REPÉRAGE

Les pieds sur terre

Guillaume Foucher (à gauche) et Frédéric Biousse révèlent ici leur septième projet inauguré en même temps que “70 hectares et l’océan” à Seignosse, sur la côte basque.

DOMAINE DE PRIMARD Partie de campagne

APRÈS LE DOMAINE DE FONTENILLE À LAURIS, DANS LE LUBERON, LES BORDS DE MER À MARSEILLE OU ENCORE LE SANTA PONSA À MINORQUE, GUILLAUME FOUCHER ET FRÉDÉRIC BIOUSSE SIGNENT UN NOUVEL OPUS. SON ADN ? LA NATURE EN MAJESTÉ.

Besoin d’un shoot de chlorophylle ? Demandez Primard, dans l’Eure-et-Loir. Ancienne maison de campagne de Catherine Deneuve, cette demeure d’un autre temps est une invitation au voyage… des sens. Déjà, la bande-son : le bruit de l’eau et le chant des oiseaux. Ensuite, le décor : vingt hectares de haies moutonneuses, de rosiers lianes et d’arbres centenaires. Enfin, les bâtiments : une demeure bourgeoise du XVIIIe et ses dépendances – une ancienne ferme renommée la Maison du Lac, la Maison du Verger abritant deux restaurants signés Eric Fréchon, un spa créé ex nihilo. Au total, quarante chambres immergées dans la nature.

« Au départ, nous pensions garder cette maison pour nous. Dès que l’ancienne propriétaire a enlevé ses meubles, nous avons fait comme à chaque achat : u

Voyage dans le temps

Erigée entre 1798 et 1804, cette maison, pur produit de l’époque Directoire, est noyée dans un jardin imaginé il y a trente-cinq ans par Jacques Wirtz, célèbre paysagiste belge. Rebaptisé la Maison sur l’Eure, le bâtiment principal abrite désormais quatorze chambres profitant toutes de vues inouïes sur la rivière et le parc.

REPÉRAGE DOMAINE DE PRIMARD

nous avons commandé un “kit Ikea” – une table, quatre chaises, un lit… bref, le strict minimum – et nous nous y sommes installés quelques semaines. L’idée ? Mieux comprendre le lieu et saisir ses ondes avant d’entamer les travaux », raconte Guillaume Foucher, historien de l’art spécialisé dans le XVIIe siècle et passionné par les vieilles demeures. « Nous avons longtemps hésité avant d’en faire un hôtel, renchérit Frédéric Biousse, entrepreneur qui partage son temps entre ses hôtels et son fonds d’investissement, mais c’était un peu grand pour nous deux. Même si nous avons deux chiens ! » Primard rejoint ainsi leur « collection » d’hôtels à taille humaine. Leur credo ? Transformer des maisons en lieux incarnés. « Elles sont u

Rêve bleu

Toutes les pièces du rez-dechaussée, installées en enfilade, sont désormais bleues, une couleur qui aurait pu exister au XVIIIe siècle (teintes réalisées sur mesure). Dans le bar, des portraits d’ancêtres veillent. Suspensions chinées (Tombées du Camion, aux Puces de Saint Ouen), mobilier (Pierre Frey et Faïencerie de Charolles).

Passé et présent : rencontre au sommet

Dans le salon, les boiseries XVIIIe servent d’écrin au mobilier contemporain choisi par Guillaume et Frédéric accompagnés de Beryl Le Lasseur. Ici, suspension “Drop” (101 Copenhagen chez Fleux). Canapé “Palma” et méridienne “New York” de Jean-Philippe Nuel, fauteuil “Carl” de Sandra Benhamou et fauteuil “Buenos Aires” (le tout Pierre Frey). Tables basses “Stacked” d’Alain Gilles (Faïencerie de Charolles).

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Légendes d’automne

Clin d’œil aux tabourets-champignons en pierre enfouis dans la nature, Guillaume a chiné un à un ces modèles botaniques du XIXe. Conçus pour apprendre à reconnaître les espèces vénéneuses dans les pharmacies de l’époque, ils grimpent désormais aux murs. Table “Disc” en résine aspect marbre (Pols Potten). Fauteuils “Carl” de Sandra Benhamou (Pierre Frey). comme le prolongement de chez nous, détaille Guillaume qui s’implique dans chaque projet dès la racine. Elles nous permettent de vivre des vies que nous n’aurions pas vécues. »

Avant d’abattre la moindre cloison, le duo se penche sur le jardin. « Cela permet à la nature de s’épanouir, le temps des travaux, expliquent-ils. Ici, nous avions un joyau : un jardin dessiné par le paysagiste belge Jacques Wirtz, il y a trente-cinq ans. Evidemment, nous n’avons pas touché à sa structure. Nous avons juste planté 300 arbres et 2 kilomètres de haies pour l’étoffer. » A l’intérieur, avec Alexandre et Céline Lafourcade, architectes spécialisés dans u

Cuisine de chef

« Quand il est possible de conserver les éléments d’origine, on le fait », déclare le duo. Démonstration dans la cuisine où le sol et la cheminée sont authentiques. Piano de pro (La Cornue). Ici, se mitonnent des mets sur mesure à déguster en petit comité.

Tablée familiale

Ambiance ferme chic dans cette cuisine-salle à manger conçue pour des dîners sur mesure, où l’accrochage d’assiettes chinées donne le tempo. Table et chaises en bois (Restoration Hardware). Lustre “Lancaster Kitchen Downlight” en bronze (Vaughan).

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Chambre domaniale

Dominant la cour d’honneur, cette chambre ultralumineuse à l’ambiance douce (teinte “Aquamarine”, Little Greene) jouit d’une vue exceptionnelle. Suspensions en céramique de Paola Paronetto, dessin de l’artiste allemande Jana Gunstheimer. Linge de lit (Caravane).

les bâtiments anciens, ils conservent tout ce qu’ils peuvent, telles les boiseries du XVIIIe dans le salon. S’ils ont besoin d’un ajout dans le décor, ils font appel à une spécialiste de la patine aux doigts de fée, capable de recréer des détails indécelables au premier coup d’œil. « Pour la décoration, nous ancrons le lieu dans son territoire : ici, la nature est omniprésente. L’enjeu est de la faire entrer dans la maison. Champignons exposés dans le petit salon, escargots grimpant sur les murs de celui d’à côté, oiseaux cachés dans chaque chambre, mais aussi dessins du XVIIIe, portraits d’ancêtres, u

Sur le fil

En écho au délicat trait noir de la baignoire trouvée sur les lieux au moment des travaux et conservée, le carrelage mural dessine un pointillé (Okre). Au sol, carrelage façon marbre “Mate” (41zero42).

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Déjeuner sur l’herbe

Devant la Maison du Verger et à l’ombre des pommiers, des poiriers et des cerisiers, le bistrot d’Eric Fréchon sert une cuisine de saison. A quelques mètres de là, un potager en permaculture de 4 000 m2 – situé à la place du potager historique –alimente les assiettes. Nappes (Caravane). Mobilier de jardin (Fermob).

Tea-time

Avec vue plongeante sur les 250 variétés de fleurs de la roseraie, la serre (créée il y a vingt ans d’après un modèle ancien) est sans aucun doute le spot le plus romantique de Primard. On y croise Gérard Germaine, le jardinier en chef, qui chouchoute ses fleurs depuis trente-cinq ans. gravures de botanistes… « Attention, prévient Frédéric, on vit aussi avec notre temps. Dans quasiment toutes les pièces, il y a des photos contemporaines, dont certaines issues de notre collection personnelle – ils ont longtemps tenu la Galerie Particulière, à Paris. Et parce que cette maison est un pur produit du classicisme à la française, il était essentiel de travailler avec des marques comme Caravane, Maison Sarah Lavoine, Faïencerie de Charolles, Tectona, Fermob, Gien, Pierre Frey pour l’aménagement. » Ajoutez à cela, des cours de jardinage, des balades sur l’Eure, des promenades à cheval, et vous obtiendrez la définition d’un week-end au vert plein de sens QRens. p. 172.