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Ambassade de l’Inde - Numéro 400 - MARS/AVRIL 2010
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Editorial Sommaire FESTIVAL NAMASTE FRANCE • Les derniers Maharajas, exposition à la Fondation Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent, Paris, du 10 février au 9 mai 2010 3 • Escales indiennes, du 11 février au 31 décembre 2010 4 • Festival de l’imaginaire du 3 mars au 25 avril 2010 4-5 • Miniatures et peintures indiennes Exposition à la Bibliothèque Nationale de France François Mitterrand (Galerie François II) Paris, du 9 mars au 6 juin 2010 5-6 • Autres maîtres de l’Inde du 30 mars au 18 juillet 2010 6-7 • Festival en hommage au Pandit Ravi Shankar à Paris, du 12 au 19 avril 2010 7 • Discours du Dr Karan Singh à l’occasion de l’inauguration « Namaste France », Paris, 14 avril 2010 8-9 • Quand les « autres maîtres de l’Inde » s’exposent au Musée du Quai Branly... Ou l’histoire d’une révélation en matières d’arts premiers 10-16
Les mois de mars et avril ont été marqués par la première phase des événements organisés dans le cadre de Namaste France, ce festival de l’Inde en France qui a été officiellement lancé le 14 avril dernier au Musée du Quai Branly en présence du Dr. Karan Singh, Président de l’Indian Council for Cultural Relations et l’ambassadeur de l’Inde en France, M. Ranjan Mathai pour le côté indien et par M. Jean Gueguinou, Président de Cultures France, pour la partie française.
DESTINATIONS A DÉCOUVRIR • Bhavnagar au Gujarat 29 • Bargarh en Orissa : foyer du plus grand festival de théâtre en plein air du monde 30 • Gros plan sur le Jammu-et-Cachemire 31-33
Dans ce numéro, nous vous invitons à découvrir ces manifestations mises en place en France pour faire découvrir au public français diverses facettes de l’Inde : exposition sur les costumes des derniers Maharajas à la fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent à Paris, exposition « Impressions croisées : de Bombay par Wolinski, de La Rochelle par Morparia » aux Escales indiennes à La Rochelle, Festival de l’Imaginaire à la Maison des Cultures du Monde à Paris animé entre autres par des représentants du Krishnanattam et du Mohini Attam, exposition grandiose sur les Miniatures et Peintures indiennes à la Bibliothèque François Mitterrand à Paris, exposition Autres Maîtres de l’Inde au Musée du Quai Branly qui a présenté au public parisien l’art des peuples premiers de l’Inde, Festival en hommage à Ravi Shankar organisé à Paris par l’association Ethnomusika. Nouvelles de l’Inde aura le plaisir de vous fournir des informations sur ces événements.
LE COIN DES ENFANTS • Le roi et le tamarinier ECHOS ET SENTEURS DE L’INDE REVUE DES LIVRES NOUVELLES DE L’INDE LE COIN DES ÉCHOS
Nous rendons aussi hommage à un grand nombre d’amis de l’Inde qui sont décédés au cours des derniers mois et dont plusieurs étaient de grands contributeurs aux Nouvelles de l’Inde sous une forme ou une autre.
LA FRANCE EN INDE • Regards croisés sur une danseuse française en Inde et un danseur indien en France
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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE • Portrait d’une femme au service de la beauté : Shahnaz Husain
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AUTRE ASPECT DE LA CULTURE INDIENNE • Le Pravâsi raconté à mes amis
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34 35-36 37-39 40-41 42-3ème de couv.
Publié par le Service Presse, Information et Culture de l’Ambassade de l’Inde 15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARIS Tél. : 01 40 50 50 18 - Fax : 01 45 24 33 45 E-Mail : c-pic@orange.fr Rédacteur en chef : Namrata Kumar, Conseiller (PIC) Assistante de rédaction : Viviane Tourtet avec la collaboration de Samia Rizoug et Emilie Chergui. Contributeurs du numéro : Deepti Bhagat, E.B., Michel Chapotin, Emilie Chergui, Eunice de Souza, Mireille-Joséphine Guézennec, India Brand Equity Foundation (IBEF), Jean-Régis Ramsamy, Samia Rizoug et Chloe Romero. Imprimé par : Imprimerie et Editions Henry 62170 Montreuil/Mer - Tél. 03 21 90 15 15 Mentions : Toute correspondance sera adressée au Service Presse, Information et Culture, Ambassade de l’Inde, 15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARIS Les opinions exprimées dans les articles signés ne sont pas nécessairement celles de l’Ambassade de l’Inde. Photo 1ère de couverture : ©P.Celarie Photo 4ème de couverture : ©P.Celarie
Nous renouvelons nos excuses auprès de nos lecteurs pour la parution retardée du magazine Nouvelles de l’Inde. En espérant que vous avez passé un bon été, nous vous souhaitons une bonne rentrée et vous invitons à découvrir dans l’agenda culturel publié sur le site de l’ambassade (www.ambinde.fr) les nouveaux projets mis en place à travers la France.
Namrata Kumar Conseiller (Presse, Information & Culture)
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FESTIVAL NAMASTE FRANCE LES DERNIERS MAHARAJAS, EXPOSITION À LA FONDATION PIERRE BERGÉ ET YVES SAINT-LAURENT, PARIS, DU 10 FÉVRIER AU 9 MAI 2010 Organisée en collaboration avec la Hutheesing Heritage Foundation, représentée par Umang Hutheesing, l’exposition a présenté les costumes des cours princières indiennes de la fin du Raj. C’est d’une véritable «bibliothèque», où l’on cherche le textile comme on cherche des textes, que Pierre Bergé, qui a aidé à fonder la marque Yves Saint Laurent, a tissé les costumes de son exposition. Un thème et une période dans la variété de cette collection ont été choisis comme l’indique le titre de l’exposition “Le temps des Maharajas. Les costumes du grand Durbar à l’indépendance (19111947) “. L’année 1911, c’est celui du grand Durbar, la cérémonie royale pendant laquelle George V et sa femme Mary sont couronnés « Empereurs de l’Inde » et 1947, c’est la date de la chute de cet empire, de l’indépendance de l’Inde qui met à la mode le coton blanc le plus simple, le kadi porté par Gandhi. La sélection présente ainsi les costumes de cérémonies des princes des cours dans cette période de grand déclin. Pourquoi un tel choix ? Parce que c’est une période où tout est orienté sur la splendeur, l’apparence. En effet quand nous regardons l’histoire des maharajas dans cette période, nous remarquons que plus ils perdent leur pouvoir, plus leurs costumes deviennent Nouvelles de l’Inde n° 400
luxueux. La couronne britannique a laissé aux Maharajas leurs titres et leurs biens, mais leur a ôté le droit de faire la guerre. Privés de leur force, les derniers Maharajas rivalisent sur la grandeur de leur image. Le vêtement est au cœur du lien social de cette période courtoise. L’apparat devient le langage officiel des cours. Pour la création textile, c’est une époque formidable, qui stimule comme jamais auparavant le talent des artisans indiens. Un temps béni pour la création. Tous les costumes présentés sont uniques, montrant la variété des régions, des techniques utilisées, le tissage, la broderie, des imprimés, la teinture et des matières choisis : beaucoup de soie, mais aussi un peu de coton, un peu de laine, le velours avec broderie d’or en abondance. Une profusion de couleurs et de matières précieuses. Ce goût de l’ostentation atteindra son paroxysme quand en 1925, Monsieur Bhupindar Singh, le maharadja de Patiala, a commandé à la maison Cartier, à Paris, la plus riche parure jamais réalisée : “le collier aux mille carats” - environ 3000 diamants. Tous ces costumes révèlent aussi le grand soin qui a été apporté à leur fabrication. Certains saris ont exigé trois ans de travail d’une personne seule et il est nécessaire de les regarder avec attention pour réaliser leur raffinement.
Plusieurs disent des histoires, telles des peintures. Nous lisons sur certains le chinois, l’arabe, les influences européennes. Nous croisons Krishna jouant de la flûte, une princesse dans un jardin a été entourée de trois symboles royaux de la féminité. Chaque bête est couronnée. Mais nous voyons aussi l’aigle à deux têtes des Habsbourg, le lion anglais et des maharadjas fumant sur des véhicules à vapeur. Présenté pour la première fois au public, “ces costumes disent l’histoire de civilisation indienne, lève Jerôme Neutres. De la fin de l’Inde au début de l’Inde.” De ce grand théâtre que furent les cours des derniers Maharajas, il nous reste les costumes sur les étoffes desquels fut écrite cette histoire. ❑ 3
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ESCALES INDIENNES DU 11 FÉVRIER AU 31 DÉCEMBRE 2010 Ces Escales témoignent de l’ouverture et du rayonnement culturel de la ville. Ecrivains, metteurs en scène, cinéastes, plasticiens, chorégraphes, comédiens et une foule d’autres artistes des quatre coins du monde se sont donné rendez-
Les Escales Indiennes, organisées par le Centre Intermondes et son président, Guy Martinière couvrent presque l’intégralité de l’année 2010 à la Rochelle, dans la mesure où elles se déroulent du 11 février au 31 décembre. Les nombreux projets culturels intégrés aux Escales Indiennes ont vu le jour grâce aux démarches menées par les partenaires de la manifestation : Alliance française de Bombay, Carré Amelot, Ville de La Rochelle et ses nombreux sites qui ont accueilli à bras ouverts la culture indienne, la région Poitou-Charentes, le Centre Euro-India ou encore le Musée d’Orbigny-Bernon. Les acteurs locaux et régionaux de la culture ont séjourné dans des résidences, permettant ainsi davantage les échanges culturels.
Meena Naik de Bombay et à un repas de gala indien au Lycée hôtelier de la ville, en partenariat avec le Catherine College de Bombay, favorisant ainsi les échanges d’étu❑ diants.
De gauche à droite, M. Wolinski, M. Jean-Claude Cousseau, Directeur général adjoint des services de la Ville de La Rochelle, chargé de la Culture, des Sports, M. Ranjan Mathai, ambassadeur de l'Inde en France et M. Morparia.
vous sur cette période introduite par l’exposition « Impressions croisées : de Bombay par Wolinski, de La Rochelle par Morparia » à la médiathèque Michel Crepeau. Dans la foulée, le mois de mars a été l’occasion d’assister à un spectacle et des ateliers de marionnettes autour du thème « Les animaux et les dieux » par la compagnie
FESTIVAL DE L’IMAGINAIRE DU 3 MARS AU 25 AVRIL 2010 La ville de Paris a accueilli cette année le 14ème Festival de l’Imaginaire réalisé par La Maison des Cultures du Monde. Celui-ci s’est déroulé du 3 mars au 25 avril 2010. Ce festival est destiné à des élèves de tous âges, sollicités à découvrir des patrimoines culturels des qua4
tre coins du monde de manière ludique et didactique où l’esthétique prime. La Maison des Cultures du Monde « propose une ouverture à la diversité esthétique, culturelle, humaine ». Du 11 au 14 mars, l’Inde a ouvert le festival sous la forme d’un spectacle d’Inde du sud excluNouvelles de l’Inde n° 400
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FESTIVAL DE L’IMAGINAIRE
sivement réservé aux temples, le Krishnanattam (ou Krishnattam, « jeu de Krishna »), mettant en
scène la jeunesse de Krishna. La troupe du grand temple de Guruvayur au Kerala présentera ce rituel de manière dansée et chantée. Et tout cela flirtant de près avec l’imaginaire, un imaginaire marqué par des artistes masqués, costumés, et amplement maquillés. Des maîtres du Mohini Attam, danse classique du Kerala, ont animé le Festival de l’Imaginaire,
les samedi 27 et dimanche 28 mars 2010. Cette danse s’inspire de la mythologie hindoue et symbolise « la danse de l’enchanteresse. » Kalamandalam Kshemavathy et Kalamandalam Leelamma, danseuses, et une poignée d’autres artistes (chanteur, violoniste, tambours mridangam et edaykka, cymbales nattuvan), sponsorisés par l’Indian Council for Cultural Relations (ICCR) pour Namaste France, le festival de l’Inde en France pour la période 2010-2011, ont charmé petits et grands par leurs talents. Les deux danseuses mentionnées ci-dessus sont des artistes de renom à qui ont été attribuées des récompenses prestigieuses. ❑
MINIATURES ET PEINTURES INDIENNES, EXPOSITION À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE FRANÇOIS MITTERRAND (GALERIE FRANÇOIS II) PARIS, DU 9 MARS AU 6 JUIN 2010 La Bibliothèque Nationale de France conserve dans ses collections, un ensemble extrêmement riche et encore mal connu de miniatures et peintures indiennes des XVIIème et XVIIIème siècle qui compte plusieurs milliers d’œuvres provenant pour l’essentiel des collections royales. Les fonds se sont constitués à travers trois vagues Nouvelles de l’Inde n° 400
successives reflétant les relations de la France et de l’Inde dans les dernières années du XVIIIème siècle et au début du XIXème. Une première exposition À la cour du grand Moghol avait été organisée par la BnF en 1986 à l’occasion de l’Année de l’Inde. Un quart de siècle après, à l’occasion de la publication de l’inventaire complet de l’ensemble 5
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MINIATURES ET PEINTURES INDIENNES, EXPOSITION À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE FRANÇOIS MITTERRAND
conservé au département des Estampes (2600 œuvres), 150 pièces environ, choisies parmi les plus belles et les plus rares, ont été présentées. « Miniatures et peintures indiennes » est une collection peu banale qui possèdent deux axes majeurs : d’une part, un ensemble cohérent de précieuses miniatures des écoles mogholes en majorité tardives ou d’écoles provinciales, conservées en recueils factices, exécutées, pour l’essentiel, au temps du dernier des Grands Moghols, l’empereur Aurangzeb (1658-1707) et de ses successeurs immédiats. On y trouve les effigies des empereurs et des princes timourides, les dignitaires de la cour, mais aussi des autorités religieuses, cheikhs et soufis. Le second ensemble de la collection, quasi inédit, provient d’Inde méridionale.
Il s’agit de recueils de peintures illustrant les grands textes épiques (Ramayana, Mahabharata) ou représentant les dieux hindous. Ces albums « souvenirs », aux couleurs audacieuses et au dessin synthétique, étaient destinés à une clientèle de résidents ou de visiteurs européens. On peut leur associer d’autres albums, d’une insigne valeur ethnographique, qui s’attachent à peindre la diversité des métiers et les castes à travers leurs spécificités vestimentaires. Pièces populaires de facture naïve, ces suites, parfois qualifiées de « bazar paintings », quelque peu méprisées hier, ont acquis, par leur rareté, un intérêt documentaire et iconographique majeur. À ces deux domaines, il faut ajouter d’imposants dessins d’architec-
ture, également réalisés pour des Européens qui souhaitaient garder le souvenir enchanteur des monuments visités…Ensemble, miniatures et peintures reflètent deux fa-
ces d’une même culture, islamique et hindoue, deux mondes esthétiques qui, tout en étant éloignés, ont cohabité harmonieusement et donnent à voir un panorama de l’Inde dans son infinie diversité. C’est à l’occasion de la publication complète, en deux volumes, du catalogue de cette collection, qu’a été présentée cette exposition. Quelques œuvres indiennes du département des Manuscrits y ont été associées, annonçant la préparation du catalogue de cette seconde collection de la BnF. ❑
La Galerie Jardin du musée de Quai Branly a présenté, du 30 mars au 18 juillet 2010, l’exposition Autres Maîtres de l’Inde dans le cadre du festival Namaste France. Le musée a voulu montrer au grand public
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l’art de certains peuples hindous isolés dans des zones pour la plupart montagneuses en révélant la splendeur des traditions artistiques des « Adivasi » (les premiers habitants en sanskrit). Nombreux sont ceux qui ont contribué à l’élaboration de cette exposition afin de rassembler une vaste variété d’objets. Non seulement le musée du Quai Branly a-t-il apporté des pièces de ses propres collections, mais des particuliers et des musées européens ont aussi collaboré et bien voulu prêter leurs trésors. L’Inde est un pays très attaché au sacré et à la tradition. Le Musée du Quai Branly l’a bien compris et a sou-
© photo Aditya Arya
AUTRES MAÎTRES DE L’INDE DU 30 MARS AU 18 JUILLET 2010
Aéroplane de Nankusia Shyam, acrylique sur toile
haité refléter cette tradition et l’artisanat indien en faisant importer des pièces traditionnelles conçues dans des villages indiens. L’exposition était divisée en plusieurs sections dont la première illustrait la situation tribale en Inde Nouvelles de l’Inde n° 400
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© 2010 exposition-paris.info
Une dernière partie proposait une sélection d’œuvres de deux artistes de renommée internationale sur le marché de l’art : Jivya Soma Mashe (tribu Warli/Thane district) et Jangarh Singh Shyam (peuple Gond / Madhya Pradesh). Spécialiste des arts premiers, le musée du Quai branly a une fois de plus su étonner ses visiteurs par ❑ cette incroyable exposition.
figures votives en terre cuite du Tamil Nadu, des panneaux muraux, des peintures (autour du Mythe de la Création) du Gujarat, des masques rituels en bois, des textiles et des bijoux, créations des Naga, ces tribus établies au nord-est de l’Inde.
© Musée du quai Branly, photo Michel Urtado, Thierry Ollivier
à l’époque coloniale, postcoloniale et contemporaine. Le culte des Bhuta (esprits des ancêtres, parents, animaux disparus) est très courant dans le sud de l’Inde. Le musée a présenté des sculptures Bhuta qui sont des statuettes sculptées dans le bois. Des
FESTIVAL EN HOMMAGE AU PANDIT RAVI SHANKAR À PARIS, DU 12 AU 29 AVRIL 2010 sadeur de la musique classique indienne en Occident, Ethnomusika a rendu un vibrant hommage au grand maître de la musique hindoustani en organisant une série d’évènements exceptionnels. Au programme, conférences, projec-
tion de documentaire, atelier d’improvisation musicale et concert, sans oublier une nuit spéciale Ravi Shankar sur la radio France Musique avec des témoignages inédits et des documents d’archi❑ ves.
L’association Ethnomusika est une association basée dans le 13ème arrondissement de Paris composée de personnes de milieux divers ayant pour point commun un attrait pour l’anthropologie et la musique. A l’occasion du 90e anniversaire de Ravi Shankar (7 avril 1920-7avril 2010), sitariste exceptionnel originaire du Nord de l’Inde et ambasNouvelles de l’Inde n° 400
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DISCOURS DU DR. KARAN SINGH Président de l’Indian Council for Cultural Relations À L’OCCASION DE L’INAUGURATION « NAMASTE FRANCE » - PARIS, 14 AVRIL 2010 La culture indienne a évolué à partir d’une interaction prolongée et diffuse entre le génie inhérent à l’Inde et les idées et concepts qui sont arrivés périodiquement de diverses parties du monde. Le résultat a été un brillant mélange d’identités, de pensées et d’expressions qui a conduit à une explosion de créativité probablement sans parallèle. Comme Max Mueller le disait une fois : « Si l’on me demandait sous quel ciel l’esprit humain a le plus pleinement développé certains de ses dons les plus précieux, le plus profondément réfléchi sur les plus grands problèmes de l’existence et trouvé des solutions, je désignerai l’Inde. »
Excellences, Mesdames et Messieurs, « Namaste » est la manière traditionnelle indienne de saluer, symbolisant l’affection et le respect de l’Inde et c’est par ce salut que j’inaugure le Festival culturel indien en France. L’Inde a quelque chose qui trouve écho dans la psyché française et c’est ce désir d’une plus grande familiarité que nous visons à satisfaire. A travers ce festival, nous présentons au peuple ami français un bouquet de manifestations qui mettent en lumière la myriade de facettes de la culture indienne, depuis la danse que vous avez vue aujourd’hui à la peinture, la musique, le cinéma, le théâtre en passant par le yoga, l’ayurvéda et la gastronomie.
L’Inde est peut-être le seul pays au monde dont les influences culturelles et religieuses ont été diffusées de long en large sans qu’un seul soldat ne soit envoyé audelà de ses frontières ou qu’une seule balle ne soit tirée. La conscience indienne s’élargit à de nombreux domaines, la tradition se frottant à la modernité. La culture que nous représentons n’est jamais statique mais en perpétuelle évolution. Ainsi Namaste France mêlera inévitablement l’ancien et le nouveau, le traditionnel et le contemporain, sans heurt. La beauté cultivée de nos formes artistiques classiques se combineront à la pas-
Nous aèvons choisi d’inaugurer le festival avec « Aadi Nritya », un spectacle qui nous fait remonter aux origines de la danse et qui est particulièrement approprié lorsqu’on le voit avec en toile de fond la magnifique exposition des œuvres des « Autres maîtres de l’Inde » , les adivasis de l’Inde, en ce musée même. L’Inde est et a toujours été définie par les arts – à la fois les arts du spectacle et les arts visuels – qui ont toujours fait partie du mode de vie indien. Pour en faire la démonstration, l’une des danseuses les plus connues de l’Inde, Mallika Sarabhai, a spécialement écrit un tableau chorégraphique pour cette soirée, situant la beauté de la danse indienne dans les traditions folkloriques de notre peuple. 8
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sion de la musique, du cinéma, de la danse et du théâtre populaires. Nous avons pour projet de présenter des événements culturels dans diverses villes du pays et clôturerons le festival par une exposition des peintures du Lauréat du Prix Nobel, Rabindranath Tagore, la première dans cette ville depuis 1929. Nous avons entretenu des liens culturels réguliers avec la France, un pays avec lequel nous avons le plaisir de partager une relation amicale et spéciale. Les liens qui nous unissent sont soutenus par une compréhension politique et un commerce mutuellement profitable ; ils vont bien au-delà, vers des valeurs partagées de liberté et de créativité. Nous pouvons tous deux nous enorgueillir à juste titre de notre patrimoine culturel et de
notre contribution à la culture mondiale. La France a récemment organisé son propre festival culturel « Bonjour India » en Inde qui a connu un vif succès. Avec le festival « Namaste France », l’Inde offre à la France en retour une manifestation de sa culture. Je suis convaincu que le Festival de l’Inde, « Namaste France », conduira à une meilleure compréhension des traditions culturelles et de l’histoire indiennes et inspirera un nombre encore plus grand de personnes à venir visiter notre pays et à prendre plaisir soi-même dans sa variété. Il se trouve que je suis né à l’Hôtel Martinez à Cannes ce qui explique que j’ai un lien émotionnel particulier avec la France. Bonsoir, au revoir.
❑
L’inauguration L’ouverture du festival culturel Namaste France a eu lieu le 14 avril 2010 au Musée du Quai Branly, en présence de S.E.M. Ranjan Mathai, Ambassadeur de l’Inde en France, de Docteur Karan Singh, Président d’ICCR, et de M. Jean Gueguinou, Président de CulturesFrance ainsi que des nombreux spectateurs invités pour l’occasion. Les dignitaires du gouvernement ont rappelé à quel point ils étaient honorés de participer à cette cérémonie en sa-
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luant le travail des nombreux partenaires du festival et ont souligné leur profond attachement en faveur des relations qu’entretient la France avec l’Inde. Le spectacle Aadi Nritya, une fresque dansée présentée par Mallika Sarabhai et la troupe de la Darpana Academy qui a suivi les discours a marqué le lancement officiel des activités culturelles. Il en ressort une création comprise entre tradition et modernisme re-
présentée sur fond de l’exposition des arts indigènes indiens « Autres Maîtres de l’Inde » qui dévoile un autre visage de l’Inde : celui des populations autochtones et des communautés « Adivasi ». L’événement témoigne de la vigueur des traditions artistiques de l’Inde et de son ouverture au monde extérieur. Le cocktail qui a suivi a permis d’accentuer les échanges et de ❑ clôturer la soirée.
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L’exposition « Autres Maîtres de l’Inde » qui se tient au Musée du Quai Branly du 30 mars au 18 juillet 2010 constitue en France l’un des grands moments artistiques qui a mis en lumière et en scène l’art tribal et rural contemporain de l’Inde. D’emblée, les grandes statues votives Bhutas du Karnataka incarnant la puissance énigmatique de l’esprit des ancêtres précèdent un univers de créatures fabuleuses - tel Paphal le serpent mythique - surgies de la forêt qui côtoient les chevaux monumentaux et hiératiques du culte Ayyanar, que l’on peut rencontrer à certains carrefours des routes du Tamil Nadu. La sobriété épurée des figures et motifs rythmiques dansant sur les toiles brunes et blanches de Jivya Soma Mashe, le plus grand artiste Warli, compose avec l’exubérance colorée et l’imaginaire fantastique du Bestiaire de Jangarh Singh Shyam, chef de file des artistes Gond. Au symbolisme plus abstrait des représentations cosmogoniques peintes par les artistes des Iles Nicobar sur des planches hentakoi, utilisées pour la divination, répondent les paravents ajourés et les panneaux muraux blanchis à la chaux, ornés de personnages naïfs et colorés, dans les créations poétiques et en relief de Sundaribai, une artiste tribale inspirée par la talentueuse Sonabai qui fut l’initiatrice de cette tradition, dans le district de Sarguja (Chhattisgarh). L’excellence de la beauté simple et authentique, les subtilités formelles ou l’exultation colorée d’une très grande diversité d’œuvres d’art ainsi que le choix de leur mise en scène, résolument moderne, dans ce Musée parisien des « Arts Premiers » méritent d’être salués car c’est, sans aucun doute, l’une des plus belles expositions de la Saison 2010. (MJG) Pour mieux comprendre la genèse et la patiente gestation de cette exposition, aussi rare qu’exceptionnelle, placée sous la direction de Dr. Jyotindra Jain, le Commissaire Principal de l’exposition, Mireille-Joséphine Guézennec a interviewé Jean-Pierre Mohen, Commissaire de l’exposition pour la France ainsi que Vikas Harish, le Conseiller scientifique. En tant que spécialistes d’art ancien et d’archéologie ainsi que de muséologie et d’art contemporain, ils ont conjointement œuvré sous la direction de Dr. J. Jain dont les travaux éminents et les réalisations sur l’art tribal et autochtone de l’Inde sont très reconnus. 10
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©M.J. Guézennec
QUAND LES « AUTRES MAÎTRES DE L’INDE » S’EXPOSENT AU MUSÉE DU QUAI BRANLY... OU L’HISTOIRE D’UNE RÉVÉLATION EN MATIÈRE D’ARTS PREMIERS
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QUAND LES «AUTRES MAÎTRES DE L’INDE » S’EXPOSENT AU MUSÉE DU QUAI BRANLY.... OU L’HISTOIRE D’UNE RÉVÉLATION EN MATIÈRE D’ARTS PREMIERS...
Entretien avec Vikas Harish Conseiller scientifique de l’exposition
Sculptures Bhuta ou Demeures des esprits - Karnataka
sentée avec une telle ampleur. Cette dimension contemporaine est ici sous-jacente de par son actualité contextuelle tribale et rurale, car ici l’art est non seulement défini par la tradition mais également au travers de ses expressions contemporaines. MJG - En tant que conseiller scientifique de l’exposition, vous avez travaillé en collaboration étroite avec Dr J. Jain et Mr J.P. Mohen, les commissaires respectifs de l’exposition pour l’Inde et pour la France, pouvez-nous dire qu’elle a été votre démarche et
©G. Moisset
Vikas Harish - « Autres Maîtres de l’Inde » est une exposition consacrée à l’art rural et tribal de l’Inde. Le contenu de cette exposition définit bien son contexte, puisque l’Inde est aussi renommée pour ses formes d’arts classiques et également pour ses différentes expressions contemporaines en matière d’art et de cinéma. Cependant l’Inde rurale et tribale est demeurée inchangée, même sous le poids des invasions importantes et de la colonisation, car c’est la tradition qui orchestre la créativité. Nous contemplons les temples et leurs sculptures ou les palaces somptueux, mais il y a une autre Inde qui est très vibrante, créative et exemplaire. Le choix de cette exposition est fondé sur cette idée. En Occident nous avons différentes approches de l’Inde, cependant c’est la première fois que sa dimension rurale et tribale est pré-
©M.J. Guézennec
M.J. Guézennec - Pouvez-vous nous dire dans quel contexte s’inscrit le choix de cette exposition “Autres Maîtres de l’Inde” qui a lieu au Musée du Quai Branly et dont le thème est entièrement dédié à l’art tribal ou mieux vaudrait-il dire, aux arts premiers et contemporains de l’Inde ?
J.P.Mohen et V.Harish à Bimbetka
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quelles ont été les principales étapes pour la conception et la réalisation de cette exposition ? VH. - J’ai en effet travaillé de façon très étroite avec Dr. Jain et Dr. Mohen pour élaborer tout d’abord un premier descriptif de l’exposition. Cela a consisté à choisir les objets et même à identifier les artistes qui seraient invités pour réaliser des oeuvres. A chacune des étapes, j’ai été étroitement associé à Dr. J. Jain qui, en tant que Conservateur Principal, nous a donné les thématiques d’ensemble. En premier lieu, j’ai commencé à travailler sur les collections des bronzes Bastar que possède le Musée du Quai Branly. Cependant nous avons très vite réalisé que cela n’était pas suffisant et nous avons cherché à établir des liens avec les collections privées et publiques en Inde, mais également en Angleterre, en Allemagne, en Autriche ainsi qu’en France bien sûr. Une fois que nous avons identifié ces objets, les structures pour l’exposition ont été conçues par des architectes. Parallèlement l’équipe a travaillé soit sur les textes de 11
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QUAND LES «AUTRES MAÎTRES DE L’INDE » S’EXPOSENT AU MUSÉE DU QUAI BRANLY.... OU L’HISTOIRE D’UNE RÉVÉLATION EN MATIÈRE D’ARTS PREMIERS...
©Ph. Prediger
MJG - Le titre “Autres Maîtres de l’Inde” est en lui-même très évocateur, cela revient à accorder à l’art et aux créations des populations tribales de l’Inde, une reconnaissance et une place éminente. Est-ce aussi en raison du statut particulier des populations « Adivasis » qui, en Inde, ont préservé leurs traditions ? On sait qu’ils sont aujourd’hui quelque 60 millions dispersés dans différentes régions de l’Inde...
Le serpent mythique (Manipur)
MJG - A plusieurs reprises au cours de ces dernières années vous avez été amené à vous rendre en Inde pour rencontrer des artistes qui allaient être les acteurs de l’exposition. Comment avez-vous déterminé le choix des styles, les oeuvres et les artistes ? Leur avez-vous demandé de créer des œuvres nouvelles pour l’exposition? De leur côté comment percevaient-ils le projet d’une exposition à Paris ? VH - En fait les choix n’ont pas été du tout difficiles. Les artistes présents dans cette exposition sont tous des maîtres renommés qui représentent chacun un rameau de leur tradition avec leur manière propre de dépeindre et d’exprimer leur domaine contemporain. Ils puisent tous leur inspiration artistique dans l’héritage du rituel pour lui donner une expression plus profane. Au fur et à mesure que l’on 12
travaillait sur l’exposition et plus spécialement au cours de nos visites des artistes dans leur village en Inde, il nous est apparu évident qu’il y avait un judicieux mélange entre la tradition et leur expression subjective qui en découlait pour s’orienter vers des formes contemporaines. Chaque artiste, et tout particulièrement ceux qui ont été invités à Paris pour l’inauguration, tels Jivya Soma Mashe, Sundari Bai ou Mohan Lal étaient très fiers de montrer leurs créations sur le lieumême de l’exposition. Cependant je n’oublierai jamais les propos de Sundari Bai qui disait que – « dans l’enceinte même du musée ses œuvres semblaient différentes de celles qu’elle avait réalisées ».
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l’exposition, soit sur ceux du catalogue. Mais je dois avouer que plus la date de l’inauguration approchait, plus nous avons mis l’accent sur toutes ces préparations, conjointement, au fur et à mesure que les choses se mettaient peu à peu en place pour faire de cette exposition ce qu’elle est : captivante !...
VH - Pour ces communautés, la tradition est un mode de vie à part entière. Elle est constituée par l’ensemble de leur vie socio-culturelle, de leurs aspirations spirituelles ainsi que de leur répartition démographique. Quand nous prenons en compte cette définition de la tradition qui dépasse celle du simple héritage ancestral, il n’est pas surprenant de comprendre pourquoi ces traditions ont survécu. Elles sont ancrées dans la nature même de ces communautés. Et comme ces communautés vivent éloignées des villes, l’isolement géographique s’avère également un facteur bénéfique pour préserver leur culture. Par conséquent, ce terme « Autres » est devenu pour nous très important, pas seulement parce qu’ils conservent cette altérité au regard de la vie urbaine, ou parce qu’ils sont différents par leur
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MJG - En Inde qu’il s’agisse de l’art classique ou de l’art “tribal”, le rituel et le quotidien, le sacré et le profane sont toujours reliés. Est-ce un trait de l’âme indienne que de toujours associer cette dimension sacrée et symbolique avec le côté prosaïque de la vie, ou encore le spirituel et le matériel? En tant que muséologue indien pouvez-vous nous éclairer sur ces liens encore plus forts dans les arts traditionnels qui sont ici présentés ?
Jivya Soma Mashe et son petit fils
continent indien, on voit par exemple dans la région Bastar où vivent les Gonds, que le tigre s’avère être la principale divinité de la forêt : il est donc vénéré en premier. On retrouve ceci également chez les Warli dans le Maharashtra et même dans le sud de l’Inde. Leur lien ancestral avec la nature s’exprime par le biais de cet animal. Le tigre devient synonyme de leur respect vis-à-vis de la forêt. C’est une relation quasi-personnelle qu’ils ont avec la nature car pour beaucoup de communautés elle fait partie de leur héritage ancestral. De même le cheval assume cette connotation de « monture » des esprits, ceci est venu du Nord vers le
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VH - La création artistique dans l’Inde rurale et tribale était aussi une expression de leur lien avec le divin. Depuis toujours, les artistes créaient des figures votives ou religieuses. Celles-ci ne sont pas forcément repérables par rapport à l’Hindouisme mais elles sont en consonance avec leur identité culturelle et religieuse. Si l’on prend l’exemple du tigre dans le sous-
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culture et certaines pesanteurs coloniales, mais aussi parce que ces “autres” sont également très qualifiés, bien que non reconnus par les arts contemporains. S’ils demeurent “autres” c’est que le plus souvent ils sont ignorés, non par leur manque de créativité, mais en raison du choix des académies urbaines et des spécialistes qui les gardent à l’écart des sélections artistiques contemporaines.
Artistes invités au Musée
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Sud de l’Inde, aussi les chevaux sont-ils différemment dépeints selon les cultures. La perspective sous-jacente est que ces communautés ont une aspiration spirituelle qui se mêle à leur vie de tous les jours, aussi n’est-il pas surprenant de voir qu’ils passent aisément du sacré au profane dans un même cadre temporel. Aujourd’hui ces communautés sont également concernées par les éléments de la modernité ; par exemple l’arrivée des avions ou la présence des trains interviennent dans leur création comme porteur de rêves inaccessibles ou encore comme métaphore d’un voyage possible sur le plan physique ou psychologique. L’un des traits constants est que depuis les temps immémoriaux leurs expressions dépeignent la compréhension qu’ils ont de leur environnement. Et même là où les objets de la modernité indiquent l’arrivée de la société urbaine, ceux-ci se fondent étroitement avec l’expression de leurs divinités autochtones. MJG - J’ai été tout particulièrement sensible à la puissance sobre et à la beauté des œuvres de Jivya Soma Mashe qui peint avec des couleurs ocres, du blanc et qui se sert également de la bouse de vache pour représenter des fi13
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Oeuvre de Jivya Soma Mashe
V.H. - Jivya Soma Mashe, est originaire de la tribu des Warli du Maharashtra, et il est le premier homme qui s’est mis à peindre dans une communauté où ces peintures murales rituelles étaient traditionnellement exécutées par des femmes à l’occasion des rites. Cependant son désir de peindre est venu des angoisses d’une enfance très difficile, de la nécessité de s’exprimer, or le seul moyen auquel il a pensé fut la peinture. Il a complètement changé le support des murs qui sont devenus du papier ou du tissu, mais le plus important c’est qu’il a rompu avec la tradition de la peinture rituelle du divin pour inclure ses narrations, l’histoire de sa vie, des récits traditionnels incluant les mythes, mais aussi une interprétation de sa vision des « autres », les urbains. Ses œuvres peuvent avoir une parenté stylistique avec les peintures ancestrales des caves que nous rencontrons dans le monde et même en Inde, à Bhimbetka par exemple, même si ce n’est pas un lien qu’il établirait de lui-même. Ceci est 14
mon analyse personnelle. Jivya Soma Mashe est le précurseur d’un courant de la tradition qui redéfinit une forme de l’art. MJG - Pensez-vous que cette exposition majeure et première sur cette forme d’art tribal qui se tient actuellement dans une capitale Européenne, à Paris précisément, va susciter une certaine prise de conscience en Occident et, en retour, pourra-telle contribuer à instaurer une reconnaissance encore plus officielle de ces arts premiers, parallèlement aux formes d’arts classiques que nous connaissons bien de l’Inde ? Même si d’ailleurs en Inde, il existe déjà pour l’art tribal des efforts de reconnaissance en ce sens... VH - Il est vrai qu’il y a déjà en Inde une forme de reconnaissance officielle avec les organisations des
MJG - Une dernière question, plus personnelle cette fois, et destinée au muséologue que vous êtes, puisque vous nous avez dit avoir consacré 4 ans de votre temps à penser cette exposition et à y travailler avec des collaborateurs français et indiens, en quoi ce cheminement intellectuel et artistique va-t-il laisser son empreinte? Vers quels projets avez-vous désormais l’intention de vous orienter ?
©M.J. Guézennec
gures et des motifs répétitifs et traditionnels, et lui aussi intègre des images tout à fait contemporaines, les trains ou les avions comme vous le dites… Est-ce une vision plus spécifique à J. S. Mashe que nous avons également rencontré lors de l’inauguration, puisque le Musée du Quai Branly l’a invité en France ?
Nations Unies ou avec d’autres instances. Néanmoins, je pense que cette exposition aura un rôle bien plus important à jouer. En transportant ces œuvres, hors du cadre de leur expression existentielle, dans un espace d’art contemporain, nous avons maintenant créé un évènement international reconnaissant officiellement l’existence de cette forme d’art séparée mais qui, au demeurant existe, au même titre que les écoles majeures d’art. Ceci est certainement le plus grand achèvement, car désormais il deviendra difficile de les vouer à l’oubli. De toute évidence, je m’attends maintenant à voir leurs créations contemporaines apparaître dans les Foires d’art ou dans les Biennales du monde entier. Si elles ont été présentées ici, c’est uniquement en raison de leur valeur esthétique car nous n’avons cherché ni à les projeter, ni à les glorifier.
Ma vie de Jivya Soma Mashe
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VH - En effet, lorsque j’ai commencé à travailler sur cette exposition, il y a 4 ans, j’arrivais avec mon expérience des arts classiques de l’Inde. Je m’étais ainsi beaucoup impliqué dans le domaine des arts modernes et contemporains et ce de façon internationale. Cependant le fait de travailler sur cette
exposition m’a permis de redécouvrir une certaine humilité en matière de création artistique. Ceci est quelque chose que je ne pourrai plus jamais oublier. Je pense que la seule façon d’avancer est de documenter le plus possible ces formes d’art pour continuer la recherche de ces expressions indivi-
duelles exemplaires. A vrai dire, j’ai déjà commencé cette démarche dans le cadre d’un documentaire* que France 5 a réalisé dans le cadre de cette exposition. Cela devrait porter ses fruits dans le futur par l’intermédiaire de films ou d’écrits...c’est le temps qui le dira !
Jean-Pierre Mohen, Commissaire de l’exposition, nous livre ses impressions que suscite cette exposition
M.J. Guézennec - Lors du vernissage de l’exposition, vous m’avez confié qu’il s’agit d’un évènement qui a pour vous un caractère très émouvant... Comment accueillez-vous l’avènement de cette exposition désormais en place au Musée du Quai Branly dont vous êtes aussi l’un des initiateurs ? J.P.Mohen - Le caractère “émouvant” de l’évènement que constitue la présence de l’exposition “Autres Maîtres de l’Inde” dans la grande salle d’exposition temporaire du Musée du quai Branly, vient de l’aboutissement d’un rêve profond qui s’est approfondi à mesure que je me suis rendu en Inde. Avec l’ICOM (International Comity of Museum), réuni à Dehli et Calcutta j’avais conclu un échange entre le Centre de recherche et de restauration des Musées de France que je dirigeais alors, et une collaboration avec les Musées nationaux indiens. Outre les rencontres de professionnels, la visite dans la vallée de l’Indus, de sites de la culture préhistorique en particulier Dolavira, a été une révélation ; dans la même région, je rencontrais les membres des sociétés autochtones dans leur dignité et leur beauté. Lors d’un Nouvelles de l’Inde n° 400
autre voyage, nous avions un échange avec un centre de recherche à Bubaneshvar, et là aussi je découvrais les populations si variées d’Orissa, à l’est. Chaque fois que je passais à New Dehli, je visitais le Handicraft Museum de Dehli, qui m’a permis de faire connaissance de son créateur, Jyotindra Jain ; il m’avait conseillé de visiter aussi le centre muséographique de Bhopal où je découvrais les peintures préhistoriques de Bhopal et de Bhimbetka. Un passage chez les Warli de l’ouest, complétait mon expérience de ces communautés si dignes et si riches de traditions. J’avais alors le projet de partager et d’approfondir, dans le cadre d’une exposition, cette expérience d’admiration de ces populations qui sont autant porteuses des manières du passé et en même temps sujets d’inspiration de la modernité, surtout en art. MJG - Quels ont été pour vous les temps forts ou les moments décisifs de cette rencontre avec cette forme des arts premiers de l’Inde ? JPM - Le projet qui a muri pendant quelques années, s’est réalisé grâce à Jyotindra Jain qui m’a reçu chez
©M.J. Guézennec
Archéologue de renom, Conservateur général du Patrimoine, actuellement en charge de la rénovation du Musée de l’Homme, Jean-Pierre Mohen qui est aussi Commissaire de l’exposition « Autres maîtres de l’Inde », répond à quelques questions que nous lui avons posées sur les lieux même de l’exposition au Musée du Quai Branly.
Peinture de Madhu Chitrakar
lui et grâce à Vikas Harish qui m’a traduit de nombreux textes. Les équipes du Musée du quai Branly sous la direction de Stéphane Martin ont favorisé le montage de cette exposition qui révèle le lien entre des formes culturelles propres à chacune de ces ethnies, qui se sont formées avec le temps et des projections actuelles et parfois artistiquement contemporaines. La richesse des cultures est d’être authentique dans la relation personnelle et collective. 15
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Antilope de Jangarh Singh Shyam
JPM - A la découverte de ces oeuvres indiennes, j’ai été ému de pouvoir faire la relation entre des formes de culture ancienne et parfois très ancienne et des comportements actuels. Aujourd’hui, cette perception du temps qui influe, parfois inconsciemment, sur nos valeurs personnelles et sociales, modèle nos mentalités et nos sensibilités, plus qu’on ne le pense. Et j’ai été surpris de comprendre que des formes traditionnelles des cultures « populaires » étaient aussi riches et actuelles dans nos pensées contemporaines. De plus, la variété des expressions de ces groupes, montre des trouvailles d’adaptation aussi inventives que poétiques pour être en harmonie avec l’environnement naturel et humain. J’ai vu de nombreuses personnes, adultes et enfants, dans 16
certains de ces villages du Gujarat ou d’Orissa, dignes et enjoués pour les plus jeunes. Des rencontres au Musée de Bhopal et dans celui de Dehli, avec certains de ces groupes m’ont montré une grande curiosité qui était d’ailleurs réciproque pour communiquer malgré les difficultés des langues : il y avait toujours quelque possibilité de se comprendre et quand on y parvenait, c’était l’éclat de rire. J’ai perçu aussi les difficultés de vie quotidienne de plusieurs de ces interlocuteurs, et compris à Dehli, les difficultés économiques pour ces personnes devant s’adapter aux dures conditions de la vie moderne, qu’elle soit rurale ou urbaine. J’ai ressenti comme un honneur de pouvoir modestement, participer à
* Voir l’interview de M.J. Guézennec consacré à Gilles Moisset, réalisateur pour France 5 du documentaire « Inde à la découverte des Adivasis » dans le Numéro précédant des « Nouvelles de l’Inde » (N°399). Propos recueillis par Mireille-Joséphine GUEZENNEC
©M.J. Guézennec
MJG - De par votre métier centré sur les recherches archéologiques et votre grande proximité avec les œuvres d’art qui appartiennent à l’histoire ancestrale des peuples et de l’Humanité, je pense que la fréquentation et la découverte de ces oeuvres indiennes, à la fois autochtones et contemporaines, ont encore nourri votre pensée et votre vision intérieure. Quelles sont les réflexions que vous aimeriez partager avec nous ?
cette exposition du Musée du Quai Branly, grâce à son président, Stéphane Martin, avec Jyotindra Jain et Vikas Harish qui ont été mes guides dans la découverte de « ces autres Maîtres ». Et j’ai éprouvé un commun espoir quand j’ai compris le ferment culturel que ces populations traditionnelles portaient en elles, ces savoir-faire et ces sensibilités qui inspirent aujourd’hui des artistes originaires de ces villages « Adivasi » comme Sundaribai, Mohanlal, Jivya Soma Mashe qui nous ont fait l’honneur de venir inaugurer l’exposition du Musée du Quai Branly et fait comprendre combien ces représentants des cultures et des savoirs faire des sociétés traditionnelles de l’Inde, avaient le statut de nos artistes modernes et qu’ils contribuaient chacun à faire vivre l’esprit « Adivasi » , vision si originale et dont nous avons besoin aujourd’hui pour comprendre la diversité humaine. ❑
Panneaux muraux et paravents de Sundaribai (Sarguja)
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LA FRANCE EN INDE REGARDS CROISES SUR UNE DANSEUSE FRANÇAISE EN INDE ET UN DANSEUR INDIEN EN FRANCE Interview de Angela Sofia Sterzer Ambassadrice de la danse manipuri en France Les 5 et 6 juin, à Agartala au Tripura, s’est déroulé le Festival international de la danse manipuri en Inde. L’édition 2010 était dédiée au 150ème anniversaire de Rabindranath Tagore. Le Prix Nobel avait intégré quatre-vingt pour cent de danse manipuri dans ses fameux « dance-dramas ». Ainsi, Tagore a largement contribué à la diffusion de la danse manipuri et dans les drames dansés de Tagore, la danse manipuri est irremplaçable. La danseuse et chorégraphe Angéla Sofia Sterzer qui vit et travaille en France, a eu l’honneur d’être invitée à ce prestigieux événement à Agartala qui rassemble les plus grands maîtres de la danse manipuri. Elle a dansé et chanté en manipuri, elle a enseigné la danse contemporaine aux étudiants indiens et elle a pu rencontrer l’écrivain manipuri qui avait écrit le conte qu’elle interprète. Entretien. Comment une danseuse qui vit et travaille en France est invitée à un festival de danse manipuri au nord-est de l’Inde ? Angela Sofia Sterzer : J’étudie la danse manipuri depuis plus de dix ans avec le professeur Jatindra K. Singh, chef du département de danse, théâtre et musique à l’Université internationale de Santiniketan en Inde. Cette université a été fondée par Rabindranath Tagore. Jatindra K. Singh était l’invité d’honneur de ce festival à Agartala et il m’a invitée en accord avec l’organisatrice Madhabi Singh. C’était très touchant d’être invitée à ce Festival International de la danse manipuri, parce que – contrairement à ce que je croyais – Rabindranath Tagore avait fait venir les premiers gourous, les premiers maîtres de la danse manipuri non pas du Manipur, mais du Tripura. Ce festival s’est déroulé à l’endroit où Tagore avait cherché les maîtres de la danse manipuri. Ensuite, il avait intégré la danse manipuri dans ses célèbres drames. Ainsi, à l’Université de Santiniketan, il avait préservé la danse manipuri qui est aujourd’hui Nouvelles de l’Inde n° 400
Angela Sofia Sterzer avec son maître Jatindra K. Singh
enseignée dans toutes les grandes universités de l’Inde. Etre invitée à ce festival à Agartala, à l’occasion du 150ème anniversaire de Tagore, par Jatindra K. Singh, qui est non seulement l’un des plus grands maîtres de la danse mani-
puri, mais aussi celui qui fait vivre depuis 40 ans l’héritage des drames dansés de Tagore, est merveilleux. Jatindra K. Singh voulait faire reconnaître tout le travail que je fais pour la danse manipuri en France. Grâce à lui, j’ai pu rencon17
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trer M. Tombi Singh, vice-président de la Jawaharlal Nehru Manipur Dance Academy à Imphal, la meilleure Académie pour la danse manipuri au Manipur et aussi l’écrivain Raghu Leishangthem qui a écrit le livre « Ibethoi et le poisson » sur lequel Jatindra K. Singh a chorégraphié avec moi un conte dansé et chanté pour enfants. Sri Anil Sarkar, le ministre de la culture et de l’éducation du Tripura, était également présent à Agartala. Il a lui-même publié des poèmes et il m’a confié qu’il avait été très touché par mes danses sur scène et par mon engagement pour la danse manipuri. Quelles danses avez-vous présentées lors du festival ? A.S.S. : J’ai chanté une chanson très connue de Rabindranath Tagore: « Phule Phule, Dhole Dhole ». Et j’ai dansé: « Tumi Robe Nirobe ». Lors du Manipuri Classical Festival, j’ai présenté deux danses : « Maibi », une danse des prêtresses de Manipur et « Haririha », une danse classique manipuri de la Gita Govinda. « Maibi » se danse sur un rythme très intéressant, uniquement accompagnée par un « poung », un tambour qui n’existe qu’au Manipur. Les rythmes se répètent, il y a juste des petites nuances de temps à autre qui changent. C’est une danse semi-circulaire, il y a des mouvements qui parlent de la naissance, du début du monde, de la vie qui commence dans le ventre de la mère. Il y a d’autres mouvements comme les « clapping hands » (quand on frappe dans ses mains) pour réveiller les dieux. Cette danse est pleine de symboles. Comment les gens du festival ont-ils réagi par rapport à une danseuse qui vient de la France et qui présente de la danse manipuri en Inde ? A.S.S. : Les organisateurs et les responsables étaient dans un échange 18
Le Ministre de la culture et de l’éducation du Tripura, M. Anil Sharma, aux côtés de Angela Sofia Sterzer
très respectueux, sans aucune prétention, c’était une vraie rencontre. Tout le monde était heureux de se rencontrer. Pour le public, le fait qu’une danseuse venue de France danse la danse manipuri, c’était une sensation. Le public était très heureux, il a beaucoup applaudi et j’ai été très appréciée ce jour-là. La distinction que vous avez reçue des mains de Jatindra K. Singh lors du festival, que représente-t-elle pour vous ? A.S.S. : Jatindra K. Singh a fondé cette année Aradhana, un centre international d’entraînement. Dans ce « Gurukul for performing arts », il va inviter tous ceux qui veulent étudier la danse manipuri. On pourra vivre et étudier la danse sur place, les grands maîtres vont être invités dans ce nouveau gurukul. Lors de l’inauguration officielle de ce nouveau centre d’entraînement, plusieurs personnalités étaient présentes ce 6 juin 2010 à Agartala. Pour moi, c’est une grande récompense d’avoir reçu cette médaille. L’écrivain Raghu Leishangthem m’a également offert un merveilleux cadeau. Il est très célèbre au Manipur et il m’a dédicacé un exemplaire de son livre « Ibethoi », à partir duquel j’ai créé une pièce dansée et chantée que je présente-
rai en France. Il m’a écrit: « Ce conte est un symbole de l’amitié, de l’amour et de la paix. Il parle des relations humaines et j’espère que cette histoire apportera de la paix dans le monde. » Le conte « Ibethoi et le poisson » est un conte très court, autour de la pureté de l’amitié. C’est cette pureté de coeur et l’amitié qui me relient à Jatindra K. Singh et Raghu Leishangthem. Tout le festival était basé sur cette pureté. Il n’y avait aucun snobisme, aucune prétention, c’est pour cela que tout le festival était réussi. Le quotidien indien « Tripura Observer » avait titré: “Angela, ambassadrice de la danse manip u r i e n F r a n c e “. Vous sentezvous comme une ambassadrice ? A.S.S. : Oui, je pense, c’est juste. Pour cela je suis très heureuse que cet article soit paru. Les choses prennent du temps. La danse manipuri est un travail au goutte-àgoutte et je remercie tous ces directeurs de conservatoires en France qui me font confiance d’enseigner cette danse dans les conservatoires et aussi à la Mairie du 4ème arrondissement à Paris. Au Festival International de la danse manipuri à Agartala, vous avez aussi chanté sur scène. Nouvelles de l’Inde n° 400
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créations contemporaines. C’est vraiment une de mes spécificités. Après votre retour en France, qu’allez-vous faire de l’expérience de ce festival et de ces rencontres ?
Associer la danse et le chant, c’est une spécificité qui a donné le nom à votre compagnie ladansequichante et vous avez enregistré aussi un CD « Near to me – d a n c e p o e t r y », une série de chansons que vous avez chantées dans vos pièces de danse. A.S.S. : Oui, c’est une spécificité. Dans les danses classiques manipuri, les danseurs dansent et les chanteurs chantent. Le chanteur accompagne la danseuse. Toutes les danseuses indiennes savent chanter, mais je ne connais aucune danseuse classique manipuri qui danse et chante en même temps sur scène. Dans mes créations contemporaines, je danse et chante en même temps. Dans les chansons de Tagore, j’ai déjà chanté « Tumi Robe Nirobe » en dansant. Les danses classiques, je les danse comme les autres danseuses manipuri, mais dans mon récital, dans mon spectacle de danse classique, j’inclus les chansons de manipuri que j’ai apprises. Le conte « Ibethoi » est issu des mouvements “folkloriques“ de la danse manipuri et je chante en même temps comme dans mes Nouvelles de l’Inde n° 400
A.S.S. : Après mon retour en France, je me retrouve à la base de mon travail : enseigner à mes élèves à la Mairie du 4ème. Je me bats pour créer un poste de danse ethnologique. Je veux vraiment établir cette danse classique indienne dans un conservatoire à Paris. J’envisage de faire des stages internationaux et de présenter le conte « Ibethoi » dans les écoles. Je prépare un récital manipuri dansé et chanté, mais il faut du temps pour obtenir les visas pour les musiciens. Et je suis en train de préparer un voyage à Imphal, parce que je suis invitée au Festival International à Imphal le 21 novembre 2010. C’est un grand honneur pour moi, Imphal est la capitale de la danse manipuri. Vous êtes danseuse manipuri, mais aussi danseuse contemporaine. En mai dernier, vous avez présenté à Paris le spectacle
contemporain « Nightrose – un an plus tard ». Il y a une influence de la danse manipuri sur vos créations et chorégraphies contemporaines ? A.S.S. : Oui. « Nightrose » est une recherche entre la danse contemporaine et la danse manipuri sur la musique de George Enesco et Samuel Barber, interprétée par le pianiste Alan James Ball. La fluidité des mains, de la tête, du buste et la gestuelle de la chorégraphie sont imprégnées de danse manipuri. En plus, le pianiste a été enregistré et filmé pour qu’il soit toujours avec moi sur scène. Le résultat est étonnant. Grâce au vocabulaire de la danse manipuri, la fluidité de mes mains en tant que danseuse rentre en dialogue avec les mains du pianiste projetées sur scène. La danse devient musique, les parties du corps deviennent des instruments et en même temps à l’écran, les doigts du pianiste dansent sur les touches du clavier. C’est la danse manipuri qui a déclenché ce pas de deux inhabituel entre la danse et le piano. ❑
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La France danse au rythme de l’Orissa en Juillet Du 1er au 12 Juillet 2010 l’association Natyamandir-Danses de l’Inde, basée à Montpellier, a eu l’honneur de recevoir en France Monsieur Lingaraj Pradhan, artiste indien de danse odissi. Etoile montante de la discipline, salué par la critique tant indienne qu’occidentale, ce jeune danseur est le disciple de Guru Bichitrananda Swain, fondateur de la compagnie Rudrakshya à Bhubaneshwar, en Orissa. Diplômé d’un master en danse et musique, lauréat de la bourse senior du gouvernement indien pour les artistes, il a reçu quelques jours avant sa venue le prisé USTAD BISMILLAH KHAN YUVA PURASKAR Award. Pour sa seconde venue en France (en 2007 il s’est produit à Paris et à Nice), Monsieur Pradhan a donné un récital au Centre Mandapa de
Paris, avant de rejoindre Montpellier où il a dirigé un stage intensif de six jours suivi par une douzaine d’élèves. Le spectacle solo fut une brillante démonstration non seulement de son impeccable technique, mais aussi de sa maîtrise de l’abhinaya, l’art de l’expression. Le charisme très masculin du danseur était remarquablement mis en valeur par 20
la pièce intitulée « Karna Banama Krishna», composition récente de son maître centrée sur le personnage de Karna dans l’épopée du Mahabharata. La partie enseignement de son séjour se déroula ensuite du 6 au 11 Juillet à Prades-le-Lez, près de Montpellier. Les stagiaires purent s’initier ou approfondir cette pratique de leur art selon leur niveau, le matin étant ouvert à tous et l’après-midi réservé aux avancés. Encore peu pratiquée en France, si on la compare au bharatanatyam par exemple, la danse odissi repose sur une technique précise et spécifique qui demande un long apprentissage. Comme les autres danses classiques indiennes, elle était autrefois dansée dans les temples par les Mahari, les danseuses sacrées, en particulier dans le grand temple de Puri dédié au dieu Jagannath, vers lequel se pressent toujours chaque année de nombreux fidèles. Tenu en haute estime jusqu’au 17ème siècle, la danse connut peu à peu une période de déclin due notamment à la perte du patronage des princes et nobles de la région. Avec l’indépendance de l’Inde de grands efforts furent peu à peu mis en place pour revaloriser les arts traditionnels dont les danses classiques. L’odissi que nous admirons aujourd’hui est le résultat du travail de danseurs, acteurs, universitaires et critiques tels que
Kelucharan Mohapatra, Pankaj Charan Das, Deba Prasad Das, Kalichandra Kalicharan Patnaik, Dhirendra Nath Patnaik… Ils étudièrent les sculptures des temples, les traités anciens, les peintures et la littérature régionale ainsi que les traditions survivantes de danse en Orissa comme celle des gotipua. Les gotipua sont ces jeunes garçons habillés en filles qui reproduisaient d’une façon plus spectaculaire la danse des temples pour le peuple. Cette tradition propre à l’Orissa perdure d’ailleurs toujours aujourd’hui… Les sessions du matin furent l’occasion d’aborder la technique et les fondations de la danse, telles que les différents exercices préparatoires et les principaux pas effectués en posture chauka (carrée, représentant le dieu Jagannath) et tri bhangi (« les trois courbes » posture féminine en forme de S). Les différents pivots, le rythme, l’étude des mudras et d’autres mouvements spécifiques complétaient le programme. Si l’odissi est célèbre pour son charme sensuel et ses mouvements fluides, il en requiert d’autant plus une grande maitrise technique, dont les participants ont ainsi pu avoir une idée, accompagnés par le son du mardala, percussion de l’Orissa proche du pakhawaj. L’après-midi, réservé aux élèves intermédiaires et avancés, était consacré à l’étude d’une chorégraNouvelles de l’Inde n° 400
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phie « Naja Jamuna » composée par Guru Bichitrananda Swain. Le poème, en oriya, raconte comment sa confidente supplie Radha de ne pas se rendre près de la Yamuna où Krishna l’attend, chantant son prénom, avec en tête de nombreux plans malicieux.
Malgré la chaleur de ce début d’été les participantes se sont montré très motivées, et c’est dans la bonne humeur que toutes ont profité de l’enseignement précis et généreux de Lingaraj Pradhan. Audelà de l’apprentissage proprement dit de l’odissi, la venue de ce danseur était aussi une belle opportunité de découvrir la culture méconnue et pourtant riche de l’Orissa. Le stage s’est terminé sur un repas où chacun a pu partager son expérience, un moment très convivial. Lingaraj Pradhan s’est ensuite envolé vers l’Italie pour conduire d’autres programmes avant son retour en Inde début août. Le succès des évènements français laisse
Le 4ème Congrès International sur l’Ayurvéda se tiendra à Bangalore du 9 au 13 décembre 2010. Il sera précédé par des ateliers les 7 et 8 décembre. Les 8 et 9 décembre aura lieu le Congrès International de Sylviculture autour des arbres médicinaux en voie de disparition. Du 9 au 13 décembre, vous pourrez assister à une exposition sur l’arogya. La « Deuxième Assemblée du Forum International pour l’Ayurvéda : rencontre pour la coopération » sera programmée les 9 et 10 décembre. Le Congrès en lui-même se tiendra du 10 au 13 décembre et du 11 au 13, acheteurs et vendeurs pourront se rencontrer. Le Congrès International sur l’Ayurvéda se veut une nouvelle approche de l’Ayurvéda et a été mis en place pour consolider le secteur ayurvédique, réaffirmer la direction de ses objectifs et exposer ses obNouvelles de l’Inde n° 400
présager son retour dans cette partie du globe prochainement, certainement en 2011 ! ❑ Chloé Romero pour l’association Natyamandir. Chloé Romero est une jeune danseuse française odissi disciple de Padmashree Guru Gangadhar Pradhan en Inde. Voir www.chloeromero.com L’association Natyamandir Danses de l’Inde se consacre à la promotion des danses indiennes en France, notamment par le biais de son festival annuel, les « Rencontres de la danse indienne » l’unique évènement du genre en Europe. http://leelafestival.free.fr
jectifs futurs. Il a pour but de répandre la pratique de l’Ayurvéda, la reconnaissance de son statut de pratique médicale scientifique et son commerce. Le Congrès a pour vocation d’orienter les étudiants et de faciliter les échanges entre professionnels et consommateurs afin d’étendre le commerce ayurvédique, en pleine croissance ces dernières années. Les objectifs-clés à atteindre sont la création d’associations dans 30 pays, comprenant ceux de l’Union Européenne, de l’Association des Nations du Sud-Est Asiatique, des Emirats Arabes Unis et de l’Amérique du Nord ainsi que la création d’un réseau d’institutions médicales, de laboratoires et d’universités à échelle mondiale pour aider la recherche sur l’Ayurvéda. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site Internet http://www.ayurworld.org Comité organisateur : ZCCK Premises OPD Enterence NIMHANS Bengaluru Karnataka 560029 Inde Tel : 00 91 80 26562555 21
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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE UNE ENTREPRISE DE NAVIGATION A VAPEUR INDIENNE EN INDOCHINE FRANCAISE, 1891-1900
PORTRAIT D’UNE FEMME AU SERVICE DE LA BEAUTÉ : SHAHNAZ HUSAIN
On l’appelle « l’Helena Rubinstein de l’Asie », « la Princesse Moghole des produits de beauté », « la reine indienne des cosmétiques ». Shanaz Husain possède un empire qui s’étend de l’Inde au Japon, des pays arabes au continent américain tout en passant par l’Europe et comme Helena Rubinstein avant elle, elle a une forte personnalité : flamboyante, extravagante, autoritaire. Shahnaz Husain est la face cachée de la grande révolution cosmétique ayurvédique. Tous ses produits sont à base d’herbes provenant de l’Himalaya, de plantes, d’extraits naturels – rien d’autre : « Je hais tout ce qui touche au synthétique, expliquet-elle, chacun de mes produits de beauté est testé par des laboratoires indépendants qui en garantissent la teneur 100% naturelle. » Descendante des empereurs moghols, Shahnaz Husain est née dans une commune d’Hyderabad, l’ancienne capitale musulmane de 22
l’Inde du sud dans une famille illustre : « mon arrière grand-père était diwan (premier ministre) du Nawab d’Hyderabad, mon grand-père, gouverneur du royaume de Nagpur et mon père, président de la Cour Suprême de l’Inde. » Son éducation fut un curieux mélange de tradition musulmane et d’influence britannique. A quatorze ans, tradition oblige, elle est fiancée à un inconnu choisi par ses parents, puis mariée à seize ans et maman à dix-sept. Depuis plus de 3000 ans, la fierté des princesses mogholes est la douceur, la finesse et la blancheur de leur peau, signe héréditaire de leur sang royal. En Inde, la peau blanche constitue, très paradoxalement, l’ultime canon de beauté féminine. Chez les princesses mogholes, les secrets des potions magiques qui protègent la peau du terrible soleil indien et de la redoutable humidité de la mousson, sont transmis de mère en fille. Shahnaz n’échappe pas à la règle : « dès l’âge de douze ans, racontet-elle, je suis fascinée par ces potions magiques que me montrait ma mère et je me mis à courir les campagnes avec mes servantes ; nous ramassions des fleurs multicolores et des herbes odorantes que nous allions broyer le soir dans un laboratoire improvisé. Ma passion naquit à ce moment là, dans l’atmosphère mystérieuse de ce laboratoire. » Quand elle vint à Téhéran avec son mari, elle développa un intérêt
pour les traitements de beauté. Elle décida d’étudier la cosmétologie. Comme elle voulait être indépendante, elle commença à écrire des articles pour le Iran Tribune sur de nombreux sujets. Au cours de ses études, elle découvrit les effets nocifs des traitements chimiques sur le corps humain. Elle étudia alors l’Ayurveda, persuadée que cette science millénaire était la meilleure alternative aux produits cosmétiques chimiques. Le père de Shahnaz fut, tout comme son mari, admirable. Il envoya sa fille étudier l’Ayurveda dans la meilleure école indienne de l’époque. C’est là que la jeune fille appris à maîtriser les principes de cette science qu’elle entendait marier plus tard avec les secrets des princesses mogholes, cela afin de parfaire le savoir de ses aïeules. Mais Shahnaz comprend cependant très vite qu’il est indispensable pour elle d’aller en Occident apprendre tout ce qui se sait et se pratique là-bas dans le monde cosmétique ; « Je suis donc partie à vingt ans vers le Vieux Monde, avec les bénédictions de mon mari. J’étudiai d’abord à l’institut Helena Rubinstein de Londres où l’on m’a inculqué les grands principes des canons féminins de beauté en Occident ; puis à l’école Lancôme de Paris où l’on m’a enseigné la tradition française des parfums et des eaux de toilette. » Quatre ans plus tard, en 1977, bardée de diplômes, elle rentre en Inde, terre de ses ancêtres, avec le rêve d’un empire cosmétique pas comme les autres. Avec un prêt de 35000 roupies (environ 500 euros) généreusement consenti par son père, elle se lance dans l’aventure. C’est tout d’abord dans un minuscule laboratoire de banlieue au nord de Delhi qu’elle installe ses Nouvelles de l’Inde n° 400
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éprouvettes de fortune. Puis, elle s’en va sur les routes de l’Inde, à la recherche des recettes de sa grand-mère ; elle parcourut tout le pays de l’Himalaya au cap Comorin, du désert du Rajasthan aux collines de l’Assam. Chaque herbe, chaque plante, chaque essence découverte, ou plutôt redécouverte, est soigneusement répertoriée et son emplacement noté sur un petit carnet. Ainsi, non seulement ces herbes, peuvent être facilement retrouvées, mais surtout, Shahnaz peut très vite déléguer cette tâche, passionnante certes mais surtout harassante, à d’autres mains. Puis elle s’enferme seule six mois dans son laboratoire de Delhi et n’en ressort que lorsqu’elle réussit à concocter ses premiers produits de beauté qu’elle désigne par des noms qui commencent par « shah » en l’honneur de ses illustres ancêtres. Depuis 1977, elle est apparue régulièrement dans les télévisions du monde entier. Toujours soucieuse de l’image de l’Inde à l’étranger, elle a eu l’honneur d’être Présidente d’un jour au congrès mondial CIDESCO (Comité International D’Esthétique et de Cosmétologie), une des organisations les plus prestigieuses dans le monde de l’esthétique, en 1980 à New York. En mai 1984, elle a été élue femme de l’année par le Président indien, Shri Giani Zail Singh, pour l’excellence de ses performances en matière d’exportation. Ce dernier souligne que l’ancrage de l’Inde sur le marché mondial des produits de beauté est le résultat de la seule œuvre de Shahnaz Husain. En juin 1985, Shahnaz Husain tient une conférence de presse au « festival de l’Inde » à Paris qui connut un grand succès. C’est la première fois dans l’histoire des cosmétiques à Paris, que la France signe un contrat avec l’Inde. L’ouverture de la ligne Shahnaz Nouvelles de l’Inde n° 400
Herbal au magasin SONA de Paris est un événement historique. En 1992, elle reçoit l’Ordre du mérite en reconnaissance des services remarquables rendus au public. En 2009, elle reçoit le prix de l’entrepreneur féminine de l’année à Mumbaï, participe au pavillon indien du festival du film de Cannes 2010, et a été invitée par Barack Obama pour honorer l’Inde au prestigieux sommet des entrepreneurs qui s’est tenu en avril 2010 à Washington. Ses fans sont nombreux. D’Ingrid Bergman qui un jour lui dit « Mme Husain, la légende ce n’est pas moi, c’est vous » à Barbara Cartland, qui, jusqu’à sa mort, n’utilisa que des produits Shahnaz Husain, prétendant qu’ils lui conféraient une éternelle jeunesse. Qu’est-ce qui différencie les cosmétiques de Shahnaz Husain de ceux du monde entier : « les produits naturels sont meilleurs », répond Shahnaz. Et elle ajoute : « de nombreux produits de beauté prétendent protéger et préserver la femme, mais en réalité, de par leurs composants chimiques et synthétiques, ils lui font à la longue plus de mal que de bien. Et moi, jette-t-elle, superbe, j’ai trouvé la solution : des cosmétiques aux herbes et aux extraits naturels ; les autres, eux, ne vendent que des illusions en bouteille… » De quoi sont composés les produits Shahnaz Husain ? La diva répond en jetant quelques mots pêlemêle : « roses, nénuphars, abricots, pêches, fruits rares de l’Inde, concombre, algues de la côte Coromandel, œufs de ferme, cactus, extraits de coquillage, herbes du Ladakh, miel d’eucalyptus, menthe royale … » Shahnaz a aussi ses petits trucs qu’elle distille à ses amis à petites doses : « utiliser des sachets de thé usagés, ou deux tranches de concombre pour les yeux fatigués. Pas de savon bien sûr, mais un « shampoing » du corps fait d’un
mélange de lait, de citron et de miel battus ensemble. Pour les cheveux secs, une préparation de blancs d’œufs et de citron. Elle n’a jamais oublié son héritage indien basé sur les plantes. Ses produits sont respectueux de la nature, ne contiennent pas de matière animale et ne sont pas testés sur les animaux. Mélange parfait entre les traditions anciennes et les dernières trouvailles scientifiques. Quarante ans plus tard, Shahnaz Husain, n’a pas renié ses premières amours ayurvédiques : « c’est la plus vieille science médicale du monde encore en pratique, et un des trois grands systèmes médicaux au monde avec l’allopathie et l’homéopathie. Elle a été éclipsée par le cartésianisme britannique, et la colonisation allopathique des grands laboratoires, mais est en train de renaître en Inde et sera bientôt reconnue de par le monde entier … ». Aujoud’hui, Shahnaz Husain, est PDG du groupe Shahnaz Herbals Inc, qui, actuellement, possède 400 franchises cliniques à travers le monde couvrant plus de 138 pays. Elle propose en particulier des produits pour la peau, les cheveux et le soin du corps. Il ne s’agit pas seulement de produits cosmétiques mais aussi de traitements curatifs pour traiter de nombreux problèmes tels que : alopécie, chute cheveux, pellicule, acné, cicatrices, tâches et vieillissement de la peau. Son slogan « La beauté vient de l’intérieur » explique l’importance qu’elle donne à l’alimentation. Elle donne également des cours et participe à de nombreux journaux et magazines, dont dix-neuf en Inde et dix à l’étranger. Qu’il est long le chemin parcouru par la petite princesse moghole qui courait pieds nus dans les champs d’Hyderabad et rêvait de révolutionner le monde cosmétique ! ❑ Samia Rizoug 23
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EN SOUVENIR DE PERRETTE DOMER décédée le 20 janvier 2010 Hommage rendu le 7 février 2010 à l’Eglise Catholique Libérale de Paris par Michel CHAPOTIN, Président de l’Ordre de Service Théosophique de France Chères amies/chers amis, Un sage indien a demandé si, à la fin de notre existence, nous serions capables de dire : « J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai reçu ce que j’avais à recevoir, j’ai donné ce que j’avais à donner »? Je crois que Perrette Domer aurait pu dire avec sérénité, avant de nous quitter sur le plan physique : « Oui, j’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai reçu ce que j’avais à recevoir et j’ai donné ce que j’avais à donner ». Mais elle aurait certainement ajouté avec son gentil sourire : « je n’ai pas assez donné », car elle était toujours soucieuse d’aider les plus défavorisés, comme en témoigne son magnifique parcours de vie. Comment résumer les 96 années de la vie hors du commun de Perrette ? L’image qui me vient simplement en pensant affectueusement à elle et que nous pouvons partager, c’est celle d’un magnifique bouquet de fleurs dont la beauté et le parfum nous inspirent, nous inspireront encore longtemps.
Perrette a traversé des périodes difficiles mais je pense qu’elle y a fait face à une énergie hors du commun, grâce à sa foi et grâce à des aides sur son chemin comme la découverte des idées théosophiques dans les années 41-42. Pleine d’enthousiasme, elle fera vite partie des jeunes théosophes et deviendra rapidement active dans l’Ordre du Service Théosophique, la branche humanitaire de la Société Théosophique, en Algérie, au Maroc puis en métropole où elle fut présidente de l’OST pendant 30 ans. Perrette, qui était professeur d’éducation physique, a enseigné le yoga, donné une multitude de conférences, organisé des séminaires, animé des groupes d’études théosophiques, de guérison, de prières pour la paix, participé à l’administration de la Société Théosophique et organisé des voyages en Inde, à Dharamsala, avec des rencontres avec le Dalaï Lama. Elle a favorisé la connaissance de l’art indien et en particulier des danses sacrées. Certains d’entre nous se rappellent la tournée de la troupe de l’académie de danses du Kalakshetra, avec Rukmini Devi au Musée Guimet. Nous pourrions aussi évoquer les magnifiques spectacles de danses indiennes avec ses amies du Centre Mandapa, au profit des actions de l’Ordre de Service Théosophique : aides alimentaires, soutiens aux enfants tibétains, indiens, pakistanais, africains, philippins, et en France aussi.
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Comme avec les responsables Tibétains, Perrette avait également des liens très forts avec l’Ambassade de l’Inde qui n’a jamais manqué de collaborer d’une manière chaleureuse et efficace. Les responsables des écoles en Inde, où nous parrainons actuellement 106 enfants, la maison de retraite à Chennai que nous soutenons aussi, les écoles tibétaines, les parrains et marraines, les amis de l’OST n’ont jamais cessé de s’enquérir de la santé de Perrette, leur amie. Grâce au travail inlassable de Perrette et de l’OST, beaucoup de jeunes ont pu poursuivre leurs études avec succès et obtenir ainsi des qualifications utiles pour leur avenir. Une pensée va en particulier à un des filleuls tibétains parrainés par Perrette, il s’agit du Vénérable Mogchok Rinpoché qui transmet maintenant son enseignement en France et qui considérait Perrette comme une seconde mère. Nouvelles de l’Inde n° 400
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Ce qui me paraît encore important de souligner, c’est la générosité de Perrette, toujours aimante, c’est également sa capacité de travail et celle de réunir autour d’elle de nombreux et fidèles bénévoles acquis à ses actions humanitaires et spirituelles. Que de colis de médicaments ont été préparés et envoyés par ses amies, que de kermesses organisées au square Rapp, de courriers échangés avec les parrains et marraines de l’OST. Perrette manifestait une incroyable joie de vivre et une vitalité qui ne l’ont jamais quittée.
Mme Radha Burnier. Diana, notre Secrétaire internationale qui est actuellement en Nouvelle Zélande, s’associe à cet hommage plein de
reconnaissance pour tout son dévouement. D’autres témoignages de sympathie me sont arrivés des écoles que l’OST continue de soutenir. L’exemple de Perrette montre qu’un véritable accomplissement spirituel ne peut pas être détaché d’un accomplissement dans la vie quotidienne. Nous portons Perrette dans notre cœur et avec gratitude pour tout ce qu’elle a donné aux autres et ils sont si nombreux... Oui, nous garderons une immense gratitude envers Perrette pour tout ce qu’elle nous a appris. En communion avec elle et en souvenir du mantram d’Annie Besant qu’elle a si souvent récité, nous pouvons dire ensemble : O Vie cachée, vibrant en chaque atome O Lumière cachée, brillant en chaque créature, O Amour caché, embrassant tout en un, Puisse celui qui se sent un avec Toi Comprendre qu’il est ainsi un avec tous les autres. SHANTI
Dans son travail pour les autres, Perrette a été admirablement soutenue par Roland, son mari dévoué à qui nous pensons avec affection ainsi qu’à ses enfants, Marie-Jo et Jean-Jacques et toute sa famille et ses proches. Perrette qui était Présidente d’Honneur de l’OST en France vient de recevoir un hommage de notre Présidente internationale de l’Ordre de Service Théosophique Nouvelles de l’Inde n° 400
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AUTRE ASPECT DE LA CULTURE INDIENNE LE PRAVÂSI RACONTÉ À MES AMIS Une réunion de businessmen, d’hommes riches, d’affaires voire d’affairistes. Un gros lobby indoindien. On n’y parle qu’en hindustani. J’avoue que ces clichés ont effleuré également mon esprit, mais après une immersion dans les flots du Pravasi Bharatiya Divas, on sent bien qu’il n’y a pas que cela. Le Pravâsi, dépend aussi de nous. Formule lapidaire : le Pravâsi sera ce que les Indiens expatriés en feront. Ma naïveté me pousse à croire, qu’il reste encore un espace pour les francophones, pas seulement avides de faire des affaires, mais intéressés par les liens culturels et humanistes que peuvent tisser les PIO, People of Indian Origin, avec Bhârat, la terre indienne. Une grande cohue annonce toujours le Pravasi Bharatiya Divas, ou PBD. Non pas qu’il s’agisse d’une organisation déroutante, mais l’esprit même de cet événement suffit à instaurer un sentiment d’instabilité à quelques heures de l’ouverture des festivités à New-Delhi. Le Pravasi Bharatiya Divas, ou PBD s’est déroulé exceptionnellement à Hyderabad (2006) et à Chennai l’an dernier. Un meeting de 1 500 délégués, - échangeant dans trois ou quatre langues différentes - n’a rien de commun avec une assemblée générale de quartier. De plus lorsque chaque représentant doit récupérer un badge émis à son nom personnel. Cela se passe souvent la veille ou le matin très tôt dans la plus grande effervescence. Aux aurores le quartier de…. est placé sous haute-sécurité. Vygyan Bhawan, la prestigieuse enceinte où se tient la manifestation devient un no man’s-land, un terrain où la circulation des piétons est rigoureusement contrôlée. Les plus hautes personnalités de la République indienne doivent d’un moment à l’autre faire leur apparition. Les militaires jettent leurs derniers mégots de cigarettes, le temps de ce mois de janvier 2010 flirte autour de 18° degrés, trop froid au goût de certains Réunionnais. Ce matin-là, ceux qui n’ont pas pris leurs précautions, les retardataires resteront à l’extérieur du bâtiment principal. Au moment où le Premier ministre Manmohan Singh débute son allocution, les portes sont cadenacées. On n’entre plus, et on ne sort plus de ce bunker. 26
L'auteur a reçu un Award de la part du magazine India Empire, remis par le Ministre Valayar Ravi, à la suite du Prâvasi à New-Delhi.
Au PBD, outre le noyau dur organisationnel, personne ne se connaît, tant la diaspora est dense. Certes Facebook, Twitter ou le site officiel du Gopio, rapprochent les PIO, and OCI (Overseas Citizen of India), mais les 1 500 délégués n’ont pas assez de temps sans doute pour mieux se connaître. Valayar Ravi, Ministre indien de l’Outre-mer, conseille d’ailleurs aux participants de ne pas s’en tenir exclusivement aux rendez-vous officiels, « vivre sa diaspora, c’est se rendre dans les villages, rencontrer ceux qui font la construction de ce pays ». Chaque année, le ministère et ses partenaires proposent aux délégués de découvrir une région de l’Inde, pour sa vitalité. Cette année, plus de 70 Réunionnais assistent à la grand’messe indienne. Certains pour la première fois, on les reconnait par une once d’anxiété qui se
déploie sur le visage. Dans cette marée humaine, les êtres sont identiques, mais ils paraissent étranges. Celui-ci est venu habillé traditionnellement, portant fièrement les couleurs de sa région. Sa langue, un dialecte indien, se distingue de l’hindi courant. Un autre plus américanisé a le verbe haut après tout il est aussi dans son pays – et n’hésite pas à revendiquer qu’il vient aussi de l’Utah, alors que ses ascendants sont originaires de l’Uttar… Pradesh !
De Gandhijî à nous Chacun se rappellera que les dates du Prâvasi furent établies en hommage à Gandhijî, qui rentra dans son pays le 9 janvier 1913, après son périple en Afrique du Sud. Depuis 2003, les 7, 8 et 9 janvier sonnent comme un rappel des descendants en Inde. Le mot d’ordre Nouvelles de l’Inde n° 400
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alors arrêté, est la restitution. « Nous, les fils ou petits-fils d’immigrants, nous voulons restituer à l’Inde, cette possibilité qu’elle nous a donnée de réussir sur d’autres territoires. » Mais pour partager avec la grande famille indienne, il faut posséder déjà pour soi et pour les siens. Ce principe s’est peut être imposé aux Réunionnais. Ce n’est que timidement que nous nous sommes accrochés au wagon indien. Non pas par crainte, mais plus encore en raison d’un déficit d’information patent. Nous nous sommes tous demandé un jour, ce que nous gagnerions à nous rendre au Prâvasi. Une réunion de businessmen, d’hommes riches, d’affaires, voire d’affairistes. On n’y parle qu’en hindustani. Un gros lobby indo-indien. Or pour m’y être rendu au moins trois fois, je puis témoigner que le Dow Jones, la bourse de Bombay ou le Cac 40 ne sont pas au centre des discussions. L’attitude de nos compatriotes est somme toute louable. R.O.I., (Réunionnais d’origine indienne), de la 4ème, 5ème, 6ème génération, voire plus, nous sommes forcément dans un état d’esprit vis-à-vis de l’Inde. La perte de la langue indienne (tamoul, télougou, voire hindi), et la rupture des liens familiaux, font de nous des « Indiens à part ».
Lord Diljit Rana, président du Gopio, P.P Devaraj, ancien président du Gopio International et l'auteur
Pourtant cette « faiblesse ou complexe » pourrait fort bien se transformer en richesse. Lors du débat auquel La Réunion et son représentant furent invités, le président du Gopio International, Mahen Utchanah, reprenant un des thèmes qui lui est cher, souligna la situation particulière des PIO de La Réunion, de Guadeloupe, Martinique et Guyane. « Ils constituent l’un des pans du Gopio, qui reste à valoriser, à savoir la francophonie ». Ses propos furent particulièrement applaudis. Dans cette assemblée, présidée par l’ancien am-
La parité est dans les faits au Prâvasi. Dans un même élan, les femmes d'origine indiennes de La Réunion et de Martinique/Guadeloupe se sont retrouvées à la fin du Prâvasi pour une photo commune.
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bassadeur Srinivasen, de notre côté nous avons rappelé qu’en raison de notre histoire particulière nous ne pouvions prétendre massivement aux critères requis pour l’obtention de la carte PIO. Le ministère fit remarquer que cette question récurrente était prise en considération. De même que l’installation d’un centre culturel indien dans l’ile. A la fin de cette auguste assemblée, Lord Diljit Rana, sommité mondiale, et président également du Gopio, vint saluer notre initiative, en nous assurant de son soutien dans notre quête pour un rapprochement des valeurs réunionnaises (européennes) et indiennes. L’un de ses proches au Gopio, Ashok Ramsaran, est très sensible également à cette question. Malgré notre situation qui contraste avec les autres représentants de la diaspora, il est agréable de préciser que nous n’avons point été pris pour quantité négligeable. Au contraire dans un pays, où le passage d’Albion est encore prégnant, au titre des minorités, nous faisons régulièrement l’objet d’une attention particulière. Cependant nos louanges ne sauraient masquer les demandes décrites quelques lignes plus haut. Au rang des éléments encourageants, à chaque fois que nous avons réclamé une contribution, nous avons rencontré 27
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Une stèle installée au mois de janvier, à la mémoire des travailleurs indiens qui sont partis à l'ile Bourbon au 19ème siècle, à Pondichéry. L'auteur faisait partie du Comité de pilotage du projet.
une oreille attentive. L’an dernier, l’initiative de l’ODI-Réunion, (l’Office pour l’Organisation de la Diaspora), a permis une belle prouesse. Une vingtaine de photographies d’engagés indiens ornaient les allées du Pravasi, à Chennai. Cette initiative appuyée, par les collectivités locales, fut une première sur la terre des ancêtres. Outre quelques pas de danses individuelles ou collectives, jamais La Réunion n’avait présenté de projet d’une telle envergure. Ce qui fit sa force également, ce sont les quelque 300 délégués réunionnais. Peu importe, leur désir profond en franchissant le sol indien, mais ils honorèrent à leur façon leurs ancêtres. A cette date aussi, un de nos membres a pu intervenir dans une session régionale. Enfin le livre sur la généalogie familiale de Frédéric Souprayenmestry a été remis personnellement à Ravi Valayar. Au début de cette année, le magazine India Empire, distingua notre démarche en nous gratifiant d’un Award, remis en présence du Ministre. A propos de prix, il est à noter que le sénateur Jean-Paul Virapoullé, fut le premier Réunionnais à obtenir le Saman Award (2006), distinction octroyée aux PIO, ayant accompli une œuvre dans leur pays d’adoption en vue de promouvoir les valeurs culturel28
les indiennes. A cette date, aucune autre personnalité locale n’a suivi un cheminement identique. L’organisation du Dîpavali, dans la ville de Saint-André, rassembla quelque 15 000 personnes de toutes origines et confessions religieuses, et sa carrière politique est à l’origine de cette prestigieuse nomination.
Un univers de goûts et de couleurs Pour rien au monde, on ne raterait la partie « Off » du Prâvasi, les déjeuners ou dîners servis sont exquis. Ils sont toujours le reflet de la célèbre cuisine indienne, aux fines saveurs. Du Rajasthan au Tamil Nadu, la gastronomie indienne est déjà un voyage. Les désirs du palais ne sauraient occulter les spectacles qui sont présentés lors de l’événement. Les artistes de haut niveau sont triés sur le volet, pour animer les soirées. Les expatriés repartent chez eux en emportant avec nostalgie un air de là-bas. L’île Maurice avait réussi à captiver l’attention du public il y a trois ans, en invitant une troupe locale à New-Delhi. Le public ne méprisa point le kathak, mais il avait les yeux de Chimène surtout pour les notes et les pas de danse du maloya ravane de nos voisins mauriciens.
Il est de bon aloi, chaque année à l’issue du Prâvasi que le Gopio international tienne sa première Convention dans un grand hôtel de la capitale indienne. Le bureau animé par le duo P.P Devarâj et Mahendrah Utchanah, accorde toujours une place à la parole francophone. Par exemple, cette année, le président du Gopio-Réunion, Paul Canaguy, prit le parti de signaler que la diaspora francophone s’agrandissait par la présence exceptionnelle d’une dizaine de représentants des îles de la Guadeloupe et de la Martinique. Le MOIA (Ministère d’Outre-Mer et des Affaires indiennes) salue l’initiative en annonçant le déploiement d’un dispositif de traduction simultanée. Il était écrit que La Réunion devait marquer durablement sa présence sur la terre des ancêtres en ce début d’année. Suite au Prâvasi, la plupart des délégués, se retrouvèrent à Pondichéry pour l’installation d’une stèle, en mémoire des milliers d’engagés qui travaillèrent sur le sol réunionnais. La stèle trône dans l’enceinte de l’université de Pondichéry, le projet fut initié par Sudel Fuma, représentant la Chaire Unesco à La Réunion. Au terme de cette simple réflexion, il est à penser que les clichés sur le Gopio et/ou le Prâvasi tomberont d’eux-mêmes. Nos propos sont éloignés des préoccupations des businessmen. Cependant notre île ne saurait plus longtemps travailler seule dans son coin, alors qu’un géant économique régional, ayant compétence à incarner le leadership mondial, partage tellement de valeurs avec elle. Le Prâvasi, ni auberge espagnole, ni refuge pour intégrismes de tout poil, n’appartient ni aux hommes fortunés, ni aux aventuriers. Il sera ce que nous voulons en faire, l’objet de notre propre volonté. Nous avons encore le temps de l’incliner encore plus vers nous, vers le Monde. ❑ Jean Régis Ramsamy VP du Gopio-Réunion, journaliste Nouvelles de l’Inde n° 400
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DESTINATIONS À DÉCOUVRIR
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Bhavnagar est un ancien Etat princier qui se trouve dans la région du Saurashtra au Gujarat. Il possède des marais salants et des prairies ondoyantes. Les hommes portent des vestes blanches à plis, des pantalons Jodhpur et les femmes des tenues colorées évoquant le Rajasthan. Fondé en 1743, Bhavnagar possède d’impressionnantes constructions du 19ème siècle qui datent de l’époque du Maharaja Takth Sinhji des Gohil Rajputs. Au vieux port se trouve la célèbre Porte de la Serrure de Bhavnagar, qui garde les bateaux à flot dans le port, même à marée basse. Plusieurs lacs artificiels permettent d’observer les oiseaux à souhait. Le Mahatma Gandhi a étudié au Collège Samaldas, qui abrite maintenant un petit musée qui rappelle son passage. Le musée Gandhi Smriti possède une collection de souvenirs de sa vie. Le bazar de la ville compte plusieurs balcons en bois en surplomb et plusieurs petits magasins où vous pouvez voir une foule d’articles aux couleurs locales. La bibliothèque Barton est un beau bâtiment de deux étages avec des fenêtres gothiques en ogive et un toit en pente recouvert de tuiles de Mangalore. Au milieu de ce qui était autrefois un réservoir se trouve le temple de marbre blanc de Gangadevi, conçu par Sir John Griffith, l’ancien principal de la J.J. School of Arts de Mumbai. Le Temple Takhteshwar
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BHAVNAGAR AU GUJARAT
est perché sur une petite colline et offre une belle vue de la ville et par temps clair vous pouvez voir jusqu’au Golfe de Cambay. Le palais Nilambag transformé en hôtel du patrimoine, est une construction magnifique dans une propriété de 10 hectares. Sur la côte entre Bhavnagar et Talaja se trouve Alang, le plus grand site de démontage de bateaux du pays. Ici vous pouvez voir des superpétroliers et des navires de guerre du monde entier qui sont démontés à la main par 20 000 ouvriers. Près de Bhavnagar se situe le Parc national de Velavadas : une prairie qui ressemble à la savane africaine. Ce parc recueille la plus grande population de daims noirs (la plus rapide des antilopes indiennes) du pays. Ce parc enchante aussi les ornithologues amateurs. Palitana avec ses nombreux temples jaïns groupés sur deux arêtes des collines Shatrunjaya qui est seulement à 50 km de Bhavnagar. Talaja compte environ 28 cavernes bouddhiques taillées dans la colline. La plus impressionnante est celle d’Ebhala Mandapa, avec son grand hall d’entrée soutenu par quatre piliers octogonaux. Talaja a aussi des temples jaïns intéressants. Près des temples jaïns et des grottes bouddhiques de Talaja se trouve la plage séduisante de Gopnath. Quittez l’autoroute et
prenez la route en direction de Gopnath. Ici un bout de littoral avec des falaises de calcaire domine la mer. Le Gopnath Bungalow se situe sur une falaise entre des rochers et un phare. C’est ici qu’autrefois les Maharajas de Bhavnagar passaient leurs étés dans les années 1940. C’est un hôtel du patrimoine d’où l’on a une vue infinie sur la mer. Près de la plage, se trouve le temple Gopnath Mahadev où le Seigneur Shiva et le Seigneur Krishna sont vénérés. Le sable est blanc mais la mer est turbulente le long du golfe de Khambath. Le long de la côte orientale de Khambath s’étendent les plages populaires de Tihal, Nargol Ubhrat avec des eaux plus calmes. Les amateurs de plage aimeront la Plage de Berkeshwar près du fort de Pipavav et la plage de Muhava, ceinture verte de palmiers et d’arbres fruitiers. Bhavnagar est bien desservi par avion, chemin de fer et route. Pour plus d’information contacter l’Office de tourisme du Gujarat, Udyog Bhavan, Bloc n°16, 4ème étage, Secteur 11, Gandhinagar, 382 011. Téléphone : +91-7923222523, 23220002 Fax : +9179-23222189-23238908 E-mail : gujtour@icenet.net, site internet : ❑ www.gujarattourism.com Deepti Bhagat India Travel Online Vol XIII, N°1 29
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Bargarh, en Orissa, est une petite ville tranquille qui s’étend sur quelques kilomètres carrés et reprend vie durant les onze jours que dure le festival connu sous le nom de Dhanu Yatra. Elle se transforme alors en la ville épique de Mathura où régnait le roi mythologique Kansa (l’oncle du Seigneur Krishna). Au cours des derniers 77 ans, ce festival s’est tenu au mois de janvier. Tous les épisodes de « Kansa Vadh » (la mise à mort de Kansa) ont lieu dans différentes parties de la ville, qui devient le grand théâtre en plein air au monde. Les visiteurs sont transportés dans le passé comme avec une machine à remonter le temps. A propos, la vraie ville de Mathura se trouve dans le nord de l’Inde, près de New Delhi. Des conducteurs de camion sur la nationale se demandent, déconcertés, si Kansa gouverne toujours ici quand, assis sur un éléphant caparaçonné, un homme moustachu, une couronne sur la tête, leur ordonne de s’arrêter et de payer une amende de 10 000 pièces d’or pour s’être introduits sans permission dans son « royaume ». Il leur faut quelque temps pour comprendre qu’il s’agit d’une plaisanterie. Les badauds leur demandent de payer 10 roupies d’amende et de se joindre à la fête. La scène fait partie du légendaire Dhanu Yatra (festival de l’arc) où le règne de Kansa continue jusqu’à Paush Poornima, le jour de la pleine lune, quand Kansa est « tué » par son neveu Krishna. Chaque année quand Bargarh devient Mathura, le village voisin
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BARGARH EN ORISSA : FOYER DU PLUS GRAND FESTIVAL DE THÉÂTRE EN PLEIN AIR DU MONDE
d’Amapali devient « Gopapur », immortalisé par Krishna et son « Krishna Leela » et la rivière Jeera devient la « Rivière Jamuna ». L’ambiance attire des milliers de personnes des villages voisins jusque dans les rues de Bargarh pour s’amuser et participer à cette reconstitution. La principale attraction du festival est Kansa. La ville entière se métamorphose en une scène en plein air où les 80 000 habitants deviennent les sujets de Kansa. Pendant le festival, aucun « des sujets » ne remet en cause la « tyrannie » qu’ils s’apprêtent à subir, et même les fonctionnaires sont chargés de procéder à des évacuations. Le festival est basé sur le « Krishna Leela » dans lequel le Roi Kansa invite ses neveux Krishna et Balaram à être témoins du Dhanu Yatra dans l’intention de les tuer mais qui, en fin de compte, se fera tué luimême. Le festival commence par la promulgation du grand mariage de Devaki, la soeur de Kansa à Vasudev, et continue ensuite avec la naissance de Krishna et atteint son apogée avec la mort de Kansa. Kansa tient audience tous les soirs
dans un pandal érigé à Hatpada, au coeur de la ville du Bargarh. La caractéristique la plus remarquable de ce festival, qui espère figurer dans le Guinness des Records du monde, est qu’il n’y a aucun spectateur et que la population toute entière participe à la représentation épique. Chevauchant son éléphant, Kansa fait un « Nagar Parikrama », le tour de la ville chaque matin et donne des amendes. Les origines du « Dhanu Yatra » sont entourées de mystères. Certains disent qu’il a commencé au 16ème siècle, d’autres qu’il était populaire au 18ème siècle. Il a repris à l’époque de l’Empire britannique. Bargarh se situe sur la nationale 6, qui relie Calcutta à Mumbai et est bien connecté au reste du pays. Pour plus d’informations, visitez le Département du Tourisme, Paryatan Bhawan, Museum Campus, Bhubaneswar - 51014, Orissa, Tel+91674-2432177, Fax : + 91-6742430887, Email : ortour@orissatourism.gov.in et site internet : http: // www.orissatourism.gov.in ❑ Deepti Bhagat India Travel Online Vol XII, N°20 Nouvelles de l’Inde n° 400
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GROS PLAN SUR LE JAMMU-ET-CACHEMIRE
• L’Etat du Jammu-et-Cachemire a été créé le 1er mai 1951. Cet Etat, le plus septentrional du pays, est bordé par les Etats de l’Himachal Pradesh et du Pendjab au Sud, par la République Populaire de Chine au Nord-Est, et par le Pakistan à l’Ouest et au NordOuest. Géographiquement et culturellement, le Jammu-et-Cachemire est divisé en trois régions : le Jammu, la Vallée du Cachemire, le Ladakh, et compte 22 districts. • Capitale : Jammu (en hiver) et Srinagar (en été) • Superficie géographique : 222 236 km2. C’est le 6ème plus grand Etat de l’Inde. • Population : 10 143 700 habitants (17ème rang).
Introduction L’Etat du Jammu-et-Cachemire est souvent décrit comme un « paradis sur terre ». Fameuse destination touristique, cette terre offre un contraste remarquable entre l’imposante splendeur des montagnes et des forêts enchanteresses et l’étendue des plaines séchées par le soleil. Les lacs d’eau douce nés de la fonte des neiges et des glaciers, tel le Wular qui, avec ses 1 947 km de long et 8 km de large est le plus grand du pays, participent de cette réputation. La qualité de l’air y est en outre excellente, propice à la richesse de la faune et de la flore. Les visiteurs y poursuivent également des quêtes spirituelles. Et cela suscite un véritable engouement puisqu’au cours de l’année 2008-2009, le nombre de touristes ayant visité l’Etat a atteint le million. Nouvelles de l’Inde n° 400
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Le Jammu-et-Cachemire en bref
Houseboats (Nagin Lake, Srinagar, Jammu-Kashmir)
Les performances économiques du Jammu-et-Cachemire sont également remarquables. Le produit intérieur brut de l’Etat était de 7,91 milliards de dollars US en 20072008, ce qui correspond à un accroissement de 11,3% depuis 1999-2000. Bien que l’agriculture soit un secteur important, horticulture en tête, c’est le tertiaire, conduit par l’administration publique, qui domine ; la part du secteur secondaire dans le PIB n’était que de 8,4% en 2007-2008, mais cela représente une augmentation de près de 14% par rapport à 19992000. Il s’agit essentiellement d’une industrie artisanale : les tapis de soie du Cachemire sont réputés dans le monde entier et représentent une grande part des exportations du pays. Les ménages disposent de revenus plus élevés par rapport au reste du pays et consomment donc davantage. Leur répartition selon le niveau socio-économique montre que dans les zones urbaines, la part des ménages qui sont entrepreneurs est élevée et que ce segment a plus de moyens. Par ailleurs, le taux d’alphabétisation de l’État est de 55,5% selon le recensement de 2001, avec une disparité assez marquée entre les zones rurales et urbaines, entre hommes (66,6%) et femmes (43%). Le taux de natalité, et encore plus celui de mortalité, sont inférieurs aux moyennes nationales.
Infrastructure Sociale Education Le système éducatif constitue une des priorités pour le gouvernement de l’Etat du Jammu-et-Cachemire. On y dénombre quelque 25 000 écoles, 7 universités, 37 instituts de formation technique, 4 écoles polytechniques et 34 écoles d’enseignement supérieur, dont 2 écoles d’ingénieur et 5 facultés de médecine. Le Jammu-et-Cachemire est le seul Etat où l’éducation est gratuite jusqu’à l’université. Des universités d’été ont été ouvertes pour les gens qui vivent dans les zones montagneuses isolées et pour les étudiants de classes défavorisées. Santé Les institutions médicales sont relativement bonnes dans l’Etat du Jammu-et-Cachemire. En 20072008, l’Etat disposait de 117 hôpitaux, 265 dispensaires ayurvédiques, 265 dispensaires unani, 1888 sous-centres, 347 centres de soins primaires et 80 centres communaux de santé. Transports Le Jammu-et-Cachemire compte 15 012 km de routes nationales, c’est-à-dire l’un des maillages les plus faibles du pays (35,7 km de routes pour 100 km2). Cependant le gouvernement central de l’Inde a décidé de faire de l’amélioration de son réseau routier une priorité et 31
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Par ailleurs, 19 538 personnes jouissent d’une connexion Internet.
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Infrastructure industrielle
Aéroport de Srinagar
Électricité et télécommunications Électricité L’Etat a produit en 2008-2009 1075,8 MW, en grande partie grâce à des systèmes hydroélectriques et des turbines à gaz. C’est plus du double de sa production 20012002. Sur les pentes himalayennes, le potentiel hydroélectrique est immense bien sûr, mais la production d’énergie solaire est également privilégiée puisque le Jammu-et-Cachemire bénéficie du programme national d’Electrifica32
tion des Villages Reculés (RVE). Ainsi en septembre 2009, des systèmes d’éclairage électrique fonctionnant grâce à l’énergie solaire étaient opérationnels dans environ 3 900 foyers dans 27 villages. Des projets s’attaquent aux 284 villages toujours dépourvus d’électricité. Télécommunications Bharat Sanchar Nigam Ltd (BSNL) est le principal prestataire de services de téléphonie de base et des services associés dans l’Etat. Il y a cinq secteurs de commutation secondaires (SSAs), à savoir Jammu, Srinagar, Udhampur, Rajouri et Leh. Selon les évaluations de l’Organisme de réglementation des Télécommunications de l’Inde (TRAI), à partir d’août 2009, l’Etat comptait 4,42 millions d’abonnés sans fil et 231 507 abonnés au fil.
L’industrie agro-alimentaire Environ 80% de la population dépend de l’agriculture et des activi-
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d’importants projets sont en cours comme la construction de l’autoroute à quatre voies reliant Jammu à Srinagar. En raison du terrain difficile, le réseau de chemins de fer du Jammuet-Cachemire ne s’est pas développé comme dans d’autres parties du pays. Des travaux pour connecter Srinagar et Baramullah ont été entrepris. Les projets de communication ferroviaire Udhampur-Katra, Katra-Qazigund et Qazigund-Baramullah ont été approuvés au niveau national. Environ 8 km du tunnel de 11 km de long qui relie Qazigund à Banihal ont été achevés et celui-ci devrait ouvrir au trafic avant décembre 2010. L’Etat possède un aéroport international à Srinagar et deux aéroports nationaux à Jammu et Leh.
Le Jammu-et-Cachemire est célèbre pour ses industries artisanales de petite taille : tissage de tapis, soies, châles, vannerie, poteries, cuivre, argenterie, papier mâché, le travail du bois de noix. Mais c’est surtout la filière alimentaire et les industries basées sur l’agriculture qui prospèrent dans l’Etat, profitant d’un climat excellent pour l’horticulture et la floriculture. En outre, l’Etat peut se targuer d’un fort afflux des investissements dans le secteur des services et de l’énergie. Les complexes industriels se concentrent essentiellement autour des villes de Srinagar et de Jammu ; de nombreuses subventions et exonérations cherchent à encourager leur développement. Parmi les complexes industriels, citons Bari Brahmana, Gangyal, Samba, Kathua, Rangreth, Lassipora, Pulwara, Khanmoh, Zainakote, Zakura, Ompura, Budgam. Citons aussi le parc industriel pour la promotion des exportations de Katholi au Jammu, le projet de développement d’infrastructures intégré d’Udhampur.
Plantation de tulipes
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Le tourisme Le nombre de touristes en 20082009 a atteint le million, en nette augmentation par rapport à l’année précédente qui n’en a vu que 650 000. Le Jammu est célèbre pour ses temples tandis que la vallée du Cachemire, populairement décrite comme « paradis sur terre » est une destination de tourisme bien connue. Les principales attractions touristiques sont : le Chashma Shahi au printemps, le Shalimar Bagh et le
tés connexes. Le bois de saule du Cachemire est utilisé pour la fabrication des battes de cricket. Parmi les produits exportés du Jammuet-Cachemire, citons les pommes, l’orge, les cerises, le maïs, le millet, les oranges, le riz, les pêches, les poires, le safran, le sorgho, les légumes et le blé. Le riz et le colza comptent parmi les récoltes les plus importantes. En 20072008, la production totale de ces cultures a atteint 0,6 million de tonnes. L’industrie horticole et floricole L’horticulture est l’activité principale de l’économie rurale du Jammu-et-Cachemire, produisant un revenu annuel de 11 millions de dollars et fournissant du travail à des milliers de gens, directement et indirectement. L’Etat possède les conditions agro-climatiques appropriées pour une grande variété de fleurs. L’industrie de la floriculture de l’Etat répond à la demande du marché national et international. L’artisanat L’artisanat est une autre partie importante de l’industrie traditionnelle de l’Etat : les tapis de soie du Cachemire sont connus à travers le monde et représentent une grande part des exportations du pays. Les objets en papier mâché, les sculptures en bois, les châles et broderies comptent parmi les produits les plus appréciés du Cachemire. L’Etat du Jammu-et-Cachemire a établi une société de promotion de ventes à l’exportation de l’artisanat pour promouvoir le développeNouvelles de l’Inde n° 400
Informatique L’informatique est le secteur en pleine croissance, bénéficiant des plus lourds investissements et d’un engagement prononcé de l’Etat qui se chiffre à 30 millions de dollars. Les projets concernent aussi l’établissement de plus de 1000 ‘’relais informatiques’’ pour les villages les plus reculés.
Infrastructure culturelle
Lac Dal à Srinagar ainsi que Gulmarg, Pahalgam et Sonamarg dans la vallée du Ladakh et les temples Vaishno Devi et Patnitop près de Jammu. Le gouvernement a mis en place 19 Autorités du Développement Touristique (TDA) aux endroits les plus fréquentés.
Les nombreux sanctuaires du Jammu attirent des milliers de pèlerins chaque année. Le Ladakh, également connu comme « Le petit Tibet » est renommé pour ses montagnes et sa culture bouddhique. Le tir à l’arc et le polo sont les sports favoris de l’Etat. Les formes musicales sont la musique cachemiri d’inspiration soufie, le chakri, jeeda-ji kukoo, benthe, dogri lok geet, les chants folkloriques gojri, ladakhi et le bakhan. Plusieurs formes de danse traditionnelle existent (dumhal, geetru, krak, jabro, gwatri, rouff, roul, surma, kud pahari et dogri). La culture et la tradition Dogra du Jammu ressemblent à celle du Pendjab et de l’Himachal voisins. Les festivals traditionnels de Lohri et Vaisakhi sont célébrés dans cet Etat. ❑
Textile et Sériculture Le Cachemire est célèbre pour sa soie de qualité et ses filatures traditionnelles. La filature de laine située à Srinagar et appartenant à l’Etat produit autour de 300 000 mètres de divers types de soie qui serviront à la fabrication de châles ou de tapis. Une fabrique voisine a, elle, une capacité de production de 2 000 pelotes de laines et 1 500 broches de laine peignée. L’Etat a aussi un budget spécial de 3 millions de dollars US pour le développement de la sériciculture, l’obtention de cocons, la culture
Métier à tisser
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Bols en papier mâché
de mûriers sur des terrains privés, etc.
Brodeur
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ment et la croissance de ce secteur. Le gouvernement indien porte également une attention particulière à l’Etat pour son bassin d’emploi et l’expertise de sa main-d’œuvre.
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NOUVELLES L’INDE LE COIN DESDE ENFANTS LE ROI ET LE TAMARINIER Il était une fois un jeune roi qui était très beau. Malheureusement, il ne pensait qu’à son apparence. Il passait tout son temps à se regarder dans des miroirs, se tournant d’un côté puis de l’autre, pour mieux apprécier sa propre perfection. Il admirait son profil parfait, ses moustaches qui s’enroulaient si bien, ses beaux vêtements et ses nombreux bijoux. Parfois, il ne se rendait même pas à la cour tellement il était occupé à s’admirer. S’il assistait aux débats, il découvrait soudainement un petit défaut sur ses vêtements et quittait les lieux pour aller se changer. Il ne pensait pas du tout à son royaume. Les dieux étaient un peu ennuyés à son sujet et parfois ils survolaient son royaume pour voir si les gens allaient bien. Un jour, un des dieux vola non loin de la fenêtre du roi et l’entendit parler à son image : « Je suis aussi beau qu’un dieu. Peut-être même plus beau qu’un dieu ! » disait le roi. Le dieu était furieux et décida de le punir. Le lendemain matin, le roi se réveilla et se dirigea directement vers le miroir, comme d’habitude. Il fut horrifié de voir qu’une paire de cornes avait poussé sur sa tête. Il tira dessus doucement puis de plus en plus fort mais elle ne voulait pas bouger. Finalement, il fit appeler son coiffeur. « Mon bon monsieur », dit-il, « j’ai un gros problème. Voyez-vous ces cornes ? » Le coiffeur les avaient vues bien sûr, mais il n’avait rien osé dire. « Je veux que vous me les enleviez », dit le roi. Le barbier tira doucement puis de toutes ses forces sans résultat. Il essaya de les couper mais cassa son rasoir. Finalement, il décida de recouvrir les cornes avec des cheveux, des bijoux et un turban. Cela n’était pas très joli ; en fait, le roi paraissait ridicule mais c’était ce que le coiffeur pouvait faire de mieux. Le coiffeur était sur le point de partir quand le roi dit : « Ne le répétez à personne s’il vous plaît .» Aussitôt que le coiffeur quitta la chambre du roi, il éclata de rire et ne put s’arrêter. Les courtisans se réunirent autour de lui et lui demandèrent ce qui se passait. Il quitta le palais, se tenant les côtes. Il continua de courir, jusqu’à ce qu’il arrive dans un lieu désert des jardins du palais, près d’un tamarinier. « Si je ne le dis à personne, je vais exploser », pensa-t-il. Alors il raconta au tamarinier ce qui était arrivé au roi. Entre temps, comme le roi ne pouvait supporter l’image que lui renvoyait le miroir, il vint rendre visite à sa cour. Pour la première fois de sa vie, il resta assis là toute la journée. Si les courtisans étaient réellement intrigués par l’affreuse coiffure, ils étaient vraiment contents maintenant que le roi semble faire sérieusement son travail. « Peut-être qu’il a grandi et qu’il est devenu plus responsable », dit un des ministres à l’autre. Cette nuit-là, il y eut une tempête et le tamarinier fut emporté par le vent. « Coupez-le », dit le roi. 34
« Donnez une partie du bois au joueur de tambour pour fabriquer de nouveaux tambours et le reste ira aux cuisines. » Le musicien fabriqua de nouveaux instruments. Il les fit très grands pour qu’on puisse les entendre à travers toute la ville. Mais, quand il en joua pour la première fois, les tambours ne rendirent pas le son habituel boum-boum-boum. A la place, ils émettaient ces mots « Le roi a des cornes. » Le musicien était horrifié. Il essaya de jouer des tambours de façon normale mais rien n’y faisait et la même parole était proférée. Le bruit se répandit dans toute la ville et tout le monde dans le palais se réunit pour écouter. Désormais, chacun savait ce qu’il y avait derrière cette étrange coiffure et tout le monde se moqua du roi. Le roi ne pouvait le supporter plus longtemps et s’enfuit dans la forêt. Il y vécut pendant des années, se nourrissant des fruits des arbres et de l’eau des rivières. Il était si reconnaissant aux animaux de ne pas se moquer de lui qu’il en fit ses amis. Lui s’occupait d’eux quand ils avaient faim ou étaient blessés. Peu à peu, il devint un autre homme et arrêta de se préoccuper de son apparence pour penser à d’autres choses. Puis un jour, il toucha sa tête et sentit que ses cornes avaient disparu. Peu de temps après, quelques courtisans du roi chevauchaient dans la forêt et virent le roi. Ils constatèrent qu’il n’avait plus de corne. « Votre majesté »,dirent-ils, « rentrez au royaume s’il vous plaît. Ce n’est plus la même chose sans vous. » Le roi s’en revint au royaume et au lieu de se préoccuper de son apparence, il se concentra pour gouverner son peuple de façon sage et bonne. 101 folktales from India Eunice de Souza Illustrations de Sujata Singh, Puffin Books Nouvelles de l’Inde n° 400
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ÉCHOS ET SENTEURS DE L’INDE UNE ENTREPRISE DE NAVIGATION A VAPEUR INDIENNE EN INDOCHINE FRANCAISE, 1891-1900
Robert Piguet l’enchanteur nous séduit encore avec un « Fracas » porteur d’émois qui associe tubéreuse, jonquille, gardénia et un souffle d’agrumes sur fond de bois de santal, vétiver et musc. Autre jus de Robert Piguet créé en 1950, et actualisé il y a peu « Baghari » du nom d’une ville indienne, heureux mélange de bergamote, violette, jasmin, iris, ambre, musc, etc.
Pour le marché oriental… et aussi occidental, Amouage lance des lignes étoffées pour homme et femme. Lyric pour femme, fragrance un peu mélancolique combine cannelle, gingembre, iris, musc, encens argenté, santal et autres senteurs exquises. On retrouve le santal dans Lyric pour homme, mais aussi dans Ciel, Epic, Gold, Silver, Ubar et Reflection. Amouage se préoccupe aussi du bain et de la maison. Bougies et sprays d’ambiance font appel à des senteurs évocatrices dont « Indian song » et « Mughal gardens ». Clarins propose une nouvelle « mousse exquise auto-bronzante » à base d’aloès, konjac, mirabellier et carthame, cette dernière provient de l’Inde ; l’huile issue de ses graines offre des propriétés émollientes et hydratantes. Clarin utilise le tourteau du carthame pour sa capacité à activer le bronzage. Pour la peau des hommes, Clarins emploie le galanga, l’herbe à bison et aussi Nouvelles de l’Inde n° 400
le pourpier, originaire de l’Inde, riche en acide gras Omega 3. Récemment Jardin Bio marque du groupe charentais Lea Nature, a lancé une gamme complète d’épicerie asiatique certifiée bio. Parmi les recettes gourmandes, l’Inde figurait en bonne place : soupe indienne au curry doux avec petits légumes, riz byriani avec petits raisons, chutney avec mangue, goyave et orange, sauce massala (curry et coco) à consommer chaude ou froide, sauce curry douce avec tomates et oignons auxquels on peut ajouter des morceaux de fruits. Chaque massala a sa recette : plus la liste des ingrédients est longue, meilleur il sera. L’Etude de Pierre Bergé et Associés a organisé une vente « Art d’Orient » avec de beaux exemples de peintures indiennes des cours rajpoutes, des Etats himalayens et du Rajasthan (18ème-19ème siècles). Les Rajpoutes ont été transformés par le pouvoir musulman des empereurs moghols depuis le 16ème siècle. Le culte devient religion d’amour à travers Vishnou et Krishna. La peinture du Rajasthan traduit un grand intérêt pour la chasse. On admire un sage dans un jardin (A), l’assemblée des dieux (B), Çiva uni à Mahavidya (C) et Durga qui rencontre le démon (D). A
Au salon Omyagué du cadeau professionnel, la société Gilles Dewavrin a proposé des bougies aux parfums exquis dont une SARI qui allie cassis, figue et santal.
Jo Malone lance une nouveauté : « Black vetyver café » qui combine l’encens avec le santal et quelques grains noirs de café. Au Salon « Maison et Objet » la firme Blanc des Vosges a présenté une parure en satin de coton de couleur : « la Bayadère » qui affiche de larges rayures multicolores.
De son côté, Deshoulières a mis en valeur sa collection - DHARA qui rappelle les teintes des plus beaux saris du Pendjab et du Cachemire.
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On retrouve ces couleurs somptueuses dans le tissage des tapis traditionnels de l’Inde. L’ensemble est rehaussé d’or mat. Ci-dessous modèle « Rajasthan » en coton lon35
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ÉCHOS ET SENTEURS DE L’INDE
gues fibres créé par le Jacquard Français. Ce modèle se décline en nappes, sets, serviettes, chemins de table, vis-à-vis, etc.
Voici l’édition limitée 2010 du flacon collection Cristal de Lalique : cette édition féminine reprend le motif des poissons de la fontaine (Cascade). Au cœur du flacon se blottit un parfum « Lalique de Lalique » qui associe jasmin, giroflée, iris, rose, vanille, muscs blancs et santal de Mysore.
Il y a du nouveau chez « Acqua di Parma ». Cette eau de beauté, fraîche et lumineuse, combine agrumes, roses de Bulgarie et santal. Elle s’habille maintenant d’un fourreau de cuir. Ducray propose une gamme de soins pour nourrir et réparer les cheveux secs, abimés grâce au beurre d’illipe, actif d’origine végétale. Ce beurre provient du shorea robusta, c’est-à-dire le dhammar de l’Inde. Cet arbre tropical se développe dans le sud himalayen et au 36
Bengale. Haut de 20 à 30 mètres, sa floraison est spectaculaire, car il se pare de fleurs somptueuses. Les fruits ramassés à la main avant la saison des pluies (juin/juillet), sont étalés au soleil et sèchent sur le sol. Ils renferment une amande dont on extrait une huile appelée « beurre d’illipe » riche en acides gras et vitamine E. Onctueux, il est aussi anti radicalaire et donne le nutricerat régénérant. Danièle Granet et Catherine Lamour sont deux journalistes de haut niveau qui ont étudié les « Grands et petits secrets du monde de l’art » (éd. Fayard). Ce monde-là fonctionne à l’échelle de la planète, comme une société secrète qui agit en plein jour. Le délit d’initié n’y est pas interdit mais éventuellement recommandé. Une centaine de décideurs font et défont les cotes. Le milieu est opaque. La crise financière de 2008 l’a secoué, mais le système n’est pas près de s’effondrer. L’ouvrage évoque le cas de Subrodh Gupta. Avant 2005, ses toiles des années 1990 étaient proposées entre 4000 et 10 000 euros. En avril 2008, la sculpture « Vehicle for Seven Seas » a été vendue 425 000 euros chez Art Curial. Proche de François Pinault, S. Gupta a offert une toile pour la vente de charité (Christie’s 17 mars 2009) au profit de l’association du professeur Khayat. Le théoricien de l’art Nicolas Bourriaud a découvert le travail singulier de S. Gupta lors d’un voyage à Séoul, et l’a fait connaître à la galeriste Fabienne
Leclerc. Gupta a été exposé en 2001 au Palais de Tokyo, et il est venu en résidence à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Les auteurs ont interviewé le galeriste-collectionneur Pierre Huber : chez lui tout est grand format, les photos américaines, les installations indiennes, etc… P. Huber a repéré S. Gupta dans une exposition en Italie. Parti en Inde, il découvre la floraison d’artistes indiens ; grâce à S. Gupta, il s’immerge dans l’art contemporain indien. Gupta peut utiliser des ustensiles indiens de cuisine en inox brillant. Il a été exposé à la Goutte d’or. François Pinault l’a installé au Palazzo Grassi à Venise. Yona Friedman, souvent traitée de façon inamicale par les architectes français, a reçu l’appui d’Indira Gandhi. Ainsi certaines utopies des Nations Unies ont pu se concrétiser. En témoigne le musée de la technologie de Madras fabriqué à partir de matériaux locaux comme le bambou. Il y a toujours un décalage entre une nouveauté et le succès qu’elle pourra avoir. Le galeriste doit expliquer, enfoncer le clou, et remettre l’ouvrage cent fois sur le métier. Il y faut du flair, et à l’arrière un banquier compréhensif. Maya est la co-auteur du livre « Lumière de l’Inde du sud, voyage dansé au cœur des temples », qui a été sélectionné pour le Best of du Crumble de France Inter. Elle est passée sur France Inter le 20 juin dernier. Elle est ensuite repartie en Inde pour faire une présentation dansée dans les jardins de la maison Colombani de l’exposition de photographies « L’œil de Shiva » de Dominique Guillemain d’Echon, autour du livre « Lumière de l’Inde du sud, voyage dansé au cœur des temples » le vendredi 16 juillet. Le 23 juillet, Maya a donné un récital de Bharata Natyam pour les 1000 ans de ce haut lieu inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco dans le temple de Tanjore. (voir ❑ Revue des Livres) E.B. Nouvelles de l’Inde n° 400
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REVUE DES LIVRES Romans/Nouvelles Anita cherche mari, d’Anita Jain, traduit de l’anglais par Sophie Bastide-Foltz, Éditions Actes sud. D’Anita Jain on peut dire qu’elle a réussi sa vie dans tous les domaines… ou presque car, à trentedeux ans, elle n’est toujours pas mariée. Au moment où le récit commence, Anita, après avoir travaillé comme journaliste sur plusieurs continents, habite depuis trois ans à New York, et ses expéditions matrimoniales pour dénicher un “garçon convenable” – et peut-être même l’amour… ? – sont, jusque-là, vaines. Indiens installés de longue date aux Etats-Unis, ses parents, inquiets de voir leur fille encore célibataire à un âge aussi “avancé”, lui conseillent avec insistance de recourir au mariage arrangé. Malgré ses réticences, naturelles chez une jeune femme éduquée aux Etats-Unis et, par conséquent, émancipée et très occidentalisée, Anita finit par accepter et décide de partir pour l’Inde dans l’espoir d’y rencontrer le mari de ses rêves. Mais, plutôt que d’obéir à la coutume en vigueur et de laisser des tantes prendre son destin en main, elle choisit d’“arranger” les choses à sa manière. A New Delhi, elle découvre une ville cosmopolite et vibrante et, au-delà, un pays où plus de la moitié de la population a moins de trente ans. Des jeunes qui mènent une vie encore très traditionnelle, mais aussi des femmes célibataires, divorcées, ou des homosexuels qui, loin d’être marginalisés, font pleinement partie de cette nouvelle Inde prospère. Anita cherche mari est un livre tonique, d’une intelligence pétrie d’humour où l’autodérision se mêle à un suspense insoutenable : oui ou non, Anita vat-elle trouver ce mari qu’elle cherche ? Le thème du mariage arrangé nouvelle version, bien norNouvelles de l’Inde n° 400
male dans un pays oscillant entre tradition et modernité. Mes seuls dieux, Anjana Appachana, trad de l’anglais (Inde) par Alain Porte, Editions Zulma. La parution d’un livre traduit par Alain Porte est toujours pur plaisir. D’une part par la qualité du texte original mais aussi de la traduction… Sans doute parce que l’Inde n’a pas de secret pour Alain Porte. Pleines d’inventions narratives, les huit nouvelles d’Anjana Appachana entrelacent enchantement amoureux et cruauté inconsciente, songeries amères et tendres, conflits cocasses ou tragiques. Elles nous font découvrir l’Inde contemporaine du point de vue de la femme, à travers les âges de sa vie, depuis l’enfance vulnérable jusqu’aux déboires parfois dramatiques des épousailles, de la fillette qui s’invente une vie sentimentale à celle qui porte une dévotion folle à sa mère au point de la croire en communication directe avec le panthéon des divinités hindoues ! Car la société indienne aujourd’hui, extraordinairement complexe, met aux prises plusieurs mondes, plusieurs époques même. Dans les années quatre-vingt où se situent ces histoires, on assiste à un véritable bouleversement des mentalités qui déjà sont différentes selon les coutumes pratiquées dans les divers Etats indiens qui ne comptent pas moins de 23 langues et de multiples colorations spirituelles et politiques. Anjana Appachana, telle une magicienne, se glisse dans les méandres de la libération de la femme indienne. D’une histoire à l’autre, le lecteur découvre, non sans une certaine émotion, le parcours de ces fillettes ou jeunes filles jusqu’à l’âge adulte où bonheur et drame s’entremêlent et ne peut s’empê-
cher de voir que finalement le monde est bien petit et que même si la tradition est parfois plus forte en Inde, ces histoires font écho en elle. Traces de Santal, de Anna Soler-Pont et Asha Miró (traduit du catalan par François-Michel Durazzo), Ed. Buchet Chastel. Ce roman autobiographique retrace le parcours de 3 enfants provenant d’univers très différents ; l’un, Solomon, petit orphelin éthiopien de 8 ans à Addis-Abeba, ou le pouvoir de l’empereur Hailé Sélassié est sur le point d’être renversé par un coup d’Etat, et celui de 2 petites filles indiennes du Maharashtra, Mouna et Sita qui vont être séparées suite au décès de leur mère, l’une travaillera dans une fabrique de tapis de Bombay tandis que l’autre, la plus jeune sœur, sera recueillie par un orphelinat. Bien des années plus tard, ayant eu des vies complètement différentes, Mouna devenue une star du cinéma indien, Solomon un architecte fraîchement installé à Barcelone et Sita, pédiatre à Barcelone, le destin fait que c’est dans cette grande ville que ces trois enfants devenus adultes vont se retrouver pour ne plus se séparer. Un beau roman aux accents parfois pathétiques mais tellement humains. Rappelons que cet ouvrage est largement autobiographique, Anne Soler-Pont ayant adopté une petite fille et Asha Miro, ayant, elle, été adoptée par une famille espagnole. Un livre plein d’espoir qui nous parle des enfants, de l’amour, de la tristesse, de la beauté, de l’homme. Le miniaturiste, Kumal Basu, traduit de l’anglais par Simone Manceau, éditions Philippe Picquier. Inspiré du personnage légendaire que 37
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fut le fils de Mir Abd-us-Samad, l’un des plus grands maîtres de la miniature persanne dans l’Inde moghole. Ce fils au talent prodigieux disparut brutalement des chroniques de l’époque, sans que l’on connaisse son destin. C’est un peu ce qui arrivera à Bihzad, le protagoniste du livre, qui, en secret, peint l’objet de son amour. Ceci est mal perçu dans une société ou les artistes sont employés au service du royaume. Bihzad est destiné à succéder à son père à la tête de l’atelier des artistes impériaux, mais il préfère s’exprimer librement dans son art plutôt que de le mettre au service du pouvoir. La rébellion de Bihzad l’entraînera bien au-delà des murs du palais de gré rose pour l’emmener auprès des caravaniers et guerriers et autres soufis ou marchands d’esclaves aux confins de l’empire d’Akhbar. A la fois œuvre littéraire de qualité, ce livre contient également beaucoup de précision historique, ce qui place ses personnages aux limites de la légende. Le parcours de Bihzad nous emmène audelà des apparences et met à jour ce que personne ne devait voir : l’invisible au sein du visible, l’essence même des choses au-delà de l’image délicate et trompeuse qu’offrent les miniatures.
Spiritualité Krishnamurti, l’Aventure de l’Eveil, textes choisis par Patrick Mandala, Éditions Le Relié. Au début du livre, le lecteur commence par lire ce constat de Jiddhu Krishnamurti (1895-1986) : « Il me semble que nous devrions nous poser des questions fondamentales et ne pas attendre que les réponses nous soient données par d’autres. (…) » Sage parole mais comment y parvenir dans ce monde où nous sommes sollicités de toutes parts ? Patrick Mandala rassemble ici une sorte d’abécédaire qui permet au 38
lecteur de faire sienne sa vie, de prendre véritablement conscience de sa Vie dans la vie. Ce à quoi nous invite le grand maître de la spiritualité laïque indienne, c’est d’expérimenter le vrai du faux, ce qui est bon pour nous, de prendre notre vie en main en explorant pas à pas ce qui correspond à notre nature profonde. Il s’agit pour nous d’être à l’écoute de notre être pour tenter d’avancer vers la vérité, la nôtre. Une bibliographie en fin d’ouvrage permettra au lecteur d’aller un peu plus loin après cette première approche ludique et facile. Itinéraire d’un yogi, de Paramahamsa Prajñanananda, collection spiritualité, Ed. Dauphin. Cet ouvrage est intéressant car il décrit le chemin spirituel d’un jeune Indien à partir du jour où à quatorze ans, il voit un article dans un journal local sur Shri Gouroudev qui rentrait d’Occident. Il décrit toutes les étapes de ce parcours long, difficile mais qui fait évoluer le disciple. A partir de là, les signes vont se multiplier et finalement Paramahamsa Prajñanananda va être initié au Kriya Yoga et être guidé spirituellement par Shri Gouroudev. Et pour son développement complet, il lui sera demandé de quitter l’Inde pour partir en Occident. Le titre de Paramahamsa (cygne suprême) ou de Maître réalisé parvenu à l’état yogique le plus élevé lui est conféré par Shri Gouroudev dès l’âge de 39 ans. Non sectaire, Paramahamsa Prajñanananda nous livre ici les clés d’un superbe cheminement spirituel personnel et tourné vers les autres grâce à sa Mission qui dispense soins, éducation aux plus démunis. Pour nous, lecteurs occidentaux, il est intéressant de lire le parcours d’un disciple indien et non occidental ce qui donne un éclairage de plus sur la spiritualité indienne.
Bien-être Le bien-être par l’ayurveda, les bienfaits de la cure ayurvédique, de Kyran Vyas, propos recueillis par Danielle Belforti, Editions Marabout. Kyran Vyas, infatigable promoteur de l’ayurveda en Europe, est le fondateur et directeur du centre Tapovan et auteur de nombreux ouvrages. Dans ce livre, il propose aux lecteurs de profiter de pratiques et conseils afin de renforcer leur « capital santé » par le biais de la cure ayurvédique au cours d’un temps privilégié. On trouvera dans cet ouvrage les concepts de base de l’ayurvéda, des principes et recettes diététiques, des techniques de massages illustrés de photographies pas à pas, des soins quotidiens et des exercices physiques dont une séance de yoga illustrée. Tout cela est accessible et adaptable aux modes de vie occidentaux. Une saine lecture pour se préparer à la rentrée !
Sociologie Regards croisés dans la mondialisation, les représentations de l’altérité après la colonisation, de Cécile Girardin et Arkiya Touadi, Éditions l’Harmattan. A l’heure où la mondialisation redessine les frontières virtuelles et rend possible les échanges culturels comme jamais auparavant, la question de l’identité individuelle et collective est redéfinie et prend de nouvelles formes. Le présent ouvrage propose des analyses politiques, historiques et esthétiques, portant sur les transferts culturels aux XIXe et XXe siècles et leurs répercussions sur le monde contemporain. Dans cette perspective, les auteurs présentent l’étude de pluNouvelles de l’Inde n° 400
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sieurs regards sur l’Autre tels que l’éclectisme culturel de l’art contemporain indien ou l’influence créatrice de l’exil sur les écrivains des Diasporas. Cécile Girardin est maître de conférences à l’université d’Orléans et Arkiya Touadi, étudiante en master d’études postcoloniales à l’université de CergyPontoise. De Kipling à Rushdie, le post-colonialisme en question, de Nathalie Merrien, Éditions Presses Universitaires de Rennes. Le présent essai propose une étude critique inédite de plusieurs œuvres littéraires, de langue anglaise, issues du contact entre l’empire britannique et l’une de ses colonies, l’Inde. Il a pour point de départ la mise en évidence d’une tendance caractéristique du pouvoir colonial à amalgamer biologie et culture. Les différents acteurs de l’entreprise coloniale britannique, tels que les scientifiques qui ont émis des thèses sur la supériorité biologique d’une partie du monde sur l’autre et les écrivains qui ont renforcé les clichés et stéréotypes qui en découlent dans leurs œuvres, ont créé la mythologie de l’homme blanc, seul détenteur du pouvoir, du savoir et de la civilisation, la notion de pureté. Dans un deuxième temps, il est question de la façon dont les œuvres littéraires, dites postcoloniales, envoient à l’Occident un message où l’impur devient la règle. C’est par la symbiose, le métissage ou la fusion des influences que l’activité créatrice prend tout son sens. La vision du monde n’est plus une image en noir et blanc.
Danse Danse contemporaine et théâtre indien – un nouvel art ? de Katia Légeret-Manochhaya, collection Nouvelles de l’Inde n° 400
Théâtres du monde dirigée par Brigitte Le Guen, Presses Universitaires de France. Manochhaya , maître de conférences au département théâtre de l’université Paris 8 et danseuse de bharata natyam propose aux lecteurs et connaisseurs de danse contemporaine et théâtre indien un nouvel ouvrage dans lequel elle expose comment plusieurs artistes comme Shantala Shivalingappa, Padmini Chettur, grandes danseuses indiennes mais aussi Bartabas, Pina Bausch, Carolyn Carlson et Ariane Mouchkine partant de styles traditionnels indiens fondés sur cette notion que les diverses facettes de l’art, musique, théâtre, poésie, danse, arts plastiques, yoga ne font qu’un, ont opté aujourd’hui pour le théâtre et la danse contemporaine. L’auteur a étudié six de leurs créations et nous montre comment l’art et l’artiste se métamorphosent au fil du temps, des rencontres, comment le corps se transforme pour se dire autrement. Un monde en pleine exploration créative qui induit chez le spectateur un autre comportement, une autre façon d’aborder l’art et l’artiste. Un nouvel art serait-il né ? A l’image de la globalisation, l’art du spectacle est en pleine mutation. Bharata natyam, la danse classique du sud de l’Inde de Ka m i n i R a n g a radjou, Ed. L’Harmattan. Aujourd’hui ce style de danse classique de l’Inde du sud est bien connu en France où des spectacles tant par des danseuses indiennes que françaises formées en Inde ou en France sont présentés un peu partout et ce depuis bien des années maintenant. Toutefois cet ouvrage a le mérite de présenter aux néophytes de manière très synthétique et simple un art complexe et très codifié. L’auteur qui a commencé très tôt
l’apprentissage de ce style de danse à La Réunion est membre du Conseil International de la Danse Unesco et se produit également à l’étranger. Cet ouvrage s’adresse aux personnes qui ont envie de découvrir ce style de danse pour assister ensuite à une représentation ou suivre des cours. Histoire, technique, contexte culturel, un véritable condensé du Bharata Natyam.
Histoire Mattéo Ricci de Vincent Cronin, préface d’Elisabeth Rochat de la Vallée, traduction Jane Fillion, Ed. Albin Michel. Le sage venu d’Occident, Italien de la Renaissance, jésuite, est le premier Européen à avoir pénétré dans la cité interdite de Pékin. Quand il décide de s’habiller à la façon des lettrés confucéens, il reçoit le message de l’autre, en respectant la culture de l’autre. Mais avant d’arriver en Chine, Ricci a découvert l’Asie que les cartes géographiques du Moyen Age mettaient à la place d’honneur. A cette époque on pensait que les quatre fleuves du Paradis étaient l’Indus, le Nil, le Tigre et l’Euphrate. Déjà au 1er siècle après J.C, des bonzes bouddhistes venant de l’Inde étaient arrivés en Chine pour prêcher un monisme mystique. En 1540 les temples hindous de Goa avaient été détruits. Ricci, intelligent et ouvert, adoptera une attitude beaucoup plus souple. L’auteur évoque la personnalité du grand Moghol Akbar, lui aussi d’esprit ouvert, et le site de Cochin, berceau du Christianisme en Inde. Avec l’aide d’un jeune Indien, Ricci construit une grande horloge en Chine. Deux Indiens auraient rédigé la soutra appelée « les quarante-deux paragraphes » pour introduire le bouddhisme en Chine. ❑ E.B., S. Rizoug, V. Tourtet 39
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FENÊTRE NOUVELLES SUR LA CULTURE DE L’INDE INDIENNE ECONOMIE ET ENTREPRISE • L’Inde devrait produire plus de sociétés multinationales émergentes que d’autres pays Selon un récent rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC) sur les sociétés multinationales émergentes (MNCs), l’Inde devrait produire le plus grand nombre de nouvelles sociétés multinationales émergentes au cours des 15 prochaines années. (IBEF, CCXIX, 3 mai 2010) • La vente de voitures en Inde a augmenté de 39,93% en avril, le meilleur chiffre de la décennie La société des constructeurs automobiles indiens (SIAM) a enregistré une augmentation de 33,93% des ventes de voiture de tourisme en Inde en avril 2010 pour atteindre le chiffre de 182 181 unités. (IBEF, 11 mai 2010) • Nokia Siemens Networks, un leader de la télécommunication, programme de se fournir en composants en Inde pour 500 millions d’euros en 2010, ce qui représente une augmentation de 50% par rapport à 2009. (IBEF, 11 mai 2010) • Le parc IT de Koratty va démarrer ses opérations Quatorze sociétés vont démarrer leurs opérations en mai 2010 au Kochi Infopark à Koratty. Il s’agit du premier modèle de parc d’apport IT qui se monte dans le district de Thrissur. (IBEF, 11 mai 2010) • L’Inde figurera dans le top 5 des marchés de l’aviation civile d’ici 5 ans Le Ministère d’Etat de l’Union pour l’Aviation Civile, M. Praful Patel, a déclaré que le pays figurera parmi les cinq premiers marchés de l’aviation civile dans le monde au cours des cinq prochaines années. L’Inde est actuellement le neuvième plus grand marché de l’aviation civile dans le monde. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010) • Secteur Automobile Hyderabad accueille le premier ‘Salon automobile du Sud 2010’, une indication claire de l’importance croissante de l’Inde du sud dans un marché de l’automobile qui s’accroît. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010) • Les entreprises de R&D dans l’ingénierie parient gros sur le marché intérieur Les services de recherche et développement en ingénierie sur le marché intérieur indien devraient afficher une importante croissance. Il est prévu que d’ici 2020 le marché intérieur représente près de 10-15% du marché des services en recherche et développement en ingénierie. Ceci génèrerait un revenu de 40-45 milliards de dollars américains. (IBEF, CCXXI, 31 mai 2010)
NOMINATIONS • Un organe des Nations-Unies a élu un diplomate indien Chandrasekhar Dasgupta, diplomate indien de haut rang, a été élu par la Conférence Economique et Sociale (ECOSOC), un organe des Nations-Unies, au Comité des droits sociaux économiques et culturels. (IBEF, CCXIX, 3 mai 2010) • Maj. Gen. L.K. GUPTA AVSM Président élu d’INTACH Le Major L.K. Gupta (retraité) AVSM, est le nouveau Président d’INTACH (Indian National Trust for Art and Cultural Heritage). Il succède à M. S.K. Misra qui est parvenu à positionner l’organisation au premier plan dans le domaine de la préservation des monuments indiens, de son art et de sa culture. (India Travel Online, Vol XIII, n°5)
PROJET D’AIDE AU DÉVELOPPEMENT • Le Pan-African e-Network lancé par l’ancien président indien Abdul Kalam en 2009 se déploie peu à peu dans toute l’Afrique. 54 pays du continent bénéficient via satellite ou par fibre optique de ces programmes de télé-éducation, télé-médecine et collectes de ressources, déjà expérimentés auprès des populations indiennes. lI s’agit du premier grand projet SudSud – Inde, Union africaine, de soutien au développement.
TOURISME • Goa fait la fête durant la mousson Peu de personnes savent que Goa, plus connue pour son carnaval, célèbre des festivals même pendant la mousson. Le plus important est le Sao Jao célébré le 24 juin (la fête de St-Jean Baptiste) et la fête de St-Pierre et Saint-Paul célébrée le 29 juin. Un plongeon dans l’océan, les puits et les bassins sont la chose à faire. Les festivités comprennent des réjouissances, des chants et des danses interprétés sur de gigantesques scènes flottantes érigées sur des embarcations. Le festival de la moisson est célébré en août et est aussi marqué par la gaieté dans les villages. Bonderam, version unique du festival de la moisson est célébré sur la splendide île de Diwar. (India Travel Online, Vol. XIII, N°5) • Promotion du tourisme hors de l’Inde Le marché émetteur indien continue de grandir et beaucoup d’efforts sont fournis pour attirer l’attention de l’éclairé voyageur indien sur la promotion de destinations régionales autour du monde. En Inde, pour annoncer leur partenariat avec OM Tourisme, la délégation CCI de Pau Béarn était dirigée par Didier Brisset, membre de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Pau, avec ses partenaires l’aéroport Pau-Pyrénées, l’office de tourisme de Lourdes, l’office de tourisme et le Centre des Congrès de Pau. Dans son discours lors de l’inauguration le 28 mai à l’hôtel Oberoi, Didier Brisset, membre du Conseil d’administration de la Chambre de Commerce et d’Industrie a déclaré « Nous sommes ravis d’annoncer la nomination de OM Tourism en tant que représentant officiel de l’Inde pour le tourisme à Pau et dans les Pyrénées. Situé dans le sud-ouest de 40
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UNE ENTREPRISE DE NAVIGATION A VAPEUR INDIENNE EN INDOCHINE FRANCAISE, NOUVELLES 1891-1900 DE L’INDE la France, la région possède une histoire culturelle riche et un passé hors du commun, elle offre aussi une grande diversité d’activités et est facilement accessible de Paris par avion, train ou par la route. Nous pensons que l’Inde a un grand potentiel et que le touriste indien est toujours intéressé à visiter, expérimenter de nouvelles destinations. Les montagnes des Pyrénées qui bordent la France et l’Espagne fournissent une destination idéale avec une grande variété d’activités : golf, chasse à cour, circuit de course de Pau Arnos, ski, sports de montagne et escalade, rafting, canoë, V.T.T. , pour n’en citer que quelques-unes. Souvent cité comme le cœur historique du Sud Ouest, vous avez la possibilité de découvrir un riche héritage composé de châteaux et de musées. De plus, la région peut se vanter d’avoir la fameuse côte autour de Biarritz, souvent appelée la capitale française du surf. (India Travel Online, Vol. XIII, N°5) • L’Alphonso et la Kesar chatouillent les papilles gustatives au festival de la mangue Si l’été a quelque chose de bon, ce sont les mangues. Que vous le mangiez coupé en tranches, ou ajouté à de la crème anglaise ou encore sous la forme d’un délicieux milkshake, ce fruit sucré et juteux rend l’été supportable. Un festival de mangues du Gujarat et du Tamil Nadu a été organisé à Dilli Haat jusqu’au 24 mai. L’Alphonso, mangue toujours verte et la Kesar du Gujarat étaient les deux variétés qui étaient exposées et que les visiteurs ont pu goûter gratuitement. Le but principal du Festival était de promouvoir la variété rare Kesar qui est le meilleur pari après l’Alphonso (India Travel Online, Vol. XIII, N°4)
FAITS MARQUANTS • Le premier pont d’atterrissage du pays est en cours de construction au-dessus du fleuve Adyar à l’aéroport de Chennai. Le pont, qui franchira le fleuve sur une longueur de 200 mètres et une largeur de 462 mètres, pourra supporter le poids d’un A380 une fois construit. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010) • Le premier récif artificiel en Inde a été mis en place dans les eaux au large de la côte de la plage Kovalam au Kerala. Le récif, long de 110 mètres, protégera le rivage menacé par l’érosion, améliorera l’élevage du poisson et augmentera le potentiel touristique de la mer. (IBEF, CCXXI, 31 mai 2010 • Le Comité National sur la Commémoration du 150ème anniversaire de Swami Vivekananda présidé par le Premier ministre. Swami Vivekananda a été acclamé sur le plan international quand il s’est adressé au Parlement du Monde des Religions le 27 septembre 1893 à Chicago, aux Etats-Unis. Le gouvernement indien a décidé de commémorer le 150ème anniversaire de Swami Vivekananda et un Comité National a été constitué sous la présidence du Premier ministre, Dr. Manmohan Singh. La première réunion du comité national s’est déroulée à New Delhi, présidée par le Premier ministre. Dans ses remarques d’ouverture, Dr. Manmohan Singh a déclaré que Swami Vivekananda a entrepris beaucoup pour inculquer une conscience nationale parmi les gens. Son message était universel et basé sur la rationalité et la vertu. C’était un message s’adressant à tous les individus (…) Son message d’unité et de fraternité a eu une vaste portée et demeure pertinent encore aujourd’hui. (India Travel Online, Vol. XIII No. 4)
DÉVELOPPEMENT DURABLE • L’Orissa approuve 9 projets d’énergie solaire supplémentaires Le secteur de l’énergie renouvelable en Orissa a été stimulé avec l’approbation par le gouvernement de l’Etat, de neuf projets d’énergie solaire avec une capacité de génération globale de 57 MW, portant ainsi les prévisions de la capacité totale d’énergie solaire dans l’Etat à 351 MW. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010) • CLP inaugure une ferme éolienne de 99 MW au Tamilnadu CLP Inde a inauguré la Wind Farm au Tamilnadu, portant le total de l’énergie éolienne en Inde à 446 MW. La ferme éolienne sera mise en service à la fin du mois de juin. (IBEF, CCXX, 17 mai 2010) • L’Inde à la recherche d’un fond global pour aider le Tiers Monde à accroiître la couverture forestière. L’Inde saisit l’opportunité accordée par la Conférence d’Oslo sur le Climat et les Forêts pour plaider la cause d’un fond global afin d’aider les pays en développement à étendre leur couverture forestière. (IBEF, CCXXI, 31 mai 2010) • Lancement d’un projet de transport urbain écologique Le Ministère du Développement Urbain a investi 298 millions de dollars dans un projet de transport urbain écologique appelé le Projet de Transport Urbain Durable (SUTP). (IBEF, CCXXII, 14 juin 2010) • L’Agence de l’Etat investit 170 millions de roupies dans un Projet de Changement Climatique Le gouvernement de l’Orissa a proposé de mettre en place l’Agence du Changement Climatique pour assurer la mise en application efficace de l’ébauche du Plan d’Action sur le Changement Climatique. L’Orissa est le premier Etat à avoir formulé le Plan d’Action du Changement Climatique. (IBEF, CCXXII, 14 juin 2010)
Citation du mois « L’Inde est notre marché qui croît le plus vite. » Wilfried Aulbur - Mercedes Benz India - MD & CEO
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LE COIN DES ÉCHOS Manifestations • Christies en charge de la vente aux enchères de la collection de Madame Darthea Speyer Cette année, la société de ventes aux enchères de renommée mondiale Christie’s proposera une vente aux enchères des œuvres d’arts de la collection de Madame Darthea Speyer. Ancienne attachée culturelle à l’Ambassade des EtatsUnis à Paris, promue Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres par Catherine Trautmann en 1998 en reconnaissance de son travail en faveur des arts, Darthea Speyer marque de sa présence le monde artistique international depuis plus d’un siècle. Ouverte à toutes les formes, supports et points de vue artistiques elle a mis à l’honneur de grands talents grâce à son œil averti, dont des artistes indiens classiques et contemporains, faisant de sa galerie un lieu brillant d’originalité. • Festival Inde Tibet A Villefranche de Rouergue, les Dhoad, Gitans du Rajasthan, ont ébloui le public du Festival Inde Tibet, les 13, 14 et 15 mai. Spectacles, animations, ateliers, stages, conférences, danse, musique, cultures indienne et tibétaine, projection de film indien, expositions-ventes d’art et d’artisanat, buffet indien ont pu être appréciés par nos milliers de visiteurs durant ces trois jours.
• Musique classique hindoustanie au 28ème Festival d’Art Sacré (521 juin 2010) Le grand virtuose du chant kheyal de la musique classique hindoustani Pandit Shyam Sundar Goswami s’est produit le 18 juin 42
dans le cadre de ce Festival dans la Collégiale Saint Martin à Champeaux, en Seine-et-Marne et a fait honneur de sa présence au cours de cinq soirées exceptionnelles dans plusieurs endroits de la ville de Lyon du 13 au 17 juin. Accompagné de Subhrangshu Chakraborty au tabla, de Biswajit Roychowdhury au violon et de Bandana Jallas au tampura, il a, une fois de plus, fait vibrer les tympans avec sa voix pure et puissante qualifiée de « joyaux » par ses contemporains. Son talent hors pair n’a pas manqué de transporter les auditeurs et de faire vibrer leur cœur à l’unisson. • Journée bien-être le 19 juin 2010 à Sarcelles Le 19 juin, les associations Sarcelloises Home Culture et Terre de Sérénité ont organisé un salon autour des thèmes du bien-être, de la culture indienne et de l’écologie, en partenariat avec la ville de Sarcelles, l’Ambassade de l’Inde et d’autres organismes privés. Inauguré par le Maire de Sarcelles et le Deuxième Secrétaire Culturel, M. Vijay Khanduja, le festival a offert au public un programme au carrefour de multiples disciplines. Entre autre, conférences-débats, projections de films, ateliers pratiques et dédicaces de livres dans plusieurs endroits de la ville. Parmi les domaines d’activité réunis ce jour, les quelques 350 personnes qui ont participé à cette journée ont pu prendre connaissance des bénéfices du bien-être, de la relaxation, du yoga, du massage, de l’art indien ainsi que de plusieurs autres secteurs dont les organismes locaux sont acteurs. Fruit d’une préparation de plusieurs mois, la journée du bien-être a permis aux plus jeunes comme au moins jeunes des Sarcellois de s’impliquer dans un projet interculturel. En effet, en plus de représenter des disciplines venant de l’Inde et d’autres pays voisins, une partie des bénéfices de la journée sera versée à l’association ARCHE pour
la population de Haïti afin de participer à la réhabilitation de l’île suite au violent séisme dont ses habitants furent victimes quelques mois plus tôt.
Décès Hommage à Monsieur Jacques Friedmann La Maison de l’Inde et la Cité Internationale Universitaire de Paris ont appris avec une grande émotion la disparition de Monsieur Jacques Friedmann, à l’âge de 77 ans. Il était Membre du Conseil d’administration de la Maison de l’Inde. Né en 1932, diplômé de SciencesPo, ancien élève de l’Ecole Nationale d’Administration, promotion Vauban, il y avait côtoyé Jacques Chirac, dont il devint l’ami, puis un conseiller. Grand serviteur de l’état, il a occupé des postes à responsabilité dans des cabinets ministériels et dans l’Administration (Directeur du Cabinet de M. Jacques Chirac, Secrétaire d’Etat à l’Economie et aux Finances, puis Ministre chargé des relations avec le Parlement (1969-1971), Chef du service de l’Inspection générale des Finances et Chef du service central de
M. Friedmann intervenant lors d'une manifestation à la Maison de l'Inde, accompagné de SE R. Mathai, Ambassadeur de l'Inde et de M. Sanyal, Directeur de la Maison de l'Inde
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l’Inspection générale de l’Economie nationale (1971-1972), Conseiller pour les affaires économiques et financières et Directeur du Cabinet de M. Pierre Messmer, Premier ministre (1972-1974), Chargé de mission auprès de M. Jacques Chirac, Premier ministre (1974), Chargé de mission auprès de M. Edouard Balladur, ministre de l’Economie, des Finances et de la Privatisation (1986-1987)) Il s’était par la suite tourné davantage vers l’économie et l’entreprise, exerçant de hautes fonctions dans le secteur public comme dans le privé (Compagnie générale maritime, Caisse d’Epargne de Paris, Air France, Transgène , Union des Assurances de Paris) et dans des institutions culturelles (Musée du Quai Branly). Convaincu du potentiel extraordinaire de l’Inde en matière économique, scientifique et culturelle, il avait pris une part décisive, avec d’autres entrepreneurs et scientifiques de haut niveau, à la création, en janvier 1998, du Forum d’Initiative franco-indien, qui s’est consacré avec succès au renforcement des co-opérations bilatérales dans de très nombreux domaines. Partageant les valeurs humanistes que portent la Maison de l’Inde et la CIUP, il avait été nommé en 2000 au Conseil d’administration de la Maison de l’Inde, et régulièrement reconduit dans ces fonctions depuis lors. Des liens d’amitié s’étaient noués au fil de cette longue collaboration entre la Direction de la Maison de l’Inde et Jacques Friedmann. Malgré de lourdes tâches, il n’a jamais ménagé son temps ni ses efforts, prodiguant des avis judicieux dans des domaines aussi divers que la gestion, la mise aux normes de la comptabilité ou la stratégie de développement. Il avait milité avec ardeur en faveur de l’extension de la Maison de l’Inde par l’érection d’un nouveau bâtiment, moderne et bien équipé, sur un terrain adjacent au bâtiment actuel proposé gracieusement par la CIUP, susceptible d’acNouvelles de l’Inde n° 400
cueillir les chercheurs et étudiants indiens, en nombre toujours croissant. D’une grande disponibilité et d’une grande courtoisie, il était un membre très écouté au sein du Conseil. En près de dix ans, il n’en a manqué aucune séance. Il avait encore honoré de sa présence la toute dernière, qui s’est tenue le 13 novembre, quatre semaines exactement avant sa disparition. Le Conseil d’Administration et son Président M. Le Ambassadeur Mathai, la Direction, le personnel et les résidents de la Maison de l’Inde et la CIUP ont tenu à s’associer pour rendre un dernier hommage à son action, et renouveler à sa famille leurs condoléances attristées. • Le mannequin d’origine indienne, Anjali Phyllis Mendes, est décédée ce 19 juin 2010 à Aix-en-Provence à l’âge de 64 ans. Premier mannequin indien à se mouvoir sur la scène internationale, elle débarque à Paris en 1971 et fait la rencontre de Pierre Cardin, pour qui elle sera muse pendant douze ans tout en travaillant pour Ungaro, Givenchy ou Schiaparelli. Passionnée de cuisine, Anjali Mendes, originaire de Goa où elle retournait régulièrement, publia également un livre de recettes de cuisine indienne en 2004 publié aux Editions Albin Michel.
• C’est également avec tristesse que l’Ambassade de l’Inde a appris le décès de Mme Uma Rao, épouse de M. G.V. Rao, directeur général adjoint à l’Unesco et directeur de
la Maison de l’Inde pendant 18 ans. Mme Rao avait fondé la bibliothèque de l’ambassade à l’époque de l’ambassadeur Ali Yavar Jung et y a travaillé pendant vingt ans. Elle est décédée à Bangalore à l’âge de 89 ans, selon son souhait.
Accord de coopération scientifique • Le 5 octobre 2009, un accord a été signé entre le Président de la Commission de l’Energie Atomique indien (AEC) et le Président du Commissariat à l’Energie Atomique français (CEA) Ceci permet au Département de l’énergie atomique indien (DAE) de rejoindre le Consortium JHR pour la construction et l’opération du Réacteur Jules Horowitz. L’accord pour la participation du Département à l’énergie atomique indien au RJH a été signée en septembre 2007. La participation du Département à l’énergie atomique sera à hauteur de 3% définie en pourcentage du coût de la construction indiqué dans l’Accord du Consortium. Le Département à l’énergie atomique aura des droits d’accès réservés et sécurisés égaux à la participation. Le Département à l’énergie atomique remplira tous les engagements et observera les droits pour la construction et l’opération spécifiés dans l’Accord du Consortium JHR. ❑ 43
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