157
PISQUENION, n. m. : Fourchette à escargots à une seule dent
158
159
dieu
beau
Winner ®
®
100mg SUPPOSITOIRES
®
Diaspora Internationale
L E B ON B OURGE DE GÔCHE
hipster
®
ÉROS ®
ARMES DE GUERILLA
Trognon
160
Branchouille L'ELECTROMÉNAGER DANS LE VENT
Pute le plus beau vieux métier du monde
®
®
PARANOÏA
IMA G INAI R E
161
®
162
163
StĂŠphane Blanquet
Jean-Jacques Tachdjian Dessinateur, graphiste,Designer, graphic éditeur mythique deartist, mythic publisher of SORTEZ SORTEZ LA CHIENNELA CHIENNE Avoir été publié à 17Being published ans dans le plus beauat the age of 17 by magazine graphiquethe most beautiful qui existe sur lagraphic magazine planète terre - et unthat exists on the planet earth – and peu autour - ça donnea bit around – gives des muscles et deocular muscles and l’assurance occulaire.assurance. Merci à toi J.J.Thanks to you J.J. Stéphane Blanquet
166
167
168
N
DE L’ I NVAS E É I
ON
AN
2015
C’EST PAS DRÔLE DE RIRE !
UN MINUSCULE MIRACLE THERMODYNAMIQUE
169
170
171
Didonc
GAGAROND
Moche
NEBULA A BCDE F GH I J KLM N O P Q R S TU V WXY Z 1 23 4 56 7 890 À à È è & ?! @ abcdefghijklm no pq r st u v w x y z sp ct ph cky oo LA
Heureuse A B C D EF GHI JKL MN A B C DE F G H I J KLMN ABC DEF GHIJ K L M O P Q RSTUVW X YZ O P QRS TU VWXYZ N OPQ RS T U VW X YZ 1234567890 12 3 4 5 6 78 9 0 12 3456 78 90 À à È è &?! @ À à È è &?! @ Àà Èè &?! @ abc d ef g h i j k l mno a b cd ef ghijk lm no a b c d e f g hijk lm p qrs tuv w xyz p qrstu v w xyz n o p q rstu v wx y z ct stff qu llch Ma cky ph ctstff qu ll ch Mackyph sp ct ph cky oo LA A BCDEFGH I J K LMN OPQR S TU VW XYZ 1 2 3456 7 89 0
Àà Èè &?! @ a bcdef ghi jk l mno pqrstuvwx yz ctstff qu ll chMackyph
Garaton
ATOMagain
1 2 34 5 6 7 89 0
ABCDEFGHIJKL MN OPQRSTUVWXYZ 1234567890
A B C D EFGHI JK LM N O P Q R S T UV W XY Z À à Èè &?! @ a b c de f gh i j k l mn o p q rstu vw x yz ct st ff qull ch Ma ckyph La Lilloise enflée
À à È è & ? ! @ a bc d e f g h i j k l m no p q r st u v w x y z ctst ff qu ll ch ph œ Œ Laurence
ABCD E FGHIJ KL MN ABCDEFGHIJKLMN O P Q RSTUVWXY Z OPQRSTUVWXYZ 1 234567890
À à Èè &? ! @ abcdefg hij klm no p qrs t u v wx y z ct st ff qu ll chMa ckyph
172
1234567890
Àà Èè &?! @ abcdefghijklmno pqrstuvwxyz ctstffqullchMackyph
Le Vengeur Agaçant
ABC D EF GH I J K L M N O PQ RS T UVW XYZ 1 2 34 5 6 7 8 9 0
Àà Èè & ? ! @ ab cd e fg hi j kl mno p q rs t u v wxyz
Bidono
ABCD EFGH IJK LMN OPQ R S TUV WX Y Z 1234567890
À à Èè &? ! @ ab c de f g h ij klmn o p q rst uvwx yz ct st ffqullch ph
Visiotopia ABCDEFGHIJKLMN OPQRSTUVWXYZ 1234567890
Àà Èè &?! @ abcdefghijklmno pqrstuvwxyz ct st ff ll ch ph
Gagarond, la police de
Police spÊcialement conçue pour Êcrire ce que d'autres ont oubliÊ d'Êcrire dans les livres au moment oÚ ils auraient dÝ le faire Est-ce clair ?
ceux qui se piquent de connaÎtre la belle typographie en pensant que ça leur confère une aura de prestige et de bon goÝt alors qu’ils ne sont que de vieilles momies suffisantes et inutiles
Heureuse, la police conçue pour tous ceux qui sont malheureux de ne pas avoir une plus grosse auto, un plus gros salaire et un cerveau pour s’en servir
Moche la police conçue parce que le physique n’est pas tout dans la vie et que l’amour ça Rambo lÊlÊ
NEBULA,la police conçue pour les textes nÊbuleux et les astrophysiciens ELLE S’UTILISE PRINCIPALEMENT À TAILLE SIDÉRALE ET CONVIENT À L’ÂGE ATOMIQUE.
La Cratiecratie c’est le Gouvernement du peuple par la crasse
ATOM again
Les riches confondent Êliminer la pauvretÊ et faire un gÊnocide des pauvres La culture e toujours la propriÊtÊ de la bourgeoisie qui s’en sert pour conforter son pouvoir sur les autres caes.
Didonc...
Dans le langage courant actuel, utopique veut dire impossible; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la rÊalisation est, à priori, hors de notre portÊe.
dÊpassÊes SUPERE XTRAFR glamour AGILISTI QUEXQ chastes & UISDÉLI assassines LICIEUX
173
Notre seule chance d'abolir la civilisation marchande consiste Ă favoriser l'ĂŠmergence d'une civilisation humaine en nous fondant, avec l'intention de la dĂŠpasser, sur la seule et vĂŠritable nouvelle ĂŠconomie.
L’AngÊlus de Catherine Millet
174
E R R E U R
175
D E
J U G E M E N T
D E R N I E R
PLATITUDES09>20 JUIN 2011 CONTEMPORAINES FESTIVAL DE TRANSE CONTEMPORAINE ED
LILLE/LAMBERSART
MAI 2011
FAIT LE
JE LE VEUX !
ER ER 11ER FESTIVAL FESTIVAL INTERNATIONAL INTERNATIONAL DE LA CONSTIPATION CONSTIPATION WAZEMMES WAZEMMES MAI MAI 2012 2012
DU 29 AU 29 JUIN 2011 / LILLE
À
176
177
178
recyglons avec glamour
L’origine du monde moderne
179
®
LOSER
ES T D A N S
L
CE
M A FE
ME
PA 'ES
M
PROPERTY OF HIMSELF
mari
®
®
épouser, c'est un métier!
ACTIVISME
®
Liberté PARC D'ATTRACTIONS POUR ADULTES ÉMANCIPÉS
180
®
pédé
a division of homosexual incorporated international
ego ÉNERGIES CITOYENNES
Peace
©
m inér ale nat ur ell e
PEOPLE
L'ÉCRAN TOTAL DE L'ÉTAT
S-EYE S.A.
IN SA T TM
TOUT UN FROMAGE !
®
GROFACHO votre partenaire minceur
181
NOTRE SPÉCIALITÉ , TOUT SAVOIR À VOTRE PLACE
STORY TELLER
®
Faire œuvre de culture, c’est donner au citoyen la capacité de briser, de transgresser les frontières et les compartiments de plus en plus clos entre les différents domaines du savoir. Edgar MORIN («Dialogue sur la nature humaine», Conversation avec Boris Cyrulnik)
182
L L L
183
VE VE VE
184
Pour innover, la pensée doit faire une association improbable, un coup de poésie qui surprend et éveille. La certitude est une antipensée, une litanie intellectuelle. Boris Cyrulnik (Les nourritures affectives)
185
186
afficheOSLF.pdf
26/10/06
20:12:57
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
VAL I T ER FES
1
u
d
I A M S E I M
R U O F e
d
s ce s en re ert e r s t t é éâ onc ans han xpo onf . th c d c e c ..
187
AUTO
188
ARGRATISTE ? GRAFFTISTE ? Drame autobiographique
Nograffi
Nograffi Nograffi Autobiographic drama,
ou presque, en un
or close to it, in one
acte et quelques
act and some specks
poussières,
of dust, by Professor
par le Professeur
Horatio Hellpop and
Horatio Hellpop
his member from the Institut d’Études Canines Hétérogènes (I.E.C.H.)1i
et son membre de l’Institut
d’Études Canines Hétérogènes (I.E.C.H.)
magine this book as a fantasy, Or rather a realistic fantasy, Or perhaps a critical realistic fantasy.
189
Imaginons ce livre comme une fantaisie, ou plutôt une fantaisie réaliste, ou encore une fantaisie réaliste critique.
POUR NOUS L A S C I E N C E D E S F I C T I O N S LE MONDE EXISTE P A R NOS HISTOIRES !!!!! LE M O N D E E XI ST E P AR N O S H I ST O I R E S ! N O U S N ’ EX I ST O N S Q U E P A R N O S H I S T O I R E S ! L’ H O M M E EX I ST E P AR SE S H I ST O I R E S S UR L ’H O M M E L’ H O M M E E XI ST E P AR SES H I S T O I R E S S UR L E M O N DE
P O U R N O U S T O U T EST F I C T I O N
LE MONDE N’EXISTE QUE PAR LES HISTOIRES DANS LESQUELLES NOUS CROYONS NOUS EXISTONS PAR LES HISTOIRES QUE NOUS RACONTONS SANS Y CROIRE NOUS RACONTONS DES HISTOIRES P O U R Y C R OI R E NOUS CROYONS DANS DES HISTOIRES QU’ON N OU S RACONTE NOUS A CCE P T O NS DE CROIRE DES HISTOIRES RACONTÉES PAR D’AUTRES NOUS CO NV A I NQ U O NS LES AUTRES DES HISTOIRES QUE NOUS RACONTONS CERTAINS SONT CO NSCI E NT S QUE TOUT N’EST QU’HISTOIRES D’AUTRE CR O I E NT DANS LES HISTOIRES QU’ILS SE RACONTENT CERTAINS RACONTENT DES HISTOIRES POUR GARDER LEUR P OU V OI R LE POUVOIR CE SO NT DES HISTOIRES SANS HISTOIRES PAS D ’ H O M M E .......................................... E T
TOUT ÇA C’EST DES HISTOIRES
190
trop tôt !?!
trop tard ?
? t ô t p o r t s Pa ? d r a t p o r t Pas
THE SCIENCE OF THE FICTIONS
FOR US THE WORLD EXISTS THROUGH OUR STORIES!!!!!
THE WORLD EXISTS THROUGH OUR STORIES! WE ONLY EXIST THROUGH OUR STORIES!
FOR US THE WORLD EXISTS B E C A U S E FOR US EVERYTHING IS FICTION OF OUR STORIES
MANKIND EXISTS THROUGH ITS STORIES ABOUT MANKIND
MANKIND EXISTS THROUGH ITS STORIES ABOUT THE WORLD
THE WORLD ONLY EXISTS THROUGH THE STORIES IN WHICH WE BELIEVE
WE EXIST THROUGH THE STORIES WE TELL WITHOUT BELIEVING IN THEM WE TELL STORIES TO BELIEVE IN THEM WE BELIEVE IN STORIES THAT ARE TOLD TO US WE ACCEPT TO BELIEVE IN STORIES TOLD BY OTHERS WE CONVINCE OTHERS ABOUT THE STORIES THAT WE TELL SOME ARE AWARE THAT EVERYTHING IS NOTHING BUT STORIES OTHERS BELIEVE IN THE STORIES THAT THEY TELL THEMSELVES SOME TELL STORIES TO KEEP THEIR POWER POWER IS MADE OF STORIES
too l
too
soo n
!?!
ate ?
WITHOUT STORIES THERE IS NO MANKIND
..........................................AND ALL THAT’S JUST A BUNCH OF STORIES
«L’autobiographie, même si on cherche à ne pas se mentir, est un remaniement de la représentation de sa propre histoire. De même qu’un essai psychologique, philosophique et même scientifique.» Boris Cyrulnyk in revue Nectart N°1 - 2015
191
UNE HISTOIRE PARMI TANT D’AUTRES
M O N
B I G
B A N G
Côté folklore...
À
M O I
Pour l’état civil...
...c’est toujours réussi : un soir d’orage, une naissance coiffée et ténébreuse dans un romantisme chevelu vêtu de pauvres bêtes qui sera défrayé à la chronique anachronique par sa mère, morte en couches pour la beauté du geste, de LA geste (c’est une maman quand même). ON IMAGINE une saga nordique réhaussée d’accents Wagnériens pour faire joli et un peu pompier avec des demies teintes sombres et une voiture-fusée en contrebas de la contreplongée magnificatrice, un must ab-so-lu et quasi hollywoodien autant qu’hollistique, bref, un régal!
...et ce que l’on conviendra d’appeler la réalité (convention que la mécanique quantique nous contraint de pratiquer), un jour de septembre de la 1957e année du calendrier chrétien, paf, j’arrive, beau bébé, avec tout comme il faut, la marchande a bien fait son boulot, mais à l’époque on ne parlait pas TOUT DE SUITE de garantie et de service après-vente ni même d’assurance en cas de procès des géniteurs pour non respect des attributions sociales auxquelles nous avions été arbitrairement destiné (cf : making plans for nigel de XTC).
C’était donc un petit mois avant l’envoi de Spoutnik 1, le premier satellite artificiel en orbite, la petite boule en fer avec des antennes repliées derrière pour aller plus vite qui faisait bip-bip-bip… de là à en conclure que j’étais fait pour l’âge de l’espace, il est trop tôt, ce texte vient à peine de commencer. Rien, mais absolument rien, ne prédestinait cette naissance heureuse à un destin exceptionnel qui ne fut pas très exceptionnel en partant d’une maternité lilloise à l’hygiène rigoureuse qui deviendrait plus tard une auberge de jeunesse, donc, c’était plutôt bien parti pour une trajectoire de gosse de gens tout-simplement-des-gens à devenir
un gens
. un tas de gens, tout bébé, avec un mickey vintage de 1957, déjà un homme de goût!
M a v i e c’es t moi qui l a fai t . M a v i e c’es t moi qui l ’ai fait e, et c’es t l a fê t e, au fai t . a “tas de gens”1, just a baby, with a vintage mickey of 1957, already a man of taste!
Un mois aprés ma naissance... Prémonitoire? One month after my birth… Premonitory?
192
J’ai oublié d’éteindre la lumière intérieure en sortant!
AND ONE MORE STORY AMONG SO MANY OTHERS
M Y
O W N
Side folklore...
For the civil status… ...and what can be called reality (convention that quantic mechanics makes us abide by), a day in September of the 1957th year of the Christian calendar, wham, I arrive, beautiful baby, with everything just right, the merchant did a good job, but at the time they didn’t mention RIGHT AWAY guarantees and after sales service or insurance in case of a lawsuit by the genitors for non-respect of the social attributions to which we’d been arbitrarily meant (see: making plans for Nigel from XTC).
...it always works : a thundering night, born gloomily with a silver spoon in a hairy romanticism wrapped in poor beasts that will make the anachronistic news with his mother, who dies in childbirth for the beauty of the gesture, of THE gesture (after all, she IS a mother). YOU IMAGINE a Scandinavian saga enhanced with Wagnerian accents to make it pretty and a bit bombastic with dark half-shades and a rocket-car further down of the magnifying angle view, an ab-so-lu-te and almost Hollywoodian as well as holistic must, in a word, a delight!
So it was short to a month before the launch of Sputnik 1, the first artificial satellite placed on orbit, the little ball of iron with antennas folded back to go faster that would go beep-beepbeep… it would be too early to conclude that I was made for the space age because this text is only just beginning. Nothing, absolutely nothing, predestined this fortunate birth to an exceptional destiny that was not particularly exceptional when I left that maternity in Lille with its stringent hygiene and that later became a youth hostel, so it was more likely to become the trajectory of a kid in an ordinary family made up of ordinary people and meant to become an ordinary
no-one.
I forgot to turn off the inner light when I got out!
My life I make it myself. My life I made it myself, et c’est la fête, au fait.1
193
les choses
se sont gâtées pour la première fois quand une dame officier d’état civil de la ville a refusé à mon paternel le prénom qu’il voulait me donner (je l’ai vengé plus tard), Agop, prétextant que pour la protection de l’enfance et devant la recrudescence de l’alcoolisme dans les couches inférieures de la société il ne fallait pas créer de terrains propices à la désespérance dans les cours de récré en affublant les enfants d’un prénom que leur culture d’adoption pourrait facilement trouver comique voire même avilissant, pourtant René Mas ne créa Pifou et ses «pas-glop, pas-glop», que des années plus tard dans un magazine pour jeunesses communistes, ô tempora et tutti frutti. AGOP, c’est arménien, c’est la même racine que Iacoub, Jacob, Jacques, j’ai donc eu la francisation Jacques et agrémenté d’un «Jean» comme préfixe de circonstance, la mode étant alors aux prénoms composés. Jusque là rien de très rock’n’roll glamglam même si les vibrations des trémolos de cette vieille tante de Little Richard inondait déjà les petites culottes outre-atlantique et que les choses étant ce qu’elles sont un tout minuscule miracle thermodynamique devait m’en abreuver dans mes langes par effet rebond, magie vaudou, quel bonheur. D’ailleurs le même effet m’aidera plus tard à comprendre que le disco c’est une version «dance» d’AC-DC, on marque tous les temps façon marche militaire et l’affaire est dans la besace rapide!
Ma première
image
je ne m’en fous pas, d’ailleurs je n’ai jamais porté de chemise, SAUF cette merveilleuse contribution de l’industrie américaine à la mode vestimentaire vernaculaire et mondiale, la chemise en T, si hantée soit elle d’ailleurs par tant de superbes messages colorés et de gazouillis dessinés quelle en transcende sa simple fonction d’habit pour vous transformer, non pas en moine, mais en héros-super d’un monde bien vêtu, tous types d’humains confondus. …et la répression de l’ivresse publique… …et la régression de l’image publique… est limitée.
194
Ma première image est celle d’un mur de briques noircies, avec une lumière d’extérieur nuit, un flash ancré au fond d’un vieil engramme mémoriel, la seconde une sorte de pièce sombre, aux murs de briques peints en blanc sale, mal éclairée, d’ailleurs je ne sais pas d’où vient la source lumineuse, le sol est liquide, d’un noir dense, très dense, du pétrole brut saturé de graphite, du mazout, du bitume, du réglisse liquide, une piscine de réglisse liquide.
But things got awry for the first time when a lady officer of civil status of the town refused the first name my pater wanted to give me (I later avenged him), Agop, arguing that for the protection of childhood and given the surge in alcoholism in the lower classes of society, they had to prevent creating ground encouraging despair in the recess playgrounds by giving children names that their culture of adoption could easily consider comical if not degrading, and yet René Mas only created Pifou and its «pas-glop, pas-glop» years later in a magazine for communist youth, ô tempora and tutti frutti. AGOP, that’s Armenian, it’s got the same root as Iacoub, Jacob, Jacques, so I got the French version of Jacques with an added «Jean» as a circumstantial prefix, since the fashion was then for compound names. Up to here nothing very rock’n’roll glam-glam even if the tremolo vibrations of that old fag Little Richard were already flooding the panties on the other side of the ocean and that things being what they are, a tiny thermodynamic miracle was to swell my diapers by a rebound effect, voodoo magic, what bliss. And actually that same effect helped me later to understand that disco music was only a «dance» version of AC-DC, all the beats are struck like in a military march and the thing is in a fast bag1! 1/ L’affaire est dans le sac : the deal is in the bag (it’s a done deal). Here, the bag is a military bag
first image2 not that I don’t care, and anyway I’ve never worn a shirt, EXCEPT for this wonderful contribution of the American industry to the vernacular and global sartorial fashion, I mean the T
2/ S’en foutre comme de sa première chemise : couldn’t care less
shirt, however haunted it may be by so many superb and colorful messages and illustrated twitters that make it transcend its primary function of a garment to transform you, not in a monk but in a super-hero of a well-dressed world, all types of human beings included.
My first image is that of a wall made of darkened bricks, with a night-time outside light, a flash anchored deep inside an old …and criminalization of public drunkenness … …and regression of public image… is limited.
195
memory engram, the second one a sort of dark room, with walls made of bricks covered with grimy white paint, dimly lit, and I don’t know where the light comes from, the ground is liquid, a dense, very dense dark liquid, crude oil saturated with graphite, fuel oil, bitumen, liquid licorice, a pool of liquid licorice.
RÉEL-FICTION
rien
Je me demande encore comment j’en suis arrivé là hein? m’enfin m’sieur Gaston? comment un petit morceau de vie avec un peu de déterminisme social et un soupçon de pas à sa place au bon moment, comme tout le monde devient un rôle habité, un Mecha piloté par une petite conscience qui s’est réduite à peau de chagrin, ah oui chagrin, alors si ça ne tient qu’à ça, hauts les chœurs, on se remet un booster à tempo binaire et décibels couvrant et c’est un monde qui se répare. Le «Russian Roulette» de Johnny Thunder fera l’affaire !
COME ON !
AS USUAL, YOU ARE HERE
BUT I T ’ S ALLWAYS MOV ING
196
MA VIE MODE D’EMPOIGNE
d’intéressant ni d’exceptionnel, d’ailleurs je m’en fous encore, c’est incroyable comme la manière de vivre de nos contemporains les contraint à dominer ou être dominé, ce n’est agréable que dans des jeux au lit, mais dans la vie c’est une perte d’énergie incroyable qui pourrait être recyclée pour nourrir la planète. M’enfin, j’ai peu de souvenirs d’enfance c’est maintenant que je me dis que tout compte fait cette enfance d’un gosse de vieux fils unique dans un quartier ouvrier lillois avait son pesant de poésie avec des vrais morceaux de vécus de petit bout d’homme qui ne comprend rien au monde dedans.
REALITY-FICTION
LI KE A HOLE I N T HE REALI TY nothing interesting or exceptional, and anyway I still don’t care, it’s incredible how the way of living of our contemporaries forces them to dominate or to be dominated, this is only pleasant when playing in bed, but in life it’s an incredible waste of energy that could be recycled to feed the planet. Well then, I’ve got few childhood memories, now I can tell myself that finally this childhood of a single kid of an old man in a un working class neighborhood in Lille was worth its weight in poetry with real pieces of experience lived by this little bit of a man who couldn’t understand the world within. I still wonder how I got here, hey? So what m’sieur Gaston? How can a little piece of life with a touch of social determinism and a dash of wrong place wrong time, like everyone else, become an inhabited role, a Mecha steered by a small conscience that grievingly shrank away, ah yes, what grief, so if that’s all there is to it, cheer up, get another booster with a binary tempo and powerful decibels and it’s a world that gets fixed up. The «Russian Roulette» of Johnny Thunder will do the trick! COME ON!
MY LIFE WITH GRIP
En grenouille au pied de l’échelle je pouvais prédire, non pas le temps qu’il fera, mais celui qui aurait pu être avant de changer radicalement!
As a frog at the foot of the ladder, I could predict not the weather to come but the weather that could have been before radically changing!
197
LE PAPA DU PAPA DU PAPA DE MON PAPA ÉTAIT UN PETIT En vrac comme en vrai, il y a un paternel qui est le pilier de l’affaire comme pour chaque enfant, son absence ou sa présence sont le levier du PIOU bazar, pas besoin de se payer du divan pour le savoir, ni besoin de lire cinquante traités rédigés par de doctes docteurs doctorants à propos des PIOU! bobos à la tête qu’on se chope en petite enfance (quoique Boris Cyrulnik ne
Mom and Dad in a studio photo of the 1930s, what style!
Mom and Dad en photo de studio dans les années 1930, la classe!
dit pas de bêtises à ce sujet et c’est non seulement édifiant mais simple et accessible, merci m’sieur Boris). DONC le père! Mon papa n’était pas un papa comme le papa du «mon papa» de Reiser, c’était un monsieur que dans le quartier les gens appelaient «monsieur Jacques» (je vous ai dit que Agop ça faisait désordre dans la France des fifties), orphelin arménien amené et élevé avec d’autres enfants par la Croix Rouge en France en 1916 on lui avait collé comme date de naissance le 1er janvier 1910 car il n’y avait plus d’état civil, le génocide de deux millions d’arméniens par les turcs de l’époque avait fait des dégâts, je vous passe les horreurs que j’ai pu apprendre sur ce qui s’est passé à l’époque, il n’y avait pas de chambre à gaz, on faisait tout à la main, mais les bourreaux regorgent d’imagination pour aller plus vite, c’est un «détail de l’histoire» qu’il ne faut pas négliger, trouver des trucs pour moins se fatiguer a toujours été une des grandes caractéristiques du génie humain, parfois il pourrait s’en passer mais bon, on est pas là pour la refaire, l’histoire, (pour ça il y a «alexandrie-alexandra» une de mes polices de Le papa et le filston, en deux générations. caractère faite tout spécialement pour corriger les erreurs de l’horreur historique). Dad and sonny,
in two generations.
FAUT PAS M’EMMERDER! une double fonte pour réécrire des textes anciens, des manuscrits disparus et corriger l'histoire
la fonte jumelle de la bibliothèque universelle
(Pour papyrus électroniques only!)
une double fonte pour réécrire des textes anciens, des manuscrits disparus et corriger l'histoire la fonte jumelle de la
bibliothèque universelle
(Pour papyrus
électroniques only!)
198
Loosely and really, there was an old man who is the mainstay of the story like for any child, his absence or his presence are the lever of the story, no need to pay a shrink to know, no need to read dozens of treatises written by very knowledgeable doctors on the pains in the mind that you catch in early childhood (although Boris Cyrulnik doesn’t say anything foolish on that matter and it is not only instructive but also simple and accessible, thanks mista Boris). SO the father! My father was not a dad like the dad in «mon papa» by Reiser, he was a respected man that people in the neighborhood called «mister Jacques» (I told you that Agop didn’t sound right in France in the fifties), an Armenian orphan brought to France and raised
THE DADDY OF THE DADDY OF THE DADDY OF MY DADDY WAS A SMALL PIOU PIOU! DON’T GIVE ME SHIT!
199
there along with other children by the Red Cross in France in 1916, he’d been given a birth date of January 1st, 1910 because he no longer had a civil status, the genocide of two million Armenians by the Turks of the time had done its harm, I’ll spare you the horrors that I discovered about what took place at the time, there were no gas chambers, everything was done by hand, but persecutors have got plenty of imagination to slaughter faster, this is a «détail de l’histoire»1 that must not be neglected: how to find ways to do things more easily has always been an essential trait of the human genius, sometimes we could do without it but then I’m not here to write history over, (to do so, there is «alexandrie-alexandra» one of my fonts made especially to correct the errors of historical horror).
MON PAPA À MOI AVAIT UNE MOUSTACHE comme Dario Moreno, des bretelles et il était tapissier-garnisseur de métier, donc artisan, et donc bien vu dans le quartier, où tournaient encore les usines textiles, lorsqu’il est venu s’y installer en 1952. Son atelier était à l’étage d’un ancien relais de poste, au numéro 3 de la rue de Wazemmes, presqu’au coin de la rue d’Arras. C’était une grande cour que la propriétaire louait comme parking, euh, garage, pour les possesseurs de voitures du voisinage, il y avait une grande double porte en vieux bois munie d’une petite porte intégrée qui donnait sur la rue. L’atelier de mon père était l’ancien grenier à foin des chevaux du relais et les anciennes écuries étaient juste en dessous, et étaient devenues une salle de réunion de témoins de Jehovah ce qui enchanta mes jeunes années tous les dimanches avec des chants à la con qui m’ont longtemps gonflés. L’atelier était un vaste plateau aux murs de briques peints en blanc, séparé par des cloisons faites d’armatures en tasseaux de bois et de panneaux d’Isorel, matériau super ultra top bath de l’époque, colle et poussière de bois compressées, fin léger isolant, un grand classique comme l’était déjà la bakélite et comme l’est devenu le tripli. La table de coupe était une grande plaque de bois sur des tréteaux et une vraie jongle pour le gamin que j’étais, comme les rayonnages pour les rouleaux de tissus d’ameublement qui me faisait l’effet de mon petit Manhattan perso, avec tous leurs étages que j’essayais de gravir comme un varappeur de structures en bois. Je me rappelle d’un jour où, poussé par ma programmation génético-culturo-masculine de petit enfant, je titillais le paternel pour voir la limite à ne pas franchir, wow! ça n’a pas trainé! et j’ai eu une des première trouilles de ma vie. On ne rigole pas avec les moyenorientaux!!!
200
C’est y pas meugnon ça médème? Isn’t it cute ?
Mon papa était artisan
et un des trucs qui me fascinait dans son univers de travail était qu’il se confectionnait lui-même ses outils, avec un bout de bois et un morceau de métal il faisait un couteau pour couper le cuir ou une pique pour tendre les sangles ou un grattoir ou encore un petit marteau. C’est sans doute de là que je tiens mon habitude de bricoler mes propres outils, polices de caractères ou bibliothèque d’images en kit.
MY DAD HAD A MUSTACHE
Like Dario Moreno, suspenders and he worked as an upholsterer, so he was a craftsman, and so, respected in the neighborhood where were still running textile factories when he came and settled there in 1952. His workshop was upstairs in a former post house, at number 3 of the rue de Wazemmes, almost at the corner with the rue d’Arras. It was a big courtyard that the owner rented for parking space to those who had cars in the neighborhood, there was a big old wooden double door that integrated a small door opening on the street. My father’s workshop had been the hay loft of the horses of the post and the stables that had been located right underneath had been turned into a meeting room for Jehovah’s witnesses who entertained my youth every Sunday with ludicrous songs that fed me up for a long time. The workshop was a vast plateau
Detail in history : quote from Jean-Marie Lepen referring to the Holocaust
with brick walls painted white, separated by partitions made of wooden frames and Isorel panels, a super ultra top bath material of the time, compressed glue and wood dust, slender, light, insulant, a real classic as already was Bakelite and as triplex became. The cutting table was a big wooden board on trestles and a real jungle for the kid I was, like the shelves for the rolls of upholstery fabric that looked to me like my little personal Manhattan, with all their different stories that I’d try to climb like a rock climber of wooden structures. I remember a day when, encouraged by my genetic, cultural, masculine programing of a toddler, I nagged my father to see what were the limits, wow! It didn’t take long! And I had one of the first fears in my life. You don’t fool around with Middle-eastern people!!! My dad was a craftsman and one of the things that fascinated me in his world at work was that he would make his tools himself, with a little piece of wood and a scrap of metal he would make a knife to cut leather or a barb to tighten the straps or a scraper or a small hammer. That’s probably where I got this habit of fiddling my own tools, fonts or image libraries in a kit.
First ritual of humiliation, hard!
Premier rituel d’humiliation, dûr!
201
DANS LA COUR IL Y AVAIT UNCHIOTTE. À L’ÉTAGE IL Y AVAIT UN POINT D’EAU. Je partais le matin à l’école et je vidais mon pot de chambre dans le chiotte. Une fois par mois ma mère faisait chauffer une lessiveuse de flotte et on se lavait dans une grande baignoire en aluminium brossé belle comme un sarcophage de métal. Je me lavais le premier, puis ma mère et enfin mon père. Tel était le confort à Moulins-Lille à l’époque, rudimentaire au vu des normes contemporaines mais les gens étaient d’une dignité bien plus grande, du moins c’est ce que je ressentais en tant que nouveau petit bonhomme parmi les grands bonshommes.
202
Je n’ai pas trouvé d’images de mon quartier ou de ma rue dans les années 1960 et 1970, mais voici quelques photos de Lille dans ces années là, même ambiance, chaussées pavées striées de rails de tramways, murs de briques salis à la fumée de charbon, un paysage urbain post industriel et émouvant où certains voient la misère et où je ne vois que l’enfance.
IN THE COURTYARD THERE WAS A LOO. UPSTAIRS THERE WAS A WATER SUPPLY POINT. I’d leave for school in the morning and empty my chamber pot in the loo. Once a month, my mother would warm water in a laundry tub and we’d wash ourselves in a big brushed aluminum tub as beautiful as a metal sarcophagus. I would be the first to wash, and then my mother and finally my father. That was the comfort there was at MoulinsLille back then, crude when compared to the contemporary standards but people were much more dignified, at least, that’s what I felt as a little man among the big men.
I haven’t found pictures of my neighborhood or my street from the sixties and seventies but here are some pictures of Lille during those years, same atmosphere, pavement streets with the streetcar tracks, brick walls dirtied with charcoal smoke, a post industrial and moving urban landscape where some can see the misery but where I only see childhood.
203
VERS L’INFINI ET AU DELÀ ! Mon papa avait un pote de bistrot qui était pointeau à la voix du nord, il lui filait des piles de ce qu’il convient désormais d’appeler des comics, c’était des traductions de comics de chez DC qui prenaient en français le nom de «Sidéral» ou «Aventures Fiction», mes premières immersions dans l’image imprimée et les petites historiettes illustrées était dues au talent de gens que je sais depuis être des maîtres, mais que le gamin que j’étais découvrait avec un émerveillement qui ne devinait pas encore leur magique et si personnel contenu. Ces Bédés étaient sorties de la maison «Artima» à Tourcoing, que je visitais bien plus tard et qui, à l’époque était en plein boum et sortait plus d’une douzaine de titres par mois dans tous les genres, traductions de comics US ou création maison comme «Météor» ou «Spoutnik» et encore je ne cite que les titres de science-fiction qui étaient ceux que j’affectionnais tout particulièrement, car ils contenaient un quelque chose qui me projetait dans ce qui était pour moi une réalité bien plus importante que mon quotidien : le futur. Mes premières nourritures spirituelles furent donc les œuvres de Gil Kane, Jack Kirby, Ruben Moreira, Carmine Infantino, Wallace Wood et tant d’autres... Comment voulez vous faire autre chose que d’avoir envie de dessiner après ça ! Hergé, Jacobs et les franco-belges ne vinrent que bien plus tard.
204
TOWARDS INFINITY AND BEYOND!
My dad had a mate in a bar who was a puncher at the Voix du Nord1, he’d give him piles of what would now be called comics, they consisted in translations of comics from DC that were named in French «Sidéral» or «Aventures Fiction». My first immersions in printed images and those small illustrated stories were due to the talent of people who as I now know were the maestros, yet as a kid I would discover those stories with marvel but without a clue about their magical and ever so personal content. Those comic strips came from the «Artima» publishing house in Tourcoing, that I visited much later and that, at the time, was thriving and publishing every month more than a dozen books of all sorts, including translations of US comics and their own creations such as «Météor» or «Spoutnik» and I’m only mentioning the science-fiction titles that were my very favorite because they contained something that would project me into what was for me a much more important reality than my daily life: the future. That’s how my first spiritual food came from books by Gil Kane, Jack Kirby, Ruben Moreira, Carmine Infantino, Wallace Wood and so many others... How can you ever want to do anything other than draw after that! Hergé, Jacobs and the Franco-Belgians only came along much later.
205
MA MÈRE QUI FAISAIT AVEC ET QUI M’AIMAIT COMME ELLE POUVAIT. MA MÈRE QUI M’AIMAIT AVEC ET QUI FAISAIT COMME ELLE POUVAIT.
maman
était, comme toutes les mamans de petits garçons, le centre du monde que je construisais neurone connecté après neurone connecté. Cette gestation post-natale a duré les quelques années qu’on appelle l’enfance, et qui est si loin maintenant que je n’en garde que quelques bribes mémorielles qui sont autant de temps forts. Mon père ayant eu de gros problèmes de santé je fus assez rapidement en duo avec ma maman, ce qui était relativement confortable pour un gosse de vieux et fils unique. De femme d’artisan couturière et ménagère elle devint aide ménagère chez les commerçants du quartier, on disait «femme de ménage» à cette époque où le langage n’était pas encore perçu comme une arme politique de destruction massive. Pour moi c’était un ange, elle a toujours été un ange, et quand elle n’était pas un ange je la voyais comme un ange malgré tout. Il faut quand même que je précise, au cas où vous ne vous en seriez pas aperçu, que les anges existent, ce sont des morceaux de gens que l’on perçoit à l’intérieur des gens et qui les rendent beaux et bons, il y en a un peu en chacun, il faut juste aller le chercher avec une canne à pêche pour anges intérieurs au bout de laquelle on met comme appât un peu de vrais morceaux de soimême comme dans les yaourts avec des VRAIS morceaux dedans. Certains scientifistes ont essayés de faire de la spéléologie rectale avec une caméra pour aller dénicher l’ange intérieur mais ils n’ont reussi tout au plus qu’à se faire du bien mais pas à prendre des vidéoscolloscopiques d’anges, car, comme le Marsupilami, l’ange et trés difficile à voir, pratiquant la fameuse devise «pour vivre heureux, vivons caché bien à l’intérieur de soi».
Mom and Dad en maillot de bain dans la nature.
Œdipe ta mère !
206
MY MOTHER WHO DID WHAT SHE COULD AND WHO LOVED ME LIKE SHE COULD. MY MOTHER WHO LOVED ME LIKE SHE COULD AND DID WHAT SHE COULD.
My mother was like all mothers are, like all mothers of little boys, the center of the world that I was building connected neuron after connected neuron. This post-birth gestation lasted the few years that are called childhood, and that is so distant now that I only keep a few shreds of memory of eventful moments. Since my father had had serious health issues, I quickly found myself in a duo with my mother, which was relatively comfortable for an old man’s kid and single child. From the wife of a craftsman, who’s keep the house and sew, she became cleaning lady for the neighborhood stores, at the time they’d say a «maid » because back then language was not perceived yet as a political weapon of mass destruction. For me, she was an angel, she’s always been an angel, and when she was not an angel, I would still see her as an angel. I must say, though, in case you wouldn’t have noticed it yet, that angels do exist, they are pieces of the people that we can perceive inside the people and that make them beautiful and kind, there is a bit of an angel in every one, you just have to go look for it with a fishing rod for inner angels and you use for bait bits of real pieces of yourself like in yoghurts with REAL pieces inside. Some scientists have tried performing rectal speleology with a camera to uncover the inner angel but they only managed at best to do themselves some good but didn’t come up with any video-colonoscopies of angels, because, like the Marsupilami, the angel is very difficult to see, if you follow the famous motto «a man’s castle is hidden inside himself ».
Germaine Kocioko ma mère.
ma maman à l’usine
207
Mom at the factory.
Freakedelik Je grandissais toujours et, un peu livré à moi même, je fus intégré à un foyer de l’ALEFPA (Association Laïque pour l’Education et la Formation Professionnelle des Adolescents). De fils unique solitaire dans son petit quartier se débattant incapable de comprendre les règles qui régissaient le collège qu’il avait intégré près de la mairie et où le niveau socioculturel était assez différent, je devins un parmi des dizaines de mômes d’âges, de milieux et d’origines diverses régis par une vie de caserne ultra-cool, entourés d’éducateurs (pas nombreux mais sympas) qui firent faire des bonds prodigieux à ma vision du monde. Mes résultats scolaires n’étaient pas fameux, je me laissais beaucoup aller à en faire un minimum, les années 1970 étaient chouettes et décontractées, l’époque était à la cool attitude à la révolution et à l’émancipation. Le foyer me poussait à faire des études autres que techniques et c’est à l’apogée de cette période que j’entrais au Lycée Louis Pasteur pour une année radicale, une classe de six garçons et dix-huit filles, moi qui n’avais connu jusqu’alors que des classes non mixes. Ces êtres étranges relativement similaires aux garçons, différents mais attirants suscitèrent rapidement ma curiosité, qu’y avait-il à l’intéreur? Était-ce tapissé avec du papier peint à fleur comme le prétendaient certains ? Leur supériorité en regard de la patauderie grossière des mâles me semblait évidente mais il y avait un petit quelque chose que je n’arrivais pas à définir, ni à cerner de façon précise... cette zone d’ombre restait, à cette période, encore assez floue, je ne pratiquais pas encore à l’époque l’art ancestral de la dissection mentale à chaud sur sujet encore vivant.
208
Ce fut aussi cette année là que je fis la rencontre de mes premiers vrais potes d’adolescence, nous parlions rock’n’roll, politique, révolution, anarchie, sexe, drogue, californie, contre-culture, underground, small press et tout ce qui fut les fondations de ma future vie adulte. Je filais à l’anglaise la nuit de mon foyer pour rejoindre mes camarades dans une piaule du vieux lille, on y fumait et bouffait des acides, refaisions le monde chaque fois, et recommencions le lendemain, on évoquait Guy Debord et les Situationnistes, les façons de plastiquer l’art bourgeois, l’écologie politique, on révait de révolution des mentalités on jouait à la californie. C’est cette année là où je découvris dans une boutique à Paris un comics magique qui allait me changer la vie, «Tales from the tube» de Rick Griffin.
Lors d’une sortie culturelle avec quelques amis nous constatons que la pub «J’écoute RTL avec Anne-Marie Peyson» est mensongère, aucun son ne sort de l‘affiche!
On a cultural trip with some friends we noticed that the ad «I listen to RTL with Anne-Marie Peyson» was a lie: no sound was coming out of the poster!
kept on growing and somewhat left on my own, they made me integrate a home of the ALEFPA (Association Laïque pour l’Education et la Formation Professionnelle des Adolescents)1. From a lonesome single child in his small neighborhood struggling in vain to understand the rules of the middle school that he’d been enrolled in close to City hall and where the social level was quite different, I became one among dozens of kids of diverse ages, social backgrounds ruled by an ultra-cool barracks life, surrounded by educators (not many but friendly) who helped me to open wide open my vision of the world. My school results were not that great, I’d tried hard to do only the minimum, the seventies were fun and cool years, it Période pré-ado, boutons et gamineries
Period pre-teenager, pimples and childishness
was the time of the cool attitude to the revolution and emancipation. The home encouraged me to follow a curriculum
Marseille 1976
other than technical and it was at the acme of that period that I started at the Louis Pasteur High what was to be a radical year in a class with six boys and eighteen girls, for me who’d only known up to then single gender classes. Those strange beings relatively similar to boys, different yet attractive quickly aroused my curiosity, what was there inside of them? Was it lined with wallpaper with flowers, like some claimed? Their superiority when compared to the coarse clumsiness of males seemed obvious to me but there was a little something that I could not precisely define or grasp... this shadow zone remained at the time quite vague because I was not performing yet the ancestral art of live (hot) mental dissection on a still living subject. It was that same year that I met my first real teenage mates, we’d talk about rock’n’roll, politics, revolution, anarchy, sex, drugs, California, counter-culture, underground, small press and all that created the foundations of my future adult life. I’d steal away at night from home to go meet my comrades in a room in the old part of town, the vieux lille, where we’d smoke and take acids, recreating the world each time and start again the next day, we’d evoke Guy Debord and the Situationists, the ways to blow up bourgeois art, political ecology, we’d dream of the revolution in the mindsets, we’d play California. That was the year when I discovered in a store in Paris a magical comics that was going to change my life, «Tales from the tube» by Rick Griffin.
209
Avec celui, qui allait devenir Phil Casoar, il dessinait alors «les aventures de Benoit Broutchoux», l’histoire d’un anarcho-syndycaliste dans le bassin minier au début du XXe siècle, à la manière des Pieds-Nickelés de Forton.
LE TAXIDERMISTE DE L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS EMPAILLAIT LES MODÈLES était en face de l’école des Beaux-Arts de Lille, car NUS! Leil ylycée en avait une à l’époque. Je voyais passer les étudiants avec leurs grands cartons à dessins, leurs allures freaky et je me disais « c’est là que je veux aller, je pourrais y faire mes dessins, apprendre des tas de trucs utiles pour mieux dessiner et faire des miquets partout partout partout! » Aussi je demandais au directeur du Foyer de m’inscrire au concours d’entrée, j’étais en seconde gros-branleur et ne comprenais pas pourquoi il eut un sourire amusé à cette demande. En bon républicain petit-fils du front populaire de 1936 il me proposa un deal simple, « passe en première et tu pourras t’inscrire ». Je buchais donc le dernier trimestre et contre toute attente j’eus mon passage en première, je retournais le voir et en bon républicain il tint parole, je pus m’inscrire au concours d’entrée et en sorti ssecond sur 250. Ni une ni deux je lui présentais les résultats et à ma grande surprise il m’encouragea. Mais c’est là que les ennuis commencèrent, j’avais 17 ans, rentrais au foyer, dortoir, réfectoire, éducateurs et les élèves de cette première année avaient tous plus de 20 ans, étaient pour la pluspart des gosses de riches et se prenaient déjà pour ce qu’ils imaginaient être des artistes. Ils me firent bien sentir que ma place n’était pas là, et que j’aurais dû retourner passer un CAP de menuiserie. Choc social, claque du déterminisme, welcome to my first nervous breakdown. Je fis ma première fugue et n’en revins que quelques années plus tard après avoir parcouru les routes de france, squatté à droite à gauche, pris beaucoup de drogue, travaillé dans des usines de l’alsace à la normandie, dans les champs du sud-ouest à la bourgogne. J’aurais des milliers de souvenirs à raconter sur ces années d’errance où le gamin que j’étais devint le gamin que je suis encore. Mais c’est une autre histoire dans l’histoire, on zappe et on revient à l’histoire juste après, celle qui parle avec des images.
210
THE TAXIDERMIST OF THE ART SCHOOL STUFFED NAKED MODELS!
The high school was in front of the School of Fine Arts of Lille, back at the time when there was one. I could see the students go by with their big art portfolios, their freaky looks and I’d tell myself « that’s where I want to go, there l can make my drawings, learn lots of useful stuff to draw better and make mickeys everywhere everywhere everywhere! » So I asked the director of the Home to register me for the entrance exam, I was a good for nothing 10th grader and didn’t understand why he had an amused smile when he heard my request. As a good Republican grand-son of the front populaire of 1936 he offered me a simple deal, «move up to 11th grade and you can register ». So I worked hard on the last term and unexpectedly I got inton11th grade, I went back to see him and as a good Republican he kept his word and I was able to register for the entrance exam where I ended up second out of 250. I immediately showed him my results and to my great surprise, he encouraged me. But that’s when trouble started, I was 17, boarding in the home, eating in the home with the educators but the students in that first year where all over twenty, most of them were rich kids and already thought they were what they imagined to be artists. They made me clearly understand that I didn’t fit in and that I would be better off studying carpentry. Social shock, slap of determinism, welcome to my first nervous breakdown. I ran away for the first time and only came back some years later after roaming the roads in France, squatting here and there, taking a lot of drugs, working in factories from Alsace to Normandy, in the fields from the South-West to Burgundy. I would have thousands of memories to share about those rambling years when the kid I was then turned into the kid I still am. But that’s a different story within the story, let’s zap back to the story that comes right after that, the one that talks with images.
HIR R O F
211
E
Je
AL O R S P E T I T E ? ANNO N C E ! travaillais de-ci de-là
chez Moulinex à Caen, chez Kronembourg à Strasbourg ou aux Chantiers de l’Atlantique à St. Nazaire pour l’isolation des cuves de méthaniers et, après ces quelques années de pérégrinations uniquement franco-françaises, car je n’avais jamais eu les moyens de me payer de voyages lointains comme les copains aisés que je croisais alors, je revins à Lille à l’aube des «glooming eighties» et pris une petite piaule dans un rez-de-chaussée du vieux-Lille à 75 francs par mois qui était un ancien petit bistrot ouvrier, car n’oublions pas qu’un solide déterminisme social me tenait au corps. Je commis encore quelques erreurs de jeunesse de-ci de-là et je finis par trainer un soir au « Carré des Halles », le plus vieux bistrot Rock lillois, qui est devenu aujourd’hui, pour beaucoup d’ex-piliers comme moi, une véritable institution et un lieu de pélerinage houblonneux. C’est là que je rencontrais une bande de jeunes gens délurés et entreprenants qui montaient un projet de journal gratuit de petites annonces pour les étudiants, car le concept était alors tout nouveau et nous venait des pays du nord, un nouvel Eldoracréneau qui ouvrait les portes de l’easy money pour se faire construire des piscines en forme de guitare. En quelques choppes je devins directeur artistique, Bédéiste, plastiqueur d’images, graphiste et homme à tout faire de « l’étudiant annonce », tabloid en deux couleurs d’une vingtaine de pages tiré à 15000 exemplaires quinzomadaires et diffusé dans les restaus-U de la ville manomano par ceux-là même qui y écrivaient des textes, cherchaient les pubs, corrigeaient les fôttes et planifiaient la conquète du monde de la presse libre. Il me fallait un nom de guerre et j’optais pour Johnny Rotring, croisant ainsi le blaze du chanteur des Sex Pistols avec une célèbre marque de stylos à encre de chine pour dessin industriel que j’utilisais alors pour mes petits dessins. Dans l’équipe il y avait, entre autres, Benoit Delépine qui portait déjà en lui les gènes du Grolandais, Jean-Martial Lefranc futur maître d’un monde de multimedia, Jean-François Faroux, voyageur immobile et contemplatif en déplacement. J’avais les coudées franches pour faire les pubs, les tétières, un peu de chroniques de disques et de concerts et surtout d’intervenir sur les films avant impression, car je voulais faire mon Bazooka comme dans Libé à la place du Calife. Deux ans durant ce fut la vie de jeunes gens du début des 80’s. Boites, restaus etc. sous prétexte de trouver des contrats de pub pour le canard. Bon, les bonnes choses ayant une fin, j’encartais mes deux ans de petites pubs dans un classeur joliment garni d’intercalaires plastiques et cherchais du boulot. Après quelques nouvelles pérégrinations amusantes j’intégrais un studio de graphisme et y appris mes bases de techniques professionnelles pour tout ce qui concernait le graphisme et l’impression et surtout je me fis refiler le virus de la typographie par le chef de Studio, André Dancoisne, aujourd’hui réincarné en Selector D-Day. J’y rencontrais aussi le batteur d’un groupe local exceptionnel «Killer Ethyl», on a pas fait mieux depuis dans le genre, puisqu’ils étaient uniques dans le genre. J’y croisais un jeune stagiaire qui me fit rencontrer les membres de ce qui fut mon premier groupe de rock «les Fantastiques», un Cramps like band avec lequel je fis mes premiers concerts quelques années durant.
212
THEN S WEET IE ? WHA T ’ S UP ?! was working here and there for Moulinex in Caen, Kronenbourg in Strasbourg or on the Chantiers de l’Atlantique in St. Nazaire to insulate the tanks of the oil tankers and after some years of vagrancy only in France, because I never could afford to go to distant lands like well-off mates that I’d meet, I came back to Lille at the dawn of the «glooming eighties» and took a groundfloor room in the vieux-Lille for 75 francs a month that used to be a small working class bistrot, let us not forget that I was in the grip of a stubborn social determinism. I was still making some juvenile mistakes here and there and I ended up one night hanging around at the « Carré des Halles », the oldest Rock bar in Lille, which has become for many adepts like me a real cult place of pilgrimage to go have a beer. That’s where I met a group of outlandish and enterprising young people who were setting up a project for a free newspaper of classified ads for students. The concept was brand new at the time and came from the Northern countries, here was a new Eldorado opening the way to easy money to have guitar-shaped pools built. A few pints had me become the art director, comic artist, image plasticator1, graphic artist and the jack of all trades of « l’étudiant annonce », a two color tabloid of about twenty pages with a print-run of 15000 every two weeks and distributed in the university cafeterias in town by hand by the very ones who’d write texts, look for advertisers, proofread and planned to conquer the world of the free press. I needed a nom de guerre and I chose Johnny Rotring, to cross the blaze of the Sex Pistols singer with a famous brand of China ink pens for industrial drawing that I used for my little drawings. In the team, there was Benoit Delépine who already had in him the genes of the Grolandais, Jean-Martial Lefranc, future master of a multimedia empire, Jean-François Faroux, static traveler and contemplative on the move. I had free rein to make the ads, the headlines, some record and concert reviews and I had the right to work on the films before printing, because I wanted to make my Bazooka like in Libé instead of the Calife. For two years we lived the life of young people at the beginning of the eighties. Discos, resturants etc. under the guise of finding advertising contracts for the paper. Well, all good things come to an end, I filed my two years of small ads in a binder neatly organized with plastic dividers and I went looking for work. After some new amusing adventures, I integrated a graphic art studio where I learned the fundamentals of professional techniques for all that had to do with graphic art and printing and namely I got addicted to typography thanks to the head of the Studio, André Dancoisne, who has now been reincarnated into Selector D-Day. I also met there the drummer of an exceptional local band «Killer Ethyl», there’s never been anything as good since in that style, considering that they were the only ones. I found there a young intern who made me meet the members of what became my first rock band «les Fantastiques», a Cramps like band with which I had my first gigs for some years.
213
E NF IN SE U L ? Après cette aventure formatrice et édifiante qui forgea ma conviction de devenir, non pas maître du monde, mais curieux professionnel à vie, je me lançais avec un ex-ami dans la création d’un «laboratoire d’analyse graphique» nommé «SHAZAM !» en 85/86. L’épopée dura deux ans et je vécu très mal l’arrivée de nombreux petits flacons sur mon banc-repro, car, rappelons-le, l’ordinateur n’était encore, à l’époque, qu’en couches-culottes et ressemblait à une petite boite cubique en plastique avec un tout petit écran en noir et blanc, le Macintosh premier du nom dont le tarif prohibitif le réservait à une élite nantie. C’est à cette période que je lançais avec Stéphane Laurent, qui fait aujourd’hui de bien beaux bijoux, le premier numéro de ce qui allait lancer une saga de type Nibelungen à Wazemmes : «SORTEZ LA CHIENNE!». Mais j’en parlerai plus avant un peu plus tard car au bout de mes deux ans en tant que Captain Marvel du graphisme avec rock’n’roll attitude, une fois de plus je rassemblais mes petites affaires, bien décidé à continuer à faire des images, et encore des images et on me proposa un poste de Directeur Artistique dans une grande agence de pub lilloise, et le touriste social que j’étais ne résista pas à l’appel des sirènes, enfin pas plus de deux mois car j’y découvris un monde de panier de crabes qui ferait passer le film «99F» pour une apologie de l’angélisme en milieu publicitaire. La loi sapin n’était pas encore passée, le desktop publishing n’avait pas encore éliminé les afficionados de la pensée instantanée pour faire de l’easymoney et encore plus d’easy-money. Écœuré et un peu vide je retournais dans mon petit garage de wazemmes pour y refaire des petits mickeys quand Pierre Vandevelde (aka Pierre Beau) me demanda de le rejoindre dans son atelier «Bla-Bla Grafik» rue gambetta, grâce divine et salvation, non seulement je rencontrais un ami exceptionnel mais il m’apprit des tonnes de choses que je n’imaginais pas, le monde des arts plastiques, que je refusais d’emblée, depuis mon passage éclair aux Beaux-Arts de Lille, comme une vaste fumisterie orchestrée par des petits malins à seules fins de se vautrer dans l’argent et le pouvoir. Pierre me révéla un virus qui ne m’a plus quitté depuis, l’histoire de l’art, par le grand et le petit bout de la lorgnette, celle qui montre, comme le dit si bien Catherine Millet, que l’art sert à « Mettre à jour et déplacer ce fonds d’humanité que la religion ne prend plus en charge et que la science ne peut envisager*». Si notre collaboration ne dura pas très longtemps il en naquit cependant une belle amitié et j’eus un pincement au cœur lorsqu’il partit dans le vieux Lille pour y monter un nouveau studio. Je fis, grâce à lui, mes premières rencontres dans le monde des artistes qui ne se prennent pas pour des stars mais qui savent partager les rêves d’un monde meilleur qu’ils veulent contribuer à créer.
214
* in «L’art contemporain, histoire et géographie». Flammarion, coll. Champs arts, 2006.
FINAL L Y AL O NE ? After this formative and interesting adventure that convinced me to become not a master of the world but a lifelong curious professional, I started with an ex-friend to create a «laboratory of graphic analysis» called «SHAZAM !» in 85/86. That epic lasted for two years and I had a very hard time seeing all those little bottles arrive on my repro stand, because, don’t forget, the computer was back then still in diapers and looked like a small cubic plastic box with a tiny black and white screen, and the first Macintosh was at a prohibitive r=price that only the affluent could afford. That’s the time when I launched with Stéphane Laurent, who now makes beautiful jewelry, the first issue of what was to become a saga like the Nibelungen in Wazemmes : «SORTEZ LA CHIENNE!». But I’ll come back to that a bit later because after my first two years as the Captain Marvel of graphic art with a rock’n’roll attitude, once again I took my stuff, determined to continue making images, and more and more images and I was offered a job as an Art Director in a big advertising agency in Lille, and the social tourist who I am didn’t resist the call of the sirens, at least for less than two months because I discovered a world like a can of worms that would make the movie «99F» look like an apology of naive optimism in the world of advertising. The Sapin law had not been voted yet, desktop publishing had not eliminated yet the aficionados of instant thinking to make easy-money and more and more easy-money. Disgusted and feeling empty, I went back to my small garage in Wazemmes to start working again on my small mickeys and that’s when Pierre Vandevelde (aka Pierre Beau) asked me to join him in his «Bla-Bla Grafik» studio, rue gambetta, divine grace and salvation, I not only met an exceptional friend but he also taught me tons of things that I didn’t imagine, the world of plastic arts, that I’d rejected after my lightning encounter with the School of Fine Arts in Lille, feeling it was a whole lot of bullshit orchestrated by some smart alecks avid for money and power. Pierre communicated his passion to me and it’s never left me since, art history, the big and the small picture, showing, as Catherine Millet rightly says, that art is to « Put to light and displace this human legacy that religion no longer has in charge and that science cannot consider *». Even though we did not collaborate for very long, it did give birth to a beautiful friendship and I felt sad when he left for the vieux Lille to set up a new studio. Thanks to him, I had my first encounters in the world of artists who don’t think they’re stars and who know how to share dreams of a better world that they want to help to build.
215
WWW WAT C HM A I N Z Z Z Z Z Z
C’est
dans cette periode foisonnante de la fin des 80’s que je montais un nouveau groupe qui allait être mes plus belles amours musicales «Whoo Watchiz Zeu Watchmainz ?» !!! Conçu au départ comme un projet éphémère avec Freddy Lynxxx des Jet Boys, Mister Hubu et Rhino Férox (rip), le groupe enquillait une floppée de reprises de groupes de hard rock 70’s, comme Free, Alice Cooper, T. Rex et bien d’autres pour faire chier les petites branchouilles à poil ras new waveuses qui ne juraient que par les synthés et détestaient guitares saturées et long cheveux qu’ils considéraient comme trop popus et vulgaires pour eux. Le line-up se souda avec Red Stonage et Little Birdman pour l’enregistrement d’un premier maxi 6 titres en bon gros vinyle noir avec un petit trou au milieu. Premières compos également sur des compiles de punk français qui nous voyaient d’un sale œil puisque nos morceaux etaient en anglais. Premières tournées, Mr Hubu remplacé par Street Kleaner (Rip) et l’arrivée d’une seconde basse avec Sonic Splasher puis débandade et line-up définitif avec Olivier Parent (Guitare- Little Birdman) et Jean-Luc Gournay (Batterie- Street Kleaner). Nouvel Album et re-tournées, tournées, tournées. Un bonheur! Nous étions tous les trois des frangins d’adoption, j’avais déjà 30 ans, Jean-Luc 25 et Olivier à peine une vingtaine. Nous étions de milieux sociaux trés différents et n’écoutions pas la même musique, et pourtant la sauce a merveilleusement pris. Nous aurions pu continuer à nous amuser sur scène et sur les routes mais un vilain jour d’été Jean-Luc est parti pour une histoire d’amour, son décés nous a laissé orphelin et l’aventure s’est achevée brutalement ainsi. J’ai essayé de jouer à nouveau dans les années qui suivirent mais la magie n’était plus,là ni la disponibilité, ni la flamme. Restent quelques immortels souvenirs extraordinaires et des aventures dignes des Pieds nickelés du Rock’n’Roll, gravés à jamais dans ma mémoire
216
It was during the eventful period of the end of the eighties that I started a new band that was to become one of my most beautiful musical love stories «Whoo Watchiz Zeu Watchmainz ?» !!! It was meant at first to be a one shot project with Freddy Lynxxx from the Jet Boys, Mister Hubu and Rhino Férox (rip), the band played songs from hard rock bands of the 70’s, like Free, Alice Cooper, T. Rex and many others just to piss off the crew-cut new wave hipsters who only listened to synthesizers and hated saturated guitars and long hair that were too working class and vulgar for them. We added to the line-up Red Stonage and Little Birdman to record our first 6 song maxi in good and sturdy black vinyl with a little hole in the middle. First compositions in French punk compilations, but the punks didn’t like us because our songs were in English. First tours, Mr Hubu was replaced by Street Kleaner (Rip) and we got a second bass with Sonic Splasher the nit got out of hand and so the final line-up was with Olivier Parent (Guitar- Little Birdman) and Jean-Luc Gournay (Drums- Street Kleaner). New Album and re-tours, tours, tours, tours. What bliss! We were all three like brothers, I was already 30, Jean-Luc 25 and Olivier hardly 20. We came from very different social backgrounds and didn’t listen to the same kind of music, and it sounded wonderfully good. We could have kept on having our fun on stage and on the road if it weren’t for that nasty summer day when Jean-Luc chose to leave because of a broken heart, his death left us as orphans and that’s how the adventure abruptly came to an end. I tried playing in the years that followed but the magic was gone and I no longer had either time or passion. What remains are some unperishable memories of adventures worthy of the Pieds nickelés of Rock’n’Roll, engraved forever in my memory
217
D I SPE NSO NS S ANS COMPT E R !!! IL EN RES T ERA TO UJ O URS QUELQUE C H OS E...
Nourri dès l’enfance aux bédés et comics, puis ado des seventies élévé grâce à Crumb et les cartoonists underground west-coast via Actuel période freaky, j’ai dessiné depuis toujours, monté un fanzine à 13 ans avec mon ami Franck Vandenberghe qui dépassa les murs du collège, et c’est ainsi que je figurais au sommaire de «l’immense émeu», fanzine de Patrick Dallongeville, en compagnie de François Boucq et d’autres puis dans le zine de contre-information lillois «le clampin libéré» vers 1975/76. Depuis lors je n’ai jamais cessé de me sentir plus «fanzineux» qu’autre chose, préférant la liberté à l’industrie. Lors de mes pérégrinations adolescentes j’ai essaimé des «petits mickeys» dans les zines des villes où j’avais atterri, «Uss’m follick» à Strasbourg, «le petit rouge de touraine» à Tours, «Athanor» ou sévissait Luc Cornillon, et d’autres. Le raz de marée punk des Bazooka productions me fit la déflagration de mes 20 ans. Comme je l’ai déjà dit, en 1981 je devins le dictateur-artistique-dessinateur-et-àtravers-grouillot-fée-clochette de «l’étudiant annonce» où je fis mes premiers pas dans la maquette et le contact avec le monde de l’imprimerie en plastiquant les films et en faisant tout ce qu’il ne fallait pas faire, évidemment (ça va de soi). Années 1980 je continuais de participer à des zines à la demande, avec grand plaisir pour sauter le pas en 86 avec le lancement du numéro 1 de «Sortez la Chienne». Le goût du journal en grand format, (Raw de Spiegelmann et les 30x40 de Futuropolis n’étaient pas loin), et la présentation des travaux magiques de fanzineux autrement qu’en photocopies A4 rencontrèrent un franc succès et nous donna le prix du fanzine au Festoche d’Angoulème avec le numéro 2. Yeah ! Mais le passage au stade industriel avec ce qu’il induit comme compromissions et sacrifices de créativité sur l’autel de la rentabilité ne sentait vraiment pas la savonnette au patchouli, Nous restâmes donc indépendants et fanzineux pour garder la cuisse fraîche et le sein arrogant comme disait Bobby Lapointe. L’intérêt est de défricher, de présenter le mieux possible les travaux d’artistes d’images (toutes soi-disant disciplines confondues). La chienne pondit cinq beaux numéros aux sommaires de plus en plus étoffés et cosmopolites ainsi que quelques albums tous aussi martiens les uns que les autres. Après une interruption au début des années nonentes pour cause de tournées avec mon groupe «whoo watchizz ze watchmain?» (le rock est ma deuxième raison de frissonner), je recommençais à publier des artefacts fanzineux mais l’époque était aux balbutiements du multimedia, sur CD Rom d’abord car l’internet permettait alors à peine d’envoyer une image en timbre poste en trois heures, ce fut donc «les chiots de la chienne», CD Rom fanzine prouvant qu’avec de la créativité on fait mieux que les grosses boites qui mettaient des budgets de films hollywoodiens pour un CD Rom foireux. Mais hormis rigoler sur le moment l’interet s’estompe assez vite, les systèmes sont rapidement incompatibles, les techniques obsolètes, et il faut des ordinateurs etc, bref, technologie lourde pour plaisir limité, laissons ça à l’industrie du jeu video et revenons à nos premières amours, l’encre sur du papier! Depuis la chienne n’a pas cessé de publier, livres, affiches, graphzines et autres traces d’encres imprimées, à la main ou à la machienne, en Do It Yourself ou en Numérique, et ça continuera tant que le plaisir y sera, c’est vital et oxygéné comme dirait un amateur de blondes. L’important étant de faire, de rassembler, de créer d’animer des réseaux et de s’immerger dans un grand bain collectif de créativité sans chercher à tirer la couverture à soi ou en laine. Contribution modeste à la construction permanente d’un monde d’humains cherchant plus d’humanité.
218
DISP EN SE FR E E L Y !
T H E RE W IL L AL W AY S REMA IN SO MET HIN G..
since a child I’d been into comics trips and bédés, then as a teen of the seventies I was raised by Crumb and the underground cartoon artists from the West Coast via Actuel in its freaky period, I’ve drawn all my life, and I created a fanzine at the age of 13 with my friend Franck Vandenberghe that went beyond the walls of our middle school, and that’s how I appeared in the table of contents of «l’immense émeu», Patrick Dallongeville’s fanzine, along with François Boucq and others and later in the Lille counter -information zine «le clampin libéré» around 1975/76. Since then I’ve never stopped more «fanzinous» than anything else, preferring freedom to industry. During my teenage travels, I spread around «small mickeys» in the zines of the towns I’d land in, «Uss’m follick» in Strasbourg, «le petit rouge de touraine» in Tours, «Athanor» where there was Luc Cornillon, and others. The punk tidal wave of Bazooka productions was a real blast for me when I turned 20. As I said, in 1981 I became the artistic-dictator-drawer-handyman-tinkerbell of «l’étudiant annonce» where I first learned artwork and discovered the printing world by plastifying films and by doing all that should not be done, of course (it goes without saying). During the eighties I worked for zines on demand, with great pleasure and in 86 I made the leap and launched the 1st issue of «Sortez la Chienne». A taste for a big size paper, (Raw by Spiegelmann and the 30x40 by Futuropolis were not that old), and the will to present the magical work of fanzine artists differently than in A4 copy format were a real success and we got the fanzine award at the Angoulème Festival with our second issue. Yeah! But scaling up to an industrial stage and what it means in compromises and sacrifices in creativity on the altar of profitability was really not the thing for me, So we stayed independent and fanzinous to keep a fresh ass and proud tits as Bobby Lapointe used to say. The interesting part is to scout and show the best you can the work of image artists (all socalled techniques included). La chienne gave a litter of five beautiful issues with ever richer and more cosmopolite tables of contents as well as a bunch of very weird comic books. After a break at the beginning of the nineties because I was touring with my band «whoo watchizz ze watchmain?» (rock is the second thing that gives me the shivers), I got back into publishing fanzinous artefacts but it was the time when multimedia got going, first with CD Roms because back then it would take three hours to send an image the size of a stamp on the internet, so it was «les chiots de la chienne»1, a CD Rom fanzine to prove that if you’re creative you can do things better than big companies that use as much money as for a Hollywood production to make some shitty CD Rom. We had our fun back then but it quickly became a drag, the systems soon become incompatible, techniques fall into obsolescence, and you need computers etc, that is, heavy technology for just a bit of pleasure, let’s leave it for the video game industry and get back to our first loves : ink on paper! Since then la chienne has never stopped publishing books, posters, graphzines and other traces of printed inks, by hand or machienne, as a Do It Yourself or Digital, and it’ll go on as long as there’s pleasure in doing it, it is vital and full of oxygen as would say a lover of blondes. What’s essential is the fact of making, gathering, creating, animating networks and immerging yourself in a big collective bath of creativity without trying to grab all the credit for yourself. A humble contribution to the constant construction of a world of human beings in quest for more humanity.
219
& LA CHIENNE !
Ayant commencé à pratiquer le fanzinat dans les années 70 en participant à des journaux de contre-information ou des fanzines de BD, et ayant été abreuvé de comix underground US avec toute la contre culture lysergique qu’ils véhiculaient, j’ai longtemps considéré le fanzinat comme étant exclusivement une alternative à l’édition traditionnelle. La contreculture étant beaucoup moins vive dans les années 80 le fanzinat était devenu dans l’esprit du plus grand nombre comme une sorte de vivier de nouveaux talents, le passage obligé des auteurs avant qu’ils ne fassent leurs premières armes dans la « grande » édition. Les années 90/2000, avec l’arrivée d’internet, ont modifié la donne car les blogs notamment ont permit à un nombre croissant de gens de s’exprimer publiquement et de faire connaitre leurs opinions et leur travail. Le retour du Do It Yourself, comme réponse au manque de présence physique de l’objet livre et du toucher du papier ont vu se multiplier les productions indépendantes et les rencontres qui leur sont dédiées un peu partout. Mais qu’en est-il à un moment où la presse et l’édition, victimes de la mutation que vit la société n’ont comme réponse qu’une radicalisation des recettes éditoriales? À l’heure où il est si peu couteux d’imprimer en grand nombre des livres luxueux dans l’usine du monde qu’est la chine, le monde de la petite édition n’est il pas destiné à recentrer les productions artistiques autour de valeurs fondamentales que sont le plaisir d’éditer, de monter un travail personnel, de s’y dépasser, sans chercher à conquérir le plus grand nombre mais à avoir un rapport direct avec les autres amateurs de la chose, amateurs reprenant ici toute sa noblesse primordiale qui est celle de « celui qui aime ». Ce phénomène ne participe-t-il pas également à une volonté de ne « pas parvenir » qui est un des symptômes les plus intéressants des changements profonds qui s’opèrent dans les valeurs de références sociales? (à suivre) comme l’aurait dit Casterman en son temps...
220
& L A C H IE NNE ! Because I got into making fanzines in the seventies and was taking part in counterinformation papers and comics fanzines, and considering all the US underground comix I gobbled up with all the lysergic counter culture that they were passing on, I considered for a long time that fanzines were exclusively an alternative to traditional publishing. But in the eighties counterculture was on the down and for many people, fanzines had become a sort of talent pool, a stepping stone for authors before they could start working with the « big » publishers. In the decades of 90/2000, with the arrival of the internet, the deal changed because blogs enabled a growing number of people to express themselves in public and to show their opinions and their work. This return to Do It Yourself, as a response to the absence of the physical presence of the book object and the touch of paper led to a multiplication of independent productions and meetings dedicated to them here and there. But what about a time when the press and publishing, victims of the mutation experienced by society can only respond with extreme editorial recipes? At a time when it is so cheap to print a large number of luxurious books in the factory of the world called China, the world of small publishing is certainly meant to refocus its artistic productions around the fundamental values that are the pleasure of publishing, of showing personal work, of being ever better, without trying to conquer the world and instead to have a direct relation with others who love it, amateurs recovering here all its primordial noble sense of being « the one who loves ». Isn’t this phenomenon also part of the desire « not to succeed » which is one of the most interesting symptoms of the deep changes that are taking place in the values of social references? (to be continued) like Casterman used to say in his time...
221
À chaque demi-mesure sa complétude Il me vient à l’esprit que l’on a sans doute jamais UNE idée, à la fois, je veux dire qu’il me semble qu’il y ait une IDÉE MAÎTRESSE qui filtre les différentes pensées qui peuvent amener à chaque nouvelle idée, concept ou pensée que nous émettons. Si pour certains cette idée maîtresse est un fil rouge conséquent qui les guide dans leur progression, pour d’autre elle reste souterraine, inconsciente, mais elle filtre néanmoins tout ce qui est le résultat d’amalgames de pensées, de constatations et de faits qui vont passer par sa moulinette. Ce filtre mental est sans cesse enrichi de nouvelles alvéoles qui affine son tamisage sous la houlette de l’Idée Maîtresse qui nous anime. Découvrir ce filtre, mettre en lumière cette idée maîtresse, l’apprivoiser en quelque sorte, c’est renaître sous la forme d’un être plus maîtrisé, plus serein et plus conscient de son environnement et de sa place dans l’univers et de son implication. Sans doute est ce la quête d’une vie, la mettre à jour puis l’utiliser au mieux, qui sait?
T O U R ISM E
Je n’ai jamais pu, ni même souhaité, m’intégrer à un groupe, m’affilier à un parti, une obédience, une congrégation, une corporation et encore moins une confession. Bien sûr un déterminisme collant comme une sangsue me situe socialement mais je reste furieusement individualiste. Une façon comme une autre de pouvoir être en vacance permanente de la société. Je passe de caste en caste, de couche sociale en couche sociale, de milieu en milieu sans trop de dommages mais avec beaucoup d’intérêt, un intérêt quasi-scientifique, donc sociologique, mais il faudrait alors imaginer un sociologue à la sauce Tryphon Tournesol, ou mieux encore, l’inspecteur Gadget de la socio-philo-ethno à Sophie. Évidemment il y a des limites, les milieux et les gens trop codifiés, auto-enchainé par leurs petites prérogatives et pouvoirs à des manières d’être restent impénétrables comme leurs voies de seigneurs, qu’ils soient de la upper ou de la lower class. Rien de grâve, puisque cette sclérose finira par les étouffer et les faire disparaître comme autant de dinosaures qu’ils sont, reliquats de l’ère industrielle ou petits satrapes de la politique du XXe siècle, ils sont mûrs à être empaillés ou conservés en inclusion sous résine pour les siècles futurs, si tant est qu’alors on s’intéresse encore à ces vestiges de ce que l’humanité n’a pas de meilleur.
L’herbe de la voisine défonce toujours mieux!
222
S O CI A L
For each half-measure its fullness It crosses my mind that we probably never have ONE idea at a time, I mean that I believe that there is one MASTER IDEA that filters all the other thoughts that can lead to new ideas, concepts or thoughts that we emit. For some, that master idea is a significant red thread that leads them in their progression, but for others it may be subterranean,
S OCIA L T O U R ISM I never could or wanted to integrate a group or become a member of a party, an obedience, a congregation, a corporation or even less so a confession. No doubt I’ve got the leech of social determinism stuck on me but I’m still a fervent individualist. It’s a way like others to be in a permanent vacation with society. I can move on from one caste to another, from one social layer to another, from one milieu to another without too much harm but with a great deal of interest, an almost scientific or even sociological interest, but then you should imagine a sociologist like Tryphon Tournesol, or better still, Inspector Gadget with Sophie’s auto--philo-ethno enchained with their minor prerogatives and powers to ways of being that are as impenetrable as their ways of the Lords, whether they be upper or lower class. Nothing serious, since this sclerosis will end up choking them and make them disappear like the dinosaurs they were, relics of the industrial era or small pawns of 20th century politics, they ready need to be stuffed or preserved embedded in resin for the centuries to come, just in case humanity of that time would still be interested in those relics for lack of anything better.
subconscious, even if it does filter all that is the result of all our thoughts, findings and facts that are then analyzed. This mental filter is constantly enriched with new alveoli that finetune its sifting through the sieve of the Master Idea that animates us. Discovering this filter, putting to light this master idea, taming it in a way would mean a rebirth in the shape of a more controlled, calmer being more conscious of his environment and of his place in the universe and of the consequences of his acts. This would certainly be the quest of a lifetime, how to discover it and use it to make the
The grass of the neighbor smashes always better!
223
most of it, who knows?
Le but de la poésie (...) c’est de nous mettre dans un état second, ou plutôt, de faire que l’état second devienne l’état premier. Le but de la poésie est de nous mettre en l’état poétique.
BIBLIOGRAPHIE ÉDITIONS PYRAM Y D
JEAN-JACQUES TACHDJIAN Collection Design&Designers
Edgar Morin
ÉDITIONSLA CHIE N N E
(Amour, Poésie, Sagesse)
LIGNES À COLORIER poèmes de Henry Rocquet
CATARADIA Catalogue des Radiateur-Fontes
ELROTRINGOMIX Compilation de Bandes Dessinées
titties
KALEIDOPIA COMIX Abstract Comix
POUR EN FINIR AVEC EL ROTRINGO Compilation d’autoportraits
and beer!
MICROSABIR cuisine graphique instantanée
AVENTURES CONSIDÉRA(B)LES Manuel de métaphysique amusante
LETTERS ON FELLA Hommage à Ed Fella, textes de Renaud Faroux
ACHEVEZ-LE! KILL HIM OFF! Achevé d’imprimer en août 2015 par Printachats pour le compte des éditions la chienne Dépot Légal Septembre 2015 Les deux cents premiers exemplaires de cet ouvrage sont numérotés et signés de 1 à 200 et arborent une sérigraphie hand-made sur la couverture
Tous droits réservés pour tous pays y compris la Corée du Nord, l’État Islamique, l’URSS, les îles Caïmans et le Zizikistan.
© 2015 la chienne ISBN 9782953505207
9 782953 505207
224
90000 >
Pensé, conçu et réalisé par La chienne 118 rue des poutrains 59200 Tourcoing France lachienne.com