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La protection incendie dans la conception des façades
L’enjeu du choix de façades dans la protection incendie
La conception des façades – matériaux, rythmes, rapport plein/vide – joue un rôle primordial dans la protection incendie. Les façades ventilées, en particulier, créent un effet de cheminée qui accélère la propagation du feu aux niveaux supérieurs.
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Salomé Houllier Binder
Depuis l’incendie de l’immeuble locatif Gilamont-Village en 1999, les façades ventilées en bois font l’objet d’une attention particulière. Ce bâtiment de cinq étages était construit en béton et bois avec des murs porteurs et planchers en bois lamellé cloué, une première architecturale à l’époque. L’incendie a néanmoins montré les limites d’une telle construction. En effet, l’incendie s’est propagé très rapidement à l’ensemble de l’immeuble, en particulier via la façade en bois ventilée.
Cet épisode a déclenché une réflexion sur la construction des façades en bois et les mesures à prendre pour limiter la propagation d’un incendie. Lignum (Économie suisse du bois) a réalisé une série d’études afin de définir les mesures de protection incendie à adopter pour ce type de façades. Le premier « état de la technique » pour la construction de façades en bois a été publié en 2009 et mis à jour en 2019 pour tenir compte de la révision des directives AEAI en 2015. Afin de garantir l’objectif fixé dans la directive AEAI 14-15 « Utilisation des matériaux » qui stipule que « l’incendie ne doit pas se propager à plus de deux niveaux avant l’intervention des sapeurs-pompiers », l’une des mesures principales pour les immeubles de hauteur moyenne (entre 11 et 30 m) consiste dans la mise en place de tabliers métalliques ou en bois à chaque niveau, avec un débord de 1 à 20 cm par rapport au nu de la façade. Ce débord est dépendant du type de façade choisie. Une façade de panneaux pleins induit un petit tablier. Des lambris ajourés nécessitent en revanche un tablier plus grand, ce qui en fait un élément à part entière du langage architectural de la façade.
Les façades ventilées avec des matériaux composites type ACM, HPL, etc. posent, elles aussi, des problèmes en termes de protection incendie, à l’instar de l’incendie de la tour Grenfell à Londres en 2017. Une fois encore, c’est un effet de cheminée le long des façades réalisées avec un bardage en composite d’aluminium qui a précipité la propagation des flammes sur les 24 étages de la tour. Contrairement aux façades en bois, ces types de matériaux ne disposent pas d’un « état de la technique » et nécessitent d’être testés en laboratoire afin de vérifier que l’objectif fixé dans la directive AEAI soit atteint.
Enfin, les façades compactes dotées de systèmes d’isolation thermique extérieure crépie (ITEC) soulèvent aussi des difficultés. L’augmentation des épaisseurs d’isolation génère une masse combustible conséquente en façade. Depuis 2015, une série de mesures doivent être prises pour les bâtiments de moyenne hauteur. Notamment, des bandes de protection incendie doivent être installées à chaque niveau, intégrées à la façade, et un suivi de l’assurance qualité lors de la pose de celles-ci est obligatoire. (Pour information, pour les bâtiments au-delà de 30 m de haut, les façades doivent systématiquement comporter des isolations et des revêtements incombustibles).
Les mesures de protection incendie influent donc sur l’esthétique de la façade, quelle que soit sa typologie. Par conséquent, pour éviter d’impacter le langage architectural souhaité, il est important de planifier tôt, avec un spécialiste en protection incendie, afin de définir les contraintes du type de façade envisagé. L’entreprise Fire Safety & Engineering SA est spécialisée dans la protection et l’ingénierie incendie. Depuis 2017, ses dix collaborateurs proposent des solutions innovantes et efficientes pour garantir la sécurité incendie conformément aux directives AEAI.