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La formation, moteur du développement des entreprises

© Federal-Studio

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QUINZAINE DE L’URBANISME : LE GRAND BANQUET DES QUARTIERS

Après une année d’absence, la quinzaine de l’urbanisme a eu lieu début septembre au Pavillon Sicli à Genève. Intitulé cette année « Le grand banquet des quartiers », l’événement a mis à l’honneur les quartiers, en lien avec l’écologie, la convivialité ou encore la densification du territoire. Autant de thèmes qui ont été abordés par le biais de maquettes, conférences et récits afin d’échanger sur les enjeux urbains de notre territoire. L’objectif de ces quinze jours était de débattre ouvertement avec les professionnels, la société civile et plus largement avec les habitants pour contribuer collectivement à répondre à ces défis. S’inspirant du modèle du banquet, la quinzaine a opté pour un format hybride. Les présentations de plusieurs expériences novatrices, telles que Les Vernets à Genève – le premier quartier labellisé « Site 2000 Watts » de Genève et entièrement piéton –, la recherche « Post-Car World » menée à l’EPFL, ou encore la charte « Quartiers en transition » de Pont-Rouge, ont été suivies d’un repas partagé entre le public et les intervenants et préparé par les intervenants eux-mêmes. L’hospitalité se trouvait donc au cœur de cet événement, aussi bien dans son contenu que dans sa forme. À contre-courant des tendances générales de distanciation dues à la crise sanitaire, la quinzaine de l’urbanisme a rappelé l’importance du vivre ensemble, de se réunir afin de (re)penser la ville, le patrimoine, le territoire, et de « faire quartier ». SHD

pavillonsicli.ch

Tout commence par un rêve...

LA FORMATION, ÉPINE DORSALE DE LA CONSTRUCTION ET DU GÉNIE CIVIL

Initiale. Supérieure. Continue. La formation garantit le maintien et la mise à jour d’une main d’œuvre qualifiée. La construction de nouveaux centres dédiés témoigne de l’importance de la transmission du savoir-faire. Comment la formation évolue-t-elle ? Trois experts font le point.

Iphigeneia Debruyne

Spécialisation, remise à niveaux, maîtrise des nouvelles technologies, le « lifelong learning » est une réalité. Dès le début, le secteur de la construction et du bâtiment a misé sur la formation continue. Frédéric Burnand, porte-parole de la Fédération vaudoise des entrepreneurs, retrace l’évolution de l’offre.

Frédéric Burnand

LA FORMATION CONTINUE S’EST-ELLE DÉVELOPPÉE ?

Aujourd’hui, le perfectionnement en cours d’emploi est récurrent dans de nombreuses industries. Ce changement coïncide avec l’évolution technologique des vingt dernières années. Une multiplication des formations continues se constate également dans notre secteur, chiffres à l’appui : en 2009, l’École de la construction à Tolochenaz en proposait une dizaine ; elles se déroulaient une fois par an. Aujourd’hui, l’offre a plus que doublé. En outre, l’appétence pour ces modules et le besoin de flexibilité sont à relever. Ces formations ont toutes lieu entre deux et cinq fois par an. Depuis la création de l’école en 1987, une telle accélération n’avait jamais été observée.

COMMENT FORMULER L’OFFRE ?

L’observation du terrain est primordiale. Les cours pratiques pour passer des permis de machinistes ou grutiers en sont la démonstration. Ils répondent à un besoin réel en entreprise ainsi qu’à des obligations légales de détenir ce type de permis. L’offre se constitue ainsi au gré des besoins, des demandes et des opportunités. La fédération propose ainsi les modules qui sont utiles, en complément des formations élémentaires et supérieures. Des commissions de formation, composées d’entrepreneurs, réunis par métier, se chargent du monitoring. Grâce à ce mode opératoire, le Service formation élabore un programme qui correspond aux attentes des entrepreneurs et de leurs employés. Les unités d’enseignement apportent ainsi une réelle valeur ajoutée à l’employeur et aux participants.

QUELS SONT LES BESOINS LES PLUS RÉCENTS ?

L’éventail de compétences requises est de plus en plus important. Pour les membres à la tête d’une société, des cours tels que « Comment diriger une PME » ont été créés. Ces offres vont au-delà des compétences techniques. Elles renforcent le savoirfaire en matière de comptabilité, de ressources humaines et de planifications spécifiques au secteur de la construction et du bâtiment. Plus récemment, différents aspects de la digitalisation du travail ont été intégrés. Par ailleurs, des formations comme « Conducteur de travaux » ou « Spécialiste en patrimoine culturel bâti » ont un impact direct sur la relation client et un poids parfois décisif dans la décision d’un mandant. La demande pour ces formations est en hausse.

COMMENT LA FORMATION SE PROFILE-T-ELLE ?

Par définition orientés terrain, les métiers de la construction ont quelque peu de l’avance sur d’autres branches. Toutefois, le « lifelong learning » n’en est qu’à ses débuts. Les innovations récentes résultent sans aucun doute d’échanges et d’émulations d’idées, la formation est là pour mettre en forme ces synergies. La construction de notre nouveau centre de formation à Échallens (Vaud) en témoigne. Hormis un espace administratif, des ateliers de formation initiale et continue, une zone dédiée à l’exercice de la conduite d’engins élévateurs, un couvert multiusage et un chantier permanent, un terrain de réserve est prévu pour de futurs développements. Le projet de ce site met donc en exergue l’importance du savoir-faire et de sa transmission pour les décennies à venir

Le risque de pénurie de main-d’œuvre qualifiée revient fréquemment sur le devant de la scène. Ce qui pourrait faire croire que les apprentis ne se bousculent pas au portillon. Jean-Claude Baudoin, directeur de la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs, fait le point et aborde les idées reçues.

Jean-Claude Baudoin

EXISTE-T-IL UN RISQUE DE PÉNURIE SUITE AU FAIBLE TAUX D’APPRENTIS ?

La réponse n’est pas évidente. Dans le canton de Neuchâtel, les entreprises forment, entre autres, une quarantaine de futurs maçons et constructeurs de route par année. Pour cette rentrée, à la fin du mois de juin, seulement 4 places restaient à pourvoir pour la volée 2021-22. Nous ne pouvons donc pas parler d’une désertion. Toutefois, il y a un manque d’enthousiasme dû à une mauvaise image de marque, celle de la pénibilité du travail. À terme, cette perception tronquée peut mener à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et donc à une diminution de la qualité. Dommage, car le secteur a de nombreux atouts à offrir aux jeunes.

QUELS SONT LES ATOUTS D’UNE FORMATION INITIALE DANS LE BÂTIMENT ?

Il y a des avantages sur le plan économique et sur le plan psychosocial. Le secteur de la construction du bâtiment et du génie civil correspond à 6% du PIB de la Suisse. Nos formations sont de véritables passerelles vers une vie active épanouie. À l’heure où la jeunesse se préoccupe de son avenir, donc de son employabilité, les métiers du bâtiment ont en effet beaucoup à offrir. En sus d’une protection contre des ruptures socio-économiques tel le chômage, les employés bénéficient des conditions salariales de premier ordre. Les conventions collectives garantissent une belle situation financière dès l’entrée dans le monde professionnel. Bien formé, le diplômé a une identité professionnelle. Par conséquent, nos CFC sont non seulement une source de sécurité financière mais aussi de sens personnel.

COMMENT EXPLIQUER ALORS LA RÉTICENCE DES JEUNES ?

Beaucoup de jeunes – et leurs parents – perçoivent une formation initiale dans les métiers de la construction comme une finalité. Ils ne voient pas forcément les opportunités à moyen et long terme. À titre d’exemple l’apprentissage de maçon est le sésame qui peut mener jusqu’au diplôme fédéral d’entrepreneur-constructeur. En effet, les possibilités d’évolution qui se présentent après l’obtention d’un CFC, que ce soit dans le secteur primaire de la construction ou dans le second œuvre, sont nombreuses. À la fois ceux qui souhaitent une carrière linéaire et ceux qui souhaitent gravir les échelons peuvent s’y épanouir. Nous lançons régulièrement des campagnes dans le but de rappeler ce potentiel. Par ailleurs, la problématique du risque d’accident freine aussi certains candidats.

COMMENT FAIRE FACE À CETTE HÉSITATION ?

La sécurité au travail est une priorité pour les différents acteurs. À travers ses fonds paritaires, la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs investit chaque année des sommes importantes dans la prévention d’accident et la sécurité sur les chantiers. D’un côté, les formations ponctuelles et les nouvelles technologies épaulent et diminuent progressivement les risques physiques. De l’autre côté, des collaborateurs spécialisés visitent tour à tour des sites en construction pour aider à améliorer les protocoles en place. L’image d’un métier dangereux s’efface progressivement. Mettre les jeunes et les parents à la page de la réalité du terrain est la clé.

La transmission du savoir-faire dans la construction et le génie civil n’est pas un élément statique. Jean-Daniel Wicht, directeur de la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs, apporte un éclairage sur l’évolution de la formation.

Jean-Daniel Wicht

POURQUOI LA TRANSMISSION DU SAVOIR-FAIRE CHANGE-T-ELLE ?

Au fil du temps, aussi bien les outils que les techniques employées ont changé. Sur le terrain, les compétences requises évoluent. Le travail au quotidien d’un maçon, comme d’un machiniste, n’est point comparable à celui de leurs homologues des années 1990. La formation doit naturellement suivre ces transformations afin d’assurer une concordance entre la théorie et la pratique. Consolider la continuité entre les cursus et la réalité des chantiers est la clé pour minimiser les échecs de formation, les difficultés professionnelles ; pour garantir un travail réalisé dans les règles de l’art.

COMMENT UNE TELLE ADAPTATION SE MET-ELLE EN PLACE ?

Au niveau de la formation initiale, des actualisations du cursus s’avèrent utiles. Renforcer progressivement le relais entre l’école et l’entreprise et donc favoriser la pratique des tâches et gestes requis sur les chantiers aura également un impact positif sur le maintien de la qualité. Quant à la formation continue, le développement d’une offre pertinente mais aussi la répercussion financière pour les entrepreneurs est à prendre en compte. En effet, le coût des cours de perfectionnement est double. D’abord, il y a les frais d’inscription. Malgré les aides des fonds paritaires, la charge reste souvent élevée. Puis, il y a l’absence de l’employé en formation. Ceci incombe un coût indirect. Des innovations structurelles et technologiques offriront à terme des solutions.

QUELLES SONT CES INNOVATIONS ?

Des nouveaux outils et machines rendent plus efficaces et moins pénibles les métiers de la construction et du génie civil. Certains de ces engins permettent d’innover dans la façon de transmettre le savoir-faire. L’enseignement se mettra à la page. En résulte un savant mélange qui garantit la qualité, la durabilité et le bien-être au travail. À titre d’exemple, citons les simulateurs de conduite d’engins de chantier pour les grutiers comme pour les machinistes. En effet, pour acquérir l’expérience dans la conduite, pas mal d’heures de pratique sont nécessaires. Grâce à la réalité augmentée, les élèves et les professionnels peuvent se perfectionner de façon écoresponsable, sans impacter la sécurité sur un chantier et pendant les périodes optimales pour l’employeur. Par ailleurs, ces avancées technologiques permettent de diminuer les échecs lors des examens pratiques. Avant de s’engager dans un cours, le candidat peut alors vérifier son aptitude à conduire des engins de taille. Ces tests permettront d’optimiser les ressources économiques et humaines.

QU’EN EST-IL DES ADAPTATIONS STRUCTURELLES ?

Les adaptations structurelles se profilent sur plusieurs plans. Lors de la création du nouveau site de la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs et de son centre de formation à Courtaman, différents éléments structurels ont été mis en place. L’infrastructure favorise la transmission du savoir-faire. Un restaurant situé dans un magnifique cadre de verdure –qui de plus sert des mets de qualité – permet aussi aux jeunes d’échanger avec les enseignants dans une atmosphère agréable et constructive. C’est un plus pour l’image de la construction. Dans les deux halles dédiées à la formation, l’apprentissage des gestes du maçon et la conduite de machines de chantier sont dispensés, même en hiver, dans des conditions climatiques agréables à l’abri des intempéries. Ceci favorise l’assimilation du savoir-faire. Qui plus est, pendant les périodes creuses une telle infrastructure permet une coordination efficace entre la formation et le planning des chantiers d’une entreprise.

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