7 minute read
GÉNÉRATIONS CROISÉES
from Bhjbbnnn
Ici, créer est une affaire de famille, un instinct qui rassemble et inspire. L’architecte d’intérieur Léonie Alma Mason, alias LA.M Studio, s’associe à sa grand-mère, la sculptrice Odile Mir, et fonde LOMM Editions. L’enjeu : redonner vie, ensemble, au design des années 1970 de l’artiste. L’occasion de découvrir l’univers parisien de l’architecte, qui met en scène prototypes, pièces uniques et premières éditions portées par le partage des générations.
PAR Caroline Clavier PHOTOS Philippe Garcia
Advertisement
HÉRITAGE ET TRANSMISSION
PAGE DE GAUCHE Portrait de l’architecte d’intérieur, Léonie Alma Mason, fondatrice de LA.M Studio et LOMM Editions.
PAGE DE DROITE La salle à manger-bureau est rythmée par une bibliothèque traversante en frêne teinté, intégrant un panneau en miroir. Une banquette en skaï servant d’assise à la table des repas prend appui sur ce meuble. Elle est équipée d’un plateau en pierre de lave ocre et de piétements en chêne massif. L’ensemble est réalisé sur mesure par LA.M Studio. Chaises « LC7 » de Le Corbusier, chinées, plat en terre mêlée « Miscea » de Charlotte Juillard, Hava.
DESIGN BOHÈME
PAGE DE GAUCHE Devant une paire de fauteuils en skaï bleu, réédition d’un modèle croisière des années 1930 d’Andrée Putman, Ecart International, lampadaire « Luminator » d’Achille Castiglioni, Flos. Derrière, lampadaire 1970, chiné, tabouret « Cork » de Jasper Morrison, Vitra. Lithographie Le Tas comme sculpture de l’artiste Abdelkader Benchamma. Sur la cheminée, plat en terre mêlée « Miscea » de Charlotte Juillard, Hava, à côté, « Ready-Made » de Man Ray. À droite sur le mur, photo Gitanes à la mer de Jean Dieuzaide, gravure ancienne de Vénus et, au sol, portrait de Patti Smith.
PAGE DE DROITE La table de repas, équipée d’un plateau en pierre de lave et de piétements en chêne massif, LA.M Studio, est entourée de chaises « LC7 » de Le Corbusier, chinées, plat en terre mêlée « Miscea » de Charlotte Juillard, Hava. Vélo chromé Jitensha, customisé par l’architecte. Grand miroir octogonal à bords francs, chiné.
CANAPÉ EXTRA-LARGE
Au-dessus de la commode dessinée par l’architecte à partir d’un plateau de terrazzo, chiné chez Emmaüs, LA.M Studio, œuvre unique en cuivre, Arman. Devant, fauteuil « Filo » vintage, Odile Mir. Sur la table conçue à partir d’un plateau en marbre hexagonal, vase « Fast », Rosenthal, lampe « Laiton » d’Odile Mir, exemplaire unique, lampadaire 1970 et petite table d’appoint, chinés. Grand canapébanquette en chêne, équipé de tiroirs, recouvert de lin grisbleu, réalisé sur mesure, LA.M Studio. Coussins ikats, chinés à Istanbul. Sur le mur, peinture Meurtre à l’arme blanche de Robert Combas, 1982.
RÉÉDITIONS
1.
3. 2.
1. Derrière la lampe « Parentesi » d’Achille Castiglioni, Flos, photo de Balthasar Burkhard, Polaroid d’Araki, et gravures de Pierre Mabille. Sur la tête de lit sur mesure en Valchromat noir, LA.M Studio, lampe « Phare » d’Odile Mir. 2. Portrait de Léonie Alma Mason et de sa grand-mère Odile Mir. 3. Catalogue raisonné des pièces d’Odile Mir : lampadaire « Duo n°872 », LOMM Editions. 4. Autour du fauteuil « Filo » en peau de vache, Prisunic Vintage, le lampadaire « Duo n°872 », LOMM Editions. Lithographie Portrait d’Elke de Georg Baselitz, à ses pieds, banquette, chinée aux Puces de Saint-Ouen.
4.
PROTOTYPES
Au-dessus d’une commode conçue à partir d’un plateau de terrazzo, chiné chez Emmaüs, LA.M Studio, œuvre d’Arman et lampe « Phare » d’Odile Mir. Devant, fauteuils « Filo », prototypes en deux dimensions (original et maxi), LOMM Editions.
1. 2.
De l’instinct vient la forme », souligne Léonie Alma Mason. L’instinct, une marque de fabrique dans cette famille plurielle, qui fait de la création tous azimuts. Un fil transgénérationnel qui traverse les époques et se réinvente aujourd’hui dans un projet à quatre mains, baptisé LOMM Editions. D’un côté, la vitalité et la curiosité d’une architecte d’intérieur, de l’autre, une artiste complète, qui en son temps se rapproche du design puis laisse dans l’ombre cet épisode créatif. Quand Odile Mir, sa grand-mère, lui ouvre en grand ses archives, pour Léonie Alma Mason c’est une évidence : il faut redonner vie et forme à ces pièces de mobilier vintage, et la suite de l’histoire s’écrira ensemble. En 1966, c’est la lampe « Phare » en zinc soudé, repérée par les fondatrices de l’agence Mafia, acheteuses pour Le Printemps, qui donne la première impulsion. Une rencontre qui conduit Odile Mir chez Delmas, une usine de luminaires à Montauban. S’appuyant sur l’expérience du métal, acquise dans la mise en œuvre de ses sculptures, elle explore la création de mobilier. En 1971, elle réalise le fauteuil « Filo ». Formes simples et économie de moyens signent les meubles qui suivront, de la chaise longue au porte-revues, du repose-pieds à la caisse de rangements. En 1970, la collection fait l’objet de productions en séries, distribuées au Printemps, et le fauteuil « Triangle » fait son entrée au catalogue Prisunic. À l’époque, l’enseigne vise l’accès à la création pour tous, ralliant dans la foulée Gae Aulenti, Marc Held et Olivier Mourgue. L’histoire prendra fin lors de l’incendie de l’usine Delmas. Odile Mir, sans outil de production, cesse l’aventure. Un patrimoine de l’histoire du mobilier français porté aujourd’hui par la complicité croisée de générations. À deux, elles présentent en septembre les premières rééditions d’une série de 38 pièces à venir, à la Galerie Joyce. L’occasion de découvrir l’appartement parisien de l’architecte d’intérieur Léonie Alma Mason, alias LA.M Studio. L’héritage familial, les voyages, la culture, l’art, les rencontres et ses années à Camondo ont cultivé chez elle une matière à inventer et créer, un instinct à composer des espaces de vie au naturel. L’identité de ses lieux prend source dans l’existant, comme ici, dans cet haussmannien rénové dans les années 1950, elle se glisse sans gommer les interventions précédentes mais plutôt en s’y adossant. Naturellement, sans démonstration ni effet, l’art prend sa place dans l’espace, comme elle à l’habitude de le faire en invitant des artistes à participer à ses projets d’architecture d’intérieur. À Paris, elle a ainsi conçu un escalier en acier monumental pour le siège de la société immobilière Theop autour d’une fresque du plasticien Abdelkader Benchamma. À l’étranger, elle fait renaître un immeuble de bureaux brutaliste au cœur du Bruxelles Belle Époque, et repense une villégiature en Grèce. En Croatie, elle vient d’investir Maslina Resort. Un hôtel spa dans un coin protégé de Hvar où le décor intègre un bronze forgé sur place par l’intervention du sculpteur Gregory Ryan. L’héritage est bien là.
BLEU VINTAGE
PAGE DE GAUCHE 1. Sur le sol en casson datant des années 1950, tabouret « Cork » de Jasper Morrison, Vitra. 2. Vue de détail des vitraux d’origine.
PAGE DE DROITE La cuisine, rénovée dans les années 1950, a été rafraîchie avec la teinte « China Blue », Little Green, les carreaux existants et le gardemanger extérieur ont été préservés. Chaise « Bold », Studio Big-Game, Moustache. Suspension, chinée aux Puces de Saint-Ouen.
LES ADRESSES DE LÉONIE ALMA MASON Pour ses bijoux sculptures, Galerie MiniMasterpiece. Pour les lithographies poétiques d’Alechinsky ou de belles œuvres sur papier, Galerie Catherine Putman. Pour ses livres d’architecture et de design, Librairie Ofr. Pour ses cuirs sur mesure, Tassin Cuirs. Pour son rayon droguerie et décoration, La Trésorerie. Adresses page 168
DRESSING EN VOILAGE
PAGE DE GAUCHE Dans la chambre, le dressing est masqué par des rideaux « Noctuelle » en voile de lin, AM.PM. Sur la tête de lit en Valchromat, LA.M Studio, lampe « Phare » d’Odile Mir. Coussins rayés, AM.PM. Côté cheminée, pouf en velours bleu dessiné en collaboration avec Sandra Benhamou pour l’hôtel Castelbrac, bronze d’Odile Mir, et lampadaire « Parentesi » d’Achille Castiglioni, Flos. PAGE DE DROITE La salle de bain s’est inspirée de la couleur des carreaux du sol et de la console maçonnée réalisée lors de la rénovation des années 1950. Au-dessus du miroir circulaire chiné, applique « Cone », Atelier Areti, à côté d’une publicité vintage. Chaise « n°222 », réédition de Robert Mallet Stevens, Habitat.