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Ambassade de l’Inde - JUIN/JUILLET 2012 - Numéro 407


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Editorial Sommaire

Chers lecteurs,

• Discours de l’Ambassadeur de l’Inde, M. Rakesh Sood, à la Jeune Chambre Économique de Monaco le jeudi 19 avril 2012

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• Présence remarquée du cinéma indien au 65ème Festival de Cannes

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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE • Indian Gaze au L.A.C., lieu d’art contemporain à Sigean

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HOMMAGE • Arnaud Desjardins ou la voie de la réconciliation

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AUTRES FACETTES DE L’INDE • Ayurveda : cette fascinante médecine en quête d’immortalité

16-18

• Joyaux de l’Inde chez Christofle

19-20

• L’Inde : un pôle de plus en plus important pour l’édition

21-23

• Delhi : un palimpseste de 100 années glorieuses

24-26

DESTINATIONS A DÉCOUVRIR • Yaganti en Andhra Pradesh : les grottes naturelles et le temple de Shiva

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• Gros plan sur le Meghalaya

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ECHOS ET SENTEURS DE L’INDE

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REVUE DES LIVRES

35-36

LE COIN DES ÉCHOS

37-3ème de couv.

Publié par le Service Presse, Information et Culture de l’Ambassade de l’Inde 15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARIS Tél. : 01 40 50 50 18 - Fax : 01 40 50 09 96 E-Mail : cpic.paris@ambinde.fr

Nous sommes tout d’abord fiers de vous annoncer que cette année, l’Inde a été bien présente à la 65ème édition du Festival de Cannes avec des films dans plusieurs sections : Kalpana d’Uday Shankar dans « Cannes Classique », Miss Lovely d’Ashim Ahluwalia dans la section « Un Certain Regard », Peddlers de Vasan Bala dans « La Semaine de la Critique » et Gangs of Wasseypur d’Anurag Kashyap dans « La Quinzaine des Réalisateurs ». Martine Armand, spécialiste du cinéma indien, nous invite à découvrir une nouvelle page du cinéma indien. Nous vous invitons par ailleurs à lire le discours de l’ambassadeur, M. Rakesh Sood, qui a évoqué les BRICS à la Jeune Chambre Economique de Monaco le 19 avril dernier. L’art est une nouvelle fois à l’honneur dans ce numéro avec l’exposition « Indian Gaze » qui a été présentée jusqu’au 3 juin au Lieu d’Art Contemporain (L.A.C. à Sigean dans l’Aude). Cette exposition a permis de présenter côte à côte l’artiste Anju Chaudhuri et des artistes d’art tribal. L’art tribal est également présenté au public à la Galerie Anders Hus dans « L’art des Gond – Jangarh Kalam » jusqu’au 23 juin ainsi qu’à la Fondation Cartier pour l’Art contemporain dans Histoires de voir Show and Tell qui sera présentée jusqu’au 21 octobre 2012. Nous rendrons hommage à Arnaud Desjardins, homme de réconciliation qui nous a quittés il y a près d’un an maintenant et au Père Pierre Ceyrac qui est décédé à Chennai en Inde le 30 mai. Nous évoquerons dans notre prochain numéro le parcours de cet homme d’ouverture qui a passé une bonne partie de sa vie en Inde.

Rédacteur en chef : Nina Tshering La, Conseiller (PIC) Assistante de rédaction : Viviane Tourtet Martine Armand, Deepti Bhagat pour India Travel Online, Eric Bhat, Jean-Claude Breton, Madhusree Chatterjee, E.B., India Brand Equity Foundation (IBEF), Sameer Pushp, David Schischka-Thomas, Nitin Shroff, M. Rakesh Sood, Viviane Tourtet. Imprimé par : Imprimerie et Editions Henry 62170 Montreuil/Mer - Tél. 03 21 90 15 15 Mentions : Toute correspondance sera adressée au Service Presse, Information et Culture, Ambassade de l’Inde, 15, rue Alfred Dehodencq, 75016 PARIS Les opinions exprimées dans les articles signés ne sont pas nécessairement celles de l’Ambassade de l’Inde. Photo 1ère couverture : Style Madhubani/Mithila du Bihar - Scène de mariage, vers 1970 - Encre et plume sur papier - Courtesy Saleem Arif Quadri. Photo 4ème couverture : Jangarh Singh Shyam, Deer/Antler, 1990 - Acrylique sur papier, 203 x 153 cm - Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris - © Jangarh Singh Shyam - Photo © André Morin - Exposition Histoires de voir, Show and Tell, Fondation - Cartier pour l’art contemporain, Paris, 15 mai › 21 octobre 2012.

Regard sur le passé avec un article sur le Delhi ancien et regard sur le présent avec un article sur la place de plus en plus importante de l’industrie de l’édition en Inde, sans oublier les rubriques habituelles que vous aurez plaisir à retrouver. Nina Tshering La Conseiller (Presse, Information & Culture)


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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE DISCOURS DE L’AMBASSADEUR DE L’INDE, M. RAKESH SOOD, À LA JEUNE CHAMBRE ÉCONOMIQUE DE MONACO LE JEUDI 19 AVRIL 2012 Monsieur Marco Piccinini, Conseiller de gouvernement des Finances et de l’Economie, Monsieur Tony Guillemot, Président de la Jeune Chambre Economique de Monaco, Excellences, Mesdames et Messieurs, Je suis ravi d’être ici ce soir avec vous et je remercie la jeune Chambre Economique de Monaco d’avoir organisé cet événement portant sur les pays émergents, le Brésil, la Chine, l’Inde, la Russie et l’Afrique du sud, plus connus comme BRICS. Je suis honoré que Son Excellence, Monsieur Marco Piccinini, ait pu se joindre à nous ce soir en dépit d’un agenda chargé. Il y a 10 ans, quand Jim O’Neill, qui travaillait pour Goldman Sachs Asset Management a inventé le terme BRIC comme partie d’un exercice de modélisation économique, il ne réalisait pas le succès que devait connaître cet acronyme. Plusieurs années plus tard, cette fois en tant que Président de Goldman Sachs Asset Management, il écrivit : « Mon seul regret par rapport à la première analyse de 2001 est que nous n’ayons pas été plus audacieux. » Le fait que vous ayez organisé cet événement après le quatrième Sommet du BRICS qui s’est tenu à Delhi le mois dernier témoigne du rôle que ce groupe de pays émergents devrait jouer dans le monde d’aujourd’hui. Le thème du Sommet de Delhi était « Le Partenariat des BRICS pour la stabilité, la sécurité et la prospérité dans le monde ». Le moment était en effet approprié. La situation Nouvelles de l’Inde n° 407

Monsieur Bertrand DEGRUSON, Vice-président du Groupe SVP

mondiale offre aujourd’hui une image très variée. D’un côté, les économies de marché émergentes se développent à un rythme soutenu et augmentent leur part dans le commerce et la production à l’échelle mondiale, de l’autre de nombreux obstacles doivent être surmontés si l’on veut maintenir des taux de croissance rapides. Les pays du BRICS sont touchés, comme tout le monde, par le ralentissement économique mondial et la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Réconcilier la croissance avec les objectifs environnementaux, les incertitudes politiques en Asie occidentale et la région du Golfe, la montée de l’extrémisme et du terrorisme sont quelques-uns des défis auxquels nous devrons faire face ensemble. C’est sur cette toile de fond que les délibérations au

Sommet du BRICS se sont déroulées à Delhi le mois dernier. Aujourd’hui, les pays BRICS représentent 40% de la population mondiale et plus de 20% du PNB mondial. Le commerce intra-BRICS se développe à un taux moyen de 28% par an et atteint actuellement 230 milliards $. Les dépenses de consommation dans les pays BRICS en tant que pourcentage du PNB se situent entre 35 et 60% et nous assistons à l’expansion d’une classe moyenne avec des aspirations qui se combinent à des niveaux croissants de revenus. Les pays BRICS présentent une opportunité en tant que nouveaux pôles de croissance dans un monde multi-polaire. Institutionnalisé en septembre 2006 lors d’une rencontre des Ministres des Affaires Etrangères 3


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DISCOURS DE L’AMBASSADEUR DE L’INDE, M. RAKESH SOOD, À LA JEUNE CHAMBRE ÉCONOMIQUE DE MONACO

Une nouvelle initiative à l’étude est l’idée d’une nouvelle Banque de Développement afin de mobiliser des ressources pour des projets d’infrastructure et de développement durable dans les pays BRICS et autres économies en voie de développement pour renforcer les efforts existants des institutions financières régionales et multilatérales. Etant donné les différents niveaux de taux de croissance, d’inflation, des taux d’intérêt, etc.., ce sera un projet ambitieux et le Sommet à Delhi a demandé aux Ministres des Finances d’examiner la faisabilité et la viabilité d’une telle initiative.

L’ambassadeur Rakesh Sood

du Brésil, de la Chine, de l’Inde et de la Russie, à New York, le groupe s’est ensuite élargi pour inclure l’Afrique du sud, transformant le BRIC en BRICS. Peu à peu, le programme s’est également développé et reflète les principaux sujets et défis du moment. Il s’étend de la perspective des cinq participants à la recherche de solutions pratiques pour la croissance mondiale à travers la coopération et la coordination des politiques. L’ob-jectif est d’encourager le dialogue politique pour s’orienter vers un monde multi-polaire plus démocratique et la transformation correspondante de la gouvernance mondiale. Le Sommet de Delhi était précédé par une série de rencontres à différents niveaux qui ont rassemblé des Ministres des Affaires Etrangères, des Finances et des Gouverneurs de la Banque Centrale, des Ministres du Commerce, des Ministres de l’Agriculture, de la Santé, des experts sur l’urbanisation, des gouvernements locaux et 4

des hauts fonctionnaires. Une étape importante à Delhi a été la signature d’un accord-cadre sur l’extension des facilités de crédit en monnaies locales et d’un accord multilatéral pour faciliter la confirmation des lettres de crédit. Ces accords doivent intensifier le commerce intra-BRICS. Un nouveau rapport, insistant sur les synergies et les complémentarités des systèmes du BRICS, réuni par des instituts de statistiques nationaux, a également été publié à Delhi. Les rencontres du Business Forum du BRICS et du Central Bank Forum du BRICS se sont déroulées avec des délégations commerciales et des organismes commerciaux centraux sur des thèmes comme le renforcement de la connectivité financière pour développer le commerce et l’investissement parmi les pays BRICS, le rôle des pays BRICS dans la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique ainsi que le rôle des TIC et de l’innovation dans l’amélioration de l’environnement commercial.

Bien que le BRICS ait commencé en tant que forum de discussion autour des questions économiques d’intérêt mutuel, l’agenda s’est élargi pour traiter des questions de sujets mondiaux. Dans le même temps, le BRICS ne cherche pas à présenter des positions uniques sur tous les sujets politiques, bien que les pays BRICS partagent des positions similaires sur de nombreuses questions qui sont aussi en discussion au G-20, notamment les réformes de la Bretton Woods Institution, le protectionnisme commercial et le cycle de négociations de Doha. A Delhi, les dirigeants du BRICS ont demandé une architecture financière internationale plus représentative et ont exprimé leurs préoccupations concernant le rythme lent des réformes sur les quotas et la gouvernance au FMI tout en soutenant la conclusion heureuse des négociations de Doha. Les dirigeants du BRICS ont fait part de leur préoccupation au sujet de certaines initiatives plurilatérales qui manquent de transparence et de participation. Les pays BRICS ont de nombreux défis communs basés sur leurs profils démographiques et des niveaux variés de développement économique. En Inde, nous aurons besoin de créer 8 à 10 millions d’emplois Nouvelles de l’Inde n° 407


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chaque année au cours des dix prochaines années et nous travaillons à d’ambitieux programmes pour développer les compétences et l’éducation et atteindre ces objectifs. Des expériences des pays BRICS et autres pourraient être utiles. Des sujets de préoccupation mondiale comme la disponibilité d’énergie, de denrées alimentaires et d’eau seront des défis auxquels nous allons être confrontés au cours des décennies à venir. Les pays BRICS jouissent de certaines complémentarités qui ne peuvent être exploitées qu’avec une plus grande interaction entre leurs communautés d’affaires. Ceci nécessite de faciliter la délivrance de visas, le retrait des barrières commerciales, l’encouragement de flux d’investissements et d’éviter des mesures protectionnistes. Dans le même temps, tous les pays BRICS affrontent l’idée de poursuivre « une croissance verte » sans compromettre les défis du développement en réduisant l’intensité éner-

gétique du PIB, en encourageant l’efficacité énergétique et en développant des sources d’énergie « verte ». L’urbanisation est un défi commun à tous les pays BRICS. Le partage d’expérience dans des domaines tels que l’approvisionnement en eau en zone urbaine et les installations sanitaires, la gestion des déchets, le transport urbain et les efforts d’efficacité énergétique sont quelques-uns des domaines où nous pouvons apprendre les uns des autres. Enfin, BRICS n’est pas le seul regroupement. En fait, de nouveaux acronymes ont déjà été inventés par des banquiers et des analystes financiers. L’Economist Intelligence Unit est apparue avec l’acronyme CIVETS qui réunit la Colombie, l’Indonésie, le Vietnam, l’Egypte, la Turquie et l’Afrique du sud, tandis que Goldman Sachs a proposé MIST qui regroupe le Mexique, l’Indonésie, la Corée du sud et la Turquie. Dans les années à venir, ces groupes maintiendront leurs

identités uniques et contribueront à leur manière aux défis mondiaux, parce que nous nous dirigeons vers un monde de plus en plus interdépendant. BRICS, de par sa présence continentale, devrait émerger comme une institution sérieuse et responsable avec des membres qui comprennent de nouveaux pôles de croissance dans un monde multi-polaire. L’objectif des délibérations dans les nombreux forums du BRICS est de servir de catalyseur pour trouver des solutions aux défis qui se posent à l’échelle mondiale, de promouvoir un ordre global plus démocratique, de maintenir et de renforcer le rôle central des Nations-Unies dans la promotion de la paix, de la sécurité et du développement au niveau international. Merci de votre attention et je réitère mes remerciements aux organisateurs d’avoir mis sur pied cet ❑ événement. Photos : JCEM

De gauche à droite : Monsieur Bertrand DEGRUSON, Vice-président du Groupe SVP, S.E. Monsieur Claude GIORDAN, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Principauté de Monaco auprès de la Fédération de Russie, Monsieur José BADIA, Conseiller de Gouvernement pour les relations extérieures, S.E. Monsieur Rakesh Sood, Ambassadeur de la République de l’Inde en France, Monsieur Jing ZHU, Conseiller en charge des affaires politiques et économiques à l’Ambassade de Chine à Paris, Monsieur Marco PICCININI, Conseiller de Gouvernement pour les Finances et l’Economie, Monsieur Tony GUILLEMOT, Président national 2012 de la JCEM, Mme Leila CHIHA, Vice Président intérieur 2012 de la JCEM.

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Niharika Singh dans le rôle de Pinky dans Miss Lovely

classiques aux plus inventives. Rappelant la multiplicité et la richesse du patrimoine culturel indien, le film commencé avant l’indépendance de l’Inde, fut terminé en 1948. Miss Lovely du réalisateur Ashim Ahluwalia, 1h 50, fut l’un des 20 films de la sélection « Un certain regard ». Ashim Ahluwalia étudia le cinéma à New York et se fit connaître avec son documentaire John and Jane sélectionné aux festivals de Toronto et Berlin, puis couronné d’un National Award en 2007. Miss Lovely se déroule dans

© www.festival-cannes.fr

Depuis plusieurs années peu de films indiens réussirent à franchir la barrière des sélections officielles du festival de Cannes. Le dernier fut Udaan sélectionné pour « Un certain regard » en 2010. Cette 65ème édition du 16 au 27 mai 2012 fut marquée par une présence remarquée du cinéma indien dans presque toutes les sections : une fresque épique de 5h 20 et deux premiers longs métrages présentés en première mondiale, un film de 1948 à l’imagination débordante et plusieurs courts-métrages. Par ailleurs, le Pavillon indien placé sous la tutelle du Ministère de l’Information et de l’Audiovisuel, organisa de nombreuses manifestations en présence d’une délégation de haute distinction. La section Cannes Classique présenta Kalpana en début de festival dans sa version restaurée par la National Film Archives of India, la World Cinema Foundation de New York et la cinémathèque de Bologne. Unique film écrit et réalisé par le danseur Uday Shankar, Kalpana nous entraine pendant 2h 30 dans les aventures d’une troupe et ses multiples représentations de danses aux chorégraphies des plus

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PRÉSENCE REMARQUÉE DU CINÉMA INDIEN AU 65ÈME FESTIVAL DE CANNES

Miss Lovely, un film d’Ashim Ahluwalia

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les années 80 à Bombay, une atmosphère du reste bien reconstituée par le film, et nous entraine dans les coulisses de productions de films sordides réalisés et distribués sous le manteau mêlant pornographie et horreur à bas prix. Deux frères Vicky et Sonu sont associés dans ces tournages à la va vite où alcool et exploitation de pauvres filles, le plus souvent prostituées, vont de pair. Ils tombent amoureux de Pinky, jeune femme à l’apparence fragile qui accepte de tourner ‘Miss Lovely’. Il faut souligner l’interprétation de Nawazuddin Siddiqui dans le rôle de Sonu, un talentueux acteur que l’on retrouve aussi un dans l’un des rôles principaux de Gangs of Wasseypur d’Anurag Kashyap. C’est grâce à Anurag Kashyap et à sa productrice Guneet Monga que Vasan Bala réalisa Peddlers, 1h 56, sélectionné à la « La Semaine de la critique » et en compétition pour la Caméra d’or. Vasan Bala apprit le cinéma aux côtés d’Anurag Kashyap, puis de Michael Winterbottom sur le tournage de Trishna (sortie prévue en juin). Peddlers Nouvelles de l’Inde n° 407


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tourné sans autorisation officielle en 28 jours se situe à Mumbai et dans sa périphérie en constante extension. Peddlers, les vendeurs à la sauvette, vendent de tout, même de l’amour et de l’espoir. Un policier impuissant est plongé dans le mensonge, un crime par accident conduit à d’autres crimes, une jeune femme en phase terminale de cancer devient une mule et transporte de la drogue dans l’espoir de faire venir sa mère et son fils du Bangladesh, un jeune homme en état d’errance rêve d’un autre monde. Des personnages se croisent…

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Du milieu de la petite criminalité et à celui de la mafia le pas est franchi avec le film indien le plus attendu de cette 65ème édition, fresque en deux parties de 2h 40 chacune réalisée par Anurag Kashyap : Gangs of Wasseypur et Gangs of Wasseypur part 2 , l’un des 21 films de la « Quinzaine des réalisateurs ». Anurag Kashyap, présenté comme la « rock star du cinéma indien », s’était déjà fait un nom avec ses films précédents Black Friday, Dev D, Gulaal et The Girl in Yellow Boots. Ce film de gangsters voulant atteindre le grand public, comme le souligna le réalisateur, est ancré dans la région de Wasseypur et Dhanbad, au Bihar puis dans l’état du Jharkand. Explorant la vengeance de deux clans dans un contexte socio politique de la mafia du charbon convertie ensuite à la ferraille, il se déroule sur 6 décennies et trois générations, et nous entraine dans le milieu parfois étrange de la pègre où criminalité et politique sont étroitement mêlées dans la corruption. Le film avec ses 25 chansons est aussi une célébration de la culture de Wasseypur où le cinéma populaire, devenu par la suite Bollywood, occupe une place primordiale.

Photos extraites du film Peddlers de Vasan Bala

Aucun court métrage indien ne fut en compétition, mais le short film corner présenta 28 films en anglais, hindi, urdu, bengali et gujarati. Pour n’en citer qu’un, An Unknown Guest de la réalisatrice Durba Sahay met en scène Mandira Chakrabarty et Madhabi Mukherjee, grande actrice de Subarnarekha, Mahanagar et Charulata que l’on n’avait pas revue à l’écran depuis longtemps. Inspiré d’un fait réel, le film aborde avec sensibilité l’intrusion d’une femme à un repas de funérailles où elle dérobe de la nourriture.

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PRÉSENCE REMARQUÉE DU CINÉMA INDIEN AU 35ÈME FESTIVAL DE CANNES

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Sous la tutelle du Ministère de l’Information et de l’Audiovisuel, le Pavillon indien fut coordonné par NFDC et soutenu par le Ministère du Tourisme (Incredible India). Avec pour objectif de promouvoir les cinémas de l’Inde avec leur diversité linguistique, culturelle en mettant l’accent sur les nouveaux talents, le pavillon organisa de nombreuses rencontres entre producteurs, distributeurs et cinéastes. Son Excellence M. Rakesh Sood offrit le 17 mai un accueil chaleureux à la délégation indienne comNouvelles de l’Inde n° 407

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PRÉSENCE REMARQUÉE DU CINÉMA INDIEN AU 35ÈME FESTIVAL DE CANNES

Gangs of Wasseypur d’Anurag Kashyap

nouveaux traités de coproduction entre l’Inde et la Nouvelle Zélande, le Canada, le Brésil, et l’Australie furent évoqués et parmi les nombreux réalisateurs indiens présents au Pavillon, outre les équipes des films sélectionnés, se trouvaient entre autres Onir dont le film I Am sort en France en DVD ou encore

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prenant de nombreuses personnalités et réalisateurs. Une table ronde en présence de M. Uday Varma, Secrétaire Général du Ministère de l’Information et de l’Audiovisuel, eut lieu le 21 mai autour de la question du tournage de films en Inde et de l’importance d’une commission du cinéma. Les

Gangs of Wasseypur d’Anurag Kashyap

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Umesh Vinayak Kulkarni dont plusieurs films furent montrés en France (Eté indien à l’auditorium Guimet, festival de la Rochelle). La grande soirée indienne, l’une des plus convoitées pendant le festival de Cannes, fut organisée par le Ministère de l’Information et de l’Audiovisuel représenté par M. Uday Varma, le Ministère du Tourisme (Incredible India, représenté par Madame Padmja Vashishtha, directrice de l’Office du tourisme de Paris) et NFDC représenté par son Managing Director Madame Nina Lath Gupta. La plage Végaluna où de nombreux invités rencontrèrent la délégation indienne particulièrement importante cette année, vibra jusqu’à l’aube aux rythmes de la musique indienne. L’année 2012 restera marquée par une forte présence du cinéma indien à Cannes, toutefois on peut se poser la question de la sélection des films. Est-ce par pur hasard que les 3 films sélectionnés reflètent le milieu de la criminalité et soient imprégnés de violence ? Face à la richesse et diversité des cinémas régionaux et au foisonnement de cinéastes, jeunes ou moins jeunes, porteurs de courants forts du cinéma d’auteur et indépendant en Inde et désireux de refléter des réalités multiples, n’y avait-t-il aucun autre film capable de pénétrer le cercle très fermé de la sélection du festival de Cannes ? Sommesnous réellement en présence de cinéma rompant avec Bollywood, comme semblent le dire les sélectionneurs ? Pouvons-nous espérer qu’en 2013, année de célébration du centenaire du cinéma indien, un film d’auteur indien soit en compétition officielle à Cannes, et de surcroit un film régional ? ❑ Martine Armand Spécialiste du cinéma indien, conférencière, commissaire de rétrospectives et programmatrice de l’Eté indien au musée Guimet Nouvelles de l’Inde n° 407


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La presse en parle « … les cinq heures et vingt minutes de Gangs of Wasseypur, d’Anurag Kashyap, ont été une authentique plongée dans le mélodrame foisonnant tel qu’a pu le pratiquer Bollywood, mais débarrassé des chants et des références aux textes mythologiques, remplacés par des scènes d’action telles qu’a pu en connaître le film noir hollywoodien. » La moisson cannoise de la quinzaine des réalisateurs - Jean Roy dans L’Humanité 30 mai 2012 « N’oublions pas Gangs of Wasseypur, d’Anurag Kashyap, sorte de Scarface indien fauché, non dénoué d’autodérision ni d’ambition, qui se décline pendant cinq heures et vingt minutes sur une période qui court de l’indépendance de l’Inde jusqu’à nos jours. Il y avait bien des ratages, mais ils se perdaient dans un bel ordonnancement. Tout l’art du directeur artistique est là, dans la manière de créer des attentes et d’y répondre dans le même mouvement. La réussite de la Quinzaine 2012 se mesure à cette aune. » Quoi de neuf dans les mondes parallèles ? de Jacques Mandelbaum et Isabelle Regnier – Le Monde 29 mai 2012 « Peddlers (Semaine de la critique) est le premier long-métrage de Vasan Bala, un réalisateur autodidacte de 33 ans. Trois destins s’y croisent dans la jungle urbaine de Bombay ; trois histoires d’amour impossibles. Un flic psychopathe,

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une dealeuse qui veut s’en sortir, un jeune homme en quête de l’âme sœur. Sur une trame assez lâche, Bala signe un beau film d’atmosphère dont les rapports avec le polar lui sont prétexte à décrire la survie d’individus solitaires dans un contexte de guerre sociale larvée. » Trois OVNI dans le cinéma made in India de Jacques Mandelbaum - Le Monde 25 mai 2012 « Né à Bombay en 1972, Ashim Ahluwalia signe, lui, avec Miss Lovely un film splendide qui force l’admiration (…) Miss Lovely confronte la trajectoire de deux frères, Vicky et Sonu, producteurs de films érotiques d’horreur réalisés au lance-pierres dans les tréfonds de Bollywood. Vicky porte beau, s’adjuge le meilleur rôle, traite son frère comme un sousfifre. Sonu, qui rêve d’une autre vie que cette litanie de libations et de filles paumées, voudra s’émanciper de cette tutelle dès que sa route aura croisé celle de Pinky, une jeune fille pudique à la beauté ensorcelante (interprétée par une ex-Miss India), qui n’est peut-être pas celle qu’elle prétend. A travers cette histoire tragique qui se situe entre 1985 et 1993, Ahluwalia filme la mutation d’une époque, avec la chape de l’ordre moral qui s’abat sur les bacchanales de ce monde clandestin et le passage à l’abattage de la vidéo porno. Sa mise en scène, truffée d’archives insensées de films d’époque, utilise

magnifiquement l’art du raccord, de la couleur, du hors-champ. On y ressent une vraie tendresse pour cet univers certes sordide, mais doté d’une magnificence que la conversion de l’Inde à l’économie de marché aura purement et simplement laminé. » Trois OVNI dans le cinéma made in India de Jacques Mandelbaum - Le Monde 25 mai 2012 Au sujet de Miss Lovely… « Ashim Ahluwalia poursuit le fil narratif de l’intrigue sentimentale, toute de noirceur, dépose un meurtre, tisse les relations de plus en plus violentes entre les deux frères. Tout cela avance dans ses enchevêtrements. Le film, peu bavard, confie son énergie à un langage visuel expressif, inventif. Trop peut-être par moments (…) le cinéaste déploie un beau savoirfaire dépourvu de complaisance. On assiste à la déclinaison de toute une variété d’effets de style qui lui permettent de perturber les distances tout en conservant l’autonomie de son regard. Certains resserrements, un zeste de simplicité, ne nous auraient pas déplu. Un artiste à suivre. Jeux d’abîmes dans les abysses de Bollywood – Un cinéaste indien qui invite à regarder son film sans préjugés, entre Bollywood et le grand cinéma d’auteur qu’à donné son pays de Dominique Wideman, L ’ H u m a n i t é 25-26 Mai 2012

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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE INDIAN GAZE AU L.A.C., LIEU D’ART CONTEMPORAIN À SIGEAN

C’est sur une proposition de l’artiste Nitin Shroff, commissaire d’exposition invité, que ce site d’exposition a accroché à ses cimaises peintures de l’artiste bengalie, Anju Chaudhuri, nourrie de ses racines traditionnelles indiennes et des traditions occidentales, mais aussi œuvres d’art tribal indien issues de la collection particulière de Saleem Arif Quadri, moins connues des Français, en écho à une sélection d’œuvres de la collection Piet Moget. La présentation des derniers travaux de Nitin Shroff « Traversée » prolonge « Indian Gaze » et jette un pont entre Orient et Occident, entre œuvres de l’exposition temporaire et œuvres de la collection permanente, entre passé, présent et futur, entre les racines indiennes et une éducation culturelle européenne en passant par un vécu aux Seychelles, à Madagascar et Naples de l’artiste. Les vidéos de Nitin Shroff explorent subtilement les liens qui unissent les diverses influences culturelles qui inspirent ses recherches. Mother and son (2002) rend compte d’une courte conversation entre l’artiste et sa mère, filmée avec une caméra infrarouge. Certains films expriment le désir de témoigner d’expériences qui mê10

© David Huguenin

Le L.A.C., à Sigean dans l’Aude, abrite une immense cave viticole reconvertie par le peintre Piet Moget et sa fille en un lieu d’exposition d’exception. La collection permanente comprend des œuvres de Geer van Velde, Dado, André Lhote, Olivier Debré, Karel Appel, entre autres, ainsi que des œuvres représentatives de courants comme le surréalisme, le minimalisme, le conceptuel. Ce site a présenté jusqu’au 3 juin « Indian Gaze », exposition consacrée à Anju Chaudhuri, artiste indien installée à Paris de longue date et à des artistes de l’art tribal indien contemporain : Venkat Raman Singh Shyam, Arvind Ghosalkar, Ramesh Hengani, Saroj Rathod, Gurupada Chitrakar.

Vue de l’exposition « INDIAN GAZE » Anju Chaudhuri et l’art tribal indien d’aujourd’hui, L.AC, Sigean.

lent silencieusement défi et souffrance, une manière d’interpeller le spectateur en le retenant devant une proposition inquiétante. Autre pont entre la Traversée de Nitin Shroff et la collection permanente Moget, le nuage de Joseph Bueys, découpé dans une boîte en bois, qui nous conduit vers « Indian Gaze ». « Paduka », paire de sabots en bois, or et acrylique, imaginée par Nitin Shroff fait écho à Millet, Van Gogh et autres artistes qui ont travaillé avec le sabot comme

Dado, Jean-Michel Basquiat et Julian Schnabel. « Avoir contribué, avoir été un maillon de la chaîne, pour avoir apporté un art aussi élevé de l’Inde jusque dans le Midi sous le regard des grands d’hier, d’aujourd’hui et de demain, pour avoir apporté l’excellence de l’Inde jusque dans un espace aussi magnifique a été un tour de force et une aventure au plus haut point. » Nitin Shroff Nouvelles de l’Inde n° 407


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INDIAN GAZ AU L.A.C.., LIEU D’ART CONTEMPORAIN À SIGEAN

David Schischka-Thomas, commissaire adjoint, nous parle de l’exposition : En observant les différents arts populaires et tribaux d’Inde dans cette exposition, on pourrait être tenté de croire que ces artistes ont été influencés par le “modernisme occidental”, par des peintres comme Matisse, Picasso, Klee ou encore Miro. Certains de ces artistes majeurs jouissant d’une renommée internationale ont bien entendu vu les œuvres de ces artistes, mais cependant, la majorité d’entre eux ne les ont jamais vues. Anju Chaudhuri, par contre, a bel et bien été immergée dans le mouvement moderniste durant toute sa vie. De nombreuses imbrications et parallèles parcourent l’œuvre de Chaudhuri et celle des arts tribaux indiens. Même si le modernisme influença directement l’œuvre d’Anju Chaudhuri, les nombreux artistes indiens populaires de cette exposition présentent de nombreuses similitudes, de façon superficielle peut-être, avec les motifs des modernistes. Ces artistes n’ont pas eu d’éducation à l’art proprement dite, et n’ont pas eu l’occasion de découvrir l’art occidental par le biais de galerie ou de livre. Ainsi, la résonance de leurs œuvres avec les traditions artistiques occidentales est frappante. Ceci peut être simplement dû au fait que des artistes comme Picasso empruntaient certaines formes à l’art tribal africain, ou comme Matisse et sa fascination pour les textiles du monde. Nouvelles de l’Inde n° 407

Ces traditions “exotiques” dans l’art partagent souvent des symboles et archétypes universels. Par exemple, le cercle, la spirale, le triangle ou encore l’approche directe, abstraite ou expressionniste utilisée afin de marquer le proces-

sus de création, de sculpture. Les formes d’arts traditionnelles de l’Inde partagent de nombreuses similitudes avec l’art d’Afrique, de Polynésie ou des Amériques. Toutefois, il faut noter que les artistes populaires ne font pas partie d’une collectivité passive et amorphe, collectivité qui s’empêtre dans des traditions sans âges, historiquement reportée au sein de l’Occident comme “primitifs” ou “sauvages”, dont l’art n’évolue pas et ne se développe pas à travers une créativité individuelle. Comme l’affirme Gulammohammed Sheik dans son article sur Jangarh Singh Shyam : « Le tribal intègre l’urbain

Style Gond du Madhya Pradesh - Venkat Raman Singh Shyam - « Création 1, 2, 3, 4 », 2009 - Encre sur papier - Courtesy New Art Exchange.

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Style Warli d’Ahmadabad - Gujarat - Arvind Ghosalkar - Indra Dev - Le Créateur de l’Univers, 2009 - Pâte de riz sur enduit de bouse de vache et de boue séchée - Courtesy New Art Exchange.

sous la forme de l’absorption, s’appropriant des images, des idées de l’autre, à sa propre manière. » Cependant, la tradition des arts folkloriques et de l’art tribal présentés au sein de cette exposition est récente. Cette tradition s’est développée à partir d’intervention de l’État et de politiques urbaines. Bien que les artistes en Inde aient pratiqué leurs arts depuis des siècles, le monde au sens large a fait la découverte de ces hommes et ces femmes, et surtout a commencé à les considérer en tant qu’artistes à part entière depuis seulement une cinquantaine d’années. La visibilité des artistes indiens populaires et tribaux au sein du monde entier fut dévoilée grâce à l’art créé par des femmes de villages situés près de la ville marchande de Madhubani/Mithila dans la région du Bihar, au nord de l’Inde. Traditionnellement, ces femmes ornaient leurs habitations de peintures de déesses et de dieux 12

(parmi d’autres sujets et thèmes) durant des périodes de faste tout au long de l’année. Une importante crise écologique et économique causée par une période de sécheresse de 1966 à 1968 amena ces femmes peintres à diffuser et à partager leur art dans le monde entier. Afin de créer une nouvelle source de revenu non liée à l’agriculture, le Conseil pour l’Artisanat Indien a encouragé ces femmes à produire leurs peintures sur papier en vue de les commercialiser. Cette intervention du destin a été la raison majeure de la survie et du renouveau de l’art populaire et tribal. Depuis leur début balbutiant, ces artistes ont exposé leur art dans d’importantes galeries d’art contemporain dans le monde entier. Cette exposition permettra de mettre en avant les œuvres pionnières de ces femmes artistes depuis les années 60 et 70 jusqu’aux

Composition n° 15 - 33 x 41 cm - Technique mixte sur toile, 2010. Nouvelles de l’Inde n° 407


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zone très rurale et un grand nombre des influences présentes dans les peintures et dessins d’Anju puisent leurs origines dans des récits populaires et religieux autour du cycle de la naissance, la vie et la mort, cycle inhérent à la nature. Dans son travail, apparaîtront clairement à nos yeux des formes abstraites, références au cercle de la nature prenant la forme de graines et de jeunes pousses de plantes. Les cycles de la nature sont aussi un thème central parmi les thèmes récurrents de l’art folklorique. Ils sont représentés d’ailleurs dans les formes circulaires du “mandala” et les images de la nature dans les broderies Kantha et dans les dessins Madhubani. La récolte est une période importante pour l’Inde rurale et celle-ci est dépeinte dans la représentation de la danse Warli, une danse traditionnelle exécutée à l’occasion de la période de récolte.

Composition n° 6 - 78 cm x 58 cm - Acrylique sur toile, 1994.

travaux d’artistes majeurs récemment récompensés, œuvres que l’on pourra retrouver dans cette exposition à côté de celles de l’artiste internationalement reconnue, Anju Chaudhuri.

Anju Chaudhuri Le travail d’Anju Chaudhuri est aussi certainement influencé de façon plus directe par l’art folklorique indien, empruntant ainsi des concepts et des approches formelles d’une culture largement partagée. Chaudhuri a passé sa jeunesse dans l’état du Bengale-Occidental Nouvelles de l’Inde n° 407

en Inde et fut baignée dans les traditions artistiques locales de cette région de l’Inde. Elle y acquérait de nombreuses broderies anciennes Kantha, qui avaient été passées de générations en générations, de grands-mères aux mères puis aux filles. Elle y verra aussi les ‘Patua Scrolls’ produits également dans la région ainsi que les peintures de Madhubani dans l’Etat voisin du Bihar. Il y a de nombreux parallèles entre l’art d’Anju et l’art des artistes folkloriques de la région du BengaleOccidental. Cette région est une

Il est intéressant de constater qu’Anju Chaudhuri réalise toujours ses œuvres de façon traditionnelle. Les femmes indiennes produisaient la plupart de leurs œuvres d’art en travaillant à même le sol, la broderie de Kantha en est un parfait exemple. Elles utilisaient par ailleurs des morceaux de sari trouvés. Anju emprunte cette méthode traditionnelle, utilisant de vieux saris pour les détourner en toiles, et travaillant notamment à même le sol pour produire ses peintures. « Ce fut un grand plaisir de présenter l’art populaire et tribal indien à des visiteurs aussi connaisseurs dans le Sud de la France. Le monde devrait voir davantage de ces grandes œuvres, elles semblent apporter une joie profonde aux gens. » David Schischka-Thomas ❑ David Schischka-Thomas, Nitin Shroff, Viviane Tourtet 13


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HOMMAGE ARNAUD DESJARDINS OU LA VOIE DE LA RÉCONCILIATION « Un être spirituel est avant tout un être qui vit dans le climat général du oui » Voici près d’un an qu’Arnaud Desjardins nous a quittés, le 10 août 2011. Rendre hommage à Arnaud Desjardins relève d’un vrai défi tant les témoignages sont nombreux, tant sa vie est riche, riche en elle-même, riche pour les autres. Nouvelles de l’Inde retrace ci-dessous la vie de ce « passeur de sens » dont nous vous invitons à relire certains des nombreux ouvrages pour mieux appréhender la profondeur de sa recherche et la richesse de son enseignement spirituel. « En refusant d’accueillir ce qui ne vous convient pas, vous atrophiez votre existence. En vous cramponnant à ce que vous avez peur de perdre, vous atrophiez votre existence. Respirez ample, vivez ample »

Un chemin de vie Arnaud Desjardins est né en 1925 dans un milieu protestant huguenot. La division protestants-catholiques l’interpelle et, très vite, il se sent attiré vers une spiritualité hors dogmes. Jeune adulte, la lecture de « La sagesse et la destinée » de Maurice Maeterlinck l’invite à rencontrer des sages et c’est ce qu’il ne cessera de faire sa vie durant. A l’âge de 24 ans, il rejoint les groupes Gurdjieff. Dès 1952, il entre à la Télévision et devient réalisateur de documentaires sur les spiritualités orientales. Il comprend cependant que rencontrer des sages et les filmer ne suffit pas pour se transformer et décide de s’engager lui-même auprès d’un maître. 14

C’est ainsi qu’il rencontre, en 1965, celui qui allait devenir son maître spirituel, Swâmi Prâjnânpad. Ce qui l’a séduit était que son enseignement était universel et non spécifiquement hindou. Avec sa première femme, Denise, il suivra son enseignement pendant neuf ans, menant de front sa quête spirituelle, sa vie professionnelle et familiale. Peu à peu son chemin le conduit à fonder en 1974 un lieu en Auvergne, le Bost, pour transmettre ce qu’il a reçu de son propre maître mais sans oublier les divers sages rencontrés en Afghanistan, en Inde, au Japon notamment ; il s’installe ensuite dans le Gard où il crée le centre de Fond d’Isière puis en Ardèche où il crée le centre d’Hauteville, à Saint-Laurent-duPape, avec l’association qui le soutient, une équipe de collaborateurs et sa dernière épouse, Véronique. Le but de l’association est de « permettre aux lecteurs d’Arnaud Desjardins d’approfondir l’enseignement décrit et proposé dans ses livres. » « Ne méditez jamais contre le mouvement de l’existence. Ne reniez pas l’existence pour pénétrer dans le temple intérieur. » Un lieu universel Ce lieu propose dans un climat de respect de l’autre d’approfondir la voie proposée par Arnaud Desjardins. Comme il l’explique luimême : « Ici, nous accueillons chacun et chacune : nous ne sommes pas spécifiquement bouddhistes, nous ne sommes pas spécifique-

Arnaud Desjardins à Hauteville

ment hindous. Nous avons bâti – ceux qui viennent ici ont travaillé de leurs mains – une petite chapelle bouddhiste d’obédience tibétaine, une chapelle chrétienne, une petite mosquée et une salle d’étude juive (…) Donc si vous êtes musulman, bienvenue à Hauteville, si vous êtes athée, laïque, bienvenue à Hauteville (…) Un aspect du centre est de témoigner pour l’ouverture, la tolérance, la connaissance mutuelle. » Arnaud Desjardins précise : « ce que nous proposons est un chemin, de connaissance de soi, de transformation radicale allant dans le sens du message fondamental des religions : communion avec les autres, pardon des offenses, dépassement des émotions individuelles pour s’établir dans la paix et la sérénité, ouverture du cœur. Cela prend du temps ! » Nouvelles de l’Inde n° 407


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INTERVIEW DE GIRDHARI MAHARAJ

Arnaud Desjardins, vers 1970, en train de filmer en Inde

« Comme on dit en Inde, avant de chercher à guérir les autres, guéris-toi d’abord toi-même. » Un disciple avant tout Avec bon sens, sagesse et compassion, Arnaud Desjardins a permis à bon nombre de personnes de s’ouvrir, de se libérer, de dénouer certains nœuds, d’oser se confronter à elles-mêmes, de s’attaquer à leurs problèmes, leurs angoisses. « Les gens rêvent de pouvoirs supranormaux sans se rendre compte qu’il leur faudrait d’abord devenir normaux. Avant d’être Superman, soyons humains à part entière, débarrassés de nos peurs, conditionnements et petitesses. Ce serait déjà énorme. » « Beaucoup d’enseignements spirituels emprisonnent : dogmes, anathèmes, partis pris, refus de la vie, poussent dans le sens contraire de celui qu’ils sont cenNouvelles de l’Inde n° 407

sés suivre. Ils éludent la confrontation avec soi-même, masquent les vrais problèmes, enferment les adeptes dans un corset de croyances rigides et exclusives. » Plus qu’un maître, Arnaud Desjardins se considérait avant tout comme « un disciple vivant dans le souvenir des maîtres qui l’ont accueilli autrefois. » L’enseignement d’Arnaud Desjardins Il est plus que jamais d’actualité. Nous assistons à une montée des fanatismes, du fondamentalisme, de l’intégrisme. L’individualisme n’a jamais été aussi fort, la technologie au lieu de resserrer les liens entre les hommes a appauvri la vraie communication, celle du cœur. Se plonger dans la lecture des ouvrages d’Arnaud Desjardins,

faire une retraite à Hauteville, nous permet de nous recentrer sur l’essentiel pour ensuite aller à la rencontre de l’autre. Son dernier ouvrage, La Paix toujours présente, est la somme de ce qu’il a appris, reçu et transmis des nombreux sages qu’il a rencontrés en chemin, connus comme Ma Ananda Moyi, le Dalaï Lama, le maître zen Deshimaru ou moins connus. Partir à la recherche de la paix intérieure nécessite un véritable travail mais que nous pouvons tous faire après s’être débarrassé de tout ce qui nous pollue, après s’être réconcilié avec soi-même et l’autre. Il convient également de garder son libre arbitre, de garder les yeux ouverts et de ne pas croire au miracle. ❑ Viviane Tourtet Remerciements à Véronique Desjardins 15


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AUTRES FACETTES DE L’INDE AYURVEDA Cette fascinante médecine en quête d’immortalité

Chaque jour qui passe, l’Ayurveda me fascine un peu plus. Son ampleur philosophique et son cheminement historique me captivent. L’Ayurveda est une discipline aux multiples facettes. Beaucoup plus qu’une médecine, c’est un art de vivre, une quête de santé et de longévité, voire, à l’origine une recherche d’immortalité. Il faut remonter loin, très loin, pour en trouver la source. L’universitaire Michel Angot, professeur de sanskrit à l’EHESS, a défriché un si long parcours, décortiquant au plus près les textes anciens. Dans son magistral « Traité d’Ayurveda » (édité dans la collection Indika par Les Belles Lettres), M. Angot révèle et analyse les secrets de la CarakaSamhita, le texte fondateur de l’Ayurveda. D’un seul coup, on se retrouve à l’aube du premier millénaire. Un vertigineux voyage dans le temps passé. C’est à en perdre le souffle… si l’on n’était pas dans un cadre médical ! Michel Angot a un geste très précis lorsqu’il définit l’Ayurveda d’antan. D’une main tranchante, il mime la séparation de la tête et du corps, pour éclairer son propos : « C’est la tête qui définissait la santé de tout le reste. » A cette antique époque, on ne connaissait rien du corps ou si peu. La chirur16

© Matsukin - http://en.wikipedia.org

Depuis plusieurs semaines, les Nouvelles de l’Inde vous accompagnent au marché choisir vos épices, vous conseillent un verre d’eau chaude le matin à jeun pour chasser les toxines, et vous vantent les mérites illimités de l’huile de sésame appliquée sur le corps. Aujourd’hui, ces quelques lignes un peu plus théoriques nous permettront de mieux connaître Vata, Pitta et Kapha, les trois énergies qui gouvernent nos vies.

Temple d’Hanuman à Haridwar

gie n’était pas née, ni le scalpel, ni le bistouri : on ne disséquait pas les morts, les vivants moins encore. Alors les brahmanes, la caste des savants, des prêtres et des sages, ont fait appel à leur imagination. Oui, l’Ayurveda est de source brahmanique. Non pas dans le Kerala, comme on le pense communément, mais dans le Nord de l’Inde. L’esprit inspire et régente la santé du corps, absolument décisif en matière de guérison et de préven-

tion. C’est hallucinant : voici plus de 25 siècles, les germes de l’Ayurveda étaient déjà là ! Plus loin encore, il y avait les Vedas. Ces quatre grands axes de réflexion chantée, parlée puis écrite, sont considérés comme les textes sacrés à la base de l’hindouisme, et ils datent « environ » de trois ou quatre millénaires avant JC. La religion est très présente dès les origines, puis se mâNouvelles de l’Inde n° 407


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AYURVEDA : CETTE FASCINANTE MÉDECINE EN QUÊTE D’IMMORTALITÉ...

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thographe. Religion et Ayurveda sont intimement mêlées. Mieux, l’Ayurveda spécifie que la foi en Dieu, la joie de vivre et la conscience de soi permettent à l’esprit de conserver sa vitalité et son énergie. De la sorte, l’esprit prête peu le flanc aux effets de l’âge, ce qui freine d’autant le vieillissement du corps. Cette recherche de l’éternelle jeunesse, que l’Ayurveda érige en recette, a donc traversé les siècles et les millénaires. Ce que Michel Angot a démontré dans l’antiquité reste d’une étonnante actualité. En Occident, on prête plus pudiquement à l’Ayurveda le pouvoir de regénérer les cellules du corps.

© http://www.attributetohinduism.com/Hindu_Scriptures.htm

tine au fil des siècles de spiritualisme, notamment dans les contrées occidentales. La religion est, aujourd’hui encore, très présente en Inde. Le Docteur Bhutada, mon Guru ayurvédique, ne commence jamais une journée de consultations sans chanter la Déesse Dhanvantari, muse de l’Ayurveda, dont l’effigie trône dans la salle de consultation du centre Kailyavadhama (Etat du Maharashtra). La déesse est fleurie et baignée d’encens chaque matin, et une petite bougie allumée la veille en permanence pendant les soins. De la même manière, pas une journée ne se termine sur le campus sans une méditation au Temple Hanuman, dédié au général de l’Armée des singes, symbole de force et formidable médecin. Le Ramayana, gigantesque odyssée des Dieux, conte les nombreux exploits d’Hanuman. Image du dévouement total et de la fidélité, il est le fils de Vayu, Dieu du vent, qui lui a légué la faculté de voler dans les airs. Un jour, Hanuman eut la responsabilité de sauver Lakshman, frère du roi Rama. Quatre herbes pouvaient le guérir, mais elles étaient loin dans les montagnes de l’Himalaya. Hanuman y vola derechef. Ne sachant sélectionner les quatre plantes, il s’empara de la montagne toute entière et la rapporta pour guérir Lakshman. Voilà pourquoi Hanuman est vénéré partout où l’on traite la maladie. Le Dr. Bhutada est formel, il assure qu’il y a une présence divine en chacun de nous, et que cette certitude est fondamentale dans le processus de santé. Etrange paradoxe, en ce domaine scientifique, de s’en remettre au bon vouloir d’une divinité supérieure. Question que le bon Docteur balaie d’un revers de la main : « Et alors ? Dieu gouverne la santé. Pour autant, nous devons tout faire pour la favoriser par nous-mêmes ! » En terre ayurvédique, …sans foi sur le métier remettez votre ouvrage, si vous me permettez cette entorse à l’or-

Agni chevauchant son vâhana, le bélier. Peinture miniature aquarelle du 18ème siècle.

L’Au-delà selon l’Ayurveda a des aspects presque concrets. Nous sommes chacun de nous en relation avec le cosmos, et sommes régis par les lois du cosmos : nous avons en nous les mêmes éléments que dans le cosmos. Ces cinq éléments de base sont dans l’ordre : l’éther, l’air, le feu, l’eau, la terre. Pourquoi dans l’ordre ? Parce que la progression est logique : - L’éther, c’est l’espace, infini, impalpable, léger, invisible, et indivisible.

- L’air, c’est aussi tout ça, mais on commence à le sentir physiquement, à la faveur d’un coup de vent ou en passant la main par la fenêtre dans une voiture qui roule. - Le feu a une valeur supplémentaire, on le voit, on l’entend craquer, on le sent encore plus que l’air car il brûle si on essaye de le toucher, et il est créateur de chaleur. - L’eau, on la touche, on s’y baigne, on la boit, on la voit. - La terre enfin : cette fois on peut la tenir dans sa main ou dans sa poche sans qu’elle s’échappe. (Pour l’anecdote, ou pour retenir les cinq éléments plus facilement, on remarquera que la langue française fait excellent ménage avec les éléments, qui évoluent de l’éther jusqu’à la terre, en une jolie symétrie phonétique !) Combinées deux à deux, ces forces représentent les énergies Vata, Pitta et Kapha. Nous avons tous ces énergies en nous, mais dans des proportions différentes. L’éther et l’air composent Vata, symbole du mouvement. Une personnalité Vata ne tient pas en place, bondit d’une activité à l’autre, dirige volontiers les opérations, par peur de l’improvisation. A force de déplacements dans l’air, Vata est souvent à l’origine d’une peau sèche, et d’une ossature exposée à l’arthrose. Tendance aérienne et imaginative, capable de réunir les poètes qui ont la tête dans les étoiles, les étourdis toujours dans la lune, et les zébulons bondissants. Le feu et l’eau sont associés dans Pitta. Une petite nuance s’impose ici. En sanskrit, on peut aussi concevoir l’eau en tant que substance liquide. Si le liquide est de l’acide chlorydrique, on imagine le tempérament explosif qui ainsi se crée ! Les personnes Pitta communiquent volontiers leur savoir : professeurs et journalistes de tous poils entrent dans cette catégorie. 17


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© Alokprasad - http://en.wikipedia.org

Chaque individu se caractérise enfin par sept Dathus, qui sont les couches de tissu du corps humain. En voici la liste : - Rasa Dhatu : la peau - Rakta Dhatu : le sang - Mamsa Dhatu : les muscles - Meda Dhatu : la graisse - Ashti Dathu : les os - Majja Dhatu : la moëlle - Shukra Dhatu : les tissus reproducteurs. Monument de Charak au Yog Peeth Campus, Père de la médicine et de la chirurgie

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En effet, outre les doshas, nos caractéristiques physiques dépendent selon l’Ayurveda de Vikruti et de Prakruti, que l’on traduira par l’inné et l’acquis. L’inné ne peut changer, il dépend de l’hérédité, des chromosomes transmis par les parents, de l’équilibre des énergies à la naissance, voire en-deçà lors de la conception. L’acquis dépend quant à lui de nombreux éléments : études, lectures, rencontres, usages diététiques, contrées et conditions de villégiature, etc… Au total, ce sont bien des variables.

© F16 - http://en.wikipedia.org

Les sentiments profonds, qu’il s’agisse d’empathie ou de colère, sont Pitta. C’est l’enthousiasme, l’intelligence et l’énergie digestive, elle-même gouvernée par Agni, Dieu du feu et de la transformation. La peau est fine et facilement eczémateuse. Attention également aux personnes chaleureuses de ne pas se consumer de l’intérieur. L’énergie Kapha, composée d’eau et de terre, symbolise quant à elle la stabilité, ou l’ancrage. Une personne à dominante Kapha est plus ronde, plus immobile, plus rassurante. Corollaire de ce caractère, si l’on pratique moins d’exercice physique et si l’on s’avachit systématiquement devant une télévision, la maladie cardio-vasculaire ne tarde pas. Inversement, une personnalité Kapha suscite plus facilement la confiance que la remuante Vata ou la colérique Pitta. Un équilibre bien déterminé est propre à chacun. L’harmonie entre ces énergies est capitale. Qu’une énergie vienne à faillir, que ce soit en excès ou en manque, et la maladie menace. On parle alors d’une énergie à rééquilibrer. Trois pouls pris au poignet, qui se sont imposés plus tard, révèlent instantanément l’état des énergies. En complément, le praticien pose de nombreuses questions à ses patients sur les antécédents de santé personnels ou familiaux, et sur les conditions de vie. Alors seulement ils se prononcent.

Dhanvantari, dieu de l’Ayurveda Détail d’une miniature du style du Rajasthan de Lala d’Udaipur

Caraka-Samhita - Traité d'Ayurveda : Volume 1 : Le Livre des Principes (Sutrasthana) & Le Livre du corps (Sarirasthana), de Michel Angot, Ed. Les Belles Lettres.

Kapha gouverne souvent les Dhatus, de par leur composition commune d’eau et de terre pour la plupart. Deux exceptions : le sang est Pitta car il est chaud, et les os sont Vata car ils sont poreux et contiennent de l’air. On terminera cette page ayurvédique de généralités par… son point de départ. En sanskrit, Ayur c’est la vie, Veda la science ou l’étude, en un mot la connaissance. La vocation de l’Ayurveda est d’une simplicité totale : vivre le plus longtemps possible avec la meilleure santé possible. Ce concept, pour utiliser un mot aujourd’hui familier, est parfaitement exprimé. Simple et limpide, il subsiste avec bonheur ❑ depuis la nuit des temps. Eric Bhat Ayurveda et réflexologie eric.bhat@free.f Nouvelles de l’Inde n° 407


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fumé, l’aigue-marine, l’améthyste de chez Alexandre. Nupur Tron a été inspirée par le patrimoine des Rajputs et par sa grand-mère qui est décédée l’an dernier au grand âge de 99 ans, symbole à ses yeux de l’élégance. A Paris, le magasin Le Bon Marché expose les bijoux de Nupur Tron. Récemment, elle a organisé en mars une très belle exposition chez Christofle où elle a exposé une série de bijoux de sa marque ainsi que des œuvres de l’artiste Mario D’Souza et des photographies d’art

de JJ Valaya, malheureusement absent. Christofle a exposé quelques-unes de ses œuvres qui dévoilent un nouveau pan du talent artistique de JJ Valaya, l’un des

© www.artofvalaya.com

Nupur Tron fait ses études au Fashion Institute of Technology de New York ce qui la conduit tout naturellement dans l’univers de la mode. Elle crée en 2005 sa marque éponyme puis lance une ligne de prêt-à-porter « Nupur Line » mais rapidement, c’est vers la joaillerie qu’elle s’oriente. Tous les bijoux qu’elle crée viennent de l’Inde, sont fabriqués main, sur mesure, dans son atelier qui se trouve à Udaipur au Rajasthan, atelier qui remonte à plusieurs générations. Si les techniques utilisées sont très anciennes, le design est résolument contemporain. Parmi les techniques utilisées, citons le travail theva, jadaou et des techniques mogholes et du sud de l’Inde de Mysore. L’artiste utilise notamment le diamant, le saphir, le rubis et l’émeraude ainsi que des pierres semi-précieuses comme le topaze

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JOYAUX DE L’INDE CHEZ CHRISTOFLE

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premiers en Inde à se lancer dans la mode il y a une vingtaine d’années. Ces photos font partie d’un ensemble de photos d’art qui ont fait l’objet d’une parution « Decodex Paradox » dans laquelle le couturier et photographe a voulu montrer New Delhi d’une manière différente et originale. Il a photographié des modèles choisis selon le critère d’une présence distinguée et les a replacés dans le contexte de l’époque royale des Moghols et des Rajputs. Des photos magiques, en noir et blanc, Nouvelles de l’Inde n° 407

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JOYAUX DE L’INDE CHEZ CHRISTOFLE

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d’une grande beauté, où tradition et modernité, passé et présent se rejoignent le temps des prises de vue, immortalisées sur le papier. Le cadre de Christofle a permis de mettre en valeur ces photos qui rendent hommage aux beaux-arts et à New Delhi. Le travail de Mario D’Souza est réalisé à partir d’objets recyclés trouvés dans les décharges, des ventes de charité ou aux alentours du vignoble situé près de chez lui. C’est dans l’alchimie entre le matériau, le contexte culturel et historique que sa création prend forme. Pour reprendre les termes mêmes de cet artiste plasticien, né à Bangalore, « Le geste qui transforme l’objet est mon concept même de création. » Objets de rebus hissés par la curiosité de l’artiste pour leur vécu, leur histoire au rang d’œuvres d’art contemporain que la maison Christofle a mis à l’hon❑ neur durant l’exposition.

© www.mariodsouza.com

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Viviane Tourtet

La France, métal, chandelier, 600 cm, 2012

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Le vol, métal, verre, 400 cm, 2012

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L’INDE : UN PÔLE DE PLUS EN PLUS IMPORTANT POUR L’ÉDITION Il n’y a pas si longtemps, les livres rangés sur les étagères des bibliothèques familiales portaient les noms de maisons d’édition étrangères telles que Oxford University Press, Macmillan, Orient Longman, Little Brown, Viking, Bantam, Picador, HarperCollins et Penguins, pour n’en nommer que quelquesunes. Le vent a tourné. Au cours des deux dernières décennies, les meilleures maisons d’édition internationales et nationales opérant en Inde et gérées par des organismes dépendant du gouvernement comme le National Book Trust, le Children’s Book Trust et les centaines d’éditeurs privés, petits et grands, qui constituent à eux tous une industrie de l’édition de près de 200 milliards – à la fois en anglais et dans les langues vernaculaires – continuent à mettre un pied sur le marché de l’exportation avec une cache formidable de livres « fabriqués en Inde ». Une vague estimation montre que le pays compte plus de 150 000 imprimeries et emploie avec l’industrie de l’édition une main-d’œuvre de 10 millions de personnes.

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« Actuellement, l’Inde exporte des livres et des documents imprimés représentant près de 2,3 milliards de US$ tandis que le marché mondial représente 47 milliards de US$. Avec l’augmentation du taux d’alphabétisation, l’Inde a commencé à se développer rapidement et va devenir, c’est certain, plutôt compétitive. Une meilleure connaissance de la langue anglaise parmi les Indiens apporte un atout supplémentaire à notre industrie de l’édition à l’exportation », explique Arvind Mehta, Directeur Général adjoint auprès du Ministère du Commerce. L’exportation de livres indiens peut être schématiquement divisée en deux catégories : l’exportation vers les pays industrialisés et celle vers les pays en voie de développement. Grosso modo, des livres sur l’idéologie, la religion, la philosophie, la culture, le corps, le mental, l’âme et la recherche académique sont exportés vers le monde développé. « La Bhagavad Gita, les Ramcharitmanas et le Bhakt Chant sont nos trois titres les plus populaires que nous exportons aux Indiens vivant à l’étranger », explique Lalmani Tiwari, directrice de production chez Gita Press, la plus ancienne maison d’édition du pays en langues vernaculaires. Gita Press peut se targuer d’imprimer 80 millions de la Bhagavad Gita. Tous les genres de livres indiens se vendent à l’étranger. Les livres sur l’islam ont un marché tout prêt dans le monde musulman tandis que les livres lifestyle haut de gamme, les manuels généraux et les livres de fiction indo-anglais sont recherchés dans les pays qui ont une diaspora indienne éduquée et même parmi les personnes cultivées non indiennes.

L’Inde a le potentiel d’accaparer au moins 20-25% du marché mondial et 20% d’autres services comme l’animation et le design. Les foires internationales du livre comme la London Book Fair, la Frankfurt Book Fair et même la World Book Fair et l’International Book Fair à New Delhi qui ont attiré des éditeurs et des représentants de l’industrie du monde entier sous la forme de grandes délégations commerciales étrangères sont sans doute le facteur le plus important qui a contribué au développement des exportations de livres ces dernières décennies. En 2010, le World Book Fair à New Delhi a témoigné d’un dynamique commerce international et présenté des livres sur l’éducation et la non-fiction publiés en Inde. Les commandes conclues dans la capitale ont débouché sur l’expédition à l’étranger d’immenses containers de livres indiens. Le Président du National Book Trust, Bipin Chandra, qui a organisé le World Book Fair dans la capitale en 2010, a déclaré : « Le volume du commerce international avec 35 stands de plus de 15 pays a été bien supérieur aux autres années. » Nuzhat Hassan, le directeur de la Foire, a déclaré : « Les éditeurs individuels indiens en empoché des commandes d’une valeur de 200 000 dollars en un jour. Etant donné la tendance, le commerce d’exportation de livres est en pleine effervescence. » Le système de communication, particulièrement les emails et Internet, procurent aux éditeurs 21


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une meilleure connectivité mondiale pour lancer leurs produits sur les marchés internationaux. La participation active de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en mondialisant le marché a donné un coup de fouet pour le commerce à l’exportation. Les chiffres fournis par Capexil, une cellule de promotion de l’exportation créée par le Ministère du Commerce qui facilite et renforce l’industrie de l’édition et de l’impression, montrent que l’Inde a exporté des livres, des publications et

autres matériaux imprimés pour une valeur de 105,7 milliards de roupies en 2008-09, beaucoup plus que les 78,7 milliards de l’année précédente qui témoignaient d’un effondrement des exportations en raison de la crise économique mondiale. En 2006-07, le pays a exporté des livres à hauteur de 112,5 milliards de roupies. L’exportation de livres indiens a augmenté de manière exponentielle depuis les années 80 quand le chiffre atteignait tout juste les 807,6 millions.

C’était l’époque où l’industrie indienne de l’édition commençait à se déployer il y a près de 20 ans, quand l’industrie se sentit suffisamment confiante pour se tourner vers l’extérieur après un boom dans le secteur national. « L’Inde possède un riche patrimoine littéraire qui remonte des siècles en arrière. Il fut créé par nos auteurs, philosophes et penseurs. Il ne cesse d’augmenter et de se développer grâce à nos auteurs qui écrivent dans diverses langues régionales ainsi qu’en anglais. C’est plus par les livres que n’importe quelle autre chose que nous pouvons travailler pour une meilleure compréhension internationale et la paix dans le monde », sont les mots mémorables de O.P. Ghai, aujourd’hui disparu, Président fondateur de l’Institute of Book Publishing, New Delhi. « Un livre n’est pas seulement une marchandise que l’on exporte mais un outil qui peut éduquer et changer la mentalité de la population dans notre pays et à l’extérieur. Quand nous exportons un livre, nous ne pensons pas seulement à quelques centaines de grammes de papier, de carton, d’encre et de colle. Nous pensons à l’exportation de la culture du pays. » L’industrie indienne de l’édition profite du processus de transformation du nouvel âge numérique en enrichissant le contenu pour qu’il soit distribué sur divers marchés. Un exemple en est la création des livres sur Internet qui a apporté des changements radicaux dans le commerce de l’exportation des livres. Les livres ne sont plus un fardeau, les vendeurs peuvent vendre des livres en ligne à travers les continents et collaborer avec des fabricants de livres en ligne dans le monde entier pour encourager les publications nationales à moindre coût. La toute jeune industrie de fabrication de lecteur électronique s’est élargie à une nouvelle caté-

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gorie de lecteurs – qui ont les moyens de lire des livres sur leur portable et lecteurs de CD. L’augmentation du revenu dont on dispose par tête d’habitant et la toute nouvelle tribu de jeunes lecteurs – la jet set des grosses entreprises – aident les éditeurs indiens à faire pousser les limites pour atteindre de nouvelles catégories de lecteurs dans le monde qui sont connectés à la boucle numérique.

Une vague estimation montre que le pays compte plus de 150 000 imprimeries et emploie avec l’industrie de l’édition une main-d’œuvre de 10 millions. Au sujet de la vente des droits pour des livres sur le marché international du livre, Urvashi Butalia de Zubaan fournit quelques détails pratiques : « Vendre des droits peut constituer une part importante de votre revenu, en dehors du fait que cela peut contribuer à rendre des auteurs heureux, qui perçoivent des revenus supplémentaires et acquièrent la notoriété, tout en faisant connaître votre catalogue de livres sur le plan international. « Une grande partie de la vente de droits se construit sur le contact personnel ; ainsi, une fois que vous avez dressé une liste, commencez par vous faire des contacts, rencontrer des gens, leur parler de votre travail, montrer de l’intérêt et ainsi de suite. C’est très important parce que si quelqu’un est persuadé que vous êtes un éditeur sérieux, il prendra tous vos livres au sérieux. Les éditeurs de pays comme la Turquie, la Croatie peuvent aussi être de bons marchés pour vendre des droits », a-t-elle déclaré lors d’un récent séminaire sur l’Exportation des Livres inNouvelles de l’Inde n° 407

Des enfants achètent des livres sur un stand de la 19th World Book Fair à Pragati Maidan à New Delhi

diens : comment commencer, survivre et s’épanouir sur le marché international à New Delhi. Shobit Arya, éditeur de Wisdom Tree, qui était présent à la Foire du Livre de Francfort explique : « En s’alignant davantage sur le concept « New India » de STM, qui représente les domaines de la Science, de la Technologie et du Management, plusieurs éditeurs ont constitué la plus grande représentation de l’Inde cette année. Dix-huit de ces éditeurs, comme Jaypee Brothers et NCBA Exports étaient dans un hall spécial attribué aux éditeurs STM du monde entier. Ainsi, des éditeurs de livres pour enfants comme Navneet aux éditeurs de livres spécialisés sur l’Islam comme Goodword Books, du légendaire UBS Exports aux éditeurs comme Gopsons et des éditeurs de livres scolaires comme Vikas Publishing au Central Reference Library de Kolkata, la représentation indienne à la Foire du Livre de Francfort a présenté la même diversité que celle du pays. » Selon Capexil, l’ensemble de l’industrie de l’édition externalisée en

Inde représenterait 250 millions de US$ chaque année et se développe à un taux de 40% chaque année. L’Inde a le potentiel d’accaparer au moins 20-25% du marché mondial et 20% d’autres services comme l’animation et le design. « Les éditeurs du monde entier gagnent considérablement au niveau des coûts lorsqu’ils travaillent en Inde », disait S.K. Ghai, Président de Capexil. Capexil a une mission qui porte sur plusieurs fronts pour soutenir l’exportation. Il vise à promouvoir l’industrie de l’édition et de l’impression comme un important contributeur dans le marché mondial. Il cherche à développer l’industrie pour créer des niveaux standards. Il plaide en faveur de mesures pour rationaliser l’industrie et la doter des moyens nécessaires pour répondre efficacement à l’environnement commercial mondial qui se développe rapidement. ❑ Madhusree Chatterjee Ext. de India-Sweden in Focus 2012 Indo-Asian News Service 23


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DELHI : UN PALIMPSESTE DE 100 ANNÉES GLORIEUSES On raconte que la ville de Delhi fut bâtie et détruite sept fois. La ville qui a le pouvoir et le charisme de créer le mythe vient de fêter ses 100 ans d’années glorieuses. Au fil de ces années, la ville a enregistré un étonnant éventail kaléidoscopique d’événements aussi bien tragiques que triomphants. Une ville pleine de vie recèle de nombreuses histoires imbriquées, à la fois figées dans le temps et toutefois immédiatement éloquentes. Delhi, c’est bien davantage que son histoire légendaire, son riche patrimoine culturel, sa diversité culturelle et son unité religieuse. Delhi est un palimpseste sur lequel sont inscrits les complexités, les contradictions, la beauté et le dynamisme d’une ville où passé et présent coexistent. De nombreuses dynasties ont régné ici et les éléments culturels de chacune ont été absorbés dans la vie quotidienne de ses résidents. D’un côté, on a les monuments qui témoignent de la grandeur du passé et de l’autre, la rivière Yamuna qui, dans sa longue souffrance, dépeint les folies du présent. Delhi possède une existence sur plusieurs niveaux et figure parmi les villes qui se développent le plus rapidement dans le monde. L’extension urbaine de la ville qui s’est faite au-delà des sept villes créées entre le 13ème et le 17ème siècle est importante et se poursuit toujours. Elle est dotée de gratte-ciels, de quartiers résidentiels et de centres commerciaux animés qui reflètent les évolutions du temps. L’âme de Delhi, c’est son énergie, son effervescence et son bouillonnement qui se manifestent dans l’esprit des habitants. Dans le but d’y bâtir un foyer et pleins d’espoir, des millions de personnes y viennent pour travailler avec en24

Le Parlement indien dans les années 60

train et ferveur. Delhi incarne la subtile fusion d’idées diverses, de variété, de renouvellement de la tradition à travers de nombreuses décennies. Le caractère unique de Delhi réside dans sa force à rajeunir et à résister à l’épreuve du temps ce qui se perçoit dans son mode de vie. Delhi est aujourd’hui une ville multidimensionnelle et multiculturelle. Elle est dans un état constant de flux de cohésion. Après l’indépendance, Delhi s’est radicalement transformée et se situe aujourd’hui au même niveau que les capitales des nations industrialisées. Pendant un temps étonnamment long, Delhi ne fut pas le siège du pouvoir. Toutefois, la moindre pierre, la moindre brique y murmure à nos oreilles l’épopée de sa longue et glorieuse histoire. Delhi tire son nom de Raja Dhilu. La référence historique la plus ancienne à Delhi remonte au premier siècle avant J.-C. Tout au long de son histoire, l’actuelle capitale de l’Inde a été un acteur important.

Les raisons résident peut-être dans sa situation géographique. Delhi a toujours été un lien pratique entre l’Asie centrale, les frontières du Nord-Ouest et le reste du pays. Une inscription datant de l’époque d’Asoka, le célèbre roi Maurya, nous dit que Delhi se trouve sur la grande route du nord des Mauryas qui reliait leur capitale Pataliputra (près de la moderne Patna au Bihar) à Taxila (Takshashila) qui se trouve maintenant au Pakistan. C’était apparemment la route que les moines bouddhistes empruntaient en route vers Taxila, le foyer intellectuel de l’époque, et l’Asie centrale. Ce qu’on peut lire entre ces lignes est que c’était également la route que prenaient les armées Maurya pour aller réprimer les fréquentes rébellions et les insurrections étrangères à Taxila ou dans d’autres lieux frontaliers en proie aux troubles. Cela conféra donc à Delhi une importance stratégique considérable. L’histoire de Delhi se déploie dans l’existence des diverses villes décrites ci-dessous : Nouvelles de l’Inde n° 407


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Tughlaqabad 1321-23 après J.-C. Site : 8 km du complexe du Qutub. Vestiges : murs et quelques bâtiments en ruine. Construite par : Ghiyasuddin Tughlaq. Jahanpanad mi-14ème siècle Site : entre Siri et le Qutub Minar Vestiges : quelques restes des remparts défensifs. Construite par : Mohammad-BinTughlaq

Delhi, 1958

Indraprashtha 1450 av. J.-C. Site : à Purana Qila Vestiges : les découvertes archéologiques défendent aujourd’hui le point de vue que c’était bien la ville la plus ancienne de Delhi. Ceci n’a surpris personne à Delhi, car l’opinion populaire n’avait jamais douté de l’existence d’Indraprashtha. Les raisons de son déclin ne sont pas connues.

structures autour de Siri comme la superbe Aliai Darwaza, la porte sud de la Mosquée Quwwat-ul-Islam et le réservoir dans l’actuel Hauz Khas. Construite par : Alauddin Khilji du sultanat de Delhi. Alauddin Khilji était connu pour ses réformes commerciales, il n’est donc pas surprenant que Siri soit un grand centre commercial.

Ferozabad 1354 après J.-C. Site : Kotla Feroze Shah Vestiges : seulement le Pilier d’Asoka qui émerge des vestiges de ruines. Un stade de cricket porte le nom de terrain Feroze Shah Kotla. Construite par : Feroze Shah Tughlaq. Ferozabad est demeurée la capitale jusqu’à ce que Sikander Lodi transfère sa capitale à Agra. Dilli Sher Shahi (Shergarh) 1534 après J.-C. Site : en face du zoo. Près de Purana Qila. Vestiges : de hautes portes, des murs, une mosquée et un grand puits (baoli). Les portes Kabuli et Lal Darwaza et le Sher Mandal.

Lal Kot ou Qila Rai Pithora 1060 après J.-C. Site : complexe du Qutub Minar et de Mehrauli Vestiges : très peu de vestiges du Lal Kot original. Sur les 13 portes du fort de Rai Pithoral, trois seulement subsistent. Construite par les Rajput Tomaras. 12ème siècle ; prise et agrandie par le souverain Rajput Prithviraj Chauhan. Siri 1304 après J.-C. Site : près de Hauz Khas et Gulmohar Park. Vestiges : quelques portions et murs subsistent. Alauddin Khilji a également construit d’autres Nouvelles de l’Inde n° 407

Ruines du Qutub Minar

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Construite par : elle fut commencée par Humayun, le second empereur moghol et fut terminée par Sher Shah Suri. Shajahanabad mi-17ème siècle Site : le Old Delhi existant Vestiges : le fort Rouge, la Jama Masjid, les principales rues de Old Delhi (comme Chandini Chowk), les longues portions de murs et plusieurs portes de la ville. Old Delhi est peut-être congestionnée mais elle conserve néanmoins quelque chose de son charme médiéval. Les gens sont très cordiaux et accueillants. Shah Jahan, le cinquième empereur moghol, y a transféré sa capitale d’Agra. La capitale de l’Inde n’est pas seulement connue pour son riche passé historique mais aussi pour son art et son artisanat recherchés. En fait, l’art et l’artisanat de Delhi ont été encouragés depuis l’époque royale. En tant que centre culturel de son temps, Delhi a attiré les meilleurs peintres, musiciens et danseurs. Ceci fut facilité par le fait que Delhi n’avait aucune identité spécifique et a accueilli tous les genres culturels. Avec le temps, des gens de diverses régions de l’Inde sont venus et se sont installés là, faisant de Delhi un assortiment de fois et de traditions diffé-

Delhi 1955, l'Observatoire de Jantar Mantar près de Delhi

rentes. Doucement et petit à petit, Delhi a commencé à absorber les différentes identités des gens qui avaient emménagé ici et est rapidement devenue une ville animée qui honorait et faisait bon accueil à la diversité. En fait c’est le plus gros avantage de la ville. Quand des peuples de diverses origines se rassemblent, cela se caractérise par une pluralité de religion, de région, de langue, de caste et de classe. C’est une ville où les indivi-

dus au statut différent ont un même accès aux ressources et opportunités pour atteindre leurs buts et vision. Delhi est représentative des folies du présent, du parfum du passé et de l’espoir d’une Inde nouvelle. ❑ Sameer Pushp Journaliste et écrivain freelance Ext. de India-Sweden in Focus 2012

12 Décembre 1911, vue du Delhi Durbar, lorsque George V fait son tour de l'Inde à l'occasion de son couronnement

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DESTINATIONS À DÉCOUVRIR

© Raji Srinivas sur http://en.wikipedia.org

Situées à une centaine de kilomètres de Kurnool, les grottes naturelles à Yaganti sont une suite de passages souterrains que la nature a transformée au fil des siècles. Yaganti est un célèbre lieu de pèlerinage. Quand vous vous dirigez vers Yaganti, vous passez près de verts et luxuriants champs de riz et vous tombez sur des étendues de champs de tournesols jaunes à perte de vue qui ne sont pas sans rappeler les peintures de Van Gogh. Quel magnifique chemin pour commencer votre visite ! Yaganti est célèbre pour son temple à Shiva. Shiva fait partie de la Trinité hindoue avec Brahma et Vishnu. Il possède un gigantesque Nandi monolithe (Vâhan ou véhicule de Shiva). Selon la légende, ce Nandi continue à pousser et prendra vie à la fin de Kalyug, l’ère de Kali. Le temple est entouré d’immenses collines. A l’intérieur de ces collines, se trouvent des grottes spectaculaires à couper le souffle. Pour y arriver, cela prend du temps et il convient d’être bien chaussé pour les visiter. Vous devez toutes les visiter, depuis la grotte de Rokalla à la grotte de Venkateshwara en passant par la grotte de Sanka, la grotte Veera

Narasimhaswamy dans la grotte

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Brahmendra. Il existe une croyance bien ancrée selon laquelle le devin et figure littéraire de l’Andhra, Sri Potuluri Veerabrahmendra Swami, aurait écrit son œuvre monumentale « Kalagnanam » dans ces grottes. Reposez-vous y donc et admirez les grottes dont l’apparence a évolué au fur et à mesure des années et dont le principal architecte est la nature et les éléments. Le calme du temple de Shiva n’est interrompu que par le bruit des pèlerins et le babillage des perroquets omniprésents. Le temple possède un magnifique bassin appelé Agastya Pushkarini d’après le nom du sage Agastya. L’eau dans ce bassin jaillit perpétuellement de la bouche de Nandi et ne s’est jamais tarie. Ceci continue à fasciner les pèlerins. Une autre caractéristique intéressante de Yaganti est une Akaska Deepam (lampe) qui est éclairée tous les jours sur une falaise escarpée par un sage qui y vit. La hauteur à laquelle la lampe est placée suscite de la fascination. On se demande comment un homme peut grimper chaque jour à une telle altitude pour allumer une lampe. La dévotion inspirée par quelque pouvoir super humain y est sûrement pour quelque chose. Un autre grand centre de pèlerinage en Andhra Pradesh est Abohilam. Il est intéressant de le visiter puis de se rendre à Vellore. Abohilam est le lieu où l’on pense que Lord Vishnu dans son avatar de Narasimha (moitié homme, moitié incarné en lion) a sauvé son disciple Prahlad en tuant le roi démon Hiranyakasipu. Ce lieu comprend neuf temples dédiés au Sei-gneur

© Porusreddy sur http://en.wikipedia.org

YAGANTI EN ANDHRA PRADESH : LES GROTTES NATURELLES ET LE TEMPLE DE SHIVA

Sri Yaganti Uma Maheswara Temple

Narasimha et un grand nombre d’entre eux sont dans des grottes naturelles. On ne peut les atteindre qu’en marchant à travers collines et forêts. Le chemin de randonnée est pittoresque et ponctué de jolies cascades et de formations rocheuses uniques. Juste quand vous vous sentez fatigué, l’eau jaillissante des cascades vous régénère et vous permet de continuer à marcher et à profiter de la vue. Après une journée bien remplie, vous pouvez aller jusqu’à Vellore. Mais ce n’est pas fini. En chemin il y a encore beaucoup à voir, notamment deux gigantesques statues de Lord Krishna et Hanuman, le dieu singe, dans un temple. Ce pays regorge de tellement de trésors cachés qu’une vie ne suffirait pas pour tout voir. Pour plus d’information, contacter : Andhra Pradesh Tourism Development Corporation, Tourism House, Himayatnagar, Hyderabad 500 063. Andhra Pradesh, Inde, Tél : +91 40 23262151, +91 40 23262152, 23262153, 23262154, 23262457, Fax : +91 40 23261801, Email : info@aptdc.in et site Internet : http://www.tourisminap.com ❑ India Travel Online Vol. XIII N° 08 27


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GROS PLAN SUR LE MEGHALAYA Le Meghalaya se situe au nord-est de l’Inde. L’Etat partage sa frontière au nord et à l’est avec l’Assam et au sud et à l’ouest avec le Bangladesh. Le Meghalaya est l’Etat le plus humide du pays avec un taux moyen de pluviosité de 1200 cm. Il compte de nombreuses rivières, les principales ayant pour noms Manda, Damring, Janjiram, Ringge, Ganol, Simsang, Khri, Umtrew, Umiam, Umkhem, Kupli, Kynshi, Umiam Mawphlang et Umngot. L’Etat jouit de conditions agro-climatiques favorables contribuant au soutien de l’agriculture, l’horticulture et la sylviculture. Il existe donc un potentiel de développement dans ces secteurs. Le Meghalaya possède d’abondantes ressources naturelles en termes de flore, de faune, de plantes médicinales, de forêts, de charbon, de chaux, de feldspath, de quartz, de sillimanite, d’argile industrielle et d’uranium. Elles offrent d’importants créneaux pour l’investissement. Sohra, Tura Jowai, Nongstoin, Williamnagar, Nongpoh et Baghmara sont les principales villes du Meghalaya. L’Etat possède une riche culture ; il attire de ce fait les touristes.

Le Meghalaya en bref

• Capitale : Shillong • Superficie : 22 429 km2 • Districts administratifs : 7 • Densité de la population : 132 • Population : 2,96 millions d’habitants (répartis en 1,49 million d’hommes et 1,47 million de femmes) • Langues : anglais (langue officielle), khasi, pnar et garo • Taux d’alphabétisation : 75,5%

Les avantages du Meghalaya Economie L’Etat procure un excellent soutien institutionnel à travers diverses agences tant au niveau de l’Etat du Meghalaya qu’au niveau national comme le North East Council, le Ministry of Development of North Eastern Region et la Meghalaya Industrial Development Corporation. L’Etat offre de nombreux avantages industriels en dehors des avantages du gouvernement central aux investissements dans la région du nord-est. Les agro-industries, l’horticulture, les minéraux, le tourisme, l’électronique et les TI ont 28

été identifiés comme des secteurs dynamiques pour le développement et la promotion. Comme nous le mentionnions dans l’introduction, le Meghalaya est doté de riches ressources naturelles qui sont autant de voies pour investir. Il possède une main-d’œuvre éduquée et la majeure partie de la population parle et comprend l’anglais.

Economie Aux prix courants, le Produit National Brut de l’Etat, était d’environ 2,6 milliards US$ en 2009-10 et a augmenté à un taux de croissance annuel composé de 13,1% entre 2004-05 et 2009-10. Aux prix courants, le Produit National Net de l’Etat était d’environ 2,3 milliards de US$ en 2009-10. Il a augmenté à un taux de croissance annuel composé de 13,9% entre 2004-05 et 2009-10. Le PNB de l’Etat par tête en 200910 était de 1022,8 US$ contre 598,1 en 2004-05. Il a enregistré un taux de croissance annuel composé de 11,3% entre 2004-05 et 2009-10. Le PNN de l’Etat par tête était de 898,5 US$ en 2004-05 contre 529,3 en 2009-10. Il a enregistré un taux de croissance annuel composé de 11,1%.

Avec un taux de croissance annuel composé de 19,3%, le secteur secondaire a enregistré la croissance la plus rapide par rapport aux trois autres secteurs de 2004-05 à 2009-10. La croissance a été tirée par l’industrie manufacturière, la construction et l’électricité, l’approvisionnement en gaz et en eau. Le secteur tertiaire, le plus gros contributeur à l’économie du Meghalaya, a augmenté à un taux de croissance annuel composé de 12,7% entre 2004-05 et 2009-10. La croissance a été tirée par le commerce, l’hôtellerie, l’immobilier, la finance, les assurances, les transports, les communications et autres services. Le secteur primaire a augmenté à un taux de croissance annuel composé de 12,4% entre 2004-05 et 2009-10. Le Meghalaya est en tête par rapport au reste de l’Inde pour les dépenses par tête d’habitant dans le secteur de l’éducation. Pour la part des dépenses de nourriture et de biens durables, le Meghalaya se situe au niveau de l’ensemble de l’Inde. Production agricole Les principaux fruits cultivés dans l’Etat du Meghalaya sont le citron, Nouvelles de l’Inde n° 407


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© Sarvshwet

GROS PLAN SUR LE MEGHALAYA

Rajiv Gandhi Indian Institute of Management

l’ananas, la banane, la papaye, la prune, la pêche et l’abricot. Le curcuma, le gingembre, le poivre noir et les feuilles de laurier sont les épices majoritairement cultivées dans cet Etat. Il promeut également la culture du thé dans certaines zones. L’Etat a réussi à faire pousser des récoltes non traditionnelles comme le thé, la noix de cajou, les oléagineux, la tomate, le champignon, le blé, etc. Le Meghalaya a produit 98,9 millions d’œufs et 76 500 tonnes de lait en 2007-2008. Investissements et exportations Selon le Department of Industrial Policy and Promotion, l’ensemble des investissements directs étrangers qui se sont accumulés d’avril 2000 à avril 2011 dans les Etats du Nord Est se sont élevés à 72 millions de US$. En 2009-10, les investissements marquants au Meghalaya étaient de 10,12 milliards de US$. Sur l’ensemble des investissements, le secteur électrique représente environ 50, 8% suivi par le secteur des produits minéraux non métallique. Les exportations : en mars 2008, le Meghalaya exportait pour 61,3 millions de US$. Le charbon représente plus de 87% de l’ensemble Nouvelles de l’Inde n° 407

des exportations du Meghalaya. Un parc a été créé à Byrnihat sur plus de 259 hectares pour promouvoir les exportations. Le Meghalaya partage 443 km de frontières terrestres avec le Bangladesh et compte 8 postes frontières pour soutenir les exportations.

Infrastructure physique Infrastructure routière En 2007-2008 le Meghalaya disposait d’un réseau routier total de 8164 km et une densité routière de 36,4 km par 100 km2. L’Etat est bien relié aux Etats du nord-est voisins et d’autres parties de l’Inde avec 4 autoroutes nationales : NH-40, NH-44, NH-51 et NH-62. La Meghalaya Transport Corporation assure des liaisons en bus à travers tout l’Etat. Type Longueur de routes de routes (km) Autoroutes nationales^ 810 Autoroutes au niveau de l’Etat* 1,137 Principales routes de district* 1,219 Autres routes de district* 5,205 * chiffres 2007-2008 ^ chiffres 2011

Infrastructure au niveau des chemins de fer et aéroports La gare la plus proche est Guwahati, en Assam. Des progrès sont en cours pour acquérir des terrains pour construire deux gares à Mendipathar et Byrnihat. Le Ministère des chemins de fer a approuvé la nouvelle ligne de chemins de fer. Le Meghalaya possède deux aéroports situés à Shillong et Baljek. L’aéroport de Shillong (Umroi Airport) est totalement opérationnel mais l’aéroport de Baljek est en cours de construction. Des services d’hélicoptères sont disponibles de Guwahati pour relier Tura et Shillong. Infrastructure électrique En mars 2011, le Meghalaya avait une capacité électrique installée de 289, 6 MW dont 189,1 MW dépendant d’installations de l’Etat et 100,5 MW d’installations nationales. Sur la capacité électrique totale installée, 230,6 MW sont fournis par l’énergie hydro-électrique, 28 MW par l’énergie thermique et 31 MW par l’énergie renouvelable. La consommation électrique par tête d’habitant au Meghalaya était de 675,1 kwh en 2009-10. En mars 2009, 59,29 % des villages étaient électrifiés dans l’Etat. En avril 2010, le gouvernement du Meghalaya restructura le Meghalaya State Electricity Board (MeSEB) pour créer une société de gestion appelée Meghalaya Energy Corporation Limited (MeECL) et ses trois filiales : Meghalaya Power Generation Corporation Limited (MePGCL), Meghalaya Power Transmission Corporation Limited (MePTCL) et Meghalaya Power Distribution Corporation Limited. Insfrastructure des télécommunications En décembre 2010, le Meghalaya disposait de 129 centraux télépho29


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Infrastructure de santé (2007-08) Centres de soins primaires 104 Sous-Centres 404 Centres de santé 28 au niveau local Hôpitaux 9 Dispensaires 12 Centres pour la lèpre 2 Unités de contrôle de la lèpre 2 Docteurs 671 Infirmières 893

Elephant Fall, Shillong

niques et de 171,478 lignes téléphoniques (BSNL). En 2007, l’Etat comptait 7,360 connections internet, y compris 1621 connections à large bande. Pour permettre les communications d’affaires, un réseau privé virtuel est aussi disponible. Le Meghalaya comprenait 488 bureaux de poste en mars 2007 fournissant des services postaux à travers l’Etat.

Infrastructure sociale Education Le taux d’alphabétisation au Meghalaya était selon le recensement de 2011 de 75,5%, répartis en 77,2% pour les hommes et 73,8% pour les femmes. La North East Hill University (NEHU) forme au niveau licence, maîtrise et doctorat dans les domaines de la science, de la technologie et des sciences humaines. Le North East Indira Gandhi Regional Institute of Health and Medical Sciences (NEIGRIHMS) à Shillong forme les étudiants en médicine ainsi que des infirmières 30

dans le cadre d’une école dépendant de l’Institut. Citons également le National Institute of Fashion Technology (NIFT) à Shillong qui donne des cours de technologie de la mode. Infrastructure au niveau de l’enseignement* Université 1 Ecoles supérieures 56 Instituts de formation pour les enseignants 3 Lycées 774 Collèges 2,259 Ecoles primaires 6,351 Source : Statistical Handbook of Meghalaya, 2008-09 *chiffres 2006-07

Santé Il existe 10 hôpitaux privés dans l’Etat et une capacité de 1650 lits (chiffres 2008). Les quatre hôpitaux militaires et paramilitaires de l’Etat fournissent des soins de santé préventifs et promotionnels. NEIGRIHMS, qui a été créé pour procurer une éducation médicale possède un hôpital avec 500 lits. Des travaux d’agrandissement sont en cours.

Shad Suk Mynsiem, Nongkrem dance, Wangala, Behdeinkhlam, Laho dance, Chad Sukra, Autumn festival, Strawberry festival, Ranikor festival sont des festivals célèbres du Meghalaya. Le Meghalaya offre de nombreuses attractions touristiques comme les grottes, les parcs nationaux et les réserves naturelles, les bois sacrés, les chutes d’eau, les lacs et les rivières ce qui en fait une destination touristique idéale. Le Meghalaya possède un golf naturel 18 trous. C’est un sport important ici et une attraction des entreprises. Bara Bazar, Jail Road, G.S. Road, Police Bazar, Glory’s Plaza, Meghaloom, Nagaland Handloom and Handicrafts, Assam Emporium, India Emporium, Khadi Gramodyog, Manipur Emporium, Tantuja et Purbashree sont les quartiers où il fait bon faire des achats.

© http://www.sarkari-naukri.in

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Infrastructure culturelle

Faculté de médecine NEIGRIHMS à Shillong

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Le riche patrimoine culturel se donne à voir aux Williamson Sangma State Museum, Don Bosco Centre for Indigenous Cultures, Entomological Museum (Butterfly Museum). Les principaux parcs nationaux et centres de loisirs au Meghalaya sont : Lady Hydari Park, Mattilang Park, Sa-I-Mika Park, Thangkharang Park, Eco Park dans les monts East Khasi ; Nehru Park, Kharsati Park, Thrills Fun Park à Ri Bhoi ; Nokrek National Park dans les monts West Garo ; Balpakram National Park dans les monts South Garo, Ialong Park, Looksi (Kupli) Park dans les monts de Jaintia.

Infrastructure industrielle Le Meghalaya possède des zones industrielles à Shillong, Nongstoin, Mawlyndep, Tura, Williamnagar et Khliehtyrshi ; une zone industrielle se trouve à Umiam ; un Parc industriel pour la promotion de l’exportation (EPIP) se situe à Byrnihat ; et un centre d’expansion à Mendipathar. Des Centres d’industrie de district (DIC) fonctionnent dans le cadre de la Maharashtra Industrial Development Corporation (MIDC) dans chaque district et sont impliqués dans le développement de l’infrastructure industrielle du district. L’Etat a créé une agence à guichet unique pour délivrer les approbations d’investissements industriels. Des Rapports sur la faisabilité techno-économique (TEFR) sont disponibles auprès de la MIDC pour la volaille, l’agro-industrie, la transformation des fruits, le calcaire lime, l’alcool de tapioca, l’extraction du carbonate de calcium, la fabrication de tuiles vernissées en céramique, le marbre et les tuiles, la transformation de la viande. Dans le cadre du soutien du gouNouvelles de l’Inde n° 407

© http://anthonian.in/nongkrem-dance-holiday/

GROS PLAN SUR LE MEGHALAYA

Festival de danse de Nongkrem, Novembre 2011

vernement central au programme des Etats pour développer l’infrastructure pour les exportations (ASIDE), 29 projets d’une valeur de 21,1 millions de US$ ont été approuvés en 2008-09.

Les industries-clés Les ressources naturelles, les mesures incitatives et l’infrastructure favorisent les investissements dans les secteurs du tourisme, de l’énergie hydroélectrique, manufacturière et minière. L’agriculture et les industries connexes contribuent pour près de 20% au PNB de l’Etat et emploie plus de 70% de la population. Les minerais, l’horticulture, l’électricité, les TI, les unités orientées vers l’exportation et le tourisme ont été identifiés comme secteurs importants pour le développement industriel. On recensait en 2008-09 116 grandes et moyennes industries et en 2007-08, 6511 industries à petite échelle. Le Meghalaya présente une grande diversité de plantes vasculaires avec 3331 espèces, d’orchidées avec plus de 300 variétés. L’industrie des plantes décoratives en est à ses débuts mais présente un im-

portant potentiel pour les exportations. Cet Etat abrite 834 des 6000 plantes médicinales disponibles en Inde dont le célèbre If de l’Himalaya. Le secteur des plantes médicinales est l’un des secteurs prioritaires pour les investissements de l’Etat. Près de 121 espèces ont été identifiées pour être produites commercialement. Le Meghalaya est, par ailleurs, un important producteur de bambou dans le pays. Le Meghalaya jouit d’un climat favorable pour les activités agricoles et horticoles. Il existe du potentiel pour les investissements. Parmi les multiples récoltes, citons le riz, le maïs, les légumineuses, les oléagineux, le coton, le jute, le mesta. Le curcuma du Meghalaya est considéré comme l’un des meilleurs au monde avec 7,5% de curcumine. L’accent est mis également sur la collecte de l’eau et l’infrastructure de distribution pour augmenter le niveau de la mécanisation du secteur horticole. Dans le domaine de l’énergie hydroélectrique, on estime que le Meghalaya a une capacité hydroélectrique de 3000 MW dont seu31


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GROS PLAN SUR LE MEGHALAYA

Vue de la cimenterie MCL Lumshnong, Jaintia Hills, Meghalaya

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une population parlant pour une grand part l’anglais, une bonne connectivité de télécommunication et un climat favorable, le Meghalaya devrait bénéficier à l’industrie des TI. Le Meghalaya produit des cocons de mulberry, de muga et d’eri. La sériculture est restée une industrie familiale. Au niveau de l’artisanat, le Meghalaya a une tradition bien établie du tissage de bonne qualité avec plus de 25 000 foyers impliqués. On recense au Meghalaya 8 centres de production, 32 centres de production et de démonstration, 10 centres de formation au tissage et 1 institut de formation au tissage (à Mendipathar dans les East Garo Hills). La production de tissu tissé est passée de 10,8 millions de m2 en 2008-09 à 12,8 millions de m2 en 2009-10. Le Meghalaya a de riches ressources minières avec des réserves de charbon, de chaux, d’argile réfractaire, de kaolin, de sillimanite, de

granit, d’argile, de roche phosphatée, d’argile lithomargic et à moins grande échelle, de quartz, feldspath, gypse et uranium. L’industrie minière est récente au Meghalaya et des cimenteries devraient aussi voir le jour. ❑ India Brand Equity Foundation

© JeremiahsCPs

lement 230,6 MW sont développés à ce jour. Le gouvernement invite les investissements dans ce domaine selon le mode Partenariat Privé-Public. Le Meghalaya jouit d’une faune, d’une flore riches, d’épaisses forêts, de grandes rivières, de prairies ce qui en fait une destination touristique attrayante. Le nombre de touristes indiens a augmenté de 7,4% passant de 550 000 en 2008 à 591 000 en 2009. En 2009, 5000 touristes ont visité le Meghalaya. L’Etat prévoit d’utiliser ses abondantes ressources en eau pour attirer les touristes avec le tourisme écologique ou d’aventure. Des partenariats Privé-Public sont invités pour créer des complexes touristiques, des formes autres de tourisme, des fermes ou des hôtels dédiés au bien-être, à la santé, des centres de réunion. Avec un taux d’alphabétisation important, des coûts raisonnables et

Nepentes khasiana - Jeremiah

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Une récente présentation gastronomique nous a permis de découvrir les dernières nouveautés d’Agroagur et Soléon. La moutarde peut associer miel et curry. Par ailleurs, la société a lancé des « olives façon Madras » qui combinent ananas, amandes et curry. Ainsi l’exotisme de l’ananas se marie à l’intensité du curry pour une touche d’évasion.

Ci-dessous 2 objets provenant de l’Inde : temple et cheval proposés par l’étude Pierre Bergé.

Lors de la dernière Assemblée générale, Danone a rappelé l’origine de la société qui remonte à 1966 lors de la fusion entre Boussois et Souchon Neuvesel (d’où BSN). Le groupe affirme sa volonté d’internationalisation et son intérêt pour l’enjeu de la santé publique. Avec Nouvelles de l’Inde n° 407

son état d’esprit constructif, intéressé par les marques, le PDG Frank Riboud investit dans la qualité, et pratique la culture de l’excellence. La nutrition infantile et la nutrition médicale sont à l’ordre du jour. Avec Qua, Yakult et Fundooz, depuis 2011 Danone poursuit son développement. La progression de la classe moyenne en Inde en fait un pays cible. Mais Danone s’attache à comprendre ce pays d’une grande diversité agroalimentaire, culturelle et sociologique. Avec le Japon, Danone a créé la joint-venture Yakult Danone India Ltd pour lancer des yaourts aux probiotiques. Dans le domaine des eaux, le groupe a pris une participation majoritaire dans Narang Beverages qui commercialise Qua, eau provenant de l’Himalaya. Danone a aussi installé une usine pour produire la gamme Fundooz destinée aux enfants défavorisés. Ces produits sont distribués dans les Kiranas, petites échoppes locales. Enfin depuis 2 ans, Danone Communities soutient un projet de la fondation Naandi pour fournir de l’eau à environ 500 villages indiens.

Burberry Brit Summer se décline pour homme en flacon gris bleu et pour femme en flacon orange intense. Le nouveau jus pour homme mélange vétiver, musc blanc, cèdre, mandarine, gingembre et… cardamome.

Dominique Guillemain d’Echon a exposé chez Kuoni 23 tirages « L’œil de Shiva » à l’agence Mabillon dans le 6ème arrondissement et Maya a proposé à la clientèle venue découvrir les voyages de luxe en Inde du sud un extrait dansé. Maya a, par ailleurs, été choisie pour le dossier que le magazine Esprit Yoga vient de consacrer à la relation entre la danse et la yoga. Maya a en effet la double vocation dans la transmission du Bharata Natyam dans la lignée de Tanjore en tant que boursière de

Kilian Hennessy nous avait enchantés avec sa bougie « jasmin du Kerala ». Voici que Boucheron lance un « Jaïpur bracelet » dans son écrin de verre teinté de rose pâle. Ce nouveau jus associe agrumes, violette, basilic et verveine, mais aussi cashmeran, cyprès, iris et la tagette surnommée œillet d’Inde.

© Dominique Guillemain d’Echon

Hermès poursuit son chemin fulgurant et célèbre la cravate qui se doit d’être unique et d’exprimer un style immédiatement reconnaissable. A Mumbai le nouveau magasin Hermès fait florès. Le jour de l’inauguration, Nandita Kumar, avait conçu une étonnante installation, avec des sortes d’arbres de vent reliés au sol par un tissage de cordes.

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l’ICCR et du Hatha Yoga dans la lignée d’Yvonne Millerand, disciple de Sri Krishnamacharya de Madras.

Ci-dessous châle Jamawar du Cachemire rectangulaire présenté récemment par Piasa. La bordure est arlequinée.

Il y a du nouveau chez Nicolaï qui lance l’eau de parfum « Maharanih intense », un oriental fleuri boisé qui associe rose, patchouli, vanille et bois de santal.

A la dernière Assemblée Générale de Lafarge, le PDG Bruno Lafont a affirmé sa volonté de construire autrement les villes de demain. Le défi est immense. L’atout est le béton. Ce dernier a traversé les siècles en offrant un potentiel d’innovation sans limites. Le béton d’aujourd’hui ne ressemble guère à celui d’hier et on peut toujours optimiser des qualités. D’où l’utilité des services de Recherche et Développement. Comment relever le défi de l’énergie ? Les plantes jouent leur rôle pour piéger le carbone. Partout la biodiversité est à l’ordre du jour. Le béton Lafarge a été choisi par le Musée du Louvre pour le nouvel espace dédié aux arts de l’Islam. Le Président de Lafarge a souligné le rôle joué en Inde par un nouveau béton prêt à l’emploi et un liant adaptable à divers types de terres. Ces deux produits ont été créés par le centre de recherche de Lafarge en Inde. Ils contribuent à l’essor du logement à un prix abordable, notamment à Mumbai. Dans le quartier de Shivaji Nagar, les maçons utilisent déjà le béton prêt à l’emploi. Livré en seaux déjà préparés, il réduit la main-d’œuvre et le temps de travail. Il peut aussi être conditionné en petits sacs ce qui facilite son transport. Le liant lancé sous le nom d’Aadhar, mélangé à la terre crue, doit être utile dans le milieu rural indien. Un ciment nouveau permettra de limiter de plus en plus les émissions de CO2. Ci-dessous les habitants du village de Chinchuria, et la tour de 300 mètres de haut, qui s’élèvera en 2014 dans un des quartiers résidentiels de Mumbai.

En 2011, dans le cadre de l’année internationale de la forêt, Lafarge a planté 70 000 jeunes arbres d’espèces appropriées (teck, tamarin, manguier, jacquier) : c’est le Chattisgarh vert autour des cimenteries de Sonadih et Arasmeta. Après diverses péripéties judiciaires, les travaux ont repris avec le calcaire extrait d’une carrière située dans le Meghalaya. Enfin le groupe a acquis 5,62% du capital de Lafarge India PVT Limited pour un montant de 51 millions d’euros. La Fondation Cartier pour l’art contemporain expose plusieurs artistes indiens : Jivya Soma Mashe, Chano Devi, Ratna Raghia Dushalda, Shantaram Chintya Tumbada, Jangarh Singh Shyam, dans le cadre de l’exposition « Histoires de voir – show and tell » qui permet à plus de 50 artistes du monde entier, peintres, (c) Bane, (c) Djilatendo, (c) Gregorio Barrio, (c)Iran, (c) Jangarh Singh Shyam, (c) Joseca, (c) Kayembe, (c) Nilson Pimenta, (c) Txanu, (c) Véio

© Dominique Guillemain d’Echon

ÉCHOS ET SENTEURS DE L’INDE

sculpteurs, dessinateurs et cinéastes d’horizons géographiques divers de présenter leurs œuvres. Ces artistes autodidactes, considérés par certains comme « naïfs » n’ont généralement pas exposé dans des institutions consacrées à l’art contemporain. Des œuvres qui touchent par leur humanité univer❑ selle. E. B. & Viviane Tourtet

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REVUE DES LIVRES Spiritualité L’expérience directe – Le sens profond du raja-yoga, de Sankara, traduit du sanskrit et commenté par José Le Ry, Ed. Almora. Aparokshanubhuti, court traité de 144 s´ lokas, est attribué à S´ ankara, maître de l’advaita vedanta indien, nous invite à l’expérience immédiate de notre propre Soi. Il s’agit véritablement d’un outil plus que d’un texte de théorie pure. José Le Roy, agrégé de philosophie, nous en livre ici la traduction et des commentaires précieux de manière claire. Le texte contient les grands concepts de la philosophie védantique. Le s´ loka 125 révèle que l’expérience est soudaine mais qu’il faut y avoir été préparé peu à peu. L’advaita vedanta affirme qu’il n’y a pas de dualité entre l’âme individuelle et l’Absolu (Brahman) et que nous ne faisons qu’un, ici et maintenant. Les lecteurs qui connaissent le sanskrit pourront aussi lire le texte qui rappelle que le véritable but du yoga est justement cette expérience directe. Un ouvrage philosophique pour lecteurs avertis de la philosophie indienne.

Nouvelles Mashi, de Rabindranath Tagore, Ed. L’Imaginaire Gallimard. Se plonger dans la lecture de nouvelles de Rabindranath Tagore est résolument pur enchantement. Quatorze nouvelles nous sont proposées dans Mashi, à la fois titre de l’une d’entre d’elles et titre du livre, publié aux Editions Gallimard. Le lecteur y découvre des pans de vie marqués par l’amour, la maladie, le deuil, le mariage, toutes les petites et les grandes misères et joies qui rythment l’existence. Tagore excelle, dans un style d’une grande simplicité, à Nouvelles de l’Inde n° 407

transmettre les émotions, tout en nuances, de ses personnages qui nous les rend si proches. Lorsqu’il écrit : « Si vous aimez les récits du temps passé, asseyez-vous sur cette marche et prêtez l’oreille au clapotis de l’eau », comment ne pas s’imaginer sur les ghâts du Gange, plongé dans la contemplation des femmes venues de leur village, du Sanyasi dont a rêvé leur amie Kusum…. Comment dans la dernière nouvelle ne pas ressentir les sentiments qui habitent le poète qui se languit pour sa belle voisine, veuve lorsqu’il se la voit ravir par son ami dont il ne cessait d’améliorer les poèmes et qui ont su faire battre le cœur de la belle au point d’envisager de se remarier ? Rabindranath Tagore nous éblouit une fois de plus.

Sciences humaines Les 7 lois spirituelles des super héros, de Deepak et Ghotam Chopra, Ed. Guy Trédaniel. Nous avons tous lu des bandes dessinées pour notre plus grand plaisir sans nous douter que les super héros tels que Superman, Spiderman, Batman, Hulk pouvaient nous aider à accroître notre potentiel pour notre propre développement personnel et pour contribuer au progrès de l’humanité. Ghotam Chopra, fils de Deepak Chopra, a ainsi enrichi les connaissances de son père par rapport aux héros de la riche mythologie indienne avec ses connaissances des héros des bandes dessinées et des comics. Devenir nous-mêmes ces super héros prêts à sauver la planète, voici le défi que nous propose Deepak Chopra en nous invitant à mettre au jour certaines qualités présentes en nous mais qui ne demandent qu’à se révéler, en appliquant les lois de l’équilibre, la transformation, la force, la créativité, l’amour, l’intention, la transcendance. Ouvrage vraiment original et qui

montre combien ces lois sont universelles.

Contes Les contes du roi Vikram, hauts faits des premières années, de Nourjehan Viney, coll. Babel, Ed. Actes Sud. Les contes sont redevenus à la mode et à la lecture de cet ouvrage, nous ne pouvons que nous en réjouir. Les contes nous touchent parce qu’ils s’adressent directement à notre enfant intérieur qu’un bon nombre d’entre nous avons perdu de vue, happés par les vicissitudes de la vie. Et pourtant les contes contribuent à nous apaiser, à nous faire redécouvrir un univers fabuleux, magique qui nous ressource. C’est nourrie des traditions de l’Inde et du recueil de contes que son père rédigea en 1975 que Nourjehan Viney s’est attelée à l’écriture de ce livre. Pareils aux poupées russes, ces contes s’emboîtent les uns dans les autres et captent notre attention. Qu’est-ce qui attend le roi d’Ujjein-la-Belle, Bojarajan, lorsqu’il décide de partir dans la jungle chasser les tigres qui harcèlent son peuple ? Quarante contes vont ainsi d’aventure en aventure conduire le lecteur jusqu’aux retrouvailles des deux amis, Rupna et Kouna mais que le lecteur se réjouisse, il ne s’agit que de la première partie ! Quand Nourjehan Viney nous livrera-t-elle la fin ? En attendant, pourquoi ne pas considérer notre existence d’un autre point de vue, comme une série d’épisodes qui s’emboîtent aussi les uns dans les autres ? Pañcatantra (Les Cinq Livres de la Sagesse), d’Alain Porte, réédition, Ed. Philippe Picquier. A la manière de Samuel Beckett, je dirai : « Ah les beaux jours que l’on 35


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REVUE DES LIVRES

passe à lire et relire les contes du Pañcatantra ! » Cette nouvelle édition qui fait suite à celle parue en 2000 suscitera le même ravissement chez le lecteur. N’est-il pas fabuleux que ces Cinq Livres n’aient pas vieilli et qu’aujourd’hui encore, le message de sagesse qu’ils nous délivrent soit toujours d’actualité. Sans doute l’humour y est pour quelque chose. A une époque où l’on vit chacun pour soi, ces contes nous remettent en mémoire combien l’amitié vraie est précieuse sur le long et difficile chemin de la vie, semé d’embûches en tous genres. Conçus par le saint homme Vishnusharma pour éduquer les trois fils d’un roi qui se désespérait d’en faire de dignes héritiers, ces contes organisés en une sorte de manuel de savoir-vivre à tiroirs, ont inspiré douze des fables de Jean de la Fontaine. Nous y croisons plusieurs espèces animales, éléphants, singes, serpents, crocodiles, corbeaux, hiboux, rats, lapins, grenouilles, poux, punaises et plusieurs représentants des quatre castes – brahmanes, rois, paysans et artisans, serviteurs qui nous donnent quelques leçons… A nous d’en faire bon usage. Nous saluerons aussi le traducteur pour la qualité de son travail qui rend la lecture de ses fables anciennes tout à faire aisée, voire plaisante.

Littérature Le chant du monde, Des Vedas à Tagore – Petite anthologie de littérature indienne, textes réunis par Patrick Mandala, Ed. A.L.T.E.S.S. Cet ouvrage de Patrick Mandala est un bel hommage à l’Inde et à la richesse de ses auteurs, mystiques ou non, une Inde qui résiste encore mais qui à l’heure de la globalisation, tend parfois à passer au second plan. Aussi un tel ouvrage mérite d’être lu. Il n’est pas 36

exhaustif certes, mais comment le pourrait-il ? Les textes sont ceux que l’auteur a choisis mais qui sont tous sous-tendus par l’idée d’universalité dont nous avons plus que jamais besoin, tant en Orient qu’en Occident. Après une introduction qui plonge le lecteur dans une Inde idéale, celle belle et tranquille des campagnes, Patrick Mandala nous propose une sélection de textes, de portraits organisées en âges, celui des Rishis, celui des Gurus, celui des Bhaktas et enfin celui des Mahatmas. Par petites touches, le tableau de cette Inde nourrissante prend forme et vient combler les âmes parfois perdues de nos contemporains, parfois tiraillés entre tradition et modernité. La sagesse ne consiste-t-elle pas à vivre le présent enrichi du passé ? Petits remèdes, de Shashi Deshpande, traduit de l’anglais (Inde) par Simone Manceau, Ed. Philippe Picquier. Le livre commence avec la rencontre de Madhu qui s’est momentanément installée à Bhavanipur, et de Savitribai, doyenne de la musique classique hindoustanie, représentante de l’école de Gwalior, aujourd’hui âgée et malade. Madhu l’a connue quand elle était petite mais Savitribai ne l’a pas reconnue. Véritable défi pour Madhu qui va se retrouver confrontée à moult difficultés. Très vite, les souvenirs affluent, l’histoire devient de plus en plus complexe et le lecteur appréciera de pouvoir consulter de temps à autre la liste des personnages et le tableau en début d’ouvrage pour ne pas se perdre. Dans le même temps, il est pris dans les mailles de ce filet parfaitement ficelé qui resserre le roman en un formidable puzzle psychologique. Madhu, en écrivant la biographie de Savitribai, se penche aussi sur sa propre vie, sur ses certitudes, ses doutes. Elle fait le point à chaque

fin de chapitre et réalise au bout du compte que la mémoire est un formidable outil qui permet de faire remonter les souvenirs, qui évite l’oubli et permet à la vie de continuer son cours. Après « Après la pluie », « Question de temps », Shashi Deshpande, ellemême fille d’un écrivain de langue kannada, ouvre le cœur des femmes de ses romans et leur insuffle un éveil à la vraie vie, en pleine conscience.

Droit Portraits du droit indien, de JeanLouis Halpévin, Ed. Dalloz. Le grand public sait peu de choses sur le droit indien. Nous savons l’importance des transplants qui se sont produits avec la colonisation britannique mais aussi celle d’un certain nombre de traditions juridiques propres à l’Inde (avec les règles particulières aux communautés hindoues, musulmanes, parsies, juives ou encore chrétiennes) et qu’il n’y a pas eu de rupture systématique avec l’état du droit antérieur à l’Indépendance. L’Inde a fait preuve depuis 1947 d’une grande créativité constitutionnelle, législative et jurisprudentielle. L’auteur, historien du droit, livre aux lecteurs néophytes que nous sommes pour la plupart, plusieurs clés pour une meilleure compréhension du droit indien et nous invite à un véritable tour d’horizon : rapports entre le Parlement et le pouvoir judiciaire, complexité du droit de la famille, traditionnel, qui laisse néanmoins une certaine marge d’appréciation aux juges, marge d’appréciation que l’on trouve aussi à la période de la colonisation britannique, Constitution et droits de l’homme, position des juges et droit économique. Un ouvrage documentaire et documenté mais à la portée de tous. ❑ Viviane Tourtet Nouvelles de l’Inde n° 407


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LE COIN DES ÉCHOS • Le 12 novembre 2011 s’est déroulée à Gouvieux dans l’Oise une Journée indienne. Cette Journée organisée par l’Association Lumières sur l’Inde pour fêter Deepawali 2011, a remporté un vif succès. Les stands de découverte ont accueilli plus de 300 visiteurs et la soirée dîner-spectacle a réuni 140 couverts. Les stands qui ont

M. Delavictoire, Président de Lumières sur l'Inde, et M. Eric Woerth

particulièrement retenu l’attention ont été le stand esthétique avec dessin au henné sur les mains et le stand « Saveurs indiennes » qui ont permis aux visiteurs de goûter quelques spécialités indiennes faites maison. La conférence sur « Les usages, les traditions et les coutumes de l’Inde » a également suscité

Mme Rajarajeshwari Parisot et les danseuses

un vif intérêt tout comme le spectacle et le concert le soir. La prochaine édition se déroulera les 10 et 11 novembre 2012, deux dates à noter dans vos agendas. Un blog à consulter : lumieressurlinde. unblog.fr • Un récital de Ghazal & Thumri donné par Ms. Vidya Shah, accompagnée d’un joueur de tabla s’est déroulé à la résidence de l’ambassadeur, M. Rakesh Sood, le vendredi 13 Avril à 18h30. Le concert Nouvelles de l’Inde n° 407

était dédié au printemps. Etaient présents l’Ambassadeur du Pakistan & son épouse, l’Ambassadeur du Népal & son épouse et l’Ambassadeur d’Afghanistan, parmi d’autres invités.

L’ambassadeur Rakesh Sood, Mme Agnès Le Brun, maire de Morlaix et député européenne, Mme Lebranchu, M. Yvon Hervé, Président Morlaix Communauté.

• Désormais bien installé en Bretagne, le festival ARMOR INDIA© a présenté sa 6ème édition, organisée par l’association AADI dans le Pays de Morlaix, du 27 avril au 13 mai 2012. Après le soufisme indien en 2011, le thème central était cette année l’Inde moderne, associé à certaines mixités interculturelles. Ainsi, à côté de l’exposition “Horizons” des oeuvres de Bhawani Katoch, le public a pu apprécier “flashmob”, danse moderne et Bollywood de qualité avec le groupe Dhoomzone, puis un concert remarquable “Business Class refugees” de musique actuelle avec le groupe Kartik & Gotam rejoint par des musiciens français au cours d’une tournée en France culminant au Printemps de Bourges. Poursuivant une tradition démarrée en 2010, ARMOR INDIA© a présenté le 5 mai une création réunissant traditions vivantes bretonne et indienne dans une rencontre et une confrontation, avec Raghunath Manet, le grand danseur et musicien originaire de Pondichéry, le percussionniste Latif Khan, et les 2 plus belles voix bretonnes Annie Ebrel et Yann-Fañch Kemener, dans un spectacle unique “Tillana, Tillana” et un théâtre comble. Côté cinéma, le festival a également tenu à évoquer l’Inde d’aujourd’hui, avec, sur les 6 films présentés, et à côté des grandes pro-

L’ambassadeur Rakesh Sood et l’artiste peintre Bhawani Katoch.

© Catherine L’Hostis

Manifestations

L’ambassadeur Rakesh Sood et M. Jean-Claude Breton.

ductions et films classiques, “I Am et “Udaan”, de réalisateurs contemporains . Inauguré le 27 avril en présence de l’ambassadeur, S.E M. Rakesh Sood, l’ensemble du festival a accueilli plus de 2.200 personnes. Etaient présents à l’inauguration : Mme Agnès Le Brun, Maire de Morlaix et députée européenne, Mme Marylise Lebranchu, Ministre de la Réforme de l’Etat, M. Yvon Hervé, Président de Morlaix Communauté, M. Jean-Paul Chapalain, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, et les représentants du Conseil Régional de Bretagne. 37


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LE COIN DES ÉCHOS

• A l’occasion de l’inauguration du gymnase Jacquart à Tremblay-enFrance le 5 mai 2012, une nouvelle rue a été aménagée et nommée rue Mahatma Gandhi. Cette rue relie l’avenue de la Résistance à l’avenue de la Paix ce qui est fortement symbolique de l’action menée par le père de la nation indienne. Après le discours du Maire de Tremblay-en-France, Président de la CA Plaine de France et Député de Seine-Saint-Denis, M. François Asensi, l’ambassadeur, M. Rakesh Sood, a rappelé combien le message de tolérance et de non-

s’est déroulée le mardi 8 mai 2012 à l’Auditorium de Douville, Sainte-Anne (Guadeloupe). C’est la deuxième fois consécutive que cette retraitée, très active, remporte le Prix Tulsidas (célèbre écrivain indien de langue hindi ayant vécu au 16e siècle). Ce prix récompense la meilleure performance parmi les étudiants de hindi de niveau intermédiaire et avancé.

Paon, Saroj Venkat Shyam

Le hindi est enseigné en Guadeloupe depuis la rentrée 2000 (Collège de Douville, Sainte-Anne). Il s’est étendu ensuite à d’autres établissements : Collèges de SaintFrançois, Port-Louis, Sainte-Anne, Lycée de Sainte-Anne.

violence du Mahatma Gandhi était toujours d’actualité. Les hymnes français et indiens ont ensuite été chantés et un lâcher de ballons aux couleurs du drapeau indien

a éclairé le ciel gris de la commune. La communauté indienne nombreuse à Tremblay-en-France était venue nombreuse pour participer à la manifestation. Un cocktail a clôturé la soirée. • Dodote Méric a remporté la sixième édition de la « DICTÉE HINDI 2012 », organisée par le Conseil Guadeloupéen Pour les Langues Indiennes (CGPLI), qui 38

• L’art des Gond, Jangarh Kalam, s’est exposé à la Galerie Anders Hus, 27 rue Charlot, dans le 3ème arrondissement de Paris, du 9 au 23 mai pour la première partie qui présentait les voies traditionnelles du Jangarh Kalam. Cette école de peinture s’est créée autour de Jangarh Singh Shyam, maître des artistes Pardhan de la communauté Gond du Madhya Pradesh. Comme le note Julien Bouissou dans un article paru dans Le Monde : « En Inde, la place des aborigènes n’est plus au Musée de l’homme (…) Les voici désormais au-devant de la scène artistique contemporaine indienne, avec des œuvres qui se vendent dans les galeries d’art et les musées du monde entier. » Jangarh Singh Shyam, décédé prématurément et brutalement en 2001 fait partie de ceux qui ont donné naissance à l’art tribal contemporain indien et a laissé après lui de nombreux héritiers, originaires de la tribu des Gond, comme lui. La première partie de

cette exposition a présenté les œuvres des artistes qui s’inspirent du maître tout en ayant leur style propre : Anand Singh Shyam, Durga Bai, Kala Bai, Nankusia Shyam, Gariba Singh Tekam et Premi Bai Tekam ainsi que Narmada Prasad Vekam. Une seconde partie du 31 mai au 23 juin présente les voies nouvelles où les artistes s’orientent vers la création contemporaine en conservant néanmoins le lien avec la tribu et le maître. Ce sont Subhash Vyam, Mayank Kumar Shyam, Venkat Singh Shyam et Saroj Venkat Shaym, Japani Shyam. • Le quatrième festival Inde Tibet s’est tenu à Villefranche de Rouergue (Aveyron), du 17 au 19 mai. Plusieurs milliers de personnes ont pu profiter d’une programmation à la fois éclectique et de qualité : Inde du sud avec le bharata-natyam de Maria Kiran, Inde du nord avec les Dhoad, gitans du Rajasthan, traditions de l’Himalaya avec les moines danseurs de Séra qui ont aussi réalisé le mandala de Tchenrézi. Expositions, peinture,

La danseuse Maria Kiran

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LE COIN DES ÉCHOS

artisanat, cuisine... Et la présence d’associations humanitaires comme Perspective Regard (scolarisation des enfants près de Bénarès) et Aide à l’enfance tibétaine. Une réussite saluée par la presse régionale.

Diffusion de films • La chaîne de télévision Arte a diffusé le 1er juin un documentaire sur Alexandra David-Néel « J’irai au pays des neiges » avec Dominique Blanc, Nicolas Brioudes, Hervé Dubourjal. Scénario de Joël Farges et Michel Fessler d’après la correspondance à son mari d’Alexandra David-Néel (Editions Plon). Le film a été réalisé par Joël Farges. La musique est de Béatrice Thiriet, les images de Jean-Claude Larrieu, le son de François Guillaume, Catherine D’hoir, Eric Bonnard. Les costumes sont d’Edith Vespérini, les décors de Jean-Marc Pacaud, le montage de Sabine Émiliani et la production de Pierre Javaux, Fit, Arte et France Télévisions.

• Le film I AM du réalisateur indien Onir, produit par Anticlock Films, vient de sortir en DVD. Le film qui réunit Juhi Chowla, Rahul Bose, Nandita Das et Sanjay Suri questionne sur les dilemmes qui tourmentent la société indienne moderne. En démêlant et explorant ces tourments, le film déplie 4 contes de personnes luttant pour trouver leur identité et soutenir leur dignité dans un monde qui est dur, froid et solitaire. Tourné dans quatre villes différentes à travers l’Inde, I AM est une fusion d’histoires où les protagonistes partagent un rêve commun : un désir de regagner leurs vies, regagner une identité qu’on leur a volée. Le film Nouvelles de l’Inde n° 407

est en hindi sous-titré anglais et français. Le film est distribué par Arcadès et édité par Epicentre Films Editions. Le film a obtenu plusieurs récompenses : Meilleur Film au Festival du Film asiatique de Londres, Meilleur Film et Meilleur Scénario au Festival du Film Indien, Meilleur Réalisateur au Festival Dainik Jagran de New Delhi, Sélection Officielle au Festival de Vancouver, Prix NETPAC du Meilleur Film Asiatique et Mention Spéciale du Jury au Festival du Kerala.

Don • M. Iqbal Malhotra, membre de l’IPA (Indian Professionals Association), a fait don à l’ambassade de l’Inde d’une de ses toiles intitulée Liberté, Egalité, Fraternité et en hindi, Satyameva Jayathe. Il a

remis lui-même la toile à l’ambassadeur, M. Rakesh Sood, le 29 avril 2012 lors du dîner organisé par l’association IPA. Cette peinture sera exposée au sein de l’ambassade à une date ultérieure. • Le 4 juillet 2012, le film indien « The Dirty Picture » de Milan Luthria, produit par Nights ED Films, sortira notamment à Paris, à l’Entrepôt, aux Cinoches à RisOrangis et à Angers en VOSTFR. Ce film retrace la vie de l’actrice tamoule des années 80, Silk Smitha, brillamment interprétée par la comédienne Vidhya Balan (rôle qui lui vaudra d’être couronnée « Meilleure Actrice » au National Films Award 2012). Cette actrice qui connut un destin tragique fut un véritable sexe symbole de ces années-là, suscitant admiration de la part de la gent masculine et rejet des femmes. Le refrain de la chanson phare du film a été utilisé par Valérie Lemercier dans son sketch pour les Césars 2012.

Disparition • Le Père Pierre Ceyrac est décédé à Chennai le 30 mai à l’âge de 98 ans après une longue vie au service des autres et de l’amour. Installé au Loyola College de Chennai depuis 1952, il n’a cessé pendant les soixante-dix ans passés en Inde d’œuvrer pour sauver l’homme. « L’Inde nous remet en contact avec notre âme d’enfant, comme s’il était un temps où, avant d’être chrétiens, nous étions tous hindous. » C’est ainsi qu’il expliquait son attachement à ce pays. Il passera également une quinzaine d’années dans les camps de Thaïlande et se rendra en 2003 en ❑ Afghanistan. 39


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