N°193 — février - mars 2022
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M AT I È R E S E T I M P R E S S I O N S F O R T E S M O N T P E L L I E R E T S E S É N E R G I E S C R É AT I V E S
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N° 193
L’É DI TO M ART I NE DU T EI L , DI RECT RI CE DE L A RÉDACTION
© PAR CAROLINE CLAVIER, PHOTOS NICOLAS MILLET
D
e la fibre au fil, de l’enchevêtrement à la toile, l’histoire s’étoffe d’expériences humaines et sensibles. Du croisement de la chaîne et de la trame, de l’individu au collectif, la métaphore n’est pas factice. Et derrière les métiers à tisser, c’est toute l’expertise d’une filière qui tire le fil d’une esthétique renouvelée. On retiendra l’intensité d’une couleur, la virtuosité d’un motif, la singularité d’une collection. On oubliera sans doute ce qui se joue entre ces fils croisés. Derrière les gestes répétés s’exprime aussi la volonté d’innover. Quand certains travaillent le recyclage, d’autres inventent de nouvelles matières. Fils d’or, lin brut, le panorama s’étire d’une perspective à l’autre, faisant de la prouesse technique, comme de l’éthique, leur toile de fond. Alors, quand le soleil, la lumière, l’imaginaire illustrent des récits sans frontières, les histoires viennent habiller de tonalités chaudes les murs et tentures des maisons du Sud. De même qu’elles viennent couvrir les lignes tendues d’un canapé ou d’assises dépareillées, réveiller les courbes d’un fauteuil provençal, reproduire la peinture instinctive, la palette saturée de l’artiste Heather Chontos. Dans sa maison-atelier de Dordogne, elle laisse libre cours à une frénésie picturale, pigmentant au passage les murs de sa toile de vie. Cette énergie vitale en très grand format apparaît alors libératoire. De l’art à la représentation textile, il n’y a qu’un pas, qu’elle fusionne avec sa «Toile du peintre». Autres répertoires, autres approches, avec la collecDans sa maison-atelier, l’artiste Heather Chontos laisse tion Merveilles d’Égypte, dont l’artiste Louis libre cours à sa frénésie picturale, pigmentant au Barthélémy a imaginé les contours d’une antique et contemporaine. Le Nil et passage les murs de sa toile de vie. Cette énergie vitale fresque sa constellation d’inspirations font ainsi une apparaît alors libératoire. De l’art à la représentation entrée remarquée au chapitre des nouveautextile, il n’y a qu’un pas, qu’elle fusionne instinctivement. tés de la maison Pierre Frey. Les broderies de laine sur lin rustique en amplifient la beauté. Retour sur les terres ocre du Luberon et réinterprétation de ses falaises flamboyantes à travers les collections Misia. Inspirations italiennes cette fois pour la maison Élitis, qui investit les années Memphis et apprivoise l’esprit des anciens palais italiens, sous l’impulsion d’Ariane Dalle, directrice artistique. Le vent du Sud souffle sur les inspirations du moment. La fibre textile se coordonne quelques pages plus loin à l’idée de tissus urbains, mais aussi associatifs, collectifs, à travers un art de vivre qui agrège projets et rencontres. C’est le regard porté sur Montpellier, ville d’art, d’architecture, d’artisanat, de design… qui ne cesse de croiser les énergies. L’idée d’une fibre C I-D ESSUS sensible, d’un tissu humain marque bien ce début d’année. Dans sa maison-atelier de Dordogne, l’artiste Heather Chontos met en perspective ses toiles au sol. Des œuvres grand format toujours habitées par la couleur.
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Utopia. Éric Jourdan Fabriqué en France
RENDEZ-VOUS WITH YOU : RENDEZ-VOUS AVEC VOUS
N° 193
L E SOMMA IRE F ÉV R I ER - M A R S 2022
MATIÈRES ET IMPRESSIONS 44 PREMIER DE CORDÉE
Près de Brive, la corderie Palus, dernière corderie traditionnelle au long de France, offre un voyage au cœur de la matière et d’un savoir-faire d’excellence. Autour d’une petite équipe de passionnés, Stéphane Assolari redessine un avenir à la maison.
112 LA COULEUR HABITÉE
92 LA MAISON ROUGE
À Marrakech, une nouvelle « folie » dans le goût Art déco, érigée sous l’impulsion de Jean-Dominique Leymarie, dresse ses volumes d’ocre rouge, au cœur du quartier Majorelle.
106 PARFUMS D’ÉPICES
L’invitation au voyage, initiation à l’ailleurs, les pages du livre « Les routes des épices » regardent vers d’autres contrées, s’imprègnent d’autres cultures.
Pour Heather Chontos, la couleur est une véritable intuition. Dans sa maison du Sud-Ouest, cette frénésie pigmentée déborde sur les murs, les textiles et le mobilier.
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ACTU ET CULTURE 12 L’ Œ U V R E TE R R E -M E R
Par son art, et comme un rappel à la vie, Courtney Mattison montre à voir dans ses œuvres ce qu’on oublie au fond des océans.
19 M ATI È R E S À É M O TI O N S
Couleurs, motifs, matières offrent vitalité et relief à cette saison qui repousse toute tentative de morosité. Entre évasions et ancrages, le panorama se veut grand ouvert.
34 M A I S O N D E FA M I L L E
Dans la tribu Sériès, on se transmet le goût des beaux intérieurs. Une nouvelle fratrie, reprend le flambeau de l’entreprise séculaire, temple du papier peint et du tissu d’ameublement.
35 E S P R I T D ’ O U V E R TU R E
Au programme de Sophie Ferjani, toujours plus d’architecture d’intérieur, des collections à son nom et une nouvelle émission télé.
36 R E G A R D S É M A N C I P É S
C’est de liberté artistique qu’il est question cette saison. Celles d’Agnès Varda, de Christian Bérard, de Tony Cragg et de bien d’autres encore.
VIE DES VILLES 50 MONTPELLIER,
L’ENVOLÉE CRÉATIVE Singulière et plurielle, la ville imagine de nouveaux écosystèmes et des projets collectifs, croisant patrimoine, architecture, art, gastronomie, design, artisanat…
DÉCO ET STYLES
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80 COMME UN WESTERN
92 126 FIGURES TEXTILES
En pleine vitalité, l’univers textile étoffe son champ créatif de collaborations croisées, alors que designers, artistes et architectes d’intérieur travaillent en symbiose avec les éditeurs. Rencontres et nouvelles collections à l’honneur.
138 IMPRESSIONS D’AILLEURS
Les papiers peints, habillent les intérieurs autant qu’ils content des histoires. Cette année, pour les maisons du Sud, on retiendra les palettes épicées et les motifs célébrant l’évasion.
144 C HAMBRES EN VUE
Seul au monde, dans le sud-est de l’Espagne, Stéphane Tremoulet a investi un ancien « cortijo » posé comme un cube blanc dans une steppe désertique.
Sur fond de confort absolu, des chambres et une sélection qui accompagnent une véritable recherche de sérénité. Au programme, lits et têtes de lit, linge aux tonalités aquatiques ou épicées, tapis moelleux aux motifs inspirés, ambiances douces et feutrées.
Couverture nationale et couverture couplage En Andalousie, dans le parc naturel Cabo de Gata, Stéphane Tremoulet a investi un ancien «cortijo». Par Caroline Clavier. Photo Jérôme Galland. Couverture Montpellier Dans le quartier Antigone, l’hôtel de Région de Ricardo Bofill et la réplique de la «Victoire de Samothrace». Par Virginie Bertrand. Photo Pierrick Verny. La couverture Montpellier est diffusée dans le département du Gard (30) et de l’Hérault (34). Ce numéro comporte un encart abonnement broché entre les pages 66 et 67 et un encart abonnement jeté dans les exemplaires en kiosque.
M AT I È R E S E T I M P R E S S I O N S F O R T E S M O N T P E L L I E R E T S E S É N E R G I E S C R É AT I V E S
MONTPELLIER SINGULIÈRE ET PLURIELLE
ART ARC HIT EC T U RE DES GN ÉN ERGIES C RÉAT IVES L IEU X DE PARTAGE EN 30 PAGES
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L’ I N S TA N T
L’ŒUVRE TERRE-MER Artiste activiste, Courtney Mattison a fait d’une lettre à la mer son art. Comme un rappel à la vie, elle montre à voir ce qu’on oublie au fond des océans. Ce monde fragile dont les effets du changement climatique augmentent le danger. « La nature peut se guérir elle-même, si nous la laissons faire. » Œuvrons à lui rendre sa place. Aurélie des Robert
© BEN HAMILTON POUR OCEANIC SOCIETY
TEXTE
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P R OF ON D E U R S MAR I N E S L’artiste californienne Courtney Mattison, a étudié la biologie marine et se consacre aujourd’hui à la sculpture sur céramique. À travers ses installations murales en relief, elle sensibilise à la beauté fragile et menacée des fonds marins, des récifs coralliens et des écosystèmes. Ici, Courtney Mattison lors d’une de ses nombreuses explorations sousmarines, en 2019 pour Ocean Society, dans l’archipel indonésien des Raja Ampat.
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© COURTNEY MATTISON, COURTESY ART IN EMBASSIES/AMANDA BROOKS
TAB LEAU M ANIFE ST E PA G E D E GAUCHE Confluence-Our Changing Seas V, une œuvre qui rend hommage au Triangle de corail, une zone de l’océan Pacifique. Dans cette sculpture magistrale en céramique sculptée et peinte à la main, coraux, anémones, éponges et autres invertébrés vivant dans les récifs s’unissent pour former une spirale à la manière d’un cyclone.
© BEN HAMILTON POUR OCEANIC SOCIETY
PA G E D E DROITE Avec près de 1 500 îles, l’archipel des Raja Ampat, ou Triangle de corail, constitue le poumon de la biodiversité corallienne, dont Courtney Mattison s’inspire pour créer ses œuvres.
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© AMANDA COTTON
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© 1. COURTNEY MATTISON, COURTESY ART IN EMBASSIES/AMANDA BROOKS 2. COURTNEY MATTISON/PAUL MUTINO
B E AUTÉ FRAGI LE PA G E D E GAUCHE Courtney Mattison observe et accompagne les requins-baleines qui se retrouvent chaque année, de mai à septembre, au Mexique. Ici, à Isla Mujeres. PA G E D E DROITE 1. Confluence-Our Changing Seas V 2018 est sa plus grande œuvre en relief. Cette installation spécifique se compose de 404 pièces. 2. Malum Geminos, ou «Jumeaux diaboliques», est un relief mural de 81 pièces en céramique, installé au Florence Griswold Museum dans l’État du Connecticut.
Fascinée par la sculpture et l’océan, Courtney Mattison façonne dès son plus jeune âge des créatures marines dans de l’argile, afin de mieux comprendre l’anatomie des organismes qu’elle étudie en biologie. Mais c’est lors de ses études en Australie qu’elle découvre la beauté des récifs coralliens, tout en prenant conscience des menaces pesant sur ces poumons des océans. Changement climatique, pêche irresponsable, pollution… les fonds marins paient le lourd tribut du monde moderne. « Nous avons déjà perdu la moitié des récifs coralliens du monde depuis ma naissance, et je n’ai que 36 ans ! » La céramique est le support idéal pour prolonger et retranscrire cette création de la nature, ce sentiment partagé de fragilité absolue. Ce médium va devenir son langage. Associant science et art, à travers de magistrales installations en céramique, les trésors coralliens refont surface, tout comme les menaces qui pèsent sur eux. Courtney Mattison bouscule notre inconscience collective. « J’aime les récifs coralliens pour les mystères qu’ils recèlent et pour les minuscules animaux et végétaux qui sont les architectes sans visage d’un univers vivant et vital. Ils sont essentiels à la santé de l’océan. » Après de longues séances d’exploration, d’observation attentive, elle trace un croquis, puis le numérise pour recréer le dessin de l’installation
à l’échelle. Chaque pièce sculptée à la main prend ensuite place sur une carte aux mesures réelles, sur le sol de son studio de Los Angeles. Baguettes et pinceaux permettent de travailler la céramique. Ensuite les pièces sont cuites après avoir eu recours à une glaçure. Une fois sèches, elles sont numérotées, cuites dans un four électrique, puis émaillées. Les couleurs, les textures illustrent la transition entre des coraux sains, colorés, et ceux dévitalisés. Puis l’œuvre est cuite une seconde fois. Un travail de précision, qui demande entre quatre et douze mois selon le projet. Our Changing Seas V en 2018 est, à ce jour, sa plus grande œuvre en relief, et rend hommage aux récifs coralliens d’Indonésie. Son dernier projet en 2021, Our Changing Seas VII, présenté au Seabird Resort à Oceanside en Californie, est « un véritable travail d’amour ». Composé de 350 coraux, éponges et anémones en céramique, cette sculpture murale célèbre l’infinie biodiversité des récifs coralliens, en évoquant toujours le spectre du changement climatique. L’artiste participe actuellement à une exposition au New Bedford Whaling Museum, dans le Massachusetts, jusqu’au 1er mai 2022, et crée de nouvelles œuvres pour l’exposition « Fragile Earth », prévue à l’automne 2022 au Brandywine River Museum of Art en Pennsylvanie. Adresses page 160 17
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L’ Œ I L D U S U D
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Aurélie des Robert et Julie Rebeyrol
© 1, 3. ORIENT EXPRESS LA DOLCE VITA PAR DIMORESTUDIO 2. SILVIA RIVOLTELLA 4. OLIVIER ASTROLOGO
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L’ÂME VOYAGEUSE 1. Le train de légende Orient Express La Dolce Vita reprend les rails et signe son grand retour en Italie, empruntant
les itinéraires mythiques de l’ancienne Compagnie internationale des wagons-lits. 2. Britt Moran (à gauche) et Emiliano Salci, les fondateurs du studio de design et d’architecture milanais Dimore Studio, ont imaginé les décors et réinventé l’héritage du train Orient Express La Dolce Vita. 3. L’une des 18 suites. Chaque train Orient Express La Dolce Vita compte également 12 cabines Deluxe et une suite Prestige, mettant à l’honneur artisanat d’art, design italien et hommage aux créations des années 1960 et 1970. 4. Dès 2023, six trains Orient Express La Dolce Vita transporteront les premiers passagers pour un voyage du nord au sud de l’Italie, sillonnant plus de 16000 kilomètres à travers 14 régions. À la croisée des chemins, des liaisons vers les escales historiques de l’âge d’or de l’Orient Express, Paris, Istanbul et Split, pourront être reliées depuis Rome. JR
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ENVIES D’ÉVASIONS 1, 2. Cairo, collection Portraits de Villes, émotions, impressions et regard photosensible sur une ville de contrastes et de
mystères, par le photographe Alistair Taylor-Young, 80 pages, 20€, Atelier Saint-Lazare anciennement be-poles. 3. «Sling», design Studio Pepe, fauteuil, en acier inoxydable, coloris laiton bruni, et tissu «Lontano», Élitis, 1320€, Ethimo. 4. «Lady Dior», collection Dior Lady Art #6, en collaboration avec l’artiste Manal Al Dowayan, sac, en cuir imprimé, édition limitée, prix sur demande, Dior. 5. «Faune et Flore», collection Merveilles d’Égypte, par l’artiste Louis Barthélémy, tissu en lin et acrylique, brodé, une évocation des rives du Nil, 2 coloris, 197x130cm, 492€ le panneau, Pierre Frey. 6. «Exeter», table basse, en teck, à larges lattes et de forme ovoïde, 1650€, Tectona. 7. Vivre l’Orient, du désert au faste des palais, de l’Égypte à la Tunisie en passant par le Liban ou la Jordanie, un voyage sur fond d’art de vivre, d’architecture, de design, par Désirée Sadek, photos Guillaume de Laubier, 272 pages, 45€, Éditions Norma. 8. «Brocca», design Aurélie Richard, pichet, en céramique, couleur Sable, 232€, Faïencerie de Charolles. ADR et JR 20
© 1. ATELIER SAINT-LAZARE/ALISTAIR TAYLOR-YOUNG 5. MOHAMED SHERIF 7. SDP
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TERRES D’EXPLORATIONS 1. «Body Armour – A Weave of Reflection Pink and Orange 2018», par Grace Lillian Lee, modèle présenté à l’occa-
sion de l’exposition «Piinpi: mode aborigène contemporaine», à L’Observatoire du BHV Marais, jusqu’au 27 février. 2. «Carrie», design Jette Scheib, suspension, en métal et tissu, existe en 6 coloris et 3 tailles, 695€, Forestier. 3. Jaipur Splendor, une visite de la capitale de l’État du Rajasthan, à travers ses palaces, ses bazars, son artisanat et sa cuisine, texte de Mozez Singh, 304 pages, 95€, Éditions Assouline. 4. «Textiles instalativos. Del medio al lugar», exposition présentant 11 installations textiles grand format de 6 femmes artistes, dont Sheila Hicks, au Centro Andaluz de Arte Contemporáneo (CAAC) de Séville, jusqu’au 15 mai 2022. 5. Savoir & faire: les textiles, encyclopédie illustrant les tissus à travers le monde, 416 pages, 49€, Actes Sud. 6. «Baalbek», design Adam Nathaniel Furman, vase, en porcelaine, inspiré de la ville libanaise, 1500€, Beit-Collective 7. Plat en faïence, design Peng Yong, présenté au musée de Faïencerie de Gien, dans le cadre de la carte blanche artistique célébrant le 200e anniversaire de la manufacture, pièce unique, Gien. ADR et JR 22
© SDP 1. WADE LEWIS 3. ANNE GARDE 4. CENTRO ANDALUZ DE ARTE CONTEMPORÁNEO (CAAC) SEVILLA/SHEILA HICKS, LA SENTINELLE DE SAFRAN
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s’ancrer dans le présent s’arrêter un instant se recentrer s’épanouir être unis
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CÉRAMIQUE VIBRANTE AUTHENTIQUE ET FRAGILE 1. «Faceted Shapes», design Turi Heisselberg Pedersen, sculpture, en grès cérame avec glaçage, prix sur demande, Turi
Heisselberg Pedersen. 2. «Vase N°6», design Constance Guisset et l’artisan Lalo Martinez, collection mezcalienne, en argile noire, réalisé à la main à Santa María Atzompa au Mexique, édition limitée numérotée et signée, 3200€, maison marcoux mexico . 3. «V86», design Eric Roinestad, vase, en grès, inspiré par Oskar Schlemmer, pionnier du Bauhaus, pièce unique, 3382€, ER Studio sur The Future Perfect. 4. «Sphere», design Kristian Sofus Hansen et Tommy Hyldahl, vase, en céramique émaillée, 269€, 101 Copenhagen. 5. Tasses, design Mano Mani, en grès chamotté émaillé, modelées à la main avec la technique du pinçage, 40€ l’unité, Piece A Part. 6. Céramiques, design Zhu Ohmu, non cuites, inspirées de l’impression 3D, reproduite à la main par empilement, pliage, pression ou traction, prix sur demande, Zhu Ohmu.7. Vase, design Malene Knudsen, en argile texturée,3100€, Malene Knudsen. ADR 24
© 1. TURI HEISSELBERG PEDERSEN 2021/OLE AKHOEJ 2. MAISON MARCOUX MEXICO/FRANCIS AMIAND 3. ERIC ROINESTAD 4. 101 COPENHAGEN 5. MANO MANI 6 PORTRAIT OF THE ARTIST IN STUDIO 2018, ZHU OHMU 7. MALENE KNUDSEN/STINE CHRISTIANSEN
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VERRE ET VARIATIONS
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REFLETS ET TRANSPARENCES 1. «Muffins», design Lucie Koldova et Dan Yeffet, lampe, en verre soufflé et marbre, 2400€, Brokis. 2. «Soap», design
OtaSvobodapourBomma,suspensions,enverresoufflé,579€l’unité,RBCMobilier.3.«Magma»,designEweStudio,applique,enverre,acierbrûlé,laiton et LED, réalisée à la main, édition limitée, Kolkhoze. 4.«Vagues», design Atelier George, carreaux, en verre, réalisés à la main, 1260€ le m2, Atelier George. 5. «Gulliver», design Aimé Cécil et Pierre Dubois, lampadaire, en verre, métal et laiton, 1928€, Roche Bobois. 6. «Icône silencieuse», collection Hommage à G. Morandi, vases, en verre de Murano soufflé et laiton, de 288€ à 358€, Paolo Castelli. 7. «Prisme», design Benjamin Graindorge, vase, en verre soufflé, 251€, Cinna. 8. «Alchemia», design Sophie Dries pour Nilufar Gallery, prototype de luminaire, en verre de Murano soufflé et mica, sur demande, Nilufar. 9. «DC1716», design Vincenzo De Cotiis, collection Baroquisme, table, en verre de Murano et laiton, 8 ex. et 4 épreuves d’artiste, Vincenzo De Cotiis. ADR 26
© SDP 1. LUCIE KOLDOVA, BROKIS/MARTIN CHUM 9. VINCENZO DE COTIIS GALLERY
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BOIS NATUREL TACTILE ET SENSITIF 1. «Stella», design Sandra Benhamou, collection Marfa, buffet, en merisier, réalisé à la main, prix sur demande, Sandra
Benhamou. 2. «Natural Organic», design Hartoyo, sculpture, en acajou, réalisée à la main, 154€, Ethnicraft. 3. «Bowater», design Jan Hendzel, buffet, en frêne anglais, finition huile naturelle, 5115€, Jan Hendzel Studio. 4. Cuillères, design Steph Trowbridge, en cerisier, érable, chêne ou noyer, sculptées à la main, 110€ l’unité, Steph Trowbridge. 5. Table basse, design Emmanuelle Simon, collection Ary, en chêne cannelé et loupe de chêne, bar intégré, édition numérotée, 19500€, Emmanuelle Simon. 6. «Rio Ipanema», design Bruno Moinard, console, en médium plaqué chêne et chêne massif, prix sur demande, Roche Bobois. 7. «Gio», design Hubert de Malherbe, Thierry Lemaire et Paolo Castelli, collection Greenkiss, chaise, en frêne massif, 1176€, Paolo Castelli. 8. Bibliothèque, design Grégoire de Lafforest pour Obumex, étagères et sphères en chêne, sur commande, Grégoire de Lafforest. ADR
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Pouenat x Yann Le Coadic, collection Ehrero, fauteuil, en aluminium, prix sur demande, Maison Pouenat. 3. «Inert Lamp», design Célestine Peuchot, lampes, en tube d’aluminium, néons à gaz soufflés et dôme en céramique bleue, réalisées à la main au Centre européen de céramique EKWC aux Pays-Bas, Célestine Peuchot. 4. «Alltubes», design Muller Van Severen, cabinet, en aluminium, 6200€, Muller Van Severen. 5. «Hydro», design Tom Dixon, chaise, en aluminium, finition texturée et effet miroir, édition limitée, 2475€, Tom Dixon sur Farfetch. 6. «Barrel Desk», design POOL Studio, bureau, en aluminium cintré et brossé, et cuir grainé noir, réalisé par l’Atelier François Pouenat, sur commande, POOL Studio. 7, 8. «Alltubes», design Muller Van Severen, cabinet mural et chaise, en tubes d’aluminium, 2900€ et chaise sur commande, Muller Van Severen. ADR Adresses page 160 30
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AIX-EN-PROVENCE AU FIL DES MATIÈRES - 13 MARSEILLE SÉRIÈS DÉCORATION - 16 L’ISLE D’EPAGNAC NUANCES UNIKALO - 22 MINIHY-TREGUIER AR DÉCO - 30 NIMES THEROND DÉCORATION - 31 TOULOUSE FLANELLE DÉCORATION - 31 TOULOUSE MAISON GOMEZ MÉRIGNAC INFLUENCES BY M - 35 FOUGÈRES PINTO ET FILS - 35 RENNES / MONTGERMONT VBA DÉCORATION - 37 CHAMBRAY-LÈS-TOURS DÉCOR 37 - 38 ECHIROLLES CAP COLOR - 42 SAINT-ETIENNE CAPAROL CENTER SAGRA 2 SAINT-GENEST-LERPT EPARVIER - 42 SAVIGNEUX CAPAROL CENTER SAGRA - 45 ORLÉANS CPPO BCL DÉCOR - 47 AGEN LES COULEURS D ALEX - 51 REIMS HALL DU PAPIER PEINT - 53 CRAON STÉPHANE COTTEVERTE - 53 LAVAL COLORISME - 53 LAVAL/CHANGÉ INFINI LEGNO NANCY NICOLE LHOTTE - 56 SAINT-AVÉ LT DÉCOR - 57 FAMECK P.P.M - 57 SARREBOURG MILDÉCOR - 59 LA MADELEINE CATTEAU - 60 BEAUVAIS VA DÉCORATION - 62 ARRAS DELCROIX DÉCORATION - 62 SAINT-OMER LIONET DÉCOR - 64 BIARRITZ ITOIZ DÉCOR TARBES PÉLEGRY PEINTURES - 67 OTTERSWILLER MILDÉCOR - 67 SELESTAT PROJART - 69 LYON SOLMUR CITY - 69 VILLEURBANNE SOLMUR DISTRIBUTION - 74 ANNEMASSE LATELIER DES PEINTRES - 75 PARIS AU FIL DES COULEURS PARIS BHV MARAIS - 75 PARIS LATELIER DES PEINTURES - 75 PARIS RECA DÉCORATION - 75 PARIS VANDENBROUCKE - 76 ROUEN CAPAROL CENTER-COULEURS D HORIZON 81 ALBI MAISON GOMEZ - 83 FRÉJUS LES DÉCORATEURS DU SUD SAINT-TROPEZ EKLE HOME - 85 LA CHÂTAIGNERAIE LOGIDÉCOR - 85 LE POIRÉ-SUR-VIE DÉCOR PEINT - 92 ANTONY MARIETTE DFD - 92 NEUILLY-SUR-SEINE LA MAISON BINEAU - 94 MAISONS ALFORT INFINI LEGNO MAISONS ALFORT - 98 MONACO FASHION FOR FLOORS
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Marseille
MAISON DE FAMILLE
DANS LA TRIBU SÉRIÈS, ON SE TRANSMET LE GOÛT DES BEAUX INTÉRIEURS AU FIL DES GÉNÉRATIONS. DEPUIS UN AN, UNE NOUVELLE FRATRIE, AMÉLIE, NICOLAS ET CLÉMENTINE SÉRIÈS, A REPRIS LE FLAMBEAU DE L’ENTREPRISE SÉCULAIRE, TEMPLE DU PAPIER PEINT ET DU TISSU D’AMEUBLEMENT. DU SANG NEUF POUR UNE HISTOIRE QUI DÉFIE LE TEMPS. PA R Marie-Hélène Balivet
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le trio revitalise le lieu d’un rose élégant, installe des rayonnages contemporains pour accueillir la multitude de catalogues et d’échantillons. Car le choix est là, partout où le regard se pose. Côté tissus, quarante grands éditeurs sont présentés : Frey, Lelièvre, Designer Guild, Nobilis... Côté papiers peints, les références s’affichent aussi : Arte, Élitis, Les Dominotiers, Casamance, Le Grand Cirque, Cole & Son, Bien Fait Paris… Une véritable profusion, mais quand il s’agit de choisir, le conseil est avisé, précis, visionnaire aussi, à l’image d’Amélie, reine du mix and match, qui pilote la boutique. Et Maison Sériès a des idées pour demain ! « Deux objectifs nous tiennent à cœur, explique Amélie : l’édition de tissus originaux, en partenariat avec des artistes locaux, et le développement de notre atelier de confection pour accompagner nos clients tout au long de leurs projets. »
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© XDR
En 1920, la décoration prend les murs d’assaut : l’engouement pour le papier peint est à son comble. Gaufré, doré, jouant avec les motifs Art déco, imitant l’exubérance végétale, la dentelle, la soie ou le cuir de Cordoue, le papier peint affirme l’identité de chaque intérieur, même modeste. Intuitif, Marius Sériès fonde EMS Le Papier Peint sur La Canebière, et devient l’un des principaux grossistes à la ronde. Quatre générations plus tard, Sériès Décoration, transféré rue Breteuil, s’est diversifié et transformé en un showroom ouvert au public, repaire de tous les architectes et décorateurs de la région. Début 2021, pour ses 101 ans, la vieille dame s’offre un coup de jeune : elle devient Maison Sériès, tandis que Jean-Noël passe le flambeau à ses neveux, Amélie, Nicolas et Clémentine. Guidé par l’architecte Julien Fuentes,
L’ E N D R O I T
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1. Matières et couleurs à l’unisson. Une scénographe travaille à l’agencement de l’espace Sophie Ferjani-La Sélection. Au fond du magasin, le bureau où elle propose, avec trois architectes d’intérieur, consultations déco et accompagnement de projets. 2. En quelques mois seulement, ce passage historique est devenu un concept store. Une métamorphose qui a très vite trouvé sa place dans la ville. 3. Pour concilier leurs attentes, être leurs propres patrons et vivre au soleil, Sophie et Baligh Ferjani ont quitté Paris pour Marseille en 2017.
Marseille
ESPRIT D’OUVERTURE
DANS SA BOUTIQUE QUI VA BIENTÔT S’AGRANDIR, SOPHIE FERJANI LAISSE LIBRE COURS À SA PASSION POUR LES GENS, LES MATIÈRES ET LES COULEURS. UNE SÉLECTION QUI DESSINE UN UNIVERS ET CAPTE DES ENVIES COMME DES VALEURS. AU PROGRAMME 2022, PA R Julie Daurel TOUJOURS PLUS D’ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR, DES COLLECTIONS À SON NOM ET UNE NOUVELLE ÉMISSION.
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de Ma Poésie, de venir me présenter elles-mêmes leurs nouveautés, poursuit Sophie Ferjani. J’adore ces rencontres, c’est tellement plus facile de vendre les objets dont on connaît l’histoire. » Brutes ou cuites, Sophie Ferjani ne cache pas ses affinités avec les terres du Sud, et les créations de Clay Atelier ou de la Maison Bonjour. Tous ces artisans, « qui ont de l’or dans les doigts », elle pourra désormais les mettre en lumière dans un nouveau concept d’émission de télévision, à voir sur M6 dès ce printemps. Celle-ci s’appellera « Tout changer ou déménager ! » Sophie, elle, ne change rien et reste à Marseille. C’est ici qu’elle orchestre ses projets et dessine des toiles de vie personnalisées. La lumière y est sûrement pour quelque chose. « Cela fait quatre ans que je vis ici, et tous les soirs je photographie un coucher de soleil différent. »
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© SOPHIE FERJANI - LA SÉLECTION
« Nous sommes des animaux. Nous avons besoin de voir, toucher, ressentir. Moi la première : je suis incapable de choisir sur catalogue. J’ai besoin de sentir les matières, de les associer, de marier les couleurs. Je voulais que cette boutique permette tout ça ! », souligne Sophie Ferjani. Cet hiver, comme un pied-de-nez à la morosité, la décoratrice d’intérieur a eu envie de cocons réconfortants, raffinés. Engagés aussi, car, parmi ses marques préférées, on trouve Annabel Kern, dont les couvertures sont confectionnées par des couturiers handicapés. Ou encore Muskhane, l’enseigne de Thierry et Valérie Billot, ayant travaillé dans l’humanitaire et qui font fabriquer, depuis des années, leurs objets en feutre dans la vallée de Katmandou, au Népal. « Ma boutique offre la possibilité à des créatrices, comme Anne Hubert et son linge de maison La Cerise sur le gâteau ou Elsa Poux
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Regards émancipés C’EST DE LIBERTÉ ARTISTIQUE QU’IL EST QUESTION CETTE SAISON. CELLE D’AGNÈS VARDA, QUI, À L’INSTAR DU FACTEUR CHEVAL, S’INGÉNIA À SUIVRE DES CHEMINS DE TRAVERSE. CELLE DE CHRISTIAN BÉRARD, QUI NAVIGUA AVEC BRIO D’UNE TECHNIQUE À L’AUTRE, OU ENCORE CELLE DE TONY CRAGG, QUI EST VENU S’AFFRANCHIR DES FORMES TRADITIONNELLES DANS LES ATELIERS VERRIERS DU STUDIO BERENGO…
Marie-Hélène Balivet
1. Agnès Varda, Autoportrait, église de Fossé (Ardennes), 1955. Au départ photographe du TNP, la réalisatrice a toujours croisé cinéma et photo.
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© SUCCESSION VARDA
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Le feu essentiel Améliorer par le design ce que nous offre le feu, c’est offrir plus de performance tout en simplifiant l’utilisation. C’est innover jusqu’à trouver l’harmonie avec l’environnement. Le Stûv 22, un chauffage au bois performant, une pièce essentielle qui prendra naturellement sa place dans votre architecture.
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Un goût inné pour l’architecture: c’est ce qui rapproche Ferdinand Cheval et Agnès Varda, et c’est le sujet de cette exposition logée dans le fameux Palais idéal. Quand le premier édifie son château extraordinaire, la seconde bâtit des cabanes avec les pellicules de ses films. Non habitables, ces «maisons favorites du monde imaginaire», sont avant tout un geste artistique donné en partage. L’exposition présente les
mini-cabanes de cinéma fabriquées par Agnès Varda en 2017, puis explore les liens tissés par la réalisatrice avec l’architecture, à travers ses photos, ses cadrages, ses montages. Mais les lieux sont faits pour être traversés et vécus. Celle qui filmait au plus près les êtres et leurs existences chuchote ici un message: l’architecture ne vaut que par ceux qui l’habitent. «Agnès Varda, architextures et perspectives», jusqu’au 3 avril. Palais idéal du facteur Cheval, 8, rue du Palais, 26390. facteurcheval.com
instant. N°2 Toulon
instant. N°3 Marseille, Narbonne…
instant. N°4 Mouans-Sartoux
Depuis sa création en 2014, la Bourse Révélations Emerige explore les territoires de jeu des jeunes artistes contemporains. Cette année encore, le travail des 12 finalistes est présenté lors d’une exposition collective, en partenariat avec la villa Noailles. « Leur univers est mouvant, nourri par les signaux d’un monde complexe, explique le commissaire Gaël Charbau. Dans ces approches plurielles, il n’y a plus de mouvement qui ferait école, mais une cascade de possibles, une multiplication d’étincelles, un vent artistique porté par une énergie centrifuge.» «Fireplaces», jusqu’au 12 février. Hôtel des Arts, 236, bd Maréchal Leclerc, 83000. hda-tpm.fr
Évoquer 13 siècles de dialogue entre la France et les arts islamiques : c’est le pari d’une exposition hors normes, qui mobilise 18 villes et présente 180 trésors du passé, profanes ou sacrés, issus des collections du Louvre ou des musées nationaux. Destinée à embarquer le plus vaste public, cette magnifique traversée fait chatoyer les liens intimes tissés avec l’Islam, de Rennes à Marseille, de Toulouse à Saint-Denis, de Figeac à Narbonne... Comme un écho à l’éternelle fascination réciproque entre Orient et Occident. «Arts de l’Islam, un passé pour un présent», jusqu’au 27 mars. 18 expositions, 18 villes. expo-arts-islam.fr
Commencées vers 1970, les collections Albers-Honegger et Lambert véhiculent les tendances artistiques de cette époque. Si l’art conceptuel et minimal leur servent d’ancrage, chacune a su garder son originalité. L’une se concentre sur l’abstraction géométrique, quand l’autre s’ouvre à la figuration des années 1980-1990. Libre de toute convention, voici un étonnant jeu de miroirs, reflétant des lectures complémentaires de l’histoire de l’art contemporain. «Revenir vers le futur, la collection Lambert et la donation AlbersHonegger», jusqu’au 3 avril. Espace de l’Art concret, château de Mouans, 06370. espacedelartconcret.fr
1. Agnès Varda, Les Dites Cariatides, 1984. Photogramme du court-métrage. La Terrasse du Corbusier (Marseille), 1956. Photographie. 2. Antoine Medes, Swan song, 2020. Céramique émaillée. 3. Muhammad ibn al-Zayn, bol en métal, Égypte ou Syrie, vers 1320-1350. 10,3x21,5cm. À découvrir à la bibliothèque de l’Alcazar de Marseille, jusqu’au 26 mars. 4. Robert Mangold, V Series Central Diagonal 2, 1968; W Series Central Diagonal 2, 1968; X Series central diagonal 2, 1968. Collection Lambert, Avignon/Centre national des arts plastiques.
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© 1. CINÉ-TAMARIS, SUCCESSION VARDA 2. XDR 3. MUSÉE DU LOUVRE, DIST. RMN-GRAND PALAIS/RAPHAËL CHIPAULT 4. ADAGP, PARIS, 2021, PHOTO FRANÇOIS DELADERRIÈRE
instant. N°1 Hauterives
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instant. N°5 Évian Il faut aller au bord du lac Léman pour admirer cette rétrospective consacrée à Christian Bérard. Peintre, décorateur et costumier de théâtre, dessinateur de mode, ce feu follet bohème et mondain mit son talent au service de Jean Cocteau et de Louis Jouvet, du magazine Vogue et du Harper’s Bazaar. À Hyères, il fréquenta Charles et Anna de Noailles dans la villa avant-gardiste que leur bâtit MalletStevens. Son œuvre pleine de grâce résonne plus que jamais comme l’écho lointain des fêtes disparues. «Christian Bérard au théâtre de la vie », du 5 février au 22 mai. Palais Lumière, quai Charles-Albert-Besson, 74500. palaislumiere.fr
Organisée par le Studio Berengo, l’exposition met à l’honneur le sculpteur anglais Tony Cragg, et notamment une série récente de travaux en verre soufflé, réalisés dans les ateliers Berengo. L’artiste y explore un nouveau rapport avec la matière en fusion. Glissant de son esprit dans les mains des maîtres-verriers, celle-ci s’émancipe des formes usuelles, pour incarner le mouvement et l’énergie d’un moment unique. «Tony Cragg, Silicon Dioxide», jusqu’au 13 mars. Museo del Vetro, Fondamenta Marco Giustinian, 8. museovetro.visitmuve.it
instant. N°7 Marseille Icône planétaire, la Joconde fascine. Que peut encore révéler le sourire de Mona Lisa? C’est au Palais de la Bourse, siège de la CCI Aix-Marseille-Provence, que le Grand Palais immersif a choisi de répondre, avec sa toute première exposition. Conçue comme une déambulation sensorielle, celle-ci fait pénétrer le public au cœur du chef-d’œuvre. Sous les voûtes Second Empire, une rencontre intime avec Léonard de Vinci et sa muse. «La Joconde, exposition immersive», du 10 mars au 21 août. Palais de la Bourse, 9, La Canebière, 13001. cciamp.com 5. Christian Bérard, Le Joueur de flûte, non daté. Panneau provenant de la salle à manger des Polignac. Huile sur toile collée sur contreplaqué, 250 x 193 cm. Collection particulière. 6. Tony Cragg, Wirbelsäule, 2020. Verre soufflé. Au Studio Berengo, l’artiste a expérimenté la flexibilité de la matière en fusion. 7. Au Palais de la Bourse
à Marseille, « La Joconde, exposition immersive » renouvelle l’expérience de la visite muséale et le rapport de chacun au célèbre tableau de Léonard de Vinci.
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© 5. MIRELA POPA 6. FRANCESCO ALLEGRETTO 7. MARDI8 - ARTISANS D’IDÉES, 2021
instant. N°6 Murano
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instant. N°8 Marseille
© 8. MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS, DE LA FAÏENCE ET DE LA MODE/XDR 9. MAIRIE DE CANNES, C. GERMAIN 10. ROBERTO RUIZ
Comme un zeste de soleil dans l’hiver, le nouvel accrochage du musée des Arts décoratifs est dédié à une couleur évocatrice du Sud: le jaune. Ce focus confronte la céramique à la mode, deux domaines phares du musée. Les faïences produites au XXe siècle par la manufacture Saint-Jean-du-Désert dialoguent ainsi avec des modèles haute couture et prêt-àporter des années 1930 à 2000. Surgis des collections du musée, ceux-ci chatoient de toutes les nuances ensoleillées imaginées par Paco Rabanne, Chantal Thomass, Christian Lacroix…«Simplement jaune», jusqu’au 18 septembre. Musée des Arts décoratifs, château Borély, 13008. musees.marseille.fr
instant. N°9 Hyères Une ancienne banque transformée en musée des cultures et du paysage, c’est hors du commun. Plus convenue, l’exposition inaugurale évoque la fascination exercée par la lumière du Sud sur des peintres de tous horizons, de Ziem à Renoir, de Signac à Bonnard, Dufy ou Masson. Mais les œuvres réunies offrent une telle féérie de couleur et de sensualité, qu’il est recommandé de faire le détour. Un hommage ébloui à la Méditerranée. «Face au soleil», jusqu’au 27 mars. La Banque, 14 avenue Joseph-Clotis, 83400. hyeres.fr/la-banque-musee
instant. N°10 Toulouse On raconte ici l’histoire méconnue du visionnaire docteur François Tosquelles (1912-1994), réfugié espagnol installé en Lozère. Dans l’hôpital psychiatrique où il travaille durant l’Occupation, il demande aux pensionnaires de s’adonner à une activité artistique. Leurs créations circulent, émeuvent, avant d’être collectionnées par Jean Dubuffet. Un regard éclairant sur la naissance de l’art brut et de l’art thérapie. «La Déconniatrie», jusqu’au 6 mars. Les Abattoirs, Frac Occitanie, 76, allées Charles-de-Fitte, 31300. lesabattoirs.org 8. Paco Rabanne, Robe du soir, haute couture printemps-été 1988. Métal, organza, broderie. Collection Château Borély. 9. Georges Ribemont-Dessaignes, Au Trayas, vers 1907. Huile sur toile. Collection du musée des Explorations du monde, Ville de Cannes. 10. François Tosquelles, Vue des toits de Saint-
Alban depuis le logement de la famille Tosquelles, dans le bâtiment d’administration, 1947. Huile sur toile, 32 x 39 cm. Collection Famille Ou-Rabah-Tosquelles.
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L’ENDROIT
PREMIER DE CORDÉE À Saint-Pantaléon-de-Larche, près de Brive, Stéphane Assolari a fait le pari de sauver la corderie Palus, dernière corderie traditionnelle au long de France. Avec cette petite équipe de cordiers passionnés, voyage sur le fil au cœur de la matière et d’un savoir-faire d’excellence véritablement… attachant! PA R
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Julie Daurel
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Nicolas Millet
P E L OT ON S D ’ E X C E P T I ON PA GE D E GA UC H E Avant d’être commis en cordage, les torons de chanvre sont étirés sur 200 mètres par les cordiers. PA GE D E D R OITE Encollée au collagène naturel et polie, cette ficelle de lin, au départ dédiée au saucisson, sert aussi aujourd’hui au jardinage et aux loisirs créatifs.
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LA DANSE DE S FILS PA G E D E GAUCHE 1. Les interminables hangars, datant de 1940, où rien n’a changé, pas même le sol en terre battue. 2. Roues, couchoirs, épissoirs et maillets : tout le petit bazar de la corderie Palus. 3. Fibre et commettage
réalisés sur mesure : les couronnes de chanvre poli, qui a été sélectionné par Christian Astuguevieille. 4. Les mains en or de Maria de Fátima, dans la maison depuis 45 ans. 5. Ces rollseuses américaines du début du XXe siècle fabriquent des fusettes de ficelle armée pour palisser la vigne.
6. En cas de casse, la bobine pour réparer la fibre des torons. PA G E DE DR O I T E À peine sortis de la filature, ces fils bruts, de différents titrages ou épaisseurs, sont assemblés par torsion pour former les torons.
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F IE FF ÉS GRELI NS ! PA G E D E GAUCHE Tenue et souplesse incomparables, les cordages (septains ou grelins)Palus font le bonheur des éleveurs qui aiment ces licols made in France. Stéphane Assolari espère les fabriquer bientôt à partir de chanvre français, qui était cultivé jusqu’aux années 1970. PA G E D E DROITE 1. Virginie, ex-aidesoignante dans un Ehpad, a rejoint l’équipe de cordiers passionnés, tous d’horizons variés. 2. À la corderie Palus, on tresse aussi les fibres synthétiques en sandows ou cordelettes d’élagueurs.
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e jour où la corderie Palus n’existera plus, la France aura perdu sa dernière corderie au long. Mais heureusement, cette merveille de fabrique née en 1908 a commencé une nouvelle vie en 2018, grâce à Stéphane Assolari. Sauver un savoir-faire d’excellence, cela avait du sens pour cet ancien ingénieur. Spécialiste de la déformation à froid des aciers, habitué aux process bien huilés de l’industrie automobile, il s’est retrouvé devant un outil industriel pas banal, à la fois rustique, empirique, faussement désordonné. Dans ces interminables hangars datant de 1940, les cordes (et leurs cordiers !) peuvent courir jusqu’à 200 mètres de long. Là, des machines historiques, mises au point par les premiers cordiers, font toujours le job, même si un bureau des méthodes s’arracherait les cheveux. Stéphane Assolari savoure la poésie alliée à la performance de quatre crochets fixés sur un moyeu de vélo : pour séparer les quatre torons d’une corde à « commettre » (mettre en torsion), on n’a pas fait mieux ! Alors, doucement, sans détruire la magie qui fait aller au travail avec le sourire, il fait évoluer les choses vers plus de sécurité. Davantage de modernité aussi. « C’est amusant, parce qu’on a sollicité le label Entreprise du patrimoine vivant, tout en intégrant
le programme Usine du futur, dédié aux usines 4.0. Pour moi, ce n’est pas incompatible ! », sourit-il. Sa curiosité est sans fin, comme les déclinaisons de ses cordes et ficelles : câbles en acier Inox pour plongeurs, câbles électriques pour luminaires italiens, cordons pour grands crus de Sauternes ou licols pour éleveurs de bétail, cordes à nœuds ou sangles de tapissier, ficelle alimentaire ou coton à macramé. Sans oublier la corde de chanvre poli, très spéciale, qui habille les commodes de Christian Astuguevieille, client de la première heure. Il y en a pour tous les goûts, pour toutes les bourses aussi. « C’est un métier génial, si rare : un métier de passionnés », dit Maria de Fátima, arrivée ici comme apprentie il y a… quarante-cinq ans ! « Maria est notre trésor, dit Stéphane Assolari, car elle peut transmettre ce savoir historique aux autres membres de l’équipe. » Douze salariés aux profils bigarrés : serveuse, aidesoignante, mécano… tous en quête de sens. « Je suis sensible aux gens prêts à se réinventer », précise-t-il. Au made in France aussi, lui qui rêve de s’écarter du chanvre asiatique, et œuvre pour le retour du chanvre français, qui poussait chez nous jusqu’aux années 1970. En un mot, rebâtir une filière qui n’aurait jamais dû s’essouffler. Adresses page 160 49
VI E D ES VI LLES RÉ VEIL HISTORIQUE PA G E D E GAUCHE Le cœur de Montpellier est un livre ouvert sur plusieurs siècles d’architecture. Elle est ici haussmannienne, sur la place de la Comédie, avec l’immeuble nommé «Le Scaphandrier», construit entre 1897 et 1898, et propriété de Charles Lonjon, maire de Montpeyroux. PA G E D E DROITE 1. Le bistrot La Canourgue des frères Pourcel, dans la cour intérieure sous verrière de l’hôtel Richer de Belleval, datant du XVIIe siècle. 2. À l’entrée de la promenade de Peyrou, face à l’arc de triomphe, sculpture de JeanAntoine Injalbert, L’Amour domptant la force, 1883.
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VI E D ES VI LLES
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L’ ENVOLÉE CRÉATIVE ON LA PENSE EN VILLE LA PLUS ENSOLEILLÉE DE FRANCE, RAYONNANT ENTRE PLACES ACCUEILLANTES ET RUELLES MÉDIÉVALES ÉTROITES, DESSINANT UN VASTE DÉDALE PIÉTONNIER, MONTPELLIER SE DÉCOUVRE EN MÉTROPOLE SURPRENANTE, PUISANT DANS SES TRADITIONS CULTURELLES POUR INVENTER DEMAIN. DE NOUVEAUX ÉCOSYSTÈMES CROISANT PATRIMOINE, ARCHITECTURE, ART, GASTRONOMIE, DESIGN, ARTISANAT… S’IMAGINENT ENTRE LES MAINS DE PERSONNALITÉS MULTIPLES. LA CULTURE CULTIVE LES EXPÉRIENCES PLURIELLES, LES ESPRITS SE VEULENT LIBRES ET LA VILLE SE DANSE. PA R
Virginie Bertrand
PHOTOS
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MON T PEL L IER
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isions d’architectes, épicentre d’artistes, depuis des décennies, Montpellier se prête à tous les projets, de la cité Antigone, du regretté Ricardo Bofill, à l’Arbre blanc, tout en ombres portées, de Sou Fujimoto, en passant par le parallélépipède noir de la mairie signé Jean Nouvel et François Fontès ou encore les réalisations de Zaha Hadid, Philippe Starck, Christian de Portzamparc, Rudy Ricciotti. Ricardo Bofill, le charismatique architecte catalan de la place de la Catalogne à Paris, de celle de l’Europe au Luxembourg ou de l’incroyable labyrinthe La Muralla Roja à Calpe, théâtralise l’est de la ville. Il lui dessine une cité gréco-romaine, aux dimensions pharaoniques. Cette construction rivalise avec la partie historique de l’aqueduc et de la promenade du Peyrou à l’ouest. C’est d’ailleurs cette dernière qui aujourd’hui vibre sous l’actualité artistique. La Fondation GGL Helenis et son directeur artistique Numa Hambursin, avant son arrivée au MO.CO, sollicitent cinq artistes de renommée internationale en vue de la restauration de l’hôtel Richer de Belleval, afin «qu’ils participent à ce fil tendu entre l’exigence de l’histoire et l’excellence de notre contemporanéité». Jan Fabre, Jim Dine, Marlène Mocquet, Abdelkader Benchamma et Olympe RacanaWeiler prennent le pouls de la ville. L’artiste américain Jim Dine, pionnier du pop art aux côtés d’Andy Warhol, ouvre le bal. Son œuvre s’intitule Faire danser le plafond, conviant le visiteur à prendre part à «sa folie juvénile à exprimer le sublime». Son plafond carrelé de cœurs accueille l’hôte dans «ce palais contemporain» souhaité par le groupe Château-Pourcel allié à GGL Helenis. «Nous voulions rendre aux Montpelliérains ce lieu emblématique, qui fut mairie puis palais de justice, avant d’être en déshérence. Nous souhaitions en faire une maison de famille, que les gens se sentent chez
eux», souligne le chef Jacques Pourcel. Et d’ajouter: «C’est une nouvelle dynamique dans le quartier de l’Écusson, mais aussi à visée internationale.» Ce n’est pas seulement la place de la Canourgue qui retrouve son rôle de place historique élue par Guilhem VI, seigneur de la ville en 1128, mais tout le cœur de Montpellier qui bat plus fort, de la place de la Comédie aux églises SaintRoch et Sainte-Anne. Loin du centre, c’est un autre en devenir, au carrefour des cités, que choisit la chorégraphe Mathilde Monnier pour y installer sa compagnie, après six ans passés à la direction du Centre national de la danse à Pantin. Au sein de la Halle Tropisme, elle investit la Menuiserie. Au-delà des répétitions et des spectacles, ce qu’elle désire est d’inviter tout Montpelliérain à entrer dans la danse! Elle entend mettre les corps en mouvement. «Cette résidence longue durée dans un lieu de vie et de travail permet d’expérimenter et de mettre en pratique ce que l’art fait à la vie.» Autre exemple sur le tempo d’une valse à trois temps version électro, le MO.CO, un cas unique dans l’univers de l’art contemporain. Il allie l’École des beaux-arts, l’Hôtel des Collections destiné aux expositions et la Panacée dédiée à la création émergente, une association d’acteurs et de moyens au service des artistes. Partout dans la ville, se tissent des synergies initiant de nouvelles façons de vivre ensemble, de partager. Le collectif Indigo rassemble des designers pour plus de visibilité. La Nef, au sein de la chapelle de la Visitation, regroupe des artisans d’art. Autre énergie collective, essentielle, le temple du design RBC, orchestré par Franck Argentin et dessiné par Jean Nouvel. Plus loin, l’agence A+Architecture de Philippe Bonon se meut en galerie d’art afin de mettre en commun leurs affinités artistiques. Autant d’énergies suscitant le désir de prendre part à cet art de vivre et d’être.
ST Y L E S C ONV E R G E NT S PA GE D E GA UC H E 1. Montpellier offre une page blanche au street-art. 2. La ville compte une multitude de jardins et de places. On déambule sur la place de la Comédie, un des plus vastes espaces piétonniers d’Europe, amenagé au XVIIe siecle. 3. Sculpture La Victoire de Samothrace face à l’hôtel de Région, de Ricardo Bofill. 4. L’Arbre blanc de Sou Fujimoto Architects, Laisné-Roussel et OXO Architectes. Les balcons y offrent l’ombre nécessaire et protègent du vent. PA GE D E D R OITE Antigone, le quartier néoclassique signé Ricardo Bofill. Éloge de l’Antiquité, de la symétrie et des jeux de perspectives, les constructions sont sculptées de colonnes et de frontons.
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MON T PEL L IER
L’expérience multiple TROIS DESTINATIONS EN UNE. HIER PALAIS PARTICULIER ÉDIFIÉ EN 1676 PAR CHARLES DE BOULHACO, PUIS DEMEURE DE LA FAMILLE DU FONDATEUR DU JARDIN DES PLANTES, L’HÔTEL RICHER DE BELLEVAL TÉMOIGNE DES DIVERSES ÉPOQUES. SON HISTOIRE CONTINUE DE S’ÉCRIRE AVEC UNE NOUVELLE DYNAMIQUE. FONDATION D’ART CONTEMPORAIN GGL HELENIS, 5 ÉTOILES RELAIS & CHÂTEAUX ET LE RETOUR DU JARDIN DES SENS, LE RESTAURANT DES FRÈRES POURCEL, Y VIBRENT À L’UNISSON. L’ESCALE SE VEUT EXPÉRIENCE MULTIPLE.
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M É MOIRE EN COULE UR PA G E D E GAUCHE Table éphémère pour un dîner privé, installée dans un espace de la Fondation. Celle-ci accueille jusqu’au 31 mai une
exposition consacrée à l’artiste Claude Viallat, un des fondateurs du mouvement Supports/Surfaces. PAGE DE DR OIT E Dans le boudoir du premier étage, Le Chant de la Sybille, œuvre
de la jeune artiste Olympe Racana-Weiler. Il faut y lire la mémoire des histoires vécues entre ces murs au cours des nombreuses vies de l’édifice.
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AGITATEURS DES SENS
© 2. JULIE LIMONT
«Nouvelle maison, nouvelle vision. On est reparti d’une page blanche en conservant le savoir-faire et l’esprit Pourcel.» Cinq ans après la fermeture du premier Jardin des Sens en 2016, ouvert en 1988 par Laurent et Jacques Pourcel avec leur ami et associé Olivier Château, le trio récidive à Montpellier, leur terre de sang. Habité par l’Histoire, peuplé d’œuvres d’art contemporaines, théâtralisé par leur fantasque complice Christian Collot, leur nouvel écrin est un «petit palais à l’époque d’aujourd’hui, qui appelle une cuisine en résonnance, un certain classicisme avec folie, sans être bridée par des codes, des guides. On a créé ce lieu pour une passion, dans une totale liberté, pour développer une proximité toujours plus grande avec le visiteur, le surprendre – que cela percute dans la bouche – avec un service décontracté, une carte non figée». La dimension intime de leur nouveau Jardin des Sens, mais aussi de la table bistronomique La Canourgue, leur permet de renouer avec «les jardiniers maraîchers qui font de la haute couture sans forcer la nature», les pêcheurs du Grau-du-Roi, les producteurs d’huile d’olive, les petits vignerons languedociens. Dans l’assiette, homard et ravioli de potimarron, noisettes fraîches et rhubarbe, le loup imprimé d’herbes et calamars, racines de cerfeuil confites… «On part sur quelque chose d’écrit, on le repense, on le déroute, on le transforme.» Et la magie opère! À GAUCHE 1, 3. La décoration du bar L’Élytre, signée du créateur d’ambiance Christian Collot. 2. Hommage à un esprit libre, de l’artiste Jan Fabre, inspiré des planches botaniques de Pierre Richer de Belleval. 4. Le bistrot La Canourgue. À DROITE 1. Jacques et Laurent Pourcel. 2. Faire danser le plafond, une mosaïque réalisée par Jim Dine. 3. Amusebouches, préludes au menu Dégustation en 10 ou 15 plats. Les assiettes de Jacques et Laurent Pourcel sont conçues comme des œuvres éphémères.
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D’ART ET D’HISTOIRE «Comment faire un palais à notre époque? En y faisant entrer l’art contemporain comme le prolongement naturel de l’exception du passé, et afin qu’il devienne patrimoine moderne. Venise ou Rome sont mes références. À Rome, en poussant une porte, on se retrouve face à une fresque réalisée il y a trois cents ans. Il fallait aussi qu’on ait le souffle coupé en pénétrant l’hôtel Richer de Belleval.» Numa Hambursin décrit ainsi l’ambition de la Fondation GGL Helenis qui irrigue ce Relais&Châteaux. Les cinq œuvres monumentales, réalisées in situ, investissent les espaces. L’artiste Jan Fabre opte pour le lanternon d’un salon à l’italienne, qui fut autrefois salle des mariages. Des milliers d’élytres de scarabées forment deux sphinx géants, tenant dans leurs serres un serpent, symbole de résurrection. Marlène Mocquet peuple le plafond de l’escalier d’honneur de ses pommes d’amour et volatiles intrigants. Autre invitation à lever les yeux au ciel par Abdelkader Benchamma, qui confronte les quatre éléments sous les voûtes de la réception. Ici, souffle un vent nouveau donnant le ton de l’expérience hôtelière et gastronomique. Au premier étage, les chambres conservent boiseries, moulures et cheminées. Christian Collot les a voulues monochromes ou en demi-teintes, en contraste avec les explosions colorées des artistes. Cette place de l’art l’incite à jouer une certaine théâtralisation: rideaux spectaculaires, chambres à forte personnalité, dans un esprit à chaque fois singulier. «Pour que les nuits soient aussi belles que les jours.» H ÔT E L R I C H E R D E B E L L E VAL
5 étoiles Relais & Châteaux, 15 chambres et 5 suites. Restaurant gastronomique Le Jardin des Sens et table bistronomique La Canourgue. Visites organisées par la Fondation GGL Helenis. 58
PALAIS CONTEMPORAIN L’hôtel Richer de Belleval, demeure de la famille du botaniste fondateur du jardin des Plantes, jusqu’en 1816, puis mairie jusqu’en 1975, avant de devenir tribunal puis d’être délaissé, renoue avec ses fastes. Restauration au cordeau par l’agence d’architecture Philippe Prost, spécialiste du patrimoine, et décors peints d’exception ravivés par l’Atelier de Ricou. Aux fresques du XVIIe et colonnades néoclassiques se mêlent des œuvres contemporaines pérennes, commandes de la Fondation GGL Helenis. En son cœur, le retour du Jardin des Sens de Jacques et Laurent Pourcel. Dans les étages, vingt chambres à la décoration orchestrée par Christian Collot, créateur d’ambiances auprès d’eux depuis le Carré Mer. «Il est aussi fou que nous, et se tient volontairement à distance des codes établis.» Ils veulent un lieu atypique, le décorateur répond: «J’ai pensé à Marie-Antoinette version Coppola. Couleurs en camaïeu et touches rock d’un tapis des collections Moooi Carpets, à côté d’un lit surmonté d’angelots marouflés sur toile… Le chic et le choc, l’ascenseur émotionnel!» Qu’il reprend au café feutré L’Élytre au premier étage: «un mix entre Harry Potter et un bar anglais à cigares». Jubilatoire, l’endroit multiplie les surprises et sollicite l’esprit autant que les sens.
© JULIE LIMONT
DE CORS RE TROUVÉS PA G E D E GAUCHE 1. La façade de l’hôtel Richer de Belleval sur la place de La Canourgue. 2. Chaque chambre s’interprète dans un camaïeu différent, du rose blush au vert amande, défini par Christian Collot.
3. Les chambres du premier étage ont retrouvé leurs gypseries, boiseries et cheminées historiques, sous une hauteur de plafond de 4 mètres. PAGE DE DR O I T E Une des pièces du Jardin des Sens, sous les voûtes sculptées et les fresques du XVIIe, restaurées par l’Atelier de Ricou.
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Sciences et botanique L E J A R DI N DES P LA N TES , R I CHE DE PL U S DE 3 000 ES PÈCES , OÙ L A BOTANI QU E S’Y ENSEIGNE DEPUIS 1597, PLANTE LE DÉCOR D ’U N E VI LLE P I O N N I È R E DANS L E DOM AI NE DES S CI ENCES . RAT TACHÉ À L A FACULTÉ DE MÉDECINE, LA PLUS ANCIENNE D ’ E U R O P E FO N D ÉE I L Y A H U I T CENT S ANS , I L AS S OCI E T OU J OU RS M I S S I ON U NIVERSITAIRE ET PROPENSION À L’IMAGINAIRE, LE TO U T S O U S LA M A X I M E « VI VEZ J OY EU X », I NS CRI T E AU DOS DE L A S TAT U E DE RAB ELAIS ACCUEILLANT LES VISITEURS.
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HISTOIRE NATURELLE Dès le Moyen Âge, Montpellier se distingue par son savoir botanique. Riche d’une garrigue foisonnante d’herbes médicinales et d’un port ouvert aux grandes expéditions, la cité, entre plantes endémiques et importées, est propice aux apothicaires. En 1593, Pierre Richer de Belleval, docteur et botaniste émérite, propose à Henri IV de créer un jardin royal pédagogique. Au sud, les plantes médicinales entre l’orangerie et la serre aux succulentes. Au nord, une forêt aux diverses essences, dont une bambouseraie aux arbres séculaires. Au centre, «le mont Richer» illustre le génie de Pierre Richer de Belleval qui initie une culture en terrasse. Au sein de l’Institut de botanique est conservé le plus important herbier, après celui du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. J AR D I N D E S P L ANT E S
Visites thématiques sur inscription ou en accès libre. QR codes proposant une fiche explicative sur chaque arbre et plante. CI-DESSUS 1. Le jardin des Plantes associe à sa mission pédagogique celle de conservation et d’observation, la serre Martins aux succulentes, construite en 1860 et rénovée en 2010, abrite plus d’une centaine d’espèces de cactus du monde entier, dont certains en voie de disparition. Au premier plan, un palmier-dattier Phoenix dactylifera. 2. L’herbier de l’Institut de botanique, commencé dès le XVIe siècle, est aujourd’hui en partie numérisé, avec plus d’un million de planches scannées.
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Mythes et moulages LA C O LLEC TI O N D E M O U LAG ES , COM M E L E J ARDI N DES PL ANT ES , ES T CL AS SÉE AU TITRE DES MONUMENTS H ISTORIQUES, EN TÉR I N A N T S A VA L EU R PAT RI M ONI AL E U NI QU E EN FRANCE. EL L E ES T TOUJOURS LIÉE À L’ENSEIGNEMENT DE L’ A R CH ÉO LO G I E ET À C ELU I D E L’ HI S T OI RE DE L’ ART, M AI S S E PARCOU RT ÉGAL EM ENT LIB REMENT. UNE EXPÉDITION PARMI LES DIEUX ET FI G U R E S M Y TH O LOGI QU ES , ENT RE DES AM PHORES À PARFU M S ET DE S SARCOPH AGES DES PREMIERS SIÈCLES.
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COLLECTION IDÉALE Par l’intermédiaire des copies de plâtres réalisées aux XVIIIe et XIXe siècles par les meilleurs ateliers mondiaux, ceux des musées du Louvre, des Beaux-Arts de Paris, de Berlin, du British Museum… le musée des Moulages illustre une collection idéale. Elle représente les différentes périodes de l’art antique et médiéval: des sculptures de la Grèce ancienne au Moyen Âge, en passant par les périodes romane et gothique. Dernièrement, un Cabinet d’antiques a été inauguré et rassemble vingt-deux objets venus du Louvre: statuettes en ronde-bosse, stèles funéraires, fragments d’architecture et figurines en terre cuite. Devant ces fonds exceptionnels des universités, Numa Hambursin, directeur du MO.CO, rêve d’un musée de la Connaissance à Montpellier. MUSÉE DES MOULAGES
Au sein de l’université Paul-Valéry Montpellier 3, visites guidées sur rendez-vous et expositions temporaires. CI-DESSUS 1. Le musée des Moulages s’inscrit dans un vaste bâtiment conçu en 1970 à sa mesure, situé sur le campus de l’université Paul-Valéry Montpellier 3. Il est classé Patrimoine du XX e siècle, comme le théâtre de la Vignette voisin, autre lieu de croisement entre le monde universitaire et le territoire montpelliérain. 2. Amazone blessée, copie romaine d’une œuvre grecque du Ve siècle avant notre ère, moulage réalisé au XIXe siècle, musée des Moulages.
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Écosystème artistique MO.CO P O U R « M O N TP ELLI ER CONT EM PORAI N ». CONCEPT U AL I S É PAR NI COLAS B OURRIAUD, COFONDATEUR DU PALAIS D E T O K Y O , D I R I G É PA R N U M A HAM BU RS I N, L E MO.CO FAI T I NT ERAGI R L ES FORCES VIVES DE L’ART. INSTITUTION H ORS FORMAT, HORS CADRE, RÉSOLUMENT ANTICONFORMISTE, ELLE RASSEMBLE LE MO.CO ESBA (L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS), L E MO.CO PA N A C É E E T L E MO.CO H Ô T E L D E S C O L L E C T I O N S , E T E N T E N D B I E N R E N D R E P O P U L A I R E L’ A RT C O N T E M P O R A I N .
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À L’AVANT-GARDE «Le MO.CO est une spécificité au-delà du sud de la France. Cette dynamique peut avoir un caractère exemplaire pour le reste du pays.» Numa Hambursin, récemment nommé à sa tête, anime cette hydre à trois têtes. Il ajoute à la dimension «contre-scène culturelle française» voulue par Nicolas Bourriaud, l’ancrage local. «Nous avons les moyens, les lieux, une équipe de grande qualité. Nous voulons multiplier les interactions.» Il donne en exemple la première monographie dans l’Hôtel des Collections à l’été 2022 de l’artiste belge Berlinde de Bruyckere, qui animera un workshop aux Beaux-Arts. Ou encore l’exposition de céramiques «Contre-Nature», avec entre autres Marlène Mocquet. L’idée lui est venue des étudiants dont l’intérêt pour ce médium est croissant. Un cercle vertueux.
Exposition du 19 mars au 24 mai: «Trans(m)issions: Lili Reynaud Dewar, Jean-Luc Vilmouth, Mathilde Monnier». À GAUCHE 1. L’exposition «L’épreuve des corps», collection de la Fondation Sandretto Re Rebaudengo, croise artistes reconnus et émergents. Scénographie de Diego Passarinho Studio. 2. Numa Hambursin, critique d’art, commissaire et ancien directeur artistique de la Fondation GGL Hellenis, aujourd’hui à la tête du MO.CO. À DROITE 1, 4. Le restaurant de l’Hôtel des Collections. Au plafond, sculpture en néon de Loris Gréaud. 2. Façade du MO.CO. L’identité visuelle a été conçue par Zoo Graphic Studio. 3. REST, 2020, Michele Rizzo.
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© 2. BRICEPELLESCHI
MO.CO H ÔT E L D E S C OL L E C T I ON S
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Laboratoire de création LE DEUXIÈME CHAÎNON DU MO.CO, LA PANACÉE, SE FAIT LABORATOIRE DE LA CRÉATION. DANS CET ANCIEN BÂTIMENT DE LA FACULTÉ DE PHARMACIE, LES EXPOSITIONS SE PRÊTENT À TOUTES LES EXPÉRIENCES : PERFORMANCES, VIDÉOS, INSTALLATIONS, MUSIQUE. UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’ARTISTES, CONNUS OU EN PASSE DE L’ÊTRE, CROISE LES MÉDIUMS. SON CAFÉ À L’ARCHITECTURE ARTE POVERA PROLONGE CES RENCONTRES. AU PRINTEMPS, RENDEZ-VOUS AVEC MARLÈNE MOCQUET ET SES POMMES D’AMOUR.
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LIEU EXPÉRIMENTAL À la Panacée se déroule la première biennale du territoire, «Sol!». Les curatrices du MO.CO, Rahmouna Boutayeb et Caroline Chabrand, sont parties en prospection des artistes d’Occitanie. «Un long cheminement de la montagne à la mer, à la terre.» Plus de trente ont été retenus pour cette édition inaugurale nommée «Un pas de côté». «Il s’agissait de décloisonner les pratiques et d’ouvrir un champ des possibles, une porosité entre les expressions, art brut, fanzine, vidéo, installation, musique...» Numa Hambursin insiste sur cette nouvelle carte mentale de l’art :«Quand on regarde l’offre, le Midi est un des endroits au monde où elle est la plus importante. Le MO.CO s’inscrit dans ce mouvement historique et désire faire prendre conscience du patrimoine et des possibilités en matière d’art contemporain.» L A PANAC É E 4.
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Exposition du 12 février au 24 avril : «Max Hooper Schneider, pourrir dans un monde libre».
CI-DESSUS 1. Sculpture d’Élisa Santozzi, perchée sur le toit de la Panacée, dans le cadre, ou plutôt hors cadre, de la biennale du Territoire. 2. Le Café de la Panacée, signé de l’agence 1024 et Stéphanie Grimard. C’est le lieu de rendez-vous des équipes du MO.CO et des étudiants en art. 3. Vincent Honoré, le directeur des expositions. 4. Ancien bâtiment de la faculté de pharmacie, la Panacée conserve l’ossature de l’édifice. 5. Vue de plusieurs installations lors de la biennale du territoire « Sol ! ».
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Catalyseur d’énergies NI TIERS-LIEU, NI FRICHE ARTISTIQUE. LA HALLE TROPISME INITIE UNE TROISIÈME VOIE, EN ADÉQUATION AVEC LES QUARTIERS DANS LESQUELS ELLE S’INSCRIT, ET PRÉFIGURE L’IDÉE DE LA FUTURE CITÉ CRÉATIVE DE 2030. DÉJÀ S’Y IMPLANTENT LES ÉCOLES DE JOURNALISME ET DES MÉTIERS D’ART. INSTALLÉE DANS D’ANCIENS BÂTIMENTS MILITAIRES, À L’INITIATIVE DE L’ASSOCIATION ILLUSION & MACADAM, SES 4 000 M 2 RASSEMBLENT PLUS DE 150 ACTEURS CULTURELS, 400 ÉVÉNEMENTS PAR AN, DES ARTISTES CONFIDENTIELS ET RECONNUS EN RÉSIDENCE.
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ESPACE MULTIPLE Vincent Cavaroc, le directeur, insiste sur la dimension unique de la Halle Tropisme: «Au-delà du coworking, c’est une triple vocation: culturelle, sociale et entrepreneuriale, avec une programmation collaborative, où l’on peut sauter du coq à l’âne.» Autour de ces ingrédients, une communauté d’indépendants: du numérique, des arts vivants, du design… Le premier festival des cultures gitanes vient de se dérouler, avec expositions, concerts, resto. La danseuse Mathilde Monnier conçoit aussi sa résidence au sein de la Halle. Elle partage ses pratiques de relaxation et de respiration. Le Café Tropisme est scénographié par Martine André, devant la caravane d’enregistrement de Pacôme Ricciardi, et plus loin le Pétrin à roulettes et le bus Emmaüs. Un lieu ouvert à toutes les énergies créatives. LA H ALLE TROPI SME
Scènes événementielles, galerie, espaces de travail, salle de répétition de danse, studio d’enregistrement et Café Tropisme.
CI-DESSUS 1, 5. Hélène Jayet investit les extérieurs de la Halle Tropisme avec ses photographies issues de salons de coiffure ou de son studio itinérant, dans lequel elle donne pour consigne à ses modèles: «Chin up», c’est-à-dire de prendre la pose tête haute et menton levé. 2. Le Café Tropisme aménagé par la scénographe Martine André. Végétation tropicale, fresque marine et architecture en matériaux récupérés. 3. Fresque murale de Sixo Santos dans les escaliers des Ateliers Tropisme. 4. Visage en céramique de Sixo Santos.
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Côté ateliers d’artistes LA HALLE TROPISME SE DOUBLE DES ATELIERS TROPISME. L’ASSOCIATION ILLUSION & MACADAM VA PLUS LOIN DANS SA MISSION D’ACCOMPAGNEMENT, EN PROPOSANT À DES ARTISTES ET ARTISANS DES LIEUX DE PRODUCTION. AU REZ-DE-CHAUSSÉE, STUDIO RADIO, SALLES DE FORMATION ET GALERIE, AU PREMIER, LE PÔLE DES MÉTIERS DU SON ET DE LA VOIX ET LES POST-DIPLÔMÉS EN RÉSIDENCE, ET AU SECOND, LES 34 ATELIERS ACCUEILLANT DES ÉLECTRONS TRÈS LIBRES, DONT VOICI QUELQUES ACTEURS TOUT JUSTE SORTIS D’ÉCOLES OU PROFESSIONNELS CONFIRMÉS.
MONDES PERDUS Master de l’École supérieure des beaux-arts de Montpellier en poche, Fanny Gillequin poursuit ses voyages du Maroc au Cambodge, de la Thaïlande à l’Islande. Au rotring (feutre très fin) et avec quelques touches d’aquarelles, elle conte, à très petite échelle et avec moult détails, des catastrophes à grande échelle : la destruction des bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan, la cité des « 333 saints » à Tombouctou au Mali ou des villes de Palmyre et Mossoul en Syrie. Aux côtés de ses paysages dévastés, poussent des îles paradisiaques en céramique, pierres et fleurs séchées, métaphores de la fragilité de la planète. « Je fais revivre les vestiges, les richesses du patrimoine culturel des pays en guerre, en reconstruisant les monuments, un acte de reconnaissance de la culture qui disparaît. » FANN Y G I L L E QU I N
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Plasticienne, dessinatrice, peintre, sculptrice et résidente des Ateliers Tropisme.
GRANDS FORMATS Pacôme Ricciardi est un des deux postdiplômés de l’École supérieure des beaux-arts, qui se voit accorder un atelier sur quatre mois et une bourse par l’association de la Halle Tropisme. Installé en ce début d’année, l’ampleur de son studio lui permet de pratiquer peinture à huile et acrylique sur de grands formats. «Quand on sort des Beaux-Arts, on n’a plus de supports matériels, d’endroit où donner libre cours à l’obsession de la production, qui nous force à toujours expérimenter afin de trouver de nouvelles formes, lignes, perspectives, pensées nécessaires à la grande énergie créatrice…» Il esquisse au crayon à la dimension d’une carte postale sa future toile puis se lance à gestes déployés et couleurs fortes pour une plongée en abîme d’une société en errance. PAC ÔME R I C C I AR D I 3.
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Lauréat « Sortie d’écoles », École supérieure des beaux-arts de Montpellier, résident pour quatre mois.
CI-DESSUS 1. Fanny Gillequin dans son atelier, dont les murs ont conservé le bleu fané de leur passé du temps où ils appartenaient aux bureaux d’une caserne. Elle se tient devant Parasitiaque. Rotring, peinture acrylique, aquarelle et pétales de fleurs séchées sur papier, 175x80cm, 2019. 2. Sculptures-pépinières en terre, coquillages et coraux, signifiant l’espoir de récifs qui peuvent renaître après avoir été gréffés. 3, 4. Peintures entreposées dans l’atelier de Pacôme Ricciardi. L’artiste devant l’une de ses toiles en cours.
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DESSIN ET CÉRAMIQUE Autodidacte, influencé par les comics américains : « Charles Burns, Daniel Clowes, Art Spiegelman, mais aussi par l’école belge, Hergé et la ligne claire », Sixo Santos envisage en premier ses dessins sur la peau. Il se forme ainsi au tatouage. Sa réflexion se porte sur la pérennité de l’œuvre, sa reconnaissance. À chaque sollicitation, un projet. Parallèlement, il expérimente le papier, la technique des collages, la sérigraphie. « J’aime l’idée de la série, plus un motif est reproduit, plus il a de la valeur. » Il poursuit ses expériences, un visage qui se répète à l’infini, en céramique. SI XO SANTOS
Xavier Jimenez, illustrateur et tatoueur, accueille dans son atelier individuel sur rendez-vous.
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L’ARBRE CONSACRÉ Artiste engagé, photographe, Philippe Domergue a travaillé sur les déplacements de populations, les exils obligatoires, les exprimant sur formats démesurés, découpés, imprégnés sur du bois, tel un radeau de sauvetage à la verticale. Aux Ateliers Tropisme qu’il rejoint, il se consacre à l’arbre, marqué par les incendies gigantesques de l’été 2021. Dans la puissance de ses noirs et blancs transparaît la sève de l’arbre, sa mise en péril aussi. Il juxtapose ou superpose ses dessins à des écorces ramassées. « L’image a besoin de son propre édifice pour fonctionner, qu’elle ait une dimension physique. » PHI LI PPE DO MERGU E
Photographe et plasticien. Ses installations sont à voir dans le château d’eau de Saint-Cyprien, au lycée Artaud à Marseille.
TOUCHES BRITISH La peintre d’origine anglaise installée en terre montpelliéraine depuis des années, Karen Thomas, se félicite d’avoir rejoint les Ateliers Tropisme. Elle cherchait cette émulation du collectif, le partage d’un atelier, l’envie d’échanger, même si elle expose dans diverses galeries et participe aux expositions en ligne de la Saatchi Gallery. « J’aime sortir de ma zone de confort. » Sa peinture, qu’elle définit « comme un combat, repoussant les limites de l’acrylique, libérant le trait », met souvent en scène des héroïnes. Son prochain thème : « No country for old women » ! KAREN T HO MAS
Peintre. Sa série «After Hooper» est à retrouver sur artmajeur.com et d’autres œuvres sur singulart.com
CI-DESSUS 1. Tout juste diplômé des Beaux-Arts, Sixo Santos au cœur de son atelier. À gauche, sa table de tatouage ; à droite, sur les murs, ses dessins à l’encre 2. Variations sur le même visage sculpté en céramique par Sixo Santos. 3, 4. Détails d’un arbre dessiné par Philippe Domergue. L’artiste dans son atelier, entouré de ses dessins encadrés, d’écorces ramassées. 5. Karen Thomas dans son espace partagé. 6. Une peinture en cours réalisée par Karen Thomas.
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L’épopée design E N O C T O B R E 2 0 2 2 , L E R B C D E S I G N C E N T E R D E M O N T P E L L I E R , T E M P L E D É D I É À L’ A RT D ’ H A B I T E R , C R É É PA R F R A N C K A R G E N T I N ET CARROSSÉ PAR JEAN NOUVEL, FÊTERA SES 10 ANS. À CETTE OCCASION, LE FONDATEUR DE RBC REVIENT SUR TROIS D ÉC EN N I ES I N TEN S ES , CONS ACRÉES À DI FFU S ER ET DÉM OCRAT I S ER L’ ESPRIT DESIGN. RENCONTRE AVEC UN H OMME EN M O U VEM EN T, PA S S I O N NÉ PAR L ES DÉFI S ET DOT É DE CE G RAI N DE FOL IE QUI FAIT LES GRANDS ENTREPRENEURS.
E SPACE INSP IRANT Une façade conçue par Jean Nouvel comme un poème dédié au design.
Marie-Hélène Balivet
Distributeur de marques célèbres (Poliform, Molteni&C, Cassina, Knoll, Artemide, Vitra, Flos, Agapecasa, B&B Italia, Zanotta...) ou plus confidentielles (Maison Dada, Valerie Objects, Limited Edition…), RBC est devenu, selon Christophe Pillet, qui a conçu le showroom avignonnais, «l’un des principaux protagonistes du design en France». Le groupe met aujourd’hui son savoir-faire au service de projets éclectiques, du studio étudiant au Grand Stade de Lyon, en passant par l’aménagement de l’espace de coworking Carré Suffren à Paris, de l’hôtel Nhow à Marseille, de la Fondation Fendi à Rome... Fondateur et PDG du groupe, Franck Argentin a eu l’idée géniale de faire concevoir chacun de ses six bâtiments (Nîmes, Avignon, Montpellier, Gallargues, Lyon et Paris) par un grand nom de l’architecture. À Montpellier, c’est Jean Nouvel qui, en 2012, a signé le bateau-phare de l’enseigne, un concept store de 2 000 m2 regroupant librairie, boutique, espaces d’exposition et restaurant. «Nous avons voulu composer une ode à l’art de vivre design sur la côte méditerranéenne», indique Franck Argentin en évoquant ce lieu unique, ainsi que la genèse de l’aventure RBC. Pouvez-vous nous raconter le début de l’histoire? Mes parents avaient une entreprise de mobilier de bureau traditionnel, baptisée «Rayonnages Bureaux Collectivités», d’abord en Corse puis à Lunel (Hérault). Après mon bac, mon père m’a proposé de la reprendre. J’ai dit: «Ok, mais je veux faire du design.» Nîmes nous a semblé une belle terre d’accueil, car son maire d’alors, Jean Bousquet, était très sensible à l’architecture et à la modernité. En 1987, grâce à mon père, j’y ai ouvert un premier showroom, conçu par Philippe Starck. Et comme je m’interrogeais sur son nom, ce dernier m’a conseillé de garder RBC, car il trouvait que cela sonnait bien. Quelle définition donneriez-vous de votre métier? Il a évolué avec le temps. Au début, nous étions un distributeur de mobilier design dédié aux particuliers. C’était un pari osé car, entre 1987 et 2000 en France, la culture du meuble d’époque était vivace. Il a été compliqué de percer mais, au tournant du siècle, un déclic s’est produit. Les gens ont pris conscience que les meubles signés Le Corbusier ou Saarinen avaient une valeur patrimoniale, et qu’ils représentaient un acte d’achat durable, au même titre qu’un fauteuil Louis XVI. Puis, il y a trois ans, nous nous sommes implantés à Paris, dans l’ancien showroom Vitra, revu par Jean Nouvel et destiné aux professionnels. Nous avons alors touché de grands groupes (hôtels Accor, cinémas UGC, Chanel, Dior…) et changé d’échelle. Aujourd’hui nous sommes capables de répondre aux exigences de projets nationaux ou internationaux grâce
à nos bureaux d’études et notre savoir-faire d’agenceur. Nous venons de réaliser les aménagements de mobilier du 19M, l’immeuble conçu par Rudy Ricciotti pour réunir les métiers d’art travaillant pour Chanel. Un résumé de la philosophie RBC? Notre vocation est de partager notre passion pour le design et l’architecture, de promouvoir et défendre les créateurs et les éditeurs, de lutter contre les contrefaçons. Nous créons des passerelles entre le public, les designers et les architectes, grâce à des expositions, des ateliers, propres à chacun de nos six showrooms. Nos clients peuvent aller à la rencontre des personnalités qui inventent notre manière de vivre, au présent et au futur. Quelques projets récents et emblématiques? Nous avons réalisé l’aménagement mobilier du musée Narbo Via, dédié à l’histoire romaine de Narbonne et doté par la fameuse agence Foster + Partners d’un splendide bâtiment. Nous avons effectué la sélection de meubles du musée Soulages à Rodez, et celle du mythique Hôtel Imperator à Nîmes. La plupart des grands projets sont menés avec des partenaires aux talents d’exception : tapissiers, fabricants de lustres, métiers du cuir, haute technologie audio et vidéo, ferronniers... Chaque fois, nous mobilisons notre savoir-faire pour trouver l’adéquation entre une architecture prestigieuse et le design du mobilier, au meilleur rapport qualité-prix. Votre plus grande satisfaction professionnelle? Les ouvertures successives des espaces RBC et les rencontres qu’elles ont suscitées avec des architectes d’exception : Philippe Starck, Antonio Citterio, Christophe Pillet, Piero Lissoni, Crégut & Duport, Jakob & MacFarlane, Jean-Marie Massaud, et bien sûr Jean Nouvel, qui a signé notre vaisseau amiral de Montpellier et notre dernière implantation parisienne. J’entretiens avec lui une amitié de trente ans et je suis aussi directeur général de Jean Nouvel Design, depuis cinq ans. 2022 s’annonce comme une année particulière… Nous allons célébrer les trente-cinq ans du groupe, qui coïncident avec l’âge de notre magasin nîmois, ouvert en 1987. Nous fêterons dignement cet anniversaire, en juin d’abord, à Nîmes, puis en octobre à Montpellier, pour les 10 ans du RBC Design Center. Une grande exposition est prévue avec de nombreux invités prestigieux. À suivre… Quelle est votre vision pour demain ? Dans cette période, je vais m’attacher à maintenir et développer l’existant. Six showrooms, quatre-vingtcinq collaborateurs, dix bureaux d’études, des expositions annuelles… RBC est une belle aventure, à laquelle je ne me lasse pas d’insuffler mon énergie.
© 1. BERNARD TOUILLON
PAR
VISIONNAI RE 1. Franck Argentin, le commandant de la flotte RBC, sur l’entrepont du vaisseau de Montpellier, dans le quartier Port Marianne. 2. Unique en Europe, le RBC Design Center célèbre la culture design dans tous ses états.
Au premier plan: fauteuils «Mad Chair», table basse «Koishi», table d’appoint blanche «Dama», l’ensemble Poliform. Tapis «Casellario», CC Tapis. 3. La boutique-librairie du showroom montpelliérain propose 8000 références de livres et produits design,
choisis chez plus de 100 fournisseurs français et internationaux. 4. Le 609, boutique de prêt-à-porter du RBC Design Center: un lieu de rendez-vous idéal pour repérer vêtements, maroquinerie et accessoires désirables. 1.
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Art + Architecture UNE AGENCE D’ARCHITECTURE DANS D’ANCIENS CHAIS DONT ELLE GARDE LES VOLUMES, AU SEIN D’UN PARC CLASSÉ MONUMENT H I S T O R I Q U E , AV E C D E S FA Ç A D E S E N T I È R E M E N T V I T R É E S RY T H M É E S PA R D E S M O U C H A R A B I E H S E N D E N T E L L E S D E C É R A M I Q U E : A I N S I SE PRÉSENTE A+ARCHITECTURE. CRÉÉE PAR PHILIPPE BONON ET SES ASSOCIÉS, ENTOURÉS AUJOURD’HUI D’UNE ÉQUIPE DE CENT PERSONNES, ELLE SE FAIT GALERIE, S’OUVRANT À TOUS POUR DES EXPOSITIONS CONSACRÉES NOTAMMENT À DES ARTISTES D’OCCITANIE.
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L’AGENCE-GALERIE «Mon ADN est plastique, pas conceptuel.» L’intérêt, la passion que Philippe Bonon entretient avec l’art ne se limite pas aux événements qu’il initie au sein d’A+Architecture. À des accrochages d’Hervé Di Rosa, de Jacques Villeglé, des mouvements régionaux historiques à retentissement international, tel Supports/Surfaces, il intègre l’artiste dans son processus architectural. Démonstration avec la résille aux motifs aquatiques, dessinée par Hervé Di Rosa et qui constitue l’élément identitaire du nouveau Palais des congrès Cap d’Agde Méditerranée, ou avec les sur-toitures réalisées à partir d’une esquisse de Gilles Clément pour le Domaine de Lafeuillade. «Préserver les esprits et les processus artisanaux garants d’une architecture humaine», peut-on lire dans le manifeste d’A+Architecture.
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L’agence a signé à Montpellier le théâtre Jean-Claude Carrière, GGL Stadium, l’office notarial Le Ruban…
CI-DESSUS 1. L’une des façades de l’agence A+Architecture, dont la résille en céramique recouvre le mur manteau donnant sur le parc du Domaine de Lafeuillade, se jouant des ombres des arbres plusieurs fois centenaires. 2. L’architecte et urbaniste Philippe Bonon, associé fondateur d’A+Architecture. 3. Les escaliers centraux desservant les six demi-niveaux de l’agence. 4. En rez-de-chaussée, l’accueil de l’agence, également espace d’exposition d’œuvres et d’installations artistiques.
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© 1. MARIE-CAROLINE LUCAT
A+ AR C H I T E C T U R E
Art de vivre + chine L E M A S D E LA FE U I LLA D E P O U R S U I T S ON HI S T OI RE. AU X VI I E S I ECL E, DOM AI NE VI TICOLE AU CŒUR DES VIGNES QUI DESCENDAIENT J U S Q U ’A U X R I VES DU LE Z, ENS U I T E DEM EU RE D’ U N CHANT EU R LY RI QU E, J EAN-B APTISTE LAFEUILLADE, QUI LUI A DONNÉ S O N N O M , P U I S P R O P R I É TÉ D U PROFES S EU R DE M ÉDECI NE J OS EPH GRAS S ET, I L S ’OUVRE DÉSORMAIS À TOUS EN MAISON D’H ÔTES. P H I LI P P E B O N O N ET S O N FI L S M AX , DI PL ÔM É DE L’ ÉCOL E HÔT EL I ÈRE DE L AUSANNE, ÉCRIVENT UN NOUVEAU CH APITRE.
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MAS D’HÔTES La terrasse du Mas de Lafeuillade s’ouvre sur un parc classé. Celui-ci est traversé d’une longue allée où dansent les bustes antiques et les sculptures rouges toutes en courbes de Bernard Pagès, du mouvement Supports/Surfaces des années 1960. À l’intérieur, le restaurant et les cinq chambres d’hôtes transportent dans le design vintage des années 1960-1970, mixé à quelques objets d’art populaire régional et des lithographies de Keith Haring. Autant de pièces chinées par Philippe Bonon au déballage de Montpellier ou à L’Isle-sur-la-Sorgue. En cuisine, le chef José de Castro, complice d’Antonin Gibelin, le maître des lieux, tous deux de retour de grands hôtels en Asie. LE MAS DE LAFEUI LLADE
Près des rives du Lez, 5 chambres et restaurant. Esprit bohème et vintage, humeur amicale.
CI-DESSUS 1. Le Mas de Lafeuillade. 2. Le chef José de Castro et Antonin Gibelin, qui orchestrent et animent cette maison d’hôtes aux airs de maison d’amis. 3. L’une des tables du restaurant Le Mas de Lafeuillade. Autour d’une table années 1950, chaises, Charles et Ray Eames, et Pierre Guariche. 4. Une des cinq chambres du mas, affiches d’un artiste sud-américain, fauteuil artisanal breton, dessiné pour l’Exposition régionale de 1936. 5. Tartare de saumon fumé, crevettes et chair de tourteau, ricotta et orange.
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MON T PEL L IER
Teinture naturelle R E NO U A N T AVEC LES TE C H N I Q U ES ANCES T RAL ES DE L’ I NDI GO PAR FERM ENTAT I ON, SANDRINE ROZIER MAÎTRISE TOUTES LES ÉTAPES D E P R O D U C TI O N , D E LA CU EI L L ET T E DES FEU I L L ES DU PAS T EL , EN PAS S ANT PAR LEUR TRANSFORMATION EN B OULES DITES D E C O C A G N E, A U X DI FFÉR ENT S BAI NS . EL L E EX ERCE DE CONS TANT ES RECHERCH ES SUR LES TEINTURES VÉGÉTALES, RÉACTIVANT LE U R P R ATI Q U E J U SQU E DANS L ES AT EL I ERS DE FABRI CAT I ON DE L’ OPÉRA-COMIQUE DE PARIS, PAR EXEMPLE.
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ALCHIMIE INDIGO «Teindre naturellement en opposition à chimiquement revient moins cher. On a simplement perdu ce savoir-faire. Les maisons de couture ont sauvegardé les plumassiers, les bottiers, les brodeurs… mais pas les teinturiers.» Sandrine Rozier, créatrice textile, qui débuta chez Dries Van Noten, opte pour le métier de costumière. Elle se forme auprès du spécialiste en teinture végétale Michel Garcia puis part pour la Villa Kujoyama à Tokyo et se perfectionne auprès des maîtres japonnais. De retour en France, elle s’installe à Montpellier et allie aux secrets des microbactéries pourvoyeuses d’indigo les techniques de kotozome, des motifs faits en réserve à la pâte de riz, et des nœuds du shibori. Ses créations sont scrutées par de multiples acteurs du luxe mais aussi par la fondation Luma à Arles ou encore l’Ensad. S AN D R I N E R OZ I E R 4.
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Ouverture de l’atelier pour les Journées européennes des métiers d’art, du 1er au 3 avril. «Indigo Vintage», collaboration avec Manifest.
CI-DESSUS 1. Posées sur les cuves d’indigo, les cocagnes de pastel (coques de feuilles compostées de l’Isatis tinctoria) servent à la teinture. 2. Fibres d’agave tissées main teintes au tamarin, pour le projet «D17/20 Design in South Asia», ambassade de France à Bangkok. 3. Sandrine Rozier devant son installation exposée à la Collection Lambert Avignon. 4. Tissages de ramie teints lors de sa résidence à la Villa Kujoyama. 5. Recherches en katazome (réserves au pochoir de pâte de riz) et teinture par trempage partiel.
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Design réparateur A P R È S D E S A N N ÉES PA S S É E S À M IL AN CHEZ DE GRANDS ÉDI T EU RS , HU U B U BBENS CH OISIT MONTPELLIER. IL DÉCIDE ALORS DE PARTAGER U N B U R E A U DA N S U N A NCI EN APPART EM ENT DU X I X E S I ÈCL E, RES T É M I RACULEUSEMENT DANS SA VERSION ORIGINELLE, E N T R E V I T R A U X E T B O I S E R I E S . PA R A L L È L E M E N T À L A F O N D AT I O N D U C O L L E C T I F I N D I G O D ’ O C , I L P R AT I Q U E U N D E S I G N Q U I R É PA RT LA N ATU R E, C O N C E VA N T DU M OBI L I ER À PART I R DE BRANCHES ÉL AGU ÉES EMPÊCH ANT À LA CROISSANCE DE L’ARB RE.
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NOUVELLE APPROCHE Parallèlement à son travail appliqué aux marques, Huub Ubbens aborde la notion encore très nouvelle de design réparateur. Pionnier en cette matière qui engage la création dans une démarche qui soigne la planète, il travaille à partir de bois d’élagage. En collaboration avec l’atelier de meubles écologiques Chatersen d’Arnaud Mainardi, installé dans les Cévennes, il dessine un tabouret à partir des branches coupées d’un châtaignier. Il prépare aussi avec le collectif Indigo d’Oc la prochaine Design Week. On y retrouve des designers engagés dans des solutions écologiques, tel le duo Mr. & Mr. qui pratique le surcyclage de papier bulle pour un banc millefeuille. HUUB UBBENS DESI GN ER
Son tabouret, encore à l’état de prototype, sera commercialisé par les Ateliers Chatersen au printemps 2022.
CI-DESSUS 1. Le designer Huub Ubbens dans son bureau de création et espace partagé, Coswos. 2. Le tabouret « Épinette », dessiné par Huub Ubbens et fabriqué en collaboration avec les Ateliers Chatersen. 3. Coswos, rue de l’Argenterie, un lieu chargé d’histoire. 4. Vitraux et verrière ouvragés dans un appartement du XIXe siècle dans son jus, véritable témoignage historique. 5. Esquisses et recherches formelles à partir de branches élaguées pour le tabouret « Épinette » par Huub Ubbens.
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MON T PEL L IER
Chefs nouvelle génération DES C H EFS TR E N TE N A I R E S, ET PARFOI S PL U S J EU NES , CONCOCT ENT L EU R PROPRE LIEU, APRÈS AVOIR FAIT LEURS ARMES A U P R ÈS D’É TOI L ÉS , EN FRANCE OU À L’ I NT ERNAT I ONAL . CU I S I N E OUVERTE, MISE EN AVANT DES P R O DU C TEU R S LO C A U X , TERRE ET M ER, VI NS NAT U RE, L EU RS CART ES G AS T RONOMIQUES OU B ISTRONOMIQUES INVOQUENT LE S S EN S . C ERTA I N S S E S ONT M ÊM E VU S DÉCERNER L EU R PREM I ÈRE ÉTOILE. TOUS INVITENT AU FIRMAMENT !
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TABLE DE PARTAGE Après dix-huit ans de gastronomie auprès de Jean-François Piège, Jean-François Rouquette, Joël Robuchon et les frères Pourcel, Thomas Réa se pose à Montpellier, rachète le bistrot qu’il a fréquenté et en garde le nom : La Table des Poètes. Il appréciait la propriétaire et désire conserver la convivialité qui y régnait. « Je voulais partager ce savoir acquis autour d’une cuisine plus simple. Au centre de la table, je mets le partage et l’écoresponsabilité, aux murs, des artistes qui exposent et vendent, dans la bibliothèque, des livres qui s’empruntent. » À la carte, ombrine de Méditerranée, chou pointu étuvé à la truffe noire et son émulsion, polenta, suprême de canard, patate douce et pickles de légumes, jus de viande au macis. L A TAB L E D E S P OÈ T E S
Menu à 20€. Livres à emprunter, et pour un poème écrit sur l’ardoise, un café offert! CI-DESSUS 1. Pavé de loup cuit doucement au four, écrasé de pommes de terre au beurre demi-sel, truffe noire de Roquemaure en copeaux et en émulsion. 2. Thomas Réa, le chef de La Table des Poètes, devant sa cuisine ouverte. Le menu du midi, ses producteurs et ses fournisseurs s’affichent à la craie sur des ardoises géantes. Dans la bibliothèque, les confitures et les condiments faits maison – confit de yuzu, vinaigre blanc aux coings, moutarde au cédrat – côtoient les livres.
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ÉTOILE SOLAIRE « Une décoration minimale, un espace de travail plus vaste, des produits de haute qualité, et pousser toujours plus loin les émotions dans l’assiette. » Guillaume Leclère, champenois d’origine mais amoureux de Montpellier, a fait ses armes dans les brigades de Marc Veyrat, du Pastis, de la Coquerie. Gigotin d’agneau de Provence, betterave en croute de sel, vert de blettes, tapenade, sabayon à la menthe, thon rouge de Méditerranée mariné avec huile et feuilles de roquette, soupçon de pistou aux amandes fraîches. Il inaugurera son nouveau lieu au printemps, à trois rues de l’ancien. LE C LERE, CUI SI NE D’ARR IVA G E
Une étoile, menu gastronomique à moins de 60 €. Une nouvelle adresse prochainement, et en attendant il se fait chef à domicile. 1.
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BISTROT ET GASTRO « Ne pas choisir, se faire plaisir, trente couverts côté bistronomie, dix-huit couverts côté gastronomie, avec un menu sept plats.» Cyril Garcia, et son équipe de douze personnes, entend réjouir tout le monde, avec sa cuisine méditerranéenne par les produits, mâtinée d’une pointe asiatique: tataki de canard, xérès et pistaches, selle d’agneau de l’Aveyron, taboulé de choux-fleurs ras-el-hanout version bistrot. Baigné dans une famille de cuisiniers, après le lycée hôtelier de Toulouse, il rejoint Des Roses et des Orties de Yannick Delpech à Colomiers puis Le Pic Saint Loup aux Matelles. ANGA
Cuisine ouverte. Menu gastronomique surprise: 7 plats, 5 salés et 2 sucrés, 56€, version végétarienne à 50€.
HUMEUR ET ESPRIT Max Bonon donne rendez-vous au Café Pitot, en lieu et place d’un autre mythique à Montpellier, le Louis XIV. Après Shanghai où il monte sept boulangeries et le Café des Stagiaires à Bangkok, et avant le prochain projet associant hôtel et restaurant dans l’ancienne prison de Béziers avec son associée Tatiana Halimi, il anime Montpellier. Ambiance amicale sur deux étages, mobilier chiné vintage des années 1950-70, comptoir en céramique réalisé par sa mère artiste, Claude Bonon. Et en cuisine, un chef créatif de 25 ans. Le café Pitot est aussi le rendez-vous nocturne des Montpelliérains. CAFÉ PI TOT
Ouvert du lundi au samedi, de 17h à 1h et le dimanche de 10h à 18h. Carte 100% méditerranéenne.
CI-DESSUS 1. Le chef Guillaume Leclère se projette déjà dans son nouveau lieu à trois rues de l’ancien. 2. Céleri-rave confit, yaourt à la noisette, truffe noire et patta negra. 3. La nouvelle adresse d’Anga, désormais Anga Beaulieu. 4. Le chef Cyril Garcia infuse dans sa cuisine sa bienveillance. 5. L’équipe du Café Pitot, Max Bonon et Jimmy, son associé opérationnel. 6. Le lieu s’est installé dans un bâtiment du XIXe siècle et ancien showroom de RBC.
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MON T PEL L IER
Échoppes et shopping M Ê M E S ’ I L S N E V I E N N E N T PA S D ’ O U V R I R , T O U S C E S L I E U X S E S O N T B ÂT I S S U R D E S P R O P O S I T I O N S S I N G U L I È R E S . H A L L E G O U R M A N D E L O C AV O R E , B A R À T I S A N E S D E P L A N T E S B I O E T R É G I O N A L E S , T E M P L E D E L’ A RT I S A N AT D ’ A RT, M O D E V E RT U E U S E E T C I R C U L A I R E , M O N D E S E N C H A N T É S P O U R L E S E N FA N T S , G A L E R I E I M M O B I L I È R E E T D E D É C O R AT I O N . . . LA D ÉA M B U LATI O N I N C I T E À L A DÉCOU VERT E ET À U NE AU T RE FAÇON DE CONSOMMER. RESPONSAB LE ET DÉSIRAB LE.
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PROJETS ASSOCIÉS Alexandre Tessier lance Le Marché du Lez en 2016 avec sa société Gaïa, «une foncière locavore développant des circuits courts». Aujourd’hui, il se double d’une halle gourmande et de rooftops festifs. Aux chefs étoilés (les frères Pourcel) s’ajoutent des échoppes proposant des produits de qualité: les fromages de chez Sax, la viande de Romain Salomon, les vins de Pierre-Olivier Prouhèze… Des boutiques atypiques, des spécialistes de vieilles tuiles et d’affiches, des brocantes voisinent à côté d’écoles et de cours de yoga. Le tout en composant un village à multiples destinations. «Il émerge dans ces écosystèmes des modèles économiques qui n’existaient pas avant: un marché des couturières ou des potiers, une recyclerie…» Il poursuit l’aventure avec une mini-cité gastronomique au cœur de Montpellier et la Halle Nova. L E MAR C H É E T L A H AL L E D U L E Z
35 comptoirs de cuisine du monde, producteurs régionaux, boutiques de déco, vélo, brocante… CI-DESSUS 1. Le Marché du Lez est également un rendez-vous de street-art, avec les œuvres de SupaKitch & Koralie, Madi, Al, Monsieur BMX, Zest, Zelko, Polar… 2. Alexandre Tessier, promoteur immobilier atypique à la tête de Gaïa, a imaginé son premier « food court » à Montpellier, Le Marché du Lez, en 2016, ouvert 7 jours sur 7. En 2019, il l’enrichit d’un marché gourmand dédié au bien-manger et au développement des circuits courts, du mardi au dimanche.
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LE PAYS DES JOUETS Alain Simon et sa femme Françoise imaginent «des univers à la hauteur de leurs rêves et de ceux de leurs enfants. J’avais besoin de les habiter et de les partager», dit-il. Chose faite avec son premier magasin Pomme d’Api, qui fête cette année ses 50 ans. On pénètre dans une pomme, véritable passage secret menant à des châteaux et des royaumes pelucheux. En voisin, Pomme de Reinette multiplie les mondes imaginaires. On rentre dans un échiquier géant, dans une forêt enchantée jusqu’à l’astronef. Côté sélection: jouets d’hier et d’aujourd’hui «en accord avec nos valeurs de fabrication». POMME D’API ET POMME DE REINETTE
Paradis des jouets souvent introuvables ailleurs, Alain Simon cultive son réseau de fabricants depuis cinquante ans.
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JOYEUX BAZAR À son retour de Rotterdam, Amsterdam et Anvers, où elle fréquentait assidument les concept stores d’art de vivre, Lau Degente s’interroge sur le fait de ne pas en trouver en France. Retrouvant son Sud natal, elle investit une grange à Pernes-les-Fontaines et installe La Maison Pernoise. Quatre ans plus tard, elle dessine les plans de la seconde, qui prend place au Marché du Lez. De nombreuses références, comme les tapis suédois Cappelen Dimyr, le mobilier hollandais Functionals, des pièces uniques Atmosphère d’Ailleurs ou en provenance directe du Mali, Lau et son équipe proposent «un joyeux bazar». LA MAI SON PERNO IS E
À chaque saison, de nouvelles mises en scène éclectiques: mobilier, objets artisanaux, art de la table, luminaires, textiles.
PLANTES À INFUSER Quand deux pharmaciennes, Géraldine Martinez et Nathalie Fournol, abandonnent leurs pharmacies pour créer Infuse, les plantes réaffirment leur rôle médicinal. Elles les privilégient entières et les broient délicatement avant de les mettre dans un pot de verre à l’ancienne. Dans leur herboristerie à l’aménagement contemporain, potions, hydrolats, huiles essentielles, sirops… attendent leurs prescriptions, aux côtés des plantes en vrac, souvent cueillies dans la région. Quant à leurs tisanes, elles sont déjà dans les 5 étoiles, hôtel de Verchant ou Cheval Blanc. I NFUSE
Herboristerie, bar à tisanes, plantes biologiques locales. Consultation personnalisée et mélanges sur mesure.
CI-DESSUS 1. Alain Simon de Pomme d’Api, le premier magasin de jouets ouvert il y a cinquante ans. 2. L’astronef, dernière salle au rez-de-chaussée de Pomme de Reinette, avec une sélection allant des globes terrestres, célestes, systèmes solaires… aux dinosaures. 3, 4. La Maison Pernoise installée au Marché du Lez. 5. Le duo de pharmaciennes d’Infuse, Nathalie Fournol (à gauche) et Géraldine Martinez. 5. Le bar à tisanes à partir de plantes biologiques d’Infuse.
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MON T PEL L IER
ARTISANAT D’ART Ateliers d’Art de France, structure fédérant plus de 6000 membres, choisit d’ouvrir une boutique atypique à Montpellier, au sein de la chapelle de la Visitation datant du XVIIe siècle et abandonnée depuis 1956. «Faire de l’ancien un atout de modernité.» Cyril Pecharman, responsable de La Nef, présente une sélection d’artisans d’art, renouvelée tous les quatre mois. Sous la voûte centrale, cernée de vitraux de 1876 signés Louis Page, et de fresques restaurées, s’exposent des pièces de Sara Bran, dentellière sur or, des tissages de Zoë Montagu, les verres soufflés de Sklaerenn Imbeaud… L A N E F - AT E L I E R S D ’ AR T D E F R AN C E
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Sélection d’artisans d’art: céramiste, mosaïste, verrier, joaillier, maroquinier, ébéniste.
MOSAÏQUE INSPIRÉE « J’avais besoin d’une ville dynamique, valorisant son patrimoine vivant à travers des parcours, des salons. » Formée dans les deux meilleures écoles italiennes de mosaïque : Spilimbergo et l’Académie des beaux-arts de Ravène, Carole Boubli participe à des commandes publiques et privées, comme le sol de La Nef, haut lieu des Ateliers d’Art de France, ou des décors aux formats monumentaux : colonnes, piscines, panneaux muraux. Parallèlement, dans son atelier, elle s’adonne à son travail de recherche, mêlant à sa palette de pâtes de verre, des pierres, des galets, du bois… C AR OL E B OU B L I
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Artiste mosaïste, membre des Ateliers d’Art de France. Ses mosaïques sont en vente à La Nef.
PAYSAGES MINIATURES Designer et ébéniste, ou l’inverse car il est tombé dans le bois dès l’enfance, Thibaut Malet donne libre cours à sa passion de la nature, de la forêt, de la montagne. Il sculpte des paysages miniatures, en hêtre, chêne ou frêne, qu’il met sous cloche de verre. Une sensibilisation à leur protection. On rêverait qu’il s’empare de l’herbier du jardin des Plantes! Il fabrique tout ce qu’il dessine, en attendant de trouver des éditeurs : accessoires de vélo, caisse de transport et guidon, luminaires, mobilier, jouets, dans une vingtaine d’essences travaillées de manière à en sublimer l’aspect brut ou naturel.
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Ses créations originales sont à retrouver à Montpellier chez RBC, Regal, L’ateLiées et sur son site.
CI-DESSUS 1. La chapelle de la Visitation devenue La Nef, temple des métiers d’art de France. 2. Les céramiques de Maud Louise-Marie et Laurène Jeannette, présentées au sein de La Nef. 3. Focus sur un travail de mosaïque en cours de réalisation de Carole Boubli. 4. L’artisane d’art devant une de ses réalisations, d’après le portrait du Désespéré de Gustave Gourbet. 5. Thibaut Malet, designer ébéniste. 6. Un exemple de ses petits mondes miniatures et montagnards.
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© 5, 6. THIBAUT MALET
T H I B AU T MAL E T
DÉCO ET IMMOBILIER Guillaume Deroy, galeriste de mobilier scandinave, installé rue Charlot à Paris, et Frédéric Warnery, spécialiste de l’immobilier ancien, quittent la capitale en 2020 pour les terres familiales montpelliéraines. Ensemble, ils fusionnent leurs passions, d’un côté le design que Guillaume Deroy chine depuis plus de dix ans après un passage chez Christofle, Hermès et LVMH, et de l’autre son alter ego, côté vieilles pierres. Si l’achat d’un hôtel particulier n’est pas forcément à l’ordre du jour, il est possible de se faire plaisir avec de la verrerie finlandaise IItala, du mobilier suédois, des luminaires danois… MAI SO N I MMOBI LI ÈR E
Deux services en un seul lieu: prospection ou recherche d’un bien et conseils en décoration d’intérieur.
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CARREAUX IMPRIMÉS Spécialiste du motif, Fabienne Raffy s’exprime en premier lieu sur le textile. Elle s’inspire de ses voyages en Inde, au Portugal, et crée des imprimés pour de nombreuses marques de mode. Un désir d’expérimentation la pousse à tester d’autres matières. Elle se penche sur celle du bassin méditerranéen et opte pour le travertin, pierre extraite des carrières régionales, qu’elle ponce ensuite. En collaboration avec un imprimeur audacieux, elle transpose ses dessins sur des carreaux. Sur commande, elle les assemble en console, table, étagère… FABI ENNE RAFFY
Coloriste, elle décline ses motifs dans toutes les teintes. Formats disponibles: 10x10cm, 20x20cm et 40,6x61cm.
SÉLECTION AIGUISÉE Vêtements de travail, marques du Sud, à l’exemple de Graine, pièces vintage rares, sneakers triés sur le volet, magazines d’ici et d’ailleurs, chaussettes japonaises, indigos de Sandrine Rozier… sur 140 m2 d’architecture minérale. Les architectes Fred Naulin et Marianne Le Ster, avec l’équipe de Manifest, ont voulu retrouver les volumes d’origine. Au programme : murs mis à nu et révélation de fresques bleutées, récupération des hauteurs sous plafond, dégagement des arcades. Les étagères noires sont signées du ferronnier Pierre Malbos et le mobilier réalisé sur mesure. MANI FEST
Une sélection de marques responsables (Graine, Saye, Homecore) et de pièces vintage (Barbour, Pendleton, Burberry).
CI-DESSUS 1. Le duo Guillaume Deroy et Frédéric Warnery de Maison Immobilière, allie immobilier et design. Chaise « Munk » originale d’Arne Jacobsen. 2. La sélection de Guillaume Deroy : lampadaire suédois, OA, table, Astro, et fauteuil danois en teck. 3. Fabienne Raffy en pleine impression de ses carreaux en travertin. 4. Un exemple de ses motifs. 5. Le vestiaire éthique, durable et intemporel de Manifest. 6. Parfums d’un créateur montpelliérain. Adresses page 160
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A NDA LOUSIE
COMME UN WESTERN Seul au monde, dans le sud-est de l’Espagne, au cœur du parc naturel de Cabo de Gata, l’une des bandes côtières les plus spectaculaires de la Méditerranée occidentale, Stéphane Tremoulet a investi un ancien « cortijo » posé comme un cube blanc dans une steppe désertique. Entre authenticité et poésie, ces murs revisités rallument l’imaginaire attaché au lieu. PA R
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Caroline Clavier
PHOTOS
Jérôme Galland
G R AN D H OR I Z ON Du haut des toitsterrasses du cortijo Doña Francisca, la ferme réhabilitée dispose d’une piscine en béton brut immergée dans le paysage désertique du parc naturel de Cabo
de Gata, situé sur la côte andalouse, dans la région d’Almería. Sur la gauche, la réserve d’eau dit algibe sert à alimenter la maison. Table et chaise longue en bois, anciens modèles, Tectona, et à droite, sur le solarium, fauteuils, Ikea.
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SOUS LES CANISSES Dans le patio, le salonsalle à manger d’extérieur, protégé par un toit en canisse, abrite un coin repas et une banquette maçonnée. Devant, une table basse chinée accueille une collection de botijos, contenants traditionnels en terre blanche servant à conserver l’eau au frais, trouvés dans la région. Matelas jaune, Etsy.
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L’EM P R IS E N AT U R EL L E 1. Partout, des forêts d’agaves, typiques du parc de Cabo de Gata, hérissent le paysage. 2. À deux pas du cortijo, vue de la plage du village de pêcheurs La Isleta del Moro, au sud de Nijar.
3. Le bassin de la piscine en béton est très profond pour obtenir une coloration verte de l’eau. L’escalier dispose de larges marches afin de pouvoir s’y asseoir pour contempler le paysage. Autour, série de dames-jeannes, chinées en France. À perte de vue, les montagnes volcaniques
de la sierra del Hornillo soulignent l’horizon. 4. Perdue dans la steppe de la réserve de Cabo de Gata, l’architecture cubique d’origine de l’ancienne ferme est blanchie à la chaux, elle a gardé sa réserve d’eau d’origine qui alimente la maison.
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ne silhouette de cow-boy taillée dans le métal balise l’entrée du village de Los Albaricoques. Autour, un paysage immersif de steppes désertiques hérissées de hampes d’agaves d’Amérique projette le visiteur dans l’exotisme et le dépaysement. Le sol est rouge, volcanique, aride, et le soir embrase l’horizon vierge à perte de vue. À deux pas, les mines de Rodalquilar rappellent la fièvre de l’or qui s’est éteinte en 1990, alors qu’un peu plus loin Federico Garcia Lorca s’inspirait des habitants du cortijo del Fraile pour écrire les Noces de sang. Bienvenue dans le parc naturel de Cabo de Gata, sanctuaire de la création et terre promise d’Hollywood dès les années 1968. De Lawrence d’Arabie à Indiana Jones, en passant par les westerns spaghetti, de Brigitte Bardot à Sean Connery, de Charles Bronson à Anthony Quinn, Burt Reynolds… Les plus grandes figures du cinéma se sont croisées sur des airs d’Ennio Morricone, dans ce décor de bout du monde et ses montagnes volcaniques plantées aux portes d’Almería. Longtemps inaccessible, par chance, la terre y est restée sauvage. Un paysage lunaire, romanesque, est porté par l’incandescence de l’histoire. Chercheur obstiné, Stéphane Tremoulet partira à son tour à sa conquête dans l’espoir de trouver une pépite. Fasciné par l’imaginaire de ces hectares jalonnés de criques et de plages, il rêve d’un refuge dans cette Espagne qui a gardé le charme des années 1960. Sur son chemin, aux hasards des recherches, une ancienne habitation rurale taguée à la bombe, affichant 84
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«Se vende», lui ouvre l’aventure. Une occasion rare dans la région, où l’acquisition reste complexe et protégée. Le cortijo Dona Francisca est une ancienne ferme en ruine, un bloc cubiste blanc flanqué de sa réserve d’eau, comme un légo immaculé, merveilleusement seul, entouré de kilomètres de désert brûlant. Une maison tel un refuge de survie, immersive, habitée par le mythe du célèbre western Le Bon, la Brute et le Truand, tourné ici en 1966 par Sergio Leone. Les murs sont vétustes, les toits affaissés, mais la magie persiste. Conserver l’existant au plus près des origines s’élabore dans un véritable jeu d’équilibre. Ne pas gommer l’âme, et garder le relief afin de ne pas donner la sensation du «trop neuf». Créer une cuisine, des salles de bain, mais préserver la simplicité, notamment en laissant la peinture d’origine en l’état. La pierre sèche, la chaux parfois écaillée, accueillent la modernité du béton au sol. Certains toits seront remplacés par des canisses, dans l’esprit cabane, pour relier la maison à la nature, en gardant la libre circulation de l’air; plus loin, des sculptures végétales conçues à partir d’agaves du désert semblent pousser sur les murs dans une fusion avec l’environnement. L’esprit hacienda et la culture cinématographique de son propriétaire superposent les références autour de compositions libres et kitsch. Sur les murs, un éventail, une cape de torero, un drapeau américain. Dehors, le bassin de la piscine en hauteur s’offre un panoramique à 360 degrés et flotte en apesanteur dans l’horizon, la chaleur et la nature extrêmes. Et la maison devient paysage!
E SP R I T W E ST E R N PA GE D E GA UC H E 1. Dans le séjour, fixé au mur, un décor d’agaves d’Amérique d’Eduardo Perez Romero, associé à un éventail ramené d’Inde. Bottes, chinées à Flagstaff (États-Unis), fauteuil en cuir, chiné. 2. Dans l’un des salons, deux banquettes ont été recouvertes de foutas rayées, Malene Birger. Sur le mur à gauche, cape de torero, Maestra Nati à Madrid. Pouf, Zara Home, et tapis, chiné. PA GE D E D R OITE Dans le grand séjour, un canapé, ancien modèle, Minotti, chiné, est éclairé par le lampadaire «Tolomeo Mega Terra», de Michele de Lucchi, Artemide. Tableau ancien, collection personnelle, et tapis provenant de Marrakech. Sur la petite table ronde ramenée de Bali, cendrier fleur, années 1970.
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B É TON BRUT PA G E D E GAUCHE Dans un coin du salon donnant sur le patio, le mur en béton brut apparent laissé tel quel, accueille un tableau de Luis Lopez Escoriaza, 1930, lampadaire «Tolomeo Mega Terra», de Michele de Lucchi, Artemide, fauteuil en skaï rouge et table, chinés. PA G E D E DROITE La cuisine est occupée par un îlot central en béton brut réalisé sur mesure, souligné par
deux suspensions anciennes en opaline, entouré d’un tabouret et d’une chaise en paille, artisanat de la région. Dans le fond, sous un portrait de femme andalouse, provenant de Séville, un meuble comptoir en bois et marbre, acheté aux Rastro, les puces de Madrid, et plus loin, un garde-manger, chiné. Sur la gauche, collection de siphons en verre bleu. Marmite en fonte, Le Creuset.
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SCULPTURE VÉG ÉTA L E PA G E DE G A UC H E 1. Les ouvertures ne sont pas équipées de portes et redessinent des perspectives. Tapis provenant de Marrakech, et meuble, chiné. 2. Photo de la grandmère de Stéphane Tremoulet, soulignée d’un éventail ancien, chiné à Séville, et d’un chrysanthème
en bakélite jaune. 3. Le lit est protégé par une moustiquaire vert émeraude, SLUIZ, à Ibiza, suspension ancienne en verre dépoli, tapis de prière, provenant de Marrakech, draps en lin, Merci. 4. Dans la salle à manger, la table recouverte d’un drap ancien est entourée de chaises, chinées aux puces de Madrid. Sur le mur, en guise de décor dans
cette ferme aux allures d’hacienda, l’humour d’un drapeau américain vintage à 48 étoiles. PA GE D E D R OITE La chambre d’amis est ornée d’une sculpture végétale conçue à partir d’un arbuste du désert suspendu au plafond, coiffeuse et pouf en tissus des années 1940, chinés, portemanteau, Thonet, et draps en lin, Zara Home.
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CIEL E MBRASÉ PA G E D E GAUCHE Stéphane Tremoulet, le propriétaire, à l’origine de cette rénovation, respectant l’authenticité des lieux. Un coup de frais a été donné aux murs tout en cultivant l’imaginaire et la mythologie de ce refuge perdu dans le désert de Cabo de Gata. Bougeoirs
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et assiettes, artisanat local, tableau représentant Diane chasseresse et horloge de famille, table à jeux anglaise. PAGE DE DR O I T E Depuis le toit-terrasse, le ciel embrasé des couchers de soleil se contemple indéfiniment. Au loin, les contreforts de la sierra Nevada.
LES AD R E SSE S D E STÉ P H A N E TR E MO U L E T Pour son impressionnante variété de cactus, Cactus Nijar. Pour ses céramiques artisanales, Ceramica Victor Morales. Pour ses botijos en terre blanche, Numero Once. Pour ses authentiques rideaux de portes à lanières de couleur en PVC, Ferretería López Sánchez. Pour ses accessoires de décoration, Bartreze Sur. Pour sa décoration débridée, colorée et pleine d’humour, SLUIZ. Adresses page 160 91
MARRA K E C H
LA MAISON ROUGE Entre palmiers, yuccas et lianes de Floride, un nouvel édifice vient de voir le jour à Marrakech. Cette « folie » dans le goût Art déco, érigée sous la houlette de Jean-Dominique Leymarie, dresse ses volumes d’ocre rouge dans le ciel d’azur, au cœur du quartier Majorelle. Visite de cette demeure privée, vivante illustration de l’attrait de son propriétaire pour les années 1930. PA R
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Alix de Dives
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Bernard Touillon
T E R R AC OT TA « Dar Koum » (« votre maison ») : dès le portail, le message de bienvenue annonce la couleur, au propre et au figuré ! Des colonnettes blanches encadrent les deux vantaux de la porte d’entrée à grilles en fer forgé années 1940, débusquées à Bab El Khemis. Cette architecture aux tons de blush impose ses lignes radicales dans le goût cubiste. Soulignée de modénatures immaculées, elle s’inscrit dans un jardin à la végétation luxuriante.
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V
ous allez à la Maison rouge?» C’est ainsi qu’on la nomme ici. Dar Koum («votre maison») est la dernière création de l’insatiable entrepreneur Jean-Dominique Leymarie. À quelques encablures du musée Yves Saint Laurent, une modeste maison de quartier, enduite de bleu pâle, s’est muée après trois ans et demi de travaux en une prouesse architecturale aux tons de terre. S’inspirant des bâtiments Art déco construits au Maroc sous le protectorat, dans les quartiers résidentiels de L’Hivernage ou du Guéliz, le maître des lieux se lance dans cette aventure à références. Mallet-Stevens, Le Corbusier ou les frères Perret ne sont pas loin. Aux membres du Mouvement moderne, il emprunte les colonnettes tubulaires et les avant-toits en «casquette». Le Bauhaus lui suggère les lignes graphiques des barrettes en relief et les rechampis blancs sur fonds de couleur… Un zeste de style années 1940 vient pimenter de ses ornementations la rigueur Art déco, tandis que les réminiscences des années 1950 bousculent avec humour ce bel ordonnancement. La ville de Marrakech édictant une charte de nuances destinée aux bâtis: du rouge Koutoubia à l’ocre Bejmat, jusqu’au rose Mamounia et toutes les teintes de terre ensoleillée, JeanDominique Leymarie optera pour la plus soutenue. Cette tonalité terracotta sera le fil conducteur de son décor. L’incontournable bleu, dit Majorelle, vient discrètement ponctuer cette harmonie chaleureuse. « Côté architecture, je me suis entouré d’entreprises et d’artisans avec lesquels 94
je travaille en confiance depuis plus de vingt ans. L’habileté des Marrakchis n’a pas de limites: ferronniers, maçons, potiers, ébénistes… possèdent ici un savoir-faire inégalé », précise le bâtisseur. Assisté par Nadia De Re, architecte d’origine italienne, il a déjà à son actif plusieurs réalisations spectaculaires: du Beldi Country Club aux portes de Marrakech, à L’Iglesia sur le port Atlantique d’El Jadida, en passant par la Kasbah Beldi aux franges de l’Atlas… Ses résidences et ses hôtels privilégient toujours un art de vivre raffiné dans des lieux d’exception. Chacun des sites, environné d’une nature aussi exubérante que maîtrisée, est décoré et meublé sur un mode personnel. «Je cours les antiquaires, je chine aux puces de Bab El Khémis, je fais fabriquer sur mesure. C’est ma passion !» Ainsi a-t-il déniché des grilles en fer forgé signées Gilbert Poillerat, des appliques pivotantes de Charlotte Perriand ou encore des fauteuils du fumoir de la Mamounia… Provenances prestigieuses ou anonymes, il entasse ses coups de cœur en myriades, puis les dispatche, quitte à construire un nouvel édifice pour « caser» ses trouvailles. Jean-Dominique Leymarie, carrure d’Atlas, regard acéré et sourcil broussailleux, a toujours mille projets dans son havresac ! « Ce lieu est pour moi un exercice de style, un champ d’expérimentation, un hommage aux grands architectes et ensembliers des années 1930. Il reflète mes goûts profonds. Mon épouse Marielle et moi-même nous y sentons bien: ce n’est pas un musée, c’est une maison à vivre.» Solide, élégante, sophistiquée, à l’image de son concepteur.
AR C H I -D E SSI N É E PA GE D E GA UC H E Les cubes du bâtiment s’étagent en terrasses. Pergola, avant-toits en casquette, oculi, hublots, arches en plein cintre, corniches en saillie et garde-corps en ferronnerie à motif de soleil levant rythment cette épure audacieuse. PA GE D E D R OITE Côté petit salon, les fauteuils du fumoir de la Mamounia gainés de velours, éclairés par un lampadaire années 1950, reposent sur un tapis, tribu Taznakht du HautAtlas, Bibi Art. Sur la table basse années 1940 en fer forgé et verre, flûtes à champagne, Le Verre Beldi. Au fond, sur le meuble-bar Art déco, deux tasses années 1950 et lampe vernissée, Poterie du Beldi. Posée sur le corner bibliothèque, lampe en verre de Murano jaspé.
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RONDS À L’UNISSO N PA G E D E GAUCHE Des hublots pivotant aux vitres en verre sablé éclairent la cuisine, avec ses éléments en résine gris galet, conçue par Dar Cuisine à Sidi Ghanem. Coupes à fruits et bougeoirs en terre vernissée de Tamgrout, souk du Beldi. Service à thé en argent, style paquebot, Puiforcat. Sol en opus incertum de marbre de Carrare.
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PAGE DE D R O I T E Côté bureau, la table de travail moderniste en bois de babinga et verre années 1970, signée Xavier Marbot, éclairée par une lampe champignon Art déco en Inox et tubes de verre, est entourée d’un fauteuil de bureau en cuir fauve à piètement acier et d’une paire de chaises «Orange Slice», de Pierre Paulin. Grand oculus, œuvre polychrome en carreaux de ciment, hommage
à Anni Albers, figure du Bauhaus, Popham Design. Sur la boiserie en chêne, appliques pivotantes en tôle laquée, de Charlotte Perriand, surmontent une enfilade d’angle réalisée sur mesure dans le style années 1950. Lampe tulipe à abat-jour en opaline et modèle à coupole Inox Art déco.
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E SPACE RO I Le vaste salon ouvert sur le jardin avec sa paire de canapés en velours rouge étrusque, Pierre Frey, tapis contemporain à graphisme géométrique réalisé dans le MoyenAtlas, dans le style d’Eileen Gray, Bibi Art. Table basse anglaise en verre et Inox, paire de guéridons tripodes en cuir clouté. Au fond, fauteuil en tube et laine, chauffeuse « Barcelona », de Mies van der Rohe. Au premier plan, sur l’enfilade fifties, Autoportrait de Fernando Talamoni, sculpture en fer, et à gauche, côté salle à manger, Le Chainon manquant, œuvre du même artiste. À droite, vue vers le petit salon au travers de la cheminée.
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S O L S M A JEU R S PA G E DE G A UC H E L’escalier magistral est illuminé par un hublot et un vitrail polychrome en verre cathédrale opaque et translucide, réalisé par le ferronnier Mohamed, sur le concept de Nadia De Re. Sur l’enfilade rouge et noir années 1950, psyché pivotante, Youssef Antiquaire, et vase mouchoir en céramique, signé Letalle. Chauffeuse
années 1950 en sky rouge à pieds fuseaux. Sol en opus incertum de marbre noir de Khénifra, délimité par des filigranes de laiton, bordé de terrazzo gris et souligné de frises en mosaïque. PA GE D E D R OITE Côté salle à manger, les deux grilles à volutes en fer forgé vert de gris à rehauts dorés, années 1940, sont signées Gilbert Poillerat. Elles ouvrent sur une table et un buffet
Art déco en ébène et des chaises en velours gris, dans le style de René Prou. Assiettes noires à filet blanc, Corinne Bensimon pour Beldi, sets de table brodés par École et Ateliers de l’Atlas, verres en cristal et argenterie familiale années 1930. Au premier plan, fauteuils de fumoir de la Mamounia. Sol en terrazzo gris, bordé de marbre noir de Khénifra et serti de mosaïque.
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CLOISON -VI T RAI L Chaque chambre possède sa terrasse privée arborée. Couvre-lit en textile touareg, travaillé par Écoles et Ateliers de l’Atlas. Sur le sol en terrazzo, tapis, tribu Taznakht du Haut-Atlas, Bibi Art, chauffeuse années 1950 en sky rouge à pieds fuseaux noir, commode demilune 1925 à larges cannelures soulignées d’une frise dorée et pieds godronnés perlés d’or, dénichée à Bab El Khemis et customisée en bleu, présente deux grès ivoire du Rajasthan. La salle de bain et sa douche en marbre noir de Khénifra, éclairées par un hublot, sont isolées grâce à des panneaux en vitrail translucide.
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LIG NE D’EAU PA G E D E GAUCHE Le bassin de nage s’étire tout au long de la maison. Entièrement carrelé en bejmat vernissé en camaïeux de bleu Majorelle, il accueille sur ses plages une paire de fauteuils vintage en vannerie, ton fusain, et des sièges pliants en toile de couleur vive sur fond de nature exotique. Sur la façade, on aperçoit les oculi, les avant-toits en casquette et les deux portes en fer forgé abritant les locaux techniques. PA G E D E DROITE Le vitrail de l’escalier vu du jardin. Son calepinage polychrome à sertis noirs, conçu par Nadia De Re, dans l’esprit Art déco, évoque Mondrian.
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LES AD R E SSE S D E JEAN-DO M INIQUE LEYM AR IE Pour ses tapis artisanaux aux graphismes contemporains et d’inspiration Art déco, Bibi Art. Pour son mobilier d’époque années 1940-1950, Youssef Antiquaire. Pour sa sélection d’œuvres de photographes marocains ou ayant trait au Maroc, Galerie 127. Pour ses carreaux de ciment au design contemporain, Popham Design. Pour son choix et ses réalisations de sols en terrazzo, marbre et granito, entreprise Avalla Marc.
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AVE C GOÛT
Israël/Labneh, kiwi, citron noir
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DU VE RR E À L’ASSI ET T E PA G E D E GAUCHE Le labneh est une sorte de yaourt épais, élaboré à partir de lait fermenté, fabriqué à l’origine dans les montagnes de Syrie. Il est accompagné ici de morceaux de kiwis et de citron noir aux arômes puissants.
Liban/Vin cuit, citron jaune, tahini
PA G E D E DROITE Cocktail à base de vin chypriote, de rhum blanc, de citron et de sirop de tahini (crème de sésame) avec quelques graines de sésame noir.
P A R F U M S D’É P I C E S Invitation au voyage, initiation à l’ailleurs, les pages des « Routes des épices » regardent vers d’autres contrées, s’imprègnent d’autres cultures. Hisanobu Shigeta, qui signe les recettes, et Ikhlef Ali Cherif, qui a imaginé les cocktails, sont respectivement chef de cuisine et directeur du restaurant Spoon à Paris. Avec ce livre, ils offrent aux lecteurs, des itinéraires hauts en couleurs et en parfums. TEXTE
Martine Duteil
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Maki Manoukian 107
Iran/Ash-e-reshteh, kashk, fenugrec
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Tunisie/Courge, piment, tabil Liban/Houmous, pois chiches, sumac
Maroc/Millet, légumes d’été, ras el-hanout
SAVEURS M É TISSÉES PA G E D E GAUCHE 1. Gousses de kororima, une épice d’Éthiopie, appelée poivre d’Abyssinie ou graine de paradis, à la saveur piquante et légèrement camphrée. 2. Courge en bouillon
et en salade relevée par du piment oiseau et du tabil, un mélange piquant et aromatique de graines de coriandre et carvi, poivre, piment rouge, gingembre, ail, menthe et poudre de boutons de roses. 3. Soupe de légumineuses et de nouilles épaisses, accompagnée de kashk,
un laitage à base de petit-lait fermenté, et de feuilles de fenugrec. 4. Mezze du ProcheOrient, constitué d’une pâte crémeuse à base de pois chiches cuits, de jus de citron et de tahini, agrémenté de sumac qui apporte des notes fruitées, acides et astringentes.
PA G E DE DR OITE Plat de légumes et de millet arrosé d’un bouillon de tajine avec une vinaigrette au ras el-hanout, mélange de cannelle, cumin, gingembre, coriandre, cardamome, muscade, poivre noir et curcuma.
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Indonésie/Noix de coco, combava, sambal Sri Lanka/Sago, cumin, eau de kewra
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Palestine/Gin, cacao, zaatar Inde/Chocolat, grué, cardamome verte
Arabie saoudite/Ginger beer, sureau, gingembre
Quand les épices deviennent destinations, les recettes prennent des allures de voyages. Murgh makhani poulet, piment du Cachemire, en Inde ; Maquereau, feuille de vigne, sumac, au Liban ; Fenouil, œuf mollet, charmoula, en Algérie… pour le salé. Figue, grenade, labneh, en Palestine ; Sago, cumin, eau de kewra, au Sri Lanka… pour le sucré. Le livre met ainsi en bouche les épices du Levant, du Moyen-Orient, de l’Orient, faisant le lien en images entre couleurs et saveurs, parfums et impressions. Livre-miroir de traditions culinaires, l’ouvrage accueille les interprétations libres du chef Hisanobu Shigeta, mais ouvre aussi les portes d’itinéraires insoupçonnés, faisant toujours la part belle aux produits simples, aux céréales et végétaux. Des cocktails, alcoolisés ou non, viennent enrichir l’expérience. Ces créations inédites infusent la quintessence des arômes, et invitent à tracer un autre chemin, du verre à l’assiette, d’un pays à l’autre. « Ce voyage sur les routes des épices nous apporte une grande leçon de modestie. Il nous évite l’euro centrisme. Pendant longtemps, l’Histoire s’est jouée ailleurs, dans les lointaines Chine et Inde, dans cette Méditerranée qui fut réellement Mare Nostrum pendant tous ces siècles. Utile rappel en ces temps de mondialisation : nous ne sommes pas le centre du monde, et il est bon de toujours conserver une curiosité bienveillante envers ce qui se passe ailleurs. » Alain Ducasse trace ainsi dans sa préface les contours ouverts d’inspirations sans frontières. Recettes page 156
D’UN PAY S À L’AUTRE PA G E D E GAUCHE 1. Sorbet noix de coco au sambal, purée de piments, et au combava, agrume des Moluques. 2. Cocktail au gin et au cacao, aromatisé de zaatar, un mélange de thym, de sumac et de graines de sésame.
3. Dessert à base de tapioca avec de l’eau de fleur de pandanus et des graines de cumin. 4. Entremets tout chocolat, parfumé à la cardamome verte. PAGE DE DR O I T E Un cocktail à base de bière de gingembre, réhaussé de quelques feuilles de menthe.
L E S R OU T E S D E S É P I C E S De Hisanobu Shigeta et Ikhlef Ali Cherif, photos Maki Manoukian, 304 p., 35 €, Ducasse Édition.
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DORDOGNE
G RAND FORMAT PA G E D E GAUCHE Dans son atelier, l’artiste Heather Chontos peint ses toiles grands formats à même le sol. Ici l’œuvre Soleil fané, acrylique, encre, bâton d’huile; et, à l’arrière, Sous ma peau a été réalisée à partir d’un mélange d’huile, de bâton d’huile, d’acrylique et de pastel.
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Sur le mur à droite, l’envers d’un tableau intitulé La Pluie. PAGE DE DR O I T E Sur les murs de pierre de la grange, Isshokenmei, bâton à huile, acrylique et encre sur toile. Au sol, tapis ancien, acheté dans une brocante de la région, ponctué de sculptures en bois brûlé et peint.
LA COULEUR HABITÉE Saturée, gourmande, acidulée et exaltée. Pour l’Américaine Heather Chontos, la couleur est une maison, une joie vitale, un langage instinctif, dont l’exubérance s’est très tôt imposée à elle. Dans le sud-ouest de la France où s’est installée l’artiste, cette frénésie pigmentée déborde sur les murs, les textiles et le mobilier, dans un enthousiasme communicatif. PA R
Caroline Clavier
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Nicolas Millet 113
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VIB R AT IO N S PA G E DE G A UC H E 1. Le jardin est clôturé par une barrière de planches de bois brut taillé approximativement en différents formats, table et chaises anciennes en fer peint, chinées. 2. L’artiste déplace la toile Sous ma peau, réalisée à partir de bâton d’huile, d’acrylique et d’encre sur toile. 3. Dans l’atelier, rien n’échappe au coup de pinceau d’Heather Chontos. Deux chaises pliantes en tissus,
La Caverne d’Ali Baba, sont peintes à la main. 4. Au rez-de-chaussée de la grange qui mène à l’atelier, éclairée par des suspensions, chinées, les mangeoires accueillent des plantes vertes, le mur peint est encadré d’un décor de portes anciennes. Plus bas, accumulation de petites œuvres d’art sur papier dans des cadres anciens.
autour d’un canapé en bois revêtu de tissu imprimé, fait à la main, armoire en chêne du XVIIe siècle, La Caverne d’Ali Baba, table basse réalisée à partir d’un chariot chiné. De gauche à droite, tableaux Langue, Son et, sous la fenêtre, œuvre sur papier.
PA GE D E D R OITE À l’étage, dans la grange en face de l’atelier, un séjour a été improvisé
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ATELIER PANORAMI Q U E Espace d’expression, du sol au plafond, l’atelier installé dans l’ancienne grange à foin, est un paysage changeant au gré de la production de l’artiste. Sur le mur, grand tableau à gauche, Entre les deux, huile, bâton d’huile, acrylique et encre sur toile, à droite, La Pluie. Sur les murs, les sculptures sont des anneaux de tonneaux de vin en métal plié. Le meuble en bois est un ancien comptoir de magasin, l’horloge a été achetée dans une brocante industrielle à Berlin. Au sol, œuvre en cours.
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F ORM E S LI BRES PA G E D E GAUCHE Dans la partie maison, l’artiste a peint à la main le mur de plâtre du bureau avec des pigments, animé par l’accrochage de colliers vintage. Sur le bureau chiné, La Caverne d’Ali Baba, lampe «Invider» réalisée à la main en papier mâché recyclé, Atelier Henri Dejeant, et devant, chaise provenant
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d’une ferme du Tyrol, au sud de l’Italie. À l’arrière, dans le séjour, canapé, ancien modèle, Maisons du Monde, recouvert du tissu «Toile du peintre», réalisé par l’artiste pour Pierre Frey. PAGE DE DR O I T E Détail de l’œuvre Plan d’eau, technique mixte, encre, bâton d’huile et acrylique, sur une toile cousue, exposée à la galerie Tourrette.
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l fallait du volume, du grand, du très grand, mais aussi du calme pour accueillir tant d’exubérance. Après des années d’itinérance, de voyages et d’observation, de New York à Barcelone en passant par Berlin, Londres, Los Angeles ou Brescia en Italie, où elle séjourne pour une plus longue période en résidence d’artiste, c’est en France, dans un petit village de Dordogne que l’Américaine Heather Chontos a jeté l’ancre. La lumière, dit-elle, en serait la raison, ou peutêtre cette coulée solaire de champs de tournesols qui colore les paysages voisins jusqu’à ses murs. Une onde jaune vif qui semble prolonger le geste de l’artiste. La couleur, « c’est la vie ! », avec elle la formule prend tout son sens. Privée de la vue à l’âge de 14 ans à la suite d’une maladie grave, Heather Chontos restera un an dans le noir. La vision retrouvée marquera cet appétit visuel, cette addiction à la lumière et cette frénésie de la forme. Plus la couleur est saturée, forte, tranchante, plus son retour à la vie, à la vue, est une certitude, « la preuve que mes yeux sont bien là », s’exclame-t-elle. L’artiste Oskar Kokoschka sera l’un des premiers à déclencher son désir de peindre. S’autoriser à dessiner, prendre le pinceau et se jeter à l’eau, prendra du temps. En pure autodidacte, Heather Chontos craint d’avancer sans la maîtrise du savoir. De ce qu’elle pense être une faille, elle en fera un
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atout, et même le sel de sa création. Sa force, c’est sa liberté, celle du corps et du geste en mouvement autour de la toile quand elle travaille, à même le sol sur la surface à peindre, en immersion complète parfois sur le support, celle des outils qu’elle détourne, des instruments de maçonnerie, des cartes de crédit, pour appliquer la matière à sa façon, celle des formes qu’elle invente, imbrique dans l’équilibre d’un puzzle foisonnant, celle des mélanges infinis de couleurs, celle des supports qu’elle explore, le textile, le papier, le carton ou enfin celle des matières qu’elle mixe, de l’encre, des bâtons d’huile, de l’acrylique ou des pastels. Intuitive, fusionnelle, « sauvage », comme l’artiste aime le dire à son sujet, l’habitat rural qu’elle a choisi pour vivre lui ressemble. La pierre, le ciel de charpente, les volumes de cette grange rénovée par ses soins trouvent un écho. Ils accompagnent son instinct de vie et accueillent l’intensité de ses toiles grands formats. Son atelier à vivre est d’ailleurs devenu le support de son art. Partout, de la chambre au salon, de la salle de bain à la cuisine, il est présent. Il envahit les murs de fresques, déborde sur les tissus, les sols, le mobilier. Tout ici est fait avec les mains, tout s’improvise, avec le charme et la poésie de l’intuition, tout est prétexte à la peinture, à la géométrie des formes et des compositions. Tout se croise, se télescope, pour habiter la couleur.
D E L’ AR T AU TEXTILE PA GE D E GA UC H E 1. Le salon est occupé par un canapé, Maisons du Monde, recouvert du tissu «Toile du peintre», Pierre Frey. Table basse, Zara Home, et souche de bois trouvée à Berlin, poncée et peinte avec «Moyen chamois», Little Green. Tapis rond tissé, modèle ancien, Leroy Merlin. La fresque sur le mur est peinte avec des bâtons d’huile, Sennelier. Tableau Sunrise, cadre en chêne sur mesure. 2. Œuvre Only, encre, acrylique et bâton à huile sur du papier de livres anciens collés et montés sur bois. PA GE D E D R OITE Au pied de l’échelle de bibliothèque, Selency, tabouret ancien, La Caverne d’Ali Baba, l’artiste en plein inventaire met en perspective ses toiles au sol.
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L’INSTINCT COULE UR PA G E D E GAUCHE 1. Le sol de la salle de bain est pavé de carreaux italiens en pierre, achetés dans un marché aux puces en Italie. La vasque est posée sur une table ancienne, chinée, comme le miroir en métal, l’applique en verre blanc, les rangements en bois et l’armoire. Tapis patchwork cousu à la main à partir de vieux tissus et de vêtements. Peinture sur le mur, Goutte de pluie. La porte
est peinte avec la couleur «Heat» et le sol du couloir avec «Mr. David», Little Green. 2. Les champs de tournesols autour de la maison prolongent le geste de l’artiste. 3. Dans la cage d’escalier, le mur a été peint à la main de motifs floraux, avec la teinte «Buff moyen», Little Green. Peinture à l’huile sur carton entoilé, Heather Chontos. 4. La serre du jardin est conçue à partir de fenêtres et de portes chinées peintes en «Citrine», Little Green.
PA G E DE DR O I T E La chambre sous les toits est occupée au sol par des sculptures en bois peint, fabriquées à partir d’une souche d’un pommier tombé dans une ville des Dolomites, en Italie. Le couvre-lit bleu est teint à la main, peint et cousu par l’artiste. Chaise en bois laqué rouge, @fleaforall, table de chevet, La Caverne d’Ali Baba, lampe cordes et céramique années 1960, Selency. Peinture au-dessus du lit Jardin.
LES ADRESSES DE H E AT H E R C H O N T O S Pour chiner des objets, meubles et accessoires, La Caverne d’Ali Baba. Pour sa ferme, sa boulangerie artisanale, ses produits locaux et son gîte, La Meyfrenie. Pour ses lampes « Invider » en papier mâché recyclé, Atelier Henri Dejeant. Pour ses pièces en céramique, ses œuvres d’art et ses bijoux, Chouca. Pour ses fournitures d’art et ses huiles en bâton, Sennelier. Pour découvrir les œuvres de l’artiste Heather Chontos, Galerie Tourrette.
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AIX-EN-PROVENCE PARC JOURDAN
3 AU 6 JUIN
www.vivrecotesud.fr
Photographie : Anthony Lanneretonne. Styliste : Cécile Vaiarelli.
TERRES D’EXPRESSION
MOSAÏQUE D’IDÉES
I N S P I R AT I O N S E T R E N C O N T R E S T E X T I L E S PA P I E R S P E I N T S D ’ A I L L E U R S CHAMBRES DOUCES ET FEUTRÉES
© ASTERÉ
TOILE DE FOND «Mirage», design Charlotte Morot, coloris Reflet Indigo, panoramique, impression sur lin et support métallique, 3 coloris, disponible aussi sur mesure, 2035€ le décor de 3 m en 4,35m de L, Asteré.
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TISSUS
FIGURES TEXTILES Surface d’expression infinie, les tissus se font plus que jamais narratifs. La nature, la matière, la terre, l’art, les années 1980, mais aussi l’architecture tissent le paysage vivant des collections 2022. En pleine vitalité, l’univers textile étoffe son champ créatif de collaborations croisées. Designers, artistes et architectes d’intérieur travaillent en symbiose avec les éditeurs. Rencontres et sélections choisies. PA R
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Caroline Clavier
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Nicolas Millet
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ARCHITECTURÉ PAGE DE GAUCHE Ariane Dalle, directrice artistique chez Élitis, devant l’un des derniers opus de la maison: le tissu «Architettura», collection Milano, coloris Comedia del Arte. Imprimé en digital, ce velours, en lin et viscose, pour siège et rideau, s’inspire des perspectives métaphysiques de De Chirico, 183€ le m en 140cm de L. PAGE DE DROITE Composition murale: sous une planche de tendances inspirée du courant Memphis, à l’origine d’une partie des collections Élitis, tournées en 2022 vers l’expression picturale forte et la couleur. 1. «Levante», collection Ambianti, en coton, viscose, acrylique et lin, 132€ le m en 143cm de L. 2. « Architettura », collection Milano, coloris Esquisse italienne, en coton et viscose, 183€ le m en 140 cm de L. 3. Série d’échantillons issus de la collection.
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litis revisite les années Memphis et l’ambiance des anciens palais italiens. Deux grands thèmes qui inspirent quatre collections de tissus. Milano, Alchimia et Ambienti mêlent les géométries graphiques du designer Ettore Sottsass aux perspectives métaphysiques du peintre De Chirico. Ce travail de lignes architecturées, façon jeu de construction, est souligné par l’audace des couleurs. À cette modernité répond la gamme Craft Chic. Plus sophistiqués, ces tissages précieux cultivent le relief de fils métalliques, la patine de l’or vieilli, les reflets cuivrés des fresques des palazzi, et jouent l’effet coup de pinceaux d’un tableau mural.
COULE UR T ERRE PAGE DE GAU C HE Dans l’entrée du studio de création Élitis, un mur accueille les inspirations 2022. Pensées autour de deux grands thèmes, les quatre collections, Milano, Alchimia, Ambienti et Craft Chic, s’exposent dans un calepinage graphique croisant les références italiennes, allant des anciens palais au répertoire Memphis. PAGE DE DROITE 1. Sur le mur, une série de dessins et de photos dans l’esprit constructiviste ont inspiré les tissus. De gauche à droite, «Corso», collection Alchimia, coloris Anticonformiste, tissage jacquard, en coton, 4 coloris, 123€ le m en 141cm de L; «Mondo», collection Alchimia, coloris Vie constructive, en coton, 4 coloris, 112€ le m en 140 cm de L. 2. «Allegoria», collection Craft Chic, en coton, 4 coloris, 189€ le m en 145cm de L. 3. «Grafico», collection Alchimia, coloris Temps d’avance, en viscose, 4 coloris, 132€ le m en 140cm de L. 4. «Castello», collection Milano, coloris Parenthèse graphique, velours jacquard, en viscose, 5 coloris, 169€ le m en 139 cm de L.
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ANIMALIER PAGE DE GAUCHE Eric Valero, directeur artistique chez Nobilis, devant le velours « Faon », collection Icônes, 245 € le m en 135 cm de L. Ce tissu, disponible en 2 coloris, complète le répertoire existant de velours à motif animalier de la maison. À l’arrière, « Oia », collection Massalia, en lin, coton, laine et viscose, 5 coloris, 145 € le m en 144 cm de L. PA G E DE DR O I T E 1. « Bargello », collection Icônes, en viscose, polyacrylique, coton et laine, 6 coloris, 220 € le m en L 134 cm. 2. « Frejus », collection Massalia, en lin, 5 coloris, 209 € le m en L 310 cm. 3. « Oia », collection Massalia, en lin, coton, laine et viscose, 5 coloris, 145 € le m en 144 cm de L. 4. « Paros », collection « Massalia », jacquard, 4 coloris, 125 € le m en 141 cm de L. 5. Extrait de la collection Massalia, qui réunit, de gauche à droite, « Rayure Massalia », en lin et coton, 7 coloris, 158 € le m en 295 cm de L ; « Fréjus », en lin, 5 coloris, 209 € le m en 310 cm de L ; « Myrto », en viscose, coton, polyacrylique, lin et soie, 9 coloris, 160 € le m en 143 cm de L ; « Strato », en coton, viscose, polyester et lin, 9 coloris, 95 € le m en 138 cm de L.
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idèles aux ancrages de la maison, les dernières créations de Nobilis croisent tradition et innovation technique. Deux axes créatifs forts : la réinterprétation des grands classiques, tels que le point de Hongrie, la moire ou les motifs animaliers, et l’esprit méditerranéen, avec une sélection de voilages ou rideaux en grande largeur, aux textures minérales. Avec le velours « Faon », reproduisant l’aspect du pelage, issu de la collection Icônes, la maison complète son répertoire de velours animalier. Conçu dans une approche semi-artisanale à partir d’anciens métiers à tisser, Nobilis opte pour l’exception. Plus ethnique et estivale, la collection Massalia mise sur les tissages de fibres naturelles, les matières mates, les influences végétales, passant de la rayure aux entrelacs brodés.
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PICTURAL PAGE DE GAUCHE 1, 4. «Rayure chinoise», collection Porcelaine de Chine, coloris Cobalt et Alchemilla, fond de velours avec impression numérique, en coton, viscose et polyester, 2 coloris, 195€ le m en 137cm de L, Designers Guild. 2. «Shastri», collection Madhia, coloris Cobalt, en coton, viscose et polyester, 4 coloris, 220€ le m en 133cm de L. 3. «Fleurs», collection Porcelaine de Chine, velours inspiré des motifs de la porcelaine de Sèvres, en coton, viscose et polyester, 2 coloris, 195€ le m en 130cm de L. 5. Le pouf rond est habillé du tissu «Melton Platinum», collection Melton, en laine, 105€ le m en 149cm de L. PA GE D E D R OITE Portrait de Tricia Guild, fondatrice et directrice artistique de Designers Guild, devant un panneau aux motifs kaléidoscopiques, «Minakari », coloris Rosewood, 2 coloris, 285 € le panneau de 140 x 300 cm. Sur le fauteuil, « Drysdale », collection Moselle Lana, coloris Zinc, en coton, lin et polyester, 150 € le m en 140 cm de L.
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olaire, la fibre 2022 de Tricia Guild reconduit la vitalité et la profusion joyeuse qui lui sont chères. Acidulée, décomplexée, la couleur saturée embrase les motifs omniprésents déclinés en différentes nuances sur les neuf nouvelles collections, complétées par les deux créations de William Yeoward et celle de Christian Lacroix. Un romantisme twisté, qui revisite toujours le charme du thème floral, mais s’aventure cette fois sur les traces de la porcelaine fine du XVIIIe siècle. Ainsi, les manufactures de Meissen et de Sèvres ont soufflé les impressions orientalistes des tissus et des papiers peints de la saison. Illustrées notamment par le modèle « Rayure chinoise », un fond de velours en impression numérique dont les bandes de couleurs jouent sur l’effet 3 D et la vivacité des tonalités.
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FA Ç O N P U Z Z L E PA G E D E G A U C H E Designer, décorateur et directeur artistique, Pierre Gonalons, ici dans sa galerie, a été choisi pour mettre en scène le catalogue de la collection Misia 2022. Il est assis à côté du tissu « Palette des artistes », collection Terre des ocres, coloris Orange brûlée, en viscose, polyester et soie, 3 coloris, 199 € le m en 140 cm de L. Fauteuil « Orchid », recouvert du tissu « Mont-des-Muses », coloris Vert empire, en viscose et coton, 179 € le m en 140 cm de L. Table d’appoint « Shout », en marbre Calacatta Viola, et miroir « Gradation ». L’ensemble Pierre Gonalons, collection Misia, Casamance. PAGE D E DROITE 1. «Magie des ocriers», collection Terre des ocres, coloris Terracotta, en viscose, acrylique, lyocell, lin et soie, 2 coloris, 219€ le m en 140cm de L. 2. «Euphorie cubiste», collection Terre des ocres, dessiné par la designer new-yorkaise Alison Rose, en viscose, coton et polyester, 5 coloris, 169€ le m en 140cm de L.
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cho minéral des falaises flamboyantes du Luberon, la palette des ocres, des terres de Sienne et des terres d’ombre du Colorado provençal réchauffent les nuances des collections Misia. Un vent du Sud souligné par la géométrie des formes, comme les compositions cubistes créées en collaboration avec la designer new-yorkaise Alison Rose. Cette année, pour dévoiler ses nouvelles créations, l’éditeur français a donné carte blanche au designer, décorateur et directeur artistique Pierre Gonalons. C’est dans les murs de la villa Les Colombières, à Menton, que ce dernier a souhaité mettre en scène les collections, autour d’une sélection d’œuvres d’art et de design choisies. À cette occasion, certaines des pièces de mobilier de Pierre Gonalons, habillées des tissus Misia, prenaient part au décor.
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vec la collection Merveilles d’Égypte, Catherine Pierlovisi, styliste et coloriste pour la maison Pierre Frey, rend hommage à la passion de l’Égypte de la fin du XVIIIe siècle. Inspirée par la richesse et la vivacité des couleurs des temples et des tombeaux, elle a travaillé en collaboration avec l’artiste français Louis Barthélémy. Installé entre Le Caire et Paris, celui-ci a imaginé une fresque antique contemporaine. Le Nil et son bestiaire, les fleurs de lotus, les ciels piqués d’étoiles, autant d’éléments qui s’illustrent en broderie de laine sur un lin rustique. La collection se prolonge par des motifs issus des dessins d’archives de la maison Pierre Frey, des velours changeants inspirés des pierres précieuses ou des jacquards graphiques multicolores. Une ode enchantée à la créativité de l’Égypte antique.
N O M A D E PA G E D E G A U C H E 1. Sur le mur du showroom de la maison Pierre Frey, parmi un pêle-mêle de photos, portraits (par Yann Deret) de l’artiste Louis Barthélémy, qui a réalisé les fresques de la collection Merveilles d’Égypte. 2. «Faune et Flore», collection Merveilles d’Égypte, coloris Terre, en lin et acrylique, 2 coloris, 492€ le m en 130cm de L. 3. En fond, «Souchin», collection Merveilles d’Égypte, coloris Sauterelle, en lin et viscose, 425€ le m en 129 cm de L; dessus, «Byblos», collection Merveilles d’Égypte, coloris Lazuli, en viscose et coton, 4 coloris, 247€ le m en 138cm de L. 4. En fond, «Faune et flore», collection Merveilles d’Égypte, coloris Lin, en lin et acrylique, 2 coloris, 199€ le m en 140cm de L. PAGE DE DR O I T E Catherine Pierlovisi, coloriste et styliste pour la maison Pierre Frey a travaillé avec l’artiste Louis Barthélémy sur la collection Merveilles d’Égypte. Dans le fond, «Faune et Flore», collection Merveilles d’Égypte, coloris Terre, en lin et acrylique, 2 coloris, 492€ le m en 130cm de L. Sur la droite, «Boléro», collection Parade, coloris Miami, en polyester, 236€ le m en 142cm de L. Devant, «Faune et Flore», collection Merveilles d’Égypte, coloris Lin, en lin Adresses page 160 et acrylique, 2 coloris, 492€ le m en 130cm de L. Au sol, «Fanfare», collection Parade, coloris Sorbet, en acrylique, 434€ le m en 131cm de L.
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IM PRESSIO NS D’A I L L E U R S En lé classique, en version panoramique, en frise, rythmant un pan unique ou posé sur l’ensemble des murs de la pièce, répondant à une dominante de peinture, jouant d’abstraction graphique, de scènes figuratives ou de paysages exotiques, les papiers peints habillent les intérieurs autant qu’ils content des histoires. Pour les maisons du Sud, on retiendra les palettes épicées et les motifs célébrant l’évasion. PA R
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Aurélie des Robert
IMP RE SSI ON NATURE PA G E D E GAUCHE « Yucca », collection Panorama, gravure digitale colorisée, intissé, 2 coloris, 470 € le décor panoramique de 3,50 m en 2,80 m de L, Nobilis.
© SDP ; À DROITE : DE GOURNAY/SARAH PIANTADOSI
PA G E D E DROITE « Chinoiserie », design Erdem Moralioglu, collection de Gournay x Erdem, coloris Standard, peint à la main, soie teintée recouverte de papier, 3 coloris, 2 126 € le panneau de 3,04m en 0,91m de L, de Gournay.
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G RAP HISMES É P ICÉ S
PAGE DE DRO I T E 1. «Ndebele», design Marie Papillaud et Vincent Gevin, collection 360°, panoramique, intissé, 299€ le lé de 3 m en 1m de L ou 3300€ le panneau complet de 3m en 11m de L, Élitis.
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2. «Milk and Honey», collection Décors & Panoramiques, coloris Gold Storm, intissé, 2 coloris, 166,56€ le m2, Arte International. 3. «Mirage», design Charlotte Morot, panoramique, coloris Envie de Soleil, impression sur lin et support métallique, 3 coloris, 2035€ le décor de 3m en 4,35m de L, disponible aussi sur mesure, Asteré. 4. « Botanis», collection Essentials/Costura, coloris Toffee Cloth, intissé, 5 coloris, 149€ le rouleau de 8,50m en 0,70m de L, Arte International.
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PA G E D E GAUCHE 1. En fond, «État d’âme», collection Ressource x Madi, coloris Original, intissé, 583€ le panoramique de 3m en 4,90m de L; «Picto», collection Ressource x Madi, coloris Cappuccino, Crème et Ocre, intissé, 70€ le m2, Ressource. 2. «Kalahari», collection Ardmore-Jabula, coloris Spice and Black, intissé, 3 coloris, 134€ le rouleau de 10m en 0,52m de L, Cole & Son, Au fil des Couleurs. 3. «Korgpil», collection
Scandinavian Designers III, coloris Pink, intissé, 3 coloris, 128€ le panneau de 2,65m en 1,80m de L, Boråstapeter, Au fil des Couleurs. 4. «Modelage», collection L’Atelier, coloris Terracotta-Sable, vinyle intissé, 3 coloris, 499€ le panoramique de 3m en 2,04m de L, Casamance.
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SOUS LES TROP IQUES PA G E D E GAUCHE 1. «Feuillage», dessin de Madeleine Castaing, coloris Émeraude, intissé, 5 coloris, 149€ le m en 1,20m de L, Edmond Petit. 2. «Voyage botanique»,
intissé, 995 € les 4 lés de 2,50m en 1m de L, disponible aussi sur mesure, Ananbô. 3. «Polynésie», collection Autour du monde, intissé semi-mat, 319€ le rouleau de 10,05m en 0,70m de L, Jean Paul Gaultier, Lelièvre Paris. 4. «Helleborus», papier
imprimé de manière traditionnelle, 7 coloris, 193€ le rouleau de 10m en 0,53m de L, Farrow & Ball. 5. «Hoopoe Leaves», collection ArdmoreJabula, coloris Forest Green Lime and Fuchsia, intissé, 3 coloris, 162€ le rouleau de 10m
en 0,52m de L, Cole & Son, Au fil des Couleurs. 6. «Coco de mer», collection Signature Penthouse Suite, coloris Tarnished Gold, intissé imprimé façon gravure, 3 coloris, 172€ le rouleau de 10m en 0,69m de L, Ralph Lauren Home,
Designers Guild. 7. «Malacca», coloris Marine 02, intissé, impression digitale, 3 coloris, 240€ le rouleau de 10m en 0,68m de L, Manuel Canovas. 8. «Martinique», intissé, 3 coloris, 266€ le rouleau de 3m en 0,52m de L, Osborne & Little.
9. «Pines», coloris Blue Pine, intissé, 4 coloris, 131€ le rouleau de 10m en 0,52m de L, Little Greene. PA GE D E D R OITE «Palm Street», collection Moris, panoramique, intissé, 65€ le m2, Les Dominotiers. Adresses page 160
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© MINOTTI S.P.A.
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I N S P I R ATI O N D E SI G N E N D OU C E U R « Roger », design Rodolfo Dordoni, tête de lit et cadre, revêtus de tissu ou de cuir, structure en multiplis rembourrée de
mousse de polyuréthane, sommier plateforme intégrant des ressorts ensachés, lames porteuses en aluminium, disponible en 5 largeurs, à partir de 8 150 €, Minotti chez Silvera.
CHAMBRES EN VUE Autour de têtes de lit enveloppées d’une couette matelassée ou composées de coussins moelleux en plume d’oie, de linge qui borde les rêves dans une palette de couleurs douces et naturelles, ou encore de tapis qui s’inspirent des bleus et des reflets d’une mer en mouvement ou évoquent des terres lointaines… Une sélection comme une respiration qui accompagne une recherche de sérénité, sur fond de confort absolu. PA R
Julie Rebeyrol
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I N S P I R ATI O N LIG NES E NVELOPPANT ES PA G E D E GAUCHE «Coupé», design GamFratesi, tête de lit, en cuir Pelle Frau, coussin en tissu devenant une partie de la tête de lit grâce à une bande de velcro, rembourré de mousse de polyuréthane et de ouate de polyester, structure en hêtre massif, bouleau, multiplis de peuplier et tôle d’acier, pieds en métal, plusieurs dimensions, à partir de 6660€, Poltrona Frau chez RBC Mobilier.
rangements, plusieurs dimensions, prix sur demande, Molteni & C. 4. «Extrasoft Bed», design Piero Lissoni, tête de lit, en tissu ou cuir, rembourrée de mousse de polyuréthane et recouverte d’une couette matelassée en duvet d’oie, structure en peuplier et pin, existe en 3 largeurs, à partir de 4034€, Living Divani.
© POLTRONA FRAU
PA G E D E DROITE 1. «Lola Darling Bed», design Roberto Lazzeroni, tête de lit, en cuir Pelle Frau, rembourrée de mousse
de polyuréthane et ouate de polyester, structure en hêtre massif, multiplis de bouleau et panneaux en fibre de bois, lattes de sapin et multiplis de peuplier, piètement en aluminium, plusieurs dimensions, à partir de 4450€, Poltrona Frau. 2. «Asolo», design Antonio Citterio, tête de lit et cache-sommier, en tissu, rembourrage en polyuréthane et fibre de polyester, pieds en métal, existe en plusieurs largeurs, à partir de 5506€, Flexform. 3. «Ribbon», design Vincent Van Duysen, tête et cadre de lit, en tissu ou cuir, structure en bois massif avec rembourrage en polyuréthane, piètements en aluminium, peut être équipé de
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E NTRE CI EL ET MER 1. « Kamtchatka », design Nathalie Ryan, tapis, en laine peignée de Nouvelle-Zélande et tencel (fibre naturelle), avec différents niveaux de boucles et de velours, 250 x300cm, 8600€, Édition 169. 2. «Jazz Age», tapis, en laine, tissé à la main, extrait d’une collection influencée par les éléments caractéristiques architecturaux des années 1920, évocation d’une terre de glace vue du ciel, 210x325cm, 13455€, Manufacture Cogolin. 3. «Telares», tapis, en laine afghane, 170x240cm, également réalisable sur mesure, 2 040 €, Nanimarquina chez Bel Œil. 4. « L’Heure bleue », design Hugo Drubay, tapis, en laine et tencel, tufté main, s’inspire des reflets d’une mer en mouvement, sur mesure, prix sur demande, Codimat. 5. « Horizon Lake », tapis, en laine, comme une aquarelle, D 250 cm, 3 380 €, Moooi carpets chez RBC Mobilier. 6. «Opacus Boreal», collection Chromatic, tapis, en soie végétale, observation des variations chromatiques d’un banc de nuages, D 300cm, 10782€, Edition Bougainville. 7. «Sun Shaft», collection All At Sea 2022 ou le souvenir de vacances au fil de l’eau, tapis, en laine et soie, 235 x170cm, 4900€, Deirde Dyson.
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© SDP À DROITE : 1. VALENTINA SOMMARIVA 2. LIGNE ROSET 3. CINNA 4. GAUTIER 5. B&B ITALIA 6. MICHEL GIBERT 7. BONALDO 8. D3 STUDIO/ANDRÉ RENAULT 9. PAULY BEDS
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CAPITONNÉ OU MATELASSÉ 1. «Volage EX-S», par Philippe Starck, tête de lit, en tissu ou cuir, lampe, avec spot LED et tablette, plusieurs dimensions, prix sur demande, Cassina chez Bel Œil. 2. «Ruché», par Inga Sempé, tête de lit et cadre matelassés, plusieurs dimensions, à partir de 4434€, Ligne Roset. 3. «Cinneline», par Pagnon & Pelhaître, tête de litmatelassée,entissu,peutêtreassociéeaucadredelitavecsommiertapissier,2tailles,àpartirde1065€,Cinna. 4. «Mervent»,lit,enpanneauxdeparticules,avecrangements,4dimensions, à partir de 1215€, Gautier. 5. «Husk Bed», par Patricia Urquiola, tête de lit capitonnée, en tissu ou cuir, sommier tapissier, 4 tailles, à partir de 5600€, B&B Italia. 6. «Courchevel», par Philippe Bouix, tête de lit, en cuir, spots et tablette, plusieurs dimensions, à partir de 4670€, Roche Bobois. 7. «Full Moon», par Giuseppe Viganò, tête de lit capitonnée, en tissu, plusieurs dimensions, 3350€, Bonaldo. 8. «Modern», tête de lit, en tissu, plusieurs dimensions, 1129€; matelas «Club Line Horia» et sommier «Club Luxe», plusieurs dimensions, prix sur demande, André Renault. 9. «Sissi», matelas, surmatelas et sommier, en cachemire, crin, laine et coton, plusieurs dimensions, prix sur demande, Pauly Beds chez Maison Courtieu.
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E SP RIT D’AI LLEURS 1. « Galée », tapis, en coton, laine et kutchi (laine fabriquée par des tisserands indiens), tressé selon la technique traditionnelle dite Miri avec des pompons, 90 x 150 cm, 390 €, Caravane. 2. « Foliage », design Agustina Bottoni, extrait de la collection anniversaire célébrant les 20 ans de la maison, tapis, en laine, filé et noué à la main en Iran, teintes naturelles, 300 x 200 cm, 7 900 €, Parsua à la Galerie Chevalier. 3. « Abbey Road », tapis pour l’extérieur, en PET (fibres issues du recyclage de bouteilles en plastique), 180 x 260 cm, 1 400 €, Élitis. 4. « Noctambule », design Constance Frapolli, tapis, en laine, tufté main, s’inspire des tressages africains, D 250 cm, 1 650 €, Cinna. 5. « Kuzco », tapis, en jute et coton, inspiré par les lignes architecturales de la civilisation inca, 160 x 230 cm, 179 €, Alinea. 6. « Diamond », design Charlotte Lancelot, tapis, en PET, jeu de transparences et dégradés pour évoquer les multiples facettes d’un diamant coloré, 300 x 390 cm, 1 140 €, Gan. 7. « Wild », tapis, en cuir recyclé et coton, d’inspiration mexicaine, 170 x 120 cm, 39,99 €, Atmosphera.
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© SDP © SDP À DROITE : 1. ALINEA 2. CARAVANE 3. FRETTE 4. KAVE HOME 5. GABRIELLE PARIS 6. HARMONY TEXTILE 7. ROMAIN RICARD 8. FRANCIS AMIAND 9. OLIVER FRITZE POUR MAISON DE VACANCES
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BELLES PARURES 1. « Chazia » et « Aldjia », parures, en coton, à partir de 69 €, Alinea. 2. « Jardin Eden », housse de couette, en coton, à partir de 155 € ; « Selena », taies, « Mahoa », couvre-lit, prix sur demande, Caravane. 3. « Links Ricamo », parure, en satin de coton, à partir de 900 € ; « Suede », coussin, « Tuileries », couverture, prix sur demande, Frette. 4. « Dileta », parure, en coton, 112 € ; « Augustina » et « Bihuma », plaids, « Maelina », coussin, à partir de 23 €, Kave Home. 5. Parure de lit, en lin lavé, coloris Caramel, à partir de 260 € ; taies, 39 €, Gabrielle Paris. 6. « Viti », parure, en lin stonewash, à partir de 130,75 € ; « Baya », plaid, « Kisali », housse de coussin, prix sur demande, Harmony Textile. 7. « Écris de loin », housse de couette et taies, en satin de coton peigné, plusieurs tailles, à partir de 50 €, Yves Delorme. 8. « Anouk », housse de couette, en satin de coton lavé, à partir de 119 € ; « Alena », plaid, « Damian » et « Gotie », housses de coussin, à partir de 39 €, Madura. 9. « Cocoon Ocre Givré », housse de couette, en lin lavé froissé, à partir de 280 € ; « Basic », linge de lit, en lin lavé, prix sur demande, Maison de Vacances.
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I N S P I R ATI O N VE RSION M ANSARDÉE
© REPORTAGE JULIE CHANUT, PHOTO HERVÉ HÔTE
Dans une des chambres de l’hôtel 19-21, à Leucate, sur fond de mur en pierres apparentes, encadré d’une soupente en bois habillée de peuplier et de voile de coton côté fenêtre, un lit rehaussé d’une tête de lit en lin tissé par Crearte, associée à du linge, Maison de Vacances, privilégie les matières brutes et naturelles. L’impression de cocon est renforcée par l’espace enveloppant.
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I N S P I R ATI O N CHAMB RE-SALO N
© REPORTAGE CAROLINE CLAVIER, PHOTO NICOLAS MILLET
En terre catalane, dans une bâtisse à flanc de montagne, comme sortie de terre, l’harmonie et la lumière sont les piliers invisibles d’un édifice minéral. Ici, dans l’atelier de création Joan Lao Studio, toutes les intentions holistiques recherchées trouvent leurs expressions. Ainsi, l’épure signe l’esprit minimal de cette chambre qui s’étire en longueur. Tête de lit en chêne et plancher «LiveWood» ont été imaginés par Joan Lao Studio, MH Parquets, le mobilier a été dessiné par l’architecte pour Alternative et recouvert de tissus, Lizzo Fabrics. Rideaux, Cortinas Lladó, suspensions «Luz Oculta» par Joan Lao Studio, Fambuena, et tableaux d’Adalina Coromines, plantent un décor d’une grande sérénité. Adresses page 160
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RENDEZ VOUS
SWATCH En toute transparence Faisant table rase du passé, Swatch dévoile sa nouvelle collection Clear, qui se compose de montres tout en transparence, inspirées de ses pièces iconiques. Ce modèle Skin à quartz, ultrafin et ultraléger, est équipé d’un boîtier 34 mm en matériaux biosourcés, un cadran clair avec des aiguilles multicolores et des détails dorés sur le mécanisme apparent. « Clearly Skin », 115 €. swatch.com
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BOLLINGER Style et singularité Champagne Bollinger élève le vin issu de la vendange 2013 au rang de millésime et élabore une édition limitée: B13, pour Bollinger 2013. Ce Blanc de Noirs composé de 5 crus, dont 92% de Grands Crus et 8% de
Premiers Crus, révèle un pinot noir ciselé et minéralauxnotesd’agrumesetdecitronconfit, à la persistance veloutée en bouche. B13 se dévoile dans un coffret écoconçu entièrement recyclable et issu de matériaux majoritairement recyclés. 115€. champagne-bollinger.com
FONTINI Supplément d’âme Fabricant de mécanismes électriques depuis soixante-dix ans, Fontini réalise ses produits de manière quasi artisanale, dans sa propre usine de porcelaine. Pour exemple, en associant manette en bois de hêtre ou en métal à la porcelaine, l’interrupteur « Garby by Fontini » combine design intemporel, charme d’autrefois et technologie de haute précision. Manettes, vis, socles, fonctionnalités, l’enseigne cultive le souci du détail, et propose un large choix de finitions. Un savoir-faire local et authentique à découvrir sur fontini.fr
MAS PROVENCE Savoir-faire et sur-mesure Mas Provence, installé en région Paca et Languedoc-Roussillon depuis 1971, est certifié NF Maison individuelle et Haute qualité environnementale. Ses cinquante ans de savoir-faire lui ont permis de construire 6000 maisons sur mesure. Présente sur huit départements (Alpesde-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Drôme, Gard, Hérault, Var et Vaucluse), l’agence élabore un plan personnalisé pour chaque habitation. masprovence.com
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