Le Magazine de l’Orchestre de chambre de Paris
SEPTEMBRE 2018 | n° 10
Mark Padmore
Focus Mark Padmore p. 6
Au cours de cette saison, le chanteur anglais se produit à deux reprises avec l’Orchestre de chambre de Paris : en septembre pour la soirée anniversaire de l’orchestre dans Les Illuminations de Britten et en février dans Le Voyage d’hiver de Schubert. Une programmation sur mesure pour ce mélodiste incomparable qui déploie son art dans celui des mots.
Grand angle
Retour sur
En travaux
La voix a de l’avenir
Une création qui se joue des âges et des origines
Mise en œuvre(s) collective
Le chant lyrique français se porte bien, l’émergence d’une nouvelle génération de chanteurs le prouve. Le métier de chanteur lyrique reste pourtant un parcours périlleux. Alors quelle motivation pousse de jeunes artistes sur cette voie ?
En juin dernier, l’orchestre a proposé une création musicale et scénique avec des personnes immigrées en apprentissage du français et des collégiens du 19e arrondissement au Musée national de l’histoire de l’immigration.
François-Frédéric Guy, artiste associé à l’Orchestre de chambre de Paris, lance une campagne inédite de financement participatif pour la commande d’une création au compositeur Aurélien Dumont.
Angélique Boudeville
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ÉDITO
Grand angle
La voix dans tous ses états.
La voix a de l’avenir
Ce numéro souhaite mettre en exergue la voix, le premier instrument de musique et le plus intime. La voix, c’est d’abord les chanteurs qui l’incarnent, notamment ceux de la génération montante. Ces jeunes talents parlent dans le « Grand angle » de leurs parcours, des années de formation à la scène. Ils dévoilent le choc lyrique des débuts, leurs motivations, les aléas de leur carrière, leurs attentes quant à un travail collectif et aux institutions françaises. Objet du « Focus » de ce magazine, une voix en particulier émerge, celle du ténor anglais Mark Padmore. Mélodiste incomparable, il déploie son art dans les mots pour faire sentir au public les parfums poétiques des textes qu’il porte. Cette forte personnalité se met modestement au service des auditeurs pour qu’ils reçoivent les chefs-d’œuvre au plus profond d’eux. Faire sortir sa voix en public relève d’une expression intime et d’une prise de risque, notamment lorsqu’elle véhicule une langue autre que celle de son origine. Venus d’Asie et d’Afrique, des apprenants en français immigrés ont livré leurs voix lors de la représentation d’Histoire des quatre coins du monde en juin dernier. L’article « Retour sur » raconte leur travail de toute une année avec une metteuse en scène, un coordinateur musical et quatre musiciens, des ateliers à l’aboutissement sur scène au Musée national de l’histoire de l’immigration. Quand la voix devient les voix, la multiplicité des expressions et des créations artistiques émerge. La rubrique « En travaux » révèle quant à elle la démarche inédite poursuivie par le pianiste François-Frédéric Guy et le compositeur Aurélien Dumont. Ils proposent une expérience immersive de création en associant le public à la genèse de l’écriture d’une partition contemporaine et à son financement participatif à partir de la plateforme de crowdfunding Proarti et avec le soutien de la Sacem. Une expérience à suivre cet automne. D’ici là, bonne lecture…
NICOLAS DROIN
Directeur général
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Stéphanie d’Oustrac
Le chant lyrique français se porte bien. Sabine Devieilhe, Cyrille Dubois, Florian Sempey brillent internationalement. Le métier de chanteur lyrique reste pourtant un parcours périlleux, entre succès et désillusions. Alors pourquoi s’accomplir par le chant ? Quelle motivation pousse de jeunes artistes sur cette voie étroite ?
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a voix est à l’origine de la musique. C’est Or phée, le cha nteu r mythique, qui commence son aventure, avec Monteverdi et les débuts du recitar cantando, puis avec Gluck et Rossini qui ont gravé dans le marbre l’héritage du bel canto des castrats. La voix, instrument naturel, est l’un des plus difficiles parce qu’il engage entièrement le corps. Chanter intimide et fascine. L’origine de la vocation remonte souvent à la jeunesse. « J’ai toujours aimé ça et j’en ai eu le besoin, sinon j’aurais fait du théâtre », confie Stéphanie d’Oustrac. « À onze ans, je suis entrée dans une maîtrise et le chef de chœur m’a proposé de me faire travailler
des solos. Il m’a dit que j’avais une jolie voix. Heureusement, elle est restée après la mue ! » Pour Diana Damrau, star du chant mozartien, le choc lyrique est la conséquence amusante d’une absence parentale. « Ils m’ont laissée seule devant la télévision. J’ai été bouleversée par Teresa Stratas incarnant Traviata dans le film de Franco Zeffirelli. Je me suis sentie prédestinée pour la carrière et je m’y suis jetée. »
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n peut aussi ne pas choisir d’emblée la voie de la voix. Ugo Rabec, jeune basse qui se produit
avec l’Orchestre de chambre de Paris le 11 décembre dans un Gala bel canto, n’avait rien prévu. « C’est elle qui m’a choisi. J’ai commencé le violon à quatre ans en me rêvant jazzman. Seize ans plus tard, au conservatoire, lors de cours de chant obligatoires dans ma formation, le professeur m’a fortement conseillé de me pencher sur une carrière lyrique. Six mois plus tard, il me recommandait de tenter une audition. C’est ainsi que j’ai commencé dans les chœurs de l’opéra de Nantes puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvé à l’école de l’Opéra de Paris. »
En France, des structures offrant aux jeunes artistes un lien entre leur formation et le monde du spectacle ont permis l’éclosion de nombreux talents.
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e choix du professeur, puis de la formation, est essentiel. Mais sur l’état de l’enseignement vocal en France, les avis divergent. Après une longue tournée d’inspection dans les conservatoires, le baryton JeanPhilippe Lafont dresse, dans son livre Avec voix et éloquence, un constat assez rude de l’enseignement du chant. « Deux ou trois professeurs excellents, deux ou trois bons, deux ou trois sérieux. C’est peu sur plus de cinquante. Un mauvais enseignant peut détruire une voix », affirme-t-il. Les concernés ont là de quoi débattre, mais il est vrai que quiconque se destine à une carrière lyrique doit être irréprochable quant à la conduite vocale, musicale et scénique. Le territoire français dispose de structures pour offrir aux jeunes artistes un chaînon manquant entre les années de formation et le monde du spectacle. Elles ont permis l’éclosion de nombreux talents. Les ténors Cyrille Dubois et Stanislas de Barbeyrac se sont bonifiés au sein de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris. Strasbourg possède l’Opéra Studio au
sein de l’Opéra du Rhin. Mais toutes ces structures ne sont pas au mieux de leur forme. À Marseille le CNIPAL, Centre national d’insertion professionnelle d’artistes lyriques, a fermé. On lui doit par exemple l’émergence de Ludovic Tézier, le baryton verdien de cette décennie. Repéré dans la cité phocéenne, son talent lui ouvre l’école de l’Opéra de Paris. Il y reçoit les conseils du regretté Michel Sénéchal. « Ce n’était pas des cours. Il y a dans ce mot une relation de sujétion qui me gêne. On n’est l’élève de personne, mais on travaille avec quelqu’un », insiste-t-il.
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l ’ i n s t i t u t io n n e l s u c c è d e nt aujourd’hui d’autres initiatives, comme les académies de chant. Elles ont souvent été lancées par les tenants du mouvement baroque. Ainsi, depuis une dizaine d’années, le Jardin des voix, voulu par William Christie, propose aux générations montantes une formation encadrée par une équipe de professionnels (chanteurs, chefs de chant, musicologues, conseillers linguistiques, etc.). Ils partagent leurs connaissances, pratiques et théoriques. Chaque floraison du Jardin a fait éclore des personnalités aujourd’hui incontournables : Léa Desandre, Marc Mauillon, Rei noud Va n Mechelen, Emmanuelle de Negri, Sonya Yoncheva, Xavier Sabata… La cinquième voix du lyrique, le registre de contre-ténor, y a trouvé naturellement sa place. Une prem ière génération en couve même déjà une deuxième. C’est ce que l’on a pu découvrir lors des masterclass de Philippe Jaroussky, à la Seine musicale. Car l’enseignement passe aussi par l’expérience des aînés. Les très grands, enregistrés pou r l ’ éter n ité, ser vent bien souvent de référence de cœur. Pour Ugo Rabec, c’est Cesare Siepi. « Cette légende du chant mozartien a enregistré des chansons de Cole Porter. Il établissait Ugo Rabec un pont entre les genres
lyrique et jazz que j’affectionne tous deux. Son impressionnante habileté à faire croire que c’est facile invente un côté crooner à la Sinatra qui m’inspire particulièrement. »
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u’ils soient en académie ou en solo, les chanteurs expriment souvent la nécessité d’un travail en commun. Actives jusque dans les années 1970, les troupes offraient au chanteur un apprentissage idéal. C’est ainsi que Marilyn Horne et Montserrat Caballé ont commencé leurs carrières, en chantant indifféremment Strauss et Mozart, Tchaïkovski ou Bizet, dans des opéras d’Allemagne et du Portugal. Chaque maison possédait une troupe. Elle était la garantie d’une situation fixe avec un début de carrière sécurisé. Attaché à une telle structure, l’interprète s’y aguerrissait à tout le répertoire. Les deux monstres sacrés évoqués ci-dessus ont ainsi pu tout aborder. Jusqu’au soir que tout interprète attend, celui du remplacement au pied levé d’une grande vedette, et qui permet souvent l’éclosion d’une carrière internationale. suite p. 4 >>
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our Ugo Rabec, « en France les troupes seraient un bon tremplin, mais malheureusement elles n’y existent plus ». Ce qui n’est pas le cas outre-Rhin, où le système est toujours vivace. Il continue d’être une pépinière de chanteurs, lesquels, plutôt que de courir après des premiers cachets souvent maigres (400 euros pour un petit rôle), disposent d’une sécurité financière et d’un laboratoire parfait pour se former à la scène et à l’endurance.
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a soprano colorature Diana Damrau a débuté ainsi. À Mannheim et à Francfort, elle intègre la troupe des opéras municipaux avant d’être repérée par Nikolaus Harnoncourt. C’est aussi le cas d’Anna Prohaska, qui ne tarit pas d’éloges sur la troupe. « Elle est idéale pour explorer de nouveaux rôles. On s’y sent protégé. J’ai commencé en Barbarina dans Les Noces de Figaro avant d’endosser les habits de Susanna. Chanter ce rôle m’a rendue nerveuse, mais pour Barbarina, j’étais encore plus morte de trac ! Or la troupe vous apprend justement à gérer votre stress. Il est bien plus constructif d’avoir peur en groupe ! »
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udovic Tézier lui doit beaucoup. Le baryton a pratiqué la troupe durant cinq années à Lucerne, une expérience précieuse pour se faire à
l’opéra. « Cela permet de se développer intelligemment. Si on privilégiait jadis ce système, ce n’était pas uniquement pour des raisons économiques. » Mais le baryton tempère l’enthousiasme de sa consœur berlinoise. « C’est un système d’apprentissage à redécouvrir, à condition de ne pas pratiquer une formule à l’allemande, trop lourde, où l’on peut broyer les voix en enchaînant sans repos des rôles disparates. Il faut d’abord respecter l’humain, savoir élever les chanteurs, les faire grandir ensemble. »
Une bonne carrière construite sur la durée entre aujourd’hui en contradiction avec la manie du jeunisme.
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’instrument voix est si délicat que le corps et l’esprit de l’interprète réclament une attention de tous les moments. Ludovic Tézier confie « écouter sa voix chaque matin. Nous discutons beaucoup ensemble. Elle est ma conscience. Je dois respecter ces deux bouts de tendons qui sont mon outil. Et je les sais fragiles. » Car l’hygiène de vie est essentielle au bon déroulé d’une carrière. « Rien de tel qu’une opération des cordes vocales pour vous apprendre à être plus prudent, s’exclame Stéphanie d’Oustrac. Travailler avec
mon orthophoniste, Bernard Roubeau, m’a aidée à respecter mon instrument et à gérer mon tempérament passionné. » L’attention à son corps et à ses capacités est d’autant plus essentielle qu’une carrière se construit sur la durée. Le choix des rôles est crucial afin de ne pas s’abîmer. Une bonne carrière va devoir s’inscrire sur le très long cours, au minimum vingt-cinq ans. Au-delà, c’est la voie de la grande longévité, celle d’un Placido Domingo ou d’une Leonie Rysanek. Or la carrière entre aujourd’hui en contradiction avec la manie du jeunisme. On veut des interprètes frais, beaux et séduisants. La demande de renouvellement est frénétique, la concurrence rude. Les chanteurs venus de l’ancienne URSS et de l’Extrême-Orient sont nombreux. Et le nombre de représentations pour employer tous ces interprètes n’augmente pas en proportion. Alors, une fois passé trente-cinq ans, que devient-on dans cet univers plus concurrentiel que jamais ? Cette demande n’est-elle pas en contradiction avec le temps de maturation nécessaire au talent pour se développer ? Interrogée à ce sujet, l’alto Nathalie Stutzmann avoue : « Il faut une vie pour savoir chanter. Je ne m’éclate vraiment que depuis six ans. Et j’ai trente ans de métier ! On ne maîtrise pas tout. Il faut des années d’acquisition avant de pouvoir chanter sans que le travail technique se remarque. »
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Nathalie Stutzmann
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ujourd’hui comme hier, grande est la tentation de passer en un clin d’œil de la Reine de la nuit à Traviata. Diana Damrau a attendu ses quarante ans pour se risquer à ce dernier rôle. Une grossesse, survenue à l’époque de la prise de rôle, est venue avantageusement transformer son organe vocal. Les hormones ont fait gagner à sa voix rondeur et une nouvelle consistance. Mais Diana a eu de la chance. Pour une chanteuse, être jeune mère est le plus souvent rédhibitoire. Les chefs d’orchestre et les directeurs de maison rechignent à engager une chanteuse enceinte, au prétexte d’une moindre disponibilité.
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eu reusement, le cha nteu r n’avance pas seul. Le coach, version holistique de l’ancien répétiteur, lui est devenu une figure indispensable. Alors que la sienne est plus qu’établie, Annick Massis continue d’avoir recours à un coach vocal. « Il serait prétentieux de dire que je peux tout préparer seule, même si la plus grande part me revient. La confrontation d’un travail personnel avec un coach est indispensable. D’autant que lorsque l’on arrive sur une nouvelle production, tout évolue encore. C’est une progression sans fin qui prend ses sources dans l’apport de chaque intervenant. Nous sommes tendus, ou alors nous n’avons pas le recul nécessaire pour tout comprendre tout de suite. Le coaching, Jean-Philippe Lafont, gouleyante basse, s’en est d’ailleurs fait une spécialité. » Il en est même venu à s’occuper des cordes vocales d’Emmanuel Macron.
d’excellence. Cela permet de concentrer les énergies dans des œuvres méconnues, souvent jamais portées à la scène depuis des siècles. Parnassus Productions cherche les investissements, trouve les partenaires et les budgets, crée la plaquette de présentation et établit le planning des tournées. Elle s’occupe notamment de faire connaître les jeunes chanteurs, privilégiant des relations étroites avec chacun, ce qui les aide à croître en excellence et en reconnaissance. Le futur du chanteur lyrique passera sans doute par une redéfinition de son statut dans la production musicale, et en renouant avec des habitudes passées, mais qui ont prouvé leur efficience. Vincent Borel
La voix est un instrument délicat ; le corps et l’esprit de l’interprète réclament une attention de tous les instants.
Stéphanie d’Oustrac
LES VOIX EN CONCERT AVEC L’ORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS
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ujourd’hui, un nouvel avenir économique se profile, qui promeut un retour aux structures premières de l’économie opéra. Un exemple intéressant est celui proposé par Parnassus Productions, fondé par le contre-ténor Max Emanuel Cenčic. Sa structure fédère autour d’un projet de recréation musicale, la plupart du temps des opéras du xviiie siècle, des chanteurs, un orchestre, une mise en scène. Indépendante, c’est elle qui passe contrat avec des maisons d’opéra pour y faire tourner des productions proposées clé en main. Elle conjugue à la fois l’expertise du chanteur lyrique et le sérieux de l’organisateur de spectacle. Ce fonctionnement s’inspire de l’économie de l’opéra telle qu’il se pratiquait dans les années 1650. L’œuvre était alors montée par un impresario et une troupe qui assuraient eux-mêmes la promotion et les tournées. Pour un répertoire exigeant, cette démarche est un gage
Stéphanie d’Oustrac chante Mozart
Gala bel canto, la jeune génération
La mezzo-soprano chante des extraits d’opéras - Nozze di Figaro, Idomeneo, La clemenza di Tito, Don Giovanni - et l’air de concert « Ch’io mi scordi di te ».
Découvrez les voix d’aujourd’hui dans ce programme réunissant des airs d’opéras de Bellini, Donizetti, Rossini et Bizet : la soprano Angélique Boudeville, la mezzo-soprano Katie Bray, la basse Ugo Rabec et le ténor Xabier Anduaga.
Jeudi 8 novembre, 20 h Théâtre des Champs-Élysées
Joyce DiDonato est Marie Stuart
Mardi 11 décembre - 20 h 30 Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie de Paris
Angélique Boudeville © Studio Photo 333 Katie Bray © Fizz Photography
Joyce DiDonato © Simon Pauly
Retrouvez la mezzo-soprano américaine dans la partition de Donizetti, l’une des plus emblématiques du bel canto. Jeudi 6 décembre - 20 h Théâtre des Champs-Élysées
Ugo Rabec © D.R. Xabier Anduaga © D.R.
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Mark Padmore, la passion des mots
Focus
Même si la suavité de son timbre met à genoux les salles les plus prestigieuses, Mark Padmore a toutefois construit sa carrière sur une prodigieuse capacité à extraire des textes abordés une saveur expressive toujours renouvelée. Rencontre avec un véritable chanteur poète.
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ans qu’il soit nécessaire d’émettre un quelconque jugement de valeur, force est de reconnaître que les chanteurs se divisent entre, d’un côté, les tenants d’une tradition tournée vers le beau chant comme une fin en soi et, de l’autre, ceux qui scrutent avant tout les parfums poétiques des textes qu’ils doivent porter. Mark Padmore s’inscrit résolument dans le second aréopage. Même si l’on rend les armes à l’écoute d’un chant galbé aux mille raffinements, on ne saurait nier que son art se déploie en premier lieu dans un art du verbe qui fait de lui un mélodiste incomparable.
« Je me considère essentiellement comme un chanteur se consacrant aux mots. »
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ans doute, sa formation très singulière joue-t-elle un rôle primordial dans l’éclosion de cette personnalité puissante, d’abord saisie par le piano et la clarinette avant de former sa vocalité au King’s College de Cambridge. Le ténor anglais n’a jamais caché son manque d’enthousiasme pour les déploiements pyrotechniques propres à des pans entiers du répertoire lyrique : « Je me considère essentiellement comme un chanteur se consacrant aux mots. Les idées et la pensée comptent plus pour moi que le bel canto, et que je chante une Passion de Bach, une mélodie de Schubert ou une pièce contemporaine, je suis avant tout animé par le désir de communiquer. Aussi bien Le Voyage d’hiver que Les Illuminations sont inspirés par une poésie très forte et c’est à cette combinaison de musique et de poésie que j’aimerais faire réagir l’auditoire. En ce sens, ces deux partitions se placent “au cœur” de ce que je souhaite réaliser. »
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ès les années 1990, le public français le découvre à travers ses collaborations avec William Christie et Les Arts Florissants, et il va sans dire que la tragédie lyrique ne favor ise nullement u n chant démonstratif. Un peu plus tard, il s’immerge dans l’univers du Cantor de Leipzig avec Philippe Herreweghe, devenant un Évangéliste déjà entré dans l’histoire – là encore, une esthétique reléguant les galbes mélodiques derrière la puissance déclamatoire. En mars 2018, Mark Padmore mène sa trajectoire « bachienne » en dirigeant le chœur et l’orchestre de l’Âge des Lumières dans la Passion selon saint Matthieu. Mais le ténor anglais accorde une attention particulière à l’échange musical avec les pianistes ou les orchestres avec lesquels il collabore, et réfute ici le terme de direction : « Les Passions de Bach n’ont jamais été conçues pour être dirigées de la même manière qu’une symphonie de Beethoven ou de Mahler est dirigée. Une partie tellement importante de la musique est, dans son essence, musique
de chambre. Avec l’Âge des Lumières, j’ai dirigé les répétitions mais je ne l’ai pas fait durant le concert public. Nous avons tenté de parvenir à une compréhension mutuelle de cette partition dans laquelle chaque chanteur s’investissait pleinement dans l’exécution. L’objectif était de se produire avec la plus grande attention possible à la pièce elle-même – de se produire, dans la mesure du possible, sans ego – et dans le but de permettre au public de ressentir ce chefd’œuvre du mieux possible. »
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a collégialité prend donc un sens particulier dans la bouche de Mark Padmore. Mais elle ne se cantonne pas au plateau musical. Pour cet artiste qui avoue volontiers son amour d’un contact direct avec son auditoire – y compris au travers d’un échange de regards avec les mélomanes assis devant lui –, il n’est nullement question que le public demeure passif : un concert se joue autant sur la scène que dans la salle à proprement parler. Que les privilégiés qui entendront ses Illuminations de Britten se le tiennent pour dit : « La poésie de Rimbaud paraît emplie d’images sauvages – elle est très visuelle – et le principal défi lorsqu’on interprète ce cycle consiste à donner au public l’opportunité de “voir” ces images qui passent très rapidement, comme un tourbillon. Il y a peu de narration – de ce fait, nous ne suivons pas réellement une histoire, mais l’interprète et l’auditoire doivent entrer dans le monde que Rimbaud et Britten conjurent. Je suis persuadé que la musique de Britten peut nous aider à voir ces images, mais nous devons travailler très dur pour être l’un actif et l’autre attentif. »
Pour cet artiste qui affectionne le contact avec le public, un concert se joue autant sur la scène que dans la salle.
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e concert consacré au Voyage d’hiver schubertien génialement revisité par Heinz Zender illustre la soif d’exploration inextinguible de Mark Padmore avec, comme corollaire, une méfiance marquée pour la routine : « Il s’agit probablement du cycle de mélodies le plus souvent interprété et enregistré. Ce fait peut nous convaincre que nous “connaissons” l’œuvre et, précisément,
lorsque nous la chantons ou l’écoutons, il existe un danger qui est que nous finissons finalement par entendre quelque chose que nous avons déjà reçu auparavant. La version de Hans Zender nous aide à nous “défamiliariser” de cette partition. Son orchestration étrange accorde la prééminence à des détails de l’écriture pour piano qui sont souvent considérés comme allant de soi. Certaines parties de la musique sont également transformées et fragmentées, ce qui conduit à une expérience plus expressionniste. J’aime me confronter de cette façon à une musique familière car cela nous offre la chance d’entendre une pièce comme pour la première fois. »
plus importante, même s’il y fait très attention. La plupart du temps, cela nous conduit à une expérience différente de la musique et un engagement intelligent au niveau du texte. La manière la plus juste d’aborder cette question est peutêtre d’utiliser l’image d’une cuisine différente. On ne s’attend pas à goûter un plat indien de la même manière qu’on apprécie un plat italien mais tous deux peuvent se révéler délicieux. » Yutha Tep
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ussi fascinante soit-elle, cette ouverture musicale n’est certes pas l’apanage du seul Mark Padmore. Depuis au moins l’illustre Peter Pears (1910-1986), l’interprète insurpassable des Illuminations, Albion est prodigue en ténors poètes – outre Mark Padmore, on pense naturellement à son confrère Ian Bostridge : « Le “ténor anglais” n’est pas du goût de tout le monde parce qu’il se situe en dehors du style de chant de type belcantiste. Pour lui, la production du son et de l’harmonie ne constitue pas la préoccupation la
PROCHAINS CONCERTS AVEC L’ORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS Mercredi 19 septembre – 20 h Théâtre des Champs-Élysées Joyeux anniversaire !
Arthur Lavandier
Le Périple d’Hannon Création mondiale pour ténor et orchestre
Britten
Jeudi 14 février – 20 h Théâtre des Champs-Élysées Nuit d’hiver avec Schubert
Douglas Boyd
Schubert
Ravel
Winterreise Le Voyage d’hiver revisité par Hans Zender Symphonie n° 8 en si mineur « Inachevée »
Mozart
Douglas Boyd, direction
Les Illuminations Tzigane Symphonie n° 40 en sol mineur
Mark Padmore, ténor
Douglas Boyd, direction Mark Padmore, ténor James Way, ténor Deborah Nemtanu, violon P. 7
Histoire des quatre coins du monde Le spectacle qui se joue des âges et des origines
Retour sur…
Avec Histoire des quatre coins du monde, l’Orchestre de chambre de Paris prolonge son action auprès des personnes immigrées et des collégiens du 19e arrondissement. Un processus interdisciplinaire dirigé par Aurélie Rochman et Mark Withers, au terme duquel les participants sont montés sur scène.
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a légende met en scène des animaux qui, privés de pattes, ne peuvent pas échapper au chasseur qui les traque. Pour y remédier, un seul recours : Dieu, qu’ils supplient de les doter de membres. Mais, une fois pourvus, ils ne sentent toujours pas l’odeur de l’homme qui approche – si bien que le lion est abattu. Alors, Dieu crée le vent qui les avertira du danger... Cette fable ouvre Histoire des quatre coins du monde, une création collective dont la représentation, en juin 2018, a été l’aboutissement de sept mois de travail impliquant de multiples partenaires. Un projet interdisciplinaire et participatif
complexe, mais passionnant, qui prolonge les actions de l’Orchestre de chambre de Paris auprès des personnes migrantes.
Un projet interdisciplinaire et participatif qui rassemble des personnes différentes.
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a légende continue quand un crocodile renverse la pirogue sur laquelle quatre vaches avaient embarqué. La mésaventure est réellement survenue au grand-père
Collégiens du 19e arrondissement au forum du Musée national de l’histoire de l’immigration
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d’Ahmadou Tidjani Fofana, quand il transportait du bétail sur un fleuve du Sénégal. Ahmadou a vingt-sept ans et, arrivé dans notre pays début 2017, il apprend le français au sein des ateliers socio-linguistiques d’Espace 19 Riquet, une association citoyenne du 19 e arrondissement. Sollicité pour contribuer à Histoire des quatre coins du monde, il a sauté sur la proposition : « J’ai été facile à convaincre, parce que c’est un projet convivial et qui rassemble des gens différents. Même si ça a été parfois compliqué, comme le sont toutes les premières expériences ! » Comme pour Chansons migrantes l’année précédente, Histoire des quatre coins du monde convoque une troupe interculturelle et intergénérationnelle, par le biais d’un partenariat avec des centres sociaux (Espace 19 Riquet, J2P, Maison du BasBelleville) et une classe de quatrième du collège Mozart (19e). « Des passerelles existent entre ces apprenants en français et des collégiens qui ont presque tous un parent né à l’étranger. L’objectif était donc de favoriser l’émulation entre des adolescents et des adultes récemment immigrés », explique Amélie Eblé, chargée des actions culturelles et éducatives de l’orchestre. Tout en rappelant que, dans un tel projet, « le processus lui-même est au moins aussi important que le résultat ».
Participants et public au forum du Musée national de l’histoire de l’immigration
« Ils ont dépassé leurs peurs avec beaucoup de courage ».
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n processus d’autant plus en r ich i ssa nt q u’ i l deva it composer avec un cumul de contraintes : participants néophytes, choc des cultures, barrière de la langue... Et un défi supplémentaire par rapport à Chansons migrantes : cette fois, tout le monde avait pour vocation de monter sur scène pour la représentation finale. Une gageure, confiée à un duo déjà aguerri sur des missions communes : Aurélie Rochman et Mark Withers. La première, metteure en scène, s’est appliquée à collecter les histoires (fables, contes, souvenirs plus ou moins romancés) des apprenants en français, la plupart originaires d’Afrique subsaharienne et d’Asie. « Tout ce qu’ils racontaient avait trait à nos travers et nos émotions d’êtres humains », détaille-t-elle. En compagnie des collégiens cette fois, elle a ensuite entrepris un travail d’écriture, pour dégager un fil narratif : « Je me suis emparée de cette matière pour imaginer quatre personnages qui observent le monde avec des questionnements plus ou moins philosophiques. Puis, de nouveau avec les apprenants, il a fallu motiver ceux qui les incarneraient. Les adultes doivent être poussés et rassurés à la fois. » Une mission qui incomba notamment à Magdalena Dubray, coordinatrice des ateliers sociolinguistiques de l’Espace 19 Riquet, qui explique : « Nous avons réussi à impliquer une vingtaine d’apprenants, avec les difficultés d’un projet élaboré sur le long terme : découragement, contraintes professionnelles, ramadan, etc. À l’arrivée, trois hommes et une femme ont interprété un personnage sur scène, dans une langue qui n’est pas la leur. Ils ont dépassé leurs peurs et leur timidité avec beaucoup de courage, ils se sont découvert des talents d’orateurs,
tout en nouant des relations avec des collégiens français. L’apprentissage, c’est aussi l’ouverture au monde. »
« L’art n’est jamais déconnecté de son contexte social et politique ».
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ark Withers, compositeur et instrumentiste qui collabore d e pu i s t r oi s a n s ave c l’Orchestre de chambre de Paris, a mis les histoires en musique. « Mon travail, c’est d’abord de savoir écouter », dit-il pour expliquer qu’il s’est nourri des propositions formulées par les adultes et les adolescents. Le challenge étant d’orchestrer un ensemble composé de collégiens inexpérimentés et de cinq instrumentistes aguerris de l’orchestre (Nicolas Alvarez, Hélène Lequeux, Mirana Tutuianu, Étienne Cardoze et Caroline Peach). « L’art n’est jamais déconnecté de son contexte social et politique, pose Mark Withers. Mais, dans la salle de répétition, tout le monde doit être impliqué au même niveau. » Plusieurs rendez-vous ont émaillé le processus de création : concert pédagogique pour les collégiens autour de Ma Mère l’Oye de Ravel à la Philharmonie de Paris, première rencontre des différents participants lors d’un concert de l’orchestre au Théâtre des Champs-Élysées, visite avec les adolescents du Musée national de l’histoire de l’immigration... Trois semaines avant la représentation, les répétitions collectives ont permis de mettre en place le spectacle lui-même, au début duquel les animaux sans pattes, incarnés par quatre collégiens, évoluent sur un rythme de samba joué par leurs camarades de classe avec un arsenal de percussions. Une création originale pour laquelle la violoniste Hélène Lequeux s’est portée volontaire,
comme elle l’était déjà sur Chansons migrantes : « C’est un engagement personnel. Le travail avec les migrants m’interpelle. La musique permettant de dépasser la barrière de la langue, je les vois se désinhiber, interagir et peut-être trouver un moment de détente dans un quotidien difficile. » Toute récente recrue de l’orchestre, la contrebassiste Caroline Peach (26 ans) enchaîne : « Je ne peux pas séparer mon activité artistique d’un engagement citoyen. De cette manière, j’ai l’impression de rendre à la société un peu de ce qu’elle m’a offert. » Le 29 juin, la représentation s’est déroulée au Musée national de l’histoire de l’immigration, selon un dispositif bifrontal qui imposait aux musiciens et comédiens d’évoluer au plus près des spectateurs. Aucune difficulté n’aura donc été épargnée aux participants, qui ont abordé chaque obstacle avec un enthousiasme grandissant à mesure du processus créatif. Au cours d’un des premiers ateliers, alors que la troupe répétait sa samba dans une cacophonie approximative mais généreuse, Mark Withers s’exclama : « C’est magnifique ! » Éric Delhaye
Caroline Peach, contrebassiste, et les collègiens
> SOUTIEN La Fondation Daniel et Nina Carasso est une fondation familiale créée début 2010, en mémoire du fondateur de Danone en France et aux États-Unis, et de son épouse. En soutenant des initiatives dans les domaines de l’alimentation durable et du rapport entre le citoyen et l’art, elle a pour objectif de concourir à l’épanouissement de l’être humain et à la préservation de notre environnement.
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Mise en œuvre(s) collective Cet automne, avec le soutien de la Sacem, François-Frédéric Guy, artiste associé à l’Orchestre de chambre de Paris, lance une campagne de financement participatif pour la commande d’une œuvre contemporaine… Une première pour cet interprète !
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’appel au don via de grandes campagnes de financement pa r t icipat if n’est pas u ne nouveauté dans l’univers de la musique. Si des projets ont réussi leur lancement par crowdfunding, recrutant ainsi donateurs, abonnés et followers en tous genres, très peu sont centrés sur l’artiste lui-même dans une démarche d’association de son public à un projet de commande d’un interprète à un compositeur.
Cette initiative est avant tout le fruit d’une rencontre artistique et humaine entre deux protagonistes : Aurélien Dumont et François-Frédéric Guy.
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e projet est en effet le fruit de la rencontre artistique et humaine entre deux fortes personnalités : Aurélien Dumont et François-Frédéric Guy. Le premier, un des jeunes compositeurs français les plus prometteurs, dont la musique mêle influences littéraires, japonaises et « musique du passé » (baroque et classique), pensionnaire de la Villa Médicis en 2017-2018. Le second, pianiste, concertiste, chambriste et chef d’orchestre, aguerri à l’œuvre de Beethoven, « gourmet des sons » et pratiquant le joué-dirigé (la direction de l’orchestre sans chef depuis son instrument) depuis 2012.
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Aurélien Dumont
« Notre première rencontre a eu lieu lors du festival Sonik de Quimper où François-Frédéric a créé une pièce pour piano solo, Other Pages, que j’avais écrite en écho aux Bagatelles (opus 126) de Beethoven » indique Aurélien Dumont. Très vite, les deux artistes ont souhaité aller plus loin dans leur rencontre et travailler ensemble sur la création d’un concerto en joué-dirigé, une pratique répandue du temps de Mozart et Beethoven mais totalement absente du paysage de la musique contemporaine. Cette commande sur mesure, véritable première dans le monde de la musique contemporaine, a pour ambition de restituer l’énergie, la virtuosité du piano, l’osmose entre musiciens et de mettre en scène la tension entre direction et interprétation. Cette approche originale s’intègre totalement dans la ligne artistique de l’Orchestre de chambre de Paris qui a fait de la technique du joué-dirigé l’un des piliers de son travail ces dernières années, notamment à travers la Paris Play-Direct Academy, académie spécialisée dans cette pratique à l’attention des jeunes solistes internationaux.
Chaque donateur sera véritablement plongé dans l’alchimie de la création.
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’autre originalité du projet est l’appel au public. « Je veux permettre au public de partager notre démarche. Il va pouvoir suivre, étape par étape, la création et en devenir acteur », précise François-Frédéric Guy. Dès le mois d’octobre, ses fidèles pourront contribuer à la commande de l’œuvre d’Aurélien Dumont à partir de Proarti, une plateforme de financement participatif spécialisée dans la création a r t ist iq ue et la démocrat isat ion
En travaux
François-Frédéric Guy
culturelle. Mieux encore, la SACEM assurera le soutien de ce nouveau dispositif en abondant de 50 % chaque don fait par un particulier. Chacun pourra ainsi devenir mécène de cette aventure artistique et sera véritablement plongé dans l’alchimie de la création. Tout naturellement, l’initiative est relayée par l’Orchestre de chambre de Paris, qui développe un compagnonnage artistique avec François-Frédéric Guy depuis trois ans, auquel se joint l’Opéra de Limoges. Ensemble, ils assureront la création de cette nouvelle pièce lors de la saison 2019-2020. Ce n’est donc pas une énième campagne de mécénat participatif qui est proposée ici, mais plutôt une occasion unique de participer à un projet prestigieux, mené par deux artistes exceptionnels et porté par une institution d’excellence, pour le plus grand bonheur de son public ! Avec la contribution d’Axelle Roi, rédactrice & fundraiser indépendante
EN SAVOIR PLUS Dispositif « Mise en œuvre(s) » porté par la SACEM et Proarti, plateforme de mécénat participatif dédiée à la création artistique et à la découverte culturelle. www.orchestredechambredeparis.com/miseen-oeuvres/ www.proarti.fr/operation/mise-en-oeuvres www.sacem.fr
EN CONCERT Cette création d’Aurélien Dumont interprétée par François-Frédéric Guy sera donnée en concert à l’Opéra de Limoges le 11 octobre 2019 et au Théâtre des Champs-Élysées à Paris en avril 2020.
Actualités L’ORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS FÊTE SES QUARANTE ANS ! À voir et à lire Tout sur l’Orchestre de chambre de Paris ! À l’occasion de ses quarante ans, l’orchestre vous fait découvrir le cœur de son univers à travers une série de contenus originaux. Baladez-vous dans Paris accompagné par Nicolas Lafitte et sa vidéo Bloc-notes en passant par les lieux qui ont marqué l’histoire ou qui font aujourd’hui l’actualité de l’orchestre. Entrez dans l’intimité des musiciens grâce à une série inédite de mini-vidéos dans lesquelles chacun d’eux révèle un souvenir ou une expérience marquante. En version brochure ou sur le blog, l’Abécédaire vous éclaire sur les multiples facettes de l’orchestre. Incollable sur l’orchestre ? Rendez-vous sur nos réseaux sociaux pour différents jeux concours tout au long du mois de septembre.
Lancement de l’action avec le centre d’hébergement d’urgence Bastion de Bercy L’Orchestre de chambre de Paris et les équipes du centre d’hébergement d’urgence Bastion de Bercy, en collaboration avec les équipes de la mairie du 12e arrondissement et avec le soutien de la Fondation Ardian, s’engagent à partir de fin septembre dans une action destinée aux enfants des familles hébergées scolarisés autour du centre. Il s’agit notamment de proposer aux écoles qui les accueillent de travailler avec les musiciens, en relation avec le centre d’hébergement. L’objectif est de faciliter leur intégration dans le tissu local. À cela s’ajoutent d’autres initiatives dont des propositions de parcours éducatifs pour les élèves de classes élémentaires de l’arrondissement et des concerts pédagogiques pendant lesquels les enfants, intégrés à l’effectif des musiciens, vivent l’expérience de l’orchestre de l’intérieur. Avec le soutien de la Fondation Ardian
Carte blanche à François-Frédéric Guy / Opus 1 & 2 Aucun défi ne semble l’intimider. Il est vrai qu’après tant d’intégrales des sonates ou des concertos pour piano du maître de Bonn données dans la même journée, le pianiste français n’a plus à démontrer son extraordinaire force mentale ni son endurance pianistique. Au-delà du tour de force, que permet une maîtrise instrumentale
sans faille, ces aventures musicales illustrent la passion que François-Frédéric Guy éprouve pour son art et la musique.
Artiste associé de l’Orchestre de chambre de Paris, il se lance dans une nouvelle aventure insensée : jouer et diriger lors de deux concerts les Concertos nos 22 et 23 de Mozart et les Concertos nos 1 et 2 de Brahms. Toujours autour de ces deux compositeurs, il retrouve un quatuor à cordes de l’orchestre pour un concert de musique de chambre à la salle Cortot.
Deux événements pour un anniversaire Une soirée spéciale au Théâtre des Champs-Élysées Mercredi 19 septembre - 19 h Une soirée anniversaire animée par Nicolas Lafitte avec un programme qui explore trois siècles de musique : la 40e Symphonie de Mozart, Tzigane de Ravel, Les Illuminations de Britten, Le Périple d’Hannon, création mondiale d’Arthur Lavandier, et quelques surprises…
Une journée festive au Centquatre-Paris Samedi 22 septembre – de 11 h à 22 h 30 Tout au long de la journée, l’orchestre vous invite à des événements musicaux pour tous : un conte musical pour parents et enfants, un programme découverte et immersif pour toute la famille, un apéro cuivré, un concert réunissant des best of du classique et un after lounge jazz et classique. Information et réservation : www.orchestredechambredeparis.com
au théâtre Claude Debussy de Maisons-Alfort et au théâtre Jean Vilar de Suresnes. La musicienne prête doigts et souffle à l’évocation des personnages de La Flûte enchantée de Mozart, dans un arrangement qui met particulièrement en valeur la voix de la flûte. Elle interprète le virtuose et volubile Concerto de Jacques Ibert et le Concerto pour flûte no 1 de Mozart. Au programme également, Le Tombeau de Couperin dans lequel Ravel exalte le souvenir des morts de la Grande Guerre et évoque avec nostalgie, et impertinence aussi, le raffinement du classicisme français. En contraste, la Deuxième Symphonie de Beethoven dont la création suscita ces commentaires : « bizarre, sauvage et criarde », « un dragon qui n’en finit pas de mourir »… La critique désarmée prit pour du maniérisme ce qui était, en réalité, une révolution musicale !
Jeudi 4 octobre – 20 h Mercredi 24 avril – 20 h Théâtre des Champs-Élysées Samedi 23 mars – 15 h Salle Cortot
L’orchestre et la flûtiste Magali Mosnier aux théâtres Claude Debussy de Maisons-Alfort et Jean Vilar de Suresnes L’Orchestre de chambre de Paris et son directeur musical Douglas Boyd accueillent la jeune et brillante flûtiste Magali Mosnier, premier pupitre de l’Orchestre philharmonique de Radio France et Victoire de la musique 2016, pour deux concerts
Vendredi 23 novembre 2018, 20 h 45 Théâtre Claude Debussy – Maisons-Alfort Information et réservation : theatredemaisons-alfort.org Dimanche 25 novembre 2018, 17 h Théâtre de Suresnes Jean Vilar Information et réservation : theatre-suresnes.fr P. 11
Agenda
À voir et à revoir
19 septembre 20 h
22 septembre 11 h - 22 h 30
Théâtre des Champs-Élysées Concert anniversaire Douglas Boyd / Mark Padmore / James Way / Deborah Nemtanu
LE CENTQUATRE-PARIS Journée anniversaire et festive Événements musicaux pour tous
4 octobre 20 h
11 octobre 20 h
Théâtre des Champs-Élysées Carte blanche à François-Frédéric Guy Mozart / Brahms
Théâtre des Champs-Élysées Violoncelle romantique David Reiland / Victor Julien-Laferrière
16-17 octobre 20 h30
30 octobre 20 h
LES FLIBUSTIERS DU QLASSIK AU CENTQUATRE-PARIS ET EN VIDÉO En 2 0 1 7- 2 0 1 8 , l’Orchestre de chambre de Paris, le centre pénitentiaire de MeauxChauconin et le Théâtre Paris Villette se sont associés autour d’un projet d’écriture de textes et de leur mise en musique par les détenus Pedro Alfaroc, Diabla, Salem et Mozart, encadrés par le rappeur Ménélik et un quatuor à cordes (Franck Della Valle et Raphaël Aubry, violons, Claire Parruitte, alto, Sarah Veilhan, violoncelle). Les ateliers qui se sont déroulés depuis l’automne 2017 ont donné lieu à des représentations en janvier 2018 au centre pénitentiaire de Meaux et dans le cadre du festival Vis-à-Vis organisé par le Théâtre Paris Villette. Les détenus s’y sont produits sur scène aux côtés de Ménélik et des musiciens de l’orchestre. Retrouvez-les au Centquatre en novembre pour une reprise de leur création et sur le reportage vidéo « Les Flibustiers du Qlassik ».
Samedi 10 novembre 19 h LE CENTQUATRE-PARIS
YouTube : Orchestre de chambre de Paris / Les Flibustiers du Qlassik
Orchestre de chambre de Paris 221 avenue Jean Jaurès - 75019 Paris
Cathédrale Notre-Dame de Paris Magnificat Marzena Diakun / Maîtrise NotreDame de Paris / Henri Chalet
Théâtre des Champs-Élysées Mozart romantique Sascha Goetzel / Momo Kodama
8 novembre 20 h
6 décembre 20 h
Théâtre des Champs-Élysées Stéphanie d’Oustrac chante Mozart Jonathan Cohen / Stéphanie d’Oustrac
Théâtre des Champs-Élysées Marie Stuart Speranza Scappucci / Joyce DiDonato / Carmen Giannattasio / René Barbera / Nicola Ulivieri / Marc Barrard / Jennifer Michel / Ensemble Lyrique Champagne-Ardenne / Sandrine Lebec
L’Orchestre de chambre de Paris reçoit les soutiens de la Ville de Paris, la Drac Île-de-France – ministère de la Culture et de la Communication, des entreprises partenaires, d’accompagnato, cercle des donateurs de l’Orchestre de chambre de Paris, et de la Sacem qui contribue aux résidences de compositeurs. Licence d’entrepreneur de spectacles : 2-1070176 Dépôt légal : ISSN 1769-0498 Programmes et informations donnés sous réserve d’erreurs typographiques ou de modifications. Ne pas jeter sur la voie publique. Réalisation et coordination Service communication : Emilie Tachdjian, Gilles Pillet Conception graphique : Agence Mixte Relecture : Christophe Parant
11 décembre 20 h 30
20 décembre 20 h
Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie de Paris Gala bel canto, la jeune génération Douglas Boyd / Angélique Boudeville / Katie Bray / Xabier Anduaga / Ugo Rabec
Théâtre des Champs-Élysées Piano con brio ! Lars Vogt
Retrouvez tous les programmes des concerts sur orchestredechambredeparis.com Renseignements et réservations : 09 70 80 80 70 du lundi au vendredi de 11 h à 13 h et de 14 h à 18 h
#OCP1819 orchestredechambredeparis.com
Crédits photo : Couverture Focus : Mark Padmore © Marco Borggreve Grand angle : Angélique Boudeville © Le Studio Retour sur : Histoire des quatre coins du monde © Olivier Jobard En travaux : Francois-Frédéric Guy © Caroline Dourtre Grand angle Stéphanie d’Oustrac © Perla Maarek Ugo Rabec © D. R. Nathalie Stutzmann © Simon Fowler
Focus Mark Padmore © Marco Borggreve Retour sur Histoire des quatre coins du monde © Olivier Jobard En travaux Aurélien Dumont © D. R. Francois-Frédéric Guy © Caroline Dourtre Actualités Anniversaire © Séverine Assous Bastion de Bercy © Axel Dahl Francois-Frédéric Guy © Caroline Dourtre Magali Mosnier © wildundleise.de Agenda Douglas Boyd © Jean-Baptiste Millot Illustration 40 ans © Séverine Assous Francois-Frédéric Guy © Caroline Dourtre Victor Julien-Laferrière © D. R. Marzena Diakun © Lukasz Rajchert Momo Kodama © Marco Borggreve Stéphanie d’Oustrac © Perla Maarek Joyce DiDonato © Simon Pauly Katie Bray © Fizz Photography Lars Vogt © Giorgia Bertazzi Flibustiers du Qlassik © Jérémie Schellaert Impression : Imprimerie Chartrez