LA FIGURATION SPECULATIVE

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1957/1964 La Figuration SpĂŠculative

Die Spekulative Darstellung


Cet ouvrage a été réalisé à l’occasion des expositions LA FIGURATION SPÉCULATIVE / DIE SPEKULATIVE DARSTELLUNG au Kunst Museum de Grafftenberg (1999) au Muséo del’Arte Ma Non Morte di Miliani (2000)

Commisariat : Rinaldo Farruggia Michele Nontroppi Sur une idée originale de Miss Roberta Antroppe de l’université du Michigan

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1957/1964

Die Spekulative Darstellung

LA FIGURATION SPECULATIVE un e oub l iet t e d e l ’ h i st o ir e de l’ar t

te x tes et rech erch es b i og ra phiq ues

Jean-Jacques Tachdjian Maître de conférence

Jean-Pierre Duplan Professeur honoraire de sémiologie appliquée

Renaud Faroux Docteur en histoire de l’art


AVANT-PROPOS

R

edécouvrir la FIGURATION SPÉCULATIVE, a demandé

un énorme travail d’expertise et de traduction, les archives personnelles de la pluspart des protagonistes de l’époque ayant disparues, brulées, volées, vendues ou éliminées par la Stasi, quand ce n’était pas directement le KGB. Notre travail historique et scientifique nous a donc amené à procéder à de nombreux choix que nous allons vous exposer ici même. Nous avons opté pour une présentation qui puisse mieux permettre au lecteur de s’immerger dans l’esprit résolument novateur de ce mouvement ; en effet il nous a semblé qu’une simple présentation historique et scientifique ne pourrait pas suffire à révéler toute la puissance et la portée toute visionnaire de cette œuvre si injustement oubliée de nos jours. Il a fallu, afin de préciser toute cette intensité auprès du grand public comme pour les spécialistes, trouver un langage commun à la hauteur de ce bouillonnement créatif. Nous avons opté pour une mise en page proche des travaux de Gunther Haltern dont les poèmes illustrés ont été aujourd’hui presque tous retrouvés grâce à sa belle-fille Erlin HalternWeber qui, bravant les interdits, a caché ces documents durant des années. Une traduction française des titres des œuvres vous permettra de mieux saisir la portée poétique ainsi que l’ancrage dans la réalité quotidienne de l’allemagne de l’est des années 1950-1960 de ces artistes en rupture.

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Nous avons également choisis que les poèmes qui parsèment ces pages soient également tous traduits, le sens primant sur l’expression de la langue, certains des artistes d’ailleurs (Alain Cailledat, Peter Gundark) ayant souvent adopté la langue de Molière pour figurer tout ou partie de leurs écrits dans leurs œuvres picturales. Toutefois c’est avec un respect tout particulier pour ces artistes courageux que nous avons sollicité Mme Helga Traumzeit pour la traduction, cette institutrice berlinoise aujourd’hui retraitée ayant été trés proche du petit groupe d’amis qu’ils formaient à Berlin à la fin des années 50. Qu’elle soit ici même remerciée de nous avoir si gentiment accueillis et accepté de nous ouvrir ses trésors d’archives. La figuration Spéculative, comme nous l’avons déjà indiqué plus haut, n’était pas qu’un mouvement pictural et, même si les travaux de peinture et de dessin sont aujourd’hui ce qu’il nous reste principalement sous forme d’originaux ou d’archives, ils ne sont qu’une infime partie de ce geyser d’idées neuves que cette poignée d’artistes frondeurs on tenté de défricher. Hélas!, hormis quelques métres de pellicule, une poignée de photographies et un seul enregistrement* tout ces travaux novateurs et surprenants ne nous sont pas parvenus. Ils figureront donc au panthéon des disparus de l’art du XXe siècle comme les inédits de Picasso ou le fameux récipient à farine de Salvador Dali. Nous espéront que cette somme scientifique saura combler les plus férus docteurs de l’histoire de l’art comme les amateurs les plus exigeants. Les auteurs

* ironie du sort l’enregistrement avait été fait sur un système soviétique dont on ne peut désormais retrouver de lecteur.

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Les « Figurationistes » à berlin en juin 1958, la première et seule fois où ils furent tous réunis. Photo X

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Avant-Propos

P4

L’origine d’une reconstruction poétique

P8

Hans Protocol, la douce réverie

P 12

Heinrich Weberin, la fin d’une raison

P 22

Peter Gundark, la déraison du plus fort

P 30

Alain Cailledat, l’électrifié

P 40

Greta Von Paulus, la dame d’enfer

P 56

Gerardt Shlagenshonbergen, un dieu parmi les insectes

P 64

Gunther Haltern, rebel around the bunker

P 72

Dieter Hulratt, le pré post-moderne

P 76

Horatio Hellpop, l’homme dédoublé

P 90

La fin d’une épopée

P 96

Bibliographie

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L’origine d’une reconstruction poétique

Cours, camarade! les anciens numéros de Vaillant le journal de Pif font l’objet de spéculation chez les collectionneurs !!!

Par

Hervé-Marie GONTHIER

Professeur au collège de France

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La FIGURATION SPÉCULATIVE,

que certains spécialistes nommèrent aussi en leur temps le « RÉALISME SPÉCULATIF », est née d’un incroyable élan de rébellion et d’inconscience à l’aube des années 1950 dans une allemagne alors occupée par l’armée soviétique et en pleine construction de la « République Démocratique ». Les quelques artistes qui furent les phares de ce météorique mouvement ont laissé des témoignages en rupture avec l’art de leur temps, coupés qu’ils furent de l’ouest et obligés de se cacher pour réaliser leurs œuvres. Certains furent déportés dans des centres de rééducation par le travail (appréciez l’ironie), d’autre perdirent la raison, beaucoup disparurent et un seul réussi, non sans peine, à passer à l’ouest où, sous une nouvelle identité, il devint un des piliers de la culture populaire. Ces hommes et ces femmes courageux, talentueux et éclairés à la lumière d’un art en lequel ils croyaient comme en un outil salvateur, sont tombés dans l’oubli durant des décennies et ce n’est que récemment, grâce aux travaux de l’historien de l’art Arnaud Rafoux, que leur legs à l’humanité a été retrouvé et que l’on peut, enfin, en apprécier toute la portée.


La FIGURATION SPÉCULATIVE, en tant que mouvement fut en cela précurseur qu’il ne touchait pas au simple domaine de la peinture mais procédait à des croisement constructifs et expérimentaux entre de nombreuses disciplines, Sculpture, Architecture, Cinéma, Animation, Graphisme, Typographie, Photographie et même Musique. Ce décloisonnement des arts préfigurait en cela les « cross-overs » artistiques pratiqués de nos jours. Alors qu’en occident se préparait un ensablement de l’art moderne qui ne serait brisé qu’à l’aurée des années 1960 par le pop art aux états unis et la Figuration Narrative en europe, une poignée d’artistes, conscients de leur étouffement par un totalitarisme à visage humain, dégageaient déjà les concepts et les directions que ne découvriraient les artistes occidentaux qu’une décennie plus tard. Certains artistes de l’ouest ont d’ailleurs eu de rares connections avec les membres de la FIGURATION SPÉCULATIVE dès 1957 (Hans Protocol travailla comme portevalise pour la nageuse Gerda Wasser aux jeux olympiques de Tokyo en 1964, ceci lui permis de rencontrer Joseph Hanna et William Barbera qui lui achetèrent une de ses toiles majeures « l’intérieur des jeunes filles » ).

« L’intérieur des hjeunes filles » extrait Hans PROTOCOL (huile sur toile - 1957)

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La FIGURATION SPÉCULATIVE, en tant que «mouvement» à propement parlé n’a jamais vraiment existé. Seuls trois des artistes du courant ont employé ce terme à l’occasion pour parler ce cet élan commun à une bande de copains artistes plutôt fétards, dans une allemagne en reconstruction et divisée par des puissances qui s’étaient érigées à la fois en vainqueur d’une guerre terrible et en héraults de deux façons opposées de concevoir le monde au milieu du XXe siècle. Il est interressant de constater que ce sont les personnages issus de milieux favorisés et eux même protégés d’un certain manque matériel qui furent les seuls à se sortir indemne de l’aventure, car hormis Horatio Hellpop, ceux frappés par un déterminisme social pesant n’eurent pas de destins glorieux.

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Alain CAILLEDAT „Porträt von Stalin in Arbeiterin“ « Portrait de Staline en travailleuse » (1957)

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Hans PROTOCOL la douce rêverie Hans Protocol nait à Leipzig en 1938, fils cadet d’Hermann Protocol, ingénieur aéronautique, et d’Eva Lapsky, bibliothécaire. La profession d’Hermann lui permet de rester

Hans PROTOCOL

portrait par Rolf Von Liechtenstein (1963)

en Allemagne près de sa famille durant toute la guerre et le petit Hans est relativement épargné par la tourmente. À l’arrivée de l’armée rouge, Hermann, protégé par son oncle Alex Protocol, membre de la nouvelle équipe dirigeante arrivée dans les valises des russes, échappe au séjour à Moscou et entre au Comité d’études pour la Reconstruction où il va monter rapidement. Hans manifeste dès son plus jeune âge un goût pour le dessin, recopiant au crayon de couleur les éclatés de moteur affichés sur les murs du bureau de son père qui y voit de bons présages et l’encourage. Mais le dessin technique finit par lasser Hans qui libère peu à peu son talent de manière plus personnelle et songe à devenir un artiste, chose impensable pour sa famille. Il entre donc au collège militaire en 1952, puis à l’école de l’aviation en 1956, d’où il sort Flugleutnant certifié sur Mig-17 en octobre 1959, malgré son peu d’intérêt pour l’enseignement politique. Il est envoyé à Rostock dans la 16e escadrille de défense aérienne qui surveille la frontière avec l’Ouest.

Hans PROTOCOL

„Hexer, der seine Geister wieder aufnimmt“ (1953)

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Hans Protocol devant son MIG en 1956 lorsqu’il servait dans l’armée de l’air de RDA.

„Der bewaffnete Arm der Freiheit der Völker“ «Le bras armé de la liberté des peuples» (1956) Collection particulière.

Préfigurant le pop-art, Hans Protocol a peint, dès 1956, un MIG 17 comme il en pilota la majeure partie de son incorporation. Cette fascination pour son outil de travail et pour la haute considération qu’il avait de la défense offensive des pays du bloc de l’est se verra effritée par ses expériences postérieures.

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La solitude dans l’immensité du ciel lors des longues missions de routine audessus de la Baltique est un révélateur pour lui : il reprend le dessin, se met à la peinture durant son temps libre et s’aperçoit rapidement que son style ne cadre pas tout à fait avec l’image que la RDA veut donner d’elle-même (titre+date). Les circuits de l’art officiel lui font comprendre qu’il serait bon de ne pas perdre de vue la fonction de l’art dans une démocratie populaire. Il entre alors en contact avec d’autres artistes moins officiels, mais avec lesquels il se sent des affinités : Schlagenschönbergen, Greta Von Paulus avec qui il a une brêve mais intense liaison, Gunther Haltern qui organise des expositions alternatives privées pour certains membres de la Nomenklatur en mal de frissons. Comme Hans est bon pilote et que son père est devenu important, on le laisse tranquille, et son activité artistique est considérée comme un hobby un peu excentrique tant qu’elle reste discrète.

Hans PROTOCOL „Ich habe Zweifel“ « J’ai des doutes » Hans PROTOCOL (huile sur toile - 1956) Kunstmuseum de Cologne

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« Totem » Hans PROTOCOL

(dessin sur papier - 1959)


Mais Hans est très productif («Solidarité mit den

« 086-6-6 » Hans PROTOCOL (huile sur toile - 1956) Kunstmuseum de Cologne

Antipodistes» - 1957, «Nada tortilla» 1958) et il se sent de plus en plus étouffé et frustré…L’année 1964 sera décisive : blessé aux jambes après un accident de vol dû au déclenchement intempestif de son siège éjectable, il est en convalescence, en train de peindre, lorsqu’il apprend le limogeage de son père, victime des changements de pouvoir à Moscou.

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Réalisant que son futur s’est tout à coup assombri, et voyant soudain son accident comme un signe, il décide alors de quitter ce pays où il ne peut s’épanouir. Comme il est encore l’heureux possesseur d’un passeport, il obtient l’autorisation d’aller soutenir les athlètes Est-allemands aux J.O de Tokyo et en profite pour faire défection. Il obtient sans difficulté l’asile politique aux USA et s’installe en mars 1965 à San Francisco où son travail reçoit un accueil très favorable. Il peint et réalise des affiches de concerts qui lui valent rapidement une Hans Protocol dans sa maison de Venice, Californie, en 1970

certaine notoriété et il influence la nouvelle génération d’artistes et graphistes californiens que l’Occident découvre alors. Coupé de ses racines et considéré comme un traître dans son pays, Hans Protocol épouse l’Amérique et une américaine, la galeriste Jane Redford, qui va contribuer au succès de sa carrière dans les années qui suivent (« Magic mushrooms » 1967). Cette belle histoire s’arrête net le 6

janvier

1974,

lorsque

aux

commandes de son avion privé pris dans une tempête, Il s ‘écrase dans le désert du Nouveau-Mexique à 38 ans, laissant derrière lui une œuvre nombreuse et variée dont l’influence est

restée

trop

méconnue..

« BOUH! » Hans PROTOCOL

(huile sur toile et lettrages découpé 1954)

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longtemps


« BOUH! » Hans PROTOCOL

(huile sur toile et lettrages découpé - 1954)

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Hans PROTOCOL « Magic mushrooms » (Techniques mixtes - 1967)

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Hans PROTOCOL „das Innere der jungen Mädchen“ (L’intérieur des jeunes filles) Huile sur toile - 1957 Collection William Barbera

L

e style inimitable de Hans PROTOCOL est sans doute dû à la fascination qu’exerçait sur lui les

symétries de toutes sortes qu’il interprétait de manière la plus part du temps antropomorphe. Peut-être ses longs vol en avion de chasse, entre deux ailes de métal, l’ont il influencés, mais ses visions organiques où l’on peut discerner le fameux test de Roschach, sont empreinte d’une symétrie plongeante dans laquelle la notion de retour à la matrice originelle n’est pas exclue (Hans Protocol prétendait d’ailleurs que son tableau préféré dans l’histoire de l’art était «l’origine du monde» de Courbet.

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„  Solidarité mit den antipodistes“ Hans PROTOCOL (Huile sur toile - 1957)

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« Nada Tortilla » Hans PROTOCOL

(huile sur toile - 1955)

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Heinrich WEBERIN Heinrich Weberin naît en banlieue de Dresde en 1936, où il grandit jusqu’en 1943, lorsque sa mère décide de se réfugier à la campagne dans la

Heinrich Weberin 1954

la fin d’une raison

Heinrich Weberin en 1953

maison du grand-père avec ses trois enfants pour échapper aux bombardements. En 1946, son père, Albert Weberin, prisonnier de guerre, est libéré par les anglais et reprend son travail au bureau du cadastre à Dresde où la famille se réinstalle l’année suivante. Au cours de sa scolarité, le petit Heinrich montre vite un certain talent en dessin, gagnant à plusieurs reprises les concours de l’école, puis de la ville. En 1949, il obtient le 2 prix national de dessin, et va à Berlin se faire remettre son diplôme de la main du ministre de l’éducation. Ceci lui vaut la bienveillance des autorités locales ainsi qu’une bourse pour entrer à la Kunstakademie de Dresde d’où il sort diplômé en 1953 malgré son jeune âge. Heinrich WEBERIN ”Die Rache der Guernica“

(la revanche de Guernica) Huile sur toile - 50x70cm - 1959 Collection privée

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Heinrich WEBERIN „Die Tiere sterben auch“

(Les animaux meurent aussi) 50x60cm - Huile sur toile - 1966) Collection privée

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Timbre commémorant la victoire sur le nazisme, 1960. Heinrich WEBERIN s’était inspiré des travaux d’avant guerre pour ce travail discutable mais qui avait fait la satisfaction de ses chefs au bureau de création des timbres postaux de RDA.

Heinrich WEBERIN « I feel like a dying animal» (Huile sur toile - 1966)

Il entre sur concours au bureau de dessin du ministère des transports de la RDA où il se voit confier la création de timbres-poste. Cette activité ne comble pas ses aspirations,mais lui laisse beaucoup de temps pour son travail personnel (« Die Revanche von Guernica - 1955). Bien considéré par ses chefs, il trouve des opportunités d’exposer ce travail aux sièges d’associations et dans quelques brasseries de la ville, où il suscite beaucoup de perplexité.

Heinrich WEBERIN à Ebersbach en 1966

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Heinrich WEBERIN „der verliebte Zahnarzt“ (la dentiste amoureuse) Huile sur toile - 1960

En 1957, il est promu à Berlin au bureau central de dessin postal. La capitale lui ouvre des perspectives : il y retrouve d’anciens condisciples de la Kunstakademie, et fréquente les galeries officielles où il rencontre d’autres artistes pas toujours officiels avec lesquels il se lie. Il participe à des expositions semi-clandestines dans des appartements, rencontre Greta Von Paulus dont il devient l’amant, se brouille avec Gerardt Shlagenschönbergen et acquiert une réputation dans les milieux artistiques ( „der verliebte Zahnarzt“ - 1960 ). Prudent, il continue à créer avec talent timbres et affiches de style très officiel pour le ministère et prend soin d’assortir ses œuvres de sous-titres politiquement corrects(titre+date), ce qui lui vaut une certaine tranquillité durant quelques années.

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Heinrich WEBERIN „Die Leber der unterdrückten Völker wird besiegen“ «la foi des peuples opprimés vaincra» (Huile sur toile - 1962)

Son style personnel s’affirme et il devient l’un des piliers du mouvement qui s’est baptisé « Figuration Spéculative » („Die Leber der unterdrückten Völker wird besiegen“,1962). La série de timbres qu’il a dessiné pour glorifier la participation est-allemande aux J.O de Tokyo de1964 lui vaut les félicitations du ministre et il en profite pour le convaincre d’appuyer sa candidature à participer à la grande exposition d’art socialiste de Berlin de 1965, où sont invités les meilleurs artistes des pays frères. Cette exposition va être le tournant de sa carrière : dans la sélection d’artistes nationaux présentés se trouve G.Schlagenschönbergen, son rival ; les deux hommes se détestent et s’accusent mutuellement de plagiat.

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Le 1er mai, jour de l’inauguration, une violente altercation éclate entre les deux hommes et, à la consternation générale, ils en viennent aux mains devant les officiels et la presse étrangère et doivent être séparés par les services de sécurité. Dans les jours qui suivent, alors que Schlagenschönbergen n’est qu’exclu de l’Union des Artistes, Weberin, fonctionnaire, est muté à la poste d’ Ebersbach, petite bourgade à la frontière tchèque où la suite de sa production artistique demeurera extrêmement confidentielle jusqu’en 1990 lorsqu’un galeriste autrichien retrouve sa trace à la faveur de la réunification et le convainc de venir s’installer à Vienne avec ses toiles qui feront l’objet en 1992 de la seule rétrospective à ce jour du travail de cet artiste étonnant. Agé aujourd’hui de plus de 70 ans, Heinrich Weberin vit désormais à Berlin et a pratiquement cessé de produire.

Heinrich WEBERIN „Unterwegs auf dem Motorrad des Volkes“ «en route sur la moto du peuple» (Huile sur toile - 1963)

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Heinrich WEBERIN „die Geschlechtskonstruktion des Sozialismus“ (la contruction du socialisme entre les sexes) 50x50cm - Huile sur toile - 1962 Collection privée

H

einrich WEBERIN , de part sa fonction de graveur de timbres, possédait une maîtrise

particulièrement pointue du dessin et de la gravure. Son travail d’artiste au sein de la figuration spéculative, s’avéra être en totale rupture avec ce savoir faire quasi académique qu’il tentait de transcender dans une approche radicale et libre du signe et du geste de peindre. Il fut confronté à de nombreuses périodes de doute et l’épisode de sa confrontation avec Gerardt Shlagenshonberger et son épilogue brisa définitivement sa recherche et c’est désabusé qu’il finit ses jours, en victime.

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Peter GUNDARK la déraison du plus fort

Peter Gundark, de son vrai nom Manfred Ulricht, nait le 3 Juin 1937 à Vögeldorf, dans la banlieue de Berlin. Après la tourmente de la guerre, d’où son père ne reviendra pas, il s’installe à Berlin en 1950 avec sa mère, chez sa tante, veuve elle aussi, qui y possède une maison miraculeusement épargnée. Elève intelligent, sérieux et discipliné, le jeune Manfred devient membre des Jeunesses Communistes et un exemple pour ses camarades. Il est aussi le petit-neveu de Walter Ulbricht, nouveau secrétaire général du Comité Central de la toute nouvelle RDA, et c’est naturellement qu’il entre au Ministère de la Sécurité d’état comme inspecteur adjoint à sa sortie de l’école de police en 1957. Son destin semble alors tracé. Mais au cours de l’été 1959, sa vie va basculer : il prépare le concours d’inspecteur principal et cherche à présenter le meilleur dossier, il se porte donc volontaire pour participer à des essais qui se déroulent dans la très secrète Unité 368 près de Berlin.

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Peter Gundark circa 1951


Peter Gundark, promotion 1957 de l’Êcole de police de Berlin est.

Peter Gundark, et quelques amis en 1963.

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Les forces de sécurité est-allemandes y testaient de nouveaux moyens de contrôler des foules hostiles sans avoir recours aux armes à feu ; le soulèvement de Budapest, réprimé dans le sang, avait passablement terni l’image des démocraties populaires, et il était impensable qu’une telle chose se reproduise en République Démocratique Allemande. Les chercheurs s’étaient donc intéressés à un produit découvert en 1943 par un suisse, le professeur Hoffman, un puissant psychotrope dont les effets semblaient prometteurs pour désorganiser et semer la confusion. Dans les sous-sols de l’Unité 368, Manfred est donc régulièrement exposé pendant plusieurs semaines à des projections d’aérosols contenant différentes quantités d’acide lysergique diéthylamide 25. À sa sortie de l’hôpital militaire en novembre 1959, Manfred est promu inspecteur principal et reprend son travail. Mais l’homme a changé, profondément marqué par son expérience et ses longues semaines de convalescence dans la petite chambre silencieuse, vide et blanche de l’hôpital. Il va chercher à transcrire ce qu’il a vécu pour tenter de le comprendre ; après quelques tentatives d’écriture, agité, il renverse par mégarde son encrier et c’est la révélation: le fameux «portrait du Dr Hoffman» qui lui montre la voie. Il se tourne alors vers la peinture. Dans le secret du grand appartement que lui vaut sa position, il éclabousse ses toiles des couleurs de ses visions («La chose sur la table de chevet»,1960) lors de crises récurentes qui le replongent dans son état mental exalté et visionnaire de l’été précédant. Prudent, il ne montre son travail à personne, et pour d’évidentes raisons garde secrète son illumination, s’appliquant à être un inspecteur modèle jusqu’à ce jour de mai 1960, où, participant à une série de contrôles dans des milieux suspects, il tombe en arrêt sur une toile accrochée dans l’appartement qu’il visite : «Bouh!» de Hans Protocol. Manfred découvre soudain qu’il n’est pas seul ; il obtient le nom de l’artiste (la toile ne porte que ses initiales) et son adresse. Après avoir lu son dossier, il lui rend visite plusieurs fois, se faisant passer pour un acheteur potentiel,et l’écho qu’il trouve dans peinture de Protocol se confirme: les deux hommes sympathisent et se découvrent des passions communes. Peter GUNDARK „Porträt des Dr. Hoffmann“ (Portrait du Dr Hoffmann) 21x21 - encre sur papier (1959)

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Peter GUNDARK „Die Sache auf dem Kopfendetisch“ (La chose sur la table de chevet) 50X50cm - huile sur toile - 1960 Collection privée

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Au fil de leurs rencontres, Manfred montre ses toiles à Hans qui, séduit, tente de le convaincre de les exposer dans le circuit parallèle. Manfred commence par refuser sous divers prétextes, car il n’a pas révélé son vrai métier, mais, après avoir longuement hésité, il finit par accepter à condition d’utiliser un pseudonyme, et fait promettre à Hans de garder le secret. C’est ainsi qu’au cours de l’automne 1960 apparaissent pour la première fois sur les murs d’appartements privés les œuvres de Peter Gundark, dont le style audacieux et coloré est remarqué par la petite communauté artistique non-officielle («Autoportrait»). Habilement, Manfred parvient à se faire affecter à la surveillance des milieux « artistiques » suspects dans lesquels il est censé s’infiltrer. Il va mener alors une double vie : Manfred Ulricht, inspecteur principal zélé, devient la nuit tombée Peter Gundrak, qui rejoint ses nouveaux amis artistes dans les cafés ou dans des caves pour des discussions enflammées et arrosées. Il y rencontre Greta von Paulus, un temps sa muse, qu’il va discrètement tirer d’affaire à plusieurs reprises par la suite. C’est la période « symétrique » de son œuvre, comme en témoignent « La Force » et « Heartbreak » encore en quête de sens. En août 1961, la fermeture du passage vers l’Ouest et la construction du Mur amènent un raidissement du régime Est-Allemand, et les choses se compliquent pour les artistes non officiels : rencontres et expositions deviennent semi clandestines et la paranoïa monte d’un cran. Manfred convainc ses supérieurs du caractère inoffensif

de

cet

art

dégénéré

mais apolitique, et de l’intérêt que présentent ces soirées pour surveiller ce petit monde dans lequel Peter Gundark est une figure connue.

Peter GUNDARK „Selbstbildnis“

« Autoportrait » (Huile sur toile - 1961)

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Peter GUNDARK „die Kraft“

« La Force » 75x75 cm - Huile sur toile - 1961

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Il profite de l’engouement de certains diplomates occidentaux pour l’art « officieux » : l’ambassadeur du Canada lui achète «Der Kommissär» pour orner son bureau, «la Force» est acquise par l’attaché culturel suèdois, Lars Johansson, par ailleurs grand collectionneur d’art moderne. Manfred est cependant toujours sujet à d’épisodiques « retours d’expérience », comme il les appelle dans ses carnets, mais il a appris à les maîtriser à peu près, et c’est là qu’il peint le mieux, tandis que la radio de l’Ouest diffuse des sons nouvaux. La double vie mentalement épuisante qu’il doit mener et un sentiment croissant d’enfermement dans cette RDA si grise et figée font grandir en lui des idées dangereuses sur ses vraies loyautés. Un « retour d’expérience », un soir, au pied du Mur, emporte la décision : il a désespérément besoin d’espace mental. Il va passer à l’Ouest. En professionnel, il va soigneusement préparer son affaire : à l’aide d’un morceau de sparadrap collé sur sa jambe de pantalon, il mesure lors de ses déplacements la hauteur des barrières d’acier qui ferment les différents passages vers l’Ouest. Ayant porté son choix sur celle de la Friedrichstrasse au Check-Point Charlie, la plus haute, il scie proprement les montants du toit de sa Trabant de service et remplit le coffre de briques pour l’abaisser au maximum. Le 12 octobre 1963, au volant de sa Trabant modifiée, Peter Gündark se présente devant le poste de contrôle est-allemand du Check-Point Charlie et fonce sur la barrière, se couchant sur le siège passager au moment où elle décapite facilement la voiture. Après quelques dizaines de mètres de course folle, il atteint le poste américain dans la première décapotable made in RDA sous les vivats des passants.

Peter GUNDARK „der Kommissar“

(le commissaire) 50x72cm - Huile sur toile - 1961 Cette toile fût probablement inspirée par l’un de ses supérieur hiérarchique au sein du ministère de la sécurité.

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Peter GUNDARK „ich fühle mich als ein sterbendes Tier“ ( Je me sens comme un animal mourant ) Huile sur toile - 1966

Il emporte avec lui sept toiles roulées et ses précieux carnets. Son appartenance au Ministère de la Sécurité lui vaut un séjour de plusieurs mois dans un centre des services américains quelque part en Allemagne de l’Ouest ; il s’y montre coopératif, on lui trouve pinceaux et couleurs; il peint «Neural» entre ses séances de debriefing. Fin mars, il obtient enfin l’autorisation de s’installer aux USA sous le nom de Peter Gundark. Craignant le courroux de son grand oncle, il veut vivre le plus loin possible de la RDA, en Alaska ou en Californie. C’est finalement cette dernière qu’il choisit pour sa nouvelle vie après un rapide voyage à Anchorage, et il s’installe à Los Angeles en avril 1964, où il est engagé comme graphiste par une petite agence spécialisée dans le décor des planches de surf. Le choc culturel est tel que Peter va passer les deux années suivantes sur les plages, à faire la fête avec ses amis surfers. Toujours épisodiquement sujet à ses « retours d’expérience », Il décore également dragsters et choppers de son style flamboyant, mais il ne travaille plus sur toile.

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On lui parle de San Francisco, oû il se passe apparemment quelque chose de cette sorte particulière d’intensité qu’il recherche. En juin 1965, il part pour San Franscisco où il se retrouve à l’un des acid tests qui ont lieu cet été-là. Peter y boit le verre de jus d’orange à l’entrée sans se douter qu’il contient le produit responsable de son destin. Après une nuit qu’il décrira comme fondamentale, de retour dans sa chambre au petit matin, il décide de changer à nouveau d’identité, et c’est sous le nom de Man Fred qu’il réalisera les premiers posters sérigraphiés des concerts psychedeliques de l’Avalon Ballroom. Depuis 1974 il s’est remis à peindre et connaît le succès international que l’on sait.

MAN FRED « The Godz »

(Silkscreen poster - 1965)

Peter GUNDARK „Porträt von Greta“

(portrait de Greta) 40x40 - aquarelle - 1961)

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Peter GUNDARK « Pussydelik whale »

(Huile sur toile - 1966)

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Peter GUNDARK „der Mensch vom März“ (l’homme de mars) Huile sur toile - 1961)

P

eter Gundark était tout d’abord un militaire, ce qui faisait de lui quelqu’un de particulièrement

sensible à la hiérarchie et aux ordres donnés. Il doit son style inimitable aux psychotropes qu’ils a experimentés et qui ont modifié considérablement sa perception du réel. Sa vision particulièrement psychedelique du monde à l’issue de son expérience et son sens du devoir ont créés en lui cette dychotomie particulière entre la quète de l’inconnu et la recherche du fondement. Il en résulte de superbes hallucination lysergiques qu’il fixa sur toile dans des moments intenses de grande frénésie.

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Man FRED « Mickey Mouse is smiling at me » (Huile sur toile - 1966)

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Alain CAILLEDAT l’électrifié D’origine française par son père et de mère pianiste, Alain Cailledat est né en 1931 à Golzstadt en Silésie. Trés jeune il est attiré par les arts, particulièrement le dessin, ainsi que par les sciences mathématiques et physiques ; les vulgarisations des technologies alors à la pointes de la connaissance le fascinent. Il entre à l’école d’architecture de Reitzau en 1952 mais son esprit frondeur lui vaut d’en être rapidement exclu. C’est lors d’un séjour à Berlin qu’il rencontre Dieter Hullratt avec qui il noue une solide amitié, les deux jeunes gens décide de partager une chambrette et l’émulation est telle qu’ils vont jusqu’à dessiner sur les murs des plans de machines imaginaires pour guérir l’âme de leurs concitoyens, ainsi que ce qui s’apparente à des bandes dessinées

expérimentales et primitives affichant des

scènes d’un érotisme torride et débridé. Leur logeuse les dénoncera au Comité politique de surveillance des mœurs et s’en sera fini de leur cohabitation fructueuse et créative. Mais il en resultera un attrait commun pour la chose et leurs travaux en seront entachés à tout jamais.

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Alain CAILLEDAT 1976


Alain CAILLEDAT „alles in allem“

«tout bien considéré» - 1961 huile sur toile - Collection privée

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Alain CAILLEDAT „Stammbaum“ (Pédigree)

1962 - huile sur toile Collection privée

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Alain CAILLEDAT „Die Geschwindigkeitskönigin“ (la reine de la vitesse) huile sur toile (1959) Collection privée

C’est dans un petit garage Berlinois qu’il continua son activité artistique

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Alain CAILLEDAT „die anderen Mädchen in“ (L’autre intérieur des jeunes fille) 1960)

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Alain CAILLEDAT „Wettrennenende“

fin de course (1961) d’après un dessin réalisé en 1958 alors qu’Alain était étudiant à Reitznau

Alain CAILLEDAT „Das Geist der Lampe“

«le génie de la lampe» (1963) huile sur toile, collection privée

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Alain CAILLEDAT „die Ankunft des 400m schwimmt frei“ l’arrivée du 400m nage libre (1961) huile sur toile - collection privée

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Alain Cailledat fut trés inspiré par les arts graphiques dans son approche de l’image car il considérait l’abolition de la «frontière de classe» entre les arts dits «nobles» et les arts appliqués comme un des combats fondamentaux de son action. Cette démarche le fit aller trés loin dans sont approche narrative de la conjonction des formes. Il fut sans doute le plus ésotérique de tous les Spéculativistes ayant joint la narration à l’abstraction dans son champs de recherche.

Alain CAILLEDAT „Pabo Peakasshole“ (1959) huile sur toile - collection privée

Alain CAILLEDAT „Insektenmechanik“ la mécanique des insectes (1958) huile sur toile - collection privée

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Alain CAILLEDAT „Ehre an den heldenhaften Helden“ « Honneur aux héros héroïques » (1959) huile sur toile - collection privée

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Greta VON PAULUS la dame d ’enfer Greta Von PAULUS ( 1972)

Seule femme du groupe, Greta Von Paulus était également la plus jeune ce qui fit d’elle, parfois contre son gré, la muse et l’égérie de la figuration spéculative. Dotée d’une libido extraordinairement développée, elle insuffla rapidement à ses camadades masculins une énergie sexuelle qui leur permit de dépasser trés vite le cadre étroit de la créativité d’état. Fille de diplomate elle fit de nombreux voyages à l’ouest ce qui lui permis entre autre de ramener par le biais de la valise diplomatique des mcrosillons de rock’n’roll, musique qu’elle avait appréciée lors de plusieurs sauteries d’ambassade. Cette «musique du diable» influença énormément son œuvre jusqu’à la fin des années soixante.

„Bälle und Kugeln“ « des balles et des boules » Greta Von PAULUS

(dessin automatique sur emballage de patisserie - 1959) collection de Sir Réginald Servant

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Greta Von PAULUS ( 1966)

Greta Von PAULUS ( 1948)

Greta Von PAULUS

( Berlin plage circa 1963)

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Radicale dans ses prises de position extrème sur l’art moderne de l’est, elle affirme dès 1957 que l’art moderne de l’ouest est décadent et ennuyeux, selon elle seul les pays du bloc soviétique pourront engendrer de véritables avant-gardes. Refusant dans un premier temps de peindre sur toile, support jugé par elle comme bourgeois et passéiste, Greta Von Paulus ira jusqu’à tatouer sa fesse gauche d’un de ses premiers travaux, jugeant, je cite, que «...l’artiste est lui-même le seul support acceptable pour son propre Le tout premier tattouage de Greta Von PAULUS

considéré comme la pierre d’achoppement

du mouvement de la Figuration Spéculative.

travail... ». En 1959 une liaison avecHeinrich Weberin lui vaudra de renconter Gerardt Shlagenshonbergen avec qui elle aura également une relation intense, mais brève. La querelle entre les deux artistes naîtra de la jalousie qu’elle aura su susciter en eux, et sera le moteur de leur compétition acharnée, pour la reconquérir. Toujours à l’avant-garde, elle dessinera sur de nombreux morceaux de nappe en papier des dessins automatiques sous l’emprise conjuguée de la vodka et du Twist dès 1962. À la recherche de sensations nouvelles et profondes elle lancera dans l’allemagne de l’est underground des sixties une mode qui consistera, pour les jeunes femmes affranchies, à porter un anneau d’oreille sur les grandes lèvres afin d’augmenter leur plaisir sexuel ainsi que celui de leurs partenaires. A partir de 1965, alors que les rangs de la Figuration Spéculative se sont éclaircis (Peter Gundark et Hans Protocol sont passés à l’Ouest, Hans Weberin en disgrâce a été éloigné) Greta Von Paulus, toujours en mal d’expériences nouvelles, participe à des défilés de mode officiels pour le ministère du Commerce et y rencontre en juin 1966 le réalisateur américain Peter Draft avec lequel elle se marie et part vivre à Los

de Greta Von PAULUS

Angeles. Greta fera quelques apparitions dans des séries B à la fin des

du mouvement de la Figuration Spéculative.

années soixante (« La revanche de la Momie » 1967, « Spacebabe vs.

Le tout premier tattouage considéré comme la pierre d’achoppement

the Blobs » 1968) avant de divorcer et d’ouvrir un cabinet de conseil en psychosexologie pour le gratin de Beverly Hills, où elle exerce encore à ce jour.

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„Das Tier an drei Beinen“ « L’animal à trois jambes » Greta Von PAULUS

(Huile sur toile - 1959)

collection de Siegfried Von Paulus

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Greta Von PAULUS

„Elektrische Leuchtkäfer“ (lucioles électriques)

50x50cm - Huile sur toile - 1961

collection de Siegfried Von Paulus

„Die kleinen Impulse tollen sich herum“ Greta Von PAULUS

(Huile sur toile - 1959)

collection de Siegfried Von Paulus

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„Innere Landschaft der Eier“ Greta Von PAULUS

L’apport indéniablement central de Greta Von Paulus à la Figuration Spéculative

(Huile sur toile - 1959)

collection de Siegfried Von Paulus

fut avant tout de situer l’action et la thématique du groupe sur un rapport avec la sexualité, qui, tout comme à l’ouest à la même époque, secouait la génération de l’aprés guerre d’un incommensurable ébranlement libératoire qui à été longtemps considéré comme l’apanage de cette jeunesse exaltée trépidant aux accords des musiques nouvelles et électriques qui venaient d’Amérique et d’Angleterre. Sa participation plastique au mouvement fut avant tout organique, ses travaux montrant l’orgasme comme une recherche et une drogue, mais elle ne se limita pas au simple cercle des protagonistes de ce groupe artistique car, à travers les jeunes gens qu’elle fréquentait, fils et filles de personnages influents de l’appareil politique, elle fut une influence majeure sur la jeunesse et principalement les jeunes filles de ces années là en allemagne de l’est.

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„Die kleinen Impulse tollen sich herum“ Greta Von PAULUS

(Huile sur toile - 1959)

collection de Siegfried Von Paulus

„Die kleinen Impulse tollen sich herum“ Greta Von PAULUS

(Huile sur toile - 1959)

collection de Siegfried Von Paulus

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„Die kleinen Impulse tollen sich herum“ Greta Von PAULUS

(Huile sur toile - 1959)

collection de Siegfried Von Paulus

„Die kleinen Impulse tollen sich herum“ Greta Von PAULUS

(Huile sur toile - 1959)

collection de Siegfried Von Paulus

„Die kleinen Impulse tollen sich herum“ Greta Von PAULUS

(Huile sur toile - 1959)

collection de Siegfried Von Paulus

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Gherardt SCHLAGENSC un dieu parmi les insectes

Fils cadet

d’un membre du PC

allemand réfugié pendant la guerre à Moscou, où il naît en 1942, Gherardt Schlagenschönbergen rentre en Allemagne, en octobre 1945, à Rostock, où son père prend la tête des Jeunesses Communistes locales. Gherardt Schlagenschönbergen y passe une enfance sans histoire d’élève appliqué et travailleur, cité en exemple dans son école et dans sa section des Jeunesses Communistes auxquelles il a bien sûr adhéré dès l’âge de 8 ans. En 1956, il s’installe à Berlin avec sa famille pour y rejoindre son père nommé au ministère. Il a alors 14 ans, et la grande ville est une révélation.

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Gherardt SCHLAGENSCHÖNBERGER „gehangen am Kühlschrank“ « accroché au réfrigérateur » huile sur toile (1953/54) Huile sur toile


CHÖNBERGER Gherardt SCHLAGENSCHÖNBERGER gagnant d’un concours de dessin en 1951

Pour séduire une de ses camarades, Il s’inscrit à des cours de dessin qu’il fréquente assidument et se découvre une passion pour l’expression artistique comme exutoire à une imagination débordante qui lui a déjà valu quelques rappels à l’ordre mesurés de la part de ses professeurs. Comme il montre un réel talent, il est toutefois encouragé par sa m è r e dans la voie artistique, et son père reporte ses ambitions sur son frère aîné (qui fera une brillante carrière au sein du parti). En mars 1959, Gherardt Schlagenschönbergen, dûment recommandé, participe au Salon des jeunes artistes de Berlin où il expose son « Portrait de Staline en travailleuse »  qui suscite un embryon de polémique vite désamorcée par la brillante démonstration qu’il fait de la correction politique de l’œuvre. Sa carrière naissante connaît alors un essor : il fréquente les salons de la Nomenklatur et, bien que mal vu de la plupart des artistes officiels, n’en devient pas moins apprécié des élites du régime à qui il vend régulièrement des toiles pour décorer leurs appartements privés dans un style un peu moins rigide que le réalisme socialiste. Son penchant pour la fête lui fait croiser la « bande de Berlin » dont il apprécie le travail original et novateur. Une aventure avec Greta Von Paulus le fâche avec Heinrich Weberin dont il se sentait pourtant proche artistiquement mais qu’il va dorénavant cordialement détester. Il se lie avec Gunther Haltern qu’il tirera d’affaire à plusieurs reprises grâce à ses relations.

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En 1961 il est admis -malgré quelques grincements de dents- à l’Union des Artistes. Son travail est vu par des diplomates occidentaux en visite; un ambassadeur italien lui achète „die große Karte der übereinkommen“ qui va le faire un peu connaître en occident*. Le 1er mai 1965, l’épisode devenu célèbre du pugilat du Stadtmuseum lui vaut une certaine disgrâce : il est exclu de l’Union des Artistes et éprouve quelques difficultés à exposer. Fort opportunément, la vente à une fondation américaine** d’une de ses toiles, « Meatfish », dont, en bon citoyen, il laisse le profit à l’Union des Artistes, le remet en grâce, d’autant que sa cote ayant monté, d’autres acheteurs occidentaux étaient probables. Jouissant d’une certaine liberté, G.S voyage dans les « pays frères » et même à l’ouest (Rome en 1968, Paris en 1972 où il expose) et a l’intelligence de savoir jusqu’où aller trop loin („Der Fall des Imperiums“ - 1972). Marié à une présentatrice de la télévision d’état, il mène une vie confortable à Berlin où il s’est fait attribuer un grand atelier et utilise son influence pour aider certains de ses amis artistes en butte aux tracasseries du régime. Il meurt prématurément à Prague le 16 juin 1975 dans des circonstances demeurées obscures***.

*« Zigzaggourat » est aujourd’hui visible au musée Pirali à Rome. **présentée par certains comme une façade de la CIA. *** il semblerait, à la lumière d’éléments récents, que G.S ait été, au moins un temps, informateur de la Stasi.

Gherardt SCHLAGENSCHÖNBERGER

« Zigzaggourat » (1953)

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Gherardt SCHLAGENSCHÖNBERGER

« Zigzaggourat » (1953)

Le style particulier de Gerardt Shlagenshonberger est un croisement de maîtrise académique, dûe à ses études d’art, et de ce que l’on pourrait qualifier de « Surréalisme d’illustrés ». Sa maitrise du dessin anatomique et notemment des muscles du corps humain qu’il a longuement étudié durant ses études, l’ont amené à pratiquer dans ses délires oniriques picturaux, une visualisation organique mais dévertébrée de ses sujets. De cette approche particulière de la matière il n’y avait qu’un pas vers la physique quantique, pas que franchit allègrement l’artiste avec «la visite du musée» en 1963, quand il mélange différent pans temporels dans la même image-séquence, tout en y faisant fiurere le sujet en plusieurs lieux au même instant. Son apport à la figuration narrative ne sera pas majeur mais la suite de sa carrière s’en étant nourrie, il dépassera ses maîtres.

G.Schlagenschönberger , vernissage à l’Union des Artistes en 1962

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Gherardt SCHLAGENSCHÖNBERGER

« Meatfish » (1961)

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Gherardt SCHLAGENSCHÖNBERGER

„die große Karte der übereinkommen“ «la grande carte des conventions» (1969)

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Gherardt SCHLAGENSCHÖNBERGER

„der Besuch des Museums“ « la visite du musée » huile sur toile (1963)

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Gherardt SCHLAGENSCHÖNBERGER

„der universelle kosmische Mensch“

« l’homme cosmique universel » huile et bombe de peinture pour carrosserie de voiture sur toile (1969)

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Gunther HALTERN Rebel around the bunker Né en 1935, fils d’un ouvrier typographe, Gunther Haltern fut, dès son plus jeune âge, immergé dans la culture typographique et ses implications. Il développa un goût passionné pour ses «petites amies les lettres» comme il aimait à qualifier affectueusement les caractères d’imprimerie. Il passait tous ces moments libres à redessiner d’après les lectures officielles de propagande que lui ramenait son père de son travail et qui était ses seuls modèles. Adolescent doué et actif il fut reçu à la Kunstacademie de Leipzig, s’orienta tout naturellement vers le dessin de caractères et fut diplomé dès 1955 le jour même de ses vingt ans.

Gunther HALTERN (1959) Gunther HALTERN

„Triptychon in einmal“ - 1952) huile sur toile - œuvre de jeunesse

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Début 1959 il venait d’obtenir un travail à Berlin lorsqu’un ami

Gunther HALTERN « S 2 l’art » (1959)

commun lui présenta Dieter Hulratt qui l’introduisit dans le petit cercle de fétards ivres de liberté que l’on appellerait plus tard les Speculativistes. Sa vie quasi monacale bascula alors et les agapes du groupe l’amenèrent à réviser ses principes forgés dans le plus pur propagandisme d’état. Il se mit à peindre de façon frénétique et participa aux happenings du groupe souterrain de maniére trés impliquée et alla jusqu’à revendiquer publiquement sa croyance dans un monde libre et consommateur ce qui attira rapidement sur lui les regards de la Stasi qui l’écarta rapidement

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De zélateur prosélyte il devint interné dans une maison psychiatrique d’état et n’en sortit que trés amoindri dans

Gunther HALTERN « Der Teil des Teufels » (la part du diable) huile sur toile - 1961

ses croyances 30 ans plus tard, en 1988, pour y retourner quasi immédiatement en tant qu’homme d’entretien, y ayant passé la majeure partie de sa vie. De son passage météorique dans la figuration spéculative il reste une trentaine de toiles majeures et quelques carnets pour la pluspart en possession de la femme de son voisin berlinois qui ne s’etait jamais résolu à s’en débarrasser, en souvenir d’une brève mais intense relation adultérine qu’elle entrtint avec lui en 1957.

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Gunther HALTERN « Amers » (1959)

Gunther HALTERN

(sans titre) encre et gouache sur papier - 1959

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Gunther HALTERN „die Stadt von mickey“ « la ville de mickey mouse » huile sur toile (1961)

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Gunther HALTERN « Pie » huile sur toile (1960)

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Gunther HALTERN « Mechanische Heiligung » (1961)

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Gunther HALTERN der Maikäfer zieht die Karten le hanneton tire les cartes huile sur toile - (1958)

Gunther HALTERN « bras d’honneur» (1960)

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Gunther HALTERN „die Kugelmaschine“ «la machine à boules» (1961)

Gunther HALTERN „die Kugelmaschine“

«la machine à boules» huile sur toile - pochoirs - encre d’imprimerie 1962

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Gunther HALTERN „die Kugelmaschine“ «la machine à boules» (1962)

À l’instar d’Alain Cailledat, qui fut un temps son mentor, Gunther Haltern fut trés inspiré par les arts graphiques. Son enfance auprés de son pére typographe qui lui parlait des ses «petites lettres» avec tendresse, n’y est, bien sûr, pas étrangère. La dimention typographique fut donc naturellement présente dans son travail dès ses premières passes (der Maikäfer zieht die Karten (1958).

Inspiré par la mécanique présente dans les machines des imprimeries d’alors

quil cotoya dès son plus jeune âge, l’aspect «fonctionnel» de ses composition n’est pas sans rappeler une mécanique onirique et jubilatoire qui se perd dans les méandre de l‘improbable au détriment du descriptif utilitariste.

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Dieter HULRATT Le pré post-moderne Né en 1936 à Berlin, fils cadet d’un chirurgien renommé, étudiant modèle en psychologie à la faculté de médecine, pastelliste amateur, rien ne prédestinait Peter Hulratt à de venir le plus tourmenté des artistes de la Figuration Spéculative. Jeune diplômé prometteur, il est repéré et intègre la section information du Ministère de l’Intérieur où il montre un certain talent pour l’expérimentation. En juin 1959 il est envoyé comme observateur assister aux expériences qui se déroulaient à l’Unité 368, dans la banlieue de Berlin, où l’on testait les effets de certains psychotropes avec l’espoir de découvrir un moyen de contrôler le comportement des foules.*

Dieter HULRATT (1955)

Dieter HULRATT

„Das Modell des Malers“ - 1953

huile sur toile - Collection personnelle d’Holger Hulratt (frère de Dieter) œuvre de jeunesse

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Dieter HULRATT „Die Elektrizität in den Falten der roten Fahne“ (L’électricité dans les plis du drapeau rouge)

50x65 cm - 1956 - huile sur toile - Collection privée

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Dieter HULRATT

„Das bleibt zwischen uns“- 1957

Dieter HULRATT

huile sur toile - Collection privée

„Das bleibt zwischen uns“- 1957 huile sur toile - Collection privée

À son retour au ministère, le comportement de Dieter a changé, il semble plus distant, plus sombre, plus intense. Les paisibles aquarelles sont devenues des portraits violents aux yeux hallucinés entrecoupés d’implacables géométries (Das Gesicht der Freiheit 1960). Dieter continue cependant à donner satisfaction à ses supérieurs tandis qu’il glisse doucement vers une forme maitrisée de schizophrénie. Le 27 mai 1961, lors d’une fête, il rencontre Greta Von Paulus, fille d’un ami de son père, et c’est le coup de foudre. Une liaison orageuse s’ensuit. Greta le présente à ses amis artistes avec lesquels Dieter se sent bien des points communs. Il participe rapidement aux soirées arrosées et aux expositions clandestines («Die Elektrizität…»1961). Son inévitable rupture avec Greta va renforcer son caractère tourmenté («Ehrfahrung» 1962). Il produit peu dans l’année qui suit et se montre de moins en moins, son travail au ministère semble le préoccuper. Le 13 septembre 1963, il quitte son appartement de la Ferdinandstrasse pour se rendre à son travail et disparaît de la surface de la terre. Depuis cette date, personne n’a plus jamais eu de nouvelles de lui, bien que des années plus tard, Peter Gundark ait prétendu l’avoir vu vendre des glaces sur la plage d’Acapulco.

* voir Peter Gundark

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Dieter HULRATT

„Erfahrung 713“ (experience 713) - 1957 huile sur toile - Collection privée 50x70cm

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Dieter HULRATT

„Das Gesicht der Freiheit“- 1957 (le visage de la liberté) huile sur toile - Collection privée

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Dieter HULRATT „Porträt von Matthias“

(portrait de mathias) 1957 dessin au crayon - Collection privée

Pré post-moderne est le qualificatif qui vient imédiatement à l’esprit lorsqu’on se penche sur le travail de Dieter hullratt. Avant gardiste dans son attachement aux préceptes du Bauhaus qu’il révérait entre tout, il fit de son travail un laboratoire où semer ses fantasmes de néo modernisme de ce qu’il prônait comme l’avènement d’une période post industrielle. Bien qu’il ne réalisa que peu de toiles il fut en revanche trés prolixe en matière de dessins et de croquis dont il laissa des dizaines de carnets qui fuent retrouvés aprés sa disparition mystérieuse. Au début des années 1980, de nombreux artistes berlinois de l’ouest , lors des balbutiements de ce que l’on nomma la musique «industrielle» allemande, le redécouvrirent et s’inspirère de ses œuvres. C’est sans doute l’esthétique froide qui se dégageait de ses toiles, chaînon manquant entre le modernisme du constructivisme et du bauhaus et la période post Punk qui séduit les jeunes artistes de l’époque.

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Dieter HULRATT

„Überrrascht durch den Spiegel“ - 1957

(surpris par le miroir) huile sur toile - Collection privée

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Dieter HULRATT

„Reservieren im Spiegel“ - 1957 huile sur toile - Collection privée

Dieter HULRATT „Verflechtung“

1960 (entrelacs) page de carnet Collection personnelle d’Holger Hulratt (frère de Dieter)

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Dieter HULRATT „der Schrei, der tötet“

(le cri qui tue)- 1957 huile sur toile - Collection privée

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Dieter HULRATT

„Reservieren im Spiegel“ - 1957 huile sur toile - Collection privée

Dieter HULRATT

„Reservieren im Spiegel“ - 1957 huile sur toile - Collection privée

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Horatio HELLPOP L’homme dédoublé On sait encore peu de chose sur Horatio Hellpop, Ilsa Shoemacher de son vrai nom est née en banlieue Berlinoise en 1939 et se passionne trés vite pour le dessin et la peinture. Cette personnalité perturbée par un père violent et une mère absente va se réfuguer dans son jardin secret pour échapper à la triste vie quotidienne que le déterminisme social lui inflige. La guerre ayant éloigné la famille Shoemacher de Berlin, c’est dans un petit village de la campagne allemande qu’elle passera son adolescence et le choc du retour dans la ville pour y mener ses études supérieures lui causa un irrémédiale trauma qui se traduisit par une perturbation définitive de sa personnalité.

Horatio HELLPOP

„sans titre“ - 1955 huile sur toile - œuvre de jeunesse

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Horatio HELLPOP (1957)


Horatio HELLPOP

„Die Elektrizität in den Falten der roten Fahne“ - 1956) huile sur toile - Collection privée

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Non préparé à ce choc brutal, Ilsa la réveuse rencontre la vie estudiantine en pleine transversalité et sa psyché interpréte les choses par des flashs de retour à l’enfance mélés d’une désinhibition brutale. C’est Greta Von Paulus, rencontrée lors d’une soirée chez des amis, qui l’initiera aux délices saphiques, cet ultime cassure dans sa vie sexuelle naissante l’entraina vers un dédoublement de personnalité et c’est en endossant un pseudonyme masculin d’Horatio Hellpop* qu’elle entra dans le cercle des «spéculatifs» qui l’acceuillirent à bras ouverts, heureux d’avoir une nouvelle compagne pour leurs soirées de libations et époustouflés par sa maîtrise du dessin et des techniques de peinture. Les performances orgiaques de leurs soirées d’artistes en firent une spéculative convaincue et une redoutable perverse. Passée à l’ouest de manière rocambolesque* pour s’installer tout d’abord en France, à Paris en 1964 mais s’y ennuya rapidement et finit par s’installer au Japon où elle épousa un riche homme d’affaire déjà agé, Monsieur Suzuki, et, veuve, règne encore aujourd’hui sur son empire industriel. * Horatio Hellpoo est un personnage de l’écrivain underground est allemand Mogen (1925- 1959) Getränk, dont les aventures au pays des abeilles sont une satire sociale virulente et drôlatique de la société allemande de l’est d’aprés guerre. Ses romans vendus sous le manteau était trés prisés de la jeunesse rebelle allemande à la fin des années 50 à l’ouest comme à l’est. * Madame veuve Suzuki est toujours parvenue à maintenir le secret sur cette épisode et décourage activement toutes recherches sur cette période de sa vie.

Dieter Hulratt et Horatio Hellpop lors d’un «happening speculatif» dans la cave de Gherardt Shlagenshonberger en 1960. Horatio accepte de se faire attacher nue entourée de bandelettes et déclame des textes spéculatif en s’ennivrant. On reconnait à gauche des toiles de Greta von Paulus. Photo anonyme

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Horatio HELLPOP

„Im Garten des Fleisches“ - 1962) huile sur toile - Collection privée

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Horatio HELLPOP �Braucen Fingern, wie ein hund

(besoin de doigts, envie de chien) (huile sur toile - 1957)

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Horatio HELLPOP „Flucht am Gehirn“ « fuite au cerveau » (1953)

Horatio HELLPOP „Die Schlacht von love“ « la bataille de l’amour » huile sur toile (1959) Collection particulière

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Horatio HELLPOP „Ehrerbietung am Behälter“ « hommage au réservoir » (1959)

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Horatio HELLPOP „der betene Luftschiffer“ « l’aéronaute triomphant » (1953)


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