
Le mensuel de l’entrepreneur et de l’installateur
Une publication d'Embuild • Avenue des Arts 20, 1000 Bruxelles • Bureau de dépôt Gent X • €6
Le mensuel de l’entrepreneur et de l’installateur
Une publication d'Embuild • Avenue des Arts 20, 1000 Bruxelles • Bureau de dépôt Gent X • €6
COLLOQUE EMBUILD LIÈGE/ VERVIERS OSTBELGIEN
La reconstruction de la vallée de la Vesdre
FORUMCONSTRUCTION
Un événement axé sur l’innovation digitale
ACCORD DE GOUVERNEMENT
Qu’en retenir pour le secteur de la construction et de l’installation ?
36 jours. Pendant cette longue période, beaucoup de nos entreprises construisent une maison ou réparent une infrastructure.
2conviennent pas, comme l’introduction d’un check out ou la contribution supplémentaire que les employeurs doivent payer en cas d’incapacité de travail (bien que les nombreuses PME du secteur de la construction en soient exemptées). Mais globalement, en tant que secteur de la construction et de l’installation, nous pouvons certainement être satisfaits de cet accord.
C’est ce temps qu’il a fallu aux négociateurs de la NVA, du MR, du CD&V, des Engagés et de Vooruit pour former un nouveau gouvernement fédéral. Il s’agit de la troisième formation gouvernementale la plus longue jamais réalisée dans notre pays. Si le résultat final est une belle construction, ne nous plaignons pas quand même ! Mais est ce vraiment le cas ? Ce gouvernement Arizona prendil suffisamment en compte les besoins du secteur de la construction et de l’installation ?
En tant qu’Embuild, nous pouvons vous assurer que nous avons exercé une forte influence sur cet accord. En effet, nos priorités les plus importantes ont été reprises : la TVA à 6 % sur les démolitionsreconstructions est désormais permanente pour les projets de vente, la TVA à 6 % pour les pompes à chaleur et, tout aussi important, pas d’augmentation de la TVA sur les rénovations, une idée qui avait pourtant été sur la table de l’Arizona pendant des mois. De plus, notre organisation a réussi à plaider avec succès pour le rétablissement de la période d’essai, la limitation de l’indemnité de chômage dans le temps, la suppression de la FLA et une réduction supplémentaire des coûts salariaux.
En outre, les PME auront plus facilement accès aux marchés publics.
Nous notons donc beaucoup de points intéressants dans la politique du gouvernement fédéral, même si nous restons conscients que certaines mesures ne nous
Il faut dire que notre secteur a bien besoin de ces coups de pouce de l’Arizona en ce moment. En effet, selon la dernière enquête conjoncturelle d’Embuild, seulement un très petit nombre d’entreprises de construction et d’installation (13 % précisément) s’attendent à faire mieux cette année qu’en 2024, une année qui n’était déjà pas bonne, avec une baisse de l’activité de 0,4 %. La gravité de la situation actuelle est confirmée par d’autres chiffres. Chez 69 % des entreprises de construction et d’installation, le carnet de commandes est moins rempli que d’habitude. De plus, le nombre de contacts pour de nouveaux contrats potentiels est très faible : 7 entreprises sur 10 constatent une diminution depuis mi2024. Et la situation dans la construction et la rénovation de logements semble encore plus sombre.
Il est donc urgent que le nouveau gouvernement fédéral tente de relancer notre activité. Car, comme le dit le proverbe : « Après tout, quand la construction va, tout va ! ».
« Nous notons donc beaucoup de points intéressants dans la politique du gouvernement fédéral, même si nous restons conscients que certaines mesures ne nous conviennent pas. »
Niko Demeester CEO Embuild
L’INNOVATION DIGITALE AU CŒUR DE NOTRE FORUMCONSTRUCTION
Comme le veut la tradition, Embuild a organisé son ForumConstruction dans le cadre du salon Batibouw, le 21 février dernier. Cette année, le thème était « Construction en Mouvement : Innovation digitale ». Environ 700 personnes avaient rejoint le Palais 10 de Brussels Expo pour participer à cette grand-messe du secteur de la construction.
L’Arizona va-t-elle aider la construction à traverser le désert ?
7 ● Point de vue régional
Une transition (trop ?) brutale pour la construction wallonne, mais nécessaire…
ÉVÉNEMENT
8 ● ForumConstruction
Focus sur l’innovation digitale.
12 ● Accord de gouvernement
Qu’en retenir pour le secteur de la construction et de l’installation ?
14 ● Juridique
Des changements importants dans l’organisation de la chaîne de soustraitance.
16 ● Fiscalité
Réforme de la déduction pour les investissements.
DOSSIER : LA GESTION DES TERRES EXCAVÉES
Qu’il s’agisse de construction, de rénovation ou encore de travaux d’infrastructure, nos entrepreneurs sont quotidiennement concernés par les terres excavées sur chantier. Leur bonne gestion est essentielle pour garantir le respect des normes environnementales et la sécurité des sites. Ce dossier explique les législations en vigueur à ce sujet dans les régions et comment nos entreprises gèrent cette thématique dans leur travail quotidien.
TROIS ANS ET DEMI APRÈS LES INONDATIONS DANS LA VALLÉE DE LA VESDRE, OÙ EN SOMMES-NOUS ?
Le 13 février dernier, Embuild Liège et Embuild Verviers-Ostbelgien ont organisé un colloque sur le thème « La reconstruction de la vallée de la Vesdre ». L’événement s’est déroulé au sein du garage Jaguar & Land Rover Liège by Spirlet Automobiles, à Barchon. Il a réuni environ 200 personnes.
L’ASTORIA ROUVRE EN TANT QUE CORINTHIA GRAND HOTEL ASTORIA
Bruxelles dispose depuis peu d’un hôtel cinq étoiles qui combine, de manière harmonieuse, la grandeur historique et le confort moderne, répondant ainsi aux attentes d’une clientèle qui apprécie l’espace, le luxe et un service extrêmement personnalisé : le Corinthia Grand Hotel Astoria, situé rue Royale 103. Cette réalisation est en grande partie le fruit du travail du Group Jansen, qui a fait de la combinaison de finitions de haute qualité et de techniques astucieuses sa marque de fabrique.
DOSSIER
19 ● Introduction
La gestion des terres excavées.
20 ● Organismes de contrôle
Walterre et Grondbank au cœur du suivi et de la traçabilité des terres.
24 ● Marcel Baguette
« Il n’y a pas assez de sites récepteurs en Région wallonne ».
26 ● Bioterra
Un pionnier dans le traitement des sols.
28 ● Krinkels
« Utiliser la même méthode favoriserait la commercialisation des terres dans les trois régions ».
SECTEURS & MÉTIERS
30 ● Colloque Embuild Liège/Verviers Ostbelgien
La reconstruction de la vallée de la Vesdre.
34 ● Salon Batimoi
Première édition des petits-déjeuners de la construction.
36 ● Construction du Futur
Focus sur la gestion des données.
38 ● Buildwise
• Rabattement des eaux souterraines lors de projets de construction.
• Est-il envisageable de réutiliser les eaux de rabattement ?
PROJETS & ENTREPRISES
42 ● Projet
L’Astoria rouvre en tant que Corinthia Grand Hotel Astoria.
46 ● Avantages membres
Votre affiliation se rentabilise.
49 ● Marché de la construction
• Wienerberger.
50 ● Marquant
• Pascal Van Damme est la nouvelle CEO de Cordeel Group.
• Chiffre du mois.
La construction wallonne est, une fois de plus, mise à rude épreuve.
Alors que la révision du régime des primes était attendue, la mise en œuvre précipitée de cette réforme crée un choc brutal. Une période transitoire de seulement douze heures ? Un choix politique qui met en difficulté autant les entrepreneurs que les ménages wallons engagés dans des projets de rénovation.
Nous ne contestons pas la nécessité d’adapter les mécanismes de soutien à la rénovation, ni même la réduction des montants alloués aux primes, bien que cette diminution de 60 % soit un coup dur. Mais ce qui fragilise le plus notre secteur, c’est l’absence de prévisibilité et l’impossibilité de s’adapter en un laps de temps aussi court. Des centaines de projets en cours se retrouvent impactés.
Soyons honnêtes, l’ancien régime de primes était particulièrement avantageux. Il pesait sur les finances de la Région wallonne. Il s’agit donc d’un rééquilibrage budgétaire nécessaire pour assurer la pérennité de ces aides et garantir leur accessibilité à un plus grand nombre de ménages. Soulignons que suite à cette réforme, la Wallonie reste la Région de Belgique qui offre le plus de primes pour la rénovation.
Le paradoxe est frappant : la Wallonie doit rénover 20 logements par heure pour atteindre ses objectifs de transition énergétique. Une politique de rénovation ne peut être efficace sans une vision à long terme et un cadre stable, à la fois budgétairement et juridiquement, pour les entrepreneurs et les maîtres d’ouvrage. Embuild Wallonie est demandeuse de piloter les discussions stra
tégiques qui vont mener au nouveau système de primes en octobre 2026.
Outre les primes, la mise en place d’obligations de rénovation est une nécessité. Imposer une rénovation progressive du bâti existant permettrait non seulement d’améliorer la performance énergétique des logements, mais aussi de mieux réguler le marché immobilier. Une telle mesure contribuerait à contenir la hausse des prix. Nous devons aussi éviter que le gain financier lié à la baisse des droits d’enregistrement, passés de 12,5 % à 3 %, ne soit utilisé pour acheter plus grand plutôt que pour rénover. Cette réduction des frais d’acquisition doit servir avant tout à améliorer la qualité des logements.
Rénover son habitation reste une nécessité et une formidable opportunité. Une maison bien rénovée, avec une meilleure performance énergétique, permet de réduire significativement les factures mensuelles. De plus, la valeur d’un bien immobilier s’en trouve fortement revalorisée : une habitation classée PEB G qui passe en PEB A voit sa valeur augmenter en moyenne de 72.000 €.
L’avenir du logement passe par un accompagnement clair, des obligations de rénovation bien pensées et des incitants financiers suffisamment robustes pour soutenir l’investissement. Embuild Wallonie reste déterminée à défendre une approche cohérente et pragmatique, qui donne aux entreprises les moyens d’anticiper et aux citoyens la possibilité de rénover sereinement.
Hugues Kempeneers
Directeur général
Embuild Wallonie
« Embuild Wallonie est demandeuse de piloter les discussions stratégiques qui vont mener au nouveau système de primes en octobre 2026. »
Comme le veut la tradition, Embuild a organisé son ForumConstruction dans le cadre du salon Batibouw, le 21 février dernier. Cette année, le thème était
« Construction en Mouvement : Innovation digitale ». Environ 700 personnes avaient rejoint le Palais 10 de Brussels Expo pour participer à cette grand-messe du secteur de la construction.
Pour planter le décor, c’est une musique de Toon Bosschaert, réalisée via l’intelligence artificielle, qui a lancé le ForumConstruction édition 2025, menée de main de maître par Hanne Decoutere, la journaliste de la VRT. Car parmi les innovations numériques, c’est bien l’intelligence artificielle qui était au cœur des échanges du jour. « Et c’est le rôle d’Embuild d’impliquer tout le monde à ce sujet, des plus petites entreprises aux plus grandes : expliquer les possibilités, les avantages, comment l’utiliser et pourquoi », a notamment insisté CHRISTOPHE MAES , le président d’Embuild, lors de son introduction.
Après une vidéo d’Hugues Kempeneers, le directeur d’Embuild Wallonie, expliquant que la recherche et l’innovation étaient un sujet prioritaire pour le secteur, le panel de discussion pouvait commencer. Il réunissait An Parewyck, administratrice d’ICS (Industrial Construction Services) ; Asmae Ben Bahida, managing director de Just BIM it ; Stijn D’hoore, co-CEO de Furnibo et Thomas Vandenbergh, directeur général de BESIX Technology et CEO de BESIX Stay. Voici ce qu’il faut retenir des propos de chaque membre.
An Parewyck a rejoint le président de notre fédération professionnelle en indiquant qu’Embuild, mais aussi Buildwise, devaient accompagner tous ses membres dans ces innovations, notamment via les formations. Pour l’administratrice d’ICS, les avantages sont nombreux : compenser le manque de personnel qualifié, améliorer l’efficacité et la productivité du secteur, alléger les tâches administratives et de RH des PME et des indépendants. « Les PME n’ont pas toujours le temps, ni les moyens
« Les personnes qui maîtriseront l’IA trouveront plus facilement du travail que les autres. Il n’y aura pas de pertes d’emploi, mais un shift. »
L'événement a eu lieu dans le Palais 10 de Brussels Expo.
Elles doivent donc opter pour des solutions qui existent. Il faut y consacrer 10 % de son temps de travail. Si je travaille 50h/semaine, c’est donc 5h. » Au sein de son entreprise, les collaborateurs ont reçu des formations pour utiliser ChatGPT et Copilot, pour notamment la traduction, la rédaction de textes et e-mails.
En tant que grande entreprise active dans 27 pays, BESIX peut certainement servir de modèle pour le secteur. « Nous devons rester modestes », a toutefois insisté Thomas Vandenbergh. « Il y a trois points importants. Un, nous sommes actifs dans plusieurs pays donc nous pouvons aller voir les bonnes pratiques ailleurs ou exporter depuis la Belgique. Deux, nous travaillons sur des grands projets souvent complexes. Nous n’allons pas plus vite, mais nous pouvons aller plus loin en matière de numérisation. Et trois, nous pouvons servir de caisse de résonance pour aider à une adoption à plus grande échelle. »
Au niveau des risques liés à l’IA, il a rappelé l’importance de bien cloisonner et structurer les données et d’éviter une fracture numérique en formant les collaborateurs. Une formation de base sur l’IA sera d’ailleurs bientôt obliga-
Christophe Maes, le président d'Embuild, et Hanne Decoutere, la journaliste de la VRT qui a animé le ForumConstruction.
Les ateliers étaient renseignés via des flèches en couleur.
toire pour les collaborateurs des 27 pays où BESIX est actif. Quant à la crainte des pertes d’emploi, selon Thomas Vandenbergh, l’IA ne remplacera pas l’humain mais l’assistera. « Les personnes qui maîtriseront l’IA trouveront plus facilement du travail que les autres. Il n’y aura pas de pertes d’emploi, mais un shift. »
Le co-CEO de Furnibo Stijn D’hoore a, de son côté, vanté les mérites du BIM (Building Information Modeling). Depuis quelques années, au sein de son entreprise Furnibo, il existe un ingénieur BIM qui suit chaque nouveau projet de construction. Il peut donner, en quelques clics, ses retours et commentaires directement dans le modèle, ce qui permet de gagner du temps et donc de l’efficacité. « Le BIM fait désormais partie intégrante de notre ADN », a-t-il indiqué.
En matière de numérisation au sens plus large, même s’il existe des solutions standardisées qui couvrent l’ensemble du processus, de la facturation à la logistique et aux ressources humaines, Furnibo a choisi de ne pas opter pour ce type de solutions, mais bien de choisir le meilleur outil en fonction du pro-
TROIS ATELIERS
SUR L’IA
Avant la séance plénière, les participants au ForumCostruction avaient la possibilité de suivre trois ateliers. Les thèmes étaient les suivants : comment obtenir le meilleur de chaque collaborateur avec l’IA générative ? (Wim Van Rompuy - schrijf.be)
Sécurité intelligente sur le chantier : découvrez les forces de l’IA et des avatars virtuels (Daan Van de Walle et Frederic Vermeulen - Constructiv) et L’intelligence artificielle dans le processus de construction de demain : où en sommes-nous et vers où allons-nous ?
(Tycho De Back et Cédric Driesen - Buildwise)
cessus. Ils utilisent, par exemple, Power BI et d’autres outils pour l’analyse des données.
Asmae Ben Bahida
Asmae Ben Bahida, managing director de Just BIM it, a ensuite vanté les mérites du BIM. « À long terme, le BIM deviendra indispensable dans notre secteur. Il est pratique car il automatise de nombreux processus, facilite la planification et le suivi, et permet d’anticiper certains problèmes ou irrégularités avant qu’ils ne se produisent. De plus, le BIM joue un rôle clé dans l’exploitation et la maintenance des logements et des bâtiments. Dans le cycle de vie d’un bâtiment, 5 % est consacré à sa conception, 5 % à sa construction, et tout le reste à la gestion et à l’entretien. Avec le BIM, il est important d’exploiter son plein potentiel. Cela permet un retour sur investissement (ROI) important, ainsi qu’une augmentation de la rentabilité et de la productivité au sein d’une entreprise de construction. Pour le dire en termes de construction : le BIM constitue une fondation solide pour votre entreprise. » Concernant l’IA, elle a indiqué qu’elle permettait de diminuer les risques sur chantier, augmenter la qualité des projets et selon une étude, diminuer les délais de 10 à 15 %, ce qui n’est pas négligeable quand on sait que chaque jour de retard dans un projet de construction coûte de l’argent. Selon Asmae Ben Bahida, l’intelligence artificielle permet encore d’automatiser de nombreux processus dans le domaine des ressources humaines et de la formation, ou encore pour la prise de notes lors de réunions. « Le vrai défi, c’est l’adoption de l’IA », a-t-elle indiqué.
Avant l’exposé de Koen De Leus, Caroline Deiteren, la directrice générale d’Embuild Vlaanderen, a expliqué l’enjeu de « Flan-
ders Build », un cluster d’expertise consacré à l’innovation dans le secteur qui doit préparer la construction aux défis futurs. Embuild Vlaanderen et Buildwise aideront les entreprises à ce sujet pour adopter les nouvelles technologies.
Notre orateur keynote, KOEN DE LEUS , Chief Economist chez BNP Paribas Fortis, a abordé dans son discours l’influence de l’économie mondiale dans le secteur de la construction et de l’installation. L’économie mondiale est à l’aube d'énormes changements. D’ailleurs, Koen De Leus y a récemment consacré un livre, écrit avec le stratège en marketing Philippe Gijsels, « Les 5 tendances de la nouvelle économie mondiale ». Ces dernières années, nous vivons une époque incertaine. La volatilité augmente. Il ne fait aucun doute qu’après l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, des chocs violents sont garantis dans tous les cas. Il s’est référé au livre « Le quatrième tournant », qui distingue dans l’Histoire de longues périodes de calme relatif qui aboutissent finalement à une crise, qui, elle, mène à une nouvelle période. Pour le moment, nous nous trouvons en période de crise. Elle est caractérisée par des conflits, à la fois entre les pays et à l’intérieur des pays. Les gouvernements en place sont généralement désavoués par les électeurs. L’influence des partis centristes baisse, alors que la génération qui avait encore connu la Seconde Guerre mondiale disparaît. De plus, les institutions pacifiques qui avaient été fondées après la guerre, comme l’ONU ou l’OTAN, connaissent des moments difficiles. Ainsi, Koen De Leus prévoit cinq à sept années difficiles avant qu’un nouvel ordre mondial n’éclose.
« Quatre facteurs encouragent l’inflation : la pénurie de marchandises, l'augmentation
« Parmi les entreprises de construction et d’installation qui n'ont pas encore introduit l’IA chez elles, 7 sur 10 prévoient de le faire dans les 2 ans à venir.
L’IA fait donc bien son entrée dans notre secteur, et à juste titre. »
L'orateur keynote, Koen
de la dette, la pénurie sur le marché du travail et la démondialisation. En revanche, l’innovation, dont l’IA, peut atténuer cette inflation. Après le boom économique qui a suivi la guerre, la « stagflation » que nous avons connue entre 1970 et 1985 et la longue période de calme (« Great Moderation ») jusqu’à 2020, nous nous trouvons pour l'instant dans une période chaotique, connue sous le nom de « Great Disequilibrium », ou grand déséquilibre. Après une décennie de calme, la « Great Moderation », nous évoluons désormais vers une période d’augmentation des taux », a expliqué Koen De Leus.
La raison pour laquelle ces taux augmentent de nouveau, selon lui, est liée aux risques supplémentaires qui apparaissent en ces temps incertains et aux primes de risque qui y sont associées, qui s'ajoutent aux taux d'intérêt réels. Ces primes étaient autrefois passées, dans les années 80, de 3 % à 0 %, mais entretemps, elles ont augmenté à 1 % et continueront à augmenter à 2 % ou 3 %. Nous pouvons encore nous attendre à une légère baisse des taux pour les années 2025 et 2026, mais ils augmenteront de nouveau à plus long terme. Selon Koen De Leus, il ne faut donc pas attendre une baisse des taux pour investir.
Grandes catastrophes naturelles plus fréquentes
Autre élément pouvant provoquer de l’incertitude : l’augmentation de la température planétaire. Les accords de Paris prévoient de maintenir cette hausse à 1,5 degré, mais Koen De Leus s'attend à ce que celle-ci augmente de plus de 2 degrés.
Niko Demeester, le
CEO d'Embuild, répond
aux sollicitations
médiatiques.
Le moment de networking est toujours apprécié.
Plus nous nous dirigeons vers une augmentation de 4 degrés, plus des catastrophes que nous ne connaissons normalement qu’une fois par siècle, comme celles qui se sont produites récemment à Valence et à Los Angeles, se produisent. D’où l’intérêt de nous protéger, par exemple en Flandre, à la côte.
Autre défi important : la rénovation de nos logements, dont 60 % ont été construits avant 1970. Notre parc de logements est le plus ancien d’Europe. Mais alors que les prix de l’immobilier continuent d’augmenter, les prix des logements avec un certificat de performance énergétique F baissent. La pression à la baisse des prix est la plus forte pour les logements E et F, car ce sont eux qui devront se mettre à niveau en premier et le plus rapidement.
Selon une étude de Realo, la rénovation d’un logement F vers D fournit davantage de retour sur investissement que la rénovation d'un logement D vers A. Mais il est important de faire attention aux perspectives à long terme. Par conséquent, Koen De Leus déplore la décision du nouveau gouvernement flamand de laisser tomber la stratégie à long terme pour les obligations de rénovation.
En Belgique, le marché du travail est sensiblement moins bon que sur d’autres marchés européens. Le secteur de la construction surtout est confronté à nombre de métiers en pénurie. Les salaires, et donc les coûts de la construction, augmentent donc. L’abordabilité des logements en donc mise en péril.
Mais à plus long terme, Koen De Leus voit un point positif pour la Belgique : comme la part des plus de 80 ans est relativement élevée, leurs maisons se trouvent de plus en plus sur le marché immobilier, alors que dans le même temps, la part des 25-30 ans qui cherchent
PLUS DE 200.000
La 66e édition du salon Batibouw a refermé ses portes le 23 février dernier. Accessible pendant neuf jours dans les cinq palais de Brussels Expo, il a accueilli très précisément 203.685 visiteurs, soit 15 % de visiteurs supplémentaires par rapport à l’année dernière. Au total, plus de 300 exposants étaient présents. « Ce sont clairement les questions concernant les rénovations, qu’elles soient totales ou partielles, qui ont été les plus fréquentes par rapport aux projets de nouvelles constructions. De nombreuses questions ont été posées sur les pompes à chaleur, la ventilation et les systèmes de chauffage alternatifs. Les innovations ont également attiré beaucoup d’attention, notamment les réfrigérateurs plus larges, l’intégration de l’IA dans la cuisine, le vinyle et le chauffage par le sol, sans oublier les informations sur les primes et les solutions de financement », déclare
JOAN CONDIJTS , CEO de Deficom, au nom de l’organisateur du salon, FISA. La 67e édition de Batibouw se tiendra du 7 au 15 février 2026 à Brussels Expo.
une maison diminue. Les prix de l’immobilier n’augmenteraient donc pas tant que ça.
Avant la conclusion du CEO d’Embuild, le directeur général d’Embuild.Brussels Jean-Christophe Vanderhaegen a indiqué dans un message vidéo qu’Embuild et Buildwise allaient accompagner les entreprises dans l’implémentation de l’IA au sein de leurs activités. Le Comité de Vision de Buildwise mène d’ailleurs une étude sur l’impact de l’IA dans le secteur d’ici 2030 et au-delà.
Dans son discours de clôture, NIKO DEMEESTER , CEO d’Embuild, a fait le lien entre l’IA et l’émergence d’Internet dans les années 90. Trente ans plus tard, nous ne pouvons plus imaginer le monde sans Internet. Pour le moment, l’IA est encore considérée comme un gadget. Mais son potentiel pour la construction est énorme.
« Grâce à elle, nous pourrons automatiser les tâches répétitives dans tout le processus de construction, ce qui nous permettra de réduire le nombre d’erreurs humaines et d’améliorer la sécurité sur les chantiers. L’IA ne nous volera pas notre travail, mais chacun devra l’utiliser pour pouvoir mieux effectuer son travail. Il va de soi que la construction et la rénovation resteront des activités physiques : seul un avatar peut habiter dans une maison virtuelle », a affirmé Niko Demeester.
En marge du ForumConstruction, Embuild a lancé une enquête sur l’usage de l’IA. Qu’en est-il ressorti ? 36 % des entreprises utilisent régulièrement l’IA, surtout Chat GPT, Copilot et Google Traduction, en particulier pour la communication et le support client. Mais l’IA a également fait son entrée dans le processus de construction : 1 entreprise de construction et d’installation sur 5 utilise l’IA pour améliorer la sécurité sur les chantiers, 16 % l’utilisent pour la planification de projets, et 11 % pour le suivi des chantiers. Niko Demeester conclut : « Bonne nouvelle : parmi les entreprises de construction et d’installation qui n'ont pas encore introduit l’IA chez elles, 7 sur 10 prévoient de le faire dans les 2 ans à venir. L’IA fait donc bien son entrée dans notre secteur, et à juste titre. »
Les textes de l’accord du nouveau gouvernement fédéral sont enfin connus.
Notre service d’études les a examinés à la loupe. Quels sont les points importants pour notre secteur ? Même s’il subsiste encore quelques incertitudes, nous les avons résumés dans trois thématiques : social, fiscal et juridique. La liste est bien évidemment non-exhaustive.
Commençons par la thématique « social ». Tout d’abord, Embuild se réjouit de constater que la compétitivité et la flexibilité de notre marché du travail soient fortement stimulées : la baisse du coût salarial via un plafonnement des cotisations patronales, la limitation du chômage dans le temps (maximum deux ans après cinq ans de travail), la réintroduction de la période d’essai, la suppression du FLA/ Federal Learning Account (encodage en ligne des formations des travailleurs), le relèvement des heures supplémentaires volontaires (brut=net) à 240 heures, l’augmentation des limites pour le travail étudiant et la suppression de l’interdiction du travail de nuit, même si notre fédération espérait également celle du samedi, dimanche et des jours fériés.
Autre point positif, les mesures en faveur des travailleurs indépendants : pensions complémentaires, droit passerelle, déduction fiscale, réduction des charges et frais… Embuild salue également la volonté de travailler à la responsabilisation de toutes les parties sur la problématique des malades longue durée, avec un assouplissement du trajet de réintégration. La réduction à deux jours au lieu de trois des absences qui ne doivent pas être justifiées par un certificat médical est aussi une bonne nouvelle, même si la suppression complète aurait été préférable. Responsabiliser le travailleur en incapacité en lui infligeant une sanction financière lorsqu’il ne collabore pas au trajet de réintégration (par exemple défaut de répondre à une convocation) est également positif.
Dans cette même thématique, comme
points négatifs, nous regrettons que les employeurs, excepté les PME, doivent payer 30 % de l’indemnité des collaborateurs en incapacité pendant deux mois et que le jour de carence (aucune indemnité pour le premier jour d’absence) n’a pas été réintroduit. Quant à l’introduction du « télétrainvail », la possibilité de commencer sa journée de travail dans le train, notre fédération ne l’accueille pas très favorablement, craignant de nombreuses discussions sur le temps de travail.
En matière de fraude sociale, si le « checkinatwork » est un système en place depuis plusieurs années pour le contrôle de l’ONSS, le rajout d’un « checkout » va à l’encontre de la simplification administrative prônée par notre fédération. De plus, il faut à tout prix éviter que ce système ne devienne une « machine à sanctions » qui prive nos entrepreneurs de tout soutien dans la lutte contre la fraude sociale.
En matière de fiscalité, et c’est notre gros point de lobbying, Embuild est satisfaite que le taux de TVA pour les rénovations reste à 6 %, et que le taux de 6 % pour les démolitions-reconstructions est étendu aux projets de vente et devrait être définitif et non s’arrêter au 30 juin 2025, comme initialement prévu. Le projet d’harmoniser ces taux à 6 ou 12 % vers un taux à 9 % n’est donc heureusement pas retenu. Pour les pompes à chaleur, la TVA passe de 21 à 6 % pour les cinq prochaines années. C’est l’inverse pour l’installation d’une chaudière à combustibles fossiles. Cela va dans le sens des objectifs européens de neutralité carbone.
En ce qui concerne l’impôt des personnes physiques, notre fédération salue la volonté d’augmenter les salaires nets. Il est positif de réduire la pression fiscale sur les revenus du travail, qui en Belgique, figure parmi les plus élevées d’Europe. C’est aussi rassurant qu’il n’y ait pas de changement pour la réduction de charges sous la forme d’une dispense de versement du précompte professionnel pour le travail en équipe sur chantier. Également positif dans l’accord est que les revenus provenant de la location ne sont pas soumis à une imposition supplémentaire : pas de taxation des revenus locatifs des biens immobiliers et pas non plus d’augmentation du coefficient appliqué au revenu cadastral. Moins positif est la suppression de la déduction des intérêts pour les logements non propres.
Au niveau des entreprises, on prévoit, entre autres, des amortissements avantageux pour les PME et la déduction d’une première tranche des revenus des indépendants.
Enfin, la taxation des plus-values, qui a fait l’objet de nombreuses discussions, et la norme d’investissements publics de 3 % du PIB au lieu des 4 % à l’horizon 2030 et 5 % à l’horizon 2035 demandées par Embuild sont accueillies moins favorablement.
Concernant la thématique juridique, le gouvernement parle de renforcer la position du consommateur. Pour ce faire, il souhaite travailler à une meilleure collaboration entre les autorités publiques compétentes (Autorité belge de la concurrence (ABC), Observatoire des prix et Inspection économique), mais aussi veiller à l’extension et à l’optimisation de l’interdiction professionnelle (ce qui était demandé par Embuild dans son mémorandum) et enfin envisager l’introduction éventuelle d’un système de protection juridique pour les projets casco et de grande rénovation. Embuild demande que toute nouvelle réglementation en matière de protection du consommateur soit menée en étroite collaboration avec le secteur de la construction et de l’installation. En effet, un renforcement de la protection des consommateurs qui rénovent n’exige pas forcément de nouveaux systèmes législatifs ou juridiques. Par ailleurs, Embuild soutient l’extension et l’optimisation de l’interdiction professionnelle. Des propositions ont déjà été formulées à ce sujet,
dans le but d’écarter plus rapidement et plus efficacement les entrepreneurs malhonnêtes du secteur.
L’accord de coalition stipule également une éventuelle modernisation de la Loi Breyne ainsi que la création d’un service de médiation dédié au secteur. Il poursuit la réforme du Code civil et notamment du Livre VII concernant les « Contrats spéciaux ». Notre fédération professionnelle est et restera attentive à ces travaux en cours, concernant notamment les changements importants relatifs à la notion de « conformité » ou de « livraison conforme ».
Enfin, en matière de marchés publics, Embuild se réjouit de voir que le soutien qu’elle avait demandé concernant l’accès des entreprises et des PME aux marchés publics a été repris comme la division des marchés en lots, la priorité aux critères qualitatifs plutôt qu’au prix, la simplification de la procédure de soumission selon le principe « only once » ainsi que la possibilité de réviser les prix pour l’ensemble des appels d’offre.
Conclusion
Embuild se montre globalement satisfaite de cet accord. Notre fédération professionnelle continuera de suivre tous ces dossiers de près et ne manquera pas de faire son travail de lobbying au sujet des points négatifs soulignés dans cet article.
En mai dernier, le Parlement fédéral a approuvé une loi réformant le Code pénal social. Cette loi contient également un certain nombre de nouvelles dispositions qui touchent à l'organisation de la chaîne de sous-traitance. Depuis le 1er janvier 2025, il existe une interdiction générale de la sous-traitance financière pour les travaux immobiliers, et ce tant pour les travaux publics que privés. Le dépassement du nombre de niveaux de sous-traitance autorisés dans les marchés publics peut désormais faire l'objet de sanctions pénales ou administratives.
L'interdiction de la sous-traitance financière s'applique déjà aux marchés publics depuis 2017. La nouvelle loi l'a étendue, à partir du 1er janvier 2025, à tous les marchés privés de travaux immobiliers. Il est dès lors interdit à un sous-traitant de sous-traiter la totalité de l'exécution du contrat qu'il a conclu avec son propre cocontractant ou de ne conserver que la coordination de l'exécution du contrat. Attention : l'interdiction ne s'applique qu'au ni-
veau des sous-traitants et non de la relation entrepreneur-donneur d’ordre.
Bien que l'interdiction soit déjà applicable dans les marchés publics depuis 2017, il existe peu d'exemples sur la manière d'interpréter sa portée. L'interdiction impose au sous-traitant de maintenir des tâches effectives prévues dans le contrat avec son propre cocontractant, et ces tâches doivent aller au-delà de la simple coordination de l'exécution des travaux. Cependant, la notion de « coordination » n'est définie nulle
part. Ainsi, ce que comprennent les tâches minimales à conserver est loin d’être clair.
Dans ce contexte, il est utile de remonter à la source de la mesure. Ce sont les partenaires sociaux du secteur de la construction qui ont inclus l'introduction de cette interdiction dans le Plan sur la Concurrence Loyale qu'ils ont conclu avec les autorités compétentes. Il s'agit d'une mesure visant à lutter contre la fraude sociale dans le secteur et à promouvoir une concurrence loyale. L’Exposé des Motifs justifie cette interdiction dans le cadre de la lutte contre les pratiques d’entreprises frauduleuses qui utilisent la sous-traitance pour réduire les coûts de la main d’œuvre. Les entreprises visées sont celles qui réalisent des bénéfices en pratiquant une concurrence salariale sévère, l’exploitation et le dumping social. Ces entreprises utilisent des chaînes de sous-traitance pour déguiser les relations de travail, contourner les impôts et les cotisations sociales, échapper à la responsabilité solidaire et se soustraire aux contrôles. Il s’agit souvent seulement de fournisseurs intermédiaires de main-d’œuvre qui n’exercent pas une activité réelle et productive.
La sanction prévue par la loi en cas de violation de l'interdiction est la sanction la plus sévère du Code Pénal Social (niveau 4). La hauteur de la sanction est liée à l'objectif de lutte contre la fraude sociale. Une sanction aussi élevée n'est justifiée que pour réprimer les chaînes de sous-traitance qui visent à contourner la législation sociale.
Néanmoins, il reste à voir comment l’Inspection et les tribunaux interpréteront l'interdiction. En effet, il arrive régulièrement que des entreprises externalisent complètement l'exécution manuelle des travaux et ne conservent que les autres tâches liées à l'exécution des travaux (telles que le mesurage, l'achat de matériaux, d'éventuelles activités de production, la livraison…). On peut supposer que ces activités vont au-delà de la simple coordination. En outre, il s'agit d'entreprises qui, contrairement aux fraudes visées par la loi, ont une activité économique réelle et où l'externalisation se fait pour d’autres raisons que la réduction des coûts de main-d'œuvre.
Reste à savoir comment les services de
l'Inspection évalueront ces situations. Compte tenu de l'objectif de lutte contre la fraude sociale, il ne serait pas conforme à l'esprit de la loi de viser des entreprises qui sous-traitent de bonne foi et de manière correcte, sans intention de fraude.
Dans les marchés publics, la limitation du nombre de niveaux de sous-traitance existe déjà depuis 2017.
Si le marché de travaux est classé dans une catégorie, conformément à la réglementation de l’agréation, la chaîne de sous-traitance ne peut comporter plus de trois niveaux : le sous-traitant direct de l'adjudicataire, le sous-traitant de deuxième niveau et le sous-traitant de troisième niveau.
Si le marché de travaux est classé dans une sous-catégorie, conformément à la réglementation de l’agréation, la chaîne de sous-traitance ne peut comporter plus de deux niveaux : le sous-traitant direct de l'adjudicataire et le sous-traitant de deuxième niveau.
Jusqu'il y a peu, cette limitation n'était assortie d'aucune sanction pénale. Le Code Pénal Social prévoit maintenant une sanction de niveau 4 en cas de violation de cette obligation. La sanction s'applique au sous-traitant de deuxième ou troisième niveau qui ne respecte pas la limitation. Cela signifie qu'aucune sanction n'est prévue pour l'entrepreneur principal.
Enfin, la loi introduit une toute nouvelle sanction. Lorsqu'une entreprise a été condamnée en vertu des dispositions du Code pénal social à une sanction pénale de niveau 3 ou 4, le tribunal a la possibilité d'imposer également une exclusion de la participation aux marchés publics à titre de sanction supplémentaire. Cette exclusion peut durer de trois à cinq ans.
La portée que les services d'inspection donneront aux interdictions reste incertaine. Au moins, l'accord de coalition fédéral est porteur d'espoir en indiquant que l'objectif est que les services d’inspection mettent l’accent sur la gravité de la fraude plutôt que sur le rendement budgétaire potentiel. Embuild veillera de près à ce que l'application concrète se fasse conformément à l'esprit de la loi.
Les entreprises qui effectuent un investissement peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’un avantage fiscal sous la forme d’une déduction pour investissement, permettant de déduire une partie du montant investi du bénéfice imposable. Depuis le début de cette année, une nouvelle réglementation est en vigueur. Le champ d’application spécifique de cette réforme dépend des listes d’investissement publiées fin décembre 2024.
Les entreprises individuelles et les petites entreprises sont éligibles à la déduction de base de 10 %. Il s’agit de l’ancienne déduction pour investissement unique, avec une modification importante. Dans le nouveau régime, les investissements ayant un impact négatif sur le climat et l’environnement sont exclus de cette déduction de base, à condition que des alternatives soient disponibles sur le marché.
Depuis le début de cette année, les travailleurs indépendants et les petites entreprises peuvent bénéficier de la déduction de base doublée de 20 % pour les investissements dans les immobilisations numériques. Sous la réglementation d’avant 2025, une déduction accrue s’appliquait déjà aux investissements dans les systèmes de paiement et de facturation numériques, ainsi que dans la sécurisation des technologies de l’information et de la communication. La déduction de base accrue s’applique désormais également aux investissements dans les systèmes de caisse enregistrés, les investissements visant à se conformer à la réglementation RGPD, les investissements pour la gestion comptable et financière de l’entreprise, pour la visibilité en ligne et l’acquisition de clients, ainsi que dans les systèmes CRM.
La déduction thématique offre des avantages fiscaux de 40 % pour les petites entreprises et de 30 % pour les grandes entreprises.
Les listes spécifient qu’il s’agit d’investissements dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, les transports sans émission de carbone, les investissements écologiques, ainsi que les investissements numériques liés à ces trois catégories précédentes.
1Liste des investissements énergétiques
Cette liste comprend les investissements dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables avec les conditions générales suivantes : les investissements ayant un retour sur investissement inférieur à trois ans ne sont pas éligibles ; les investissements dont l’Internal Rate of Return (IRR) supérieurs à 13 % sont exclus pour les grandes entreprises. Les autorités régionales mettent à disposition un modèle pour calculer l’IRR de l’investissement ; pour certaines catégories, il est requis que l’investissement figure dans une étude ou un audit énergétique.
2
Liste des investissements dans le transport
La liste des investissements dans le transport énumère les investissements éligibles dans les transports sans émission de carbone et est divisée en quatre groupes : transport ferroviaire, transport routier, transport maritime et fluvial, et infrastructures de recharge.
3
Liste des investissements environnementaux
La liste des investissements environnementaux comprend les investissements écologiques éligibles à la déduction thématique et est divisée dans les groupes suivants : gestion des ressources, climat et investissements en faveur de l’environnement.
Pour les investissements réalisés jusqu’à l’année dernière, il était nécessaire de demander un certificat auprès de l’autorité régionale compétente pour bénéficier de la déduction pour investissement augmentée pour les investissements visant des économies d’énergie. De même, pour bénéficier de la déduction d’investissement augmentée pour les investissements écologiques dans la recherche et le développement, un certificat devait être demandé.
Enfin, la précédente déduction pour les investissements dans les brevets et pour les investissements écologiques dans la recherche et le développement est rebaptisée déduction pour les investissements technologiques. Pour cette déduction, il existe un choix entre une déduction unique ou échelonnée. Le taux de la déduction est de 13,5 % sur la valeur d’acquisition ou de 20,5 % sur l’amortissement.
Comme auparavant, pour le crédit d’impôt pour les investissements en recherche
La déduction pour investissements pour les petites entreprises peut être appliquée par les sociétés qui répondent aux critères définis dans l’article 1:24, §§ 1 à 6, du Code des sociétés et associations (CSA). Cela signifie que, pour l’exercice comptable le plus récent, plus d’un des critères suivants ne doit pas être dépassé :
● Effectif moyen annuel : 50 travailleurs
● Chiffre d’affaires annuel hors TVA : 11.250.000 €
● Total du bilan : 6.000.000 €
Si plus d’un des critères est dépassé ou ne l’est plus, cela n’entraîne des conséquences que si cela se produit pendant deux exercices comptables consécutifs. Les conséquences prennent effet à partir de l’exercice comptable suivant.
Les listes d’investissements de la « déduction thématique » ont été publiées dans l’arrêté royal du 20 décembre concernant l’introduction des listes d’investissements, dans le Moniteur belge du 31 décembre 2024, p. 144.072. Aucune information n’est encore disponible pour interpréter les listes d’investissements de la déduction thématique. À cet effet, il est nécessaire d’attendre de nouvelles discussions entre les Régions et le SPF Finances pour la mise en œuvre pratique de la réglementation.
et développement, un interdit de cumul sera également appliqué à cette déduction pour les investissements, en combinaison avec la « réduction de précompte professionnel » appliquée pour la R&D.
2,60% brut pendantgarantis 3 ans *
*Toute décision de souscription doit se baser sur une analyse approfondie du Document d’Informations Clés, de la fiche produit et des conditions générales. Vous trouverez ces documents sur www.federale.be/fr/nova-invest-3y-2025. Plus d’infos sur federale.be
Qu’il s’agisse de construction, de rénovation ou encore de travaux d’infrastructure, nos entrepreneurs sont quotidiennement concernés par les terres excavées sur chantier. Leur bonne gestion est essentielle pour garantir le respect des normes environnementales et la sécurité des sites. En effet, les travaux de construction génèrent des tonnes et des tonnes de terres qui doivent être traitées ou encore déplacées dans des conditions strictes. Cela représente souvent un défi logistique et économique pour nos entreprises. Selon les régions, différentes législations existent pour encadrer ce transport de terres. Ce dossier vous les explique. Vous pourrez également y lire comment certains de nos affiliés gèrent cette thématique dans leur travail quotidien.
La gestion du suivi et de la traçabilité des terres excavées est confiée à l’asbl Walterre en Wallonie. En Flandre, c’est l’asbl Grondbank qui s’en occupe. Dans le cadre de ce dossier, nous avons réuni Isabelle Laurent, la directrice générale de Walterre et Andy Heurckmans, le directeur général de la Grondbank pour nous expliquer les enjeux liés à cette thématique. Entretien.
Pouvez-vous tout d’abord nous présenter vos organismes respectifs ?
ISABELLE LAURENT : L’asbl Walterre, reconnue par le Gouvernement wallon le 18 mars 2019, est un organisme impartial chargé de contrôler la correcte application de l’Arrêté du Gouvernement wallon (AGW) du 5 juillet 2018 sur la gestion et la traçabilité des terres excavées. Au-delà de la promotion de l’économie circulaire et de la préservation de notre environnement, l’objectif de cet AGW était d’offrir aux acteurs concernés un encadrement juridique adéquat pour la gestion de ces terres.
Nos principales missions sont fixées dans cet AGW : la certification du contrôle de la qualité des terres, la traçabilité des terres, l’accompagnement et la formation et l’organisation de sessions d’information à destination des utilisateurs, dont des entrepreneurs.
L’asbl joue un rôle essentiel et constitue le point de rencontre entre les citoyens, les entreprises, les administrations, les pouvoirs locaux, et tous les autres acteurs en lien avec le sujet. Nous mettons à disposition une plateforme en ligne ainsi que les ressources relatives à l’AGW Terres pour faciliter la gestion complète des opérations relatives aux terres excavées.
Les derniers chiffres disponibles remontent à 2023. Cette année-là, 7,9 millions
de m³ de terres ont été certifiés et 5,3 millions ont été transportés dont 3,6 millions ont été évacués vers des sites récepteurs.
ANDY HEURCKMANS : Grondbank, c’est l’organisation de gestion des terres pour le suivi et la traçabilité des mouvements de terre en Région flamande. De plus, nous sommes aussi responsables du suivi d’environ 270 centres de stockage intermédiaires et de centres de traitement des terres et de traitement des boues. Et ce, afin de traiter les terres et les boues de dragage et de les renvoyer ensuite sur le marché. Grondbank soutient la réutilisation écologiquement responsable des matériaux des terres. Nous jouons donc un rôle crucial dans l’économie circulaire, et plus précisément sur la réintroduction des matériaux de terres excavées ou draguées.
Nous constituons le maillon entre toutes les parties prenantes (entreprises de dragage, entrepreneurs, bureaux d'études…) concernées par les travaux de construction, d’infrastructure et de dragage. Nous représentons également le secteur. Les organes de gestion sont composés d’une représentation d’Embuild, d’ORI (l’organisation des bureaux de conseils et d'ingénierie) et de Vlawebo (les constructeurs de voiries flamands). Grâce à cette large représentation, nous restons attentifs au secteur. En ce moment, nous traçons entre 15 et 20 millions de m³ de terres (dont les boues de
Nous n’effectuons pas de contrôle, mais nous certifions les contrôles de qualité de terres effectués par des bureaux d’études, des experts sol, mandatés par les maîtres d’ouvrage. »
ISABELLE LAURENT
dragage) et nous comptons entre-temps 25 collaborateurs. Environ 3.200 entreprises sont affiliées chez nous (dont 1.400 entrepreneurs et 1.400 transporteurs). Nous livrons de 5.000 à 6.000 déclarations de conformité et environ 9.000 autorisations de terrassement par an.
L’idée originale, lors de la création de Grondbank, était que nous jouions également un rôle dans l'adéquation entre l'offre et la demande de terres. Grâce à nos données, nous avons une vue d'ensemble sur l'offre et la demande, mais réunir les parties qui ont trop de terrain et celles qui en ont besoin est en grande partie une affaire commerciale, et nous ne voyons pas de rôle actif pour nous dans ce domaine.
Quelle est la plus-value de Walterre et Grondbank ?
I.L. : L’asbl donne la garantie que la bonne terre a été valorisée au bon endroit. C’est une sécurité juridique qui n’existait pas avant l’entrée en vigueur de l’AGW. Cette sécurité devenait indispensable.
A.H. : Le fonctionnement de Grondbank est fixé par le Décret sur les sols flamands, dont la première version a été publiée en 1995. L’asbl Grondbank a été fondée peu après (en 1996), et en 2002, le Gouvernement flamand l’a officiellement reconnue « organisation de gestion des sols ».
À sa création, Grondbank avait pour objectif principal d'éviter la poursuite de la pollution des sols. Le gouvernement voulait parvenir à un « standstill » dans ce domaine.
La création de Grondbank devait dès lors proposer une solution à la problématique de la responsabilité. Le principe de base est celui du « pollueur-payeur ». Quid si le propriétaire se plaint de la pollution provoquée par les terres transportées ? Les entreprises de terrassement se trouvent dans une position très vulnérable car ce sont elles qui, en fin de compte, ont apporté les terres. Grâce à notre système de traçabilité, les entreprises savent
sur quels sols elles travaillent. Avant, elles ne le savaient pas. Ce système leur évite donc de prendre le risque de polluer.
Enfin, l'élaboration d'un système de traçabilité est également liée au fait qu'à l'époque, il subsistait encore une certaine méfiance quand on recevait des terres. Notre système a permis de garantir la transparence et donc de rétablir la confiance dans l'industrie du terrassement.
Comment fonctionne le contrôle de qualité ?
A.H. : Le processus commence par la préparation d'un rapport technique par un expert en assainissement des sols. Le contrôle de ce rapport par Grondbank donne ensuite lieu à une déclaration de conformité. Ensuite, au fur et à mesure de l'avancement des travaux, l'entrepreneur demandera à Grondbank des permis de terrassement : sa question sera de savoir s'il est autorisé à transporter des matériaux de sols d'une certaine qualité vers une certaine destination. En effet, les matériaux de sols fournis doivent être compatibles avec l'utilisation prévue à cet endroit. Et dès que le volume final de de matériaux de sols pour un projet est connu, Grondbank émet un rapport de gestion du sol destiné au propriétaire du sol, ainsi qu’au maître d’ouvrage et à l’entrepreneur, que l’entrepreneur doit remettre.
Le suivi est administratif (avec le rapport technique, le permis de terrassement et le rapport de gestion des sols) mais s'accompagne en même temps d'un suivi efficace sur le terrain, avec des inspections des centres de traitement des terres, des centres de traitement des boues, du traitement des terres, ainsi que des chantiers.
I.L. : Je précise, et c’est important, que nous n’effectuons pas de contrôle, mais nous certifions les contrôles de qualité de terres effectués par des bureaux d’études, des experts sol, mandatés par les maîtres d’ouvrage. Ces bureaux nous envoient le rapport de qualité des terres (RQT). Une fois ce rapport certifié, Walterre délivre un certificat de contrôle de la qualité des terres (CCQT) aux maîtres d’ouvrage. C’est le maître d’ouvrage qui est responsable de cette première partie.
Dans la seconde partie, une fois en possession du CCQT via le maître d’ouvrage, l’entrepreneur gère la traçabilité des terres excavées et doit, lui-même, trouver un site
récepteur. Il doit pour cela introduire sur la plateforme une notification de mouvement de terre (NMT) et suite à cette notification, il reçoit un document de transport (DT) de la part de nos services. En fin de processus, la personne responsable du déplacement des terres doit notifier le volume réellement déplacé via une notification de réception (NR). Une fois ce volume également notifié par les sites de valorisation, un accusé de réception (AR) est délivré par l’asbl Walterre.
Que faites-vous pour réduire les formalités et la surcharge administrative ? Quel est le rôle de la numérisation dans cet objectif ?
I.L. : Nous sommes limités dans nos actions, car la plupart des exigences au niveau des documents viennent de la législation. Pour une modification éventuelle de cette réglementation, nous dépendons de l’administration. Malgré ce contexte, nous travaillons afin de rendre plus opérationnel l’espace utilisateur sur notre plateforme. Nous sommes conscients que nous devons rendre l’outil informatique plus « user riendly ». Nous avons également le projet de revoir le module de notification de réception.
A.H. : Au départ, nos caves et nos greniers étaient remplis de dossiers, mais aujourd'hui, les flux administratifs sont entièrement numérisés. Les demandes, comme les envois de documents, passent par le biais d'une plateforme numérique créée sur mesure pour Grondbank. D'autres étapes numériques nous permettront de rendre notre système encore plus concluant et de contrôler un plus grand nombre de données.
Le bon de réception existe encore en général sur papier, mais ce document sera lui aussi progressivement numérisé. En attendant, les grandes entreprises de transport le font déjà. Un autre problème est que ces entreprises travaillent avec des systèmes numériques différents. Il est nécessaire de mettre en place un système plus standardisé dans ce domaine, qui soutient l’échange des données.
La construction entame une numérisation extrêmement rapide. L'échange de données entre Grondbank et les entreprises de construction augmentera en conséquence. Celles-ci sont d'ores et déjà intéressées par la collecte de données auprès de Grondbank. Pour cet échange, nous utiliserons des API (ou « application programming interfaces »,
interfaces de programmation d'applications). Ces API nous permettent, par exemple, de faire figurer toutes les données nécessaires sur le bon de réception numérique.
Dans quelle mesure Walterre et Grondbank collaborent-elles ?
A.H. : Lors de la création de Walterre, Grondbank a aidé à mettre en place la plateforme numérique de Walterre et, aujourd'hui encore, Grondbank et Walterre échangent régulièrement leur savoir-faire. En fin de compte, Grondbank et Walterre travaillent selon un système et une plateforme ayant le même ADN. Mais les normes concernant la réutilisation diffèrent selon la région, car cellesci sont fixées par les autorités régionales. Mais il y a une bonne collaboration entre nous.
I.L. : Pour créer notre plateforme, nous sommes partis de celle qui existait déjà du côté de la Grondbank. Les deux législations sur lesquelles nous nous basons dans notre travail quotidien sont complètement différentes, ce qui entraînera toujours des différences dans
En Région bruxelloise, la gestion des terres excavées est actuellement régulée par le « Code debonnespratiquesrelatifàl’utilisationdeterresdedéblaietdegranulatsdansousurle sol », synthétisant les exigences applicables de la réglementation sur le permis d’environnement, les déchets et les sols. Ce code, n’offrant pas toutes les garanties de traçabilité et toute la sécurité juridique souhaitée, est amené en 2025 à être remplacé par un nouvel arrêté dit « Brudalex 3.0 », qui régulera la gestion des terres excavées et granulats recyclés. Ce texte visera notamment à instaurer la traçabilité des terres via l’introduction d’organismes de gestion. Le suivi des terres excavées devra être rapporté à l’organisme de gestion à chaque étape depuis leur caractérisation technique, en passant par leur autorisation de transport jusqu’à leur utilisation dans ou sur le sol afin que celles-ci puissent obtenir la sortie du statut de déchet.
L’arrêté Brudalex 3.0 instaure le cadre normatif des terres en s’alignant sur les normes déjà en vigueur dans le code de bonne pratique actuel. La traçabilité des terres s’aligne globalement sur le système en cours en Flandre. Ceci permettra de faciliter la réutilisation des terres et leur circulation entre Régions, simplifiant ainsi l’utilisation de ces terres.
En plus de la gestion des terres excavées, Brudalex 3.0 introduira un nouveau cadre réglementaire concernant la production, la traçabilité et l’utilisation des granulats recyclés afin d’encourager la circularité de ces matériaux.
L’arrêté Brudalex 3.0 a été publié ce 13 février 2025, avec une entrée en vigueur progressive commençant le premier jour du sixième mois suivant sa publication, c’est-à-dire dès le 1er août 2025. Les premiers organismes de gestion obtiendront leur enregistrement dans les 13 mois suivant l’entrée en vigueur, c’est-à-dire le 1er septembre 2026 au plus tard. Et finalement, la procédure de traçabilité entrera pleinement en vigueur dans les 2 ans et demi suivant la publication de l’arrêté, c’est-à-dire le 13 août 2027.
« Grâce à notre système de traçabilité, les entreprises savent sur quels sols elles travaillent. Avant, elles ne le savaient pas. Ce système leur évite donc de prendre le risque de polluer. »
ANDY HEURCKMANS
notre gestion respective. Mais cela ne nous empêche pas de nous rencontrer régulièrement pour le développement de l’outil informatique qui peut intéresser les deux organismes.
Comment Walterre et Grondbank traitentelles la question des PFAS et des autres polluants ?
I.L. : Nous dépendons de la position de l’administration sur le sujet des PFAS, nous ne faisons qu’appliquer les instructions administratives. Ici aussi, il existe une différence entre les deux Régions. En effet, on traite les PFAS différemment en Flandre et en Wallonie. En Région flamande, ils font analyser tous les sites. En Région wallonne, uniquement les parcelles où il y a eu une activité à risques dans le passé. Dans tous les cas, la dépollution des sites est toujours de la responsabilité du maître d’ouvrage. Selon une étude européenne, gérer la problématique des PFAS coûterait 2.000 milliards en Europe.
Pour les autres polluants, on va sûrement encore en découvrir d’autres. Cependant, seules des études scientifiques peuvent mettre en exergue des conséquences éventuelles sur la santé.
A.H. : Heureusement, lorsque le problème des PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) a éclaté, nous disposions déjà d'un système de traçabilité entièrement numérisé et bien organisé. Nous avions donc une base solide sur laquelle nous appuyer. En quelques mois, nous avons pu adapter notre système et intégrer les paramètres PFAS. Cela dit, nous attendons toujours avec impatience un cadre normatif officiel pour les PFAS. Il nous apporterait clarté et stabilité. Il n’y aurait donc plus place à l’interprétation. Les entrepreneurs y sont également favorables.
Notre expérience avec les PFAS a montré que notre système de suivi est très souple. Ainsi, nous pourrons en profiter au cas où il faudrait analyser d’autres substances préoccupantes. Il est positif que même le gouvernement flamand ne veuille plus être pris par surprise. Il se penche actuellement sur les « contaminants émergents ».
Comment envisagez-vous l’évolution de votre organisation ?
I.L. : À terme, je pense que nous ne pourrons plus parler de terres sans parler des dé-
chets de construction. Les deux sont très liés et le tout forme une globalité. Les recherches et les processus opérationnels récemment développés au sein des installations autorisées démontrent des processus de recyclage de plus en plus pointus tant en ce qui concerne les terres, que les terres en mélanges, que les déchets de construction. Il faudra dès lors s’orienter vers une approche intégrale de la traçabilité.
Actuellement, en Wallonie, ces matières sont trop scindées et gérées par deux administrations différentes. Aussi, en Région wallonne, la terre est un déchet, ce n’est pas le cas en Flandre. Ensemble, nous devons trouver des pistes pour valoriser et recycler ces déchets afin de promouvoir encore davantage l’économie circulaire.
En ce qui concerne l’extension de nos activités, on parle des boues de dragage, comme les traite la Grondbank. Mais pour l’instant, ce n’est pas, à ma connaissance, la priorité du Gouvernement wallon.
A.H. : Grondbank a accumulé plus de 20 ans d'expérience en matière de contamination (chimique) du sol. Mais le sol a aussi une grande valeur biologique et l'attention qu'on lui porte est de plus en plus grande. Cet objectif va au-delà de la prévention des nouvelles pollutions. Il s'agit ensuite d'utiliser les matériaux du sol de manière optimale afin de remplir au mieux les services écosystémiques de la destination (logement, loisirs, aménagement de parcs, etc.). Cette évolution découle notamment du processus de dragage, de la biodiversité ainsi que de la capacité de captage du carbone du sol, etc.
Avec l’augmentation de larges périodes de précipitations et d’humidité, la capacité d'infiltration et de captation du sol fait l'objet d'une attention croissante. Ensuite, les entrepreneurs doivent veiller à ne pas compacter le sol avec leurs engins de chantier au point que l'infiltration ne soit plus possible, que les installations d’infiltration ne puissent plus fonctionner correctement et que les entrepreneurs durables ne puissent plus planter de végétation biodiversifiée. Un sol sain et non compacté a également une plus grande capacité à stocker le CO2 . L'attention portée à l'entretien des sols va donc augmenter et Grondbank espère jouer un rôle dans ce domaine grâce à son expertise des sols.
Notre affilié Marcel Baguette (Groupe Baguette) vient de fêter ses 65 ans. Fondée en 1960, l’entreprise est active dans les travaux de terrassement, d’aménagement de voiries et de génie civil en région liégeoise. La thématique de la gestion des terres excavées est donc une réalité quotidienne au sein de cette société. Christian Royen, gestionnaire de chantiers, nous en parle.
Le rendez-vous est fixé à Soumagne, dans les bureaux d’Enrobés Baguette, une filiale du groupe spécialisée dans la réalisation des revêtements hydrocarbonés. CHRISTIAN ROYEN , actif dans l’entreprise depuis plus de trente ans, nous accueille. « Cette thématique nous concerne au premier plan. » Le décor est planté. Et le gestionnaire de chantiers nous plonge directement dans le passé. « Il y a une vingtained’années,unsiterécepteurdeTradecowall a bloqué provisoirement nos terres excavées à Herstal. À l’époque, sous l’ancienne législation, il y avait trois types de terres : les contaminées, les décontaminées et les polluées. Nous ne pouvions plus rien y mettre. Nous avons dû les stocker provisoirement en andains, une sorte de talus, pour analyse et ensuite en fonction des résultats, les envoyer en Flandre, où les sites récepteurs les acceptaient car les taux, notamment de pollution, ne sont pas les mêmes de l’autre côté de la frontière », explique le gestionnaire de chantiers.
Types d’usage
Cette solution n’étant pas idéale sur le long terme, Christian Royen a vu d’un très bon œil l’arrivée d’une nouvelle législation wallonne sur les terres excavées : l’AGW du 5 juillet 2018 relatif à la gestion et à la traçabilité des terres entré en vigueur le 1er mai 2020. « Imposer cette traçabilité sous la responsabilité de l’organisme Walterre était une très bonne mesure. Les trois types de terre ont été remplacés par des types d’usage, ce qui est beaucoup mieux : I naturel, II agricole, III ré-
sidentiel, IV récréatif/commercial et V industriel/voiries. 95 % des terres entrent dans ces différents types et les sites récepteurs sont aussi classés selon cette échelle de I à V. Et puis, vous avez les terres polluées de type 12. Dans la région liégeoise, on peut les évacuer à l’Ile Monsin ou alors en Flandre. »
Comme notre membre travaille essentiellement dans le domaine de la pose d’égouttages, voiries et impétrants, il excave majoritairement des terres de type V. « Comme je l’ai dit, la loi est positive et très bien faite, mais je constate un problème. Nous devons absolument trouver des sites récepteurs de type V, car nous ne pouvons pas descendre vers un site de type III ou IV. Or, il n’y en a pas assez en Région wallonne et plus particulièrement dans la province de Liège, où nous sommes majoritairement actifs. Conséquence ? Les prix d’accès à ces sites augmentent et ils ont une sorte de monopole. Nous sommes obligés de répercuter ces coûts sur nos clients », explique Christian Royen. « Je sais que Walterre sensibilise les pouvoirs publics sur ce manquement et un représentant de la Région wallonne est d’ailleurs présent dans leur conseil d’administration. Il faut vraiment que les choses bougent à ce sujet. Car les évacuer vers la Flandre représente un coût supplémentaire et a un impact écologique en termes de transport non négligeable. Dans les travaux de voiries, nous avons rarement la possibilité de remblayer sur place. Nous pouvons aussi acheter des remblais, mais il s’agit également
« C’est le maître d’ouvrage qui est responsable du RQT et du CCQT, pas l’entrepreneur qui doit par contre trouver un site récepteur. »
Notre affilié Marcel Baguette (Groupe Baguette) est actif au quotidien dans la gestion de terres excavées.
d’une solution coûteuse au vu de la rareté de ceux-ci. »
Le système de traçabilité des terres via Walterre est imposé à partir de 400 m³ de terres. Pour rappel, c’est le maître d’ouvrage qui est responsable de faire réaliser un Rapport Qualité (RQT) pour obtenir le Certificat (CCQT). « En tant qu’entrepreneur, nous intervenons après et nous avons besoin de ce document CCQT pour pouvoir effectuer notre Notification de Mouvement de Terre (NMT) et recevoir le document de transport (DT) émis par Walterre. Ce sont ces documents qui prouvent que nous avons respecté la traçabilité des terres, en cas de contrôle par la police de l’environnement, lors du transport. À la fin du chantier, nous recevons un accusé de réception (AR) de Walterre. Tout cela représente du travail administratif supplémentaire pour nos équipes. Mais cette traçabilité des terres était vraiment utile en Région wallonne. »
Question : si la procédure semble claire pour les entrepreneurs, quid des maîtres d’ouvrage ? « Quand Walterre a commencé ses activités en 2020, il a fallu un certain temps avant que le processus à suivre soit compris et respecté par tout le monde. C’est le maître d’ouvrage qui est responsable du RQT et du CCQT, pas l’entrepreneur qui doit par contre trouver un site récepteur. Cela n’était pas clair au début pour certains. Mais nous travaillons à 95 % pour des maîtres d’ouvrage
Enrobés Baguette est une filiale du groupe spécialisée dans la réalisation des revêtements hydrocarbonés.
publics : communes, SPW, l’AIDE (Association intercommunale pour le démergement et l’épuration des communes de la province de Liège) et la SPGE (Société Publique de Gestion de l’Eau). Tout rentre dans l’ordre progressivement. Les pouvoirs publics maîtrisent de mieux en mieux cette procédure. »
L’asbl Walterre a d’ailleurs réalisé un roadshow partout en Wallonie pour expliquer son fonctionnement et la législation en vigueur. « Cela nous a été très utile et je les en remercie. Au début, par exemple, je trouvais leur site internet assez complexe, mais leur personnel est toujours disponible en cas de besoin et de question. Si j’avais une petite remarque à formuler sur leur site, ce serait de simplifier la liste des NMT pour introduire les demandes d’accusés de réception , elle n’est pas très conviviale. »
Pour Christian Royen, la législation désormais en place en Wallonie est donc positive. « Même si c’est en route depuis quelques années désormais, on peut parler d’un bon début. Mais je le répète, la Région wallonne doit vraiment trouver des nouveaux sites récepteurs. Il existe aussi des projets de centres de regroupement, c’est-à-dire que tout le monde viendrait déposer ses terres à un seul endroit. Elles seraient triées par chantier et par type/ lot. Pour les entrepreneurs, ce serait très intéressant, il n’y aurait besoin que d’une seule notification de mouvement de terre pour un transport vers un seul site », conclut le gestionnaire de chantiers.
Bioterra, filiale du groupe De Cloest, existe depuis 1996.
Selon Wouter Vermin, manager de Bioterra et Group Manager Treatment & Valorisation, Bioterra n’aurait pas pu se développer sans le décret sur les sols flamands, qui fournit un cadre législatif pour l’approche des terres polluées. Aujourd’hui, Bioterra collecte les terres polluées, les sédiments et les déchets minéraux partout en Belgique, mais aussi à l’étranger. Bioterra collecte sur ses sites environ 1,25 million de tonnes de terres, de limon et d’autres déchets minéraux.
WOUTER VERMIN affirme que nous pouvons être fiers de la manière dont le décret sur les sols flamands (VLAREBO) règle la problématique des terres polluées.
« Lors de congrès internationaux, je constate que nous nous situons dans le peloton de tête européen. Le décret sur les sols vise surtout à éviter la propagation diffuse des terres polluées. Le décret assure au destinataire des terres excavées la qualité de celles-ci. En revanche, le décret sur les matériaux (VLAREMA) définit bel et bien quand un déchet ne peut plus être qualifié comme tel. Sur cette base, nous pourrions ensuite greffer nos activités. Car personne ne peut recevoir des déchets sur son terrain. »
Bioterra cherche à offrir une solution pour tous les sols, peu importe le degré de pollution et la structure de filière-déchet concernée. Outre l’exploitation d’un centre de traitement des terres et de 24 centres de stockage intermédiaires, l’entreprise exploite également un centre de stockage définitif pour les terres excavées. Les excédents de terre d'une certaine qualité environnementale sont stockés en permanence dans une ancienne carrière. Mais l'utilisation de la terre excavée pour remplir les fosses et les creusements devient de plus en plus difficile en Flandre.
Diminution des capacités de stockage dans les carrières
Wouter Vermin constate qu’il existe encore beaucoup d’opportunités en Wallonie. « Mais en Flandre, les sillons sont arrivés à leur pleine capacité. Notre propre centre de stockage définitif est plein. Un plan de réaménagement y était associé. Le comblement de cette carrière avec de la terre non contaminée permettra d'ajouter 30 hectares de nature précieuse au parc national de la Haute Campine. En raison de cet effet positif, le remblayage pourrait donc être un exemple parfait du phénomène PIMBY (Please In My Backyard), car la situation finale a une valeur naturelle supérieure à celle de la fosse vide. »
Mais actuellement, nous devons surtout faire face au syndrome NIMBY (Not In My Backyard), surtout pour les terres qui proviennent du chantier de l’Oosterweel. « Nous ne voulons pas devenir la poubelle de l'Oosterweel, affirment les pouvoirs communaux, bien qu'aucun terrain n'ait encore été analysé aussi minutieusement que celui de la liaison de l'Oosterweel. C'est aussi à cause de cette attitude que les carrières ont toujours du mal à obtenir une autorisation pour être reconstituées, partiellement ou non. » PFAS, de mal en pis
En outre, nous sommes confrontés à la
« Aux PaysBas, un cadre définitif existe déjà pour les PFAS, les centres de stockage ne perçoivent pas de suppléments et le traitement peut donc être moins coûteux. »
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Wouter Vermin, Niels Hulsbosch (Expert en Innovation R&D), Chris Slaets (Embuild Limburg) et Maxime Peeraer (technologue en béton) devant les bennes de stockage avec un taux de recyclage de 92%.
pollution par les PFAS. Il n’y a pas de cadre définitif pour cette problématique en Flandre, uniquement un cadre provisoire. Cela provoque d’autant plus d'incertitude. La capacité de traitement de ces terres est suffisante. Mais les centres de stockage prélèvent des montants supplémentaires lorsqu’ils reçoivent des terres contenant des PFAS, car ils veulent se prémunir contre l'évolution constante des normes.
« Normalement, nous appliquons le principe du « pollueur-payeur ». Mais dans ce cas, c'est le secteur qui paie en grande partie pour cela et qui le répercute sur sa clientèle, les autorités et les citoyens, c'est-à-dire nous tous. Mais même ce cadre opérationnel temporaire a été récemment annulé par le Conseil d'État. Par conséquent, nous risquons de nous retrouver dans une situation où toutes les terres dans lesquelles des PFAS sont détectés seront cataloguées comme « contaminées » et ne seront donc plus utilisées sous certaines conditions. Cette situation risque de provoquer des difficultés pour l’ensemble du secteur de la construction, entraînant l'annulation et l'arrêt des projets. Aux PaysBas, cependant, un cadre définitif existe déjà, les centres de stockage ne perçoivent pas de suppléments et le traitement peut donc être moins coûteux. »
Depuis 2016, Bioterra exploite une installation de nettoyage physico-chimique à Genk, entièrement conçue et équipée en interne pour traiter les flux de déchets minéraux les plus complexes et les transformer en granulats recyclés de haute qualité. Cette installation constitue une combinaison bien pensée de différentes techniques de séparation et n'a pas d'équivalent, surtout en Belgique.
Le site de Genk est également accessible avec trois moyens de transports : par voie routière, fluviale ou ferroviaire. En raison de sa situation stratégique à proximité des frontières des Pays-Bas et de l'Allemagne et à courte distance de la région de Liège, Bioterra collecte et traite une grande variété de terres et de flux de déchets. C'est sur ce site que la plupart des investissements en matière de recyclage sont actuellement réalisés. Le centre de traitement des terres évolue vers
un centre de récupération des matériaux inertes.
Pour soutenir sa croissance sur le marché de la construction circulaire, Bioterra consacre beaucoup de temps et d'énergie à la R&D. Ainsi, grâce à « AggReMix », sa dernière création, Bioterra peut désormais fournir au secteur des recyclats de haute qualité. AggReMix est l'abréviation de Aggregates-Recycling-Mixing (agrégats-recyclage-mélange). Il s'agit d'un large éventail de granulats recyclés de haute qualité.
Les flux de déchets minéraux contaminés proviennent de partout : débris de balayage des rues (déchets communaux), cendres résiduelles après la combustion de biomasse pour la production d'énergie, boues d'épuration, eaux de lavage de voitures contaminées par du sable et des boues, sable provenant de grandes fonderies, fraction fine des déchets de construction et de démolition, sable ou gravillons utilisés pour le traitement de surface des métaux et des murs…
« Grâce à de nouvelles techniques, nous les transformons en matières premières secondaires de haute qualité, plus particulièrement destinées à des applications de construction telles que le sable-ciment, le béton maigre, le béton prêt à l'emploi et les mélanges de sable et de granulats exclusifs », explique Wouter Vermin. « Nous en faisons un minerai qui remplit les conditions pour ne plus être considéré comme un déchet. Les entreprises de construction peuvent ensuite acheter ces matériaux recyclés certifiés pour les utiliser dans de nouvelles "recettes". »
À titre de démonstration, Bioterra a utilisé du béton prêt à l'emploi pour construire des murs de stockage de 13 mètres de haut et de 60 cm d'épaisseur, avec un taux de recyclage de 92 %. Ces projets de démonstration montrent que les limites d'application des matériaux recyclés n'ont pas encore été atteintes. Les normes européennes permettent une réutilisation poussée, mais Wouter Vermin regrette que les normes belges Benor en la matière limitent plus sévèrement le réemploi. Une norme européenne harmonisée sur le béton, sous le label CE, devrait faciliter cette tâche.
Krinkels SA appartient au groupe néerlandais Krinkels. Cette entreprise familiale est l’un des entrepreneurs paysagistes les plus importants en Europe. Ive Callaert est le directeur de la division « projets » chez Krinkels SA. Cette entreprise aménage des espaces publics et privés depuis plus d’un demi-siècle. Citons, entre autres, l’installation de parcs, de plaines et de terrains sportifs.
Dans le cadre de la revitalisation urbaine, l’intégration de l’écologie gagne en importance. Dans un environnement « vert », les gens peuvent se rencontrer, et les enfants jouer ensemble. Pour ce faire, le sol est crucial, tant pour sa qualité environnementale que pour sa qualité biologique, et pour sa résistance à la sécheresse prolongée et aux précipitations.
En outre, l’environnement vert que Krinkels doit maintenant créer ne se limite pas à planter des arbres et à aménager une zone d’herbe. Selon IVE CALLAERT, « l’environnement doit être plus biodiversifié. Mais la qualité environnementale du sol (l’absence de pollution) en dit peu sur les possibilités de plantation. Un sol non pollué peut également n'avoir aucune valeur biologique. »
Contrairement au gouvernement flamand, Bruxelles s’attarde aussi sur la composition organique. De plus, le sol doit pouvoir capter l’eau de façon optimale, mais aussi l’évacuer en cas de fortes pluies. Alors que le gouvernement bruxellois accorde une attention supplémentaire à la qualité, ce même sol présente de nombreux défauts dans la région bruxelloise. « Dans ce cas, lors de nos travaux de terrassement, nous sommes souvent confrontés à la pollution qu’ont connue les terres par le passé. Par exemple, il nous arrive souvent de retrouver des déchets et des débris de pierre dans ces terres. Afin de se montrer durables, nous devons souvent améliorer le sol. »
Dans ce cadre, la stratégie Good Soil qui a
été lancée en 2024 par le gouvernement bruxellois peut se montrer très importante. Cette stratégie vise à parvenir à une gestion durable des sols, en luttant contre tout un ensemble de menaces, non seulement la pollution, mais aussi l’artificialisation, la densification, l’érosion et la perte de matière organique, et en promouvant des sols vivants.
Dans le même temps, Ive Callaert déplore que les trois régions adoptent une approche différente, et donne un certain nombre de raisons : « Ainsi, chaque région possède ses propres paramètres. À Bruxelles, toute terre excavée est considérée comme un déchet, sans preuve du contraire. En Flandre, le maître d’ouvrage fournit toujours un rapport technique à l’entrepreneur. Il peut donc se baser sur celui-ci pour son devis. Mais à Bruxelles, ce point n’est pas souvent repris dans le cahier des charges. L'entrepreneur doit alors se débrouiller. Comme Grondbank et Walterre n’existent pas à Bruxelles, il faut désigner un bureau d’experts pour chaque projet afin de surveiller ce qui entre et sort des terrains, ainsi que pour cartographier la traçabilité du sol. Cette méthode d’analyse pour l’étude des sols avec le forage est la même à Bruxelles et en Flandre, mais pas en Wallonie. Néanmoins, utiliser la même méthode favoriserait la commercialisation des terres dans les trois régions. »
Entrée et sortie versus réemploi
Ive Callaert confirme que le nombre de
« Les exigences écologiques doivent être clairement définies dans le cahier des charges. »
La rue Jacques Rayé à Schaerbeek avec un nouveau revêtement et une nouvelle entrée pour le parc.
sites où l’on peut déposer des terres polluées est devenu plus limité. De plus, il n’est pas facile d’obtenir des sols de bonne qualité. « Dans certains cas, nous pourrons enrichir les sols les plus pauvres avec du compost. Mais il arrive que les gouvernements l'interdisent et exigent l'utilisation de terres organiques historiquement riches. Mais où les trouver encore ? De plus, il n'est pas toujours possible de tout déterrer et de transporter de nouvelles terres à la place, ce
Impossible de passer à côté !
qui n'est pas non plus durable. Songez à la logistique. Parfois, il vaut mieux opter pour le réemploi mais les autorités doivent encore autoriser cette possibilité. Il y a même eu des cas où le rapport technique du lot de terrain à fournir devait être disponible au moment de l'adjudication. Par conséquent, ces terres devaient-elles être stockées en attendant l’exécution ? »
Durable et accessible
« Nous voulons œuvrer à l’amélioration de la qualité des sols, n’ayez aucun doute. Mais du point de vue du gouvernement, fixer des objectifs finaux est une chose, les traduire concrètement en une approche à la fois durable et réalisable en est une autre. En fin de compte, tout est faisable, mais il y a aussi des coûts dans chaque cas, notamment en raison du temps nécessaire. Il est également important que ce qui est imposé sur le plan écologique soit clairement défini dans le cahier des charges. Dans le cas contraire, l'entrepreneur doit prendre trop de risques et il y a place pour la spéculation au stade de l'appel d'offres », conclut Ive Callaert.
Embuild soutient 16.000 PME et grandes entreprises de tout le pays, actifs dans toutes les activités et techniques du secteur de la construction.
Partenaire de confiance, elle s’engage avec ses membres pour un entrepreneuriat responsable.
Construire ensemble, grandir ensemble.
Le 13 février dernier, Embuild Liège et Embuild Verviers-Ostbelgien ont organisé un colloque sur le thème « La reconstruction de la vallée de la Vesdre ». L’événement s’est déroulé au sein du garage Jaguar & Land Rover Liège by Spirlet Automobiles, à Barchon. Il a réuni environ 200 personnes.
Rappelez-vous, il y a trois ans et demi en juillet 2021, la vallée de la Vesdre était frappée de plein fouet par des terribles inondations. Tout le monde a encore en tête les images glaçantes de cette terrible catastrophe. Selon les chiffres officiels de la Région wallonne, les inondations ont impacté environ 100.000 personnes, 45.000 logements et 3.000 entreprises. Cela donne une ampleur du drame qui s’est déroulé dans cette partie de la Belgique, lors de l’été 2021. « Il a nous a semblé important de faire le point sur ce qui avait été réalisé depuis tout ce temps », a indiqué PAUL-PHILIPPE HICK , le directeur d’Embuild Liège et Verviers-Ostbelgien, en guise d’introduction.
Hôte du jour, JÉRÔME SPIRLET, l’administrateur de Spirlet Automobiles ; qui dispose d’une concession Jaguar & Land Rover à Barchon et trois autres garages Ford à Verviers, Trois-Pont et Chênée ; a tout d’abord rappelé l’ampleur de la catastrophe et l’élan de solidarité qui a suivi. « Je me souviens encore de cette nuit du 14 au 15 juillet 2021. On m’a appelé pour me dire qu’à Verviers, les voitures du garage étaient dans la rue. Je revois encore les images, un véritable choc ! Nous avons réfléchi à reconstruire notre siège social, mais nous avons finalement décidé de rester sur place, la décision la plus sage. À Trois-Pont, nous avons pu rouvrir après un mois d’effort et cela a été plus long à Verviers avec une réouverture partielle en décembre 2021. Cela a été possible grâce à l’élan de solidarité que l’on a créé et qui mérite d’être mis en avant. Nos collaborateurs, leur famille, nos partenaires…tous nous ont aidés », a indiqué Jérôme Spirlet, la voix encore pleine d’émotion.
Le ministre François Desquesnes a fait le point sur les actions politiques mises en place après la catastrophe.
François Desquesnes, Vice-président du Gouvernement wallon et ministre du Territoire, des Infrastructures, de la Mobilité et des Pouvoirs locaux, a ensuite fait le point au niveau politique. Rapidement après les événements, une commission d’enquête parlementaire « commissariat à la reconstruction » a été créée pour tirer les leçons de ces événements et un budget de 800 millions d’euros a été affecté dans le Plan de Relance de la Wallonie. « Le temps de la reconstruction est très vite apparu », a souligné le ministre.
Il a notamment évoqué la création du programme de (re)développement durable de quartiers (PPDQ), possible grâce aux droits de tirage et la réalisation d’un schéma stratégique multidisciplinaire pour le bassin versant
de la Vesdre, plus connu sous le nom de « Schéma Vesdre ». « Aujourd’hui, nous sommes au bout d’un premier cycle et il faut capitaliser sur le travail réalisé. Les conclusions du Schéma Vesdre doivent se retrouver dans les schémas de développement communaux et il faut que la Région ait la capacité de réaliser un schéma qui s’inspire de celui de la Vesdre. La Wallonie a des outils pour cela : des plans de secteur, des circulaires, des droits de tirage, le soutien proactif de la Région aux communes… Il est très important que le Bassin de la Vesdre puisse se reconstruire. Il existe des solutions, on doit y parvenir. Autorités locales, société civile et entreprises doivent faire preuve de résilience », a indiqué le ministre.
Jacques Teller, le professeur d’urbanisation et d’aménagement du territoire de l’ULiège, a ensuite présenté ce « Schéma Vesdre ». Un travail commandé par la Région wallonne et fourni par une équipe pluridisciplinaire, dirigée par le professeur, pour répondre à deux questions : comment éviter autant que possible à l’avenir de telles inondations et comment reconstruire la vallée ? « Nous avons disposé de 18 mois pour réaliser ce travail pour le compte des 25 communes des 700 km² du Bassin versant », a-t-il indiqué. « Le contexte était le suivant. Nous voulions travailler sur les espaces émetteurs et récepteurs, dans une logique de solidarité, valoriser l’existant et réparer en mieux, privilégier des solutions basées sur la nature, de
« Les conclusions du Schéma Vesdre doivent se retrouver dans les schémas de développement communaux.
»
manière à renforcer la résilience et la résistance du territoire dans une logique d’adaptation, envisager des modifications aux documents planologiques existants, dont le plan de secteur et élaborer un document « hors code », soit un schéma stratégique plutôt qu’un schéma de développement intercommunal. »
Cette étude a mis trois chiffres clés en avant. « Premièrement, selon les climatologues, ces événements pourraient se reproduire à deux reprises d’ici 2050. Deuxièmement, 75 % des bâtiments inondés ont été construits avant 1950 et enfin, à l’échelle de la Région wallonne, la part des ménages exposés aux risques d’inondations est de 30 %, un pourcentage plus ou moins semblable pour les entreprises. »
Les résultats de cette étude sont très clairs : il faut adapter notre manière d’habiter et construire autrement. « Ce schéma de la Vesdre, on doit pouvoir aussi l’adapter ailleurs », a insisté le professeur. Les conclusions sont résumées dans une vision en dix points : dessiner la transition socio-écologique ; retenir, ralentir, temporiser l’eau ; rendre résilient et transparent le bâti industriel et urbain construit dans les zones d’aléas (quatre types : très faible, faible, moyen et élevé) et les nouvelles classes d’exposition aux inondations (vulnérabilité négligeable, faible, moyenne et élevée) ; régénérer les tissus urbains et gérer les eaux pluviales ; intensifier les transports en commun ; réaliser la « Vesdrienne » et le « parcours des flâneurs » ; adapter l’agriculture ; restaurer le plateau éponge des Hautes Fagnes ; réaliser les constellations (récit sur la constitution du territoire de la Vesdre au fil du temps pour renforcer la coopération entre des infrastructures sociales, économiques et écologiques) et aller vers une vallée-parc, charnière entre les Ardennes, le parc des Trois Pays et la métropole liégeoise. « Pour réaliser cette vision, le Laboratoire Vesdre a été créé et va travailler sur trois axes : la culture du bâti et de la transition écologique et sociale, la politique foncière et la culture du risque avec lequel il faut apprendre à vivre. »
Outre cette étude, deux référentiels ont aussi été publiés : Constructions et aménagements en zone inondable et Gestion durable des eaux pluviales.
Dans sa conclusion, Jacques Teller a insisté sur l’importance de coordonner tous les acteurs publics pour reconstruire la vallée. « On parle de 25 communes et des ministères
régionaux de l’aménagement du territoire, de l’environnement et de la mobilité. Il est essentiel que tous ces opérateurs travaillent ensemble », a indiqué le professeur. « Il faut également prendre en compte les interdépendances amont-aval pour un partage de la charge solidaire, le temps long et des effets de transformations hérités du 19e siècle et de l’aléa très faible, en particulier pour les fonctions critiques. Il est également important d’articuler les mesures de résistance et de résilience et d’intégrer les enjeux de l’opérationnalisation à travers une gouvernance innovante. »
La deuxième partie de la soirée était consacrée à un débat très enrichissant avec le ministre François Desquesnes, le professeur Jacques Teller, Valérie Dejardin (bourgmestre de Limbourg), Daniel Bacquelaine (bourgmestre de Chaudfontaine), Jérémy Chêne (entreprise de construction Chêne Travaux), Jean-François Rondeaux (scientifique R&D et responsable du Comité Technique Co-design Process chez Buildwise) et Fabrizio Tengattini (président de l’Union Wallonne des Architectes). Le modérateur des échanges était Urbain Ortmans (télévision régionale Védia). Que retenir de ces échanges ?
Au niveau des communes, VALÉRIE DEJAR-
DIN a expliqué qu’à Limbourg, on reconstruisait lentement, voire trop lentement, mais de façon résiliente. En visant deux objectifs : sécuriser le territoire et montrer l’exemple. S’adressant au ministre, elle a également souligné que cette construction résiliente engendrait des surcoûts. Elle a aussi demandé la création d’un outil de coordination pour mettre en œuvre le « Schéma Vesdre », qui a coûté plus d’un million d’euros.
De son côté, DANIEL BACQUELAINE , préférant parler de construction « résistante » plutôt que « résiliente », a mis en avant la qualité du personnel (ingénieurs, architectes…) de Chaudfontaine (20.000 habitants) pour faire face aux événements de juillet 2021. « Je me demande parfois comment ont fait les plus petites communes », a-t-il interrogé. Il a également parlé de l’importance de l’aménagement du territoire et de reconstruire totalement différemment, mais mieux. « Avec le programme de (re)développement durable de quartiers (PPDQ), nous avons racheté plu-
« On ne peut plus accepter que des gens vivent au bord de l’eau, on doit y travailler avec davantage de coordination. »
sieurs immeubles pour éviter que des personnes s’installent entre la route et la Vesdre. On ne peut plus accepter que des gens vivent au bord de l’eau , on doit y travailler avec davantage de coordination. » Il a également parlé de l’importance des investissements. « On a dû et on doit en réaliser pour un montant qui devrait normalement s’étaler sur 50 ans. » Le ministre Desquesnes a répondu à cette question des investissements en rappelant les 800 millions d’euros prévus à cet effet dans le Plan de relance de la Wallonie. « Il y a aussi les droits de tirage qui doivent permettre aux communes de racheter des bâtiments pour les démolir et les reconstruire de façon résiliente. Nous avons constaté que certaines communes ne les avaient pas beaucoup utilisés. » Il a aussi souligné l’importance de la cohérence dans les aménagements du territoire et a suggéré de parfois abandonner l’autonomie communale pour revoir le territoire de façon plus globale.
Notre membre Chêne Travaux, basé à Trooz, a également participé à ces échanges. En juillet 2021, les eaux ont fait céder un mur de briques en amont de la propriété et ont envahi l’ensemble des trois hectares du site. « Quand cela arrive, on se demande par où commencer pour tout remettre en ordre. On y va petit à petit et on réfléchit à comment résister. On prend des mesures comme ne plus rien laisser à terre dans les entrepôts et dans
les bureaux du rez-de-chaussée et tout surélever de 30 cm. Nous avons aussi remplacé le mur de briques par un mur en béton armé et nous avons installé des barrières anti-inondation et une canalisation pour permettre à l’eau de s’écouler. »
JEAN-FRANÇOIS RONDEAUX (Buildwise) a été interrogé sur la pertinence de certifier les reconstructions résilientes, comme on le fait pour la performance PEB par exemple. « Il n’existe pas de cadre normatif sur les produits et la manière de les mettre en œuvre pour assurer une protection suffisante, tout comme il n’existe pas de code de bonnes pratiques pour la reconstruction. Notre objectif chez Buildwise est de produire de la connaissance sur les performances des produits qui existent et d’informer les acteurs du secteur sur l’efficacité et la pertinence de ces produits à mettre en œuvre. »
À ce sujet, le ministre Desquesnes a souligné qu’il fallait éviter de mettre des normes aux normes, préférant les référentiels beaucoup plus intéressants.
Le président de l’Union Wallonne des Architectes, FABRIZIO TENGATTTINI , a ensuite tenu un discours très direct à l’égard du monde académique et politique. « Toutes ces théories sont exceptionnelles. Mais de la théorie à la pratique, il y a une rivière et nous les architectes, les premiers de la chaîne, nous ne
Le débat réunissait (de g. à dr.) : Jérémy Chêne (entreprise de construction Chêne Travaux), Fabrizio Tengattini (président de l’Union Wallonne des Architectes), Daniel Bacquelaine (bourgmestre de Chaudfontaine), Valérie Dejardin (bourgmestre de Limbourg), le professeur Jacques Teller, le ministre François Desquesnes et Jean-François Rondeaux (scientifique R&D et responsable du Comité Technique Co-design Process chez Buildwise).
savons pas les mettre en pratique à cause de différents blocages publics et nous ne sommes jamais consultés. Pourtant, nous avons les solutions mais quand nous voulons les mettre en place, le pouvoir politique est pris en otage par son administration. Soit la commune est d’accord, mais pas la Région, et inversement. Il faut se donner les moyens, délivrer des permis plus rapidement pour des projets novateurs ou innovateurs et consulter les acteurs de terrain. Il faut nous faire confiance », a-t-il expliqué, suscitant les applaudissements de l’assemblée. Ses propos ont fait réagir plusieurs acteurs de la table ronde. Jacques Teller a rétorqué que les architectes avaient été consultés pour la réalisation du « Schéma Vesdre ». François Desquesnes a souligné qu’il avait demandé que l’Union Wallonne des Architectes participe à la formation des agents territoriaux CATU (conseillers en aménagement du territoire et urbanisme). Valérie Dejardin a indiqué que les femmes et hommes politiques ont compris l’importance de construire différemment et font confiance pour cela aux auteurs de projet. Et enfin Daniel Bacquelaine a expliqué laisser beaucoup de liberté à ces auteurs de projet pour la qualité architecturale et l’innovation technologique. « Mais la conciliation est importante, car les aspects juridiques des cahiers des charges sont très précis et ça prend du temps. Et il faut se donner le temps de ne pas se tromper. » Enfin, pour Jean-François Rondeaux, la question est de savoir comment laisser place à l’innovation dans le cahier des charges.
« Quand cela arrive, on se demande par où commencer pour tout remettre en ordre. On y va petit à petit et on réfléchit à comment résister.
»
HUGUES KEMPENEERS, le directeur d’Embuild Wallonie, a tiré la conclusion de cette soirée très enrichissante en pointant quatre éléments : l’importance de la rénovation et de la construction neuve sachant qu’il faut accueillir, chaque année, 7.000 ménages supplémentaires en Wallonie, la nécessité d’accélérer et numériser la délivrance des permis, l’intérêt de consulter les entreprises de construction en amont et non en aval d’un projet et le besoin d’investissements, sans oublier ceux nécessaires pour les infrastructures souterraines.
La soirée s’est poursuivie par un agréable moment de networking et un walking diner dans le showroom du concessionnaire automobile qui accueillait l’événement.
Le 24 janvier dernier, Embuild Wallonie a organisé la première édition des petits-déjeuners de la construction, en collaboration avec l’équipe du salon Batimoi au WEX de Marche-en-Famenne. Le Cluster Eco-construction a également participé à cette conférence ayant pour thème : les bâtiments bas carbone. Une petite centaine de professionnels y ont participé.
Dans son introduction, HUGUES KEMPENEERS , le directeur général d’Embuild Wallonie, a rappelé le paysage de la construction wallonne : 35.000 entreprises, dont 96 % de PME et TPE avec moins de dix personnes et 65.000 emplois, soit 6 % du PIB wallon. « Selon la Banque nationale de Belgique, la marge nette actuelle de ces entreprises est de 3,5 %, c’est très peu. Et en Wallonie, le taux de fuite est de 60-40. 40 % des travaux de construction bénéficient à l’économie wallonne et 60 % partent ailleurs, en Flandre, à Bruxelles ou à l’étranger. En Flandre, c’est l’inverse. Il y a donc un grand besoin de réindustrialiser notre région », a-t-il indiqué.
Il a aussi dressé la santé et les perspectives nationales pour les différents sous-secteurs de la construction. « Les permis accordés pour le résidentiel neuf s’écrasent avec -25 % entre 2022 et 2024 et une perspective de -3,3 % pour 2025 par rapport à 2024, en termes d’activité. Depuis 1973, le prix de l’immobilier a été multiplié par 16 et le pouvoir d’achat a diminué de 50 %. Pour la rénovation, pour rappel, il faut rénover 20 logements/heure pour atteindre les objectifs européens à l’horizon 2050. La croissance espérée de l’activité en 2025 est d’1,3 % par rapport à 2024. Il y a moyen de booster cela », a expliqué Hugues Kempeneers. « Pour le non-résidentiel, c’est l’inverse : -1 % pour la rénovation en 2025 et +1,5 % pour la construction neuve. »
Quant au génie civil wallon, il se porte bien avec les 60 % des 4,5 milliards du Plan de relance wallon destinés à la construction. « Les réceptions provisoires sont prévues pour juin 2026. Question : comment maintenir
les investissements avec le plan de relance qui va bientôt s’arrêter ? Le cabinet du ministre Desquesnes nous a informé que 181 millions arrivaient pour nos routes. »
Enfin, il a lancé deux messages aux politiques wallons : l’importance de maintenir l’accès à la profession et d’imposer des obligations de rénovation énergétique.
C’est ensuite ANNE-MICHÈLE JANSSEN, la directrice du Cluster Eco-construction, qui a pris la parole pour parler des bâtiments bas carbone. Ce réseau regroupe environ 300 experts (entreprises, architectes, négociants et producteurs de matériaux, bureaux d’études et ingénieurs, hautes écoles, universités…) qui intègrent les principes de l’éco-construction dans leurs activités.
Elle a souligné l’importance d’une « new way of thinking » (ndlr : une nouvelle façon de penser) pour intégrer la circularité dans le processus de construction. « Car la Wallonie génère et génèrera toujours plus de volumes importants de matériaux. Selon Statbel, 7.113 nouveaux bâtiments résidentiels et 1.298 non résidentiels ont été créés en 2022. En outre, la plupart des bâtiments ont été construits entre les deux guerres, et ce sans matériaux isolants. Dès lors, qu’a-t-on fait ? Rajouter sans cesse des technologies et appareils pour chauffer ces bâtiments. Conséquence : En Wallonie, 27 % de la consommation énergétique finale (énergies fossiles et électricité) vient du résidentiel, et 11 % du tertiaire. 22 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à l’énergie des bâtiments. En Europe, les émissions de GES directes et indirectes liées à l’énergie du secteur de la construction représentent 36 % », a indiqué Anne-Michèle
Dans son introduction, Hugues Kempeneers, le directeur général d’Embuild Wallonie, a rappelé le paysage de la construction wallonne.
Une petite centaine de professionnels ont participé à cet événement organisé dans le cadre du salon Batimoi.
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Anne-Michèle Janssen, la directrice du Cluster Eco-construction, a pris la parole pour parler des bâtiments bas carbone.
Janssen. « Mais considérer l’impact environnemental, économique et social du secteur de la construction uniquement par le prisme de la performance énergétique, c’est incomplet. Car la construction, c’est aussi l’extraction, la fabrication et la transformation de beaucoup de matières premières et l’utilisation d’énormément d’eau. »
Vous l’aurez compris, le bâtiment bas carbone est importantissime pour réduire toutes ces nuisances sectorielles sur l’environnement. Il doit favoriser l’éco-conception à chaque étape de la construction pour minimiser les dommages tout en maximisant les conforts, en favorisant notamment le recyclage au niveau de la fabrication et le réemploi dans l’acte de construire.
de construction qui ne se sont pas retrouvés à la décharge. En France, l’exemple de Bouygues Construction qui investit dans le marché du réemploi en créant Cyneo et le premier centre technique de réemploi des matériaux a aussi été explicité.
En Wallonie, le potentiel pour construire de tels bâtiments écologiques est bien présent. « Nous avons plus de vingt producteurs de matériaux biosourcés et de nombreux distributeurs, qui font partie de notre cluster. Le principal avantage de ces matériaux est qu’ils captent le CO2 et contribuent donc à rendre les bâtiments bas carbone. Actuellement, ils peuvent répondre à 39 % de la demande en isolation et ont le potentiel pour monter à 81 %. Mais à l’heure actuelle, ces entreprises se tournent davantage vers la France. »
INFO :
Pour des questions sur ce thème, contactez Eloïse Dekeyser, conseillère Transition durable et circulaire et référente bas carbone chez Embuild Wallonie (eloise.dekeyser@ embuild.be ou 02/545.59.68).
Au cours de cette conférence, la directrice du Cluster Eco-construction a cité quelques exemples de grands bâtiments exemplaires à l’étranger, comme le siège de Bloomberg (groupe financier américain) à Londres essentiellement construit en bois avec une ventilation naturelle, un flux d’air intelligent, une station d’épuration sur place et un « mur vivant » vert, ce qui contribue à réduire la consommation d’eau de 70 % et d’énergie de 35 %.
Elle a également évoqué le gratte-ciel 20 Fenchurch Street, aussi à Londres. Il a été conçu avec le plus grand mur végétalisé au Royaume-Uni, fournissant un écosystème de plantes et d’insectes important pour la nidification des oiseaux, avec 96,4 % des déchets
Dans sa conclusion, Hugues Kempeneers a rappelé que la construction était un secteur prioritaire pour atteindre les objectifs du Green Deal, à savoir une réduction des GES à l’horizon 2030 et la neutralité carbone en 2050. « Le travail est colossal quand on sait que la Wallonie compte 1.650.000 habitations et que 80 % ont été construites avant les années 80 et 49 % avant la Seconde Guerre mondiale. Pour favoriser les investissements durables, des lignes directrices et des cadres sont progressivement mis en place par l’Europe, comme la CSRD, la taxonomie et le DNSH (ndlr : Embuild Magazine a déjà publié plusieurs articles à ce sujet). Des outils se développent pour répondre à ces objectifs : l’échelle de performance CO2 , les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) et chez Embuild Wallonie, nous avons une référente bas carbone pour vous aider dans cette transition », a-t-il indiqué. Pour rappel, la CSRD, ou directive sur la publication d'informations en matière de durabilité en français, est un 'cadre de référence commun' qui oblige les grandes entreprises à publier dans leur rapport annuel des informations sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance.
La taxonomie verte 'est un 'guide de référence' qui définit quelles activités de construction sont considérées comme durables selon l'UE. Enfin le principe DNSH (Do No Significant Harm) signifie "ne pas causer de préjudice important" à l'environnement.
Dans le cadre du programme « Construction du Futur », qui vise à rassembler les acteurs du secteur autour de la numérisation, un colloque sur la gestion des données s’est tenu à Bouge. Il s’intitulait « Construire ensemble les infrastructures de demain : valorisation des données et transition numérique au service des projets publics ».
DMélanie Léonard, la coordinatrice
Numérique chez Embuild Wallonie, lors de l’introduction de l’événement.
ans notre édition précédente, nous vous relations le premier grand événement fédérateur et de visibilité « Ensemble pour bâtir demain » de ce « plan d’action numérique » dont fait partie Embuild Wallonie. Pour rappel, les autres partenaires sont Buildwise, le CRR, Cap Construction, le cluster Eco-construction, l’UWA, GreenWin et l’Infopôle. Dans ce numéro, place à une autre action organisée par les partenaires de « Construction du Futur », un événement entièrement consacré à la gestion des données dans notre secteur. Mais répondons d’abord à cette question, qu’est-ce qu’une donnée ? La donnée est un élément fondamental du numérique qui représente toute information collectée, stockée et exploitée sous diverses formes pour soutenir la prise de décision, l’innovation et la performance des entreprises. Le partage de données dans les organisations repose sur l’interopérabilité des systèmes, la mise en place de plateformes sécurisées et des standards communs, tout en respectant un cadre juridique et éthique. « Pour faire progresser la numérisation, notamment sur la thématique de la gestion des données, le secteur ne peut pas travailler seul. L’idée ici était donc d’aller à la rencontre des pouvoirs publics wallons, comme le SPW Mobilité et Infrastructures, la SWL, l’UVCW ou encore les villes, provinces et intercommunales pour voir avec eux comment ils gèrent cet aspect et comment le secteur peut collaborer sur des projets publics », explique MÉLANIE LÉONARD, la coordinatrice Numérique chez Embuild Wallonie.
« L’objectif de cet événement était vraiment de sensibiliser à l’importance de la donnée dans le secteur, et faire émerger les défis, les freins et les solutions à travers différents exemples. Comment partager ces données ? Quelle est la réglementation ? Quid du GDPR ?... », indique Céline Lejeune, conseillère Numérique chez Embuild Wallonie.
Lors de la première partie de ce colloque, il a notamment été question de cas de collaboration au départ d’une maquette 3D, plus connue sous le nom de BIM. « Mais le BIM n’est qu’un exemple de ce partage de données dans la construction, il y en plein d’autres », insiste Mélanie Léonard. C’est notre membre Willemen INFRA qui a notamment témoigné au sein de la table ronde. Il a expliqué que l’intégration du BIM et la modélisation d’un projet permettaient d’anticiper les problèmes et ainsi respecter les délais.
La Ville de Namur a notamment aussi présenté sa carte 3D, qui répertorie de nombreuses données sur les bâtiments de son territoire : leur modélisation et leurs caractéristiques comme l’état d’isolation thermique de la toiture ou de son potentiel solaire. Des données importantes pour le secteur. Mais qui soulève encore des questions telles que : quelles sont celles dont il a besoin ? Peut-on les partager ?
Comment ?…
Au cours de l’après-midi, des workshops ont été organisés. « L’idée était d’échanger sur la donnée et voir comment résoudre ensemble, secteur et pouvoirs publics, certains challenges à ce sujet », précise CÉLINE LEJEUNE
Trois thèmes ont été abordés : la sensibilisation et la formation, le cadre réglementaire et la normalisation, et les partenariats et les outils liés, soulevant entre autres les questions suivantes : comment encourager les collaborations et quels outils sont les plus adaptés pour les projets de construction publics ? Comment développer une vision structurante et des standards communs ?
Et ensuite…Les points soulevés lors de ces workshops seront analysés et serviront de base pour nos réflexions et actions à venir. Ce type d’événement, où les entreprises et les pouvoirs publics collaborent activement sur des sujets clés, permet de repartir avec des pistes de travail et des axes d’amélioration concrets.
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Depuis quelques années, la sécheresse est devenue un réel problème d’actualité en Belgique et ailleurs. La consommation d’eau élevée due à la forte densité de population et la présence importante de surfaces bétonnées aggravent encore la situation. Cette sécheresse se manifeste notamment par une diminution du niveau des nappes d’eau souterraines. Or, ces eaux sont souvent extraites pour pouvoir réaliser certains projets de construction. Heureusement, il existe des solutions concrètes visant à diminuer l’impact des pompages.
D’après le projet HERBRONNEN récemment mené par Vlaanderen Circulair, quelque 60 millions de mètres cubes d’eau sont pompés chaque année en Flandre pour des projets de construction nécessitant le rabattement des eaux souterraines.
Le rabattement est pourtant nécessaire pour de nombreux travaux réalisés en soussol, comme la construction de parkings souterrains, de caves, de cages d’ascenseur … À l’heure actuelle, une grande partie des eaux pompées sont rejetées dans les égouts. Toutefois, cette pratique a des répercussions sur le niveau des nappes d’eau et va à l’encontre des réglementations régionales, qui exigent que l’on respecte scrupuleusement la procédure suivante :
1. limitation du débit de pompage grâce au contrôle du niveau de rabattement ainsi qu’à la réinjection et à l’infiltration dans le sol de l’eau pompée
2. utilisation de l’eau pompée
3. déversement dans les eaux de surface
4. déversement dans les égouts.
Techniques de rabattement
Les techniques les plus fréquemment utilisées pour rabattre les eaux souterraines dans le cadre d’un projet de construction sont les suivantes :
● LE RABATTEMENT AU MOYEN DE POINTES FILTRANTES : ces dernières sont placées dans le sol et reliées à un tube d’extraction, lui-même relié à une pompe. On distingue le rabattement par pointes filtrantes sous vide (voir figure 1) et le rabattement par filtres gravitaires
● LE RABATTEMENT PAR PUITS DE POMPAGE : ces puits permettent de rabattre la nappe sans limitation de niveau. Deux techniques sont à distinguer :
• les puits de pompage gravitaires (voir figure 2) sont plus efficaces dans les sols sableux homogènes. Les éléments filtrants (c’est-à-dire la partie du conduit en PVC munie de fentes) sont ici habituellement plus longs
• les puits de pompage sous vide sont en revanche plus efficaces dans les sols moins perméables et/ou si le rabatte-
RABATTEMENTS TEMPORAIRES
SUR CHANTIER : ANTICIPEZ LES CHANGEMENTS À TEMPS !
En tant que promoteur, architecte ou entrepreneur, il est essentiel de vous tenir informé des nouvelles réglementations en matière de rabattements temporaires sur chantier.
La gestion des eaux souterraines doit dès lors être prise en compte dès le début d’un projet immobilier. Si elle est négligée, de nombreux problèmes peuvent survenir en cours de chantier.
Découvrez tout ce qu’il faut savoir pour garder la tête hors de l’eau en consultant la page du site Internet de Buildwise dédiée à ce sujet (https://buildwise. direct/rabattementdes-nappescampagne).
FIG. 1 : Rabattement par pointes filtrantes sous vide reliées à une pompe.
Ononderbroken aansluiting tussen een plat dak en een spouwmuur.
FIG. 2 : Rabattement par puits de pompage gravitaires : la pompe est placée dans le trou de forage.
ment doit être réalisé jusqu’à proximité d’une couche d’argile.
La technique de rabattement doit être choisie en fonction du sol, des eaux souterraines, de l’environnement immédiat du chantier, de la hauteur de rabattement et des caractéristiques du projet.
MINIMISER LE DÉBIT DE POMPAGE DES EAUX SOUTERRAINES
Cette solution consiste à utiliser un système de pompage avancé dans lequel l’activation (automatique) des pompes est basée sur le monitoring permanent du niveau de la nappe. Il est également possible de rendre la fouille ‘étanche’ à l’eau, ce qui empêche les eaux souterraines environnantes de s’y introduire. Pour ce faire, on installe des parois verticales (rideaux de palplanches, parois de pieux sécants ou parois en soil mix, p. ex.) autour de la fouille jusqu’à atteindre une couche naturelle très peu perméable (couche d’argile, p. ex.).
REMISE À NIVEAU DES EAUX SOUTERRAINES PAR RÉINJECTION ET INFILTRATION
La technique de réinjection consiste à réinjecter les eaux pompées dans le sol, en profondeur et à une certaine distance de la fouille et des bâtiments. En cas d’infiltration de surface, les eaux de rabattement retournent dans le sol par l’intermédiaire de bassins de décantation, de canaux d’infiltration ou de puits.
UTILISATION DES EAUX SOUTERRAINES NON RÉINJECTÉES/INFILTRÉES
Ceci est particulièrement intéressant dans les domaines de l’agriculture et de l’horticulture, notamment pour l’irrigation des parcs et des espaces verts (voir l’article Buildwise 2021/04.09, https://www.buildwise.be/fr/ publications/articles-buildwise/2021-04.09/).
Résumé d’un article paru en p. 6-7 du Buildwise Magazine 2022/5. Seul l’article original de Buildwise peut être cité en référence.
Le contenu de 24.000 piscines olympiques, soit 60 millions de mètres cubes d’eau : c’est le volume estimé d’eaux souterraines pompées chaque année rien qu’en Flandre pour des travaux nécessitant un rabattement temporaire de la nappe. La réutilisation de ces eaux permet de limiter l’impact environnemental lié aux rabattements. Des analyses révèlent néanmoins qu’il est absolument déconseillé de les réutiliser dans les installations sanitaires.
Le contenu de 24.000 piscines olympiques, soit 60 millions de mètres cubes d’eau : c’est le volume estimé d’eaux souterraines pompées chaque année rien qu’en Flandre pour des travaux nécessitant un rabattement temporaire de la nappe. La réutilisation de ces eaux permet de limiter l’impact environnemental lié aux rabattements. Des analyses révèlent néanmoins qu’il est absolument décon-
seillé de les réutiliser dans les installations sanitaires.
La réduction du volume d’eau pompé et la réinjection pour reconstituer le niveau de la nappe phréatique constituent les mesures prioritaires pour limiter l’impact des rabattements temporaires (voir l’article Buildwise 2022/05.02, https://www.buildwise.be/fr/publications/articles-buildwise/2022-05.02/). L’utilisation des eaux non réinjectées est à
1 : Grand conteneur, avec raccordement permanent, pour les eaux de rabattement.
sans écoulement continu, rempli à intervalles réguliers.
considérer dans un second temps. Dans ce cas, la qualité de l’eau devra être conforme à l’utilisation prévue.
Grâce à une campagne d’échantillonnage et d’analyse, Buildwise a développé des connaissances en matière de qualité des eaux de rabattement en vue de leur réutilisation.
Des échantillons prélevés dans des conteneurs d’eau de grande (30-40 m³; voir figure 1) et de petite capacité (1 m³; voir figure 2) ont été étudiés.
La présence de bactéries a été décelée dans 90 % des échantillons examinés. Or, celles-ci peuvent entraîner la formation de boues, des nuisances olfactives, la corrosion des matériaux ou des bouchons. Les eaux de rabattement ne conviennent donc pas pour le remplissage des citernes d’eau de pluie et les applications sanitaires, et ce d’autant plus qu’il est très difficile de remédier au développement des bactéries une fois qu’elles ont contaminé une installation. Ces résultats confirment les conclusions déjà publiées à l’occasion d’une campagne d’essais exploratoire (voir l’article Buildwise 2021/04.09, https://www.buildwise.be/fr/publications/articles-buildwise/2021-04.09/).
Aucune trace de légionelle n’a été observée dans nos échantillons. Toutefois, cela ne signifie pas que le risque de présence de cette bactérie pathogène est nul. Par conséquent, il est fortement recommandé de laisser l’eau s’écouler en continu – dans les petits conteneurs en particulier – pour éviter que la température de l’eau stagnante n’augmente durant les périodes plus chaudes. On empêchera également le développement d’algues en protégeant l’eau stockée dans les conteneurs de la lumière du soleil.
Nous étudions actuellement d’autres possibilités d’utilisation des eaux de rabattement, notamment dans les domaines de l’agriculture et de l’horticulture, en veillant au respect des exigences de qualité pour l’utilisation prévue, au cadre juridique et à la mise en pratique de ces solutions.
Résumé d’un article paru en p. 10 du Buildwise Magazine 2024/1. Seul l’article original de Buildwise peut être cité en référence.
Bruxelles dispose depuis peu d’un hôtel cinq étoiles qui combine, de manière harmonieuse, la grandeur historique et le confort moderne, répondant ainsi aux attentes d’une clientèle qui apprécie l’espace, le luxe et un service extrêmement personnalisé : le Corinthia Grand Hotel Astoria, situé rue Royale 103. Cette réalisation est en grande partie le fruit du travail du Group Jansen, qui a fait de la combinaison de finitions de haute qualité et de techniques astucieuses sa marque de fabrique.
L’Hôtel Astoria de Bruxelles a été construit à l’occasion de l’Exposition universelle de Bruxelles en 1910. La première pierre a été posée en 1909 et l’hôtel a ouvert ses portes un an plus tard. Henri Van Dievoet a conçu le bâtiment dans le prestigieux style Beaux-
Arts. Il appartenait à la même catégorie d’hôtels de luxe européens que l’Hôtel Métropole à Bruxelles. Mais en 2007, l’Astoria a fermé ses portes et en 2016, il a été repris par la chaîne hôtelière maltaise Corinthia, lui permettant ainsi de faire à nouveau partie d’une chaîne prestigieuse internationale.
↑
SARAI BERVOETS , ingénieure-architecte, d’abord cheffe de projet et désormais CCO (Chief Commercial Officer) chez Group Jansen, explique. « Finalement, ce projet hôtelier est davantage un projet de construction neuve qu’un projet de restauration. Nous l’avons réalisé via la Société Momentanée Jansen-Herpain. Tandis que Herpain s’est concentré sur le gros-œuvre, nous, chez Group Jansen, avons pris en charge les finitions et les techniques. Mais les deux sociétés ont collaboré du début à la fin du projet, et ont donc traversé la totalité du processus. »
Corinthia a confié la conception à MA² (Metzger et Associés Architecture), un cabinet d’architecture qui a déjà dirigé des projets prestigieux de construction neuve, de rénovation et de restauration, tels que la restauration de la villa Empain. Pour l’architecture d’intérieur, Corinthia a fait appel au G.A. Group de Londres. Ce groupe est spécialisé dans l’aménagement d’hôtels de luxe.
« L’aménagement était confié au G.A. Group. Mais sur certains points, ils devaient
tenir compte des normes belges et des règles du patrimoine bruxellois. Ils ont compté sur notre expertise à ce sujet. Cela a constitué un défi important de parvenir à une combinaison optimale des exigences de design londonien et des normes et règles belges. Cela nous a donc demandé pas mal d’efforts en termes de réingénierie. Nous avons pu concevoir et aménager, nous-mêmes, une partie de l’hôtel : l’Astoria Lounge. Nous en avons fait quelque chose de vraiment exclusif », indique Sarai Bervoets.
De l’ancien hôtel, il reste principalement la façade monumentale ainsi que le rez-dechaussée, avec notamment l’entrée et la salle de bal.
Chef-d’œuvre
« Conserver cette salle de bal était d’autant plus un exploit, car deux étages en-dessous, un espace bien-être et une piscine devaient être aménagés. En outre, nous avons restauré le rez-de-chaussée avec une grande minutie. Nous avons recherché les couleurs originales de l’intérieur et les avons rénovées. La coupole en verre de 11 mètres était également un chefd’œuvre et a été entièrement reconstruite comme elle était à l’origine, en intégrant
Group Jansen a pu concevoir et aménager une partie de l’hôtel : l’Astoria Lounge, un espace vraiment exclusif.
« Finalement, ce projet hôtelier est davantage un projet de construction neuve qu’un projet de restauration. »
SARAI BERVOETS
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La coupole en verre de 11 mètres était également un chef-d’œuvre et a été entièrement reconstruite comme elle était à l’origine, en intégrant les normes actuelles en matière d’étanchéité et d’isolation.
Surface totale : 20.000 m2
90 chambres, 31 suites et 5 penthouses
Expérience bienêtre de 1.200 m2
2 restaurants
Différents salons, bars et foyers pour un total de 490 m2
les normes actuelles en matière d’étanchéité et d’isolation. Pour ce faire, nous avons fait appel à des restaurateurs spécialisés qui ont travaillé sous notre supervision. »
chambres. Nous avons également porté une attention particulière au confort acoustique. Le bruit extérieur est atténué et la ventilation ainsi que le chauffage fonctionnent de manière silencieuse. Cela a un impact positif sur le bien-être et la santé du personnel comme des clients », explique Sarai Bervoets.
« Ce projet ne concerne pas seulement la restauration d’un hôtel : il s’agit de redéfinir ce que l’hospitalité de luxe peut être. En collaborant avec certains des artisans et esprits gastronomiques les plus avant-gardistes de Belgique, nous remettons en question les conventions et avons créé quelque chose de vraiment exceptionnel », ajoute SIMON CASSON , CEO de Corinthia Hotels.
Le principal défi dans la réalisation de ce projet était le niveau de qualité élevé que Group Jansen devait atteindre. « Nous avons réalisé le projet à l’aide du BIM et créé un jumeau numérique afin que le maitre d’ouvrage, mais aussi les sous-traitants, puissent voir, grâce à des lunettes VR, quel résultat nous avions précisément en tête », souligne Sarai Bervoets.
« Nous recherchons des projets globaux où nous pouvons exceller grâce à une approche de A à Z. »
La reconstruction de l’hôtel a été accompagnée de technologies de pointe en matière d’énergie, de durabilité et de techniques. « Par exemple, la chaleur résiduelle des cuisines et du data center est réutilisée pour chauffer les
Group Jansen a travaillé sur l’hôtel en collaboration avec Jansen Building Projects, Jansen Joinery et Jansen Energy Solutions. « L’atout de notre groupe est précisément notre savoir-faire unique intégré en finition et techniques. Nous recherchons donc des projets globaux où nous pouvons exceller grâce à une approche de A à Z. Pendant la crise sanitaire, le secteur hôtelier était à l’arrêt. Mais aujourd’hui, nous voyons à nouveau de nombreux projets hôteliers se concrétiser, alors que les marchés du retail et des bureaux peinent. Et nous nous réjouissons de pouvoir répondre à cette demande ! », indique encore la cheffe de projet. « Le slogan de Group Jansen (« places to be ») s’adapte parfaitement à l’aménagement des hôtels, où l’accent est désormais mis davantage sur l’expérience. De plus, nous disposons désormais de plusieurs références remarquables dans le domaine de la construction hôtelière. Et une référence telle que le Corinthia Grand Hotel Astoria ouvre les portes d’autres projets. Alors que nous travaillions sur ce chantier, nous avons été sollicités pour prendre en charge également l’Hôtel Métropole à Bruxelles Et c’est ce que nous allons maintenant effectivement faire. »
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Avec Fjord, Wienerberger lance une nouvelle collection de briques de parement qui capture la beauté brute de la nature. Cette collection allie la force des paysages anciens aux technologies modernes. Avec ces nouveautés, le fabricant de matériaux de construction durables offre aux architectes et bâtisseurs la possibilité de créer des bâtiments qui se fondent parfaitement dans leur environnement. La collection Fjord reflète l’esthétique des fjords. Façonnées par la force de l’eau et du vent, ces briques de parement rendent hommage à la nature. Elles s’inspirent de la beauté sauvage et intacte des paysages des fjords scandinaves façonnés avec le temps par les forces naturelles. La finition Wasserstrich crée un look pétri de caractère, qui confère aux briques de la profondeur, de la texture et un lien fort avec la nature.
Ces briques permettent une large palette d’associations de couleurs qui donneront à chaque projet de construction un caractère unique. Cette palette se compose des cinq couleurs suivantes : Fjord Ardal (brun-noir nuancé), Fjord Gapa (beige aux accents bruns), Fjord Alta (beige ivoire aux nuances vertbrun), Fjord Nordal (beige aux nuances brun foncé et gris) et Fjord Lustra (beige ivoire aux nuances grises). Enfin, la texture naturelle et la profondeur de ces briques donnent l’impression qu’elles ont été « taillées » directement dans la nature.
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Notre membre Cordeel Group entame un nouveau chapitre de son histoire en nommant Pascale Van Damme (photo) comme nouvelle CEO. Par ailleurs, Kris Van Haverbeke est le nouveau Chief Growth Officer. Ensemble, avec l’actuel comité exécutif et le conseil d’administration, ils poseront les jalons de la croissance de l’entreprise familiale qui compte 1.800 travailleurs et qui est devenue un partenaire européen de A à Z avec plusieurs filiales spécialisées.
Filip Cordeel, l’actuel CEO, restera président du conseil d’administration et continuera à se concentrer sur la vision à long terme, en mettant l’accent sur les activités de construction, l’innovation et la durabilité. « Ces dernières années, nous avons ensemble construit une base solide, avec les bonnes personnes aux bons postes au sein de nos divisions, entreprises et du Group. Aujourd'hui, nous sommes prêts pour la prochaine étape. Cela requiert un leadership qui combine harmonieusement accélération et innovation avec la force de notre ADN familial », déclare le CEO sortant Filip Cordeel. « L'expérience de Pascale avec des structures
internationales, la gestion du changement et sa connaissance approfondie de la technologie et de la data, seront essentielles pour renforcer nos piliers stratégiques et construire la prochaine phase de Cordeel Group ».
Le nom de Pascale Van Damme ne vous est peut-être pas inconnu. En effet, il s’agit de l’actuelle présidente de l’Union belge de football (URBSFA). Elle est également présidente Digital Industries chez Agoria. Elle a fait une carrière impressionnante de 20 ans chez Dell Technologies, où elle a notamment occupé les postes de Directrice Générale Belgique-Luxembourg et Vice-Prési-
dente EMEA VMware. « Je suis ravie de rejoindre aujourd'hui une entreprise qui souhaite repousser les limites, et de pouvoir utiliser mon expérience en matière de transformation numérique et de mise en relation des équipes pour renforcer et accélérer les dynamiques existantes. Filip, avec l'équipe, a fixé une ambition claire pour l'avenir. Il y a là d'immenses opportunités, et je me réjouis d'apporter désormais ma valeur ajoutée. Dans un secteur confronté à des défis majeurs, Cordeel Group veut assumer encore plus de responsabilités afin de construire un avenir durable, pas seulement pour aujourd'hui, mais pour les générations à venir. »
Kris Van Haverbeke a, lui, fait ses preuves dans le secteur technologique pendant plus de 25 ans, notamment en tant que Directeur de la Stratégie et de l'Accélération des Affaires EMEA chez Dell Technologies. Son expertise en développement commercial, en optimisation des processus et en mise en œuvre de stratégies go-to-market aidera Cordeel Group à saisir de nouvelles opportunités de croissance et à développer davantage des collaborations stratégiques.
Les nouveaux indices CMK pour 2025 ont été publiés. L’indice CMK2003 est désormais de 150,9 points. Pour les versions plus anciennes, l’indice CMK93 est de 172,9 points et l’indice CMK83 est de 230,2 points.
Le CMK est un barème de matériel pour les machines de construction utilisé pour calculer l’indemnité des coûts matériels. Cela permet de calculer tant les coûts de mise à disposition des machines sur le chantier que l’indemnité pour l’immobilisation des machines. Les modalités de calcul de l’indemnité CMK sont, entre autres, déterminées pour les marchés publics par les circulaires CMK.
Ce barème peut être obtenu via Embuild. Les membres peuvent également obtenir un fichier Excel gratuit pour calculer les coûts.