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n° 115 - avril 2020

Horecajournal

HORECAACTUALITES

Salon Horecatel : conférence sur le système de caisse enregistreuse et sur la maturité numérique d’une entreprise Horeca

Il y a 5 ans, lors de la mise en application obligatoire du système de caisse enregistreuse dans les entreprises Horeca, la Fédération HoReCa Wallonie avait marqué sa réticence et son inquiétude quant à la fiabilité du SCE, à ses fonctionnalités et à ses conséquences économiques. Aujourd’hui, l’heure est au bilan. La Fédération a profité du salon Horecatel pour organiser, le mardi 10 mars, une matinée d’informations dont le but était de faire le point de façon objective et constructive et d’identifier les problèmes techniques rencontrés par les restaurateurs. Le Bilan de 5 années de système de caisse enregistreuse Introduits par Thierry Neyens, Président de la Fédération HoReCa Wallonie, plusieurs experts dans leur domaine ont échangé lors d’une table ronde animée par le journaliste Philippe Herman : Jan De Loddere (SPF Finances), Alain Fafchamps (ESI Informatique) et Jean-Pierre Dupont (Intelecs). Alain Fafchamps, dont la société vend des systèmes de caisses enregistreuses, témoigne : « Au début, sur le terrain, les restaurateurs n’étaient pas au courant qu’ils devaient s’équiper. Ils avaient l’habitude de garder du noir pour payer différents frais et ils ont dû modifier radicalement leurs habitudes, pour que tout soit déclaré dans la caisse. Il y a eu aussi des problèmes avec des boîtiers fiscaux défectueux qu’il a fallu remplacer et divers problèmes d’utilisation sont apparus à l’usage. Aujourd’hui, le système tourne bien, même si je tombe encore parfois sur des caisses certifiées mais non fiables. Chez mes clients, les contrôles se sont bien

passés, sauf dans deux cas absurdes. Un organisateur de banquets, par exemple, ne savait pas qu’il devait enregistrer la commande avant l’événement et a reçu une amende de 1.000 euros, non négociable. Je trouve absurde d’imposer aux traiteurs de faire un Z de caisse à chaque fin de journée, pour connaître les ventes du jour, alors que l’événement n’a pas encore eu lieu ou qu’il est en cours. Le traiteur a beau prévoir un nombre fixe de bouteilles, le client fait toujours évoluer sa commande en fonction de ce que les convives consomment. Ce n’est qu’une fois l’événement clôturé que l’organisateur peut établir la facture exacte. » Chef d’équipe au SPF Finances, Jan De Loddere est bien placé pour parler des contrôles menés par l’Etat sur les producteurs et fournisseurs de systèmes de caisses enregistreuses et pour informer les restaurateurs. « Nous recevons une moyenne de 70.000 appels par an concernant les caisses enregistreuses. On voit que la mentalité a complètement changé en 5 ans. Les questions que les restaurateurs se posent maintenant, c’est plutôt quant

à la manière d’utiliser les données qui sont dans leur caisse. Il y a beaucoup de gens qui viennent s’informer parce qu’ils vont débuter leur activité et on les aide à choisir le bon système. On a dépassé la colère et l’animosité. Le Conseil d’Etat a été clair et maintenant tout le monde s’y met. Il y en a toujours quelques-uns qui attendent l’amende, surtout à Bruxelles mais c’est de plus en plus rare. La Wallonie était en retard mais elle se rattrape bien. Le but de la caisse enregistreuse, c’était d’abord de professionnaliser le secteur. Comme cette mesure était doublée avec une diminution du taux de la TVA pour la restauration, l’Etat a voulu que le secteur devienne plus « blanc » et que le noir disparaisse, ce qui est logique. » A la remarque d’Alain Fafchamps concernant les organisateurs de banquets, il répond : « Le ticket de caisse est un outil de contrôle mais il n’est pas remplacé par la facture. Il faut faire un Z de caisse quotidien et rentrer la recette de sa journée dans sa comptabilité. Cette recette ne correspond peut-être pas à court terme à la réalité mais à long terme, ce sera rectifié. »

Jean-Pierre Dupont (Intelecs) réagit alors avec virulence : « Les traiteurs établissent leur facture à la fin du mois. Comment voulez-vous qu’ils établissent un Z de caisse chaque soir, alors qu’ils n’ont pas de chiffre d’affaires tous les jours ? Ils doivent donc établir un Z zéro ? ». Jan De Loddere confirme : « Le traiteur peut en effet faire un Z correspondant à un chiffre d’affaires nul. Admettons qu’il organise un banquet le samedi soir : il peut rectifier et enregistrer ses rentrées le lendemain matin, le dimanche ». Sceptique, Jean-Pierre Dupont témoigne de l’expérience de sa firme : « Nous avons choisi le système le plus cher sur le marché et nous n’avons pas eu beaucoup de pannes. Par contre, quand il y a panne, il y a un souci car le restaurateur doit recourir à des souches TVA papier, de l’ancien modèle. Mais les imprimeurs rechignent à imprimer peu de carnets et veulent que l’on en commande 50 minimum. Par ailleurs, nous constatons l’existence d’un système à deux vitesses : beaucoup de petits établissements ne sont pas inquiétés. Les grandes maisons se sont mises en ordre et consacrent beaucoup de temps à une gestion permanente. Les boîtes défectueuses représentent une perte de temps et d’argent. Parfois, plusieurs caisses sont en réseau. Les restaurateurs vivent le cauchemar avec des informaticiens qui ignorent les réalités du secteur Horeca. » Alain Fafchamps tempère : « Chaque restaurateur doit choisir le système de caisse qui lui convient, en fonction de la taille de son établissement. Il faut se méfier des revendeurs qui vous proposent des programmes qui permettent encore de faire du noir car vous devrez sûrement racheter un nouveau système. Les caisses enregistreuses évoluent en fonction des nouvelles tendances, comme celles

qui luttent contre le gaspillage. Quand un restaurateur utilise, par exemple, l’application « Too good to go » et vend à prix réduit des menus invendus, il a la possibilité d’inscrire cette vente dans sa caisse ».

Alors, un bilan positif ou négatif ? A la question de savoir quel bilan nos 3 experts tirent de ces 5 années de système de caisse enregistreuse, les réponses divergent. Pour Jean-Pierre Dupont, « il n’y a rien de positif dans ce système, que des inconvénients ! Le seul avantage, c’est la réduction du noir ». Pour Alain Fafchamps, la réalité est plus nuancée : « J’ai passé beaucoup de temps à informer les restaurateurs et beaucoup m’ont confié leurs difficultés. Il y a l’ancienne génération et la nouvelle, elles ne réagissent pas de la même manière. On arrive souvent à trouver des solutions pour que le restaurateur maintienne son niveau de revenus. » Jan De Loddere confirme : « Il n’y a pas eu de corrélation entre le nombre de faillites et l’obligation de s’équiper d’un système de caisse enregistreuse. La preuve est que les faillites concernent surtout les cafetiers. Celles des restaurateurs n’ont pas augmenté ces dix dernières années. Au contraire, l’emploi augmente dans le secteur car l’instauration d’un SCE a aussi permis de bénéficier de réductions des charges sociales. Ce qui a joué, ce sont les attentats en 2016 et la crise économique de 2018. En 2020, il faudra évaluer l’impact du Coronavirus… »

Le numérique, indispensable pour les réservations dans la restauration La seconde partie de la conférence était consacrée à la digitalisation et aux nouveaux systèmes de réservation en ligne. Geneviève Bossu, Juriste de la Fédération


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