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SYMBOLE DU CHOIX, DU CONSEIL ET DU PRIX « Toute chose a deux anses, l’une par où il est possible de la porter, l’autre par où c’est impossible » (Epictète). C’est curieux comme on s’acharne parfois à prendre les choses par la mauvaise anse… Comme on s’obstine, par exemple, à grimper avec des méthodes inadéquates ! Prises saisies à l’envers, lenteur, placements inefficaces, débauche d’énergie… Et évidemment, ça ne fonctionne pas. C’est un fait : Epictète ne se balade pas au pied des voies pour vous dispenser ses maximes. D’une part, il est boiteux ; d’autre part, il est mort depuis bien longtemps. Autant dire que vous pourrez saucissonner tant que vous voudrez dans votre pas de bloc retors, le philosophe de l’Antiquité ne vous viendra pas en aide ! Et ce sera à vous de faire usage de stoïcisme, surtout si la solution ne vous apparaît pas immédiatement.
4 - Expresso
Actu en bref
6 - Focus initiative
En passant par la montagne
8 - Crashtest
Tech Slopers 2
10 - Bulles de pof Le débutant
12 - Interview
Adam Ondra
18 - Entrée libre Cavaillon
Crédits photos : S.Jaulin (test AVC) - V. Daudin - Stage Nao/AVC
28 - Ecogrimpeur Recyclage
30 - D’Antan
René Desmaison
32 - Carnet de voyage Tunisie
Car dans une voie, on peut patiner longuement et copieusement au même endroit. Au comble de la frustration, on invoque un manque de force, un manque de souplesse, un manque d’endurance, un manque de… que saisje encore ! Sans voir que ce qui pèche, ce n’est pas le physique mais bien souvent la manière d’envisager le mouvement, d’utiliser les prises, de réfléchir à la séquence. Un des plus forts grimpeurs du moment, Adam Ondra, parle à ce propos « d’efficience », quelque chose qu’on n’acquiert qu’avec le temps, en étant ouvert aux conseils des autres et en prenant le temps de réfléchir à sa pratique. Nous sommes partis ce mois-ci à la rencontre de ce grimpeur prodigieux, qui fréquente les falaises depuis l’âge de 3 ans et qui, aujourd’hui, à l’âge canonique de 19 ans, fait montre d’un recul assez bluffant… S’il est peu probable d’atteindre comme lui le 9b+, ses conseils peuvent s’avérer forts utiles, à tout niveau. Et même si vous ne recherchez pas en toute chose l’efficacité, même si votre plaisir en escalade ne naît pas forcément de la performance, vous aurez peut-être l’occasion de penser à ceci sur le calcaire old school de Cavaillon, la falaise que nous vous présentons ce moisci en Entrée libre, ou sur tout autre support ! Bonne lecture… Laurence Guyon
38 - Fashion climbing Spécial résine
40 - Vos shops spécialisés Annuaire des magasins
« Ombres et silhouettes sur le calcaire tranquille de Cavaillon ! Rassurez-vous le Tour de France et ses coureurs aux performances parfois douteuses n’ont aucune chance de passer au pied de la falaise. La caravane publicitaire non plus… N’en déplaise au fan club des Miss Cochonou ! »
42 - Vos points de chutes
PARIS QUARTIER LATIN LYON THONON-LES-BAINS SALLANCHES TOULOUSE-LABÈGE STRASBOURG ALBERTVILLE MARSEILLE GRENOBLE
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David Malbos dans Dièdre chute, un 5sup du secteur Dalle du Singe, à Cavaillon © Sam Bié Gratuit 54
est édité par PRESS’EVASION. Imprimé en France – Dépôt légal : Novembre 2012
Directeur de publication : Philippe Mathieu philippe@pressevasion.fr
ESCALADEMAG – N°54 Novembre 2012 SARL Press’Evasion – 184 rue des Candisons Lot. Carrière vieille 30190 St Chaptes
Rédactrice en chef : Laurence Guyon laurence.guyon@escalademag.com
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Partenariat /distribution : Béatrice Picq beatrice@pressevasion.fr Graphiste : Benjamin Broussouloux benjamin@agence-minimale.fr
Rédacteurs / Photographes :S. Bié, Y. Picart Ont collaboré à ce numéro : S. Bonnaud, O. Broussouloux, B. Cabassut, G. de Chiara, A. Fayet, A. Hess, J. Lambert, D. Malbos, J. Meral, P. Pavlicek, E. Ratouis, S. Tardivel, V. Vrzba et bien sûr l’incorruptible Nain Pact ! EscaladeMag, membre officiel de l’IFSC partner média club EscaladeMag est distribué en Belgique par Climb2Climb
Nograd vous présente l’actu de la grimpe
• Le frelon asiatique est désormais classé en espèce envahissante et nuisible • Les Rencontres du cinéma de Montagne se dérouleront au Summum de Grenoble du 19 au 23 novembre • Le WWF France a lancé un calculateur d’empreinte alimentaire, qui permet à chacun d’évaluer les impacts de ce qu’il mange sur la planète • La 9ème édition du Handi-Grimpe a eu lieu à Montigny-le-Bretonneux (78) le dimanche 14 octobre • À partir du 1er octobre, le site de bloc alsacien du Laurenzoboulderfels n’est accessible que de 9h à 16h • Attention : un grimpeur a fait une chute mortelle de 10 m au mur de St Priest en Jarez (42) à cause d’un noeud mal fait
• La Région Ile-de-France va consacrer 4,5 millions d’euros pour reconquérir la qualité de l’eau • Le premier 9a sicilien, Climb for life, a été libéré par Adam Ondra en octobre • 3 nouvelles espèces ont été ajoutées à la liste des mammifères protégés en France : un campagnol, une chauve-souris et un bouquetin • La FFME se dote de 4 nouveaux entraîneurs pour l’équipe de France de bloc : Nicolas Januel, Rémi Samyn, Laurent Lagarrigue et Jacky Godoffe • Le canadien Ben Harnden a fait la 3e répétition de Dream Catcher, 9a, une voie mythique de Chris Sharma à Squamish
What’s up Boulder Contest
Escalade à Fontainebleau
La salle lilloise What’s up organise son open international de bloc les samedi 24 et dimanche 25 novembre. Sont prévues des primes pour les meilleurs mais aussi des lots par tirage au sort ! Le dimanche, le niveau sera très accessible. Les grimpeurs dès le niveau débutant pourront dépasser leurs limites, par équipe de 3, dans une atmosphère bon enfant. L’âge minimum est fixé à 13 ans. Plus d’infos sur www.whatsup.fr
Un nouveau topo d’escalade vient de sortir chez Artaud : Escalade à Fontainebleau, Les plus beaux sites. Cette nouvelle édition, complétée et enrichie, propose des cartes détaillées et des informations pratiques pour vous accompagner sur les secteurs. Plus de 100 cartes, près de 100 circuits, plus de 3000 blocs répertoriés, le tout accompagné de portraits et de récits de ceux qui ont fait l’histoire de l’escalade à Fontainebleau.
World Games De bon augure pour la possible accession de l’escalade aux JO ! L’escalade fera partie des disciplines représentées lors de la prochaine édition des World Games, organisés à Cali (Colombie) en juillet 2013. Ces Jeux mondiaux existent depuis 2008 et regroupent l’ensemble des disciplines olympiques auxquels s’ajoutent quelques sports en passe de le devenir. La construction du mur a été confiée aux sociétés Top30 et Entre Prises. Plus d’infos sur http://worldgames2013.com.co
Observatoire de la forêt Actes de vandalisme, tags sur les rochers, dégradation des paysages, dépôts sauvages d’ordures, exploitation forestière affectant la qualité des paysages, vol de mobilier forestier etc… se multiplient dans le massif de Fontainebleau. Face à cette évolution p ré o cc u p a n t e , l’association des Amis de la Forêt de Fontainebleau a décidé de créer un Observatoire de la forêt auquel elle souhaite associer le public et les grimpeurs. Plus d’infos sur www.aaff.fr
Des grimpeurs bien organisés La Red River Gorge Climbers Coalition vient d’acquérir définitivement la Réserve de Pendergrass-Murray. Situé dans le Kentucky, cette zone comprend 400 voies et certains des plus beaux secteurs de Red River Gorge. La région attire chaque année des grimpeurs du monde entier. Les terrains ont été achetés en 2004, grâce à des dons, au soutien de l’Access Fund et à un emprunt qu’il s’agissait de rembourser. C’est maintenant chose faite.
Allez jouer dehors Mik@.G expose ses oeuvres du 17 au 25 novembre, à l’espace Van Gogh, en Arles, sous le titre Allez jouer dehors. Mik@.G est un artiste plasticien entièrement autodidacte. Initialement porté sur l’aquarelle, son chemin vers le monde de l’art s’est petit à petit orienté vers la peinture, puis la photographie. Parallèlement à cet univers créatif, Mik@.G se livre depuis son plus jeune âge à la pratique de sports de pleine nature, dont l’escalade.
Pyrénicimes Depuis 4 ans, la ville de Pibrac accueille le Festival Pyrénicimes. L’édition 2012 a lieu les 8, 9 et 10 novembre. Cette année encore, des personnalités de la montagne viennent faire partager leur passion dans la région toulousaine, au travers d’expos ou de projections : Phil Bence, Yann Borgnet ou Philippe Ribière... Plus d’infos sur www.pyrenicimes.fr
Coupe Sensabloc La Coupe Sensabloc a débuté le samedi 27 octobre à Carpentras. Cette épreuve amicale comprend 4 contests se déroulant tout au long de la saison 2012-2013. Ces contests se dérouleront à la salle Sensabloc le 27 octobre (de 10h30 à 22h), les 21 et 22 décembre, le 23 mars et 15 juin. Plus d’infos sur http://sensabloc.free.fr/
Topo du sud du Jura Un topo d’escalade sur les falaises du sud du Jura est sorti à la fin de l’été dernier. Il a été réalisé par le club Jura Vertical et le CAF de Lons-le-Saunier. Il répertorie 918 voies et 23 sites de pratique. Il est en vente dans les commerces des Rousses et de Morez, ainsi que dans les offices de tourisme. On peut l’acheter par correspondance à l’adresse suivante : joclot@sfr.fr
Bloc N’Roc L’inauguration de la nouvelle salle de bloc de Vitrolles, Bloc N’Roc, aura lieu le samedi 17 novembre. À cette occasion, un contest de bloc est organisé, ouvert à tous niveaux. Inscription sur la boite mail du site www.blocnrocescalade.fr (dans la rubrique contact) ou par téléphone pendant les heures d’ouverture au 04.42.79.60.94. Erratum Mille excuses à Elsa Barrandon, dont nous avons écorché le nom dans l’article sur Quinson le mois dernier !
Budget bouclé, le groupe s’est envolé début août pour la Turquie. Le camp de base a été posé au cœur des montagnes, à l’Aladaglar Camping. L’endroit est tenu par un couple de grimpeurs, principaux équipeurs du massif, de quoi baigner dans l’ambiance et confirmer ce que certains avaient pu lire avant de partir : le sens de l’hospitalité turc mérite à lui seul le voyage.
Benoit, guide de haute montagne : « La première journée fût déroutante pour certains avec les premiers pas sur le conglomérat de Kazikli canyon. Nos jeunes grimpeurs n’avaient pas trop de repères. Il a fallu gérer les frustrations de ceux qui butaient dans des voies en deçà de leur niveau habituel. » Après quelques jours de repérage, le temps de se familiariser avec le rocher et de découvrir les falaises locales, le groupe a trouvé son rythme de croisière. Les journées se sont enchaînées entre grimpe et équipement de quelques voies de couennes faciles. Le coin étant pour l’instant peu doté en voies pour qui ne grimpe pas dans le 6. Guillaume, responsable du projet pour l’association raconte : « L’idée de départ était d’organiser une journée d’initiation à l’escalade où les jeunes savoyards auraient encadré des jeunes Turcs. Mais le groupe n’a pas réussi à trouver des locaux volontaires. Les guides ont alors proposé au groupe de voir avec les grimpeurs locaux pour équiper des sites de couennes faciles. Cette proposition a été accueillie avec enthousiasme et ainsi sept nouvelles voies du 4 au 5+ ont été ouvertes et nettoyées.» Après avoir trainé leurs chaussons pendant un an aux quatre coins des Alpes, 4 filles et 3 garçons de 14 à 17 ans sont partis en août dernier pour un voyage escalade au parfum d’expédition. Au programme, 10 jours de grimpe en couenne et en grandes voies, encadrés par deux guides de haute montagne.
Deux journées ont également permis aux jeunes de découvrir les magnifiques grandes voies de Cimbar valley. Deux voies d’environ 200 mètres partiellement équipées et continues dans le 5 sup ont été faites.
Ce projet, porté par l’association En Passant Par la Montagne, a démarré en août 2011. L’objectif était d’accompagner un groupe d’adolescents aux problématiques diverses vers l’autonomie en escalade. Après avoir fait leurs premiers pas sur le granit du massif du Mont-Blanc, les jeunes sont allés apprécier l’ambiance des Calanques marseillaises.
En Passant Par la Montagne
Alpes du Nord obligent, les stages de l’hiver ont été l’occasion de découvrir d’autres activités que l’escalade rocheuse. Un peu de cascade de glace, du dry-tooling et de la résine, quand même, pour ne pas perdre les fondamentaux. Puis vint le temps de l’apprentissage des techniques de grande voie à Orpierre. Un détour par le massif du Caroux dans l’Hérault a permis à chacun de découvrir le terrain d’aventure et de s’exercer à la pose de protections.
Créée en 1995 par l’alpiniste Marc Batard, En passant par la Montagne est une association loi 1901 avec pour objectifs de faire de la montagne un lieu et un support d’insertion pour des personnes en difficultés. Avec ce projet, l’association propose à des adolescents de participer à un projet d’une année pour découvrir l’escalade, devenir autonome et s’appuyer sur les expériences vécues pour surmonter leurs difficultés.
Programme séduisant pour Nain Pact, adepte de la force réfléchie, qui a sollicité pour ce test les lumières de Julien Meral, ancien membre de l’Équipe de France de bloc et Brevet d’État à la salle Casamur.
>Julien Meral
>L’analyse du Nain Pact
30 ans, bloqueur BE et ouvreur émérite
Le toucher est agréable, quoique surprenant au premier abord : les zones lisses en particulier laissent présager des séquences épiques ! J’ai apprécié la finition des Tech Slopers, mais aussi la couleur, qui présente un niveau de saturation suffisant, sans pour autant faire mal aux yeux. Cet aspect (au delà du point de vue subjectif sur les couleurs elles-mêmes) est important, notamment dans les salles d’escalade, car le fait de pouvoir aisément discriminer les passages les uns des autres accroît grandement le confort de pratique. Sur le plan de l’utilisation : en tant qu’ouvreur, j’ai constaté que ces prises permettent de faire varier radicalement la difficulté d’un bloc ou d’une voie ; c’est utile pour les compétitions. Seul bémol peutêtre, la fixation : il aurait été bien de prévoir des trous supplémentaires, afin de permettre leur positionnement par des vis à bois, à n’importe quel endroit d’une structure. Autre intérêt de cette série, c’est qu’on peut l’utiliser dans une grande diversité de profils. Ainsi, comme prises de pieds, elles s’adaptent à toutes les inclinaisons. Et je les ai principalement vissées sur des arêtes, des volumes, en dalle ou léger dévers, quand je les destinais à être saisies. Comme utilisateur enfin, il m’a semblé qu’il était très souvent nécessaire d’arquer ; qu’il était difficile de jouer sur l’adhérence
Enfin des prises qui requièrent un peu de réflexion ! C’est sûr que dans certains passages, j’ai patiné sec avant de trouver une solution… souvent technique d’ailleurs. Même si leur forme donne une impression de simplicité, donc de facilité d’utilisation, les Tech Slopers nécessitent toujours d’être « travaillées » afin de trouver le placement optimum des doigts. Et quand on les utilise en pied, gare aux zipettes ! pour tenir les slopers. Et quant à la double texture, il est vrai que c’est très surprenant. Mais c’est bien : cela rajoute une difficulté technique, cela nécessite plus de précision et on s’y adapte finalement.
En parlant de pieds, on peut regretter que les traces de gomme apparaissent assez rapidement. Bon, cette remarque concerne toutes les marques de prises et il faudrait plutôt incriminer les fabricants de chaussons. Toujours est-il que ces prises se sont parfaitement intégrées à mon mini pan personnel : je les ai préférentiellement disposées dans les secteurs de dalle ou de très léger dévers (où elles font suffisamment de dégâts !). Et quand mes amis viennent partager mes séances, c’est tout de même aux plus experts d’entre eux que je fais goûter les joies de la double texture !
• sensibilité aux marques de gomme • manque de préhensions en tendu dans la série • le concept double texture • les couleurs • la précision du shape
Un des membres de l’équipe de vente d’Entre-Prises nous livre son sentiment sur le Clip ‘N Climb : « Lors de notre séminaire de vente annuel, nous avons pu tester le Clip ‘N Climb et, franchement, tout le monde s’est régalé ! Même nos grimpeurs les plus chevronnés ont fini par courir d’atelier en atelier comme des gamins, une véritable cour d’école ! » Plus d’informations sur le site de Clip‘N Climb > www.clipnclimb.fr ou en contactant Entre-PrisesFrance. Le Clip ‘N Climb s’inscrit dans le marché en pleine expansion des loisirs actifs, dynamisé notamment par le développement des salles d’escalade. A titre d’exemple en France il y a aujourd’hui 1 million de personnes pratiquant l’escalade indoor. Le nombre d’inscrits à la FFME (Fédération Française de montagne et d’escalade) est passé de 47 000 à 75 000 licenciés en 6 ans. Ces excellents résultats sont directement liés à l’augmentation de l’offre de prestations d’escalade indoor. Forcement de telles perspectives attirent l’attention des entrepreneurs ayant la volonté d’innover sur un marché en plein boum. Dès sa création en Nouvelle Zélande en 2004, le concept a connu un succès immédiat. Il a donc rapidement été question de développer le concept afin de l’exporter. C’est grâce à la rencontre de son créateur avec la société Entre-Prises (leader mondial de la construction de murs et de prises d’escalade) que l’exportation de cette franchise a pu débuter.
Mais alors quel est cet OGNI (Objet Grimpable Non Identifié) ? Le Clip ‘N climb est avant tout un centre où le jeu est roi, pas de pression sur les cotations ou sur les voies. Est ce que j’ai le droit à cette prise ? A ce macro volume ? Tout est autorisé ! Chaque atelier possède son propre challenge et son lot de défis. Il suffit de suivre les instructions pour corser ou non l’activité et surtout s’amuser ! Avec plus de 31 ateliers disponibles, il est certain que même les grimpeurs aguerris rencontreront des difficultés. Chacun peut se mesurer à son compagnon de cordée et tenter de battre un record de vitesse, grimper en fissure, en cheminée, ou encore tenter le leap of faith, un saut dans le vide vers un trapèze plus ou moins éloigné en fonction de la témérité de chacun. L’idée de ce concept est que chacun puisse tester son mental et sa condition physique, quel que soit son âge ou son niveau de forme. On a même vu un certain Chris S. ayant des difficultés à réaliser le challenge velcro !
À 19 ans, le tchèque Adam Ondra n’en finit pas de repousser les limites de la haute difficulté. Il a déjà réalisé 65 voies cotées 9a ou plus et vient de libérer le premier 9b+ au Monde. Rencontre avec un extraterrestre. Tu as commencé à grimper très jeune. Comment as-tu découvert l’escalade ? C’est venu tout naturellement. J’ai grandi dans une famille de grimpeurs, mes parents m’emmenaient en falaise tout bébé. Tous les gens qu’on fréquentait étaient des grimpeurs et aller en falaise le week-end me semblait normal. Je pensais que tout le monde faisait ça. Naturellement, j’ai eu envie de grimper moi aussi et d’être aussi fort que les autres. L’évolution a été rapide : à 3 ans, je ne faisais que me balancer sur la corde, mais déjà à 6, je grimpais sérieusement, 4 fois par semaine. Je pense que je n’aurai pas pu trouver meilleure activité : c’est difficile de trouver une pratique où la performance dépend de tant d’aspects différents et qui dans le même temps n’est pas seulement un sport mais aussi, même si c’est un peu cliché à dire, un vrai mode de vie. Peux-tu nous parler de Change, la voie en 9b+ que tu viens de libérer à Flatanger, en Norvège ? C’est la voie qui m’a demandé le plus d’efforts. Il m’a fallu trois semaines d’essais cet été et deux semaines cet automne. La période que je viens de vivre et la voie en elle-même m’ont définitivement changé. Je vis une vie totalement différente depuis que je ne vais plus à l’école. Faire l’expé-
rience de ça, c’est faire l’expérience du changement. Dans le même temps, j’ai beaucoup appris, mais je suppose que quand je vais m’atteler à quelque chose de nouveau, je vais commettre les mêmes erreurs. La lutte contre l’esprit est quelque chose que l’on ne gagne que temporairement. Mais il y a une chose qui ne change pas, c’est mon désir d’ouvrir de nouvelles lignes. Tu as fait une douzaine de 8c+ à vue et plus de 65 voies de 9a ou plus après travail. Est-ce difficile maintenant de trouver de nouveaux projets qui te motivent ? Répéter des voies équipées et enchaînées par d’autres ne me motive plus autant qu’avant. C’était important pour moi de répéter ces voies pour me faire une idée des standards en matière de difficulté. Maintenant, j’ai plutôt envie de faire des premières répétitions. Et partout dans le Monde, il y a tant de voies qui attendent d’être défrichées et enchaînées ! Le potentiel est si énorme que jamais personne ne pourra en venir à bout seul. Est-ce que l’équipement t’intéresse également, dans le but de trouver des premières répétitions à faire ? C’est vrai qu’il y a plein de voies dures à essayer mais quand il s’agit d’une voie que j’ai moi-même équipée, l’approche
est totalement différente. Ça s’inscrit dans un processus créatif. La voie est comme ton bébé, tu as tout fait depuis son équipement jusqu’à son enchaînement. Il y a une forme de fierté là dedans et aussi d’égoïsme. Selon quel critère choisis-tu les voies que tu essaies ? C’est comme si tu me demandais selon quel critère je choisis les filles (rires)… C’est impossible à décrire. Chaque voie me captive à sa manière. Mais chaque fois que je décide de m’investir sur un projet, il doit y avoir quelque chose d’impressionnant. Impressionnant, ça peut vouloir dire mille choses. La relation qu’on a avec une voie est très personnelle. Que penses-tu du développement de l’activité ? Penses-tu être le premier grimpeur à enchaîner un jour un 10a ? Objectivement, je suis très heureux de prendre part au développement de l’activité. J’ai bien progressé ces derniers temps. Je suis assez régulier dans le 9a+ et le nombre de voies en 9b que j’ai réalisées augmente également. Je suis sûr qu’on peut toujours repousser le niveau. L’escalade est un sport jeune, par rapport à l’athlétisme par exemple, dont le développement a été assez long mais où Usain Bolt arrive encore à battre le record du Monde.
Ça serait même chouette à terme de voir quelqu’un faire du 9c+ ou du 10a, peu importe que ce soit moi ou un jeune gamin d’une nouvelle génération. En toute honnêteté, je ne pense pas que ce sera moi ! Mais déjà, arriver à faire quelque chose que je peux appeler 9b+, c’est bien assez pour moi. De toutes façons, on ne peut jamais être sûr de la cotation, c’est tellement subjectif ! Quelle est ton approche des cotations ? La cotation sert à choisir une voie quand on arrive sur un secteur que l’on ne connaît pas, pour grimper dans une difficulté qui correspond à son niveau. C’est sa fonction principale. Sa fonction secondaire est de fournir une forme de motivation aux grimpeurs, pour les pousser à se surpasser. Evidemment, certains grimpeurs donnent trop d’importance aux cotations, mais si ça leur fait plaisir… Peut-être qu’ils compren-
Point n°1, j’aime l’escalade sur le rocher au-delà de tout. Point n°2, je vais en compétition parce que j’aime le challenge. En fait, je n’aime pas la compétition autant que la falaise mais il m’est difficile de maîtriser mon ego ! Quand je vais en compète, je n’ai jamais tout sacrifié à cela, parce que je ne peux pas me passer du rocher. Cette approche m’a permis de gagner en 2009, mais le niveau depuis a vraiment augmenté. Ramon Julian, Jakob Schubert et les autres ont énormément progressé. Actuellement, si je prends un ou deux mois pour m’entraîner sur la résine avant un événement, ce n’est pas suffisant pour espérer battre des gars comme ça. Le niveau physique requis en compète est hallucinant, il faut être en mesure d’enchaîner 50 mouvements durs sans aucun repos, un type d’escalade que l’on rencontre rarement en extérieur. Sur le rocher, les voies
« Point n°1, j’aime l’escalade sur le rocher au-delà de tout. Point n°2, je vais en compétition parce que j’aime le challenge. » dront plus tard qu’ils sont passés à côté de plein d’autres choses en escalade ! Parfois, les cotations paraissent tassées, plus dures qu’ailleurs, vraiment hardcore ! Je crois que si on sent qu’une cotation est fausse, il faut revenir à la fonction principale de la cotation : est-ce que cette cotation est pour moi une indication suffisante de la vraie difficulté de la voie ? Si ce n’est pas le cas, il faut se sentir libre de donner sa propre cotation, c’est très subjectif, de toutes façons. Le topo n’est pas la Bible et plus il y a d’opinons sur une voie, plus sa cotation est affinée. Tu balaies toutes les facettes de l’activité (bloc, falaise à vue et après travail, compétition). Qu’est-ce qui est le plus important pour toi ? J’ai toujours essayé d’être le plus polyvalent possible, parce que ça fait de moi un meilleur grimpeur et que chaque nouvelle expérience peut être réinvesti dans le reste. Mais à mes yeux, la falaise est ce qui compte le plus, à vue ou après travail. Peut-être parce que c’est ce par quoi j’ai débuté. Comment expliques-tu ta différence de niveau en compétition et en falaise ?
que j’essaie sont plus du type « mouvements hyper durs suivis de repos corrects ». As-tu un plan d’entraînement très strict ou laisses-tu la place à l’improvisation ? Dans le passé, je n’ai jamais eu de plan d’entraînement. Je grimpais là où j’avais envie, quand j’en avais envie. Du bloc ou des voies, selon l’humeur du moment. Je n’ai jamais eu de problème de motivation. Si mon corps le pouvait, je grimperais tous les jours. Toutefois, j’ai atteint un stade où sans un entraînement sophistiqué, je ne progresserai plus. Sans pour autant avoir de coach, j’ai mis en place un système d’entraînement qui me convient. Quand je suis chez moi, je me concentre sur l’entraînement afin d’être en forme pour mes projets à l’extérieur ou en compète. Je m’entraine 5 jours par semaine. 3 jours par semaine, je fais deux séances par jour : une première séance de poutre le matin, puis une séance de pan l’après-midi. Peu importe si mes objectifs sont en bloc ou en voie, je développe la force et la continuité parallèlement, au moins une fois par semaine. Pendant les journées de
Photo © La Sportiva
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Age : 19 ans Lieu de vie : Brno (République Tchèque) Une voie qui t’a marqué : Planta de Shiva 9b, Villanueva del Rosario Un mot pour te définir : passionné Falaises préférées : Flatanger, Catalogne, Tyrol Passe-temps : ski de fond, snowboard, lire, cuisiner et apprendre des langues étrangères
repos, je vais courir et je fais des étirements. Il n’y a rien de scientifique làdedans, je me fie à mes sensations et à mon expérience. Si je me sens trop fatigué, je saute une séance et prend deux jours de repos. De quelle manière penses-tu t’entraîner pour t’améliorer en compétition ? Il faut vraiment que je grimpe plus à l’intérieur, pour améliorer cette forme d’endurance et être plus fort physiquement, pour être capable de récupérer dans les voies. Ça passera peut-être par la musculation. En 2014, ça sera l’année de la compétition pour moi et je souhaite m’y investir le plus possible. As-tu des modèles ou des idoles en escalade ? Quand j’ai commencé à grimper, c’était Tomas Mrazek, parce qu’il a gagné deux fois la Coupe du Monde et qu’il vient de la même ville que moi. C’est vraiment impressionnant comme il s’est débrouillé pour atteindre ce niveau en très peu de temps et dans des conditions d’entraînement vraiment pas favorables. L’autre modèle, c’est Wolfgang Güllich, dont j’admire l’audace et la persévérance à essayer des voies que
tout le monde jugeait alors impossibles. Avec le recul, il s’est avéré que ces voies étaient les plus difficiles dans le Monde à cette époque. Tu dis que l’escalade est une question d’efficience : il ne s’agit pas seulement d’être fort mais aussi de grimper juste. Comment peut-on développer cet aspect ? C’est quelque chose qui s’acquiert avec le temps et avec l’expérience. Il faut penser à tout ce qui peut rendre l’escalade plus facile et plus fluente. Chaque muscle doit agir, il faut éliminer le doute. Plus on grimpe, plus ce processus compliqué se met en place. On peut par exemple essayer de penser à ses bras quand on grimpe et sentir s’il y a des tensions. Est-il nécessaire qu’un bras soit en tension s’il est en train d’aller chercher la prise suivante et que pendant ce temps il n’est plus en contact avec le rocher ? Eh bien non ! Finalement, chaque détail est important (disposer correctement les dégaines sur son harnais, mousquetonner dans le bon timing, délayer un bras plus que l’autre quand il va être sollicité dans le crux qui suit, etc…). C’est ce qui fera la différence.
En juin dernier, tu as essayé de faire Biographie flash à Céüse, avec beaucoup de monde autour qui te regardait. C’était gênant ? Je suis un grimpeur professionnel et je suis forcé de grimper avec du monde autour. C’est le prix à payer pour vivre mon rêve. Je ne ressens pas de pression particulière du fait qu’il y ait des gens qui me regardent. La pression, je me la mets moi-même, parce que je veux trop enchaîner la voie. Tu te considères comme un grimpeur professionnel à 100% ? Est-ce que tu étudies ? Qu’est-ce que tu voudrais faire après l’escalade ? J’ai fini le lycée au mois de mai dernier et je me consacre maintenant complètement à l’escalade. Je prends juste une année sabbatique. En septembre 2013, je reprendrai les études. Je voudrais m’inscrire en Sciences économiques à l’Université. Je n’ai aucune idée de ce que sera ma vie dans 20 ans mais je sais que j’ai besoin de challenge. Et je suis sûr que j’en trouverai à relever. Mais tant que je suis en mesure de bouger mes bras et mes jambes, je grimperai, même si ce n’est que dans des voies faciles !
C H K
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EN BREF
D K E
Une des premières falaises françaises à avoir été développée et aseptisée, à la mode au temps où les dévers n’existaient pas encore, la falaise de Cavaillon renait de cet oubli injuste...
Oui, dans l’esprit de la génération actuelle (et pas que des jeunes), Cavaillon n’est connu que pour ses melons, ou au mieux comme porte d’entrée des falaises du grand sud. Qu’y faire ? « Que dalle »... Ou si par (mal)chance, vous tombez sur un vieux magazine trainant sous une pile, vous verrez que ce relief rocailleux est à peine plus vertical qu’un niveau à bulle indiquant 90°... Que (de la) dalle !
Oui, la colline Saint Jacques, ses 35 secteurs et ses 300 voies, ne proposent que guère plus que de la dalle, oui mais... C’est bien là son intérêt ! Ce manque de raideur a, du coup, l’énorme avantage de proposer une majorité de voies entre le 4 et le 6 !
L’histoire de l’escalade à Cavaillon débute officiellement au printemps 82 : ce fût l’un des premiers sites à jouir d’un équipement « moderne ». Grâce à l’impulsion d’acteurs locaux, le potentiel de voies s’étoffe et le premier topo-guide voit le jour à l’automne 87. De là, le site passe progressivement du statut de falaise phare, avec ses heures de gloire, à celui de site oublié, démodé. Puis arrive en 2007, David Malbos. Moniteur d’escalade, il intègre le service des sports de la ville avec comme mission première, la reprise en main du site, la mise en sécurité et la maintenance des voies et accès. Désormais, les voies sont visitées et entretenues quotidiennement ! Un travail considérable qui permet aujourd’hui de grimper en ces lieux toute en sérénité.
David Malbos Actif et passionné, c’est tout jeune que David découvre les activités liées à la verticale. Il a acquis au gré des aventures, des rencontres et des formations une riche expérience humaine et professionnelle. Son parcours plutôt atypique l’a conduit aujourd’hui à prendre en main la gestion et l’entretien des voies d’escalade de Cavaillon sous la responsabilité de la collectivité.
«De là, le site passe progressivement du statut de falaise phare, avec ses heures de gloire, à celui de site oublié, démodé. » Le service des sports de Cavaillon a mis en place un outil unique, performant et novateur, en matière de traçabilité et de maintenance du site. Les voies sont considérées aujourd’hui comme de véritables équipements sportifs à part entière, au même titre que tout équipement structurant (stade, gymnase…). Le service des sports de la commune est à l’écoute permanente des usagers pour répondre avec réactivité à toute information donnée (04 90 78 09 15).
La falaise est constituée d’un calcaire compact de type urgonien. Haute de 180 mètres, la colline Saint Jacques est un bout du massif du Luberon dont la jonction s’est effondrée (fossé d’effondrement) il y a 8 millions d’années. Le point bas de Cavaillon est situé, quant à lui, à 66 mètres. Un véritable phare au cœur de la Durance !
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Sur les quelques 33 autres secteurs, le rocher est tout simplement « neuf » ! Creusé par les eaux tumultueuses d’antan, le site regorge de vraies petites cavités spéléologiques. Les diverses orientations des secteurs permettent de grimper toute l’année ! Au soleil ou à l’ombre en fonction de la saison, la majorité des secteurs demeure à l’abri du mistral, même très fort (vent du nord). L’unique bémol, c’est la patine sur les 2 secteurs les plus fréquentés (les plus proches du parking, au niveau du stade). Qu’importe, ces voies-là sont belles, bien situées, et accessibles (beaucoup de bons bacs attendent vos mimines). Et sur les quelques 33 autres secteurs, le rocher est tout simplement « neuf » ! La hauteur moyenne des voies se situe entre 20 et 30 mètres jusqu’à atteindre 60 mètres par endroit (3 longueurs). N’oubliez pas le nœud en bout de corde, obligatoire ! (de nombreuses voies d’une longueur font plus de 30/35 mètres).
La situation géographique de Cavaillon est exceptionnelle par la proximité immédiate des servitudes routières (A7 entre autres) et par l’ensemble des commodités, commerces, campings, gîtes, restaurants, etc… Falaise urbaine veut également dire que l’on est très rapidement à la bière d’après la grimpe ! Dans les environs, d’autres sites majeurs vous attendent comme Orgon, les Alpilles, Buoux, Venasque, les Dentelles de Montmirail et autres... Le fort patrimoine culturel et les nombreuses offres touristiques environnantes ajoutent encore une plus-value au site. Les professionnels répondent présents toute l’année afin de servir autant les hôtes de passages que les abonnés.
Serge Bonnaud À 58 ans, ce technicien en électronique basé à Avignon aime toujours autant l’escalade et les séances entre potes, spécialement entre « vieux » grimpeurs. Il se définit lui-même comme râleur, voire comme Le râleur des falaises du Sud ! Il reconnaît que l’escalade l’a rendu plutôt modeste, surtout entre 2 clous (rires).
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Cavaillon est située entre Avignon et Salon de Provence, le long de la Durance, elle-même le long de l’autoroute A7. Les falaises sont inratables, parsemées sur la colline Saint Jacques, côté nord ouest de la ville. Les deux principaux accès se font au niveau des stades et du service des sports (sortie ouest de Cavaillon) et depuis la Chapelle Saint Jacques sur la colline du même nom. De ces deux accès, vous n’aurez pas un secteur à plus de 10 minutes de marche de la voiture.
Topos
Le topo-guide épuisé depuis longtemps déjà est en cours de refonte à l’heure actuelle. Sa sortie est prévue en 2013. En attendant, vous pouvez téléphoner au service des sports qui, en guise de bienvenue, pourra vous fournir une copie de l’ancien topo.
Dans les bras de Morphée
Pour les commodités sur Cavaillon, consulter le site de l’Office du Tourisme : www.cavaillon-luberon.com
Se faire guider
Par le maître des lieux bien sûr : David Malbos, www.vertical-session.com
Malgré la proximité urbaine, il convient de respecter les lieux ! - Pas de feu. - Pas de camping sauvage. - Ne jetez pas vos déchets n’importe où, les poubelles ne sont pas loin ! - Restez courtois. - Évitez de vous étaler avec votre matériel. - Pas d’équipement sauvage ou de quelque nature que ce soit qui modifierait les voies. - Respectez les arrêtés en place. - Garez-vous correctement. - Ne laissez rien d’apparent dans les véhicules.
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Les grimpeurs gardent souvent leur vieille corde pour en faire une laisse pour chien ou pour tirer une voiture en panne. Parfois, ils la donnent à des associations de naturalistes pour la fabrication d’écuroducs (cordes tendues au-dessus des routes pour le passage des écureuils). Certains la rapportent aussi au magasin où ils l’ont achetée, pour profiter des opérations de recyclage. Plusieurs fabricants, comme Sterling aux USA, proposent une reprise, à grande échelle, des cordes usagées. Depuis quelques années, le français Millet a mis en place une collecte du même type, qui risque malheureusement s’arrêter en 2013. Le principe était simple : récupérer les cordes en polyamide auprès de ses clients pour les transférer ensuite dans une unité de recyclage chez le géant de la chimie Rhodia. Cette unité procédait au nettoyage et à la fabrication de polyamide régénéré qui était ensuite utilisé par Millet pour fabriquer des boucles de sac à dos. L’engagement des grimpeurs, des magasins partenaires et des salles d’escalade a ainsi permis depuis 2006 de collecter 150000 mètres de cordes en moyenne par an. Fin 2011, le cap du million de mètres de cordes a même été franchi. 1 million de mètres équivaut à 80 tonnes de polyamide recyclées et 134 tonnes de CO2 économisées. Pas négligeable… Plus anecdotique, mais originale, la piste du design mérite d’être mentionnée. Certains fabricants de meubles craquent aussi à leur
manière pour le polyamide et donnent ainsi une deuxième vie à nos vieilles cordes d’escalade. Seilfaktur, par exemple, est une marque allemande qui récupère et recycle les cordes usagées. Son but : en faire des objets à la fois ludiques et fonctionnels. Parmi les modèles de sièges proposés, la Liesl est un tube circulaire, tricoté avec de la corde d’escalade formant une enveloppe autour de deux balles de grande taille. Celles-ci peuvent être déplacées à l’intérieur du tube pour créer différents types de positions assises ou couchées. Dans le même esprit, le modèle Seilschaft utilise des tuyaux en PVC insérés dans le tissage de la corde d’escalade. Du plus bel effet dans un intérieur de grimpeur ! Moins futile, l’association Liberty Grimpe récupère des cordes, neuves ou usagées, pour les acheminer en Afrique subsaharienne. Les cordes récupérées (statiques ou dynamiques), servent à équiper des puits et faciliter ainsi l’accès à l’eau pour des populations défavorisées. L’eau est puisée à la force des bras dans des puits qui font une cinquantaine de mètres de profondeur. L’intérêt des cordes d’escalade est leur durée de vie et leur relative douceur pour la peau.
5 kilomètres de cordes ont été récupérés cette année par Liberty Grimpe. Alexandra Fayet, qui œuvre dans l’association, tire un premier bilan : « Notre activité est en développement suite à la création de nouveaux partenariats avec des donneurs (la boutique 9 C +, la fondation Petzl, Vitam’ parc...). Nous les remercions au passage pour tout ce travail de récolte et d’acheminement vers notre lieu de stockage. La situation actuelle au Mali nous empêche temporairement de continuer notre action (le dernier convoi est arrivé à destination le 5 février dernier). Nous continuons à accumuler des cordes. Nous avons pu néanmoins acheminer quelques cordes (69 kg) vers le Niger, grâce à l’association Tidène. Aussi nous cherchons de nouveaux partenaires, c’est-à-dire des personnes ou associations susceptibles d’acheminer ces cordes vers des pays les nécessitant. »
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La chaîne de t outes les montagnes
René Desmaison, mort à 77 ans d’une longue maladie, comme on a coutume de dire, était un géant au sens propre comme au sens figuré. Les voies qu’il a ouvertes, que ce soit dans les Préalpes calcaires ou les hautes montagnes du monde entier, portent sa marque de fabrique. Ce sont des voies exigeantes, sans compromis, nécessitant souvent un grand engagement pour ceux qui prétendraient vouloir les répéter.
D
ans ces itinéraires de haut vol, on trouve souvent le mot directe, directissime ou hivernale : la directissime des Grandes Jorasses dans laquelle il est resté 342 heures avec l’infortuné Serge Gousseault, celle du pic de Bure et de la face ouest de l’Olan, celle des Gillardes, celle de la face sud du Huandoy en Bolivie qui demeura pendant longtemps l’une des voies les plus dures au monde à cette altitude. Dans les années 60, il réalisa également les premières hivernales du pilier du Frêney et de la face ouest des Drus.
U
n peu à la manière de Bonatti qui s’entraînait à s’endurcir dans des frigidaires et qui fut retrouvé vivant au pied du pilier du Frêney avec un taux de CO2 mortel dans le sang, René a survécu à tout. On ne sait pas par exemple comment il a survécu durant plus de 10 jours bloqué par le mauvais temps au sommet des Grandes Jorasses, dont les 3 derniers blotti contre son compagnon mort de froid. Cette fois-là, il fut sauvé in extremis par un secours héliporté.
I
ronie du sort, c’est un sauvetage épique aux Drus qui le fit connaitre du grand public. En 1966, il décide de rejoindre par la face ouest une cordée d’allemands bloqués tandis que les secours officiels tentent une opération
par la plus abordable face nord. René arrive le premier. Avec deux de ses amis dont le célèbre Gary Hemming, il parvient à les tirer de ce mauvais pas. C’est un héros ! Par mesure de rétorsion, l’affaire qui provoqua quelques remous entraîna son renvoi de la compagnie des guides de Chamonix.
P
our lui, tout a commencé par la varappe à Fontainebleau. Il grimpa vite très fort. Comme par hasard, il choisit pour massif de prédilection, la Dame Jouanne, celui où les blocs sont les plus hauts. Souvent accompagné de son meilleur ami, le cinéaste José Giovanni (dont il épousera la sœur Simone), il ne tarde pas à courir sur le grès bellifontain. Son désir est d’utiliser la forêt comme terrain d’entraînement pour de grandes réalisations dans les Alpes. C’est ainsi qu’il établira des records de rapidité sur le circuit violet de la Dame Jouanne. L’enchaîner demeure aujourd’hui un gros challenge, tant certains passages sont engagés.
A
yant acquis une grande notoriété après le sauvetage des Drus, René en joua sans faux-semblant. Il fallait gagner sa croute ! C’est ainsi qu’on le trouva escaladant la Tour Eiffel avec force caméras dans son dos. On le vit vendre les photos du sauvetage des Drus à Paris Match ou grimper la paroi
du Linceul en direct sur RTL. À cette occasion, plusieurs directs étaient réalisés chaque jour ! Le coup médiatique était tel que René en profita pour faire durer le plaisir ! Maintenant le public en haleine, il passa plus d’une semaine dans cette paroi qui fut descendue à skis moins de trois décennies plus tard…
R
ené est une forme du verbe renaître. Dans la symbolique des prénoms, celui qui dans un clan familial doit renaître est nécessairement mort prématurément ou injustement. Il se trouve précisément dans le ciel, au royaume des morts. Celui qui porte ce prénom est donc programmé pour aller lui rendre visite le plus régulièrement possible là-haut, tout là-haut dans le ciel. Pour réussir sa mission, il peut utiliser n’importe quel vaisseau volant, un avion, un parapente, ou par le biais des montagnes, s’en rapprocher le plus souvent possible. Ainsi, il rembourse sa dette inconsciente. René, était donc parfaitement à sa place sur ses chers sommets. Nul doute qu’à la fin de sa vie, René continuait de parcourir les montagnes en pensant à certains de ses chers compagnons de cordée morts làhaut : Serge Gousseault et Jean Couzy notamment.
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Ce printemps quatorze membres du Grenoble Université Club Escalade Montagne (Gucem) ont construit le projet d’aller équiper des voies d’escalade en Tunisie, là où malgré une très belle qualité de rocher et de paysages, très peu de voies avaient été ouvertes. Ce projet s’est concrétisé en juin dernier par la création d’une section escalade au sein du club de la ville de Zaghouan et par l’équipement complet d’une trentaine de voies et grandes voies de tous niveaux.
« Nos amis Tunisiens nous ont réservé un accueil exceptionnel, nous assurant logement, repas et bonne humeur ! » appris qu’ils cherchaient à développer l’escalade depuis plusieurs années, mais manquaient de moyens. Nous avons conclu un partenariat et monté une petite expédition afin d’aller y équiper des voies et les aider à créer un club d’escalade, le premier de Tunisie.
Notre ami Slim est venu un jour nous voir au GUCEM avec un petit projet qui lui trottait dans la tête. Pratiquant assidu de sports de montagne, il se demandait s’il pourrait continuer à pratiquer dans son pays d’origine, la Tunisie. Mais il a rapidement fait le constat que ce sport était quasiment inconnu là-bas.
Dans les années 80, il y avait bien une section du CAF à Tunis, mais ce n’est plus qu’un lointain souvenir. Pourtant, bien que la Tunisie ne soit pas un pays très montagneux, on y trouve quelques beaux massifs calcaires rappelant ceux du sud de la France. Et c’est précisément ce que Slim est venu nous expliquer avec quelques photos du Djebel
Zaghouan à l’appui, histoire de nous mettre l’eau à la bouche. Il ne nous en fallait pas plus. Nous avons pris contact avec les membres du Spéléo-club de Zaghouan (une petite ville à 60 km au sud de Tunis, connue pour ses sources alimentant autrefois Carthage) et ils nous ont
Il n’a pas été dur de trouver des grimpeurs motivés au GUCEM et en peu de temps nous étions prêts au départ avec le soutien du CNDS. Dans nos bagages : du matériel offert par Petzl en plus de celui donné par l’ESMUG. Une fois débarqués du ferry, nous avons pris pleinement conscience des attentes de nos amis Tunisiens. Extrêmement motivés et déterminés à faire de leurs montagnes un centre d’intérêt de la région, ils nous ont réservé un accueil exceptionnel, nous assurant le logement, les repas et la bonne humeur.
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www.thuria.com crédit photos : S. Bié - Simond
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Bien sûr, à peine arrivés, nous avons couru voir ces fameuses falaises de près et nous n’avons pas été déçus par ce que nous avons découvert : un vaste terrain de jeu entièrement vierge, un rocher rouge et sculpté dans un cadre exceptionnel... le rêve ! Nous avons soigneusement choisi les secteurs restant à l’ombre le plus longtemps, car le mois de juin là-bas ressemble à notre mois d’août. Le premier spit a rapidement été planté et en quelques jours de dur labeur sous le soleil nous avons ouvert, en plus d’une grande voie de 150m assez dure, une vingtaine de voies de 4, 5 et 6ème degrés réparties sur trois secteurs dans le canyon de l’Oued Delia... Certaines ont demandé un peu plus de travail de nettoyage que ce à quoi nous nous attendions, mais c’est souvent le prix à payer pour ouvrir des voies de niveau abordable aux débutants. Nos amis Tunisiens ont largement relayé l’information et nous avons organisé une journée de découverte de l’escalade. À notre grande surprise, c’est une soixantaine de personnes venues de toute la Tunisie qui sont venues s’essayer à l’escalade. Beaucoup étaient membres de petits clubs de spéléo et étaient ravis d’étendre le champ de leurs activités.
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Le chantier a ensuite été déplacé vers Kaf-al-Blida, une falaise de plus grande envergure, que nous avions remarquée tout de suite, mais dont la difficulté semblait peu compatible avec l’initiation. Expérience intéressante que de lâcher quatorze grimpeurs surexcités, équipés de perforateurs, sur une falaise vierge de 40 à 110 mètres de haut ! En deux jours ont été ouvertes deux grandes voies de difficulté modérée (6b max), mais aussi Printemps Arabe (une grande voie sportive très homogène dans le 6c) et quatre voies d’une longueur dont une king-line de 60 mètres en 8a dans un magnifique mur déversant garni de concrétions. Le rocher exceptionnel et la situation idyllique de ce secteur qui domine la plaine en fait un passage incontournable, ne serait-ce que pour la ballade. Nous rentrons de cette expé conquis par la gentillesse de nos hôtes, des images plein les yeux et des projets plein la tête, car l’équipement est une activité passionnante à laquelle on prend vite goût, surtout quand un tel potentiel s’offre à vous !
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