UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR ******************** ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE DAKAR (E.I.S.M.V.)
Année 2017
N°01
LA BIOSECURITE EN AVICULTURE MODERNE AU SUD DU BENIN : PRATIQUE ET ANALYSE ECONOMIQUE
THESE Présentée et soutenue publiquement le 05 avril 2017 à 09 heures devant la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar pour obtenir le grade de DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (DIPLOME D’ETAT) Par Saliou ABDOULAYE Né le 02 Octobre1990 à Parakou (BENIN) Jury Président :
M. Issa LO Professeur en retraite à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar
Rapporteur et Directeur de thèse : Mme. Mireille Catherine KADJA WONOU Maître de Conférences Agrégé à l’Ecole Inter-Etats des Sciences Médecine Vétérinaires de Dakar Membre :
M. Alain Richi KAMGA-WALADJO Maître de Conférences Agrégé à l’Ecole Inter-Etats des Sciences Médecine Vétérinaires de Dakar
Co-directeur de thèse :
Dr Walter OSSEBI Assistant à l’Ecole Inter-Etats des Sciences Médecine Vétérinaires de Dakar Dr Lionel GBAGUIDI Vétérinaire consultant
Co-directeur de thèse :
Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne. Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne ne sont jamais allés à l'école une fois, et ne savent pas lire, et signent d'une croix. C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime. L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme. Où rampe la raison, l'honnêteté périt. Victor HUGO
« Les quatre Ventes de l’esprit »
I
DEDICACES Je dédie cette thèse... A ALLAH LE TOUT-PUISSANT Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux Louange à Allah, Seigneur de l'univers. Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux Maître du Jour de la rétribution C 'est Toi [Seul] que nous adorons, et c’est Toi [Seul] dont nous Implorons secours. Guide-nous dans le droit chemin. Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de Ceux qui ont encouru Ta colère, ni des garés Sourate N.1 : Al-Fatiha : Mecquoise : 7Verset Merci Seigneur de la grâce que tu me fais d’être Vétérinaire en ce jour. Louange à Toi, Seigneur de l’univers !
II
A tous les défunts, Membres de la famille, amis et connaissances qui ont quitté ce monde, que vos âmes reposent en paix et que la terre vous soit légère.
A mon Père Papa, aucun mot ne serait assez grand pour vous remercier d’avoir toujours été présent pour nous, malgré vos nombreuses occupations. Je ne peux jamais vous donner en retour tout ce que j’ai appris de vous, qu’Allah vous le rende en grâces abondantes. Reconnaissance éternelle Papa « Nagodé Baba ››.
A ma tendre Maman, Je ne saurais comment vous dire maman chérie, pour tout l’amour, la reconnaissance et l’admiration que j’ai pour vous. Maman, puisse ce travail être pour vous le début de la reconnaissance de vos efforts et le gage de ma profonde affection. Merci pour l’éducation que vous nous avez donnée. Qu’Allah vous garde en bonne santé, et vous accorde une longue vie afin de me permettre de prendre soin de vous comme vous l’avez fait pour moi.
Au Dr Djalil ABDOULAYE, Vous êtes la référence pour nous tous, car vous nous avez montré qu’à cœur vaillant rien n’est impossible. Reconnaissance éternelle Au Dr Djafarou ABDOULAYE, ‹‹ C’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle ››, merci grand frère pour m’avoir montré le chemin à suivre. A mes frères et sœurs : ABDOULAYE Laouli, Fati, Awa, Rachida. Merci d’avoir toujours été là pour moi. Puisses Allah nous garder toujours unis dans la santé, l’amour et la fraternité. Qu’ALLAH vous bénisse abondamment.
III
A mes nièces et neuves : Abdoul Hadi, Moussa, Moubarak, Fayçal, Ouzérou, Yasmine, Imane. Que ceci vous serve d’exemple. Tonton vous exhorte à faire mieux que lui. Soyez béni par Allah ! A Karim ZOUMAROU vous qui m’avez apporté tout votre soutien pour la réussite de mes études.
A mes oncles, tantes, cousins, cousines et à toute la famille SARIKI MAMA, Merci pour vos prières. Je suis si fier de vous avoir comme parents.
A mes filleuls : Maïmouna NGUISSALY, Salim DANTE, Mathieu DOSSO. Que ce travail vous serve d’exemple vous y êtes déjà. A Théophraste LAFIA, Tu as été un grand frère pour moi. Merci pour tes conseils, ton aide et tous ces bons moments passés à tes côtés, je te dis merci du fond du cœur. A ma jumelle “Born together to stay together, thank you to show me true love ”. Toi-même tu sais Au Dr Khady SENGHOR GOUDIABY. En étant à votre côté, j’ai beaucoup appris et je continue à apprendre. Veuillez trouver ici, le faible témoignage de ma reconnaissance et de mon profond respect. Je vous dédie entièrement ce travail. A mes maîtres et ainés enseignants à l’EISMV Pr AYSSIWEDE, Pr KADJA. C’est un immense plaisir pour moi de vous dédier ce travail et je vous dis merci. A mes jeunes de l’EISMV. Que Dieu veille sur vous, sur vos familles, sur vos projets, frères et sœurs pour toujours
A mon parrain du véto Dr SAVADOGO Madi, merci pour tes précieux conseils. IV
A mes co-directeurs de thèse Dr Lionel GBAGUIDI, Dr Walter OSSEBI, merci pour votre patience et pour votre disponibilité. Je vous dédie entièrement ce travail. Au Professeur Mireille Catherine KADJA WONOU au-delà d’être un encadreur, vous avez joué le rôle d’une mère pendant nos séjours au SENEGAL, merci pour ces tous bons moments passés à votre côtés, puisse Dieu vous accordez une longue vie et pleine de succès dans tout ce que vous entreprendrez.
A la 43ème promotion, la richesse de notre parcours est inoubliable.
Au Professeur
accompagnateur de la 43ème promotion : Prof. Yalacé YAMBA
KABORET
Au parrain de la 41ème promotion « Idrissa NASSA »
Au Dr SABI, pour sa gentillesse, sa patience, son optimisme et l'aide précieuse fournie pour l'accomplissement de ce travail. Sincères remerciements. A l’Amicale des Etudiants Vétérinaires de Dakar (AEVD).
A ma très chère patrie, le BENIN. A mon pays d’accueil, le Sénégal.
V
REMERCIEMENTS Nous ne saurions entamer cette série de remerciements sans auparavant rendre Grâce au Tout Puissant, pour la vie, mais également la santé, la force et aussi le courage d’entamer et de poursuivre cette formation dont il nous a fait la Grâce et au Prophète Mohamed (PSL). Au Directeur Général de l’EISMV de Dakar, Professeur Yalace YAMBA KABORET.
Au Professeur Mireille Catherine KADJA WONOU, pour la confiance, le soutien et les
conseils de maman. Vous avez fait au-delà de vos prérogatives d’encadreur. Je ne sais comment vous remercier. Que Dieu vous le rende au centuple.
Au Docteur Lionel GBAGUIDI, pour m’avoir accepté et conduit avec la plus grande patience ce travail. Au Docteur Walter OSSEBI, pour avoir accepté de diriger ce travail. A Papa et Maman dont leur soutien dans mes études a été sans faille, merci. Soyez béni par ALLAH. A mes frères et Sœurs Lawali ABDOULAYE, Rachida ABDOULAYE, Awa ABDOULAYE, Fati ABDOULAYE. Un clin d’œil particulier à vous.
A tous mes Neveux et Nièces.
A mes Tantes, CHERIFATH, TAÏBA, RABIA, SAOUDA. Longue vie à vous
A la famille Sariki MAMA A Karim ZOUMAROU qu’ALLAH vous bénisse infiniment. VI
A Théophraste LAFIA sincère remerciement.
Au Dr SABI et sa petite famille sincère remerciement
Au Dr Khady SENGHOR. Soyez béni par ALLAH A mes frères et sœurs compatriotes de l’EISMV
A la famille GUEYE
A mes amis du Sénégal A l’UNAP-BENIN en particulier au M. Camille AZOMAHOU merci pour le soutien. A tous les promoteurs des fermes qui nous ont acceptés d’enquêter sur leurs exploitations.
Aux contribuables béninois.
A nos illustres maîtres de l’EISMV pour la qualité de votre enseignement et votre
dévouement indéfectible à la science, sincères reconnaissances.
Au parrain de la 43ème promotion M. IDRISSA NASA.
A la 43ème promotion « Idrissa NASSA ».
A l’AEVD.
A tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de ce travail.
VII
A NOS MAITRES ET JUGES A notre Maître et Président de jury, M. Issa LO Professeur en retraite à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’OdontoStomatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. S'il est vrai que "NUL N'EST INDISPENSABLE" il n'en demeure pas moins vrai que "NUL N'EST NEGLIGEABLE". Il a fallu votre avis favorable pour que nous soyons ici aujourd’hui. Soyez assuré, honorable Président, de notre profonde reconnaissance. A notre maître Directeur et Rapporteur de thèse, Madame Mireille Catherine KADJA WONOU, Maître de conférences agrégé à l’Ecole InterEtats des Sciences Médecine Vétérinaires de Dakar, Vous avez su guider d’une main rationnelle le travail que nous présentons aujourd’hui malgré vos multiples occupations. Les moments passés ensemble nous ont permis de découvrir en vous, l’exemple de la rigueur, de la simplicité, de la bienveillance et de l’amour du travail bien fait. Nous prions Dieu pour qu’il vous garde longtemps et qu’il étend sa main sur tout ce que vous entreprendrez. Veuillez trouver dans ces quelques lignes, le témoignage de notre reconnaissance et de notre profond respect.
A notre Maître et Juge, Monsieur Alain Richi KAMGA WALADJO Maître de conférences agrégé à l’Ecole Inter-Etats des Sciences Médecine Vétérinaires de Dakar, Comment aurions-nous pu ne pas vous voir juger notre travail ? Votre dynamisme, vos qualités intellectuelles et surtout humaines imposent respect et admiration. En siégeant dans ce jury vous nous donnez l'occasion
de vous remercier pour vos
multiples et inépuisables conseils Profonde gratitude.
VIII
A notre maitre et co-directeur de thèse, Monsieur Walter OSSEBI, Assistant à l’Ecole Inter-Etats des Sciences Médecine Vétérinaires de Dakar, C’est avec un plaisir que vous avez accepté de nous guider tout le long de nos travaux. Le temps passé à vos côté, nous a permis de connaître un homme travailleur, infatigable et généreux. Puisse Dieu vous aider dans vos ambition.
A notre maître, juge et co-directeur de recherche Monsieur Lionel GBAGUIDI Vétérinaire consultant,
Vous nous avez suivis sans faille tout au long de ce travail. La disponibilité et le sens particulier que vous avez voulu donner à ce travail ont beaucoup contribué à sa valeur scientifique. Merci pour votre simplicité, vos conseils et l’abord facile qui vous caractérisent.
IX
«Par délibération, la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’OdontoStomatologie et l’Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaire de Dakar ont décidé que les opinions émises dans les dissertations qui leurs sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu’elles n’entendent leur donner aucune approbation, ni improbation»
X
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES %
: Pour-cent
AIAO
: All In, All Out
ANFAB
: Association Nationale des Fabricants d’Aliment du Bétail
ANIPV
: Association Nationale des Importateurs des Produits Vétérinaires
ANPSVA
: Association Nationale des Prestataires de Services Vétérinaires en Aviculture Moderne
CEDEAO
: Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CeRPA
: Centre Régional pour la Promotion de l’Agriculture
CNPBV
: Centre National des Produits Biologiques Vétérinaires
DE
: Direction de l’Elevage
FAO
: Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
FCFA
: Franc de la Communauté Financière Africaine
FP
: Fournisseurs de Poussins d'un jour
GMB
: Grand Moulin du Bénin
GVS
: Groupe Veto Services
IAB
: Interprofession de l’Aviculture du Bénin
IAHP
: Influenza Aviaire Hautement Pathogène
IBCG
: Industrie Béninoise des Corps Gras
INRAB
: Institut National des Recherches Agricoles du Bénin
MAEP
: Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
OMS
: Organisation Mondiale de la Santé
ONG
: Organisation Non Gouvernementale
PADAM
: Programme d’Appui au Développement de l’Aviculture Moderne
PAS
: Politique d’Ajustement Structurel
UNAP-Bénin : Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin
XI
LISTE DES FIGURES Figure 1
: Organigramme de la filière aviculture moderne au Bénin ...................13
Figure 2
: Enlèvement de la litière et du fumier .......................................................25
Figure 3
: Trempage et décapage du poulailler ........................................................26
Figure 4
: Désinfection à l'aide d'un pulvérisateur ...................................................26
Figure 5
: Vide sanitaire ................................................................................................27
Figure 6
: Propriétés des principales classes de désinfectants ...............................28
Figure 7
: Zones enquêtées dans la sous-région du Sud-Bénin .............................44
Figure 8
: Niveau d’étude des propriétaires de fermes ............................................48
Figure 9
: Activité principale des propriétaires de fermes .....................................48
Figure 10
: Différentes catégories de fermes enquêtées ............................................49
Figure 11
: Classification des fermes en fonction des effectifs ...............................50
Figure 12
: Ferme clôturée et possédant un portail ....................................................50
Figure 13
: Grillage de protection contre les nuisibles ..............................................51
Figure 14
: Nombre de bâtiment présent dans les fermes enquêtées ......................51
Figure 15
: Litière et sol sales ........................................................................................52
Figure 16
: (a) Bâtiment ouvert sans grillage de protection au niveau de l’auvent; (b) Bâtiment ouvert sans grillage de protection au niveau des lanterneaux ...............................................................................................52
Figure 17
: (a) Nid au Perchoir ; (b) Nid au sol ..........................................................53
Figure 18
: Présence d'animaux domestiques dans les fermes enquêtées (a) Oie et poulet ; (b) Pigeons ; (c) Bovins ............................................................54
Figure 19
: Proportions des différentes espèces rencontrées dans les fermes enquêtées ..........................................................................................................54
Figure 20
: (a) Chaussure d'un basse-courier; (b) Basse-courier sans tenue de travail ................................................................................................................55
Figure 21
: (a) Aliment stocké sur les palettes dans un magasin propre ; (b) Aliment stocké à même le sol dans un magasin sale..............................56
Figure 22
: Collecte des œufs par l’éleveur lui-même...............................................56
Figure 23
: Rotoluve à l’entrée d’une exploitation ....................................................57
XII
Figure 24
: Présence de solution désinfectante dans le pédiluve à l’entrée d’un poulailler. .................................................................................58
Figure 25
: Fréquence de renouvellement du liquide désinfectant .........................58
Figure 26
: Désinfectants les plus utilisés dans le pédiluve .....................................59
Figure 27
: Bâtiments aux abords non entretenus avec dépôt de matériel usagé .59
Figure 28
: Poussière et toile d’araignée présentes sur le grillage d’un poulailler . ........................................................................................................................... 59
Figure 29
: Poulailler nettoyé, désinfecter et mis en vide sanitaire ........................61
Figure 30
: Différents types d’abreuvoirs utilisés dans les élevages enquêtés (a) Bidon de 25litres ; (b) Bassinet ; (c) Abreuvoir siphoïde .......................62
Figure 31
: Différentes types de mangeoires utilisées dans les élevages enquêtés (a) mangeoire en bois ; (b) mangeoire siphoïde en plastique; (c) mangeoire en fer .............................................................................................62
Figure 32
:ferme utilisant bidon de 25l comme abreuvoir .......................................62
XIII
LISTE DES TABLEAUX Tableau I
: Classification simplifiée des systèmes d’aviculture selon la FAO .....5
Tableau II
: Caractéristiques des différents systèmes d’élevage du Bénin ...........7
Tableau III
: Répartition des aviculteurs en fonction du nombre de poulets élevés . .........................................................................................................15
Tableau IV
: Nombre d’aviculteur retenu par classe à enquêter ........................... 46
Tableau V
: Répartition des fermes dans les zones enquêtées ............................. 47
Tableau VI
: Récapitulatif des données de l’isolement .......................................54
Tableau VII
: Récapitulatif des données du contrôle des mouvements et leurs proportions ....................................................................................... 57
Tableau VIII : Gestion des cadavres dans les fermes enquêtées ............................. 60 Tableau IX
: Fréquence du renouvellement de la litière ......................................61
Tableau X
: Fréquence de désinfection du matériel et équipement ..................... 63
Tableau XI
: Désinfectants utilisés pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments .......................................................................................... 63
Tableau XII
: Différents types de conseillers avicoles dans les fermes .................. 64
Tableau XIII : Récapitulatif des composantes de l’assainissement ......................... 65 Tableau XIV : Coût total des désinfectants utilisés pour le pédiluve ...................... 68 Tableau XV
: Coûts détaillés des désinfectants utilisés pour le nettoyage des bâtiments .......................................................................................... 69
Tableau XVI : Différentes proportions des composantes de biosécurité ................. 70
XIV
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1
: Analyse économique du coût des mesures de biosécurité ................ 98
Annexe 2
: Questionnaire ............................................................................... 100
XV
SOMMAIRE
INTRODUCTION......................................................................................................1 PREMIERE PARTIE : ..............................................................................................3 SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE .........................................................................3 CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX DE L’AVICULTURE MODERNE EN REPUBLIQUE DU BENIN .......................................................................................4 1.1 Classification du secteur avicole béninois ....................................................................................4 1.2 Production en aviculture moderne ................................................................................................5 1.3 Principaux systèmes d’aviculture en république du Bénin ............................................................6
1.3.1 Aviculture traditionnelle ....................................................................................8 1.3.2 Aviculture semi-traditionnelle ...........................................................................8 1.3.3 Aviculture moderne ...........................................................................................9 1.4 Principaux acteurs de la filière avicole ....................................................................................... 10
1.4.1 Eleveurs .......................................................................................................... 10 1.4.2 Fournisseurs de poussins ................................................................................. 10 1.4.3 Commerçants des produits avicoles .................................................................11 1.4.4 Fournisseurs d’intrants zootechniques et d’aliment pour volaille ..................... 11 1.4.5 Fournisseurs des produits vétérinaires ............................................................. 12 1.5 Différentes structures organisationnelles de la filière avicole...................................................... 14
1.5.1 Environnement institutionnel ........................................................................... 14 1.5.2 Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin .............................. 14 1.5.3 Interprofession de l'Aviculture en République du Bénin (IAB) ........................ 16 1.6 Apports de l’aviculture à l’économie nationale .......................................................................... 18 1.7 Perspectives de la filière avicole au Bénin ................................................................................. 18 1.8 Problématique dans le secteur avicole ........................................................................................ 19 1.9 Conséquences de l’Influenza aviaire .......................................................................................... 20
2 CHAPITRE II : MESURES DE BIOSECURITE EN ELEVAGE ................ 22 2.1 DEFINITION, PRINCIPES ET OBJECTIFS ............................................................................. 22
2.1.1 Définition ........................................................................................................22 2.1.2 Principes .........................................................................................................23 2.1.3 Objectifs .......................................................................................................... 28 2.2 Différentes pratiques de biosécurité ........................................................................................... 29 XVI
2.2.1 Bâtiments d’exploitation.................................................................................. 29 2.2.2 Limitation de l’accès à l’enceinte de la ferme avicole ......................................30 2.2.3 Contrôle des entrées et des mouvements dans une ferme avicole ..................... 30 2.2.4 Assurance de la propreté d’une ferme avicole .................................................. 33 2.3 Système de suivi et d’évaluation des mesures de biosécurité en élevage .................................... 36
3 CHAPITRE III : RISQUES BIOLOGIQUES EN ELEVAGE AVICOLE ......37 3.1 Risques liés au microbisme dans les élevages ............................................................................ 37 3.2 Facteurs de risques liés à l’introduction ou à la réintroduction des germes pathogènes................ 38
3.2.1 Facteurs d’introduction et de réintroduction de maladies dans les élevages .....39 3.3 Risques d’endémicité................................................................................................................. 40
DEUXIEME PARTIE : BIOSECURITE DANS LES FERMES AVICOLES MODERNES AU SUD DU BENIN : PRATIQUE ET ANALYSE ECONOMIQUE .......................................................................................................43 CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES ...................................................... 44 1.1
Matériel .......................................................................................................... 44
1.1.1
Zone d’étude ................................................................................................................. 44
1.1.2
Matériel technique......................................................................................................... 45
1.1.2.1
Questionnaire ................................................................................................................ 45
1.1.2.2
Matériel roulant et de protection .................................................................................... 45
1.2 Méthodologie d’étude ................................................................................................................ 45
1.2.1 Echantillonnage ............................................................................................... 45 1.2.2 Enquête sur le terrain ...................................................................................... 46 CHAPITRE II : PRESENTATION DES RESULTATS ........................................48 2.1 Typologie des élevages avicoles modernes enquêtés .................................................................... 48 2.1.1 Différentes catégories d’aviculteurs .......................................................................................... 48 2.1.2 Caractéristiques des fermes ...................................................................................................... 49 2.2 Evaluation du programme de biosécurité mis en place ................................................................. 50 2.2.1 Isolement ................................................................................................................................. 50
2.2.1.1 Clôture .........................................................................................................50 2.2.1.2 Localisation de la ferme ............................................................................... 50 2.2.1.3 Poulaillers ....................................................................................................51 2.2.1.5 Autres espèces présentes dans les fermes enquêtées ............................................................... 53
2.2.2 Contrôle des mouvements ............................................................................... 55 XVII
2.2.2.1 Gestion des employés ............................................................................................................ 55 2.2.2.2 Gestion des visiteurs .............................................................................................................. 55 2.2.2.3 Gestion de l’aliment .............................................................................................................. 55 2.2.2.5 Collecte et la vente des produits de fermes ............................................................................. 56 2.2.2.6
Registre de consignation des données ............................................................................ 56
2.2.3
Assainissement.............................................................................................................. 57
2.2.3.1 Rotoluve.......................................................................................................57 2.2.3.2 Pédiluves pour les poulaillers ................................................................................................ 57 2.2.3.3 Hygiène générale ................................................................................................................... 59 2.2.3.4 Qualité de l’eau de boisson .................................................................................................... 60 2.2.3.5 Mise en place de plan de dératisation ..................................................................................... 60 2.2.3.6
Gestion des cadavres ..................................................................................................... 60
2.2.3.7 Gestion et qualité de la litière ....................................................................61 2.2.3.8 Vide sanitaire............................................................................................. 61 2.2.3.9
Nettoyage et désinfection .........................................................................62
2.2.4
Gestion sanitaire des fermes .......................................................................................... 63
2.2.5
Information sur le niveau d’appréciation de biosécurité des basse-
couriers ..................................................................................................................... 65 2.3 Analyse économique de la mise en place des mesures de biosécurité dans les fermes modernes ......................................................................................................66 2.3.1 Coûts du volet isolement .......................................................................................................... 66 2.3.2
Coût du contrôle des mouvements ................................................................................. 67
2.3.3.1 Coût affecté au nettoyage des abreuvoirs et mangeoires............................. 67 2.3.3.2 Coût affecté aux désinfectants utilisés pour le pédiluve ............................. 67 4 Désinfectants utilisés ............................................................................................ 68 5 Quantité utilisée/mois .......................................................................................... 68 6 Prix unitaire (FCFA) ........................................................................................... 68 7 Valeur totale (FCFA) ........................................................................................... 68 Coût total .................................................................................................................. 68 2.3.3.3 Coût affecté aux désinfectants utilisés pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments .......................................................................................................68 CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS ............................. 71 3.1 Discussion ........................................................................................................... 71 XVIII
3.1.1 Choix de la zone d’étude .......................................................................................................... 71 3.1.2 Choix des élevages cibles ......................................................................................................... 71 3.1.3 Méthode de l’enquête ............................................................................................................... 71 3.2 Résultats ..................................................................................................................................... 72 3.2.1 Typologie des élevages............................................................................................................. 72 3.2.1.1 Différentes catégories d’aviculteurs ....................................................................................... 72 3.2.1.2 Caractéristiques des fermes.................................................................................................... 72 3.2.2 Evaluation du programme de biosécurité mise en place ............................................................ 73 3.2.2.1 Isolement .............................................................................................................................. 73
3.2.2.1.1 Clôture ......................................................................................................73 3.2.2.1.2 Localisation des fermes ...................................................................................................... 74
3.2.2.1.3 Poulailler ...................................................................................................74 3.2.2.1.4 Garage pour les véhicules .......................................................................... 76 3.2.2.1.5 Autres espèces présentes dans les fermes enquêtées ..................................76 3.2.2.2 Contrôle des mouvements ...................................................................................................... 76
3.2.2.2.1 Gestion des bâtiments ................................................................................ 76 3.2.2.2.2 Gestion des visiteurs.................................................................................. 77 3.2.2.2.3 Gestion des aliments.................................................................................. 77 3.2.2.2.4 Gestion des matériels................................................................................. 77 3.2.2.2.5 Registre de consignation des données ........................................................ 78 3.2.2.3 Assainissement ...................................................................................................................... 78
3.2.2.3.1 Rotoluve ....................................................................................................78 3.2.2.3.2 Pédiluves pour les poulaillers ....................................................................78 3.2.2.3.3 Hygiène générale ....................................................................................... 79 3.2.2.3.4 Qualité de l’eau de boisson ................................................................................................. 79 3.2.2.3.5 Mise en place de plan de dératisation .................................................................................. 80 3.2.2.3.6 Gestion des cadavres .......................................................................................................... 80
2.3.3.4 3.2.2.3.7 Gestion et qualité de la litière ...................................................... 81 3.2.2.3.8 Vide sanitaire ..................................................................................................................... 81 3.2.2.3.9 Nettoyage et désinfection .................................................................................................... 82 3.2.3 Information sur le niveau d’appréciation de biosécurité des basse-couriers................................ 83 3.3 Analyse économique ................................................................................................................... 83 7.1 RECOMMANDATIONS .......................................................................................................... 85
7.1.1 A l’Etat............................................................................................................ 85 XIX
7.1.2 Aux propriétaires des fermes et aux fermiers ................................................... 85 7.1.3 A l’Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin ........................ 86 Conclusion ................................................................................................................ 87 REFERENCES BIBLIOGRAGRAPHIQUES ....................................................... 90 WEBOGRAPHIE ....................................................................................................96 ANNEXES ................................................................................................................ 98
XX
INTRODUCTION En République du Bénin, comme dans bien des pays africains, il existe deux types d’aviculture qui se côtoient, il s’agit de l’aviculture traditionnelle et de l’aviculture moderne. Cette dernière s’est bien développée dans les zones péri-urbaines des grandes villes telles que Porto-Novo, Abomey-calavi, Lokossa et Bohicon, elle fournit 78% de la production nationale d’œufs (PADAP, 2003). Elle répond à une démographie citadine sans cesse croissante et à une demande en protéines d’origine animale en constante augmentation. Classée deuxième derrière la production bovine, la filière avicole moderne a connu une évolution au cours de ces dernières décennies et s’est imposée comme une véritable activité génératrice de revenus (Projet NEPAD, 2005) Malheureusement, cette filière subit depuis plusieurs années, les assauts des importations massives de viande et abats de volailles congelés qui ont un effet négatif sur son développement. Ainsi, au Bénin la production de poulets de chair est surtout importante à l’approche des périodes de fêtes notamment les fêtes de fin d’année où la demande est très forte. Il en est de même pour les autres espèces : pintades, dindons, canards et cailles. On pourrait conclure sans trop se tromper que la filière avicole nationale se résume essentiellement à la production des œufs de consommation (UNAP-Bénin 2012). L’aviculture béninoise fait face à de nombreuses difficultés liées à la qualité et au coût de l’aliment. A ces problèmes viennent s’ajouter les contraintes d’ordre pathologique malgré les mesures d’accompagnement en matière d’encadrement technique auprès des fermes améliorées. La problématique sanitaire dans les élevages avicoles du Bénin, demeure donc une contrainte majeure au développement de la filière. De plus, la filière avicole est confrontée depuis 2006 à la crise sanitaire liée à l’apparition de l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) en Afrique de l’Ouest et du Centre. En effet, les foyers d’influenza aviaire que le Bénin a connus en 2007 ont eu un impact économique négatif sur la filière avicole (DAOUDA, 2014). On 1
note également à partir de 2013, les récentes réapparitions de l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène au Nigéria, au Burkina Faso, au Ghana, au Niger, tous voisins de la République du Bénin. Afin de permettre à la filière avicole béninoise de couvrir la demande en protéines animales et d’augmenter les revenus des éleveurs, il est nécessaire de mettre en œuvre les pratiques de biosécurité dans ces élevages. Cela contribuera à prévenir l’introduction des maladies aviaires épizootiques, à assurer le bien -être des oiseaux et par ricochet augmenter le revenu de l’éleveur. C’est dans cette optique que nous avons choisi de travailler sur le thème ‹‹ La biosécurité en aviculture moderne au sud du Bénin : Pratique et analyse économique››. L’objectif principal de ce thème est de faire l’état de lieux des pratiques de biosécurité suivi d’une analyse économique de ces pratiques mises en place dans les fermes modernes au Sud-Bénin. Du point de vue spécifique, cette étude vise à : -
faire la typologie des élevages avicoles modernes ;
-
évaluer les mesures de biosécurité appliquées dans les fermes ;
-
faire une analyse économique des mesures de biosécurité appliquées dans les fermes.
Ce travail comporte deux parties : La première partie, consacrée à la synthèse bibliographique, comprend trois chapitres. Le premier chapitre fait une présentation générale de la filière avicole au Bénin. Le deuxième expose les mesures de biosécurité en élevage avicole et le chapitre troisième traite des risques biologiques en élevage avicole moderne. La deuxième partie est réservée à l’enquête sur le terrain. Elle est aussi subdivisée en trois chapitres. Le chapitre 1 décrit l’approche méthodologique. Le chapitre 2 présente les résultats des travaux effectués sur le terrain. Le chapitre 3 est consacré à la discussion et aux recommandations.
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PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
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CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX DE L’AVICULTURE MODERNE EN REPUBLIQUE DU BENIN Ce chapitre fait l’état des lieux du système avicole moderne en République du Benin. Il donne un aperçu des différents systèmes avicoles béninois et présente aussi les acteurs de cette filière et les difficultés auxquelles elle est confrontée. 1.1 Classification du secteur avicole béninois En se basant sur la classification de la FAO, on peut distinguer quatre (4) catégories d’exploitations avicoles dénommées secteurs 1, 2, 3 et 4. Secteur 1 : C’est le secteur industriel intégré avec des entreprises qui possèdent des élevages d’accouvage fournissant des poussins pour leurs élevages ainsi qu’une usine d’aliment. Le niveau de biosécurité est très élevé, les investissements élevés et les effectifs importants. En République du Bénin, une seule exploitation pourrait répondre à un certain nombre de critères définis pour cette catégorie.
Secteur 2 : Les entreprises de ce secteur sont des producteurs commerciaux de poulets de chair, de pondeuses ou de poussins d’un jour. Les produits sont destinés à la consommation dans les villes ou les zones périurbaines voire rurales. La biosécurité est soit à un niveau moyen ou à un niveau à élever en fonction des effectifs installés. Cette catégorie regroupe la plupart des exploitations avicoles béninoises de 2000 sujets à 25 000 sujets avec des niveaux de biosécurité variables. La plupart des exploitations avicoles béninoises peuvent être classées dans cette catégorie.
Secteur 3 : Ce secteur regroupe des exploitations commerciales avec des niveaux de biosécurité faible à minimal qui représentent des combinaisons de la production organisée du secteur 2, avec des équipements de production tels que les bâtiments en matériaux locaux ou des mangeoires en bois, difficiles à désinfecter. Ces exploitations peuvent abriter jusqu’à 2000 sujets et sont installées dans les zones rurales ou en périphérie des villes côtoyant les exploitations avicoles des autres secteurs.
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Secteur 4 : C’est la production villageoise de volailles sans mesures de biosécurité, avec le mélange d’espèces et d’animaux d’âges différents. Les caractéristiques des différents secteurs sont résumées dans le tableau I. Tableau I: Classification simplifiée des systèmes d’aviculture selon la FAO Secteur 1
Secteur 2
Secteur 3
Secteur 4
Systèmes
Industriel intégré
Commercial
Commercial (à petite échelle)
Villageois ou bassecour
Niveau de biosécurité
Haut
Moyen à haut
Faible à minimal
Minimal
Commercialisation des volailles et produits avicoles
Filières commerciales
Habituellement Habituellement Volailles et filières vendus dans produits commerciales les marchés avicoles de volailles consommés vivantes sur place et recherchés dans les zones urbaines
Races commerciales/'synthétiques'
Races' indigènes/ Locales
Source : DE, 2010 1.2 Production en aviculture moderne Le gouvernement béninois, ayant reconnu que l’aviculture moderne est une activité importante pour l’économie béninoise, a décidé de retenir ce secteur parmi les 12 filières prioritaires. Malheureusement, cette filière est réduite essentiellement à la production d’œufs de consommation car la production de poulet de chair demeure relativement faible. L’historique de la production avicole du Bénin se résume comme suit : La filière avicole a connu une première croissance vers les années 80. Mais la période de 1990 à ce jour est marquée par des réformes politiques libérales et en particulier la politique d'ajustement structurel (PAS) et le désengagement de l’Etat des activités de 5
production et de commercialisation des produits. Ces dernières ont redonné confiance aux partenaires au développement et permis de relancer les activités économiques dont l'aviculture. Toutefois, entre 2004 et 2005 après l’apparition de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), l’aviculture a connu une autre croissance. C’est donc à partir de ce deuxième boom que le nombre d’aviculteurs a connu une importante augmentation. Il y a eu des opérateurs économiques qui se sont intéressés à la filière ainsi que certaines personnes qui opéraient dans l’informel (YAÏ, 2014). A partir de 2006, le gouvernement béninois a pris ses responsabilités en mettant en place un programme d’appui au développement de l’aviculture moderne (PADAM). C’est ce programme qui a donné un nouvel élan à la production et l’enthousiasme aux aviculteurs. En 2007, il y a eu un premier recensement qui a révélé 355 exploitants avicoles répartis sur toute l’étendue du territoire national, avec un effectif total de têtes de volailles qui pouvait être estimé à 800.000 avec un peu moins de 600.000 têtes de poules pondeuses. Plus de 51% de ce cheptel a été localisé dans l’Atlantique, plus de 25% dans l’OuéméPlateau et le reste dans le centre et le nord du Bénin (YAÏ, 2014). En 2010, le cheptel a connu une progression et a été estimé à 900.000 têtes de volailles avec plus de 700.000 têtes de poules pondeuses (YAÏ, 2014). Selon les données de l’UNAP-Bénin (2014), on estime que la République du Bénin abrite en aviculture moderne, 2.000.000 têtes de volailles, dont 1.300.000 poules pondeuses, 350. 000 poulets de chair et 255.000 coquelets. Les productions en œufs et viandes de volailles ont été respectivement estimées 12 000 tonnes/an (œufs) et 14 000 tonnes/an (viandes) au cours de la même année (UNAPBénin, 2014). 1.3 Principaux systèmes d’aviculture en république du Bénin L’aviculture béninoise peut être classée en trois systèmes : l’aviculture traditionnelle, l’aviculture moderne et l’aviculture semi-traditionnelle. Par ailleurs, ces différents systèmes avicoles peuvent être subdivisés en cinq grands sous-systèmes. Il s’agit, pour l’aviculture traditionnelle, du sous- système traditionnel avec soins vétérinaires et du sous-système purement traditionnel sans soins vétérinaires.
Quant à l’aviculture 6
moderne, on retrouve le sous-système poules pondeuses et le sous-système poulet de chair. Le cinquième sous-système correspond à l’aviculture semi-traditionnelle (SODJINOU et ABOH, 2009). Le tableau II ci-dessous présente les caractéristiques des différents systèmes d’élevage en République du Bénin. Tableau II: Caractéristiques des différents systèmes d’élevage du Bénin Systèmes traditionnels Critères
Système 1 : Sans soins Vétérinaire
Système 2 : Avec soins Vétérinaire
Race exploitée
Locale, métissée
Métissée
Implantation Niveau de biosécurité
Zones rurales
Zones rurales
Inexistant
Inexistant
Semitraditionnel Système 3 : Semitraditionnel Améliorée métissée, Locale Zones périurbaines, et rurales
Système 5 : Poule pondeuse
Améliorée
Améliorée
Zones Zones périurbaines, périurbaines, urbaines urbaines Elevé
Contact avec service vétérinaire public
Contact avec Contact avec vétérinaire vétérinaire privé privé
Crédit/fonds propre
Crédit/fonds propre
Crédit/fonds propre
Provende
Provende
Provende
En claustration avec bâtiment en matériaux définitif
En claustration avec bâtiment en matériaux définitif
Contact avec les vaccinateurs villageois des volailles Crédit/fonds propre Reste de cuisine, reste de récolte etc.
Mode d’élevage
Habitat à Divagation et l’aide de quelques rares matériaux claustrations locaux. Semi divagation
Divagation
Système 4 : Poulet de chair
Faible
Rare ou parfois avec le service vétérinaire public Crédit/fonds Financement propre Reste de Alimentation cuisine, reste de récolte etc. Soins et conseils vétérinaire
Systèmes modernes
Elevé
Source : SODJINOU et ABOH (2009)
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1.3.1 Aviculture traditionnelle L’aviculture villageoise ou familiale est pratiquée en zone péri-urbaine et essentiellement en zone rurale. Cette aviculture est pratiquée surtout par les paysans, mais aussi par les femmes de ménage, et constitue pour elles une importante source de revenus. L’aviculture traditionnelle représente un important pilier alimentaire et économique des familles rurales pauvres (BEBAY, 2006). Ce type d’élevage est caractérisé aussi par l’emploi des techniques rudimentaires avec des matériels d’élevage modestes. La volaille est élevée en liberté autour des concessions et dispose souvent d’un abri pour la nuit. L’aliment est trouvé le plus souvent dans la nature (DAOUDA, 2014). En effet, les conditions d’élevage médiocres, dans la majorité des élevages, représentent des risques majeurs pour les volailles. Cette situation favorise la propagation d’agents pathogènes, comme le virus de la maladie de Newcastle, de la maladie de Gumboro, et de la maladie de Marek et éventuellement ceux d’autres épizooties (SORO, 2011). 1.3.2 Aviculture semi-traditionnelle L’aviculture semi-traditionnelle est un compromis entre l’élevage traditionnel et l’aviculture moderne. Cette forme d’aviculture se développe grâce à la mise en œuvre de quelques mesures simples et peu onéreuses. Elle est caractérisée par une amélioration substantielle de la production traditionnelle à travers l’application d’un ensemble de mesures touchant au contrôle des pertes accidentelles, à l’amélioration de l’alimentation et à la protection sanitaire (FANOU, 2006). Cet élevage se fait en claustration et les habitats sont construits avec des matériels locaux ou semi-modernes. Les éleveurs utilisent les équipements d’élevage modestes (abreuvoirs, mangeoires, pondoirs..) et sont quelques fois mal entretenus. La gestion d’exploitation se traduit par le ciblage de la période favorable de vente (DAOUDA, 2014).
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1.3.3 Aviculture moderne L’aviculture moderne, contrairement à l’aviculture villageoise, est une filière bien structurée sur le plan de confort, sanitaire et alimentaire. L’élevage se fait en claustration au sol ou en batterie dans un poulailler. Toutefois, le poulailler peut être ouvert, fermé ou semi-ouvert. A cet effet, les matériaux de construction utilisés sont relativement durables. Les animaux possèdent un bâtiment dont la muraille est généralement en brique surmontée de grillages jusqu’à la charpente. Le secteur avicole semi-industriel se développe surtout à proximité des grands centres urbains et périurbains, pour répondre à la demande des villes en protéines animales. L’aviculture moderne a connu un bon développement au cours de cette dernière décennie. L’aviculture commerciale présente une importance socioéconomique dans les centres urbains, car elle constitue l’activité principale de la plupart des aviculteurs de ce secteur et leur procure des revenus substantiels. Ce sous-secteur crée également des emplois salariés et participe à la diminution du chômage chez les jeunes. Le développement de ce sous-secteur a donc un impact significatif sur la lutte contre la pauvreté dans le pays (FAO, 2008a). Cette aviculture constitue aujourd’hui un débouché important pour de nombreux produits et sous-produits agricoles et agro-industriels (maïs, farine de blé, tourteau de soja et de coton, farine de poisson…) donc son développement va de pair avec celui de l’agriculture. Dans ce système avicole, on distingue plusieurs catégories d’aviculteurs : les petits éleveurs dont les équipements sont simples mais modernes et souvent constitués, de mangeoires, d’abreuvoirs, de pondoirs. Quant aux gros éleveurs modernes, disposant d’importants moyens financiers, ils utilisent de matériels très performants : mangeoires et abreuvoirs automatiques, évacuation des déjections, ramassage automatique des œufs. Selon SODJINOU et ABOH (2009), au Bénin 11% des aviculteurs modernes ont des poulaillers construits en matériaux locaux (mur en terre de barre , sol non cimenté, bois, paille, claies, etc.), 44% ont des poulaillers en matériaux intermédiaires (une partie en matériaux locaux et une partie en matériaux définitifs : tôle, des sols cimentés, grillage,) et 45% ont des poulaillers en matériaux définitifs (mur en brique, des sols cimentés, toiture en tôle, porte et fenêtre en bois ou métallique etc..). Au plan de la gestion de leur exploitation avicole, les aviculteurs 9
modernes disposent de quelques outils, dont les fiches techniques, le cahier de caisse, le cahier de vente et le cahier de prophylaxie (SODJINOU et ABOH, 2009). Pour ce qui est de l’alimentation, les aviculteurs modernes produisent eux-mêmes les provendes ou achètent sur le marché. Toutefois, les aliments fabriqués par les éleveurs ne bénéficient d’aucune analyse bromatologique préalable d’où la faible performance zootechnique des volailles à cause de la mauvaise qualité des provendes. A ce problème s’ajoute, la forte dépendance de l’aviculture moderne par rapport aux importations d’œufs à couver ou de poussins, d’intrants vétérinaires, d’équipements d’élevage. Ce qui réduit fortement sa compétitivité face aux importations de viandes volailles congelées importées (BEBAY, 2006). Le niveau de biosécurité est acceptable et les animaux sont élevés en bandes de même âge et de même origine le plus souvent. Le vide sanitaire est souvent effectué après le départ de chaque bande, avec des bâtiments désinfectés puis laissés au repos pendant une à deux semaines. 1.4 Principaux acteurs de la filière avicole L’aviculture est une filière qui faire intervenir plusieurs acteurs, à savoir les éleveurs, les fournisseurs de sujets d’élevage (importateurs et producteurs locaux de poussins), les fournisseurs d’intrants zootechniques et vétérinaires (aliments, vaccin, etc.) et les commerçants. 1.4.1 Eleveurs Principaux acteurs de cette filière, les éleveurs peuvent être classés dans les catégories traditionnelle et moderne selon qu’ils pratiquent l’aviculture traditionnelle ou moderne. 1.4.2 Fournisseurs de poussins Deuxièmes acteurs plus importants de cette filière avicole, ils sont soit des producteurs locaux ou soit des importateurs de sujet d’élevage. En République du Bénin, les accouveurs sont rencontrés au Sud du pays. En effet deux grands couvoirs sont rencontrés dans le pays, il s’agit du Couvoir “ les Poussins du Roi ” situé à Pahou (département de l’Atlantique) et le Couvoir “du Terre et Associés ”situé à Abomeycalavi (département de l’Atlantique). Toutefois, il existe des petites unités qui 10
fournissent aussi les poussins d’élevage. L’existence de ces unités de production de sujets d’élevage, n’empêchent pas d’importer les poussins des autres pays voisins (Nigeria, Ghana) et même de l’Europe (la France, la Belgique, la Hollande) car l’offre nationale n’arrive pas à satisfaire la demande. 1.4.3 Commerçants des produits avicoles ‹‹ Une chose est de produire, l’autre chose est de vendre ›› dit-on. En République du Bénin, la commercialisation des produits est dominée par les femmes au Centre et au Sud du pays. Selon SODJINOU et ABOH (2009) ils existent trois principaux lieux de vente à savoir, la vente à la ferme (ou à domicile) le plus souvent, ensuite la livraison soit aux clients et /ou la vente à un poste de vente installé en ville (Cotonou, Abomey, Bohicon, Porto-Novo), et enfin la vente aux bords de la route. En plus, on note la présence des commerçants de produits avicoles congelés importés ces derniers constituent de grandes sociétés comme CAJAF COMON (50% des importations), CDPA (20% des importations), SACOGIE et AFRICA GEL (ensemble 10% des importations) (ONIBON et SODEGLA, 2005). Le marché des produits avicoles congelés est un marché d’oligopole où seulement un petit nombre d’individus contrôle les marchés. Ces grossistes disposent de grandes chambres et des camions frigorifiques. Ils desservent des grossistes et demi-grossistes ayant des magasins ou boutiques (équipés de réfrigérateurs ou congélateurs). Ceux-ci les revendent aux détaillants ou directement aux consommateurs (SODJINOU et ABOH., 2009). 1.4.4
Fournisseurs d’intrants zootechniques et d’aliment pour volaille
En République du Bénin, les intrants zootechniques sont fournis par de grandes sociétés agro-alimentaires à savoir les Grands Moulins du Bénin (GMB), l’Industrie Béninoise des Corps Gras (IBCG), la Société des Huileries du Bénin (SHB), la Société Fludor Bénin. Ces sociétés fournissent les sous-produits suivants le son de blé, le tourteau de soja, le tourteau de coton, le tourteau de palmiste et le son de maïs. Parmi ces sous produits, les tourteaux de coton, de soja et le son de blé sont les plus 11
recherchés par les aviculteurs pour l’alimentation des volailles (ONIBON
et
SODEGLA, 2005). La Société GROUPE VETO SERVICES est le principal grossiste intermédiaire qui achète ces aliments auprès des industries agro-alimentaires et se charge de la distribution auprès des semi-grossistes/détaillants (les plus nombreux), c’est à dire les distributeurs d’aliment et de matières premières, prestataires de services en matière de mouture d’aliment encore appelés provendiers. Ceux-ci desservent des détaillants ou directement les aviculteurs (ONIBON et SODEGLA, 2005). En plus de ces sous-produits précédemment cités viennent s’ajouter les coquilles disponibles localement, la farine de poisson, les Compléments Minéraux Vitaminés (CMV), les prémix/concentrés, et les acides aminés tels que la lysine et méthionine etc. importés de l’Europe ou du Sénégal. En matière de fabrication d’aliments, 22 acteurs ont été identifiés (UNAP-Bénin, 2014). Le GROUPE VETO SERVICE et AGRISATCH sont les plus gros producteurs de provende, mais il existe également plusieurs unités de production sans oublier parfois les aviculteurs qui fabriquent eux-mêmes leur propre provende (ONIBON
et
SODEGLA, 2005). 1.4.5 Fournisseurs des produits vétérinaires Au plan national, le marché des produits vétérinaires est détenu par les importateurs grossistes (GROUPE VETO SERVICES, CAMEVET, SOPHARVET) représentant ou partenaires des Laboratoires étrangers (Europe ou ailleurs) au Bénin. Ces Grossistes se chargent de la vente en gros aux vétérinaires (semi-grossistes) installés en clientèle privée. Ces derniers les revendent en détail aux éleveurs (ONIBON et SODEGLA, 2005). Quant au marché des vaccins, c’est la Direction de l’Elevage (DE), à travers son service de Santé Animale et le Centre National des Produits Biologiques Vétérinaires (CNPBV) qui jouent le rôle de grossiste. Le CNPBV vend les vaccins aux Docteurs vétérinaires privés installés par l’ordre des Docteurs Vétérinaires. Ceux-ci les revendent soit directement aux aviculteurs ou aux agents vétérinaires (Ingénieurs des 12
Travaux d’Elevage, Assistants d’Elevage ou les Préposés d’Elevage) qui font le suivi des fermes avicoles. Les autres produits vétérinaires destinés à l’aviculture sont commandés par les importateurs grossistes qui les revendent soit aux vétérinaires ou directement aux aviculteurs (ONIBON et SODEGLA, 2005). La figure 1 présente l’organigramme de la filière avicole moderne au Bénin.
Figure 1: Organigramme de la filière aviculture moderne au Bénin Source : SODJINOU et ABOH, 2009
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1.5 Différentes structures organisationnelles de la filière avicole 1.5.1 Environnement institutionnel Selon ONIBON et SODEGLA (2005) l’environnement institutionnel sous-secteur de l’élevage en général et de la filière avicole moderne en particulier comprend de façon succincte l’Etat, les organisations d’éleveurs, les opérateurs privés et les ONG. Du côté de l’Etat, le secteur de l’élevage est administré par le Ministère d’Agriculture d’Elevage et de la Pêche (MAEP) et ses structures déconcentrées que sont : La Direction de la programmation et de la prospective (DPP) ; la Direction de l’élevage (DE); la Recherche à travers les prestations de l’Institut national des recherches agricoles (INRAB) ;
le CeRPA (Centre Régional pour la Promotion de l’Agriculture), chargé de l’application de la politique de développement rural au niveau des localités décentralisées ;
Les autres acteurs sont constitués par : Les organisations d’éleveurs selon le mode filière ; les opérateurs privés (importateurs de volailles congelées, gestionnaires d’abattoirs et de provenderies, pharmaciens vétérinaires) ; les ONG (Organisation Non Gouvernementale). 1.5.2 Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin L’Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin (UNAP-Bénin) est une organisation professionnelle d’envergure nationale qui regroupe les éleveurs modernes à la base et elle représente le maillon fort de la filière. Crée le 8 février 2008, cette association compte environ 450 aviculteurs modernes à sa création, repartis sur le plan national. Toutefois, le nombre effectif des adhérents à ce jour est de 350 sur les 450 aviculteurs estimés à l'actualisation. Il s'agit des aviculteurs exploitant les races améliorées ou importées de volailles qui produisent des œufs de consommation et de la viande de volaille (UNAP-Bénin, 2014). Selon UNAP-Bénin (2014) pour bien quadriller tout le territoire national, l’UNAPBénin est organisée en quatre zones géographiques, Il s’agit de : 14
o La zone 1 : Atlantique-Littoral ; o la zone 2 : Ouémé-Plateau ; o la zone 3 : Zou-Collines-Mono-Couffo ; o la zone 4 : Borgou-Alibori-Atacora-Donga. Au sein de l’UNAP-Bénin on compte huit (8) classes d’aviculteurs, présentées dans le tableau III : ci-dessous. Tableau III: Répartition des aviculteurs en fonction du nombre de poulets élevés Classes
Eleveurs repartis en fonction du nombre de volailles
Classe 1
01- 499
Classe 2
500 à 999
Classe 3
1000 à 1999
Classe 4
2000 à 2999
Classe 5
3000 à 4999
Classe 6
5000 à 9999
Classe 7
10000 à 24999
Classe 8
Plus de 25000
L'UNAP-Bénin a pour mission principale la professionnalisation de l'aviculture béninoise. L’UNAP-Bénin s’est assignée comme objectifs principaux : o d’assurer la représentation des aviculteurs partout où besoin y est ; o de contribuer efficacement au renforcement des capacités des aviculteurs à travers l'organisation et la structuration, l'information, les formations, la normalisation, l'accroissement de la production ; o de constituer une base de données fiables sur les aviculteurs professionnels ; o de défendre les intérêts des aviculteurs au plan national : o de faire les plaidoyers et des Lobbyings pour le développement de l’aviculture moderne au Bénin ; o de faciliter l'accès des aviculteurs au crédit et aux intrants ; 15
o de rechercher des débouchés pour l'écoulement de la production avicole nationale : o de faciliter les relations entre aviculteurs et les autres acteurs de la filière. UNAP-Bénin 1.5.3 Interprofession de l'Aviculture en République du Bénin (IAB) A partir de 2009, suite à une concertation des différentes associations avicoles pour mettre en place la faîtière de la filière, c’est-à-dire l’interprofession qui va constituer la véritable plate-forme de discussion entre acteurs afin de résoudre les problèmes transversaux de la filière pour aller vers le développement. C’est ainsi que ces concertations ont abouti à la mise en place de l’interprofession de l’aviculture du Bénin (IAB) le 8 octobre 2011 (YAÏ, 2014). Selon ARNAUD et PADONOU (2015), les différents acteurs regroupés au sein de l'IAB sont les suivants : -
l'Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin (UNAP-Bénin) ;
-
l’Association Nationale des Fabricants d'Aliments du Bétail (ANFAB) ;
-
les Fournisseurs de Poussins d’un (1) jour (FP) ;
-
l'Association Nationale des Prestataires de Services Vétérinaires en Aviculture Moderne (ANPSVA) ;
-
l'Association Nationale des Importateurs des Produits Vétérinaires (ANIPV) ;
-
les Vendeuses / Vendeurs des Produits Avicoles.
L’IAB s’est assignée plusieurs missions à court, moyen et long terme avec comme objectif de rendre prospère la filière avicole du pays. Ainsi, à court terme, les acteurs de cette filière envisagent de : promouvoir la production du maïs jaune, matière première très recherchée par les aviculteurs ou fabricants d’aliments ; reconduire dans les lois de finance, l’exonération pour les intrants importés pour l’alimentation et les produits vétérinaires des volailles ; mettre en œuvre un projet de relance de l’aviculture béninoise ;
16
renforcer les capacités des aviculteurs et des organisations professionnelles de la filière, notamment dans les domaines de leadership, outils de gestion, bonnes pratiques de l’élevage. A moyen terme, Ils envisagent de : contribuer à la mise en place d’une centrale d’achat des matières premières et autres intrants pour la filière ; identifier les capacités de stockage disponibles sur le territoire et mettre en œuvre un plan de leur réhabilitation pour assurer les stocks tampons du maïs ; mettre en place une caisse de stabilisation des prix des matières premières dans le but de maîtriser la fluctuation des prix et par ricochet, celle des coûts de productions ; créer un environnement facilitant l’accès au crédit à travers la mise en place de fonds de garantie et de services d’assurance adaptés aux activités avicoles, en attendant l’installation et la mise en œuvre d’une banque agricole ; mettre en place un fonds de développement et un contrat programme à partir de mécanisme endogène de mobilisation des ressources pour la filière avicole qui aura pour objectif d’améliorer sa contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. A long terme, ces acteurs ambitionnent de : négocier des mesures d’accompagnement capables d’inciter l’investissement dans le secteur avicole notamment en ce qui concerne le statut fiscal de la filière et l’allègement des droits d’importation sur certaines matières premières utilisées dans l’alimentation des volailles ; prévoir l’élaboration d’un cursus de formation des techniciens avicoles ; créer et entretenir des corps de métiers tant au sein de la production que de la filière ; couvrir totalement les besoins nationaux en produits avicoles et dégager des surplus pour l’exportation vers les pays voisins, notamment au Nigeria.
17
Le chemin à suivre est ainsi tracé. Les aviculteurs, loin de se complaire dans ce creuset, comptent travailler en synergie pour la promotion et la visibilité de leur filière (ARNAUD et PADONOU, 2015). 1.6 Apports de l’aviculture à l’économie nationale Selon l’UNAP-Bénin (2014), la contribution de l’aviculture béninoise à l’économie nationale peut se résumer comme suit : -
nombre total d’emplois directs générés par la filière actuellement : On en compte 3 800 ;
-
nombre total d’emplois indirects : plus de 8 000 ;
-
divers impôts payés par les différents acteurs ;
-
les investissements sont passés de 15 000 000 000 F CFA en 2007 à 25 000 000 000 F CFA en 2014.
1.7
Perspectives de la filière avicole au Bénin
Le développement d’une filière ne peut se faire sans un minimum d’organisation. Ce challenge est pratiquement gagné par la filière avicole béninoise dont la structuration est amorcée à travers la mise en place de l’IAB et des organisations privées connexes. En perspective et pour pallier les difficultés énoncées plus haut, les acteurs sont dans la dynamique de former les ressources humaines dans le but d’améliorer les systèmes de production et limiter le taux de mortalité des animaux lié à la non-maîtrise des procédures d’élevage et de prophylaxie (YAÏ, 2014). Ensuite, un accent particulier est mis sur l’utilisation de l’outillage nécessaire qui permettra d’avoir le meilleur rendement en matière de production. C’est ainsi que les discussions et réflexions continuent d’être faites pour l’accès aux crédits adaptés à l’aviculture béninoise en descendant en dessous de 8% (YAÏ, 2014). Aussi, la mise en place du fonds spécial de développement de l’aviculture en République du Bénin est une perspective de taille visée par l’IAB qui met à contribution toutes ses compétences pour y arriver. Ce fonds sera alimenté à 90% par les importations et à 10% par l’Etat. Un document est déjà élaboré à cet effet pour faire les lobbyings qui s’imposent de concert avec la direction de l’élevage.
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En ce qui concerne l’importation, les discussions continuent d’être menées pour l’instauration des taxes compensatoires (comme en Côte d’Ivoire) sur les importations qui permettront de ramener le coût de la viande presque au même niveau que ce qui est produit localement. 70% de ces taxes sont reversés dans la caisse de l’interprofession qui utilise ces fonds pour la mise en place des projets et l’accès aux crédits à des taux adaptés. A défaut de cette perspective qui a fait ses preuves en Côte d’Ivoire, les acteurs de la filière prévoient de négocier avec les importateurs pour trouver un mécanisme de prélèvement à la contribution de développement de la production en République du Bénin. Si ce fonds est mis en place, il fera la relance de l’aviculture béninoise (YAÏ, 2014). 1.8 Problématique dans le secteur avicole Á l’instar de tout le secteur agricole, l’aviculture béninoise fait face à des contraintes d’ordre financier, commercial, zootechnique, foncier, et pathologique qui freinent son développement. Les petits producteurs majoritaires, sont particulièrement vulnérables du fait notamment de l’émergence et de la persistance des épizooties. Sur le plan financier, les conditions d’octroi du crédit par les institutions de microfinance ne sont pas toujours appropriées : taux d’intérêt élevé allant de 12 à 14% par an, remboursement des investissements sur une courte période (3 ans au lieu de 10 ans par exemple), exigence de garanties importantes. Selon une étude effectuée en 2007 par la Direction de l’élevage, sur 355 aviculteurs enquêtés, seuls 136 avaient été financés, dont 12 par des banques. Le foncier est un autre facteur limitant le développement de la filière avicole, surtout en zone périurbaine : l’inexistence de plans d’aménagement du territoire pose des problèmes aux producteurs situés à la périphérie des villes. Contraints de se déplacer régulièrement, ces « aviculteurs itinérants » sont dans l’obligation de réinvestir sans cesse dans leur activité, avant même que leurs derniers investissements ne soient rentabilisés. L’aviculture béninoise rencontre également des problèmes en termes de compétences techniques. Les employés sur les exploitations sont peu nombreux (3 ouvriers pour 1 000 poules pondeuses) et très souvent déscolarisés et recrutés sans aucune formation préalable. Les rares personnes ayant suivi une formation dans le domaine préfèrent créer leur propre élevage ou travailler dans le secteur public. 19
L’administration publique manque elle aussi de personnel qualifié pour conseiller et assister les producteurs et à l’heure actuelle, l’assistance technique est uniquement proposée par les opérateurs économiques privés. En dehors de ces contraintes, on peut citer en outre, le manque de qualification professionnelle, les coûts élevés des intrants, l’accès difficile au crédit, les difficultés d’approvisionnement en énergie, le circuit de commercialisation défaillant et le peu ou l’absence d’appui de l’Etat. L’approvisionnement en intrants Ces difficultés sont liées à la disponibilité des intrants, leur coût et aussi leur qualité. L’approvisionnement en maïs, aliment de base pour la nutrition de la volaille pose des problèmes jusqu’à l’année 2013. Par ailleurs et même si des efforts sont en train d’être faits pour réduire les difficultés liées à la disponibilité en quantité, en qualité et à coût acceptable du maïs, l’approvisionnement en tourteaux de soja reste un os dans la gorge des aviculteurs (ARNAUD et PADONOU, 2015). L’importation des produits avicoles Des efforts ont été faits par l’Etat à travers les projets antérieurs et actuels et ne doivent pas être annihilés par ces importations abusives qui ne visent que les intérêts des importateurs. Les importations de produits avicoles ne développent pas la production avicole béninoise et entravent la compétitivité de l’aviculture béninoise (ARNAUD et PADONOU, 2015). Les difficultés de prévoyance et de l’assurance Le système d’assurance classique qui existe aujourd’hui en République du Bénin, n’est pas adapté à la filière avicole. En effet, l’aviculture a des problèmes relatifs à l’accès aux finances et à la sécurisation du métier (ARNAUD et PADONOU, 2015). 1.9 Conséquences de l’Influenza aviaire L’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) est une maladie virale hautement contagieuse et rapidement mortelle, affectant les oiseaux domestiques et sauvages (avifaune), transmissible et mortelle chez l’homme et autres mammifères. Elle est provoquée par le virus influenza aviaire hautement pathogène de type A et de soustype H5, H7 et H9. En 2007, l’apparition de l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) en République du Bénin, a eu un impact économique négatif sur cette filière. 20
Cela s’est traduit par une psychose générale qui a eu pour conséquence une grande réticence à la consommation des œufs et de la viande de poulet. Alors, la mévente s’en est suivie et beaucoup de pertes de produits avicoles ont été enregistrées engendrant l’abandon de l’activité par certains éleveurs incapables de refinancer leurs exploitations. La production d’œufs de consommation est passée de près de 12 000 tonnes d’œufs de consommation en 2004 à 7800 tonnes en 2007 avec 355 exploitations avicoles commerciales qui ont été recensées (UNAP-Bénin, 2007).
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2 2.1
CHAPITRE II : MESURES DE BIOSECURITE EN ELEVAGE DEFINITION, PRINCIPES ET OBJECTIFS
L’élevage n’est rien d’autre que de l’hygiène en action. Aujourd’hui ce principe est toujours vérifié. 2.1.1 Définition Il existe plusieurs définitions de la biosécurité en élevage. La définition assez générale utilisée dans le document de synthèse de la FAO présenté à la Conférence interministérielle sur la grippe aviaire et la grippe pandémique à New Delhi en décembre 2007 est la suivante: « le terme biosécurité désigne l’ensemble des mesures visant à réduire le risque d’introduction du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène dans les unités de production individuelles (bio exclusion) ainsi que le risque de transmission à l’extérieur (bio confinement) et de propagation ultérieure par le biais de la filière de production et de commercialisation ». Cette définition s’applique théoriquement à de nombreuses activités, dont la vaccination. Cependant, le terme Biosécurité n’est pas figé, il évolue. C’est ainsi que beaucoup d’auteurs l’ont défini différemment : A Rome en 2008, dans son document intitulé « La biosécurité au service de la lutte contre l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène: Contraintes et solution possible», la FAO donne une définition légèrement plus restreinte de la biosécurité à savoir : « ensemble des mesures visant à réduire le risque d’introduction et de propagation d’organismes pathogènes ». A la déclaration de Dakar (SENEGAL) du 19 au 23 mai 2008, la biosécurité a été définie comme suit : « Renforcer les savoir-faire et les capacités nécessaires pour assurer l´observance de bonnes pratiques de biosécurité dans la filière de la volaille (élevages, marchés, frontières, transport, etc.) afin de prévenir l´introduction de l´IAHP et d´en contrôler la circulation, pour assurer des systèmes de production de volaille sains ». Au cours régional de Bamako (Mali) en octobre 2008, la biosécurité est définie comme un ensemble de pratiques conçues pour empêcher l’introduction et la 22
propagation d'une maladie dans et au sein d’une ferme avicole ou un marché de volailles. De façon générale, la biosécurité a pour objectif la protection de la vie aussi bien des Hommes que des animaux (GUEYE, 2008). 2.1.2 Principes La biosécurité constitue un ensemble de mesures ou principes, dont certaines de ces composantes sont simples et peu coûteuses. Ces composantes de base se résument en trois étapes à savoir : l’isolement, le contrôle du mouvement et la décontamination. 2.1.2.1 Isolement C’est la première étape, la plus importante et la plus efficace. Elle consiste en la mise en place et au maintien de barrières visant à limiter les possibilités d’introduction d’animaux infectés ou d’objets contaminés dans une unité de production non infectée. Lorsqu’elle est correctement mise en œuvre, cette mesure permet de contenir l’infection à la source dans la plupart des cas. Les barrières doivent être matérielles et/ou temporelles lorsque cela est possible, et procédurales lorsque cela ne l’est pas. Elles ne sont toutefois efficaces que si elles sont contrôlées pour veiller à ce qu’aucun animal ou objet susceptible d’être contaminé ne pénètre dans les unités de production. L’isolement constitue la base de la plupart des mesures de biosécurité appliquées dans les systèmes de production à grande échelle fortement intégrés depuis le portail de l’exploitation jusqu’aux poulaillers individuels. L’isolement est la première ligne de défense et la plus importante. C’est la meilleure forme de biosécurité. Il est ainsi recommandé d’insister sur la «bio exclusion» (garder les vecteurs de la maladie à l’extérieur) dans les fermes et les villages, et sur le «bio confinement» (garder les vecteurs de la maladie à l’intérieur) sur les marchés ; dans le cas des élevages de canards, les deux mesures doivent être fermement appliquées. L’obligation de changer de chaussures et de vêtements pour toute personne franchissant la barrière ou de restreindre l’entrée des véhicules fait partie de ce type de mesures. Il est intéressant de remarquer que même, et peut-être encore plus, dans les systèmes de production à grande échelle fortement intégrés caractérisés par l’apport important 23
d’intrants, une forte production et de faibles marges et dans lesquels la biosécurité est critique, car la maladie peut avoir des conséquences désastreuses (mortalité). Bien plus qu’un ensemble de principes et de pratiques tendant à préserver et à améliorer la santé, la biosécurité est à la base d’une bonne pratique de tout élevage et de l’élevage avicole en particulier. Elle permet de réduire les coûts récurrents liés à la pathologie et rend plus efficaces les actions curatives et prophylactiques. dans l’importance de la maîtrise hygiénique en aviculture intensive, affirmait qu’une bonne hygiène vaut mieux que le meilleur produit curatif ou préventif « car il vaut mieux ne pas avoir d’ennemi que d’avoir à s’en préoccuper » c’est- à-dire que l’hygiène doit être la base de l’élevage. 2.1.2.2 Décontamination Après l’isolement, il s’en suit la décontamination ; c’est une des importantes étapes de la biosécurité. Elle comprend : le nettoyage et la désinfection. 2.1.2.2.1 Nettoyage C’est une importante étape en matière de biosécurité car un bon nettoyage sans désinfection vaut mieux qu’une désinfection sans nettoyage. Il consiste à éliminer toutes les souillures visibles. En effet, les objets sont en général contaminés par les matières fécales des animaux infectés ou par leurs sécrétions respiratoires qui adhèrent aux surfaces. Pour ce fait tout le matériel (véhicules, équipement, etc.) franchissant la barrière sanitaire soit en pénétrant, soit en quittant les unités de production doivent être soigneusement nettoyés afin d’éliminer toute les souillures visibles d’une part et d’autre part. Le poulailler, les mangeoires et les abreuvoirs, doivent être nettoyés correctement. Le nettoyage permet d’éliminer la plus grande partie des organismes pathogènes susceptibles de contaminer ces équipements. Cela signifie qu’aucun signe de saleté ne doit être visible. 2.1.2.2.2 Désinfection La désinfection à proprement parler comprend un ensemble d’opérations dont le but est de décontaminer l’environnement. Il s’agit non seulement de détruire les agents pathogènes (virus, bactéries, champignons, parasites), mais également de rétruire au minimum la quantité de microorganismes saprophytes, partout où ces germes sont présents dans l’environnement. L’objectif premier est de préserver la santé des 24
animaux et la rentabilité de l’élevage : réduire des pertes (morbidité, mortalité, baisse de performances) ainsi que le coût des prophylaxies médicales. Il est important de comprendre que la désinfection ne se résume pas à la simple application d'un désinfectant ; elle doit toujours être associée à un nettoyage approfondi. Pour être efficaces, les opérations de nettoyage et de désinfection doivent être effectuées en cinq phases successives : le nettoyage, le trempage, le décapage, la désinfection proprement dite et le vide sanitaire. Ce dernier peut être suivi d'une seconde désinfection complémentaire. Les cinq différentes étapes de nettoyage et désinfection sont résumées ci-dessous : 1- Les volailles doivent être bien entendu absentes du poulailler. le poulailler doit être complètement vidé, litière et fumier enlevés (Figure 2).
Figure 2: Enlèvement de la litière et du fumier Source: (France GDS, 2008) 2- Décaper à haute pression la totalité du bâtiment (sol, mur, barrière). La plupart des désinfectants perdent toute leur efficacité en présence de matière organique (Figure 3)
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Figure 3: Trempage et décapage du poulailler Source: (France GDS, 2008) 3- Utiliser un pulvérisateur adapté pour désinfecter finement sans ruissellement en utilisant un désinfectant à spectre large reconnu virucide, fongicide et bactéricide (Figure 4).
Figure 4: Désinfection à l'aide d'un pulvérisateur Source: (France GDS, 2008) 4- Réaliser un vide sanitaire. L'idéal serait un mois, mais mieux vaut 8 jours que rien du tout (Figure 5).
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Figure 5: Vide sanitaire Source: (France GDS, 2008) Malgré l’importance de l’élimination des germes par le nettoyage, il faut noter qu’il en reste encore. L’objectif de la désinfection par application d’un désinfectant est donc de poursuivre l’élimination et la destruction des microorganismes restant après nettoyagedécapage. A cet effet, la désinfection nécessite l’utilisation de produits désinfectants reconnus virucide, bactéricide et fongicide tels que : les ammoniums quaternaires, la soude caustique, le chlore (Eau de javel), la chlorhexidine (1%), le formol, l’iode, les phenols naturels (crésyliques). Les propriétés des principales classes de désinfectants sont présentées dans la figure 6 ci-dessous.
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Figure 6: Propriétés des principales classes de désinfectants Source: (France GDS, 2008) 2.1.3 Objectifs Les pathologies aviaires, en particulier les pathologies virales telles que la panzootie actuelle de l’influenza aviaire hautement pathogène(IAHP) montrent que dans de nombreux pays où il existe une forte possibilité de transmission, l’abattage et la vaccination ne suffisent pas à éradiquer la maladie. La biosécurité est préventive et donne aux producteurs des moyens de protection de leurs propres troupeaux; elle est proactive et créée les conditions favorables pour lutter contre la maladie (FAO, 2008c ). Les objectifs de la biosécurité sont de : o prévenir l’introduction des germes pathogènes dans les élevages ; o éviter le maintien et la diffusion de ces germes dans les élevages.
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2.2 Différentes pratiques de biosécurité Il n’est pas possible de recommander un seul et unique ensemble standardisé de mesures. Dans chaque pays, région ou système de production, les sources potentielles d’infection doivent être évaluées afin d’identifier les mesures qui auront le plus fort impact. Cela doit se faire : o avant que la maladie n’apparaisse, pour identifier les voies potentielles de la transmission du germe à l’aide d’une analyse de la filière de production et de commercialisation, assortie d’une évaluation du risque et ; o lorsqu’un foyer d’infection se développe, pour identifier les voies effectivement probables de la transmission à l’aide d’une enquête. Lorsqu’un foyer apparaît, il est important de déployer tous les efforts possibles pour découvrir la source de l’infection. L’examen d’une série de foyers déclarés verra émerger les types les plus communs de transmission du germe. Une fois ces voies identifiées, un ensemble de mesures de biosécurité sera défini en collaboration avec les personnes qui seront chargées de les mettre en œuvre. Toutefois, certaines mesures de base sont souhaitables et doivent être appliquées là où elles sont possibles (FAO, 2008c ). Selon KABORET (2007b), la mise en œuvre de la biosécurité dépend de plusieurs facteurs. Il s’agit notamment : o des facteurs liés à la conception des bâtiments et à l’exploitation des fermes ; o des facteurs liés à la conduite de l’élevage ; o des facteurs liés aux exploitants ; o des facteurs liés à l’encadrement des acteurs par les services vétérinaires. 2.2.1 Bâtiments d’exploitation Selon PARENT et al. (1989), il existe de nombreux modes d’élevage, mais la claustration au sol reste le système le mieux adapté et le plus économique pour l’Afrique de l’Ouest. Tous les bâtiments d’élevage doivent être conçus et entretenus de manière à ce que les oiseaux sauvages en particulier, mais aussi les rongeurs, ne puissent s’y introduire (grillage de protection). Des bâtiments appropriés peuvent être construits pour les élevages commerciaux à grande échelle, mais il n’en est pas toujours ainsi. Cela est souvent impossible dans les 29
élevages commerciaux à petite échelle pour lesquels les bâtiments n’ont pas toujours été construits pour cet usage ou l’ont été avec des matériaux moins adaptés. Il existe toujours un risque que les volailles élevées en divagation (poulets villageois) soient au contact d’oiseaux sauvages et de rongeurs, notamment à proximité des plans d’eau où se rassemblent de nombreux oiseaux aquatiques. 2.2.2 Limitation de l’accès à l’enceinte de la ferme avicole Selon une publication de la FAO (2008b), il faudrait clôturer les locaux de l’exploitation et installer un portail. L’espace alloué aux volailles doit l’être également. Aussi, il est important d’éviter les eaux stagnantes dans l’exploitation car ces dernières peuvent abriter des agents infectieux pouvant être transportés par des véhicules et des personnes. Les agents pathogènes protégés peuvent ainsi servir de réservoir et réinfecter la ferme après le nettoyage et la désinfection (COX, 2006). 2.2.3 Contrôle des entrées et des mouvements dans une ferme avicole Il s’agit là de barrière physique vis-à-vis de l’entrée des personnes et des objets. La barrière physique est la mesure la plus importante qu’une exploitation puisse prendre pour réduire le risque d’infection. Elle représente le premier point critique de contrôle pour l'entrée d'une maladie infectieuse dans l'exploitation (COX, 2006). En effet, un point d’entrée bien organisé, délimité par une barrière, permettant de contrôler et de restreindre l’accès des visiteurs et des objets, réduira considérablement le risque d’introduction du germe par des oiseaux infectés ou du matériel contaminé. La barrière physique permet de contrôler les mouvements dans l’élevage. La préférence est une barrière fixe. La porte doit être assez haute pour être visible à partir d'une voiture ou un camion à cabine et empêcher le véhicule de se déplacer à travers la porte sans l'ouvrir. Elle doit être solide, résistant à la rouille des métaux de façon permanente avec les montants fixes, par exemple en béton. Selon KABORET (2007b), il faudrait tenir les portes et le portail fermés à clé. Quelle que soit la structure utilisée, la barrière doit être verrouillée. 2.2.3.1 Contrôle à l’entrée de la ferme Le contrôle concerne les visiteurs, le personnel, les véhicules et le matériel.
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2.2.3.1.1 Visiteurs L’entrée des visiteurs dans une ferme ne doit se faire qu’en cas de nécessité. Ces derniers doivent changer de vêtements et de chaussures, porter une coiffe et des gants avant d’entrer dans l’enceinte même de la ferme. Cette règle doit également s’appliquer aux propriétaires, aux vétérinaires, aux conseillers, aux marchands, à la famille, aux amis, etc. Elle est particulièrement importante pour les visiteurs qui ont été récemment au contact avec d’autres oiseaux. Un registre des visiteurs est nécessaire. En effet, il est de la responsabilité du propriétaire de la ferme d’avoir un registre de tous les visiteurs entrant dans l'exploitation, afin de faciliter une réponse rapide en cas d'apparition d'une maladie (COX, 2006). La biosécurité est un processus à double sens. Tous les visiteurs doivent se conformer aux procédures exigées à l'entrée et la sortie de la ferme. Ceux qui refusent de s’y conformer devront être refusés d’accès à la ferme. Il reste cependant très important et efficace de limiter dans toute la mesure du possible le nombre de personnes entrant dans les unités de production. 2.2.3.1.2 Personnels Une autre règle essentielle pour garantir l’efficacité de la biosécurité est l’interdiction stricte aux employés avicoles de garder des oiseaux chez eux (volailles ou oiseaux de compagnie). Le risque d’introduction du germe peut être largement, mais pas entièrement supprimé par l’usage exclusif de vêtements et chaussures réservés au travail dans l’exploitation et par le nettoyage des mains, comme indiqué ci-dessous. Il faut non seulement les encourager à se doucher avant de se mettre au travail mais aussi leur demander de se laver les mains et les pieds avant de pénétrer dans l'exploitation. Le personnel doit disposer de vêtements et de chaussures qui lui sera réservé. Pour les élevages de souches à haute valeur génétique (souches parentales et grandparentales, par exemple), le personnel doit se doucher chaque fois qu’il entre et sort de l’exploitation.
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2.2.3.1.3 Véhicules et matériel Les véhicules devront être garés en dehors de l'établissement. Mais ceux qui doivent entrer subiront un nettoyage et une désinfection. Le matériel nécessaire, pour nettoyer correctement les véhicules, tels que voitures et camions, est assez onéreux et nécessite une source d’énergie; ce dont disposent généralement les producteurs commerciaux à grande échelle. Le stationnement à proximité des poulaillers est interdit. 2.2.3.2 Mouvements dans la ferme Ils se feront comme suit : Dans la ferme, le travail se fera en commençant par les oiseaux en bonne santé vers les malades et des jeunes vers les âgés. Lors d'un déplacement entre des poulaillers, il faudrait se laver les mains et se nettoyer et se désinfecter les chaussures ou mettre des chaussures réservées au bâtiment dans lequel vous entrez. Sauf en cas de nécessité absolue, ne jamais visiter des marchés de volailles vivantes. Si cela arrivait, il faudra impérativement désinfecter les chaussures dès le retour à l’établissement, prendre une douche, et changer de vêtements avant de pénétrer dans les poulaillers. Aussi, ne jamais visiter un voisin dont les volailles sont malades et ne pas laisser d'autres éleveurs visiter votre établissement si vous avez des volailles malades (FAO, 2008b). Signalons que dans tous les élevages commerciaux, quelle que soit leur taille, il est préférable d’adopter le système d’élevage en bande unique ou système all in all out (AIAO) qui consiste à renouveler intégralement la volaille au même moment. L’achat des lots complets d’oiseaux en même temps et provenant de préférence d’une même source permet de réduire le risque d’introduction de germes pathogènes. Ces volailles ne doivent pas provenir d’une région infectée. Les nouvelles volailles feront l’objet d’une mise en quarantaine d’au moins deux semaines. Il devrait être également possible de s’approvisionner auprès d’un fournisseur fiable qui puisse fournir des garanties sur l’état sanitaire de la volaille.
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Le système AIAO permet surtout d’éviter le risque élevé lié au déplacement d’équipes de ferme en ferme pour collecter et enlever les oiseaux. Ces équipes peuvent avoir été au contact de germes pathogènes dans des lieux visités précédemment. Le vide sanitaire est l’un des principaux avantages du système AIAO. Les bâtiments et le matériel peuvent être nettoyés entre chaque bande. Ce qui permet de réduire le niveau de contamination par des agents pathogènes. Tous les poulaillers, voire même le site entier, doivent être dépeuplés au même moment. Il peut être difficile (surtout dans les élevages à petite échelle) pour le producteur de viande de trouver un marché ayant la capacité d’écouler des lots importants de volailles. Les producteurs d’œufs, pour leur part, risquent s’ils interrompent leur production, de perdre des clients. Dans ce cas, on peut envisager d’adopter un cycle «all in, gradual out» (toutes les volailles sont introduites au même moment, mais sont vendues par lots séparés sur une certaine période de temps). Cette pratique offre une meilleure sécurité que si les personnes chargées de l’enlèvement des volailles sont celles qui travaillent sur le site. Ni le système AIAO ni la pratique «all in, gradual out» ne sont utilisables pour l’aviculture familiale qui comprend des volailles d’âges variés et souvent des espèces différentes et qui se mélangent quotidiennement avec des oiseaux d’autres exploitations (FAO, 2008c.). L’efficacité de la barrière physique sera fortement conditionnée par : -
la configuration globale de la zone (densité de volaille, routes d’accès etc.) ;
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la conception des unités de production ;
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le nettoyage et la désinfection.
En l’absence de telles barrières, il est difficile d’assurer un niveau de biosécurité adéquat. 2.2.4 Assurance de la propreté d’une ferme avicole La propreté d’une ferme peut être assurée à plusieurs niveaux 2.2.4.1 Nettoyage et désinfection du matériel à intervalles réguliers Le matériel qui est en contact direct avec les volailles devra être nettoyé et désinfecté quotidiennement tandis les autres équipements de la ferme se fera une fois par semaine. Pendant le nettoyage, un balai-brosse servira à retirer les matières 33
organiques. L’utilisation de savon et d'eau chaude est nécessaire de même que celle d’un désinfectant (qui doit rester suffisamment longtemps). En raison de leur coût et de la difficulté de se procurer les produits désinfectants, il est peu probable qu’ils soient utilisés dans le secteur de l’aviculture familiale et peut même poser un problème en aviculture commerciale à petite échelle. Il est souvent recommandé d’utiliser les désinfectants dans les rotoluves ou les pédiluves. Le nettoyage à l’eau et au savon des petits objets doit être recommandé aussi bien dans l’aviculture commerciale à petite échelle que dans l’aviculture familiale, mais la désinfection ne doit être préconisée que dans l’aviculture commerciale à petite échelle, et seulement comme deuxième étape après le nettoyage. Il est préférable d’avoir un bon nettoyage sans désinfection qu’une désinfection sans nettoyage préalable. Notons que la plupart des désinfectants n’agissent pas si la surface à désinfecter n'est pas propre avant leur application (SHULAW et BOWMAN, 2001). 2.2.4.2 Gestion des aliments Les aliments doivent être transportés et stockés de manière à les protéger d’une contamination par contact avec des matières fécales ou d’autres matières infectées. Les animaux nuisibles ne doivent pas y avoir accès. Tout déversement d’aliments doit être immédiatement nettoyé. Une fois par mois les distributeurs automatiques feront l’objet d’un nettoyage. Il est conseillé de ne pas réutiliser les sacs d'aliments. 2.2.4.3 Gestion des litières Après chaque bande, le renouvèlement des litières est très important. La litière usagée doit être décapée dans les quarante-huit heures et immédiatement sortie du site de production. Le compostage des litières usagées qui permet plus tard leur utilisation comme engrais doit se faire hors du site. 2.2.4.4 Nettoyage et désinfection des poulaillers entre les bandes Un nettoyage suivi d’une désinfection à l’aide d’un produit officiellement reconnu bactéricide et/ou virucide et /ou fongicide, devra être réalisé après le départ de chaque bande. Les bâtiments et leur équipement devront être conçus suffisamment démontables pour être nettoyés et désinfectés à fond. La désinfection a pour but de 34
diminuer la pression microbienne au sein d’un élevage. Elle s’effectue normalement entre les bandes, mais elle peut éventuellement se faire avec des produits appropriés même en présence des animaux. Un bon programme de désinfection des bâtiments comprend : la désinfection finale, la désinfection continue, le vide sanitaire et le pédiluve. La désinfection finale après la sortie de chaque bande de poulets comprend : l’enlèvement de la matière sèche, puis le nettoyage avec de l'eau sous pression additionnée du détergent bactéricide de préférence. A cela fait suite la désinfection proprement dite au cours de laquelle toutes les surfaces du bâtiment sont couvertes de désinfectant. Les désinfectants doivent disposer suffisamment de temps de contact avec la surface sur laquelle ils sont appliqués de manière à permettre la destruction des germes (SHULAW et BOWMAN, 2001). La désinfection finale se sera suivie du vide sanitaire (repos absolu du poulailler et des matériels d’élevage) d’au moins deux semaines (10 à 15 jours) en élevage de poulet de chair, et un mois a un mois et demi (28 à 45 jours) en élevage des pondeuses avant le repeuplement du poulailler. La thermo nébulisation ou fumigation finale peut être faire après le vide sanitaire, cette dernière opération est effectuée après l'introduction du matériel et de la litière et rend le bâtiment prêt pour la réception des oiseaux. Il est recommandé de disposer du pédiluve, qui est un bac résistant à la corrosion placé à l’entrée du local d’élevage pour les bains de pieds. Les produits qui doivent être utilisés dans ces bacs sont des produits reconnus bactéricide et/ou virucide et /ou fongicide. 2.2.4.5 Contrôle des animaux nuisibles Pour avoir un contrôle sur les animaux nuisibles, il faudrait : o garder les aliments dans des récipients ou dans des zones sécurisées ; o ne laisser aucun détritus ni herbe autour des poulaillers ; o préserver la propreté et l'ordre des vestiaires ; o utiliser des pièges ou du poison pour contrôler les animaux nuisibles ;
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o il faudrait donc avoir un programme de dératisation et de désinsectisation des bâtiments. 2.3 Système de suivi et d’évaluation des mesures de biosécurité en élevage Selon BEBAY (2006), la complexité de la notion de biosécurité tient au fait qu’il s’agit à la fois d’un état (vis-à-vis des maladies infectieuses, parasitaires…) et d’un état d’esprit (comportements contribuant à la préservation ou à la satisfaction de cette situation). Dans la prévention et la lutte contre les maladies animales telles que l’IAHP, la deuxième acception est préférable car elle permet d’élaborer un ensemble de paramètres tangibles et mesurables permettant d’apprécier objectivement la biosécurité. Toute politique de biosécurité vise à éviter ou à diminuer la dissémination du virus dans les élevages. Ainsi, en protégeant la production avicole, on protégera également les hommes. L’augmentation des niveaux de biosécurité dans le secteur avicole est une démarche à long terme nécessitant des investissements financiers et un changement de comportement. Sa mise en œuvre se fait de manière progressive. Le contrôle de la maladie demande d’adapter de manière raisonnée les mesures disponibles qui sont réellement applicables au milieu de production et à la situation socioéconomique existante (FAO, 2007). Le système d’évaluation du bien-être (biosécurité) devrait pouvoir être utilisé comme source d’information pour le producteur lui-même et constituer ainsi un outil de plus pour gérer son élevage (ARNAULD, 2007). Aux USA, un manuel de procédure d’évaluation du niveau de biosécurité standard dans les élevages est établi.
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CHAPITRE III : RISQUES BIOLOGIQUES EN ELEVAGE AVICOLE
La pratique de l’aviculture a toujours été une activité importante pour la majorité des populations africaines. Les tendances récentes montrent une forte croissance des productions modernes semi-industrielle et industrielle dans les zones urbaines et périurbaines au détriment de l’aviculture villageoise. Cependant, selon ALLOUI et al (2003), l’intensification de la filière avicole, n’évolue pas sans problèmes tels que les problèmes sanitaires et hygiéniques. Or, dans toutes les productions animales, et particulièrement en aviculture, la productivité, la rentabilité de l’élevage et la qualité des produits sont conditionnées par l’état sanitaire du cheptel (FAO, 2005). Pratiquer l’hygiène en élevage revient à mettre en place des barrières ou encore des mesures de sécurité sanitaire dites de biosécurité dans l’espace et dans le temps. Si ces mesures ne sont pas bien gérées, non seulement elles vont compromettre la rentabilité et la qualité des productions mais seront à l’origine de nuisance en santé publique : développement de zoonoses (Salmonellose…) et apparition de phénomènes d’antibiorésistance face aux entérobactéries d’origine aviaire. 3.1 Risques liés au microbisme dans les élevages Toute activité d'élevage ne peut se faire sans une action sanitaire préventive marquée par un volet permanent d'hygiène rigoureuse et raisonnée. La plupart des aviculteurs ne sont pas des professionnels et ne maîtrisent pas l’application des règles hygiéniques fondamentales. Cela favorise le développement d’un environnement défavorable pour les volailles, entraînant l’émergence de pathologies diverses (ALLOUI et al., 2003). Leur spécialisation consiste en une augmentation de l’effectif de leur cheptel pour plus de gain. Or, toute réunion d’animaux dans un espace restreint augmente les risques de microbisme. En effet, lorsqu’on élève un grand nombre d’animaux sur une petite surface, l’environnement immédiat des animaux tend à se contaminer avec des microbes, des parasites ou des gaz de toutes sortes. Les maladies entériques provoquant la diarrhée dispersent les agents infectieux dans l’environnement par la fiente (entérites virales, entérites hémorragiques, coccidioses et salmonelloses…). De même la non maîtrise de l’ambiance au sein des bâtiments d’élevage (température ambiante élevée, vitesse d’air insuffisante, hygrométrie élevée) entraîne l’inconfort thermique (difficulté pour 37
éliminer l’excédent de chaleur), un microbisme élevé et un dégagement d’odeur d’ammoniac. En aviculture, la conception des bâtiments et du matériel d’élevage sont en définitive les plus importantes. Si au départ l’environnement est défavorable, si tout n’est pas prévu pour être facilement nettoyable et désinfectable, il sera donc difficile de respecter les règles d’hygiène ou de prophylaxie sanitaire (YAOU et al., 2008). L’environnement dans les bâtiments d’élevage représente un milieu favorable pour la multiplication de germes pathogènes et ce, grâce à la température, l’humidité et d’autres facteurs liés à l’animal. Tout cela augmente les risques de microbisme dans l’exploitation. Toutefois, le mélange d'animaux d'origines différentes s'accompagne d'un mélange de microbisme qui peut favoriser les pathologies. L’exploitation plus ou moins intensive des volailles favorise les infections virales, bactériennes et parasitaires, et entraîne par conséquent la morbidité, la mortalité et les pertes économiques. Il y a au mieux baisse des performances, au pire, maladies cliniquement graves. 3.2 Facteurs de risques liés à l’introduction ou à la réintroduction des germes pathogènes Les principales sources d’introduction et de propagation des agents pathogènes, tels que la grippe aviaire, sont bien connues: introduction d’animaux vivants, d’œufs, de viande et de plumes venant de zones infectées (AKAKPO, 2006). Le contact avec des oiseaux sauvages malades, le déplacement de matériels contaminés (conteneurs, véhicules et vêtements personnels) peuvent également constituer des voies de contamination. Par ailleurs, le risque d’introduction des germes pathogènes dans un troupeau individuel est déterminé par son mode de « contact » et par les stratégies d’atténuation des risques mises en œuvre. Aussi, les mouvements d’animaux et les matériels contaminés représentent le plus grand risque de propagation de la maladie quel que soit le système d’élevage. Il est important de prêter une attention particulière aux facteurs d’introduction et de réintroduction des germes pathogènes dans les élevages dans la mesure où ils sont de divers ordres, les germes introduits ou réintroduits pouvant engendrer des maladies à 38
incidence négative sur la production et potentiellement zoonotiques. Selon KABORET (2007b), on les distingue en facteurs humains, facteurs liés à l’équipement et au matériel d’élevage, et enfin en facteurs liés aux oiseaux sauvages. 3.2.1 Facteurs d’introduction et de réintroduction de maladies dans les élevages 3.2.1.1 Facteurs humains L’homme en tant que vecteur passif, peut inconsciemment servir de véhicule de transfert de maladies dans la ferme. Ceci à la faveur de ses vêtements, chaussures, mains souillées qui peuvent abriter des germes pathogènes. Aussi, dans ses activités commerciales (commerce légal et/ou trafic illégal d’oiseaux) et lors des utilisations de fientes de volailles non traitées comme engrais, l’homme peut contribuer largement à la propagation des maladies aviaires. Les mesures de biosécurité destinées à réduire le risque sont donc fortement tributaires de la gestion des mouvements. 3.2.1.2 Équipement et matériel d’élevage Les cages de volailles, les abreuvoirs et mangeoires, les véhicules par exemple sont des sources d’introduction de germes dans l’élevage. En effet, les roues des véhicules de transport des intrants, des visiteurs, de la famille etc., peuvent ramasser de la saleté ou du fumier contenant des microorganismes pathogènes qui seront à l’origine de maladies dans la ferme. L’origine des intrants, les aliments initialement contaminés et leur lieu de stockage, les moyens de transport peuvent être aussi un moyen d’introduction et de propagation des maladies dans l’élevage. Les anciens sacs d’aliments peuvent abriter et créer un environnement favorable à la multiplication des germes pathogènes. Pour ce qui est de l’eau, qu'il s'agisse de l'eau destinée à la boisson, de l'eau de lavage ou d’autres usages, elle constitue un moyen de distribution rapide des germes. En effet, l'utilisation et la gestion des sources d’eaux sont parmi les points les plus chauds de l'élevage. Ainsi, si les oiseaux et les animaux (rongeurs …) sauvages porteurs de maladies ont accès à la même source, l'eau peut être contaminée et peut transmettre des maladies aux volailles.
39
3.2.1.3 Oiseaux sauvages Les oiseaux sauvages, sont reconnus comme un moyen important d’introduction et de propagation des maladies, quand ils ont accès aux fermes. A ceux-là, il faudra ajouter les animaux sauvages et les ravageurs. Beaucoup d’entre eux peuvent souffrir des mêmes maladies que la volaille domestique ou véhiculer les germes affectant les oiseaux de la ferme sans pour autant développer de maladie. C’est par leurs produits de secrétions et de déjections que les oiseaux sauvages contaminent l’eau et les aliments. Ils sont attirés par les déchets évacués en plein air car ils contiennent des restes d’aliments. Ils risquent alors de s’infecter et de contaminer par la suite les sources d’approvisionnement en eau ou d’autres élevages avicoles. Ce faisant, ils participent à la propagation de la maladie sur de grandes distances, des oiseaux et animaux sauvages peuvent également s’infester à partir des carcasses non éliminées correctement et introduire la maladie dans l’élevage. 3.3 Risques d’endémicité En matière de santé, le dicton populaire " Prévenir vaut mieux que guérir " devra attirer l'attention des éleveurs. En effet, pour assurer la bonne réussite d'un élevage, il faut mener la lutte contre les microbes sur un double front sanitaire et médical tout en accordant une attention particulière au nettoyage et à la désinfection. L’objectif étant de combattre la persistance des agents infectieux dans la mesure où cette persistance peut être plus ou moins longue dans l’environnement. Selon ROSE cité par ALLOUI et al. (2003), il est important de connaître le statut hygiénique des poulaillers, pour identifier les points à risques qui expliquent la pérennité des problèmes pathologiques comme par exemple la salmonellose qui entraîne des pertes économiques conséquentes. En effet,
la forte densité de volailles est l’un des facteurs responsables de la
persistance des agents infectieux dans les populations avicoles. Au-delà du statut hygiénique du poulailler, il faudrait voir celui de toute l’exploitation. Une mauvaise conduite de l’élevage répétée (température, vitesse d’air et hygrométrie non maitrisées) conduit généralement à des problèmes sanitaires en plus des mortalités et de la baisse des performances (KABORET, 2007b).
40
Les problèmes persisteront tant que le niveau de conduite n’est pas relevé dans l’exploitation. L’absence d’application des mesures de biosécurité, les habitudes socioculturelles ou le manque de formation et d’information des éleveurs et des employés, conduit souvent à des erreurs techniques de mise en œuvre et à des comportements dangereux à l’origine d’endémicité des maladies aviaires. En effet, les eaux des surfaces (eaux des étangs) utilisées dans l’exploitation peuvent être contaminées par des fientes d’oiseaux sauvages. Aussi, le temps mis pour sortir la litière du poulailler et de l’exploitation d’une part, l’attention qui est portée lors de la manutention de ces déchets d’autre part, joue un rôle important dans la réapparition des maladies. Il faudrait également suivre un bon protocole de nettoyage du bâtiment et du matériel d’élevage avec du détergent avant d’effectuer la désinfection. Les désinfectants agissent partiellement lorsque le nettoyage est mal fait ou pas du tout fait. Lorsque l’hygiène est défaillante, le risque de persistance du germe est accru avec possibilité de contamination d’une bande nouvellement introduite dans les locaux. Signalons également que, dans certaines exploitations, le non-respect des règles de biosécurité et/ou l’absence d’un programme de prophylaxie sanitaire et médicale, l’absence de surveillance de l’état sanitaire de l’élevage, la méconnaissance des agents pathogènes, de leur mode de contamination et de prolifération peuvent être aussi des facteurs de persistance et de propagation des maladies. La présence ou la persistance de germes pathogènes dans l’élevage peut s’avérer dangereuse pour l’homme. Il existe des maladies qui se transmettent de l'animal à l'homme, c’est le cas de l’Influenza Aviaire. Le risque d'infections croisées (au cours desquelles des hommes infectés pourraient réintroduire la souche endémique chez les animaux) pourrait compliquer l'éradication de la maladie à la fois chez l'homme et chez l’animal. Pour l’OMS, la crainte réside dans la possibilité que le virus de la grippe aviaire puisse se combiner à celui de la grippe humaine pour donner un nouveau sous-type de virus capable de se transmettre facilement d’une personne à l’autre et se propager à travers la planète entière. C’est une perspective plausible car la propagation de l’infection chez les oiseaux augmente les possibilités d’infection directe de l’homme. 41
Le péril pour la santé humaine persistera aussi longtemps que le problème subsistera chez les animaux. De ce fait, il est impératif d’adopter des mesures d’hygiène et de biosécurité pour minimiser les risques d’expansion du virus et d’infection humaine (SANOGO, 2008).
42
DEUXIEME PARTIE : BIOSECURITE DANS LES FERMES AVICOLES MODERNES AU SUD DU BENIN : PRATIQUE ET ANALYSE ECONOMIQUE
43
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
1.1 Matériel 1.1.1 Zone d’étude La présente étude s’est déroulée en République du Bénin plus précisément au Sud du pays dans trois départements : Atlantique, Ouémé et du Plateau, au cours de la période allant du 10 août au 27 novembre 2015. La zone d’enquête a précisément concerné les communes d’Abomey-Calavi, d’Allada, de Ouidah et du Porto-Novo. La (Figure 7) ci-dessous, montre les zones où l’enquête a été réalisée dans les départements et communes du Sud-Bénin.
Départements et communes enquêtés Figure 7: Zones enquêtées dans la sous-région du Sud-Bénin
44
1.1.2 Matériel technique 1.1.2.1 Questionnaire Les paramètres étudiés ont concerné six (6) groupes d’information à savoir : -
identification de la ferme et de son propriétaire ;
-
description détaillée du poulailler ;
-
description détaillée de la conduite d’élevage ;
-
dispositif de protection de la zone d’élevage ;
-
niveau d’appréciation de la biosécurité des ouvriers ;
-
analyse économique de la biosécurité.
1.1.2.2 Matériel roulant et de protection Pour mener à bien notre travail, nous avons utilisé différents matériel roulant et de protection, à savoir : -
matériel roulant : voiture, moto ;
-
matériel de protection : blouse, chaussures, masques, gants, eau de javel ;
-
autres matériels : un ordinateur portable, un appareil photo, et un décamètre.
1.2 Méthodologie d’étude La méthodologie utilisée pour l’élaboration du questionnaire de notre étude s’est inspirée de celle réalisée par (SORO, 2011). Nous avons effectué une pré-enquête dans trois fermes, au cours de laquelle nous avons modifié le questionnaire pour obtenir la fiche d’enquête. Disposant de la liste des fermiers et de leurs contacts téléphoniques, avant de les enquêter, nous les appelons pour convenir d’un rendez-vous en fonction de leur disponibilité.
1.2.1 Echantillonnage L’union nationale des aviculteurs moderne au Bénin compte 450 aviculteurs mais il n’y a que 350 qui sont en activités et sont répartis sur toute l’étendue du territoire national. Cet effectif a été réparti en huit (08) classes en fonction du nombre de sujets élevés par les aviculteurs. Nous avons opté pour un échantillonnage raisonné, puisque 45
nous disposons de la liste de ces aviculteurs et leurs contacts téléphoniques. A cet effet, le choix a été fait en retenant 10% du nombre d’aviculteurs présents dans chaque classe. Le tableau 3 ci-dessous indique le nombre d’aviculteurs retenus. L’enquête s’est déroulée dans trois (3) départements du Sud Bénin. Au total, 40 aviculteurs ont été interviewés dans les différentes communes des départements. Dans chaque commune, l’enquête a été réalisée sur des fermes accessibles, disponibles, avec l’accord du propriétaire. Le tableau IV récapitule le nombre d’aviculteurs interviewés par classe. Tableau IV: Nombre d’aviculteurs retenus par classe à enquêter Classes
Eleveurs disposant d’un Nombre cheptel
d’aviculteurs
retenus par classe pour l’enquête
Classe 1
01- 499 volailles
13
Classe 2
500 à 999 volailles
5
Classe 3
1000 à 1999 volailles
6
Classe 4
2000 à 2999 volailles
7
Classe 5
3000 à 4999 volailles
1
Classe 6
5000 à 9999 volailles
4
Classe 7
10000 à 24999 volailles
3
Classe 8
Plus de 25000 volailles
1
Total
40
1.2.2 Enquête sur le terrain Elle a consisté à l’administration des fiches d’enquête élaborées sur le terrain. 1.2.2.1 Enquête documentaire La revue documentaire a été faite sur l’aviculture moderne en général et, en particulier au Bénin, et sur les différents paramètres de la biosécurité. Elle a également permis de mieux apercevoir les enjeux de la biosécurité au niveau des fermes avicoles. Elle s’est
46
poursuivie à la Direction de l’Elevage du Bénin, auprès des personnes ressources et ensuite dans les bibliothèques à Dakar et sur des sites internet. 1.2.2.2 Administration du questionnaire Au total, 40 fiches d’enquête ont été administrées auprès des propriétaires ou des animaliers des fermes, sous forme d’interview mais aussi sur la base d'une observation directe. Le Tableau V présente le nombre de fermes enquêtées en fonction des zones d’enquête. Tableau V: Répartition des fermes dans les zones enquêtées Départements
Communes
Nombres
de
fermes
enquêtées ATLANTIQUE
OUEME
PLATEAU
Abomey – calavi
14
Ouidah
05
Toffo
02
Allada
04
Porto-Novo
04
Sème kpodji
02
Akpro Missérété
02
Dangbo
02
Sakété
03
Ifangni
02
Total
40
1.2.2.3 Traitement des données Les données recueillies sur les fiches d’enquête ont été enregistrées et analysées dans la base de données du logiciel sphinx plus2 version v.5.1.5.0. Le tableur Microsoft EXEL 2010 a permis de réaliser les tableaux et les graphiques d’une part et d’autre part il a servi à calculer les coûts moyens et totaux des mesures de biosécurité mises en place dans les fermes enquêtées.
47
CHAPITRE II : PRESENTATION DES RESULTATS 2.1 Typologie des élevages avicoles modernes enquêtés 2.1.1 Différentes catégories d’aviculteurs L'âge moyen des propriétaires des élevages enquêtés est de 47,5 ans. Ils sont majoritairement des hommes (85%), les femmes représentent 15%. La quasi-totalité est scolarisée avec des niveaux allant du primaire (18%), au collège (28%) ; au lycée (17%) et 37% sont des universitaires (Figure 8). Primaire 18%
Université 37%
Collège 28% Lycée 17%
Université
Lycée
Collège
Primaire
Figure 8: Niveau d’étude des propriétaires de fermes La grande majorité (80%) des aviculteurs sont des fonctionnaires en activité ou à la retraite, 17% sont des commerçants et seuls 3% d’entre eux pratiquent l’aviculture comme activité principale (Figure 9). 17%
3%
80%
Fonctionnaire en activité ou à la retraite commerçant Aviculteur "Principale activité"
Figure 9: Activité principale des propriétaires de fermes
48
2.1.2 Caractéristiques des fermes Au cours de notre enquête, la grande majorité des fermes enquêtées (90%) sont des élevages de poules pondeuses, suivie de 7% d’élevage de coquelets et 3% d’élevage mixte (coquelet-pondeuse) (Figure 10).
7% 3%
90%
Coquelet
elevage mixte(Coquelet-Pondeuse
Pondeuse
Figure 10: Différentes catégories de fermes enquêtées La plupart des fermes enquêtées (75%), ont une durée d’existence de moins de 5 ans. La majorité des gestionnaires de fermes sont des employés et quelques rares ouvriers constituent une main d’œuvre de type familial. La quasi-totalité (90%) des fermes de pondeuses élève les souches Isa Brown importées de l’Europe (Belgique et Hollande). Il ressort des investigations faites dans les trois départements que, les effectifs de volailles élevés sont de 7290 têtes pour les coquelets et 138572 têtes pour les poules pondeuses. Ce qui fait un total de 145862 têtes de volailles dans les fermes enquêtées. La classification en termes d’effectif a montré que les fermes comptent en moyenne 2964 sujets, le minimum est de 300 et le maximum est 39807 sujets, (Figure 11).
49
3%
0 à 499
8% 10%
500 à 999 32%
3%
1000 à 1999 2000 à 2999 3000 à 4999
17% 12% 15%
5000 à 9999 10000 à 24999
Plus de 25000
Figure 11: Classification des fermes en fonction des effectifs 2.2 Evaluation du programme de biosécurité mis en place 2.2.1 Isolement 2.2.1.1 Clôture Les résultats de nos investigations révèlent que, sur l’ensemble des fermes enquêtées, 82,5% des fermes sont clôturées et possédant de portail au niveau de ces clôtures, (Figure 12).
Figure 12: Ferme clôturée et possédant un portail 2.2.1.2 Localisation de la ferme Les fermes enquêtées sont d’accès facile. Quant à la situation des élevages, l’enquête a indiqué que 62% des fermes sont en contact direct avec des habitations, 25 % sont séparées entre elles par une distance d’au moins 500 mètres et enfin 13% des fermes sont en contact direct avec d’autres fermes.
50
2.2.1.3 Poulaillers Les poulaillers des fermes enquêtées sont des bâtiments ouverts dans 87,5% des élevages et semi-ouvert dans 12,5% des élevages enquêtés. Ces bâtiments possèdent tous un grillage de protection contre les nuisibles, (Figure 13).
Figure 13: Grillage de protection contre les nuisibles Les dimensions moyennes de ces poulaillers sont de la longueur 19,4m et la largeur moyenne 8,4m. Alors que les bâtiments parallèles ont une distance moyenne de 8,09 m entre eux. La densité moyenne est de 6 poules par m2 dans les poulaillers enquêtés. Selon les résultats de notre étude, 48% des fermes, possèdent des bâtiments bien orientés dans le sens des vents dominants et du soleil (Est-Ouest), mais 52% des élevages ne respectent pas cette orientation. Le nombre moyen de bâtiments par ferme est de 2 avec un maximum de 8,(Figure 14). Nombrede bâtiment prés ent dans la f erme
Moins de 1,17
16
De 1,17 à 2,33
15
De 2,33 à 3,50
5
De 3,50 à 4,67 De 4,67 à 5,83 5,83 et plus
2 0 2
Figure 14: Nombre de bâtiment présent dans les fermes enquêtées
Une mauvaise hygiène des sols et des murs est notée dans 57,5% des fermes (Figure 15).
51
Figure 15: Litière et sol sales L’enquête a permis de noter,
dans les fermes enquêtées, la présence d’auvents
(87,5%) et de lanterneaux (12,5%) mais sans grillage de protection contre l’entrée des oiseaux sauvages (Figure 16).
Auvent
Lanterneau
(a)
(b)
Figure 16: (a) Bâtiment ouvert sans grillage de protection au niveau de l’auvent; (b) Bâtiment ouvert sans grillage de protection au niveau des lanterneaux Tous les aviculteurs interviewés affirment garder la porte de leurs poulaillers fermée à clé. L’évacuation des eaux de nettoyage, loin des voies d’accès et des abords des bâtiments, n’est pas respectée dans 87,50% des élevages. Par contre, l’ensemble des fermes enquêtées possèdent un sol étanche cimenté avec une pente.
52
Quant aux pondoirs, ils sont disposés au sol dans 80% des fermes, et sur perchoir dans 20% des élevages enquêtés (Figure 17).
(a) Figure 17: (a) Nid au Perchoir ;
(b) (b) Nid au sol
2.2.1.4 Garage pour les véhicules Les voitures qui arrivent sur les fermes investiguées stationnent à proximité des poulaillers. 2.2.1.5 Autres espèces présentes dans les fermes enquêtées Parmi les fermes enquêtées, seules 35% élèvent uniquement des poulets (pondeuses ou coquelets), contre 65% des fermes mixtes, dans lesquelles, nous avons noté d'autres espèces de volailles. Outre les poules pondeuses ou les coquelets, d’autres d’espèces aviaires, ont été recensées, à savoir : canard, oie, dindon, pigeon dans 55 % des fermes enquêtées, ruminants (7%), et autres espèces (chien, chat) dans 3% des fermes (Figure 19). En plus de ces espèces aviaires, on note la présence d’animaux domestiques dans la plupart des fermes enquêtées (Figure 18). Le Tableau VI présente les différentes fréquences observées des composantes du volet isolement des mesures de biosécurité.
53
(a)
(b)
(c)
Figure 18: Présence d'animaux domestiques dans les fermes enquêtées (a) Oie et poulet ; (b) Pigeons ; (c) Bovins
Uniquement des poulets
7% 3%
Autres espèces de volailles
35%
Ruminants Autres animaux
55%
Figure 19: Proportions des différentes espèces rencontrées dans les fermes enquêtées Tableau VI: Récapitulatif des données du volet isolement des mesures de biosécurité Volet isolement
Pourcentage (%)
Clôture
100
Grillage de protection
82,5
Autres espèces de volailles
55
Bâtiment
Ouvert
87,5
Semi ouvert
12,5
Stationnement des véhicules à proximité de l’exploitation
100
54
2.2.2 Contrôle des mouvements 2.2.2.1 Gestion des employés L’état des tenues et chaussures de travail des basse-couriers est sale dans 87,5% et est propre dans 12,5% des élevages (Figure 20). Par ailleurs, le principe de la marche en avant n’est appliqué dans aucune des fermes.
(a)
(b)
Figure 20: (a) Chaussure d'un basse-courier; (b) Basse-courier sans tenue de travail 2.2.2.2 Gestion des visiteurs Concernant la gestion des visiteurs, aucune des fermes investiguées ne disposent de tenue, de registre, ni des chaussures pour les visiteurs. L’inexistence de panneau d’interdiction d’accès à l’exploitation aux personnes étrangères a été notée dans toutes les fermes enquêtées. 2.2.2.3 Gestion de l’aliment Au cours de notre enquête nous avons constaté que 80% des fermes utilisent les aliments de fabrication industrielle contre 20% qui utilisent les aliments fabriqués à la ferme mais sans aucune analyse bromatologique préalable. L’utilisation des aliments souillés par les déjections est importante et est observée dans 92,5% des élevages. Les sacs d’aliments sont réutilisés dans la majorité (92,5%)
des fermes enquêtées,
Dans la moitié (50%) des fermes, les aliments et matières premières sont stockés en lieu propre ; par contre, dans 50% des fermes restantes, le stockage se fait dans des endroits sales et mal entretenus (Figure 21).
55
(a)
(b)
Figure 21: (a) Aliment stocké sur les palettes dans un magasin propre ; (b) Aliment stocké à même le sol dans un magasin sale 2.2.2.4 Gestion des matériels Le matériel de travail est affecté de façon spécifique à chaque bâtiment dans 65% des élevages investigués. 2.2.2.5 Collecte et la vente des produits de fermes La récupération des produits à vendre dans la ferme, tels que les œufs et les poulets se fait essentiellement par l’animalier dans toutes les fermes enquêtées (Figure 22).
Figure 22: Collecte des œufs par l’éleveur lui-même 2.2.2.6
Registre de consignation des données
Les fermiers interviewés déclarent tous tenir un cahier de suivi de la bande, où sont enregistrées les mortalités, les soins donnés aux animaux. Les données des différents éléments du contrôle des mouvements et leurs proportions sont récapitulées dans le tableau VII ci-dessous.
56
Tableau VII: Récapitulatif des données du contrôle des mouvements et leurs proportions Contrôle du mouvement
Pourcentage (%)
Collecte et la vente des produits de ferme
100
par le basse-courier Matériels avicoles affectés de façon
65
spécifique à chaque bâtiment Basse-couriers assignés à des bâtiments
40
d’élevage bien précis
2.2.3
Assainissement
2.2.3.1 Rotoluve La désinfection des véhicules à l’entrée des élevages par utilisation de rotoluve n’a été observée que sur 5 fermes, soit 12,5% des fermes enquêtées (Figure 23).
Figure 23: Rotoluve à l’entrée d’une exploitation
2.2.3.2 Pédiluves pour les poulaillers L’enquête a révélé la présence de pédiluves fonctionnels et aux normes dans 65% des fermes enquêtées (Figure 24).
57
Figure 24: Présence de solution désinfectante dans le pédiluve à l’entrée d’un poulailler. La fréquence de renouvellement du liquide désinfectant utilisé dans le pédiluve varie d’une exploitation à une autre. Elle est d'une fois par semaine dans 35% des élevages, de deux fois par semaine dans 19% des élevages, quand il est trop sale dans 15% des élevages et quand il est sec dans 31% des élevages. Cependant, le passage dans le pédiluve avant et après toute entrée dans un bâtiment d’élevage n’est respecté que dans 45% des fermes (Figure 25).
15% 35% 1fois/semaine
2fois/semaine Quand il sec 31%
Quand il est trop sale
19%
Figure 25: Fréquence de renouvellement du liquide désinfectant Les désinfectants utilisés pour constituer la solution du pédiluve sont par ordre d’importance : TH4+® (31%), D4+® (21%), Eau de Javel (15%), Virkon® (15%), Virunet®, (12%), grésyl (6%) (Figure 26).
58
6% 15%
TH4+
31%
D4+ Virunet Virkon Eau de Javel
15%
Gresyl
12%
21%
Figure 26: Désinfectants les plus utilisés dans le pédiluve 2.2.3.3 Hygiène générale Les abords des poulaillers sont mal entretenus dans 75% des élevages, avec des matériels avicoles jetés de part et d’autres (Figure 27).
Figure 27: Bâtiments aux abords non entretenus avec dépôt de matériel usagé A cela s’ajoute les saletés et la poussière notées au niveau du toit et du grillage des poulaillers (Figure 28).
Figure 28: Poussière et toile d’araignée présentes sur le grillage d’un poulailler
59
2.2.3.4 Qualité de l’eau de boisson Au cours de nos travaux nous avons remarqué que 72% des fermes utilisent l'eau de puits contre 28% qui utilisent l’eau de forage. L’eau est traitée par les produits chlorés (pastilles de chlore) dans 10% des fermes. Ce traitement consiste à introduire une pastille de chlore dans 250 litres d’eau de boisson des poulets pour tuer les micro-organismes qu’elle contient. Après un temps d’action d’environ 60 minutes, cette eau peut être donnée aux animaux. L’analyse de la qualité de l’eau (potabilité, bactériologique, chimique) est réalisée dans 7,5% des fermes investiguées. 2.2.3.5 Mise en place de plan de dératisation Cette enquête a révélé la présence des rongeurs (rat, souris….) dans 97,5% des fermes mais seules 22,5% d’entre elles mènent une lutte effective contre ces rongeurs, en utilisant les raticides. La présence des aliments souillés par les déjections des rongeurs a été signalée dans 92,5% des élevages. 2.2.3.6
Gestion des cadavres
La quasi-totalité des fermes possèdent des registres pour l’enregistrement des mortalités. Le ramassage des cadavres se fait à tout moment mais le mode de destruction diffère d’un élevage à l’autre. Ainsi, 52% des fermes utilisent la méthode d’enfouissement, mais dans 30% des fermes les cadavres sont jetés à l’air libre. Cependant, dans 18% des fermes, les cadavres des poulets sont consommés par les animaliers (Tableau VIII). Tableau VIII: Gestion des cadavres dans les fermes enquêtées Gestion des
Jetés dans la
cadavres
nature
Pourcentage (%)
30
Consommation
Enfouissement
18
52
60
2.2.3.7
Gestion et qualité de la litière
Le copeau de bois est utilisé comme litière dans toutes les fermes enquêtées. Cette litière est abondante, sèche, souple ou absorbante dans 57,5% des fermes. La fréquence du renouvellement de la litière est variable d’une ferme à une autre (Tableau IX). Tableau IX: Fréquence du renouvellement de la litière Fréquence du
1fois/mois
1fois/3mois
renouvellement de la
En fonction de l’état de la litière
litière Pourcentage (%)
62,5
22,5
15
Tous les fermiers stockent le fumier dans la ferme mais à différents endroits (45% des fermes le stockent à proximité des bâtiments avicoles contre 55% loin des poulaillers) La quasi-totalité des fermes investiguées vend ce fumier aux jardiniers, qui les utilisent comme fertilisant après compostage. 2.2.3.8
Vide sanitaire
La durée du vide sanitaire réglementaire d’au moins 15 jours est respectée dans 60% des fermes (Figure 29), mais 40% d’entre elles font un vide sanitaire de plus d’un mois.
Figure 29: Poulailler nettoyé, désinfecter et mis en vide sanitaire
61
2.2.3.9
Nettoyage et désinfection
Dans les élevages enquêtés, les abreuvoirs sont tous en plastique (Figures 30) alors que les mangeoires sont majoritairement (68%) en bois, 27% en plastique (siphoïde) et 5 % en fer (Figure 31).
(a)
(b)
(c)
Figure 30: Différents types d’abreuvoirs utilisés dans les élevages enquêtés (a) Bidon de 25litres ; (b) Bassinet ; (c) Abreuvoir siphoïde
(a)
(b)
(c)
Figure 31: Différentes types de mangeoires utilisées dans les élevages enquêtés (a) mangeoire en bois ; (b) mangeoire siphoïde en plastique; (c) mangeoire en fer
L’enquête a révélé que 68% des fermes utilisent des mangeoires en bois, 27% des fermes utilisent des mangeoires en plastique contre 5% des fermes qui utilisent des mangeoires en fer. Le nettoyage des abreuvoirs est réalisé chaque jour dans la quasi-totalité des élevages enquêtés. Quant aux mangeoires, celles qui sont en plastique et en fer, sont nettoyées
62
à la fin de chaque bande mais les fermes qui utilisent les mangeoires en bois ne les nettoient pas. Le nettoyage des abreuvoirs et des mangeoires se fait dans 67,5% de ces élevages avec uniquement de l’eau; 7,5% utilisent de l’eau plus l’eau de javel et 25% utilisent de l’eau plus de la poudre de lessive. La fréquence de désinfection des abreuvoirs est résumée dans le Tableau X ci-dessous. Tableau X: Fréquence de désinfection du matériel et équipement Fréquence de désinfection du matériel et
Pourcentage (%)
équipement Chaque semaine
17,5
Chaque mois
32,5
Après chaque bande
50
Le nettoyage et la désinfection des bâtiments sont effectués après le départ des bandes dans toutes les fermes enquêtées. Les produits utilisés pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments sont par ordre d’importance : Chaux-vive (28%), Virunet® (28%), Eau de Javel (19%), TH4+® (14%), Virkon® (6%), D4+® (5%). Le tableau XI récapitule les désinfectants utilisés pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments. Tableau XI: Désinfectants utilisés pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments Produits
Virunet
Virunet
en
(Kg)
TH4+
D4+
Virkon
Eau de Chaux-
(Kg)
Javel
sachet Pourcentage 22
vive (sac)
6
14
5
6
19
28
(%)
2.2.4
Gestion sanitaire des fermes
Au cours de notre enquête, nous avons remarqué que, presque toutes les fermes sont suivies par un agent de santé animale dont 55% sont des Docteurs vétérinaires, 25% 63
sont ingénieurs, 15% sont des techniciens d’élevage et 5% des élèves fermiers (Tableau XII) Les différentes composantes du volet assainissement des mesures de biosécurité et leurs pourcentages sont résumés dans le Tableau XIII. Tableau XII: Différents types de conseillers avicoles dans les fermes Titre
Pourcentage
Docteur
Ingénieur
Technicien
Vétérinaire
d’élevage
d’élevage
55
25
15
Elève fermier
5
(%)
64
Tableau XIII: Récapitulatif des composantes du volet assainissement Assainissement
Pourcentage (%)
Rotoluve
12,5
Pédiluve fonctionnel
65
Entretien des abords du poulailler
25
Type d'eau
Forage
28
consommée
Puits
72
Analyse de cette eau
7,5
Traitement de cette eau par le dichlore
10
Chaque semaine
17,5
Chaque mois
32,5
Après chaque bande
50
Gestion des
Jeter
30
cadavres
Consommer
18
Enfouissement
52
Fréquence de nettoyage et désinfection du matériel
Gestion de la litière A proximité du poulailler Loin du poulailler
45 55
Vide sanitaire réglementaire d’au moins 15 jours
60
Dératisation
22,5
Prophylaxie médicale appliquée sous responsabilité
50
d’un vétérinaire
2.2.5
Information sur le niveau d’appréciation de biosécurité des basse-couriers
En matière de niveau d’appréciation de la biosécurité du gestionnaire, les résultats ont montré que sur les 40 fermes enquêtées, seules 3 soit 7,5% ont avoué connaître la notion de biosécurité dès qu’on les a interviewés, mais pour la majorité des
65
responsables techniques des fermes, c’est après explication du terme biosécurité, qu’ils ont déclaré connaître les pratiques de biosécurité mais pas le terme.
2.3 Analyse économique de la mise en place des mesures de biosécurité dans les fermes modernes L’analyse économique du coût de la mise en place des mesures de biosécurité va prendre en compte les fonds alloués aux différents volets de biosécurité, il s’agit notamment de l’isolement, du contrôle des mouvements et de l’assainissement. Pour ce fait, nous allons calculer les coûts totaux au niveau de chaque composante de biosécurité suivi de leurs coûts moyens. 2.3.1 Coûts du volet isolement Les coûts moyens et totaux du volet isolement ont été en tenant compte de ses différents paramètres à savoir : la clôture, le magasin et le poulailler. Au cours de notre enquête le coût total des poulaillers (CTP), des fermes enquêtées s’élève à 16 320 000 FCFA. Quant au coût du magasin des fermes enquêtées, les résultats ont montré que seuls 70% des fermes possèdent des magasins. Les autres fermes n’ont que des salles ou des hangars où ils stockent les aliments et les matériels de la ferme. Après calcul, le coût total des magasins (CTM) des fermes enquêtées est évalué à 2.800.000 FCFA. Nous avons constaté que 33 fermes ont clôturé leurs exploitations. Quand nous avons calculé, le coût total des frais de clôture (CTC) s’élève à 31 150 000 FCFA. Après ces calculs préalablement effectués, nous pouvons donc, calculer librement le coût total et le coût moyen alloués au volet isolement de la biosécurité. Coût total du volet isolement de biosécurité (CTI) CTI= (16320000 +2800000 +31150000) FCFA CTI=50 270 000 FCFA
66
Coût moyen du volet isolement de la biosécurité (CMI) CMI= (16320000 +2800000 +31150000) FCFA / 40 CMI = 1 256 750 FCFA 2.3.2 Coût du contrôle des mouvements Nous allons calculer le coût du contrôle des mouvements en prenant en compte les frais : -
Panneau d’interdiction d’accès à la ferme à toute personne étrangère ;
-
Tenue et chaussure (Paire de bottes) de travail des ouvriers ;
-
Tenue pour les visiteurs et un cahier de registre pour les visiteurs.
Malheureusement au cours de cette enquête, nous avons remarqué qu’aucune ferme ne dispose ni d’un panneau d’interdiction ni de tenue pour les visiteurs, encore moins un cahier pour enregistrer les visiteurs. Quant aux ouvriers, ils n’ont pas de tenue ni chaussure de travail, ils utilisent leurs vieux habits et chaussures de ville.
2.3.3 Coût du volet assainissement de la biosécurité Les coûts moyens et totaux du volet assainissement ont été évalués en calculant le coût des différents produits utilisés pour le nettoyage et la désinfection. 2.3.3.1 Coût affecté au nettoyage des abreuvoirs et mangeoires Le nettoyage des matériels, concerne surtout les abreuvoirs. Les mangeoires siphoïdes en plastique ou en fer sont lavées avec de l’eau ou en additionnant d’eau de javel ou la poudre
de
lessive
(Détergent)
à
la
fin
de
chaque
bande.
Les coûts moyens et totaux des produits utilisés pour nettoyer les abreuvoirs et les mangeoires pendant un mois s’élèvent respectivement à 413 FCFA et 16 500 FCFA. 2.3.3.2 Coût affecté aux désinfectants utilisés pour le pédiluve Les désinfectants utilisés pour la solution du pédiluve dans les fermes enquêtées sont nombreux et variés.
67
Les coûts moyens et totaux des désinfectants utilisés pour le pédiluve pendant un mois s’élèvent respectivement à 6 419 FCFA et 256 750 FCFA. Le tableau
XIV, ci-dessous présente les différents désinfectants utilisés dans les
fermes investiguées, les quantités utilisées, leur prix unitaire et les coûts totaux. Tableau XIV: Coût total des désinfectants utilisés pour le pédiluve
4
Désinfectants
5
utilisés
Quantité
6
utilisée/mois
Prix
7
Valeur
unitaire
totale
(FCFA)
(FCFA)
TH4+
10
5 500
55 000
D4+
7
6 500
45 500
Virunet
4
18 250
73 000
Virkon
5
15 250
76 250
Eau de Javel
5
800
4 000
Grésyl
2
1 500
3000
Coût total Coût moyen
25 6750 6 419
2.3.3.3 Coût affecté aux désinfectants utilisés pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments Divers désinfectants sont aussi utilisés pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments. Les coûts moyens et totaux des solutions désinfectantes utilisées par mois pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments s’élèvent respectivement à 169 500 FCFA et 4 238 FCFA. Le tableau XV, ci-dessous présente les différents désinfectants utilisés dans les fermes investiguées, les quantités utilisées, leur prix unitaire et les coûts totaux.
68
Tableau XV: Coûts détaillés des désinfectants utilisés pour le nettoyage des bâtiments Désinfectants
Quantité
Prix unitaire
Valeur totale
utilisés
utilisée/mois
(FCFA)
(FCFA)
Eau de Javel
7
800
5600
8
800
6400
Chaux-vive (Sac)
10
5000
50000
D4+ (litre)
2
6500
13000
TH4+ (litre)
5
5500
27500
Virkon (Kg)
5
15250
30500
Virunet (Kg)
2
18250
36500
(litre) Virunet en sachet (Poudre)
Coût total
169 500
Coût moyen
4238
Coût total du volet assainissement (CTA) CTA= (256750 + 169500 + 16500) FCFA CTA= 442 750 FCFA Le coût total du volet assainissement (CTA), par mois s’élève à 442 750 FCFA Coût moyen du volet assainissement (CMA) CMA= 442 750 FCFA / 40 CMA = 11 069 FCFA Coût total des mesures de biosécurité (CTB) CTB= (50 270 000 + 442 750) FCFA CTB= 50 712 750 FCFA 69
Le coût total des mesures de biosécurité dans les fermes enquêtées s'élève à 50 712 750 FCFA. Coût moyen des mesures de biosécurité (CMB) CMB = (50 712 750 / 40) FCFA CMB = 1 267 819 FCFA Le coût moyen des mesures de biosécurité dans les fermes enquêtées s’élève 1 267 819 FCFA. Le tableau XVI ci-dessous, récapitule les pourcentages, les coûts moyens et totaux des différentes composantes des mesures de la biosécurité. Tableau XVI: Différentes proportions des composantes de la biosécurité Composante
Coût moyen (FCFA)
Coût total (FCFA)
Pourcentage (%)
Isolement
1 256 750
50 270 000
99
Assainissement
11069
442 750
1
Contrôle du
0
0
0
1 267819
50712750
100
Mouvement Total
70
CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
3.1 Discussion Elle portera sur la méthodologie, les données collectées sur la pratique et l’analyse économique des mesures de biosécurité. 3.1.1 Choix de la zone d’étude Le choix de la zone d’étude a porté sur le Sud du Bénin qui constitue la zone où l’aviculture moderne est bien développée. C’est donc dans cette zone qu’on note une forte concentration de fermes avicoles, des accouveurs, les industries de fabrications d’aliment, les importateurs de médicaments et d’intrants vétérinaires. Cette zone d’étude a été utilisée par SODJINOU et ABOH (2007) pour analyser la viabilité des élevages avicoles modernes et semi-modernes du Sud-Bénin. 3.1.2 Choix des élevages cibles Notre choix a porté sur des élevages de diverses spéculations (chair, ponte, mixte,) avec une prédominance des élevages de pondeuses, principale spéculation en aviculture moderne au Bénin. 3.1.3 Méthode de l’enquête La méthodologie du travail utilisée, s’est inspirée des travaux précédemment réalisés par (SORO, 2011). L’administration des questionnaires s’est basée sur la méthode classique ou interview du promoteur et des animaliers. Notre interview était orientée sur l’aspect sociologique, technique et économique des paramètres essentiels des mesures de biosécurité dans les élevages. Ce qui nous a permis d’apprécier les pratiques de biosécurité et de faire une analyse économique de ces pratiques de biosécurité dans les élevages avicoles modernes au Sud-Bénin. Cependant, l’étude s’est déroulée avec de nombreuses contraintes parmi lesquelles on peut citer : o La réticence des propriétaires enquêtés à accepter de nous recevoir dans leurs fermes : En effet, nombreux sont ces propriétaires qui nous ont empêchés 71
d’enquêter leur fermes sous prétexte que nous sommes de la police sanitaire, ou appartenons à une ferme voisine susceptible d’utiliser leurs méthodes pour les concurrencer ; o les recherches se sont effectuées pendant la saison pluvieuse, et les fortes pluies ont rendu nos déplacements difficiles car les voies n’étaient pas praticables ; o la réticence des fermiers à répondre à certaines questions d’ordre financier. 3.2 Résultats 3.2.1 Typologie des élevages 3.2.1.1 Différentes catégories d’aviculteurs Les aviculteurs rencontrés sont pour la plupart des hommes 85% contre 15% des femmes et sont âgés d’au moins 47,5 ans tout sexe confondu. Ces résultats sont en accord avec ceux observés par BITTY (2013) en Côte d’Ivoire et ceux publiés par la FAO (2008b) stipulant que peu de femmes sont impliquées, elles sont propriétaires de fermes avicoles avec des effectifs compris entre 200 et 7000 pondeuses (OUANDAOGO, 1997b). Notre étude a également montré que tous les aviculteurs interviewés sont instruits car 38% sont des universitaires. En effet, 80% de ces aviculteurs sont des fonctionnaires en activité ou à la retraite. Ces salariés auraient donc le souci d’accroître leurs revenus en se lançant dans l’aviculture moderne. D’ailleurs, comme l’indique M’BARI (2000), l’aviculture peut être perçue comme un moyen efficace pour diversifier les revenus. 3.2.1.2 Caractéristiques des fermes En République du Bénin, l’aviculture moderne est dominée par l’élevage de poules pondeuses, cela est confirmé par notre étude car 90% des fermes enquêtées étaient toutes de type ponte contre 7% des élevages de coquelets. Notre résultat est semblable à celui trouvé par DOSSO (2014) en Côte d’Ivoire. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’en République du Bénin, les importateurs des poulets congelés ont conquis tout le marché du poulet de chair, par conséquent les aviculteurs préfèrent se rabattre à la production des œufs de consommation.
72
Contrairement au Sénégal où la Hy-Line souche est la plus utilisée, en République du Bénin la souche Isa Brown est incontournable, c’est la plus exploitée par des élevages de pondeuses, ce résultat est conforme à celui de la FAO ( 2008b). Cela s’explique par les habitudes alimentaires (œufs roux ressemblant aux œufs de pintade) et les poules reformées sont bien valorisées et vendues entre 1500 à 1800 FCFA (FAO, 2008b). La classification en termes d’effectif révèle que les fermes comptent en moyenne 3645 sujets, avec un minimum de 300 sujets et un maximum de 39 807 sujets. La majorité des fermes (33%) ont un effectif inférieur ou égal à 500 sujets. Nos résultats sont inférieur à ceux obtenus par ZERBO (2014) au Burkina Faso qui stipule que plus de la moitié (56,25%) des élevages enquêtés ont un effectif compris entre 1000 à 5 000 sujets. Cela se justifie par le fait qu’en République du Bénin, 75% des aviculteurs interviewés ont une durée d’existence de moins de 5ans en aviculture moderne, or la plupart de ces aviculteurs débute toujours par un effectif de moins de 500 sujets. Quant à la typologie des élevages en fonction du système de production, notre étude a révélé que la majorité (95%) de fermes avicoles modernes appartient au secteur 3, 5% au secteur 2, le secteur 1 n’est pas encore rencontré. 3.2.2 Evaluation du programme de biosécurité mise en place 3.2.2.1 Isolement 3.2.2.1.1 Clôture Lors de notre étude, nous avons constaté que la clôture en mur et un portail étaient présents dans 82,5% des fermes enquêtées. La présence de clôture et de portail constituent la première barrière de protection des exploitations avicoles, car ils constituent une protection contre les risques majeurs de pénétration des volailles en divagation qui sont présentes dans l’environnement immédiat des exploitations avicoles et souvent porteuses de maladies telles que la maladie de Newcastle endémique dans les élevages villageois. Ils protègent aussi contre la pénétration des chiens errants qui peuvent transporter des cadavres de volailles infectées d’exploitation
73
en exploitation. Nos résultats révèlent un niveau satisfaisant par rapport à ce critère d’isolement. 3.2.2.1.2 Localisation des fermes Les fermes investiguées sont d’accès facile. Cela présente des avantages et des inconvénients. En effet, 62% des fermes sont en contact direct avec des habitations, 25 % des fermes sont séparées d’autres fermes par une distance d’au moins 500 mètres et 13%
des fermes sont en contact direct. Nos résultats sont nettement
supérieurs à ceux décrits par N’GUESSAN (2009) en Côte d’Ivoire ; GUEYE (2008) et KABORET(2007b). La proximité des élevages aux routes facilite le transport par les camions des intrants avicoles et des œufs pendant la saison pluvieuse. Par contre, la proximité des élevages des zones habitées constitue un facteur de risque sanitaire et d’émergence de certaines pathologies infectieuses. Ainsi, en cas d’apparition de certaines épizooties (IAHP), la pratique du bioconfinement qui consiste à empêcher la propagation du germe (contrôle du mouvement des différents acteurs) sera difficile à mettre en place. Il est préférable de conseiller aux aviculteurs d’installer les fermes loin des agglomérations, de respecter une certaine distance entre les fermes et les routes menant à des marchés de volaille (KAMBOULIGOU, 2015). 3.2.2.1.3 Poulailler Notre étude a révélé que la plupart des bâtiments sont des bâtiments ouverts (87,5%). Les normes de construction, à savoir l’orientation du bâtiment (par rapport au vent dominant ou au soleil) et la taille des auvents (comprise entre 0,9 et 1 mètre) sont des critères à prendre en compte dans la construction d’un bâtiment car cela permet de créer un environnement propice à l’élevage. Il est souvent recommandé d’orienter l’axe du bâtiment en Est-Ouest pour limiter la pénétration des rayons du soleil dans le bâtiment, car l’ensoleillement excessif entraîne le picage et le cannibalisme (DAYON & ARBELOT, 1997). Nos observations sont en accord avec celles de SORO (2011) qui a travaillé sur les mesures de biosécurité dans les fermes avicoles du secteur 3 (FAO) au Sénégal. A propos de la distance entre bâtiments dans une même ferme, nous avons constaté que les fermes ayant plus d’un bâtiment, ne respectent pas la distance minimale 74
requise (20m), car la distance moyenne entre les bâtiments est de 8,09 m. Cette observation est proche de 8,7 m obtenus par BITTY (2013) dans les exploitations avicoles en Côte d’Ivoire. Cet état de fait pourrait se justifier par l’ignorance de cette norme ou la négligence des éleveurs qui voulant gagner plus, construisent de nombreux bâtiments sur un petit site. Par conséquent, en cas d’apparition de maladie, elle peut facilement se disséminer d’un bâtiment à un autre. Le non-respect de ce principe serait à l’origine de problèmes sanitaires, de mortalité et de baisse de performances
zootechniques
des
animaux
(KABORET,
2007b).
Tous les fermiers enquêtés ferment la porte de leur poulailler à clé. Nos résultats sont en accord avec ceux décrits par KABORET (2007b), qui souligne l’importance de garder les portes des poulaillers bien fermées afin d’éviter l’intrusion de germes dans le bâtiment d’élevage. Par contre, la mise en place d’un grillage de protection contre les oiseaux sauvages est bien connue de tous les éleveurs, même si peu d’entre eux ne mettent pas de grillage au niveau de lanterneau et de l’auvent. La protection des volailles domestiques contre les oiseaux sauvages est un élément important de la biosécurité, tous les bâtiments d’élevage doivent être entretenus de manière à ce que les oiseaux sauvages et d’autres nuisibles ne puissent s’y introduire, surtout face à l’avènement de la grippe aviaire (DE, 2010). Dans toutes les fermes enquêtées, la toiture des bâtiments d’élevage est en tôle, or l’utilisation de la tôle amplifie les coups de chaleur dans les milieux tropicaux, la tuile reste le matériau mieux indiqué mais reste chère. L’évacuation des eaux de nettoyage loin des voies d’accès et des abords des bâtiments évite la réintroduction des germes dans les bâtiments, mais ceci n’est respecté que dans 12,5% des élevages. Nos résultats montrent que près de la moitié des fermes investiguées possèdent des poulaillers qui ont des sols cimentés et la paroi de leur mur interne lisse, ce qui constitue un point fort de la biosécurité car cela facilite les opérations de nettoyage et de désinfection.
75
3.2.2.1.4 Garage pour les véhicules Les résultats de nos investigations révèlent que les voitures qui arrivent dans les fermes stationnent à proximité des poulaillers. Cette pratique est à proscrire car non seulement le bruit de ces voitures stresse les poulets, mais aussi ces voitures sont sources d’introduction de germes dans les fermes car ces dernières ne disposent pas toutes de rotoluve. 3.2.2.1.5 Autres espèces présentes dans les fermes enquêtées Au cours de notre travail nous avons constaté la présence d’autres espèces (aviaire, ruminants, chats, Chiens) dans plus de la moitié (55%) des fermes enquêtées. Cela va à l’encontre du premier principe de la biosécurité (l’isolement) qui stipule qu’il ne s’agit pas de séparer seulement différentes espèces, mais de tenir éloigner les animaux susceptibles d’être contaminés de ceux qui ne le sont pas (FAO, 2008c). C’est d’ailleurs, ce que la FAO (2008a) déconseille aux aviculteurs, ne pas élever plusieurs espèces animales, sur un même site. , aussi, l’idéal serait de ne pas élever sur un même site des espèces aviaires différentes. En effet, une espèce peut être une source de maladie pour les autres. Par exemple, les canards peuvent être infectés par l’IAHP H5N1 sans montrer de symptôme de la maladie CHERRY (2007), puis transmettre le virus à d’autres espèces. C’est pourquoi ce mélange d’espèces crée un environnement favorable à l’émergence de différentes pathologies (ALLOUI et al., 2003). 3.2.2.2 Contrôle des mouvements 3.2.2.2.1 Gestion des bâtiments Il a été constaté au niveau des fermes enquêtées que même si chaque ouvrier est assigné à un bâtiment précis, celui-ci suit plusieurs bandes de différents âges car le bâtiment est souvent compartimenté en plusieurs blocs. De plus, le principe de la marche en avant n’est appliqué dans aucune des fermes. Le changement de chaussures et de vêtements avant et après toute intervention dans le bâtiment n’est pas appliqué dans 62,5% des fermes investiguées. (Cela entraîne l’introduction des germes dans les exploitations avicoles. Les tenues et chaussures de travail des animaliers sont sales dans 87,5% des élevages enquêtés et ne sont pas réservées uniquement pour l’accès au poulailler. Elles sont utilisées pour toutes les activités au niveau de la ferme. Ces 76
vêtements, chaussures, et les mains souillées peuvent constituer des vecteurs mécaniques, abriter ainsi des germes pathogènes et servir de véhicule de transfert de maladies dans les exploitations. 3.2.2.2.2 Gestion des visiteurs L’absence de contrôle des visiteurs et de cahier d’enregistrement a été notée dans toutes les exploitations enquêtées. Ces visiteurs constituent les vecteurs les plus importants d’introduction de pathologies dans les exploitations (DE, 2010). En cas d’apparition d’une pathologie sur la ferme, le registre permettra de rechercher la source éventuelle de l’infection ou en cas de vol. Aussi, l’absence de panneau d’interdiction d’entrée dans toutes les fermes constitue une insuffisance en matière de biosécurité, mais malgré l’inexistence du panneau d’interdiction dans les fermes, l'accès est interdit aux personnes 3.2.2.2.3 Gestion des aliments Près de la moitié des fermes investiguées stockent leurs aliments dans des endroits mal entretenus. Or, d’après RACICOT et VAILLANCOURT (1992) l’entreposage de la nourriture est aussi une mesure importante de biosécurité. Un entreposage inadéquat (exposition à la vermine et à d'autres contaminants) a d’ailleurs été identifié comme facteur de risque lors d’une épidémie de maladie de Newcastle. De même, un bon entreposage des aliments sur les palettes, par exemple, permet d’éviter le développement des champignons dans les aliments et aussi de réduire la prolifération des rongeurs dans l’exploitation. Une autre pratique contraire aux bonnes pratiques de biosécurité, qu’il faut proscrire aux fermiers est la réutilisation des aliments. 3.2.2.2.4 Gestion des matériels La majorité (65%) des fermes affecte de façon spécifique à chaque bâtiment les matériels de travail, cela constitue une bonne pratique des mesures de biosécurité, car l’utilisation des matériels (vecteur mécanique) d’un bâtiment à un autre, constitue un moyen pour véhiculer les germes et les dissimuler dans l’élevage.
77
3.2.2.2.5 Registre de consignation des données Toutes les exploitations avicoles enquêtées possèdent un registre de consignation des données d’élevage contre seulement 8% obtenus par DOSSO (2014) en Côte d’Ivoire. Cette différence peut être due au fait que tous les promoteurs des fermes du Sud-Bénin sont instruits et pour avoir une idée de la gestion des fermes, il faut nécessairement un registre d’élevage tenu par l’ouvrier. Ce registre permet d’établir la confiance entre l’employeur et l’employé car la confiance n’exclut pas le contrôle, c’est d’ailleurs lui qui renforce la confiance. En effet, la réglementation rend obligatoire la tenue du registre d’élevage qui constitue à la fois un instrument de contrôle et de traçabilité de ce qui se fait dans l’élevage (LEFEUVRE, 2003). 3.2.2.3 Assainissement 3.2.2.3.1 Rotoluve L’absence de désinfection des véhicules par utilisation de rotoluve a été observée dans 87,5% des élevages enquêtés, cela signifie qu’à chaque fois que les véhicules arrivent dans les exploitations ils laissent des germes au cours de leur passage. Ce taux élevé d’absence de mécanisme de désinfection (rotoluve), à l’entrée des fermes constitue un véritable manquement aux mesures de biosécurité. 3.2.2.3.2 Pédiluves pour les poulaillers La mise en place des pédiluves aux normes et fonctionnels placés à l’entrée des poulaillers est bien connue dans 65% des élevages enquêtés. Parmi la gamme des nombreux désinfectants qui existent et qui peuvent être utilisés pour constituer la solution du pédiluve, nous avons constaté que la majorité des fermes n’utilisent que le TH4+® qui possède des propriétés bactéricide, fongicide, et virucide. La fréquence de renouvellement des solutions du pédiluve est variable, mais la majorité (35%), des fermes changent la solution du pédiluve une fois par semaine, l'idéal serait de renouveler les solutions du pédiluve au moins deux fois par semaine. Les pédiluves lorsqu’ils sont placés à l’entrée d’un poulailler, permettent de prévenir l’introduction de germes dans ce poulailler. Les exploitations qui possèdent des pédiluves non fonctionnels et mal entretenus courent des risques majeurs. En effet, les pédiluves non fonctionnels et mal entretenus constituent des « bouillons » de culture et contribuent à 78
contaminer et entretenir la contamination des bâtiments par la plupart des virus et bactéries. La mauvaise disposition des pédiluves, ne permet pas une désinfection systématique des chaussures des personnes entrant dans le bâtiment ajoutée à l’utilisation des désinfectants non-conformes comme le crésyl qui n’est pas virucide, ne permet pas une désinfection effective des chaussures (DE, 2010). 3.2.2.3.3 Hygiène générale Les résultats de nos investigations révèlent que les abords des poulaillers sont mal entretenus dans 75% des élevages. Ce manque d’hygiène est à la base de la persistance de plusieurs pathologies dans l’exploitation, associé à la prolifération des rongeurs et insectes vecteurs mécaniques de plusieurs germes tels que les salmonelles (DE, 2010). Un autre constat important à souligner est la présence de poussière sur les grillages des poulaillers, or la poussière par l’intermédiaire du vent entraine la dissémination de certaines maladies respiratoires, surtout chez les volailles. 3.2.2.3.4 Qualité de l’eau de boisson L’eau utilisée par les fermes pour abreuver les oiseaux et administrer les médicaments notamment les antibiotiques provient à 100% des puits et forages. Le même constat a été fait par DOSSO (2014) en Côte d’Ivoire. Selon FULBERT et ALEXANDRE (2008), l’eau approvisionnant les exploitations est majoritairement d'origine privée (puits, forage), d'autant plus que les quantités consommées sont importantes et que le prix du m3 du réseau public est élevé. L’analyse de l’eau (potabilité, bactériologique, chimique) n’est effectuée que dans 7,5% des fermes enquêtées. Ce pourcentage faible, apparait satisfaisant face aux constats d’autres enquêtes où aucune analyse de l’eau n’est effectuée dans les fermes avicoles dans l’Ouest du Cameroun (KHALEN WOUEMBE, 2013). Selon FULBERT et ALEXANDRE (2008), une eau de mauvaise qualité bactériologique peut engendrer des troubles digestifs avec une dégradation de la litière alors il est conseillé de faire au moins une analyse de routine par an, car la qualité de l’eau est le premier facteur de réussite de la gestion sanitaire d’un élevage. Ignorant la qualité microbiologique de l’eau de boisson, 10% des fermes enquêtées traitent cette eau, en introduisant une pastille de chlore dans 250 litres d’eau. Les 79
éleveurs affirment que ce traitement est rapide, peu coûteux et relativement simple à mettre en œuvre. Ce même constat a été fait par FULBERT et ALEXANDRE, (2008), qui confirme que la chloration est la solution la plus fréquemment rencontrée dans les élevages. Elle reste la plus économique, efficace si elle est maîtrisée, simple à contrôler et à entretenir, mais n'a pas toujours bonne presse (goût, odeur, etc.). Par contre, les indications de concentration manquent parfois de fiabilité car la dose de chlore n’est pas toujours facile à déterminer. En effet, la chloration des eaux peut créer des sous-produits (composants organo-chlorés) jugés nocifs sur le plan sanitaire. 3.2.2.3.5 Mise en place de plan de dératisation Dans 22% des élevages enquêtés, les éleveurs affirment pratiquer la dératisation. Ce faible taux de lutte contre les nuisibles est à la base des souillures d’aliments citées par les fermiers. Aussi, la persistance des rongeurs dans les exploitations constitue une porte d’entrée de plusieurs germes. Une autre raison non souvent mentionnée, mais importante à souligner, est liée au fait que les aviculteurs ne trouvent pas important d’utiliser les raticides car ils ont peur que les rats viennent mourir dans le poulailler et contaminer les volailles. Sur ce plan, les mesures adoptées par ces fermiers ne sont pas en faveur de la biosécurité. 3.2.2.3.6 Gestion des cadavres Il a été constaté que toutes les fermes disposent d’un registre de mortalité. Le ramassage des cadavres se fait à tout moment dans les élevages. Cette pratique améliore l’hygiène dans les bâtiments car il arrive souvent que les animaux vivants dévorent ceux qui sont morts et contractent la maladie de ces derniers. Même si la majorité des élevages les éliminent par enfouissement les cadavres, il faut noter quand même que dans 30% des fermes, ils sont jetés à l’air libre et parfois à proximité des bâtiments. En effet, l’élimination à l’air libre est une source de dissémination des germes pathogènes avec l’aide des oiseaux sauvages et des chiens. Cette dernière pratique est mauvaise et est à déconseiller si on veut appliquer la biosécurité. Ce constat a été fait, au Sénégal, par OULON (2010) avec un pourcentage plus élevé (44%).
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Enfin, dans 18 % des fermes, les cadavres des poulets sont consommés par les bassecouriers. La consommation des cadavres des poulets par l’homme augmenterait le risque d’exposition de celui-ci à certaines maladies zoonotiques telles que l’Influenza aviaire. La pauvreté, l’amour de la facilité et l’ignorance des maladies zoonotiques pourraient justifier cette consommation humaine des cadavres des poulets. Nos résultats sont supérieurs au 11,8% obtenus par DAOUDA (2014) au Sud du Bénin mais par contre inférieurs au 34% obtenus par DOSSO (2014) en Côte d’Ivoire. 2.3.3.43.2.2.3.7 Gestion et qualité de la litière Plus de la moitié (57,5%) des fermes investiguées ont une litière abondante, souple, absorbante et sèche par constat visuel. Toutefois, dans la majorité des fermes, cette litière est sale et renouvelée une fois tous les trois mois. En effet, une litière propre et sèche joue un grand rôle dans le confort des animaux mais également dans la réduction du microbisme dans l’environnement des fermes. Par contre, une litière sale constitue d’une part une source de prolifération des microorganismes (coccidies, aspergillus) et d’autre part, elle constitue le témoin d’un manque de l’hygiène dans les élevages. A cela vient s’ajouter le mauvais stockage du fumier qui se fait, soit à proximité des poulaillers ou dans les exploitations, ce qui a pour conséquence d’attirer les oiseaux sauvages et d’entretenir la recontamination permanente de l’exploitation. 3.2.2.3.8 Vide sanitaire La durée du vide sanitaire de quinze jours est respectée dans 60% des fermes et celle de plus d’un mois dans 40% des fermes enquêtées. Ces prévalences obtenues sont nettement supérieures au 32,1% (vide sanitaire de 15 jours) mais par contre inférieur à 51,9% obtenu pour un vide sanitaire d’un mois (DAOUDA, 2014) au Bénin. Cet écart pourrait être dû au fait que la durée du vide sanitaire coïnciderait le plus souvent avec la période d’attente des poussins commandés auprès des couvoirs. En effet, avant le vide sanitaire, les bâtiments et le matériel doivent être nettoyés et désinfectés entre chaque bande, cela permet de réduire le niveau de contamination par des agents pathogènes. Associer au nettoyage et désinfection, le vide sanitaire, constitue l’un des principaux avantages du système « all in all out » car il a pour objectif l’élimination des agents pathogènes dans l’environnement ou milieu de vie des animaux ou tout au 81
moins la maîtrise et la réduction de la charge ou pression infectieuse au niveau le plus bas possible. D’une manière générale, il permet d’interrompre le cycle des microorganismes dans les locaux d’élevage. Tous les poulaillers, et même le site entier doivent être dépeuplés au même moment. 3.2.2.3.9 Nettoyage et désinfection Nos investigations ont montré que le nettoyage des abreuvoirs est journalier dans la quasi-totalité des fermes enquêtées. Cela est une bonne pratique salutaire car elle permet d’éviter la prolifération de certains germes dans l’abreuvoir pouvant contaminer l’eau d’abreuvement. Quant aux mangeoires, ce sont les mangeoires en plastique qui sont lavées à la fin de chaque bande, les mangeoires en bois et en fer ne sont pas lavées. A ce niveau nous avons souligné deux problèmes : Primo, cela traduit un véritable manque de l’hygiène en lavant uniquement les mangeoires en plastique aux dépens des mangeoires en bois et en fer. Secundo, ce choix offre des conditions favorables au développement des germes (champignons, salmonelles et coccidies), sources de plusieurs maladies dans les élevages. Dans les élevages enquêtés, le nettoyage et la désinfection des bâtiments sont effectués après chaque bande. En effet, sur ce plan, la nécessité de nettoyage et désinfection sont des notions généralement bien comprises par tous les éleveurs. Toutefois, il est recommandé une désinfection à l’aide d’un produit officiellement reconnu bactéricide et/ou virucide et /ou fongicide. Les principes actifs antimicrobiens (désinfectants) les plus courants sont : Chlore (halogènes chlorés), acide peracétique (oxydants), aldéhydes (glutaraldéhyde) et ammoniums quaternaires. Chacune de ces substances actives possède un spectre d'action différent (bactéricide, fongicide, virucide) et toutes ces propriétés étant difficiles à obtenir dans un seul désinfectant, il est conseillé d'alterner les différents désinfectants pour élargir le spectre d'action (bactéricide, fongicide, virucide). A cet effet plusieurs désinfectants qui remplissent ces propriétés sont utilisés par les éleveurs, par ordre croissant d’importance (28%),
pour effectuer cette tâche : Virunet®
Chaux-vive (28%), 19% Eau de Javel (halogènes chlorés), 14% TH4+® 82
(Ammonium quaternaire et glutaraldéhyde), 6% Virkon® (Ammonium quaternaire), 5% D4+® (Ammonium quaternaire et glutaraldéhyde). Si tous les fermiers investigués sont conscients de l’importance du nettoyage et de la désinfection, force est de constater que ces tâches sont peu codifiées et sont donc souvent mal réalisées (DE, 2010). 3.2.3 Information sur le niveau d’appréciation de biosécurité des bassecouriers Le faible niveau de connaissance de la notion de biosécurité par les fermiers serait dû en partie au manque de formation en biosécurité au cours de leur formation en aviculture d’une part et d’autre part au manque de structures de formation en biosécurité. 3.3 Analyse économique Les résultats de notre investigation révèlent que les coûts moyens et totaux du volet isolement de la biosécurité s’élèvent respectivement à 1 256 750 FCFA et 50 270 000 FCFA. En effet, le coût moyen représente le montant qu’un éleveur qui possède un effectif moyen de 2964 poulets doit dépenser pour mettre en place les mesures du volet isolement, selon les paramètres considérés par cette étude. Le montant moyen ainsi calculé, peut être utilisé par les éleveurs comme une valeur référence pour déterminer le coût moyen d’isolement de leur exploitation en fonction du nombre de poulets qu’ils disposent en faisant une règle de trois. Par contre, le coût total d’isolement représente le montant total dépensé par les quarante (40) fermes investiguées pour un effectif total de 145 862 poulets sur le plan d’isolement. Notre étude a montré que le coût du volet isolement est le plus élevé et occupe 99% des fonds alloués aux mesures de biosécurité par rapport aux deux autres volets. Nous pourrions justifier ça par le fait que le composant isolement prend en compte la clôture, les poulaillers et les magasins. Or, ces éléments constituent non seulement, le noyau d’une ferme aviaire moderne, mais présentent aussi l'avantage d'être un investissement à long terme. Le même constat a été fait par SORO (2011) au Sénégal. Nous avons constaté au cours
de notre investigation qu’aucune dépense n’est
effectuée par les fermes investiguées au niveau du composant contrôle des 83
mouvements. Cette situation pourrait s’expliquer par le fait que les fermes ne sont pas bien structurées. En effet, l’ignorance des promoteurs des fermes à mettre à disposition de leurs exploitations des tenues et registres pour les visiteurs, ou peut-être la recherche d’un grand profit les empêche de confectionner les habits de travail pour les ouvriers. Or, tous ces paramètres, lorsqu’ils sont réunis ne coûtent pratiquement rien dans les fonds alloués aux mesures de biosécurité. Cette remarque a été faite par SORO (2011) au Sénégal, mais par contre la direction d’élevage a trouvé que le contrôle des mouvements se fait très difficilement au Bénin (DE, 2010). Enfin, au niveau du volet assainissement, nos résultats montrent que les coûts moyens et totaux s’élèvent respectivement à 11 069 FCFA et 442 750 FCFA. En effet, le coût moyen du volet assainissement 11 069 FCFA représente le montant qu’un aviculteur de 2964 poulets doit dépenser pour assurer le nettoyage et la désinfection de son exploitation. A partir de cette somme tout aviculteur peut faire une estimation du montant a alloué pour assainir sa ferme en fonction du nombre de poulets qu’il souhaite élever, en faisant une règle de trois. Par contre, le coût total (442 750 FCFA) du composant assainissement fait 1% des fonds à allouer aux mesures de biosécurité. Ce résultat est nettement inférieur à 12,1% obtenus par (SORO, 2011) au Sénégal. Cet écart peut s’expliquer par la fluctuation du prix des désinfectants sur le marché. Ce pourcentage faible, parait satisfaisant, car les aviculteurs béninois investissent dans l’assainissement, volet très importants dans la réalisation des mesures de biosécurité.
84
7.1 RECOMMANDATIONS L’étude a montré que les principes de base de la biosécurité sont applicables tout au long de la filière. Le respect de ces principes assure aux volailles un bien-être et une pleine extériorisation de leur potentiel de production ; à l’éleveur, un meilleur rendement technico-économique de l’élevage et aux consommateurs une qualité sanitaire des produits avicoles. Au vu de ces résultats, des recommandations ont été formulées à l’endroit des autorités étatiques, aux vétérinaires et aux promoteurs des fermes. 7.1.1 A l’Etat Il faudra : Elaborer et mettre à disposition du public un guide d’évaluation des mesures de
-
biosécurité adaptées au contexte de l’élevage béninois ; organiser en collaboration avec l’UNAP-BENIN des journées de formation et
-
de sensibilisation des aviculteurs sur les bienfaits du respect des mesures de biosécurité sur la santé animale et sur la santé du public, et sur les risques liés au non-respect de ces mesures ; -
fixer les règles d’installation des élevages pour éviter leur promiscuité ;
-
interdire l’installation des fermes dans les habitations ;
-
faciliter l'accès des aviculteurs au crédit et aux intrants avicoles ;
-
encourager la professionnalisation de l’aviculture béninoise en faisant sa promotion.
7.1.2 Aux propriétaires des fermes et aux fermiers Il faudra : -
confectionner les tenues et octroyer des chaussures de travail aux ouvriers ;
-
confectionner les tenues pour les visiteurs et mettre en place un registre pour enregistrer les visiteurs ;
85
-
mettre en place des panneaux d’interdiction d’accès aux personnes étrangères ;
-
éviter d’élever plusieurs espèces aviaires dans la même ferme ;
-
stocker la litière usée plus loin du poulailler et des fermes ;
-
mettre des pédiluves à l’entrée de chaque poulailler et veuillez à ce qu’ils aient toujours de solution désinfectante ;
-
dératiser et désinsectiser les fermes ;
-
éviter la réutilisation des sacs d'aliments ;
-
installer des rotoluves pour le lavage et la désinfection des véhicules autorisés à rentrer dans la ferme ;
-
nettoyer et désinfecter les bâtiments avec des désinfectants adéquats virucides, bactéricides et fongicides ;
-
consulter un spécialiste avant d’installer une ferme ;
-
respecter les consignes des docteurs vétérinaires.
7.1.3 A l’Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin -
Instaurer la formation continue des animaliers en biosécurité ;
-
insister sur les bienfaits du respect des mesures de biosécurité lors des visites dans les fermes ;
-
aider les propriétaires des fermes en élaborant un plan type des mesures de biosécurité, en tenant compte des conditions socio-économiques des propriétaires d’une part, et d’autre part en prenant en compte le contexte d’élevage béninois.
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Conclusion L’aviculture moderne du Bénin se développe depuis quelques années pour répondre à une démographie citadine sans cesse croissante et à une demande en protéines d’origine animale en croissante augmentation. Classée deuxième derrière la production bovine, la filière avicole moderne s’est imposée comme une véritable activité génératrice de revenus. L’aviculture moderne est réalisée par plus de 355 éleveurs exploitants individuels et assure près de 11500 emplois directs et indirects. En dépit, des difficultés auxquelles elle est confrontée, elle génère un chiffre d’affaire de plus de 32 milliards de FCFA et sa contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) national est de 0,4%. En effet, ce secteur avicole moderne est réduit à la production des œufs de consommation car les importations abusives de viande de volaille de qualité « bas de gamme » hautement subventionnées ont vite éteint la filière poulet de chair. En dehors de cette concurrence déloyale, la filière avicole moderne est victime des pathologies majeures qui la frappent de plein fouet. L'avènement de l’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), apparu sous le type H5N1 en 2006, a eu un impact négatif sur la filière, poussant certains aviculteurs à abandonner leur activité. Bien que le Bénin soit, jusqu’à ce jour officiellement, épargnée par la grippe aviaire ou l’Influenza aviaire hautement pathogène, les facteurs de risque existent en raison de sa présence dans les pays limitrophes (Burkina Faso, Niger, Nigéria). La récente réapparition de cette épizootie au Niger, au Nigeria et au Burkina Faso, constitue une véritable menace pour l’aviculture béninoise, vue la promiscuité entre ces pays et le principe de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO. Les aviculteurs béninois doivent renforcer leurs mesures de biosécurité pour prévenir l’éventualité pour leurs fermes d’être contaminées par ce virus dont on connait la capacité de nuisance. C’est donc, pour répondre à ce besoin que cette étude a été initiée avec pour objectif général de faire l’état de lieux des pratiques de biosécurité suivi d’une analyse économique de ces pratiques mises en place dans les fermes modernes au Sud-Bénin. Du point de vue spécifique, cette étude vise à : 87
o faire la typologie des élevages avicoles modernes ; o évaluer les mesures de biosécurité appliquées dans les fermes ; o faire une analyse économique des pratiques de biosécurité mise en place dans les fermes enquêtées. En effet, l’étude a porté sur les fermes avicoles modernes dans la région des SudBénin départements de l’Atlantique, de l’Ouémé-Plateau au cours de la période allant du mois d’Août au mois de Novembre 2015. Le logiciel Sphinx Plus² version v.5.1.5.0 a servi à l’élaboration de la fiche d’enquête, la récolte des données et la détermination des moyennes. Le tableur Microsoft Office Excel 2013 a permis de réaliser les graphiques. Au total, 40 fermes ont été visitées dans 10 communes de ces 3 départements. Ainsi, 25 fermes ont été enquêtées dans le département de l’Atlantique, 10 dans le département de l’Ouémé et 5 dans le département du Plateau. D’une manière générale, le niveau de biosécurité dans l’ensemble de la filière avicole est faible. Au niveau du volet isolement, si 82,5% des exploitations avicoles sont clôturées, seulement 12,5% d’entre elles disposent de rotoluve et 65% de pédiluves fonctionnels, les mesures d’assainissement sont peu appliquées. En effet, d’une manière globale, l’hygiène générale, n’est pas bonne avec un stockage de l’aliment favorisant la prolifération des rongeurs. Par contre, la majorité des exploitants respecte la séparation des volailles d'âges différents, le retrait systématique des cadavres de volailles, la règle du tout plein tout vide, le recours à un personnel permanent, et utilise du copeau de bois comme litière. Même si, les procédures de nettoyage et de désinfection sont respectées, il faut noter qu’elles sont souvent mal exécutées. Ce qui ne contribue pas à une bonne élimination des germes. L’hygiène du personnel ne constitue pas une priorité pour les fermes car aucune d'entre elles ne disposent d'installation (vestiaires, sas, robinets d’eau) nécessaire pour garantir leur propreté la et éviter la contamination. De plus, le contrôle des mouvements se fait très difficilement car aucune exploitation ne dispose d’un panneau d’interdiction d’accès, d’un registre visiteur ou ne met à la disposition des visiteurs de tenues de protection spécifiques à l’exploitation. 88
A l’issue de cette enquête, nous avons constaté que les principales contraintes à la mise en œuvre des mesures de biosécurité sont les blocages liés au statut précaire de l’emploi des ouvriers, l’absence d’information et de sensibilisation dans ce secteur. On s’est alors posé la question de savoir quel est le coût nécessaire pour la mise en place de la biosécurité dans les fermes avicoles modernes béninoises ? Après évaluation, le coût moyen des quelques mesures de biosécurité mise en place s’élève à 1 267 819 FCFA par ferme pour un effectif moyen de 2964 poulets. En effet, c’est le volet isolement qui est le plus dispendieux, soit 1 256 750 FCFA le coût moyen dépensé par les 40 fermes enquêtées. Il prend en compte la clôture, le poulailler et les magasins. La clôture et le poulailler sont les postes qui exigent beaucoup de dépenses. Bien que le coût moyen du volet isolement soit le plus élevé, sa mise en place est un investissement à long terme. Quant au contrôle des mouvements, l’accent a été mis sur les tenues de protection, le registre des visites et le panneau d’interdiction d’accès. Mais nous avons, constaté qu’il n’y a pas eu d’investissement réalisé dans ce volet. Enfin au niveau du volet assainissement, le calcul du coût moyen (11069 FCFA) a pris en compte le montant des différents désinfectants, des détergents utilisés pour assurer le nettoyage et la désinfection des fermes, un coût moyen évalué à 11069 FCFA par ferme. Il ressort de cette étude que la biosécurité est l’un des moyens les moins coûteux et plus que jamais un investissement rentable. Il s’agit avant tout de bonnes pratiques d’élevage, elle relève du bon sens. Le défi est d’en convaincre chaque personne associée à la production avicole. Les recommandations ont été formulées aux autorités étatiques, à l'UNAP-Bénin, aux propriétaires des fermes allant dans le sens de la mise en place des mesures biosécurité dans les fermes aviaires au Bénin.
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d'activités
de
l'exercice
2013.
[En
ligne],
accès
internet :
http://www.unapbenin.org/index.php/rapports-d-activites/18-rapport-d-activites-de-lexercice-2013. (Page Consultée le 20/ 10/ 15). 3. BENIN. UNAP (Union Nationale des Aviculteurs 47Professionnels), 2014. Informations liées aux acteurs de la filière. [En ligne], accès internet : http://www.unapbenin.org/index.php/informations-et-statistiques/9-physionomieactuelle-de-la-filiere-avicole-moderne. ( Page consultée le 02 /11/ 15). 4. BENIN. UNAP (Union Nationale des Aviculteurs Professionnels), 2014. Présentation de l’Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin. [En ligne], accès internet: http://www.unapbenin.org/index.php/l-unap-benin. (Page consultée le 30/ 10 /15). 5. France. Groupement de défense sanitaire du Rhône-Alpes (GDS), 2008. [En ligne], accès internet : http://www.gds74.asso.fr/Web/gds.nsf/8cb279f7ace047aac1256c0f004cf0d5/eb8e3ad4 52aee081c1256d3d002dd890. (Page Consultée le 20/ 01 /17) 6. PADAP., 2003. Rapport du Diagnostic des territoires d’Abomey-Bohicon Bénin. [En ligne], accès internet : https://www.researchgate.net/profile/Anne_Floquet/publication/259999445_Rapport_d u_Diagnostic_des_territoires_AbomeyBohicon_Benin/links/5764193208ae1658e2edde1f.pdf?inViewer=0&pdfJsDownload= 0&origin=publication_detail. (Page consultée le 20/08/15).
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ANNEXES Annexe 1 : Analyse économique du coût des mesures de biosécurité
Elle va permettre de calculer les coûts moyens et totaux alloués aux différents volets de la biosécurité. Le calcul ainsi effectué, va permettre de savoir le coût minimum nécessaire pour la mise en œuvre des mesures de biosécurité en fonction des paramètres considérés. Coût total du volet isolement de biosécurité (CTI) Le coût total du volet isolement exprimé en FCFA est égal à la somme les coûts totaux des poulaillers, des magasins et des clôtures des exploitations investiguées.
CTI= CTP + CTM + CTC CTP : coût total des poulaillers CTM : coût total des magasins CTC : coût total des clôtures Coût moyen du volet isolement de la biosécurité (CMI) Le coût moyen du volet isolement a été calculé en divisant le coût total du volet isolement par le nombre total des fermes investiguées. Soit CMI le coût moyen de l’isolement exprimé en FCFA
CMI= (CTP + CTM + CTC) / 40
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Coût total du volet assainissement (CTA) Nous avons calculé le montant global des activités de l’assainissement en faisant la somme totale des coûts de différents produits utilisés pour le pédiluve, le nettoyage et la désinfection des bâtiments et du matériel avicole. Soit CTA le coût total de l’assainissement exprimé en FCFA
CTA= CDP+CDB+ CDM CDP : Coût total des désinfectants utilisés pour la solution du pédiluve ; CDB : Coût total des désinfectants utilisés pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments ; CDM : Coût total des désinfectants utilisés pour le nettoyage et la désinfection du matériel avicole (mangeoires, abreuvoirs) ; Coût moyen du volet assainissement (CMA) Le coût moyen du volet assainissement exprimé en FCFA, a été calculé en faisant le rapport entre coût total du volet assainissement et le nombre total des fermes investiguées.
CMA = CTA / 40 CTA : Coût total du volet Assainissement Coût total des mesures de biosécurité (CTB) Le coût total des mesures de la biosécurité exprimé en FCFA a été calculé en additionnant les coûts totaux des volets assainissement et isolement de la biosécurité.
CTB = CTI + CTA 99
CTI : Coût total de l’isolement CTA : Coût total de l’assainissement
Annexe 2 : Questionnaire
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SERMENT DES VETERINAIRES DIPLOMES DE DAKAR
« Fidèlement attaché aux directives de Claude BOURGELAT, fondateur de l’Enseignement Vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes Maîtres et mes Aînés :
d’avoir en tous moments et en tous lieux le souci de la dignité et de l’honneur de la profession vétérinaire ; d’observer en toutes circonstances les principes de correction et de droiture fixés par le code de déontologie de mon pays ; de prouver par ma conduite, ma conviction, que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a, que dans celui que l’on peut faire ; de ne point mettre à trop haut prix le savoir que je dois à la générosité de ma patrie et à la sollicitude de tous ceux qui m’ont permis de réaliser ma vocation.
Que toute confiance me soit retirée s’il advient que je me parjure ».
LA BIOSECURITE EN AVICULTURE MODERNE AU SUD DU BENIN : PRATIQUE ET ANALYSE ECONOMIQUE
RESUME L’étude a porté sur les fermes avicoles modernes dans la région du Sud-Bénin plus précisément dans les départements de l’Atlantique, de l’Ouémé et du Plateau au cours de la période allant du mois d’août au mois de novembre 2015. Au total, 40 fermes ont été visitées dans 10 communes de ces 3 départements. Ainsi, des questionnaires ont été administrés dans 25 fermes dans le département de l’Atlantique, 10 dans le département de l’Ouémé et 5 dans le département du Plateau. D’une manière générale, le niveau de biosécurité dans l’ensemble de la filière avicole est faible. Au niveau du volet isolement, 82,5% exploitations avicoles sont clôturées, 12,5% disposent de rotoluve ou 65% de pédiluves fonctionnels. Par ailleurs, les conditions d'hygiène ne sont pas bonnes de manière générale, on note un mauvais stockage de l’aliment favorisant la prolifération des rongeurs. Par contre, la majorité des exploitations respectent la règle du tout plein tout vide et le retrait systématique des cadavres de volailles. Le contrôle des mouvements se fait très difficilement car aucune exploitation ne dispose d’un panneau d’interdiction d’accès, d’un registre des visiteurs ou ne met à la disposition des visiteurs de tenues de protection spécifiques à l’exploitation. L’analyse du coût des mesures de biosécurité, a montré que le volet isolement a le coût moyen le plus élevé (1 256 750 FCFA) ; suivi de l’assainissement (11 069 FCFA), par contre aucune dépense n’est effectuée au niveau du contrôle des mouvements. Il faut parler du cout moyen des dépenses de biosécurité Vue l'importance de la biosécurité en aviculture moderne, et face aux résultats obtenus, des recommandations ont été formulées à l’endroit des autorités étatiques, à l'UNAP-Bénin, aux aviculteurs allant dans le sens de la mise en œuvre effective des mesures de biosécurité. Mots clés : Assainissement - Biosécurité - Désinfection - Isolement-Nettoyage - Analyse économique- Bénin Auteur : ABDOULAYE Saliou Email: 314sab@gmail.com
Adresse : Quartier Zongo II Parakou (Bénin) Contact: +221 773936336 / +22996982848