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Addictions et risques au travail

Alcool, tabac, drogues, médicaments : les addictions questionnent toute la société. En entreprise, il est possible d’agir dans le strict respect du dialogue social interne à l’entreprise et du Code du travail.

L’exemple publié page 23 de ce magazine en est la parfaite illustration.

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Médecin du travail à l’ASTAV (Association pour la santé au travail de l’arrondissement de Valenciennes), le Dr Benoît Collard nous rappelle les principes jurisprudentiels en matière de dépistage des addictions sur le lieu de travail par l’employeur ou lors de la visite médicale par le médecin du travail. L’un et l’autre doivent respecter ces principes :

- LÉGALITÉ : ce principe prévoit que le salarié soit informé par le biais du règlement intérieur.

- LÉGITIMITÉ : ce principe implique que le but poursuivi soit légitime : réaliser un dépistage pour prévenir un comportement contraire à la sécurité est un but légitime, réaliser un dépistage pour pouvoir justifier une sanction disciplinaire n’est pas un but légitime.

- PERTINENCE : ce principe restreint le champ d’application du dépistage aux postes de sécurité.

- PROPORTIONNALITÉ : ce principe implique de recourir à un test de dépistage le moins invasif possible pour atteindre l’objectif visé : un test salivaire ou urinaire sera préféré à un test sanguin.

Les statistiques de Santé publique France et celles de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (2020) sont là. Parmi les salariés d’une entreprise quelle que soit son activité,

- 31 % est concerné par le tabagisme,

- 11 % par l’abus d’alcool,

- 2 à 26 % par la consommation de cannabis (selon l’âge).

Pour le Dr Benoît Collard : « Mieux vaut prévenir que punir. C’est tout l’intérêt de proposer des ateliers de sensibilisation ».

Centre Hospitalier De B Thune Beuvry

- HôpitalLa prévention des TMS au cœur du bio-nettoyage

Situé au cœur de l’Artois et desservant un bassin de population de 210 000 habitants, le Centre hospitalier de Béthune Beuvry propose une offre de soins complète : urgences avec maison médicale de garde, médecine, chirurgie, cancérologie et maternité, soins de suite, moyen et long séjour, Ehpad. La qualité des soins dépend d’une fonction très méconnue : le bio-nettoyage des locaux. Près de 60 agents s’en acquittent quotidiennement. Devant l’augmentation des arrêts maladie d’une part et des restrictions d’aptitude médicale prescrites par le Dr Jean-Simon Guillot, médecin du travail à ACTION SANTÉ TRAVAIL, d’autre part, le CH Béthune Beuvry s’engage dans une démarche active et participative pour la prévention des TMS.

Le Dr Jean-Simon Guillot explique : « Dans l'ensemble des établissements hospitaliers, nous assistons, à l'occasion de la sortie de la crise du Covid, à une recrudescence des TMS, véritables décompensations cliniques, jusque-là contenues par la résilience des soignants pendant la crise. Les agents du bio-nettoyage sont concernés par ces décompensations, du fait de gestes soumis à des contraintes posturales élevées. Avec le Centre hospitalier de Béthune Beuvry, nous prenons le " problème à l'endroit ", en mettant en place un plan d'actions de prévention visant à réduire ces contraintes, avec Maïté Dessaint, ergonome à l'AST. Il faut saluer cette initiative : elle permet la reconnaissance et l'expression des agents chargés du bio-nettoyage ».

Une étape d’observations et d’analyse pour ouvrir des espaces d'échanges sur le travail

Maïté Dessaint explique : « En octobre 2021, j’ai pratiqué l’immersion de jour et de nuit, afin de connaître précisément l’activité de bio-nettoyage. J'ai eu l'occasion d'échanger avec les agents et ai bénéficié d'une totale confiance du Centre Hospitalier, qui m’a ouvert " toutes les portes ". À partir de mai 2022, j’ai animé des groupes de travail avec les agents de bio-nettoyage, pour identifier les solutions potentielles : glissance des bandes de nettoyage, hauteurs et nature des surfaces à nettoyer, poids et difficultés de préhension des équipements à déplacer, etc… Jusqu’aux problématiques d’organisation par rapport aux soignants. Bref, une approche globale, participative et pragmatique, qui a permis d’identifier des solutions précises ! »

Un plan d’actions avec échéancier

« La direction a donné à Mme Dessaint les « clés » de la maison pour qu’elle puisse s’imprégner au mieux des différents aspects de la profession. Quand à moi, j’ai pu échanger avec Mme Dessaint et l’équipe afin d’engager et mettre en place certaines actions au sein de l’équipe au plus vite, sans attendre le comité de pilotage », confirme Virgine Leleu, manager de l’équipe opérationnelle de bionettoyage. « Etant extérieure à l’établissement, elle a ouvert un dialogue très productif avec les équipes, créant ainsi une dynamique positive ». Cadre supérieur de santé, Virginie Gruchot complète : « Nous avons préservé cette dynamique avec la mise en place en octobre 2022 d’un Comité de pilotage, auquel participent des agents du bio-nettoyage. La direction des ressources humaines, le CHSCT, le service technique et le service des achats participent à ce Comité de pilotage. La transversalité n’est pas un vain mot : chacun écoute et comprend les contraintes de l’autre. Ce comité de pilotage a établi un plan d’actions avec échéancier. En 2023, la validation des avancées et l’actualisation des décisions seront effectuées, à chaque réunion trimestrielle ». Virginie Gruchot conclut : « Nous allons tous dans le même sens : être reconnus et donner du sens à notre travail afin que la qualité des soins et le bien-être du patient soit au rendez-vous ! »

Traitement de déchets ménagers La leptospirose, ce risque méconnu…

Sur l'Écocentre La Tuilerie de Grisolles, Veolia gère une installation de stockage de déchets non dangereux pour le compte de Valor'Aisne, le syndicat de traitement des déchets de l'Aisne. Ne proposant pas de services aux particuliers, ce centre de tri et de traitement contribue à l'élimination des déchets non dangereux ultimes, notamment ménagers. Grâce à l’expertise et au concours de PRÉSOA, service de prévention et de santé au travail, les six salariés du site ont bénéficié en septembre dernier d’une sensibilisation à un risque particulier : la leptospirose.

Depuis quatre ans, Dorothée De Vos dirige le centre de traitement : « Je sollicite régulièrement PRÉSOA sur les questions de santé et sécurité au travail. Tous les ans, le groupe Véolia organise une semaine « Santé Sécurité ». Cette année, à Grisolles, nous avons décidé de sensibiliser les salariés, les quatre agents, mon assistante et moi-même, au risque de leptospirose. Il s’agit d’une maladie bactérienne, qui existe dans le monde entier et qui est transmise par les rongeurs présents dans la nature. Les pêcheurs, les chasseurs sont souvent sensibilisés, car directement concernés. Nos agents, de par leur métier, peuvent être concernés ».

Leptospirose ?

La leptospirose est une maladie d’ordinaire bénigne, causée par une bactérie transmise par les rongeurs, notamment les rats à travers leurs urines. Dans le monde du travail, les égoutiers et les professionnels exerçant en milieu naturel sont particulièrement concernés. La maladie s’exprime par des symptômes s’apparentant à ceux de la grippe, tout en exposant à des formes graves : insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies (pulmonaires ou digestives). Sans notion d’exposition au risque, le diagnostic est souvent omis. La maladie est reconnue comme maladie professionnelle indemnisable1, sous conditions d’exposition et de diagnostic précis, notamment un séro-diagnostique positif.

La prévention comme solution !

Chez PRÉSOA Château-Thierry, le Dr Prince Kandolo assure le suivi de santé au travail des salariés du site de Grisolles avec son équipe de santé au travail, Mélanie Krikilion, technicienne hygiène et sécurité, et Fanny Foutreyn, infirmière de santé au travail. C’est lors d’une visite des locaux que l’équipe pluridisciplinaire a proposé une sensibilisation au risque de la leptospirose. Le port de vêtements de travail adaptés et le respect des règles d’hygiène sont strictement nécessaires. Il est impératif d’assurer le nettoyage et la désinfection de toute plaie, même superficielle. À noter qu’une vaccination existe : elle n’est pas obligatoire, elle est contraignante et ne protège pas contre toutes les formes de leptospirose.

La sensibilisation : une alliée essentielle pour la prévention

Fanny Foutreyn témoigne : « L’activité sur le site ne peut s’arrêter. Avec Mélanie Krikilion, nous avons mis au point et développé des séances courtes de sensibilisation adaptées aux activités de la structure. Ceci permet de répondre aux questions de chaque salarié, en privilégiant les échanges. Comment peut-on l’attraper ? Quels sont les premiers signes ? En cas de blessure, que faire ? Comment s’en protéger ? Telles sont les principales questions auxquelles nous avons répondu. Une documentation a été remise à chacun »

170 salariés

Céline Danvers, responsable des ressources humaines

Hélène Brousmiche, responsable HSE HAUTMONT

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