsi, après une enquête exploratoire, des questionnaires ont été administré auprès de 160 personnes. L’étude à montrer que 35% des producteurs enquêtés bénéficiaient des crédits dont 33% provenaient des institutions financières et 2% prévenaient des projets et programmes. Chez les commerçant 53% bénéficiaient des crédits dont 29% provenaient des institutions financières, 13% des projets et 11% de la famille. Par contre seulement 12% des transformateurs bénéficiaient des crédits dont 9% provenaient des institutions financières et 3% des projets. Néanmoins ces bénéficiaires des crédits rencontraient des problèmes concernant les types de garanties exigées surtout par les institutions financières. En plus 68,3% de ces bénéficiaires n’étaient pas satisfaits de taux d’intérêt qui les a été proposé. Ils existaient différents modes de remboursement de ces crédits mais le remboursement par semestre (48,6%) était le plus utilisé par ces bénéficiaires. Il ressort de cette étude, la nécessité d’augmenter le niveau de financement des activités des acteurs de la chaîne valeur bétail viande. L’accent doit être mis au niveau des projets et programme à travers l’élargissement de leur budget et de leur champ d’intervention. En plus l’Etat doit travailler à avoir un partenariat avec les institutions financières dans le but d’alléger les types de garanties et de diminuer les taux d’intérêts.
ABSTRACT Burkina Faso is an agro pastoral country. In its development policy of the livestock sub-sector, several projects have been developed to increase funding of livestock projects. Thus projects like FODEL, PAFASP the PAPSA finance the activities of players in the livestock meat value chain. Despite intervention agencies funding the activities of the players in the meat value chain, livestock value remains insufficient. It is in light of this that we undertook the study on the ‘Mechanisms of financing the chain of meat livestock value in Burkina Faso.’ This study, was conducted in eight provinces in seven regions of Burkina Faso namely, Mouhoun, Cascades, Central, East Central, East, the High Basins and Sahel. The study helped collect information from producers, traders, processors, financial institutions, and project managers. This work aims to identify the mechanisms of funding and difficulties in order to make recommendations to improve the financing mechanisms of the actors in the meat livestock value chain. Thus, after an exploratory survey, questionnaires were administered to 160 people. The study show that 35% of surveyed producers benefited from credits of which 33% came from financial institutions 2% from donor funded of projects and programs. Among the trader 53% had loans of which 29% came from financial institutions, 13% from projects and 11% resources from the family. Only 12% of processors benefited from credit facilities and of these9% from financial institutions and 3% from donor funded projects. However, these credit beneficiaries had problems regarding the types of guarantees required especially by financial institutions. In addition 68.3% of the beneficiaries were not satisfied with the interest rate that was offered them. There exist different repayment modes of these credits but reimbursement by half (48.6%) was the most used by these beneficiaries. According to this study, there is need to increase the level of funding of the activities of players in the meat livestock value chain. Emphasis should be placed at the project and program levels through the expansion of their budgets and their field of intervention. In addition the state must work to have a partnership with financial institutions to alleviate the types of guarantees and reduce interest rates.
Mots clés : Financement-Chaîne viande-Crédit-Intérêt-Garantie
Key words: Financing-chain value-meat livestockcredits-interest-guarantees.
de
valeur-Bétail
Mlle Hélène YAMEOGO Adresse : Pissy (Ouagadougou/Burkina Faso) Email: hlne.yameogo@yahoo.fr Contact : 00221776581263 (SENEGAL)/ 00226 62213768 (Burkina Faso)