Yameogo et al (Vol 3, N°3-4, 2005)

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Revue Africaine de Santé et de Productions Animales © 2005 E.I.S.M.V. de Dakar

A RTICLE ORIGINAL

Utilisation de l’ethnomédecine vétérinaire en aviculture traditionnelle au Burkina Faso N. YAMEOGO1*, H.H. TAMBOURA2, A.G BELEM3, A. TRAORE2 et O. NACOULIMA-OUEDRAOGO4 1 Laboratoire de Biochimie, Ecole Inter Etats des Sciences et Médecines Vétérinaire (EISMV), BP 5077 Dakar Fann, Sénégal. 2 INERA, Département Productions Animales, UER Biologie & Santé Animale -01 BP 476 Ouagadougou 01. 3 Université polytechnique de Bobo Dioulasso (UPB), Institut du Développement Rural (IDR), 01 BP 1091 Bobo01. 4 Université de Ouagadougou, Département de Biochimie et microbiologie, Laboratoire de Biochimie et de Chimie Appliquée

(LABIOCA), BP 7021 Ouagadougou 03.

* Correspondance et tirés à part , e-mail : nongasida@yahoo.fr

Résumé Une enquête a été réalisée sur les méthodes traditionnelles de traitement des maladies aviaires dans six provinces du Burkina Faso. Au total 1030 personnes ont été interrogées et 1256 citations de remèdes enregistrées. Parmi les syndromes décrits par les enquêtés, 12 pathologies ont été identifiées. Les plus citées sont la pseudopeste aviaire (maladie de Newcastle), la variole aviaire, les parasitoses et les gastro-entérites. 118 remèdes végétaux et 10 remèdes non végétaux ont été distingués. Les remèdes végétaux sont constitués par 77 espèces végétales appartenant à 35 familles différentes. Les plantes sont généralement utilisées comme des panacées, mais il a été retrouvé des spécificités de traitement avec certaines espèces végétales qui ne traitent qu’une seule pathologie. Cette étude confirme que la pharmacopée vétérinaire est la principale médication utilisée dans le traitement des pathologies aviaires en aviculture traditionnelle au Burkina Faso. (RASPA, 3 (3-4) : 182-188).

Mots-clés : Médecine traditionnelle - Pharmacopée - Pathologies aviaires - Aviculture traditionnelle - Burkina Faso Abstract Use of veterinary ethnomedecine in traditional poultry farming system in Burkina Faso FA survey on traditional healing of poultry diseases has been conducted in six Provinces of Burkina Faso. A total of 1030 healers have been interviewed and 1250 citations of remedies recorded. Twelve different pathologies have been identified through the symptoms described. The most cited diseases were the Newcastle disease, the Fowl pox disease, the parasitism and the gastro-enteritis. 118 vegetal remedies and 10 non vegetal remedies have been identified. The vegetal-based remedies group was composed of 77 vegetal species from 35 different botanic families. Generally, the medicinal plants are used as panacea but a specificity of treatment has been noted with some species which were cited against only one disease. This study confirms that indigenous veterinary pharmacopoeia is the main medicine used against chickens diseases in traditional poultry farming system in Burkina Faso.

Key-Words: Veterinary healing - Pharmacopoeia - Chicken diseases - Traditional poultry farming - Burkina Faso

Introduction L’élevage représente l’une des principales richesses des pays sahéliens. Au Burkina Faso, il contribue pour environ 12% à la formation du PIB et procure 19% des recettes d’exportation. Il figure ainsi au second rang des exportations totales du pays après le coton [11b]. Avec un effectif estimé à plus de 23 millions de têtes en 2003, l’aviculture joue un rôle socioéconomique important et constitue une partie prépondérante de cet élevage [11a]. Selon les estimations officielles, plus des 2/3 de l’effectif national de volaille sont produits dans un système de production traditionnelle encore appelé aviculture familiale ou villageoise. En effet, contrairement à ce qui se passe dans les autres pays de la sous région où la production industrielle de poulets de chair et de pondeuses est en plein essor, au Burkina Faso, l’approvisionnement des centres urbains en viande de volaille et en œufs reste largement dépendant de l’aviculture traditionnelle [16]. L’aviculture traditionnelle est caractérisée par la faiblesse des effectifs de ferme (1 à 40 têtes en moyenne) et le peu d’investissement qu’elle nécessite (la volaille est laissée en RASPA Vol.3 N0 3-4, 2005

liberté dans la concession familiale et se nourrit de sousproduits agricoles, des restes de cuisine, et d’insectes). L’absence de moyens financiers limite le recours à la médecine vétérinaire moderne (coûts élevés des produits vétérinaires, conditionnement des médicaments pour des effectifs importants, inaccessibilité des produits, impossibilité de traitement des maladies virales, etc.). Pour faire face aux nombreuses maladies, les populations ont recours à leur savoir-faire traditionnel dont les pratiques sont réputées très efficaces et sont basées sur l’utilisation de plantes médicinales et d’autres éléments de la nature pour traiter les maladies. Conformément à la démarche préconisée par l’OMS depuis les années 70 [19], de nombreuses études scientifiques tentent de nos jours de revaloriser l’art ancestral de traitement qu’est la pharmacopée d’une manière générale. Cependant, la plupart des études disponibles à ce sujet au Burkina Faso traitent surtout de la pharmacopée utilisée en médecine humaine [14], [17].

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L’ethnomédecine vétérinaire a fait l’objet de beaucoup d’études en Afrique subsaharienne [2], [3], [10] mais n’a commencé à être explorée au niveau national qu’à partir d’une période très récente [9], [18]. A notre connaissance, aucune investigation n’a encore été réalisée spécifiquement sur l’utilisation de la pharmacopée dans le traitement des maladies aviaires. Cette étude a pour objectifs de recenser les pathologies aviaires diagnostiquées par les aviculteurs traditionnels et d’identifier les recettes de pharmacopée vétérinaire utilisées pour leur traitement dans trois grandes régions du Burkina Faso.

Matériel et Méthodes 1. ZONE D’ÉTUDE

Le Burkina Faso est administrativement subdivisé en quarante cinq (45) provinces comprenant chacune plusieurs départements. L’étude s’est déroulée dans six (06) provinces représentant trois régions à forte activité d’aviculture traditionnelle (Figure n°1): - la région Sud-Ouest avec les provinces du Poni et du Noumbiel, - la région centre avec le Boulkiemdé et le Kadiogo - et la région Est avec les provinces du Gourma et du Boulgou. Sur le plan humain, ces trois régions sont représentatives de la diversité ethnique du pays et de sa mosaïque de culture et de pratiques traditionnelles. La région Sud-ouest ou pays Lobi est peuplée essentiellement de Lobi, dagaras et birifors ; la région centre ou plateau mossi par les mossis et beaucoup d’autres ethnies du fait de l’exode rural vers la capitale Ouagadougou ; la région Est par les bissas, les gourmanchémas et les mossis.

Source: LNE, Ouagadougou

Echelle : 100 km

Figure 1: Zones de l’étude

2. MÉTHODE D’ENQUÊTE

L’étude a été réalisée entre Mai 2002 et Mai 2004. Elle a consisté en une enquête en milieu urbain/périurbain dans les deux provinces de la région centrale (Kadiogo et Boulkiemdé) et en milieu rural dans les quatre autres provinces. Des producteurs choisis au hasard dans les villes de Ouagadougou et Koudougou (215 personnes/ville) qui sont les deux plus importantes villes du pays en terme d’effectifs avicoles ont été ainsi interrogés tandis qu’en milieu rural, cinq (05) départements ont été choisis au hasard par province puis cinq (05) villages par département et enfin cinq (05) personnes ont été interrogées par village (dont obligatoirement deux (02) notables anciens et trois (03) chefs de ménage). L’équipe d’enquête était composée d’un docteur vétérinaire et de cinq (05) techniciens supérieurs d’élevage recrutés dans chaque province. L’enquête a consisté en des séances d’interviews semi-structurées (ISS) utilisant un questionnaire à réponses ouvertes et comportant les quatre (04) parties suivantes : (i) identification de l’enquêté,

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(ii) question synthèse suivante « Connaissez – vous des remèdes traditionnels utilisés pour soigner des maladies aviaires ? Si Oui citez chaque maladie et son remède », (iii) description de chaque maladie citée (nom locale, manifestation des symptômes, causes probables, période de forte prévalence, espèces touchées) et (iv) description chaque remède cité (nom local, parties utilisées, interdits, voie d’administration, posologie, origine de la connaissance du remède). Chaque personne a été interrogée individuellement et dans sa langue locale. Après chaque interview, les plantes citées comme remèdes ont été photographiées et prélevées pour l’identification botanique. Le questionnaire a d’abord été testé pendant 2 semaines dans 5 villages pour apprécier son opérationnalité et apporter des corrections avant son utilisation.

Résultats 1. PERSONNES ENQUÊTÉES L’enquête a permis d’interroger 1030 personnes (âgées de 22 à 85 ans) dont 500 en milieu rural et 530 en milieu urbain/périurbain. Un total de 1256 citations de remèdes ont été enregistrées dans l’ensemble des six (6) provinces. En milieu urbain, 232 personnes (soit 43,8% des personnes interrogées dans ce milieu) ont répondu ne pas connaître de remèdes tandis qu’en milieu rural toutes les personnes interrogées en ont cité. Concernant l’origine du remède, 40% des répondants l’ont acquis auprès d’autres producteurs, 55% de leur parents et 5% l’ont conçu eux mêmes.

2. PATHOLOGIES DÉCRITES

Selon la liste des noms locaux recensés pour les différentes maladies, l’appellation des pathologies aviaires en langues locales se fonde sur trois éléments : les symptômes caractéristiques de la maladie (58,3%) (par exemple la coccidiose est appelée en Mooré « Sanzim » qui signifie littéralement «diarrhée sanguinolente »), la cause du mal lorsqu’elle est connue (25,5%) (par exemple la parasitose interne est appelée en Mooré « Poubedo » qui signifie littéralement «saleté de l’estomac »), et la localisation de la maladie (16,2%) (par exemple les arthrites appelée en Mooré « Kar-zabré » qui signifie littéralement «mal de patte »). Bien que la majorité des personnes interrogées ignore l’étiologie des maladies, les quelques causes citées sont : les causes alimentaires, les causes écologiques (vents, pluies, chaleur, etc.), la contamination par d’autres malades et les parasites. Douze (12) pathologies ont été identifiées à partir de la description des tradipraticiens et sont présentées sur le tableau I avec leurs appellations en langue locales (Moré, Lobiri) et leur concordance sur le plan médical moderne.

3. REMÈDES RECENCÉS

Parmi les 1256 citations, il a été dénombré 136 remèdes différents comprenant : 118 remèdes composés de plantes (87,4%), 10 remèdes non-végétaux (7,4%) et 8 remèdes associant plantes et substances non-végétales (5,2 %). Par ailleurs 97 remèdes sont curatifs et 39 à la fois préventifs et curatifs. Il a été noté que les personnes interrogées dans un même village citent les mêmes remèdes. Parmi les 118 remèdes végétaux, on distingue 32 (soit 27,1%) à base d’arbres, 43 (soit 36,4%) à base d’arbustes y compris les arbrisseaux, sous arbrisseaux et lianes, 16 (soit 13,6%) à base d’herbacées saisonnières disponibles surtout en saison pluvieuse et 27 (soit 22,8%) composés d’association de différentes espèces. L’identification botanique des plantes a permis de dénombrer 77 espèces appartenant à 35 familles. RASPA Vol.3 N)3-4, 2005


Utilisation de l’ethnomedécine vétérinaire en aviculture traditionnelle

Symptômes décrits

Tableau I : Liste des pathologies recensées et leur fréquence selon les réponses des personnes enquêtées

Abattement de l’animal,

ailes pendantes, diarrhée verdâtre, tête repliée sur le cou, tournis, fortes mortalités

Noms en langues locales (M= Mooré L= Lobiri)

Synonymie supposée en médecine vétérinaire

Nombre de citations (N=1256)

Nonkoum (M) Yôlkri, (L)

Maladie de Newcastle

411

Nonsoagla (M) Nonsè (L)

Variole aviaire

223

Nonsanga (M) Pimboulo (L)

Diarrhées alimentaires

55

Nonsanga (M) Pimboulo (L)

Salmonelloses

155

Volaille prostrée, tremble de froid et diarrhée blanchâtre

Sanzim (M)

Coccidiose

95

Nonsanga (M) Pimboulo (L)

Maladie de Gumboro, Collibacillose, Pasteurollose

146

oiseau maigre, présence de vers dans les fèces, inappétence

Nonkabse (M) Yôldè (L)

Parasitoses externes

165

Nonsiili, poubedo (M) Kin-kir (L)

Parasitoses internes

130

Importantes mortalités des pintadeaux, Oiseau maigre, jabot enflé, inappétence.

Kankoum, poubedo (M) Yolkô (L)

richomonose

75

Difficultés respiratoires, tête enflée

Nonninii (M)

Yôlô-konkouon (L)

Conjonctivite

15

Mycoplasmose, arthrite

15

Présence de boutons sur le bec et la tête, mortalité surtout des jeunes

Fèces liquides sans parasites ou diarrhée liquide après la consommation de certains aliments Diarrhée verdâtre avec un gros foie à l’ouverture du cadavre Diarrhée sanguinolente

Présence de parasites sur le corps

Yeux fermés ou enflés

Paralysie, problèmes articulaires

Affections respiratoires (bronchite infectieuse, coryza,…)

Kar-zabré (M)

Tableau II : Liste des noms des remèdes non végétaux.

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Composition du remède

Maladies traitées

Mode de préparation

Voie d’administration et posologie

1. Le dolo [bière traditionnelle préparée à base de malt Sorgho rouge ou blanc ou de petit mil (malt = grains de céréales séchés en début de germination)].

Maladie de Newcastle

Diluer dans l’eau de boisson

Per os : diluer environ 33cl de dolo dans un litre d’eau et faire boire à volonté jusqu’à la guérison. Renouveler la préparation chaque jour.

23

2. La cendre de bois de toute(s) espèces d’arbre(s) ou de plante(s).

Parasites externes

Répandre la cendre chaude dans le poulailler ou mouiller la cendre avec du pétrole pour en faire une pâte

15

3. Le charbon de bois de toute(s) espèces d’arbre(s).

Application externe : répandre la cendre chaude dans le poulailler chaque soir pendant 2 semaines ou badigeonner le corps avec la pâte 2 fois par jour pendant 1 semaine. Répéter le traitement si l’animal n’est pas guéri.

Diarrhée alimentaire

Pulvériser

Per os : diluer dans l’eau (1 cuillérée à soupe de poudre pour 33cl d’eau) et faire boire à volonté durant 3 jours.

4. L’engrais chimique (N.P.K.) pour les champs

Maladie de Newcastle

Diluer dans l’eau de boisson

5. L’huile de vidange de moteur ou l’huile de frein 6. Les intestins séchés de hérisson

Parasites externes, Variole aviaire

Badigeonner les parties atteintes

Application externe: badigeonner 2 fois par jour jusqu’à la guérison.

Affections respiratoires, Maladie de Newcastle

Vider, sécher au soleil et réduire en poudre

Per os. diluer la poudre (1 cuillérée à soupe par 1/2 litre d’eau) et faire boire 1 fois par jour jusqu’à la guérison. Per os : diluer 3 cuillérées à café du mie l liquide dans 1/2 litre d’eau. Faire boire pendant 3 jours. Application externe : mouiller le corps deux fois par jour jusqu’à la guérison.

7. Le miel de toute(s) fleur(s) 8. Le pétrole utilisé pour les lampes

9. La potasse traditionnelle (filtrat de cendres surtout de mil ou de sorgho) liquide ou solidifiée 10. Le savon traditionnel (préparé à base de beurre de karité)

RASPA Vol.3 N0 3-4, 2005

Maladie de Newcastle

Diluer dans l’eau de boisson

Nbre de citations (N=1 256)

Per os : mettre une poignée dans 1 litre d’eau et faire boire 1 fois par jour jusqu’à la guérison. Renouveler la préparation chaque jour

51 7 35 19 55

Parasites externes, Variole aviaire

Mouiller le corps

21

Parasites externes, Variole aviaire

Badigeonner le corps

Application externe : badigeonner tout le corps 2 fois par jour jusqu’à la guérison.

46

Ecraser le savon Parasites externes

Application externe : et badigeonner le corps

badigeonner tout le corps 2 fois par jour jusqu’à la guérison.

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N. YAMEOGO et al.

Selon le nombre d’espèces présentes, les familles de plantes les plus représentées sont les Mimosaceae (8 espèces), les Ceasalpiniaceae (7 espèces), les Euphorbiaceae (6 espèces), les Rubiaceae (5 espèces), les Solanaceae (5 espèces), les Anacardiaceae (3 espèces ) et les Poaceae (3 espèces). Les autres familles ne comptent qu’une ou deux espèces. Les parties végétales utilisées sont par ordre d’importance décroissant les écorces des troncs (33,3%), les feuilles (18,8%), les fruits et graines (14,6%), les tiges feuillées (11,1%), les racines ou les tubercules (10,4%), les plantes entières (6,9%), le latex (2,8%) et le beurre (2,1%). Six modes de préparations ont été mis en évidence : la macération qui consiste à faire tremper le matériel végétal dans l’eau (45,9%), la pulvérisation (réduction en poudre ou en pâte) du matériel végétal frais ou séché (38,5%), la décoction qui consiste à faire bouillir le matériel végétal dans l’eau (6,6%), la calcination ou incinération (3,3%), la trituration (action de broyer avec les doigts) (4,1%) et le mâchage (action de broyer avec les dents) (1,6%). Quatre modes d’administration ont été reconnus : la voie orale (per os) pour les produits macérés et décoctés (76,9%), la voie nasale (inhalation et fumigation) (4,2%), la voie oculaire (1%) et l’application externe ou sur la peau (17,9%).

4. COHÉRENCE BOTANIQUE DES RECETTES RECENCÉES

La cohérence botanique traduit le fait qu’une même espèce de plante soit citée par au moins deux personnes de zones différentes (province ou région) comme étant d’usage en pharmacopée vétérinaire. A ce propos, on a noté que 45 des espèces végétales identifiées ont été citées comme plantes médicinales simultanément dans les 3 régions. Parmi elles, les dix qui ont fait l’objet de plus de citations dans chaque province (et qui paraissent donc bien connues) sont par ordre décroissant: Khaya senegalensis (Desr) A. Juss (Meliaceae) (379 citations), Pterocarpus erinaceus Poir. (Fabaceae) (168 citations), Butyrospermum parkii (G. Don) Kotschy (Sapotaceae) (142 citations), Capsicum frutescens L. (Solanaceae) (128 citations), Anogeissus leiocarpus (DC) Guill et Perr. (Combretaceae) (126 citations), Parkia biglobosa (Jacq.) R. Br. Ex G. Don (Mimosaceae) (121 citations), Solanum (114 citations), Striga incanum L. (Solanaceae) hermontica (Del.) Benth (Scrofulariaceae) (94 citations), Crinum districhum Herb. (Amaryllidaceae) (91 citations) et Lannea microcarpa Engl. et K. Krause (Anacardiaceae) (90 citations).

5. COHÉRENCE VÉTÉRINAIRE DES REMÈDES RECENCÉES

La cohérence vétérinaire traduit le fait qu’une même espèce de plante soit citée par au moins deux personnes de zones différentes (province ou région) comme étant le remède d’une même maladie (symptômes ou groupes de symptômes). Son analyse permet de retenir les plantes les plus remarquables pour certaines maladies. Il apparaît d’une part que beaucoup de plantes sont utilisées comme des panacées, c’est-à-dire qu’elles sont citées dans le traitement de plusieurs pathologies. C’est Khaya ainsi que chacune des espèces suivantes : senegalensis (Desr) A. Juss, Pterocarpus erinaceus Poir., Butyrospermum parkii (G. Don) Kotschy, Parkia biglobosa (Jacq.) R. Br. Ex G. Don et Solanum incanum L. est utilisée pour traiter au moins quatre types de pathologies différentes. D’autre part, chaque pathologie est traitée par plusieurs remèdes différents.

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On note cependant une spécificité de certaines plantes qui sont plusieurs fois citées contre une et une seule maladie simultanément dans les trois régions. Ainsi : - Cassia occidentalis L., Euphorbia balsemifera Ait., Hibiscus cannabinus L. Indigofera tinctoria L., Maytenus senegalensis (Lam.) Exell., Trichilia emetica Vahl. , Tamarindus indica L. et Solanum aethiopicum L traitent uniquement la maladie de Newcastle ; - Vigna unguiculata (L) Walp. et Waltheria indica L. traitent les gastro-entérites (diarrhées) ; - Annona senegalensis Pers., Ricinus communis L., Tinnea barteri Gurke et Veronia colorata (Willd) Drake. traitent la variole aviaire ; - Carica papaya L. et Veronia amygdalina Del. traitent les parasitoses internes - Pseudocedrela kotschyi Harms. traite les parasitoses externes - Lantana Camara L. traite les arthrites et les paralysies - et Grewia flavescens Juss. traite les affections respiratoires Le tableau III présente une liste des 20 espèces de plantes médicinales les plus citées et quelques unes de leurs utilisations recensées contres les maladies aviaires.

Discussion Nos résultats montrent que la pharmacopée vétérinaire joue un rôle essentiel dans la pratique de l’aviculture traditionnelle. En milieu rural, elle est quasiment la seule médication utilisée pour soigner la volaille. Même en milieu urbain et périurbain où l’accessibilité des médicaments et la proximité des services vétérinaires sont aisées, la majorité des producteurs y font recours. Cette situation est due au fait que la volaille traditionnelle est l’objet de peu de protection sanitaire moderne au Burkina Faso. En effet cette protection consiste en une campagne de vaccination contre la maladie de Newcastle accompagnée d’un déparasitage et organisée de manière ponctuelle chaque année par les services publics vétérinaires. L’impact de cette campagne est limité du fait de plusieurs facteurs (taux de couverture vaccinale faible, poussins de 0 à 2 semaines non concernés, existence de plusieurs autres pathologies). Il ressort des résultats de cette étude que les affections les plus citées et les mieux décrites sont celles de l’appareil digestif. Cette prédominance des pathologies digestives dans les soins traditionnels vétérinaires a déjà été rapportée par Tamboura et a1. [18]. D’autre part, les affections les plus citées (maladie de Newcastle, variole aviaire, parasitoses, etc.) sont celles qui sont les plus fréquentes dans le pays et qui préoccupent donc le plus les éleveurs du fait de leur importance en mortalités et en pertes économiques. Dans notre étude, les producteurs n’ont pas manifesté des réticences pour divulguer leur savoir-faire comme cela a été rapporté par certains auteurs [14, 18]. Cela résulte, d’une part, de l’approche qui a consisté à utiliser des ressortissants locaux pour les interviews et, d’autre part, du fait que les recettes de pharmacopée concernant la volaille semblent constituer un patrimoine communautaire. En effet, au regard du rôle central joué par la volaille dans la vie de tous les jours, le village ou la famille dispose d’un savoir-faire médical pour sa protection. Ce savoir est une propriété collective qui utilise des supports aussi bien végétaux, minéraux que biologiques mais avec un aspect mystique peu marqué. RASPA Vol.3 N03-4, 2005


Utilisation de l’ethnomedécine vétérinaire en aviculture traditionnelle

Espèce (Famille)

Tableau III : Plantes médicinales et leurs utilisations contre les maladies aviaires selon les personnes enquêtées

1. Annona senegalensis Pers. (Annonaceae) 2. Anogeissus leiocarpus (DC) Guill et Perr. (Combretaceae) 3. Butyrospermum parkii (G. Don) Kotschy (Sapotaceae)

Noms Locaux (F= Français, M= Mooré, L=Lobiri,, B=Bambarai)

Annone (F) Barkudga, baag-tam (M), Minkador, koutin (L) Ndâga, tâgasu (B) Bouleau d’Afrique (F) Siiga (M) Kalama, ngalama (B)

Karité (F) Taanga (M), Barôo (L) Sé, Si (B)

4. Capsicum frutescens L. Petit piment (F) Kiparé (M), (Solanaceae) Dayira (L)

5. Cissus quadrangularis L. (Vitaceae) . 6. Cochlospermum tinctorium A. Rich. (Cochlosper-maceae)

Ecorce de la racine. Gratter et éliminer la 1ère couche. Sécher l’écorce restante et la réduire en poudre. Diluer 1 poignée pour 1/2 litre dans l’eau de boisson pendant 10 jours. Écorce du tronc. Macérer 3 écorces de la taille d’une paume de main dans 1 litre d’eau de boisson. Renouveler la préparation tous les 3 jours jusqu’à la guérison.

Beurre. Utiliser le beurre seul ou en association avec la cendre de bois, le pétrole. Application externe 2fois/jour jusqu’à la guérison. Écorce du tronc de vieil arbre mâle. Macérer 4 écorces de la taille d’une paume de main dans 1 litre d’eau de boisson à volonté jusqu’à la guérison. Renouveler la préparation tous les 5 jours.

Soasga (M)

8. Euphorbia convolvuloides Hochst. Ex Bentham ou Euphorbia hirta L. Wal-bissim (M) ou Euphorbia polycnemoides Daba da (B) Hochst. Ex Bentham (Euphorbiaceae)

9. Ficus gnaphalocarpa (Miq.) Sycomore (F) Stend ex A. rich. Kankanga (M) (Moraceae) Toro, anabin toro (B)

Racines (rhizomes) fraîches ou séchées. Concasser et macérer dans l’eau de boisson. Faire boire pendant une semaine. Renouveler tous les 2 jours

Caïcédrat (F) Kuka (M), Lokar (L), Dara, Diala (B)

12. Lannea microcarpa Engl. Et K. Krause (Anacardiaceae)

Raisinier (F) Sabga (M)

13. Lantana Camara L. (Verbenaceae)

Mille fleurs (F) Nassar liuli siiba (M)

RASPA Vol.3 N03-4 2005

Nombre citations (N=1256)

Variole aviaire

29

Colibacillose, Maladie de Gumboro, Salmonellose, Maladie de Newcastle, Parasitose interne

87

Parasitoses externes, Variole aviaire

78

Diarrhée, Maladie de Newcastle, Parasitoses internes

35

Maladie de Newcastle, Variole aviaire, Pasteurellose aviaire

Salmonellose, Maladie de Gumboro, colibacillose, Maladie de Newcastle

Feuilles. Réduire en pâte et diluer dans l’eau de Affections respiratoires boisson à volonté. Racine (tubercule). Concasser et faire macérer dans l’eau. Variole aviaire, Maladie de Newcastle, Renouveler la préparation tous les 3 jours Salmonellose, Maladie de Gumboro, Colibacillose, Parasitoses internes (trichomonose)

76 10 38 26

15 55

Plante entière. Faire une décoction ou une macération dans l’eau. Mettre 3 pieds de plantes attachés en boules dans ? litre d’eau. Faire boire à volonté jusqu’à la guérison. Renouveler la préparation tous les 3 jours

Coccidiose

10

Ecorces. Macérer dans l’eau. Mettre 3 écorces de la taille d’une paume dans ? litre et faire boire à volonté. Renouveler la préparation tous les 3jours

Salmonellose, Maladie de Gomboro, colibacillose

21

Parasitoses externes

6

Salmonellose, Maladie de Gumboro, colibacillose, Mortalité des poussins

23

Mortalités pintadeaux

15

Variole aviaire

13

Variole aviaire

35

Maladie de Gomboro, Salmonellose, Pasteurellose, Colibacillose, Variole aviaire, Maladie de Newcastle, Parasitoses internes, Arthrites

110

Maladie de Newcastle, Salmonellose, Pasteurellose, Colibacillose.

55

Fruits frais (verts ou mûrs). Ecraser et frotter les parties atteintes 1 fois/jour

Nger (F) Wilinwiiga(M) Jeunes feuilles. Piler en pâte et diluer dans l’eau de Kugné, Kungasu, Myèè (B) boisson à volonté pendant 7 jours. Renouveler la préparation tous les 2 jours. Jeunes feuilles. Triturer et mélanger avec le sésame et le petit mil et donner à manger durant les 7 premiers jours d’âge Jeunes feuilles. Piler en pâte et diluer dans l’eau. Appliquer la pâte sur les parties atteintes ou baigner la volaille avec l’eau de dilution 1 fois/jour. Gales séchées. Réduire en poudre et diluer dans l’eau de boisson à volonté jusqu’à la guérison.

11. Khaya senegalensis (Desr) A. Juss (Meliaceae)

Maladies traitées

Fruit ou racines. Broyage en pâte. Inciser le croupion et appliquer la pâte ou diluer dans l’eau de boisson à volonté. Salmonellose, Maladie de Gumboro, Renouveler tous les 3 jours. colibacillose, Maladie de Newcastle, Jeunes tiges feuillées. Triturée pour obtenir du jus. Parasitoses externes Badigeonner tout le corps 1 fois par jour.

Wob-zanré, Wob-yaado (M), Branches feuillées. Réduire en pâte et diluer dans Bi-poè (L), Ulo, ndoloko (B) l’eau de boisson. Renouveler tous les 3 jours

7. Crinum districhum Herb. Lis de brousse (F) (Amaryllidaceae) Poaaga (M)

10. Guiera senegalensis J. F. Gmel (Combretaceae)

Parties utilisées, Mode de préparation, Voie d’administration

Ecorce du tronc. Macérer 3 écorces de la taille d’une paume dans 1 litre d’eau et faire boire à volonté. Renouveler la préparation chaque jour (association avec la cendre de bois pour les gastro-entérites)

Ecorces du tronc (surtout du résinier mâle). Macérer 3 écorces de la taille d’une paume dans 1 litre et faire boire à volonté. Renouveler la préparation tous les 4 jours (association avec la cendre de bois pour les gastro-entérites)

Ecorce des racines et des tiges. Faire une décoction. laisser refroidir et donner à boire à volonté jusqu’à guérison. Paralysie, arthrite Renouveler la préparation tous les 2 jours.

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N. YAMEOGO et al. Espèce (Famille) 14. Mitragyna inermis (Willd) O. Ktze (Rubiaceae)

Noms Locaux (F= Français, M= Mooré, L=Lobiri,, B=Bambarai) Yiilga, gwinga (M)

15. Musa sapientum L.

Bananier (F) Banane (M)

16. Nicotina tabacum L. (Solanaceae)

Tabac (F) Taba (M)

17. Parkia biglobosa (Jacq.) R. Br. Ex G. Don (Mimosaceae)

Néré (F) Roanga (M) Nété (B)

18. Pterocarpus erinaceus Poir. (Fabaceae)

Noinga (M), Djiè (L), Ngueni, guê (B)

19. Solanum incanum L. (Solanaceae)

Nonraog kumbré (M) Ngoyo, Yolkonkouon (L), ba–nKoyo (B)

20. Striga hermonthica (Del.) Benth Waongo (M) (Scrofulariaceae)

Parties utilisées, Mode de préparation, Voie d’administration

Maladies traitées

Ecorces des troncs. Macérer dans 3 écorces de la taille d’une paume dans 1 litre et faire boire à volonté. Renouveler la préparation tous les 3 jours.

Salmonellose, pasteurellose, Maladie de Gumboro, colibacillose, Maladie de Newcastle, Variole aviaire

39

Nervure centrale. Presser pour obtenir un jus. Mettre 2 gouttes dans les yeux 2 fois par jour.

Maux d’yeux, Conjonctivite

2

Tiges feuillées. Sécher et réduire en poudre. Diluer avec dans l’eau et faire boire à volonté (Newcastle) ou mouiller de la potasse liquide et badigeonner le corps (parasites). Faire respirer puis avaler le mélange (Gomboro)

Parasitoses externes, Maladie de Gumboro, Maladie de Newcastle

78

Salmonellose, Colibacillose

20

Coques du fruit séchées. Réduire en poudre et diluer dans l’eau de boisson à volonté (certains précisent que la coque doit provenir d’un fruit qui est resté une année sur l’arbre) Graines. Réduire en poudre ou les mettre en entier à macérer dans l’eau de boisson à volonté (certains précisent qu’elles doivent être anciennes et/ou toujours situées sur l’arbre) Ecorces du tronc. Macérer 3 écorces dans 1 litre d’eau de boisson (association avec la cendre de bois pour les gastro-entérites). Donner à volonté jusqu’à la guérison. Jeunes feuilles. Saupoudrer les jeunes feuilles avec le tabac à chiquer et placer dans le couvoir tous les jours.

Salmonellose, Colibacillose, Maladie de Newcastle, Mortalités des pintadeaux Maladie de Gumboro, Salmonellose, Colibacillose, Maladie de Newcastle, Variole aviaire Parasitoses externes

12 39 11

2ème couche de l’écorce du tronc (fraîche ou séchée).

Salmonellose, Pasteurellose, Maladie de Gumboro, Colibacillose, maladie de Newcastle, Variole aviaire, Parasitoses internes (trichomonose)

Tiges feuillées ou fuit. Sécher les tiges feuillées puis les réduire en poudre ou concasser les fruits. Faire macérer ensuite 5 fruits ou une poignée de poudre dans l’eau de boisson. Donner à volonté. Renouveler tous les 3 jours

Maladie de Newcastle, Variole aviaire, Parasitoses internes, Salmonellose, pasteurellose, Maladie de Gumboro, Colibacillose,

62

Plantes entières. Faire des boules et macérer 2 plantes par 1 litre d’eau ; Donner à volonté jusqu’à la guérison.

Maladie de Newcastle

29

Plantes entières ou fleurs. Sécher les plantes entières (ou uniquement les fleurs) et réduire en poudre en association avec les intestins séchés de hérisson. Mélanger la poudre obtenue avec le beurre de karité en une pâte. Badigeonner le corps chaque jour avec la pâte.

Variole aviaire, Parasitoses externes.

17

Faire macérer pulvérisée ou entière dans l’eau 2 à 3 écorces de taille d’une paume de main par ? litre d’eau. Donner à volonté jusqu’à la guérison. Renouveler la préparation tous les 3 jours

La fréquence d’utilisation élevée de feuilles et des écorces de troncs a été rapportée dans d’autres études [8, 18]. Elle s‘expliquerait par l’aisance et la rapidité de la récolte [4] mais aussi par le fait qu’ils sont le siège de la photosynthèse et parfois du stockage des métabolites secondaires responsables des propriétés biologiques de la plante [5]. La décoction et la macération aqueuse sont les modes de préparation les plus utilisés. La décoction permet de recueillir le plus de principe actifs et atténue (ou annule) l’effet toxique de certaines recettes. La macération préserve l’intégrité des principes actifs. Selon Kanyinda [6], l’importance des macérations et des décoctions aqueuses en pharmacopée traditionnelle s’explique aussi par le fait que les substances toxiques contenues dans les plantes sont des hydrocarbures peu ou pas solubles dans l’eau. Elles restent, par conséquent, dans les résidus de la plante quand la drogue est bouillie ou macérée. En ce qui concerne les voies d’administration, nos observations rejoignent celles de Bâ et de Tamboura [2, 18]. L’administration principalement par la voie orale s’explique par la prédominance des affections digestives dans les maladies traitées. L’inexistence des voies injectables est la conséquence non seulement de l’ignorance ou de l’inexistence des instruments utilisés en médecine vétérinaire moderne (aiguilles, seringues) mais

187

Nombre citations (N=1256)

70

également de l’utilisation de substances brutes par les tradipraticiens vétérinaires. Une comparaison de la liste de remèdes recensés dans cette étude avec quelques remèdes cités contre les maladies aviaires par Tamboura et al. [18] qui ont travaillé au niveau de la région centrale du Burkina révèle une similitude de traitement pour les gastroentérites, la maladie de Newcastle et le parasitisme externe. D’autre part, la comparaison avec une liste de dix plantes remarquables (les plus citées) rapportées par un travail de Baerts et Liehmann cité par Kasonia [15] portant sur la pharmacopée vétérinaire subsaharienne montre que six (06) de ces plantes font partie de notre liste. En effet, cette étude rapporte comme plantes remarquables sur un total de 5245 recettes comprenant 975 espèces botaniques : Ricinus communis L. (71 citations), Nicotina tabacum L. (65 citations), Phytolacca didecandra l’Hérit (47 citations), ), Anogeissus leiocarpus (47 citations), Balanites aegyptiaca (47 citations Clerodendrum myricoides (Hochst) R.Br. es Varke (43 citations), Tetradenia riparia (Hochst) Codd (43 citations Khaya sengalensis (39 citations), Boscia senegalensis (37 citations) ) et Veronia amygdalina Del. (33 citations). Certaines plantes citées ici pour traiter des syndromes communs aux volailles, aux grands animaux et aux hommes tels que les parasitoses ou les gastro-entérites RASPA Vol.3 N0 3-4, 2005


Utilisation de l’ethnomedécine vétérinaire en aviculture traditionnelle

sont rapportées dans d’autres études pour les mêmes traitements [1, 7, 14, 15, 17, 18]. Lamien et al. [9] ont exploré l’activité antivirale in vitro des galles de Guiera senegalensis J. F. Gmel contre le virus de la variole aviaire et ont rapporté des résultats très intéressants. Ces résultats justifient ainsi scientifiquement l’utilisation répandue de ce remède par les paysans dans notre étude. De même Mpoame et al. [12] ont réalisé des tests in vivo sur la volaille ont montré une activité anticoccidienne des graines de Carica papaya. Cependant, Mtambo et al. [13] ont exploré les feuilles de Capsicum frutescens L. au Kenya mais n’ont trouvé aucune activité thérapeutique contre la maladie de Newcastle alors que ce remède est aussi très cité dans notre étude.

Bibliographie 1- ARBONNIER M., 2002.- Arbres, arbustes et lianes des zones sèches d’Afrique de l’Ouest.- CIRAD, MNHN (2ème Edition).- 573p. 2- BA A., 1994.- The art of veterinary medicine and traditional pharmacopoeia in sub-Saharan Africa. Rev. Sci. Tech., 13 (2):373-396. 3- BA A., 1996.- Past, present and prospects for African veterinary ethnomedicine. Rev. Sci. Tech., 15 (3): 813-826. 4- BIGENDAKO-POLYGENIS M..J. et LEJOLY J., 1990.- La pharmacopée traditionnelle au Burundi: pesticides et médicaments en santé animale. Presse Universitaires de Namur, 425-442. 5- BITSINDOU M., 1986.- Enquête sur la phytothérapie traditionnelle à Kindamba et Odzala (Congo) et analyse de convergence d’usage des plantes médicinale en Afrique centrale. Thèse doctorat ès Science, Université Libre de Bruxelles, 482p. 6- KANYINDA B., 1994.- Contribution à l’étude phytochimique et pharmacologique d’Anisocycla cynosa Troupin (Menispermaceae). Thèse doctorat ès Science pharmaceutique, Université Libre de Bruxelles, 342p. 7- KASONIA K et ANSAY M., 1994.- Métissages en santé animale de Madagascar à Haïti .- Presse Universitaire de Namur.- 396p. 8- KASONIA K., 1998.- Une reconnaissance des savoirs paysans : Plantes et médecine vétérinaire traditionnelle d’Afrique centrale. Thèse doctorat ès Science, Université de Liège, Belgique, 384p. 9- LAMIEN C. E.; MEDA A.; MANS J.; ROMITO M. ; NACOULIMA O. et VILJOEN G.J., 2005.- Inhibition of fowlpox virus by an aqueous aceton extract from galls of Guiera senegalensis J.F. Gmel (combretaceae). J. Ethnopharmacol., 96: 249-253 10- MINJA M.M., 1995.- Medicinal plants used in the promotion of animal health in Tanzania. Rev. Sci. Tech., 13 (3): 905-925 11a-MINISTERE DES RESSOURCES ANIMALES (MRA), 2004.- Enquête Nationale sur les Effectifs du Cheptel n°II. D.E.P/ MRA, 128p. 11b- MINISTERE DES RESSOURCES ANIMALES (MRA), 2000.- Plan d’action et programmes d’investissements du secteur de l’élevage (PAPIS) au Burkina Faso. Version Finale, 133p 12- MPOAME M. et ESSOMBA L.I., 2000.- Essai de traitement contre les parasitoses gastro-intestinales de poulet avec des décoctions aqueuses de graines de papaye (Carica papaya). Rev. Elev. Méd. Vét. Pays trop., 53 :23-25. 13- MTAMBO M.M.; MUSHI E.J.; KINABO L.D. ; MAEDAMACHANG`U A. ; MWAMENGELE G.L.; YONGOLO M.G. et TEMU R.P., 1999.- Evaluation of the efficacy of the crude extract of Capsicum frutescens, Citrus limon and Opuntia vulgaris against Newcastle disease in domestic fowl in Tanzania. J. Ethnopharmacol., 68 (1-3): 55-61. 14- NACOULMA O., 1996.- Plantes médicinales et pratiques traditionnelles au Burkina Faso : Cas du plateau central. Tomes I et II. Thèse Doctorat ès Science. Faculté des Sciences et Techniques/ Université de Ouagadougou 15- OKPEKON T. ; YOLOU S. ; GLEYE C. ; ROBLOT F. ; LOISEAU P. ; BORIES C. ; GRELLIER P. ; FRAPPIER F. ; LAURENS A. et HOCQUEMILLER R., 2004.Antiparasitic activities of medicinal plants used in Ivory Coast.- J. Ethnopharmacol., 90 (1): 91-97. 16- OUEDRAOGO S. et ZOUNDI S.J., 1998.Approvisionnement de la ville de Ouagadougou en poulets de chair. In « La contribution de l’agriculture urbaine à la sécurité alimentaire et à l’assainissement des villes d’Afrique de l’Ouest » Atelier organisé par le CRDI du 28 au 28 Juin 1998 à Ouagadougou. 17- SANON S.; OLIVIER E.; AZAS N.; MAHIOU V.; GASQUET M.; OUATTARA C.T.; NEBIE I.; TRAORE A.; ESPOSITO F.; BALANSARD G.; TIMON-DAVID P. et FUMOUX F., 2003.- Ethnobotanical survey and in vitro antiplasmodial activity of plants used in traditional medicine i in Burkina Faso. .J. Ethnopharmacol., 86 (2-3):143-7 18- TAMBOURA H.H.; SAWADOGO L.L.; KABORE H. et YAMEOGO S.M., 2000.- Ethnoveterinary medicine and indigenous pharmacopoeia of Passore Province in Burkina Faso. Ann. N Y Acad. Sci., 916: 259-264. 19- WORLD HEALTH ORGANIZATION (WHO), 1978.- The promotion and development of Traditional Medicine. Technical report.- Serie N°622/ WHO, Geneva.

Conclusion Les maladies aviaires constituent le problème majeur de l’aviculture traditionnelle au Burkina Faso. Notre étude ethnobotanique fait ainsi ressortir que la maladie de Newcastle et la variole aviaire sont les maladies les plus traitées suivies des parasitoses et des gastro-entérites. Les deux premières sont des pathologies dominantes en aviculture traditionnelle et sont des maladies virales qui n’ont pas de traitement en médecine moderne. Les rares essais scientifiques de vérifications de remèdes rapportés par la littérature ont aboutit très souvent à des résultats positifs qui prouvent que ces remèdes peuvent constituer une alternative ou une solution complémentaire à la médecine moderne dans la maîtrise des pathologies aviaires. Il serait donc pertinent, d’une part de poursuivre cette vérification d’efficacité thérapeutique par des protocoles scientifiques rigoureux, et d’autre part d’aider à la vulgarisation de ce patrimoine culturel par la rédaction d’une monographie sur l’utilisation des plantes médicinales dans le traitement des maladies aviaires. Ces démarches permettront de valoriser les avantages de la tradipratique vétérinaire (notamment la richesse du savoir–faire des paysans, l’accessibilité des produits de traitement, la philosophie non mercantile de la pharmacopée et l’importance de l‘aviculture traditionnelle dans lutte contre la pauvreté du monde rural) et d’en minimiser les inconvénients (méconnaissance de la toxicité et des doses thérapeutiques des remèdes utilisés).

Remerciements Cette étude à été réalisée grâce à un financement du CRDI (Canada) dans le cadre des bourses AGROPOLIS de soutient aux étudiants en Agriculture urbaine et périurbaine. Nous remercions également tous les paysans qui ont accepté de partager leur savoir-faire.

²²²

RASPA Vol.3 N 03-4, 2005

188


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