Edmund de Waal

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EDMUND DE WAAL Lettres de Londres January 20 / April 15, 2017



EDMUND DE WAAL Lettres de Londres January 20 / April 15, 2017

Textes / Texts Caroline Freymond Laurence Dreyfus Edmund de Waal Commissaire de l’exposition / Curator of the exhibition Laurence Dreyfus Espace Muraille, Genève Caroline et Eric Freymond Nicolas Christol

EDMUND DE WAAL

EDMUND DE WAAL Lettres de Londres January 20 / April 15, 2017

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CAROLINE FREYMOND

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GALERIE APPARTEMENT LISTE DES Å’UVRES BIOGRAPHIE REMERCIEMENTS / IMPRESSUM

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CAROLINE FREYMOND Une visite singulière et particulière de l’exposition imaginée par Edmund de Waal pour le bel étage du 8 rue Beauregard Ce catalogue se veut en quelque sorte la mémoire retrouvée et pérennisée de l’exposition d’une série d’œuvres choisies du céramiste-écrivain Edmund de Waal à l’Espace Muraille du 20 janvier au 15 avril 2017. Regroupées sous le titre de «Lettres de Londres», elles ont été sélectionnées, voire créées, en référence à l’ouvrage du même titre dû à la plume florissante de Voltaire, l’éminent écrivain et philosophe des Lumières qui a passé les dernières années de sa vie à Ferney, dans le tout proche voisinage de Genève. Lorsqu’Edmund de Waal est venu découvrir Espace Muraille et s’imprégner des lieux pour y proposer un univers in situ, inauguré le 19 janvier 2017, Eric et Caroline Freymond lui ont également fait découvrir l’appartement qu’ils étaient en train de rénover au 8 de la rue Beauregard, soit juste au-dessus du lieu d’exposition inscrit dans les fondations de leur maison. En être passionné d’architecture, d’histoire, de musique et de littérature, Edmund de Waal, dont la propre histoire familiale est jalonnée d’objets de collection, témoins silencieux de la grande Histoire, est immédiatement tombé sous le charme de ses volumes reflétant tout l’art des proportions du XVIIIe siècle et abritant des boiseries et des décors d’époque dans un état de conservation remarquable. Les travaux de restauration ont depuis lors permis de redonner tout leur éclat et leur délicatesse aux nombreux médaillons, sculptures en bois et en plâtre qui font tout le charme et l’élégance des pièces de cet appartement situé au bel étage. L’ensemble, plutôt théâtral, peut assurément être considéré comme une invite à la conversation, comme on aimait à s’y livrer à l’époque où cet hôtel a été construit, soit en 1774, lorsque la famille Thellusson, banquiers associés aux familles Necker et Vernet, l’a fait édifier. Isaac de Thellusson, le précurseur, est d’ailleurs représenté dans un des médaillons du salon en grande conversation avec Voltaire, d’où l’enthousiasme d’Edmund à l’idée d’investir également cet étage pour y présenter des œuvres spécialement réalisées en rapport et en dialogue avec l’espace, sa dimension historique et philosophique. Grâce à la présence de Voltaire, s’inscrivant dans cet intérieur comme témoin du passé, mais aussi comme messager de ce siècle des Lumières dont il a été l’un des plus brillants représentants, diffusant ses idées novatrices, en conversant de tout avec esprit avec les plus grandes figures de l’époque, l’imagination d’Edmund, relayée par sa grande culture, n’a fait qu’un tour de potier!

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A l’instar de la petite madeleine de Proust, d’un petit tas d’éclats de peintures et de plâtre écaillé, fruits du décapage et témoins de l’origine de la construction, une idée lumineuse s’est imposée à Edmund de Waal lors de sa venue ici, soit celle d’imaginer des installations revisitant les «Lettres de Londres» de Voltaire, ce qui lui permettait, par la même occasion, de justifier sa présence «dans le décor» en sa qualité de natif de la perfide Albion… Chose pensée (et déjà réalisée dans d’autres lieux chargés d’histoire, comme Waddesdon Manor, la prestigieuse propriété des Rothschild dans le Buckinghamshire, auxquels Edmund est apparenté par ses ancêtres Ephrussi), chose faite ici, en s’inspirant de différents thèmes développés par Voltaire dans ses lettres, comme dans sa vie à Ferney. Lors du vernissage de cette exposition éphémère, en marge de celle conçue pour Espace Muraille, le visiteur, en commençant la visite au salon, pouvait découvrir tout d’abord, sous l’œil vigilant et volubile de Voltaire, une composition tout en blancheur intitulée «Lettres de Londres: Sur les Quakers», le blanc renvoyant à l’austérité de cette secte, née en Angleterre, pour qui la croyance religieuse est en quelque sorte une lumière intérieure appartenant à la sphère personnelle et où chacun est libre de ses convictions. Après «Le monde comme il va», évocateur de l’esprit de curiosité et d’observation si avisé de Voltaire sur la société, les idées et les sciences de son temps, on observait, sur la cheminée du petit salon attenant, une pièce rendant hommage au grand inventeur et esprit scientifique anglais de la fin du XVIIe siècle, Isaac Newton, judicieusement placée à cet endroit en clin d’œil aux oculaires vitrés qui séparent cette pièce du vestibule de l’appartement: «Lettres de Londres: Sur l’Optique de Mr Newton». En poursuivant la visite, la pièce suivante offrait la découverte d’un empilement d’assiettes à l’équilibre audacieux dans une composition de vitrines intitulée «Lettres de Londres: à Ferney», témoignant de cet art de la table et de la conversation qui réunissait et conduisait à Ferney l’élite des plus grands esprits du siècle. Dans l’enfilade, on pénétrait alors dans un petit cabinet, écrin d’un décor du plus grand raffinement, où Edmund de Waal avait imaginé de placer «Un atlas pour Voltaire» dans le foyer de la cheminée, symbolisant les vastes connaissances et sujets d’intérêts variés de celui qui se disait à Ferney «l’aubergiste de l’Europe». Les différents pots de porcelaine de cette œuvre se nichaient dans des compartiments qui, par leurs tailles diverses, faisaient référence au papier des livres dont les formats, à l’image de la pluralité des connaissances, sont des plus divers (in-folio, in-quarto, in-octavo, etc.). «Last, but not least», un étroit corridor conduisait enfin le visiteur à la dernière pièce investie par Edmund de Waal, abritant de manière insolite «Lettres de Londres: Mélanges, I-V» (n°21), dans une mise en scène un peu mystérieuse, de nature à interpeler et à prolonger par le souvenir et la mémoire retrouvée le caractère éphémère et inédit de ce pèlerinage sur les traces énigmatiques et érudites de l’auteur d’Un Lièvre aux Yeux d’Ambre. En observateurs avisés, les visiteurs pouvaient remarquer que plusieurs œuvres étaient composées de récipients en porcelaine contenant des fragments, recouverts parfois de quelques traces de feuille d’or. Ils étaient là comme une délicate et précieuse transposition de ces témoins et restes du passé, à l’origine de l’inspiration d’Edmund de Waal, auxquels ils redonnaient vie par la magie de l’art.

CAROLINE FREYMOND A singular and particular visit of the exhibition imagined by Edmund de Waal for the master floor of 8 rue Beauregard This catalogue holds the recovered and perpetuated memory of the exhibition of a series of chosen works by ceramicist and author Edmund de Waal, which took place at Espace Muraille from January 20 th to April 15 th, 2017. Assembled under the title Lettres de Londres, they have been selected, or created, in reference to the similarly-titled book by Voltaire, the Enlightenment philosopher who spent the last years of his life in Ferney, a town adjacent to Geneva. When Edmund de Waal came to Espace Muraille to discover the place and take in the gallery in order to create a universe designed for it, which was inaugurated on January 19th, 2017, Caroline and Eric Freymond invited him to discover the apartment, one floor above, that they were renovating, on 8 rue Beauregard, right above the exhibition space that is located in the foundation of their home. Edmund de Waal has a passion for architecture, history, music, and literature, and his own family life has been interspersed by collectibles that stood the test of time and history. This led him to immediately fall for the charm of the apartment and its space, a reflection of the art of proportion of the 18th century, decorated with panelling and remarkably well-conserved décor dating from that time. Since his visit, the restoration works have given back their radiance and their finesse to the many medallions, as well as to the wood and plaster sculptures that give their appeal and elegance to the rooms of the apartment in the master floor. The restored apartment, rather theatrical, can surely be considered as an invitation to conversation, a skill appreciated in 1774, the year that the building was completed under the command of the Thellusson family, bankers associated to the Necker and Vernet families. Isaac of Thellusson, the family’s first well-known ancestor, is represented in one of the medallions, having a conversation with Voltaire. This image inspired Edmund to present his works in this floor as well, works especially created for this apartment, and in a dialogue with its historical and philosophical dimension. Voltaire appears as a witness to the past of this place, as well as a messenger from the Age of the Enlightenment, of which he was the brightest representative, disseminating innovative ideas, and discussing with wit about all sorts of topics with the greatest minds of these times. His presence sparked Edmund’s imagination, helped by his great erudition, for creating pottery.

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Thanks to the evocative strength of a little pile of paint and plaster chips, the residue of the restoration works, a material that traces back to the original time of the construction, a luminous idea came to Edmund de Waal during his visit: to imagine installations inspired by Voltaire’s Lettres de Londres, which would allow Edmund to justify his presence in this “décor” since he is a native of Perfidious Albion. Let it be thought (as had been the case in other places laden with history, such as Waddesdon Manor, the prestigious Buckinghamshire property of the Rothschild, to whom Edmund is related by his Ephrussi ancestors), let it be done, as was the case here, with an inspiration based on the different themes evoked by Voltaire in his letters, such as his life in Ferney. At this ephemeral exhibition’s opening, which took place at the same time as the opening of the main event at Espace Muraille, the visitors that started their visit in the living room could first discover, under Voltaire’s articulate gaze, a white composition entitled Lettres de Londres: Sur les Quakers. The colour refers to the austere ideas of this British-born religious group, for whom religious faith is, in a way, an inner light that belongs to the personal sphere, while everyone is free to hold their beliefs. After Le monde comme il va, which evokes Voltaire’s curious and observant mind, so sharp when it came to the society, ideas, and science of his times, one could see, in the mantelpiece of the next room, a small lounge, a tribute work to the great English inventor and scientific mind of the end of the 17th century, Isaac Newton, placed in that location as a wink to the glass oculi that separate this room from the apartment’s hall, and titled Lettres de Londres: Sur l’Optique de Mr Newton. Continuing the visit, the next room unveiled a composition entitled Lettres de Londres: à Ferney, consisting of a pile of plates in a bold balance held in a showcase. This display alludes to the art of the table and the art of conversation, which brought to Ferney the elite of the greatest minds of the century. The following room is a small place, the delicate backdrop for a very refined décor. On the hearth of this room’s fireplace, Edmund de Waal placed Un atlas pour Voltaire, symbolizing the vast amounts of knowledge and themes of interest of the Ferney host, who called himself the “innkeeper of Europe”. The different porcelain pots of this work were contained within compartments of different sizes, a reference to the varying paper formats of books (in folio, quartos, octavos, etc.), as diverse as the plurality of knowledge. Last, but not least, a narrow corridor led the visitor to the last room occupied by Edmund de Waal’s exhibition. It held, surprisingly, Lettres de Londres: Mélanges, I-V, presented in a slightly mysterious setting, aiming at evoking and prolonging the recovered memory of this ephemeral and new pilgrimage on the enigmatic and erudite steps of the author of The Hare with Amber Eyes. The visitors, astute observers, could note that several works included porcelain vessels containing fragments, sometimes covered by traces of gold leaf. They made for a delicate and precious transposition of these remains or pieces of evidence from the past, which first nourished Edmund de Waal’s inspiration, and which were brought back to life by the magic of art.

LAURENCE DREYFUS Les céramiques allégoriques d’un monde insoupçonné Ma première rencontre avec l’œuvre d’Edmund de Waal remonte à la FIAC de 2013 où, sur l’un des beaux stands de l’allée centrale, une meurtrière composée de petits pots en céramique couleur céladon tranchait avec le brouhaha visuel des œuvres présentées. M’interrogeant de prime abord sur la pertinence de montrer des céramiques évocatrices des traditions chinoises, j’ai vite reconnu là tant une continuité qu’une réinterprétation du grand art de la céramique. Homme de lettres doté d’une culture aussi exceptionnelle que porteuse d’universalité, Edmund de Waal s’inscrit dans la tradition des artistes qui transforment leurs œuvres en un lieu de mémoire collective. Sa céramique, au vocabulaire minimaliste, constitue un moyen d’expression métaphorique, ouvrant devant nous un monde insoupçonné. L’exposition qui lui est consacrée à l’Espace Muraille exige du promeneur qu’il prenne son temps, arrêtant son regard sur les détails, lisant les titres des œuvres. Disposées dans l’espace comme une immense partition, les vitrines résonnent chacune telles des notes de musique se répondant l’une l’autre. Pratiquant la céramique depuis l’âge de 5 ans, Edmund de Waal a développé, au fil des années, des installations qui peuvent s’appréhender comme des phrases. Au cours de ses années d’expérimentation et de réflexion, il développe son propre vocabulaire de céramiste avec autant de rythmes, de séquences, de ponctuations, comme des phrases inspirées par la musique, les écrivains et les philosophes. Voltaire, John Cage, Terry Riley, Paul Celan et Wolfgang Amadeus Mozart, sont le reflet de l’humanisme et de la connaissance qui l’accompagnent dans sa conscience intellectuelle tels de fidèles compagnons de route. Le rez-de-chaussée est consacré aux références musicales, à l’instar de John Cage (musicien américain d’avant-garde, conceptuel et minimaliste, du milieu des années cinquante). «the Ten Thousand things for John Cage» réunit, dans une vitrine ouverte, des poteries et des plaques d’acier Corten. Son titre est inspiré de l’une des phrases favorites de John Cage, elle-même tirée des pensées chinoises taoïstes évoquant la répétition et le déroulement infini des choses. L’ensemble de sa créativité est marquée par la diversité des matériaux utilisés (l’acier Corten, le plomb, l’albâtre et la feuille d’or) qui lui confère le pouvoir de créer une tension et une histoire entre les objets.

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«Ostracon» s’inspire de l’archéologie gréco-romaine. Edmund accepte ici de s’éloigner des formes pleines, fines et parfaites des porcelaines qu’il crée pour nous donner à voir des fragments cassés, recouverts d’or, dans 13 petites vitrines. Cette œuvre majeure fait référence à des parois cassées de poterie utilisées, dans l’Antiquité, comme un support d’écriture appelé «Ostracon». A usage éphémère, aucun texte d’une grande importance n’était gravé sur ces fragments. Une fois exploitées, les ostraca étaient généralement jetées. Cet objet antique réunit les deux penchants d’Edmund de Waal, l’écriture et la céramique, mais il nous rappelle également l’obsession de l’artiste pour l’histoire des objets, presque leur généalogie, et leur place dans notre monde, comme il en a fait le récit dans son célèbre ouvrage «La mémoire retrouvée1». Enfin, 11 mini vitrines, «micromegas», renvoient aux «Micromégas» de Voltaire, ouvrage paru en 1752 qui reflète parfaitement l’esprit du Siècle des Lumières par des références religieuses, morales et philosophiques. Au sous-sol, les œuvres exposées apparaissent comme un hommage au poète et résistant Paul Celan. On découvre ainsi, sous l’escalier, deux œuvres intitulées «Ancel I» et «Ancel III», patronyme d’origine du poète qui évoluera, à la faveur d’un anagramme, en P. Celan après la fin de la seconde guerre mondiale. P. Celan a toujours affaire à la mémoire. Il est le poète de la perte et de la fragmentation. Il rompt le langage pour mieux l’assembler. Ici se fait le lien: De Waal a déclaré que les «zones blanches de ses travaux sont comparables aux pages blanches du poète». Plus loin, une œuvre un peu cachée, «music at night», est une allusion à peine déguisée à la fameuse petite musique de nuit de Mozart. Edmund s’inspire de cette sérénade majestueuse pour quintette à cordes pour évoquer la simplicité, la clarté, et la douceur. «everything you remember, I», œuvre sur la thématique de la mémoire, récurrente dans l’œuvre de l’artiste, se compose de graphite et de céramique aux couleurs argentées. Les gris mats et brillants représentent nos souvenirs, ceux que nous gardons en mémoire, comme ceux que nous occultons. «in C», œuvre majeure, travail d’envergure, s’inspire du musicien américain minimaliste Terry Riley et plus précisément de sa composition «in C», créée en 1964 et considérée comme étant la première œuvre du courant de la musique minimaliste américaine. «in C» présente un concept alors inédit pour l’époque: la partition est composée de seulement 53 phrases musicales où les musiciens doivent jouer chacun de ces motifs et les répéter autant de fois qu’ils le souhaitent. Dans cette composition, il n’y a aucune contrainte sur le nombre choisi de répétitions. La pensée taoïste, chère à John Cage, refait ainsi surface avec la répétition, également présente dans l’œuvre d’Edmund de Waal intitulée «the Ten Thousand things for John Cage». Edmund de Waal poursuit et clôt le parcours de l’exposition avec une vitrine de céramiques noires, «to begin again», où des tubes de céramique, figés, sont posés comme des livres dans une bibliothèque, que l’on aurait envie de lire et relire. Le choix de montrer les œuvres d’Edmund de Waal s’est imposé tant pour la beauté de ses gestes que pour son lien avec l’histoire de l’art, comme avec la grande Histoire. Son destin est, en effet, étroitement lié à l’histoire de la fin du XIXe et du XXe siècle, comme de nombreux lecteurs ont pu le découvrir dans son livre, «La mémoire retrouvée», publié en français en 2011. Cet ouvrage, à la fois épopée familiale et enquête sur un monde évanoui, retrace l’histoire d’une importante collection de netsukes dont il a hérité de sa famille, les Ephrussi. Tel est le point de départ de ce livre captivant, paru en anglais en 2010 sous le titre «The hare with amber eyes», un bestseller publié en plusieurs langues et demeuré de très longs mois en tête du prestigieux classement des livres du New York Times. A la lecture de ce livre, on découvre que la notion de collection est centrale pour Edmund de Waal et qu’il l’applique à ses compositions. Ses installations réussissent le tour de force de renouveler l’image que l’on se fait de la Collection de céramiques. Plus généralement, Edmund établit avec l’objet un lien fort qui s’attache à son histoire et à sa place dans notre monde. Quel bonheur et quel honneur d’avoir réussi à convaincre Edmund de Waal de venir exposer pour la première fois à Genève, dans ce lieu si fort et minéral! La rencontre entre cet espace et ses œuvres apparaît comme un mariage naturel, évident, entre le kaolin et ces fortifications de pierre réaménagées.

LAURENCE DREYFUS Allegorical Ceramics From An Unexpected World My first encounter with Edmund de Waal’s work took place in 2013 at the FIAC. On one of the beautiful stalls in the central alley, a long rectangular cabinet made out of small celadon ceramic pots stood in stark contrast to the visual disorder of the presented works. After first wondering about the relevance of a display of ceramics that evoked Chinese tradition, I quickly noticed aspects of the piece’s continuity with the great art of ceramics, as well as a reinterpretation of it. Edmund de Waal, a man of letters with exceptional and universal erudition, belongs to a tradition of artists who transform their works in loci of collective memory. His ceramics, with their minimalist vocabulary, constitute a metaphorical means of expression, which open to us an unexpected world. His exhibition at Espace Muraille demands that visitors take their time, let their gaze explore the details, and read the works’ titles. Arranged in the space in a way that reminds the visitor of a giant music score, the pieces in the display cases echo like notes, answering one another. A ceramics practitioner since the age of 5, Edmund de Waal has created, through the years, installations that can be approached like sentences. During his experimental and reflexive stage, he developed his vocabulary as a ceramicist with rhythms, sequences, and punctuation, much like sentences inspired by music, writers, and philosophers. Voltaire, John Cage, Terry Riley, Paul Celan, and Wolfgang Amadeus Mozart are the names that reflect the humanism and knowledge of Edmund de Waal’s intellectual consciousness like faithful travel companions. The ground floor is devoted to musical references such as John Cage (conceptual, minimalist, avant-garde American musician from the mid-1950’s). the ten thousand things, for John Cage brings together in an open display potteries and Cor-Ten steel slabs. The title is inspired by one of John Cage’s favourite sentences, itself a reference to a Chinese Taoist thought about repetition and the infinite unfolding of things. The power of this creativity give diversity to the material used in this creation (Cor-Ten steel and porcelain) that stimulate a tension between the objects and create a story for them.

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Ostracon is inspired by Greco-Roman archaeology. Here, de Waal accepted to take a step back from the delicate, rounded, and perfect shapes that he usually creates to offer the viewers broken fragments, covered in gold, placed in 13 smaller displays. This work, a major one, evokes the broken pots on which inscriptions were made, in Antiquity. Their use was short-lived, and no text of importance was recorded on them. Once used, the ostraca were generally discarded. These antique fragments of pottery contain both of Edmund de Waal’s interest: writing and ceramics, but they also remind us of the artist’s obsession for the history of objects, their genealogy, almost, and their place in our world, as he has recounted in his famous book, The Hare With Amber Eyes. Finally, set in 11 tiny displays, micromegas refer to Voltaire’s Micromégas, a work published in 1752, and which is a perfect reflection of the spirit of the Age of Enlightenment with its religious, moral and philosophical references. The works exhibited in the basement appear as a homage to the poet Paul Celan. Thus, one discovers, under the stairs, two pieces, titled Ancel I and Ancel III. Ancel was the poet’s family name, which he transformed, with an anagram, to P. Celan after World War II. P. Celan’s writings always deal with memory. He was the poet of loss and fragmentation, who broke language to rearrange it better, which is where the connection is established: de Waal declared that the “white spaces of these works can be compared to the poet’s white pages”. Farther in the gallery, a somewhat hidden work, music at night, is a thinly disguised allusion to Mozart’s famous Eine kleine Nachtmusik. de Waal takes his inspiration from this majestic serenade for a string quintet to evoke simplicity, clarity and sweetness. everything you remember, I is a work that touches on the theme of memory, a recurring topic in the work of Edmund de Waal. This piece is made out of graphite and silver-glazed ceramic. The matt and shiny greys represent our memories, those we keep in our minds, and those we conceal. in C is a major, significant work, inspired by minimalist musician Terry Riley, and more precisely by his composition in C, created in 1964, and considered to be the first piece of American minimalist music. in C introduced a novel concept for the time: the score is composed of only 53 musical phrases that the musicians have to play and repeat as many times as they like. The composition gives no constraints on the chosen amount of repetitions. Taoist thought, dear to John Cage, reappears here with the idea of repetition, which was also present in Edmund de Waal’s the ten thousand things, for John Cage. Edmund de Waal’s exhibition closes on a display of black ceramics, to begin again, in which fixed vessels of ceramic are placed like books in a bookcase, eliciting a desire in us to read them again and again. The choice to show works by Edmund de Waal was evident thanks to the beauty of his gesture as well as his connection with art history as well as history in general. His life has deep historical ties with the end of the 19th century and the 20th, as many readers discovered with his book, The Hare With Amber Eyes, published in French in 2011. The book, both a family epic and an investigation on a disappearing world, traces back the story of an important collection of netsuke that Edmund de Waal inherited from his family, the Ephrussis. The collection is the starting point of this captivating memoir, originally published in 2010, later translated in several languages, and which remained for several months at the top of the prestigious New York Times Best Sellers list. Reading this work, one discovers that the notion of collection is a central one for Edmund de Waal and that he uses it in his compositions. His installations accomplish a feat: renewing the image one has of a Ceramics collection. More generally, de Waal establishes a strong connection with objects that ties them to their history and place in our world. What a pleasure and what an honour to have managed to convince Edmund de Waal to show his work for the first time in Geneva!

EDMUND DE WAAL / MARCH 2017 Letters from London The air is full of noises. Some places are closer to Prospero’s island than others. You open this stout wooden door on a side street in the old town in Geneva, high on the ramparts, climb these stairs and feel the wear of the stone under your feet, the warmth of the worn handrail, open the doors and enter a suite of rooms. They are from the late eighteenth century, parquet floors of different woods that change from space to space, tall windows, boiseries, plaster mouldings, a series of hearths and thresholds. They are formal - they express decorum - and yet retain a kind of modesty to them too. You feel you know where you are. There are rooms for dining, for sleeping and dressing, for conversation, each room a different volume. They are patrician rather than princely. And each room has the slightest hum of a presence of the family and its friends that have lived here for the last two hundred and forty years. Stand still. It is full of noises, of music. High in the corner of the salon is a portrait of Voltaire in conversation with Monsieur Thellusson, part of a Huguenot dynasty of bankers and patrons of the arts who lived here and, is the tutelary presence. When I first saw these rooms they were also full of dust. The plasterwork of fauns and garlands and nymphs was in its final stage of three long years of restoration. There were scaffolds and ladders and tools, and in the bedroom there was a small heap of pale grey-blue painted eighteenth century plaster fragments. I picked some up. They were the colour of a Korean celadon, the washed-out tint of “sky after rain” that I’ve worked with in my porcelains for the last twenty-five years. I put a small handful of them into a plastic bag and took them back to my studio in South London. They started a line of feeling. There are conversations that you feel part of. I wanted to rest lightly in these rooms. To be here and then gone like a memory of music. To make a series of responses to these melodic spaces, to their idea of living. To write a series of letters from London to Geneva, from me to the current inhabitants of this house, from me to Voltaire. My Lettres de Londres. So I re-read Voltaire’s Lettres philosophiques, the early letters that he wrote back from London between 1726-1728 about the position of writers in English life; of Newton, the Quakers, inoculation, commerce, poetry and government. They are wry and interrogative. England is seen as odd but tolerant. And I keep reading and thinking of Voltaire’s anger, his lucidity, his humour, his care, his shaping of texts, his correspondence, his obsessive marginalia, his domesticity, his exiles and his returns. And above all I thought of his enjoyment of conversation, of the possibility of the exchange of ideas.

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And then I made my installations, my letters from London. There is a fiercely white small piece in honour of the Quakers to sit on a small piece of furniture, a garniture of tall vitrines each containing a single vessel and a leaning slither of silver to send light and shadows around a room, called Sur l’Optique de Mr Newton. I’ve made a quixotic group of dishes, many stacked into precarious towers, some singular, some gilded, some glazed in whites. It is a kind of homage a Ferney, the house in which Voltaire lived for the last twenty years of his life, a spilling over of talk and ideas, the leftovers to an unspooling proper meal. And for inside the fireplace of an intimate dressing room, I’ve placed a black lacquer cabinet containing other stacked black boxes, each one with black glazed porcelain vessels. Each cabinet is the size of a folio, quarto, duodecimo. This is an atlas for Voltaire, a mapping of his encyclopaedic world through his books. And finally there is a room with a cupboard in which, if you fling open the doors, you will discover a sumptuous Chinese lacquer red interior. Here I’ve placed Melanges, five small vitrines containing groups of vessels, shards, flakes of plaster, pieces of marble, gold and silver. Each of them is a sort of short story of materials and memories. For these rooms are as close to music as spaces get. As one set of doors is opened onto another room leading onto another, you sense the rhythms, pauses, cadences and returns that make this place so special. In the more public galleries of the Espace Muraille on the floors below the apartment, I continued to explore this theme. These galleries have been created out of the stores, stables and cellars of the great house. The apartment above is light. These deep spaces are chthonic. So works need to be placed with energetic deliberation, discovered in dialogue with the stone walls and arches, the weightiness of this architecture celebrated. Music threads this all together. Some of the pieces are concerned with pulse: to begin again and in C honour the ground breaking minimalism of Terry Riley. Some, like the works for John Cage and an installation called music at night are percussive: steel blocks or pieces of lead provide an emphatic beat to the placing of the porcelain. And then there is Eisenach, an installation in twelve vitrines held close to each other, which is my remaking, responding to, remembering of the start of the French Suites of Bach. These aren’t attempts to make music from pots. These installations share a kinship with the shape of music. I desire an attentiveness that I find in listening. Above all, this exhibition, both upstairs and downstairs, is a conversation. This conversation includes a place, an idea, a family, new friends, the writing of letters, memory, loss and survival, resonance. And it is only a start.

EDMUND DE WAAL / MARS 2017 Lettres de Londres L’air est plein de bruits. Certains lieux ont une plus grande proximité avec l’île de Prospero que d’autres. Dans la vieille ville de Genève, au-dessus des remparts, vous poussez cette solide porte en bois pour grimper ces marches et sentir l’usure de la pierre sous vos pieds, la chaleur de la rampe et de sa patine, avant d’ouvrir les battants et d’entrer dans une suite de pièces. Elles datent de la fin du dix-huitième siècle et sont dotées de parquets en bois différents qui changent entre chaque espace, de hautes fenêtres, de boiseries, de moulures en plâtre, de plusieurs foyers de cheminée et seuils. Ce décor est formel, il exprime un certain décorum, mais garde aussi une forme de modestie. Vous avez l’impression de comprendre où vous êtes. On compte une salle à manger, une pièce pour le sommeil, une pour se vêtir, puis une pour la conversation, chacune d’un volume différent. Elles sont patriciennes plutôt que princières. Et toutes vibrent subtilement de la présence de la famille et des amis qui y ont séjourné au cours de ces dernières deux cent quarante années. Ne bougez pas. Tout est empli de bruits, de musique. En haut, dans un des coins du salon, on aperçoit un portrait de Voltaire qui converse avec Monsieur Thellusson, membre d’une dynastie de banquiers et de mécènes huguenots qui ont vécu ici, présence tutélaire du lieu. Lorsque j’ai découvert ces pièces, elles étaient aussi pleines de poussière. Les faunes, les guirlandes, et les nymphes de plâtre parvenaient à la dernière étape d’une longue restauration de trois ans. On trouvait des échafaudages, des échelles, des outils, et dans la chambre à coucher, une petite pile de fragments de plâtre du dix-huitième siècle, peints d’un bleu grisé. J’en ai ramassé quelques-uns. Ils étaient de la couleur du céladon coréen, de la teinte délavée du ciel après la pluie, avec laquelle je travaille mes porcelaines depuis vingt-cinq ans. J’en ai placé une petite poignée dans un sac en plastique et je les ai ramenés dans mon studio du sud de Londres où ils ont fait naître une suite de sentiments. On trouve parfois des conversations dont on se sent faire partie. Je voulais que ma présence dans ces pièces laisse une marque légère. Passer là, puis partir, comme le souvenir d’une musique. Donner une série de réponses à ces espaces mélodiques, à leur idée de ce qu’est vivre. Ecrire un ensemble de lettres de Londres à destination de Genève, de moi aux habitants actuels de la maison et à Voltaire. Mes propres Lettres de Londres. J’ai donc relu les Lettres philosophiques de Voltaire, dont les premières qu’il écrivit depuis Londres, entre 1726 et 1728, sur la place des écrivains dans la vie anglaise, sur Newton, les quakers, l’inoculation, le commerce, la poésie, et le gouvernement. Elles sont teintées d’ironie et d’interrogation. L’Angleterre y semble étrange mais tolérante. Et je continue à lire et à penser à la colère, la lucidité, l’attention de Voltaire, la forme de ses textes, sa correspondance, le côté obsessionnel de ses notes de marge, sa vie quotidienne, ses exils, et ses retours. Et surtout, j’ai pensé à son goût pour la conversation, pour la possibilité de l’échange d’idées.

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Et j’ai ensuite préparé mes installations, mes lettres de Londres. On trouve une pièce férocement petite, en l’honneur des quakers, prévue pour être posée sur un petit meuble, puis un ensemble de grandes vitrines dont chacune contient un seul vase, ainsi qu’un éclat d’argent glissant, prévu pour lancer des ombres et des lumières dans la pièce, intitulé Sur l’Optique de M. Newton. J’ai fait une pile d’assiettes d’apparence romanesque, dont j’ai empilé un grand nombre en une tour précaire. Certaines sont singulières, d’autres dorées, ou encore dotées d’un glaçage blanc. C’est une sorte d’hommage à Ferney, demeure où Voltaire vécut les vingt dernières années de sa vie, un débordement de paroles et d’idées, les restes du déroulement d’un repas formel. Et dans la cheminée d’un boudoir intimiste, j’ai placé un cabinet vitré laqué de noir, contenant d’autres boîtes noires empilées, chacune renfermant des porcelaines glacées de noir. Les boîtes sont chacune de la taille d’un folio: in-quarto, in-duodécimo. Il s’agit d’un atlas pour Voltaire, une cartographie de son monde encyclopédique, vu à travers ses livres. Et finalement, on trouve une pièce avec un placard, qui une fois ouvert dévoile un somptueux intérieur chinois, laqué de rouge. J’y ai placé mes Melanges, cinq petites vitrines, contenant des groupes de récipients, tessons, éclats de plâtre, morceaux de marbre, d’or et d’argent. Chacune est une sorte de nouvelle sur les matériaux et les souvenirs. Parce que ces pièces sont aussi proches de la musique qu’un espace peut l’être. Tandis qu’une paire de portes s’ouvre sur une nouvelle salle, vous sentez les rythmes, les pauses, les cadences, et les retours qui rendent ce lieu si particulier. Dans les galeries plus publiques de l’Espace Muraille, situées dans les étages sous l’appartement, j’ai continué à explorer ce thème. Ces galeries ont été créées à partir des caves, réserves, et celliers de cette grande maison. L’appartement, au-dessus, est lumière, tandis que ces espaces profonds sont chtoniens. Les œuvres dès lors doivent être placées avec une réflexion quant à leur énergie, dans leur dialogue avec les arches et les murs de pierre, et célébrer le poids de cette architecture. La musique lie l’ensemble. Certaines pièces se rapportent aux pulsations: to begin again et in C rendent hommage au minimalisme de Terry Riley. D’autres, comme for John Cage et l’installation intitulée music at night, sont percussives: des blocs d’acier ou des morceaux de plomb créent un rythme insistant dans leur placement parmi la porcelaine. Puis on trouve Eisenach, une installation en douze vitrines, proches les unes des autres, qui sont mon interprétation, ma réponse, ou mon souvenir du début des Suites françaises de Bach. Il ne s’agit pas de tentatives de faire de la musique avec des poteries. Ces installations partagent un lien de parenté avec la forme de la musique. Je désire le degré d’attention que je trouve dans l’écoute. Plus qu’autre chose, cette exposition, à l’étage et en bas, est une conversation. Elle inclut un lieu, une idée, une famille, de nouveaux amis, l’écriture de lettres, la mémoire, la perte et la survie, ainsi que les résonances. Et elle n’est qu’un départ.

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22 three lines on the weather, 2015 80 porcelain vessels in an aluminium and plexiglass vitrine 30 x 190 x 11 cm

27 micromegas, XI, 2016 1 porcelain vessel and 8 pieces of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

24 the ten thousand things, for John Cage, X, 2015 3 porcelain vessels and Cor-Ten steel block in aluminum box 45 x 45 x 19 cm

27 micromegas, XII, 2016 1 porcelain vessel and 9 pieces of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

24 I 25 the ten thousand things, for John Cage, XI, 2015 3 porcelain vessels and Cor-Ten steel block in aluminum box 45 x 45 x 19 cm

27 micromegas, XIII, 2016 1 porcelain vessel and 8 pieces of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

22 I 24 ten thousand things, for John Cage, XVI, 2015 4 porcelain vessels and 3 Cor-Ten steel blocks in an aluminium box 45 x 45 x 19 cm

28 case study #1, 2015 15 porcelain vessels and 4 Cor-Ten steel blocks in steel and plexiglass vitrine 50 x 116 x 15 cm

23 I 26 ostracon, 2016 8 porcelain vessels, porcelain shards with gilding and 3 plaster blocks in 13 aluminium and plexiglass vitrines 21 x 269 x 10 cm overall

30 I 33 I 34 Ancel, I, 2013 11 porcelain vessels in a wood and lead cabinet 22 x 80 x 16 cm

27 micromegas, I, 2016 1 porcelain vessel in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

LISTE DES Ĺ’UVRES / EXHIBITED WORKS

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27 micromegas, II, 2016 1 porcelain vessel and 11 pieces of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

30 I 33 I 34 Ancel, II, 2013 11 porcelain vessels in a wood and lead cabinet 22 x 80 x 16 cm 34 I 35 I 36 I 67 case study #2, 2015 14 porcelain vessels and 3 Cor-Ten steel blocks in steel and plexiglass vitrine 50 x 116 x 15 cm

27 micromegas, III, 2016 1 porcelain vessel and 1 piece of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

38 I 39 everything you remember, I, 2016 24 porcelain vessels, 1 Cor-Ten steel block, 6 graphite blocks and 5 tin boxes in an aluminium, wood and plexiglass vitrine 170 x 110 x 13.5 cm

27 micromegas, IV, 2016 1 porcelain vessel and 1 piece of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

41 I 42 music at night, 2016 7 porcelain vessels with 28 pieces of lead in 7 aluminium and plexiglass vitrines 65.5 x 27 x 8 cm overall

27 micromegas, V, 2016 1 porcelain vessel and 1 piece of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

45 I 47 Eisenach, 2013 36 porcelain vessels in 12 wood, aluminium and glass vitrines 40 x 436 x 17 cm overall

27 micromegas, VI, 2016 1 porcelain vessel and 1 piece of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

46 Canti, 2015 6 porcelain vessels with gilding on an aluminium shelf 73 x 60 x 30 cm

27 micromegas, IX, 2016 1 porcelain vessel and 1 piece of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

01 I 48 in C, 2015 135 porcelain vessels in an aluminium and plexiglass vitrine 111 x 170 x 13.5 cm

27 micromegas, X, 2016 1 porcelain vessel and 1 piece of lead in an aluminium and plexiglass vitrine 8.5 x 27 x 8 cm

48 to begin again, 2015 88 porcelain vessels in an aluminium and plexiglass vitrine 64.4 x 240 x 13.5 cm

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Appartement privé / Private apartement

50 I 51 Lettres de Londres: Sur les Quakers, 2016 3 porcelain vessels and 3 alabaster blocks in an aluminium and plexiglass vitrine 25 x 45 x 14 cm 52 I 53 Lettres de Londres: Le Monde comme il va, 2016 13 porcelain vessels, 3 tin boxes and plaster fragments with gilding in 3 aluminium and plexiglass vitrines Overall Dimensions Variable 54 I 55 Lettres de Londres: Sur l’Optique de Mr Newton, 2016 7 porcelain vessels and 7 silver pieces in 7 aluminium and plexiglass vitrines Overall Dimensions Variable 57 I 58 I 59 Lettres de Londres: à Ferney, 2016 43 porcelain vessels with gilding in 6 aluminium and plexiglass vitrines 34 x 120 x 58 cm 06 I 60 I 63 Lettres de Londres: Mélanges, I, 2016 3 porcelain vessels, 1 tin box and plaster fragments with gilding in an aluminium and plexiglass vitrine 23 x 32 x 14 cm 06 I 60 I 63 Lettres de Londres: Mélanges, II, 2016 3 porcelain vessels, 1 tin box and 18 porcelain tiles with gilding in an aluminium and plexiglass vitrine 23 x 32 x 14 cm 06 I 60 I 63 Lettres de Londres: Mélanges, III, 2016 3 porcelain vessels, 1 tin box and plaster fragments with gilding in an aluminium and plexiglass vitrine 23 x 32 x 14 cm 06 I 60 I 63 Lettres de Londres: Mélanges, IV, 2016 3 porcelain vessels, 1 tin box and shards with gilding in an aluminium and plexiglass vitrine 23 x 32 x 14 cm 06 I 60 I 63 Lettres de Londres: Mélanges, V, 2016 4 porcelain vessels, 1 tin box and porcelain tiles with gilding in an aluminium and plexiglass vitrine 23 x 32 x 14 cm

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BIOGRAPHIE / EDMUND DE WAAL L’art et l’écriture d’Edmund de Waal témoignent de sa fascination persistante envers la nature des objets, ainsi que pour les histoires qui ont mené à leur collection et à leur exposition. Céramiste depuis son enfance et écrivain de renom, son obsession pour «l’or blanc» de la porcelaine l’aura conduit à rencontrer des personnes et des lieux qui contribueront à renforcer sa compréhension de la nature du matériau. Ses installations de grande envergure de récipients en porcelaine, pour lesquels il est le plus connu, ont été exposées dans nombre de musées de par le monde. Une grande partie de son œuvre récente tourne autour des idées de la collecte et des collections, de comment les objets peuvent être assemblés, perdus, volés, dispersés. Fruit d’un dialogue entre le minimalisme, l’architecture et le son, son travail porte aussi la marque de sa passion pour la littérature. Edmund de Waal naît en 1964 à Nottingham, au Royaume-Uni. En 1986, il obtient un baccalauréat avec mention de l’Université de Cambridge, puis en 1992 un diplôme d’études supérieures de l’Université de Sheffield. Depuis 2004, de Waal est professeur de céramique à l’Université de Westminster, à Londres. Parmi ses expositions individuelles récentes dans des musées, on peut citer: «Ceramic Rooms,» Geffrye Museum, Londres (2001); New Art Centre, Roche Court, Royaume-Uni (2004); «Arcanum,» National Museums and Galleries of Wales, Cardiff (2005); «Vessel, perhaps,» Millgate Museum, Newark, Royaume-Uni (2006); Kettle’s Yard, Cambridge, et Middlesbrough Institute of Modern Art, Royaume-Uni (2007); «Signs & Wonders,» Victoria & Albert Museum, Londres (2009); «Night Work,» New Art Centre, Roche Court, Royaume-Uni (2010); «Edmund de Waal at Waddesdon,» Waddesdon Manor, Aylesbury, Royaume-Uni (2012); «On White: Porcelain Stories from the Fitzwilliam,» University of Cambridge, Fitzwilliam Museum, Royaume-Uni (2013); «Another Hour,» Southwark Cathedral, Londres (2014); «Atmosphere,» Turner Contemporary, Margate, Royaume-Uni (2014); «Lichtzwang,» Theseus Temple, organisé par le Kunsthistorisches Museum, Vienne (2014); et «The lost and the found: work from Orkney,» New Art Centre, Roche Court, Royaume-Uni (2015). Quant à ses expositions individuelles les plus récentes en galerie, on peut relever: «Edmund de Waal: ten thousand things,» Gagosian Gallery, Beverly Hills (2016); et «Irrkunst,» Max Hetzler gallery, Berlin (2016). Ses mémoires, intitulées The Hare with Amber Eyes et saluées par la critique, ont remporté le Costa Biography Award ainsi que le RSL Ondaatje Prize. En 2015, de Waal se voit décerner le prestigieux prix Windham-Campbell pour une œuvre non romanesque par l’Université de Yale. Son dernier livre, The White Road: A Pilgrimage of Sorts, fut publié en novembre 2015. De Waal vit et travaille à Londres.

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BIOGRAPHY / EDMUND DE WAAL Edmund de Waal’s art and literature speak to his enduring fascination with the nature of objects and the narratives of their collection and display. A potter since childhood and an acclaimed writer, his obsession with porcelain or “white gold” has led to encounters with many people and places that help deepen his understanding of the nature of the material. De Waal is best known for his large scale installations of porcelain vessels, which have been exhibited in many museums around the world. Much of his recent work has been concerned with ideas of collecting and collections, and how objects are kept together, lost, stolen and dispersed. His work comes out of a dialogue between minimalism, architecture and sound, and is informed by his passion for literature. Edmund de Waal was born in 1964 in Nottingham, England. He received his B.A. Honours in 1983 from the University of Cambridge, England, and received his Post-Graduate Diploma in 1992 from the University of Sheffield, England. De Waal completed his Senior Research Fellow in Ceramics in 2002 from the University of Westminster, London. Solo museum exhibitions include “Porcelain Rooms,” Geffrye Museum, London (2002); New Art Centre, Roche Court, England (2004); “Arcanum,” National Museums and Galleries of Wales, Cardiff (2005); “Vessel, perhaps,” Millgate Museum, England (2006); Kettle’s Yard, Cambridge, and Middlesbrough Institute of Modern Art, England (2007); “Signs & Wonders,” Victoria & Albert Museum, London (2009); “Edmund de Waal at Waddesdon,” Waddesdon Manor, Buckinghamshire, England (2012); “a local history”, Alison Richard Building, University of Cambridge (2012); “On White: Porcelain Stories from the Fitzwilliam,” University of Cambridge, Fitzwilliam Museum, England (2013); “another Hour,” Southwark Cathedral, London (2014); “atmosphere,” Turner Contemporary, England (2014); “Lichtzwang,” Theseus Temple, organized by Kunsthistorisches Museum, Vienna (2014); and “The lost and the found: work from Orkney,” New Art Centre, England (2015); “wavespeech: Edmund de Waal & David Ward”, The Pier Arts Centre, Orkney (2015); “white”, Royal Academy of Arts, London (2015); “If we attend”, Pallant House Gallery, Chichester (2015); “Kneaded Knowledge: The Language of Ceramics”, Kunsthaus Graz, Graz (2016); “During the Night”, Kunsthistorisches Museum, Vienna (2016); “Morandi / Edmund de Waal”, Artipelag, Stockholm (2017). De Waal’s most recent solo gallery exhibitions include “Edmund de Waal: ten thousand things,” Gagosian Gallery, Beverly Hills (2016); and “Irrkunst,” Max Hetzler gallery, Berlin (2016). His acclaimed memoir The Hare with Amber Eyes was the winner of the Costa Biography Award and the RSL Ondaatje prize. In 2015 de Waal was awarded a prestigious Windham-Campbell prize for non-fiction by Yale University. His latest book The White Road was published in November of 2015. De Waal currently lives and works in London.

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Remerciements / Acknowledgements Stephanie Forrest, Lyle Perkins, Amanda Stoffel, Adele Minardi, Mark Francis, Maya Mikesone et Esteban Pelaez

IMPRESSUM Attachée de presse / Press agent Virginie Burnet v.burnet@lartenplus.com Textes / Texts Caroline Freymond, Edmund de Waal et Laurence Dreyfus Letters from London © Edmund de Waal All artworks © Edmund de Waal Courtesy Gagosian and Espace Muraille Crédits photographiques / Photo credits Installation shots: Luca Fascini, Courtesy Espace Muraille Plates: Mike Bruce, Courtesy Gagosian Graphisme / Design 2S Stefan Sigel Prepress / Prépresse Solutionpixel Imprimeur / Printer Atar Roto Presse SA, Genève Imprimé à 500 exemplaires Colophon 500 copies

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© Espace Muraille 2017 / Lucas Fascini / Gagosian all rights reserved. No part of this publication may be reproduced in any manner without prior written permission from the copyright holders.


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5 PLACE DES CASEMATES CP 3166 / 1211 GENEVE 3 / SUISSE T +41 (0)22 310 4292 F +41 (0)22 310 4293

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