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D’AVENTURES EN EXPÉRIENCES

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NOUVELLE FLAMME

NOUVELLE FLAMME

L’ÉPHÉMÈRE DURABLE

Installé sur le plateau Joffre du Champ-de-Mars, le Grand Palais Éphémère réactive la place qu’il a tenue lors des grandes Expositions universelles des XIXe et XXe siècles. Sa durée de vie se terminera avec les Jeux Olympiques et les compétitions d’arts martiaux. L’architecte Jean-Michel Wilmotte l’a pensé écoresponsable et démontable. En bois issu de forêts gérées durablement, recouvert d’une toile transparente polymère de source minérale et non pétroliphère. Sa nef principale croisée par un large transept fait écho au Grand Palais en pleine restauration. Art Paris, le rendez-vous de l’art contemporain investira les lieux, du 9 au 12 septembre.

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LE VOL MÉMOIRE

« J’utilise l’Aerocene comme un outil pour dessiner dans l’air. Après la performance, il sera possible de voir ses traces laissées dans le ciel. » Tomás Saraceno résume ainsi son projet pour la maison Ruinart. Sculpture immatérielle, Movement, créée par l’artiste avec Aerocene pour Ruinart, souligne l’urgence face au défi climatique. À l’aube, l’artiste a réuni quelques participants au cœur du vignoble, le temps du vol d’un Aerocene qui s’élève dans le ciel grâce à la chaleur du soleil. Cette expérience se double d’une performance dans la cour de la maison : Tomás Saraceno accompagne le mouvement de la sculpture gonflée d’air. Les visiteurs pourront visualiser l’œuvre, en réalité augmentée, grâce à l’application Aerocene. La Fondation Aerocene fédère une communauté internationale d’artistes, chercheurs, philosophes et citoyens pour imaginer de nouvelles manières d’évoluer dans les airs sans énergie fossile.

Plus haut, plus grand, du rêve à la réalité, des projets pas tout à fait comme les autres, non calibrés, poussent plus loin l’éthique, la philosophie, la « vertuosité ». De l’esprit et de l’envie des hommes à faire le bien ou à corriger le mal naissent des initiatives ou des créations, comme autant de bouteilles lancées vers demain. Art, science, design, technologie, intelligence et poésie dessinent l’avenir. Pêle-mêle d’actions à suivre et poursuivre.

PAR Virginie Bertrand, Aurélie des Robert et Martine Duteil

L’ENVOL VERTUEUX

Depuis 1957, de père en fils, Robin Aircraft conçoit et construit des avions à la main. Hormis les moteurs provenant des États- Unis ou d’Allemagne, la production et l’assemblage sont réalisés de façon artisanale à Darois, en Côte d’Or. Un savoir-faire d’exception en matière d’aviation légère, qui se concentre dans les années 2000 vers une fabrication exclusive en bois, délaissant le métal et les composites. Six ateliers se partagent la construction de sept modèles, dont le CAP10 (en image). La fabrication se limite à vingt avions par an. Robin Aircraft a reçu le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV).

LES VOYAGES IMMOBILES

L’après confinement, son immobilisme forcé, a fait naître un désir de départ, d’évasion, d’aventure et de goût pour l’imaginaire. Des thèmes chers Diptyque. En 2021, pour ses soixante ans, la maison, perpétuant la mémoire du trio fondateur, ouvre les portes d’une exposition intitulée « Voyages immobiles – Le Grand Tour », réunissant neuf artistes internationaux sous le commissariat de Jérôme Sans, cofondateur du Palais de Tokyo à Paris et commissaire d’expositions. Dès le seuil de la Poste du Louvre, rénovée par Dominique Perrault, trois horloges marquent le temps du voyage, et invitent à découvrir les installations des artistes. Liban, Grèce, Italie, Japon et France sont les destinations du périple. Ici, Arrangement. Globes terrestres de l’artiste corse Ange Leccia invite à lever les yeux vers le ciel. « Voyages immobiles – Le Grand Tour », du 10 septembre au 24 octobre. Espace d’exposition de la Poste du Louvre.

L’INCUBATEUR DE PHILANTHROPIE

L’hôtel de la Bûcherie, remontant au XVe siècle, se mire dans l’oculus aux facettes en polymiroirs cintrées. Après avoir été le premier laboratoire d’anatomie où Ambroise Paré a étudié, une demeure privée puis le centre du comité d’entreprise de la Ville de Paris, il devient le premier incubateur de philanthropie à l’initiative de la Compagnie de Phalsbourg et de son fondateur Philippe Journo. Le projet a été accompagné par RF Studio du designer belge Ramy Fischler. Le design a été pensé en même temps que la restauration par Perrot & Richard Architectes, dans un dialogue constant entre passé et présent. Comme ici, où les fenêtres à ogives inspirent la forme des bibliothèques en acier. Ramy Fischler incite à d’autres postures : une table basse mute en podium de stand-up, des sièges à ras le sol mettent les interlocuteurs au même niveau. « Le beau ne veut pas dire luxe mais vertueux. Les matériaux sont simples, bois et terre crue, travaillée avec l’équipe d’Amaco – qui accompagne les professionnels dans l’utilisation de la terre crue. Pour un lieu qui donne envie d’agir », souligne le designer.

LES FLEURS SOLIDAIRES

Une œuvre solidaire tripartite : le Bon Marché, Dessine l’Espoir et l’étoile montante de la mode, Thebe Magugu, Prix LVMH 2019 et Woolmark 2021. Il imagine 20 000 fleurs suspendues à des lianes sous la trémie du Bon Marché, réalisées par120 femmes de 4 ateliers sud-africains soutenus par l’association. Elles sont vendues sur le site lesfleursdethebe.fr Les recettes engendrées par ces fleurs financent un jardin des savoirs dans le village de Malanti en Eswatini : formation à l’agroécologie et développement de projets artisanaux. « J’aime l’idée que la beauté peut améliorer le monde », précise Thebe Magugu. Au Bon Marché, jusqu’au 17 octobre.

LES PAYSANS DESIGNERS

Amenuisement des terres arables, disparition de la biodiversité, enjeux climatiques, croissance démographique… autant de défis auxquels s’attellent les paysans chercheurs, qui expérimentent de nouvelles pratiques. Ils inventent d’autres processus pour produire tout en régénérant les sols et non en les exploitant. Ils dessinent les paysages, créent des outils, initient des écosystèmes, se réapproprient les circuits de transformation et de distribution, dans la lignée de La Ferme radieuse de Le Corbusier, Broadacre City de Frank Lloyd Wright ou Agronica d’Andrea Branzi. En humble maillon d’une chaîne du vivant, à l’image des bûcherons devant le sequoia millénaire : Mark Twain, Californie, 1892. Exposition « Paysans designers, un art du vivant », jusqu’au 17 janvier 2022. Musée des Arts décoratifs et du Design Bordeaux et catalogue aux éditions Norma.

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LE CONCOURS ÉTHIQUE

Mettre en lumière les talents de demain, éditer certains de leurs projets. Voici l’énergie véhiculée par la 14e édition du concours Cinna Révélateur de talents. À travers deux catégories, le luminaire et les accessoires de la maison, étudiants ou jeunes professionnels de moins de 35 ans ont travaillé sur un projet autour de « Tout ce qui ne sert plus quand on fait un meuble Cinna et qui peut encore servir ». 1. « Aubier », design Thomas Larbain, 2e prix catégorie accessoires, 9 patères réalisées à partir de chutes de bois. 2. « Pavillon », design Robin Bourgeois, 1er prix catégorie luminaires, à partir d’acier tubulaire. 3. « Kufu », design Louise Puertolas, 2e prix catégorie luminaires, à partir de pièces de cuir et de vis en laiton. 4. « Patchwork », design Juliette Rougier, mention spéciale du jury, séparateurs d’espaces, à partir de chutes de tissus et de mousse.

LA GALERIE D’AVENIR

Changement de perspective pour la galerie de Valérie Guérin. Il ne s’agit plus de proposer un objet de plus, mais de mettre en avant des créations durables, équitables et recyclables, voire dépolluantes. Elle réunit une dizaine de designers, en collaboration avec Geneviève Gallot, auteure de 75 Designers pour un monde durable, éditions La Martinière. Lucile Viaud présente des sculptures de verre à partir de coquilles d’huîtres, Maximum imagine des chaises en plastique coulé recyclant les déchets. Il y a aussi la table climatique de Jean-Sébastien Lagrange et Raphaël Ménard, les carafes avec filtre biodégradable apportant les minéraux essentiels, de Brook Sigal. Exposition « La réconciliation de l’homme avec la nature », jusqu’au 9 octobre, Galerie Valérie Guérin.

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© VUE D’ATELIER DE DANA-FIONA ARMOUR CHEZ POUSH MANIFESTO, 2020 ; DANA-FIONA ARMOUR.

LE BEAU RESPONSABLE

Rentrée 2021, Le Printemps s’invente une nouvelle saison, celle de l’économie circulaire. Un étage du magasin Haussmann lui sera consacré, autour de la coupole Binet et du pont d’Argent. Deux structures Eiffel situées au dernier étage du magasin Mode Femme, longtemps fermé au public, ont été rénovées dans un esprit brut. Ce « 7e ciel du Printemps » regroupe un service de rachat direct de vêtements de seconde main, une offre vintage, une sélection de marques de mode, de soins et d’art de vivre engagés dans des démarches responsables comme l’upcycling, l’art-cycling, la réparation. L’atelier LAPS, qui travaille les matières brutes (bois, papiers, tissus...), a imaginé pour Le Printemps un « ruban conducteur », illustrant le label « Unis vers le beau responsable ».

LA PROUESSE TECHNIQUE

La Chance, maison d’édition de design, créée en 2012 par Jean-Baptiste Souletie et Louise Breguet, développe une sensibilité pour les pièces fortes et les belles matières. Éditées en petites séries, elles poussent le duo à imaginer des projets relevant de l’impossible, en lisière de l’artisanat d’art. Comme la table « Lamina », développée avec l’architecte- designer Hannes Peer, qui représente une véritable prouesse technique. Élève de Rem Koolhaas et Zvi Hecker, ses créations se situent entre architecture, ingénierie et design. En marbre Estremoz veiné, son plateau repose sur des plaques s’entrecroisant.

L’ÉMULATION ARTISTIQUE

200 talents émergents, en majorité des artistes auxquels se mêlent aujourd’hui des artisans d’art, en partenariat avec le Mobilier national et l’Institut des métiers d’art, se partagent un ancien immeuble de bureaux porte Pouchet. À l’initiative de Manifesto, structure de conseil, de production d’événements et d’accompagnement à la jeune création, Poush est le premier incubateur d’artistes. Ici, Dana-Fiona Armour, diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2019, devant son « Cercle de marbre suspendu », questionnant l’ère de l’anthropocène.

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