Québec Pharmacie Mars Avril 2022

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éditorial

Christophe Augé, pharmacien, M. Sc., Ph. D., FOPQ Rédacteur en chef adjoint

Tout ça, c’était hier Retournons quelques minutes en 2014. Ce n’est pas bien loin, moins de huit ans dans une carrière professionnelle, ce n’est pas énorme. Pourtant, pour moi comme probablement pour vous, tout me semble si loin. Et plus j’y pense, plus cela me semble préhistorique… En 2014, je n’avais pas de clé DSQ; impossible donc de consulter facilement les valeurs de laboratoire, je devais appeler la clinique pour avoir la dernière créatinine pour ensuite communiquer avec le prescripteur, oups, le médecin, car c’était le seul à pouvoir prescrire, pour corriger la dose de ciprofloxacine « NSP » 500 mg BID 10 jours pour ma patiente de 90 ans… En 2014, pas de loi 41, impossible d’aider les patients malgré les évidences… : « Mais c’est un feu sauvage, j’en fais tous les ans. » – « Oui, oui, mais… non. » Produits disparus du marché ou en rupture de stock, je ne peux rien faire, ordonnances chroniques échues, je ne peux rien faire, narcotiques réguliers, je ne peux « encore plus » rien faire… « Malheureusement il va falloir aller à l’urgence… » C’était vraiment n’importe quoi quand j’y pense… C’est tellement loin de notre réalité de 2022 où l’on prescrit les tests de laboratoires pour faire le suivi des patients et ajuster leur pharmacothérapie. Tellement loin de l’administration pour enseignement et de la vaccination qui fait partie intégrante de notre pratique actuelle. En 2014, ces nouvelles tâches n’intéressaient pas tout le monde, loin de là… Et même pour les plus motivés (dont je faisais partie), avouons-le, nous avions un peu peur… Et nous voilà maintenant, avec plus de quatre millions d’actes facturés à la RAMQ en 2021. Selon les chiffres de l’AQPP, trois millions de vaccins donnés en pharmacie en 14 mois, dont environ le tiers par des pharmaciens… Plus précisément par les 3485 pharmaciens qui sont passés à l’acte vaccinal, cela représente 50 % des pharmaciens communautaires. La moitié, ce n’est pas si mal quand on se rappelle qu’un sondage effectué en juillet 2019 montrait que seuls 42 % d’entre eux envisageaient d’offrir ce service eux-mêmes. Pensons aux pharmaciens en GMF; en 2014, ils étaient une poignée de pharmaciens d’établissement à faire cette pratique ô combien valorisante. Ils sont maintenant plus de 350, et ce chiffre ne fera qu’augmenter dans les années à venir, car les médecins qui ont goûté aux avantages de cette collaboration ne voudront pas revenir en arrière. Bien sûr, je suis moins qualifié pour discuter de cet aspect, mais je ne doute pas que les pharmaciens d’établissement, eux aussi, ont vu leur vie professionnelle complètement transformée en huit ans. Une chose est sûre, grâce aux lois 31 et 41, ils ont moins besoin de jongler avec des « arrangements » locaux… Mon premier éditorial paru dans Québec Pharmacie en avril 2017 débutait par une citation du Professeur X dans X-Men sur la mutation et l’évolution. Maintenant que je suis pharmacien « clinicien », je vais pouvoir augmenter le niveau avec les mots de Confucius : « Celui qui ne progresse pas recule chaque jour. »

« Nous méritons tous une salve d’applaudissements pour nos capacités d’évolution et d’adaptation. Oui, cela a alourdi notre charge de travail, et nos responsabilités, mais pour le plus grand bénéfice des patients. »

Bref, nous méritons tous une salve d’applaudissements pour nos capacités d’évolution et d’adaptation. Oui, cela a alourdi notre charge de travail, et nos responsabilités, mais pour le plus grand bénéfice des patients, ce qui est, et doit rester, notre objectif numéro 1. Honnêtement, n’êtes-vous pas plus prêts de vos attentes initiales alors que vous choisissiez la profession de pharmacien ? Bravo à tous. n Québec Pharmacie

mars – avril 2022

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