0 € – NUMÉRO 4
SAMEDI 13 JUIN 2015
ERIALIPSE.PE.HU
CONGRÈS DU PARTI SOCIALISTE
Valls vante Hollande et tacle Sarkosy PAGE 2
POLÉMIQUE. L’Allemagne pourrait avoir espionné des pays Européens Page 3
MONDE. Les Luxembourgeois refusent le droit de vote aux étrangers Page 6
SOCIÉTÉ. La loi sur le renseignement est elle vraiment une surveillance de Masse ? Page 10-11
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N°4
POLÉMIQUE
Valls vante Hollande et tacle Sarkosy Le Premier minitsre s'est exprimé devant les militants socialistes, samedi 6 juin, lors du 77e congrès du PS à Poitiers...
C’est un Manuel Valls assembleur, qui s’est longuement exprimé, ce samedi devant les militants du parti socialistes, réunis à Poitiers pour le 77e congrès du Parti Socialiste, qui a lieu jusqu’à dimanche.
de notre temps » qu’est la lutte contre le djihadisme.
« La France est à la hauteur de son rang de grande puissance. Elle est intervenue au Mali, au Sahel, en Irak pour combattre Daech. Soyons fiers de nos soldats, de celles et ceux qui défendent notre drapeau ! Soyons fiers, aussi, du Président de la République qui incarne avec courage Applaudi debout lorsqu’il la voix de la France ! » a rendu hommage à Du côté des annonces, l’action de Manuel Valls a promis François samedi aux socialistes Hollande, que le gouvernement jugeant qu’il allait « réussir », « incarne avec notamment en courage la voix engageant « le de la France », prélèvement à la Manuel Valls a source de l’impôt sur le évoqué « le revenu, première grand combat étape d’une 2
modernisation de notre (…), ce n’est pas régler ses comptes imposition », lors du personnels », a poursuivi le Premier congrès de Poitiers. ministre selon lequel la nouvelle formation Les « Je connais nos débats. Le gouvernement est Républicains, « c’est la synthèse attentif, à l’écoute de entre les fausses promesses de 2007 ce qui se dit dans le parti, et le discours halluciné de Grenoble aux attentes exprimées [sur la délinquance et l’immigration, par les socialistes », a-t-il en 2010]. En guise de renouveau, un ajouté, alors que cette grand retour en arrière ! » proposition fait l’objet de toutes les orientations Le Premier ministre a par ailleurs politiques déposées lors indiqué que le gouvernement de ce congrès. prendra ses responsabilités sur le Pacte, si le patronat ne respecte pas Sarkozy, « un ses engagements en contrepartie problème pour le des aides publiques accordées aux entreprises. pays » Lors de son discours, Manuel Valls a également égratigné Nicolas Sarkozy, affirmant que « par ses pratiques dans l’opposition, Nicolas Sarkozy (était) déjà un problème pour le pays ». « Faire de la politique
« Nous attendons qu’ils tiennent leurs engagements », a dit le Premier ministre au sujet des représentants du patronat devant le congrès du PS à Poitiers. « Ce rendez-vous approche (sur l’évaluation du Pacte) : chacun prendra ses responsabilités, et le gouvernement prendra les siennes ! » SOURCE : Agence
Premières Lignes
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POLÉMIQUE
N°4
L'Allemagne pourrait avoir espionné des pays d'Europe Siège des services secrets allemands en chantier. Photo AFP
Selon la presse, les services secrets allemands auraient collecté des données sur leurs voisins européens pour le compte... de la NSA américaine. Une enquête a été ouverte.
Une enquête a été ouverte par le parquet fédéral belge après les informations faisant état d’un espionnage à grande échelle en Europe par les services secrets allemands BND pour le compte de leurs homologues américains de la NSA. «Nous confirmons l’ouverture d’une information judiciaire», qui correspond en Belgique à une enquête préliminaire confiée aux services de police, a déclaré Jean-Pascal Thoreau, porte-parole du parquet fédéral. Le journal « De Tijd », qui a révélé l’information, précise que cette enquête a été ouverte vendredi. «Son objectif est de
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s’informer sur la nature exacte des faits qui pourraient avoir été commis et qui pourraient être reprochés, suite aux informations parues relativement à ce problème», a ajouté Jean-Pascal Thoreau. Deux enquêtes avaient déjà été confiées par le gouvernement belge à l’IBPT, l’organisme belge de régulation des télécoms, et à la Sûreté d’Etat, les services de renseignement belges. «S’il devait apparaître que les informations faisant état de pratiques d’écoutes à grande échelle» des services secrets allemands étaient «correctes», l’Allemagne devrait «fournir des
explications», avait déclaré le ministre belge des Télécoms, Alexander De Croo, le 29 mai, dans un communiqué. «Ce serait particulièrement piquant quand on se souvient de la réaction ferme de la chancelière (Angela) Merkel après qu’il est apparu que son téléphone mobile avait été mis sur écoute par les services de renseignement de la NSA. Merkel avait alors immédiatement téléphoné à (Barack) Obama pour lui demander de plus amples explications», avait-il relevé. Au coeur de cette affaire, révélée début mai, figure la collaboration –
volontaire ou non– des services de renseignements allemands (BND) avec la NSA américaine. La NSA aurait ainsi fourni au BND des listings d’adresses mail et de numéros de portables à espionner, notamment en Europe, sous couvert de lutte contre le terrorisme, entre 2005 et 2008. Mais elle en aurait profité pour surveiller des hommes politiques et des ministères en Europe, ainsi que des entreprises stratégiques, notamment dans le secteur de la défense.
SOURCE : Tijd »
AFP/ « De
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N°4
MONDE Au Pakistan, l'inquiétant essor d'un petit frère de l'État islamique
Les corps des victimes d'une attaque revendiquée par l'organisation Etat Islamique
Derrière la première attaque revendiquée par l'Etat islamique au Pakistan, le mois dernier à Karachi, pointe l'ombre du LeJ, un groupe armé anti-chiite local dont les autorités craignent qu'il ne soit la tête de pont de l'expansion du «califat» jihadiste dans le pays. Le 13 mai à Karachi, la mégalopole du sud pakistanais, plusieurs hommes armés ont pris 4
dix ans chez lui à d’autres groupes armés islamistes, les talibans et Al-Qaïda, a toujours nié toute présence de l'EI sur son territoire.
A Karachi, des d'assaut un bus peuplé enquêteurs estiment que d'ismaéliens, membres l'attaque du bus a été de la minorité chiite, et échafaudée et menée exécuté 45 d'entre eux. par le Lashkar-e-Jhangvi (LeJ). Ce mouvement Elle a été officiellement extrémiste sunnite est revendiquée par l'Etat connu comme le islamique (EI), une principal groupe armé première pour une «tueur de chiites» du attaque au Pakistan, à Pakistan, auteur des des milliers de km de la attentats les plus base du «califat» en Irak sanglants perpétrés et en Syrie. contre cette minorité (qui représente environ Le gouvernement 20% de la population en pakistanais, déjà majorité sunnite) ces confronté depuis plus de dernières années.
«L'un des suspects (de l'attaque du bus) arrêté a des liens avec le LeJ», déclare à l'AFP l'un des enquêteurs sous couvert d'anonymat. Selon plusieurs enquêteurs, le LeJ a perpétré cette attaque très médiatisée «pour attirer l’attention de l'EI et son soutien financier». Selon un cadre des services de renseignement qui suit depuis plusieurs années le LeJ, celui-ci, né dans le sud du Pendjab, la province la plus riche et la plus peuplée du pays, a envoyé ces dernières années plusieurs centaines de combattants, «la
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MONDE plupart issus de la classe moyenne et éduqués», en Syrie et en Irak. De la classe moyenne éduquée, pour tenter de faire flotter le drapeau noir du «califat» au Pakistan. Selon un ancien membre du LeJ, c'est l'EI et le Moyen-Orient, et non plus les talibans et Al-Qaïda, qui attirent le plus aujourd'hui les jeunes rebelles pakistanais prêts à en découdre. «Contrairement à ce qui se passait avant, ce sont les informations en provenance de Syrie, d'Irak et du Yémen qui sont les plus partagées et débattues sur les forums jihadistes en ligne du Pakistan», souligne-t-il. Pour Amir Rana, spécialiste pakistanais des questions de sécurité, le LeJ a des combattants en Irak depuis 2013, et même un camp d'entraînement là-bas. «Des Pakistanais ont participé à l'EI depuis sa création», dit-il, en soulignant la très grande «proximité idéologique» entre LeJ et EI, tous deux très anti-chiites. Dès lors, la principale menace pour le 5
Selon plusieurs sources, au sein des services de sécurité comme de la nébuleuse islamiste, Pakistan «sont ces combattants du LeJ qui reviennent d'Irak et de Syrie, car ils pourraient y alimenter les violences sectaires» contre les minorités, note-t-il. Selon un cadre des services de sécurité pakistanais, le LeJ, qui fut également réputé très proche d'AlQaïda par le passé, cherche aujourd'hui à étendre ses opérations, à passer «du statut de groupe armé local anti-chiite à celui de réseau transnational». Le Lej est fortement soupçonné d'avoir perpétré ces dernières années un rare et sanglant attentat antichiite en Afghanistan fin 2011, et d'autres attaques meurtrières contre les minorités musulmane, chrétienne et hindoue au Pakistan. «Nous avons des preuves que ces deux dernières années, le LeJ a été impliqué dans des attaques contre les minorités dans certaines villes, notamment Karachi, même s'il ne les a pas revendiquées», ajoute le responsable sécuritaire.
une partie est ensuite revenue au Pakistan très inspirée par l'EI, et a commencé à travailler Selon lui, le LeJ maintient un réseau clandestin très atomisé et étanche, où les membres d'une cellule ne connaissent pas ceux des autres, et qui sous-traite parfois à des combattants extérieurs. Le 20 mai, le gouvernement provincial du Sind, dont Karachi et la capitale, a annoncé de premières arrestations dans l'affaire de l'attaque contre le bus d'Ismaéliens: quatre suspects «très éduqués» qui auraient avoué leur implication, dont un diplômé de la plus prestigieuse école de commerce du pays, l'IBA de Karachi. Ces annonces ont surpris au Pakistan, davantage habitué à des attaques menées par des rebelles issus des classes pauvres. «Ces jihadistes instruits vivent normalement dans la société, en nourrissant leur idéologie (extrémiste) sur internet, c'est pour cela qu'il est difficile de les repérer», explique un responsable des services de renseignement. Et le conflit syrien et ses lignes confessionnelles (sunnites contre chiites)
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avec d'autres jeunes locaux, eux aussi issus a tout particulièrement contribué à radicaliser de plus en plus de jeunes très instruits, note un de ses collègues. SOURCE : AGENCE PREMIÈRES LIGNES
MONDE
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N°4
Les Luxembourgeois refusent massivement le droit de vote aux étrangers Près d'un habitant du Luxembourg sur deux est étranger. Mais les natifs du pays ont refusé, par référendum, qu'ils puissent voter.
limitation des mandats de ministres à dix ans consécutifs (rejeté à 70%). Le Premier ministre Xavier Bettel, un libéral de 42 ans élu fin 2013, a reconnu son échec. «Le message est clair et a été très bien compris. Ce n’est pas un succès pour les partis du gouvernement. On respectera le résultat», at-il indiqué lors d’une brève allocution.
Les électeurs luxembourgeois se sont massivement prononcés par référendum dimanche contre l’octroi du droit de vote aux étrangers, qui représentent 46% de la population, selon des résultats portant sur 91% des bureaux de vote, donnant le «non» à 77,98%. Les deux autres questions posées dans cette consultation populaire pour «moderniser» le Grand-Duché ont également été rejetées. Elles portaient sur l’abaissement à 16 ans de l’âge du droit de vote (refusé à 80,88%) et sur la
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Xavier Bettel, à la tête d’un gouvernement de coalition avec les socialistes et les Verts, avait fait campagne jusqu’à samedi en faveur du oui, plaidant pour «plus de démocratie (...) la jeunesse» et «la diversité». «Il n’y aura pas un avant et un après référendum», a-t-il regretté. «Mais il n’y a qu’un Luxembourg, qu’une société où l’on doit vivre ensemble», a-t-il estimé dimanche soir.
SOURCE : « Le Figaro »
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MONDE
N°4
Blatter visé par une enquête du FBI Le président de la Fifa fait l'objet d'une enquête de la justice dans le cadre du scandale de corruption qui secoue l'instance mondiale du football.
Sepp Blatter est dans le viseur du FBI. Directement cette fois. Comme le rapporte le New York Times, le dirigeant suisse a «tenté depuis plusieurs jours de prendre ses distances vis-à-vis du scandale», mais cela n’empêche pas les autorités américaines de «monter un dossier contre M. Blatter» en coulisse. Lesquelles autorités «espèrent obtenir la coopération de certains des responsables de la Fifa inculpés afin de remonter dans l’organisation» et de pouvoir confronter directement Blatter, 79 ans et réélu vendredi dernier pour exercer un cinquième mandat à la tête de la Fifa. Un mandat sur lequel il tirait un trait à la surprise générale mardi, dans un bref discours prononcé devant une salle à moitié vide du siège de la Fédération internationale, à Zurich (Suisse). Samedi, il apparaissait pourtant particulièrement fort, vindicatif et presque invulnérable à la TV suisse. Qu’a-t-il pu se passer depuis ? On sait que le Français Jérôme Valcke, bras droit de Blatter
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et secrétaire général de la Fifa, est dans l’œil du cyclone. «Il y a sûrement des éléments que vous et moi ignorons, a rappelé sur RMC un autre Français, Jérôme Champagne, diplomate, ancien haut gradé de la Fifa et réputé proche de Sepp Blatter. « On met une personne accusée devant les caméras et peu importe la présomption d’innocence.» ABC affirme toutefois que le FBI enquête directement sur Blatter. Et ce dans le cadre des investigations qui ont mené aux arrestations de la semaine passée, pour des faits présumés de de corruptions et de potsde-vin. Contacté par l’AFP, un porte-parole du FBI s'est refusé à tout commentaire, renvoyant à l'annonce la semaine dernière par le procureur général Loretta Lynch de l'inculpation de quatorze élus et partenaires de la Fifa. SOURCE : AFP
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SOCIÉTÉ Deux complices présumés de Sid Ahmed Ghlam arrêtés Ces deux hommes pourraient avoir aidé le jeune étudiant, par ailleurs soupçonné du meurtre d'Aurélie Châtelain, dans son projet d'attentat contre des églises en avril.
Deux hommes ont été arrêtés dimanche matin dans la banlieue parisienne dans l’enquête sur les complicités dont aurait pu bénéficier Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d’un assassinat et d’un projet d’attentat en avril contre au moins une église de Villejuif, a-t-on appris de sources concordantes. Les deux hommes, âgés de 35 et 39 ans, interpellés dans les Yvelines, ont été placés en garde à vue vers 6 heures du matin, mesure pouvant durer jusqu’à 96 heures dans le cadre d’une enquête pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», a précisé une source judiciaire. Les deux interpellations ont eu lieu sur commission rogatoire des magistrats instructeurs 8
Saisis de l’affaire Ghlam. Selon les chaînes BFMTV et iTélé, elles se sont déroulées à Limay et Mantes-la-Jolie, deux villes voisines. «Il appartient maintenant à l’enquête de déterminer le rôle exact que ces deux individus ont pu jouer au sein de l’entourage de Sid Ahmed Ghlam», a relevé dans une déclaration à la presse le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Des perquisitions se poursuivent à leurs domiciles respectifs, a-t-il indiqué. Sid Ahmed Ghlam, étudiant algérien de 24 ans mis en examen et écroué depuis le 24 avril, est soupçonné de l’assassinat d’une femme, Aurélie Châtelain, à Villejuif le 19 avril et d’un projet d’attentat contre au moins une église de cette ville du Val-de-Marne. Au fil de leurs investigations, les enquêteurs ont acquis la conviction qu’il n’avait pu agir seul, notamment pour mettre la main sur l’important arsenal
SOCIÉTÉ nécessaire à l’exécution de son projet d’attentat djihadiste.
Trois personnes avaient été interpellées fin avril dans le cadre de l’enquête sur de possibles complicités, mais une seule d’entre elles, un homme soupçonné d’avoir aidé Sid Ahmed Ghlam dans son projet d’attentat, avait été mise en examen. L’ADN de cet homme, qui a nié tout projet d’attaque selon son avocat, avait été trouvé, notamment, sur un gilet pare-balles en possession de l’étudiant algérien. Le procureur de Paris avait indiqué que Sid Ahmed Ghlam était «passé à l’acte à la suite d’instructions données vraisemblablement de Syrie et pour le compte d’organisations terroristes». Il a «agi en bénéficiant d’une aide qui s’est traduite par des véhicules et de la fourniture d’armement», avait-il ajouté. Les investigations ont ainsi montré que c’était sur instruction de commanditaires que Sid Ahmed Ghlam avait trouvé la clé d’une Renault Mégane volée, à l’intérieur de laquelle se trouvait tout ou partie des armes retrouvées après son arrestation fortuite le 19 avril. L’importance de l’arsenal - quatre fusils d’assaut kalachnikov, un pistolet, un revolver, un gilet pare-balles - amène les enquêteurs à s’interroger sur la volonté de Sid Ahmed Ghlam d’attaquer seul ou avec des complices. Selon ses avocats, Sid Ahmed Ghlam conteste vigoureusement les faits qui lui sont reprochés, notamment l’assassinat le 19 avril d’Aurélie Châtelain, 32 ans, retrouvée morte dans sa voiture. Cette affaire intervenait moins de six mois après les attentats de Paris qui ont
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Coûté la vie en janvier à 17 personnes, assassinées par les frères Kouachi et Amédy Coulibaly. Soulignant la «détermination totale» des autorités dans la lutte contre le terrorisme, le ministre de l’Intérieur a précisé dimanche que 1 750 personnes étaient recensées à ce jour «pour leur implication à un titre ou à un autre dans des filières jihadistes». Quelque 113 Français ou résidents en France «ont trouvé la mort sur le théâtre des opérations terroristes», a-t-il rappelé. Et 130 procédures judiciaires concernant 650 personnes sont en cours pour des activités liées au terrorisme, 60 interdictions administratives de sortie du territoire ont déjà été prononcées et une cinquantaine d’autres sont en cours d’instruction et 36 sites internet faisant l’apologie du terrorisme ont déjà fait objet d’une mesure de blocage, a détaillé Bernard Cazeneuve. SOURCE : AFP/ « 20 Minutes »
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SOCIÉTÉ
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La loi Renseignement prépare t-elle vraiment une « surveillance de masse » ? La loi sur le Renseignement a été adoptée au Sénat le 9 Juin 2015. 252 sénateurs ont voté pour cette loi liberticide, 67 contre et 26 absenus. Mais qu’appelle-t-on surveillance exactement ? À partir de quand une surveillance devient-elle massive ? D’après « Larousse » surveiller est défini par le fait d’« observer attentivement quelqu’un, quelque chose pour le contrôler ». De son côté, le sociologue David Lyon, spécialiste de la surveillance, définit celle-ci dans le contexte des technologies de l’information comme
«Toute collecte et traitement de données personnelles, identifiables ou pas, dans le but d’influencer ou de contrôler ».
Trois arguments principaux sont émis par ceux qui contestent le fait que les traitements effectués par les algorithmes prévus par la loi s’apparentent à de la surveillance : seules des données de connexion seraient concernées, celles-ci seraient anonymes, non personnelles, et seraient traitées 10
automatiquement, à l’abri de regards humains.
Une définition floue Mais en réalité, la nature des données concernées est encore un sujet de débat puisque le Conseil d’état a récemment validé une demande de QPC (question prioritaire de constitutionnalité) sur la loi de programmation militaire qui pointe justement le flou entourant leur définition. Cependant, même dans l’hypothèse où le Conseil constitutionnel permettrait de circonscrire cette définition aux données de connexion ou aux données dites techniques (ou métadonnées c’est-à-dire tout sauf les contenus eux-mêmes), on sait aujourd’hui que ces métadonnées sont parfois plus intrusives que les données ellesmêmes. Les métadonnées sur Internet permettent, par exemple, d’établir le social d’une personne ou encore d’identifier ses centres d’intérêt ou son orientation politique à partir des adresses des sites
qu’elle visite. Elles sont d’ailleurs largement utilisées par les publicitaires pour catégoriser les internautes. Ces données ne sont donc pas anodines. De plus, comme l’a opportunément rappelé la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), elles ne sont pas réellement anonymes puisqu’elles doivent permettre, dans un second temps, de retrouver les identités des personnes concernées. En fait, comme l’affirme Bruce Schneier, expert en matière de sécurité informatique, dans un article sur l’agence de sécurité américaine, la NSA, les métadonnées sont les données de surveillance par excellence, et leur collecte s’apparente à l’action du détective à la recherche d’indices sur les rencontres entre personnes, les lieux fréquentés, les parcours, etc.
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SOCIÉTÉ Suite de la page 10
Bruce Schneier établit donc une distinction entre les termes « surveillance », qui vise l’utilisation les métadonnées, et « écoute », qui concerne le contenu des données. Reste l’argument du traitement automatique, supposé sans conséquence, par opposition à une observation par des humains. En réalité, la définition de David Lyon montre bien que cette distinction n’est pas opérante : l’usage d’un traitement automatique n’est ici qu’une étape intermédiaire puisque, en dernier ressort, ce sont bien des humains qui examineront les données suspectes. L’œil du guetteur n’est donc jamais très loin. À l’examen de ces différents arguments, il paraît donc difficile de contester qu’il s’agisse bien ici de surveillance. Mais peut-on pour autant parler de surveillance de masse ? Ici encore, les mots sont importants. Il semble qu’il y ait souvent confusion entre trois niveaux que nous appellerons surveillance ciblée, surveillance de masse et surveillance totale. La surveillance ciblée vise des personnes en particulier, des suspects préalablement identifiés, alors que la surveillance de masse vise des profils, des comportements, plutôt que des individus. On parle de « masse », car l’ensemble des personnes surveillées est plus grand mais, au-delà des nombres, le plus important est le changement de nature de la surveillance, le passage de personnes à des 11
profils. Enfin, cette surveillance de masse peut être qualifiée de totale quand les données de toute la population sont analysées. L’objectif du projet de loi, et plus précisément des fameuses « boîtes noires », est justement d’identifier des suspects à partir de « signaux faibles », par exemple de visites sur certains sites. Nous sommes donc clairement dans la surveillance de masse. De plus, si le but est de couvrir tout le territoire, une surveillance totale paraît inévitable. Pour reprendre l’exemple souvent mis en avant par les ministres défendant le projet de loi, comment circonscrire a priori une recherche si l’objectif est d’identifier tous les internautes qui se connectent à des sites mettant en ligne des vidéos de décapitation ? On est donc fondé à affirmer que ce projet de loi sur le renseignement rend possible au mieux une surveillance de masse, au pire d’une surveillance totale (même si, en pratique, celle-ci peut être difficile à exploiter, et finalement inefficace, voire contre-productive, du point de vue du renseignement). Il ne s’agit pas là que d’une simple querelle de mots. De nombreux spécialistes, sociologues et philosophes ont montré les graves conséquences d’une telle surveillance, non seulement en matière de vie privée mais aussi de liberté d’expression et de vie démocratique de manière générale et ont pointé les risques de discrimination, d’autocensure, de conformisme, etc. C’est donc un véritable choix de société qui est en jeu,
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un choix qui aurait mérité un débat plus approfondi et qui concerne tout autant la surveillance insidieuse exercée par certaines sociétés commerciales sur Internet.
NOUS SOMMES TOUS SOUS ÉCOUTE
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MÉTÉO DE LA SEMAINE Samedi 13 juin
Dimanche 14 juin
Lundi 15 juin
Mardi 16 juin
Mercredi 17 juin
Jeudi 18 juin
Vendredi 19 juin
VIGILANCE !
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