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Les matériaux éco-conçus nouvelle tendance en isolation
La rénovation et la construction écoresponsables sont d’actualité. Et l’isolation joue un rôle prépondérant dans cette équation. Si l’on connaît les matériaux recyclables, ceux qui sont éco-conçus nous sont moins familiers. De quoi s’agit-il ? Explications avec Aurélien Luhmann, directeur marketing, Saint-Gobain Isover SA à Lucens.
Pour parvenir à un bilan satisfaisant du point de vue écologique, l’un des facteurs importants est le transport. En effet, l’énergie pour l’acheminement des matériaux pèse lourd dans la balance tout en étant bien souvent ignorée. On oublie également l’énergie nécessaire pour la fabrication qui entre, elle aussi, dans la rubrique énergie grise. « Quel qu’il soit, un matériau éco-conçu a été pensé de sa production à sa fin de vie pour utiliser un minimum de ressources non renouvelables et valoriser au maximum les déchets », précise Aurélien Luhmann. L’écologie est très tendance aujourd’hui, mais une petite feuille verte sur un produit ne suffit pas. La plupart des gens ont des idées préconçues sur le sujet. « Un produit naturel qui fait le tour de l’Europe en camion n’est plus si écologique à son arrivée en Suisse, relève le spécialiste. À l’inverse, des produits isolants qui souffrent d’une mauvaise image, car non biosourcés, se recyclent relativement bien et seront au final plus écologiques que certains matériaux naturels peu performants qui, eux, exigent une grande quantité de matière, donc d’énergie de production, voire de transport, pour parvenir à la même efficacité. Ça ne semble pas logique pour beaucoup de gens, mais les études réalisées sur le sujet sont sans appel. »
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UNE PRODUCTION ÉCO-RESPONSABLE
L’impact de la production est souvent assez conséquent et l’utilisateur n’en sait pas grand-chose. « Les nouvelles techniques de récupération de l’eau dans la construction, l’auto-consommation d’énergie par la production d’électricité photovoltaïque, ou encore la proximité du lieu de fabrication sont autant d’éléments qui nous préoccupent depuis de nombreuses années, souligne Aurélien Luhmann. Saint-Gobain Isover utilise par exemple du verre recyclé à 85% qui est fondu et transformé en fibre isolante sur son site de Lucens. »
Au-delà des bénéfices pour l’environnement, le maître d’ouvrage y trouve de nombreux avantages.
© Claudio Bader
BON À SAVOIR L’entreprise Saint-Gobain Isover organise des cours pour les professionnels sur l’isolation, notamment concernant les ponts thermiques, la rénovation, la gestion de l’humidité et l’acoustique.
TOUJOURS PLUS FIN ET PLUS LÉGER
Une bonne isolation est donc un matériau qui doit cumuler de plus en plus de paramètres pour offrir un bilan énergétique et des performances satisfaisants. La liste des écobilans dans la construction (KBOB), avec les UBP (Umweltbelastungspunkte) – c’est-à-dire les points d’impact sur l’environnement – par matériau et par kilo est disponible sur : eco-bau.ch/resources.
« Il faut préciser que ces analyses ne tiennent pas compte des performances au m2 et de la densité des produits. Au final, choisir un isolant très léger et performant pourra donner un meilleur bilan global puisque cela nécessite moins de matière qu’un isolant moins performant et beaucoup plus lourd. »
Un avantage aussi pour le propriétaire qui va gagner en espace intérieur.
AMÉLIORATIONS TECHNOLOGIQUES
Les tendances du marché sont d’aller vers des matériaux plus performants au niveau thermique, avec de plus en plus de préoccupations concernant l’aspect phonique et la réaction au feu.
Dans ce souci d’innovation, Saint-Gobain Isover a été la première entreprise en Suisse à fabriquer sa laine minérale avec un liant végétal biosourcé qui provient de la betterave et qui remplace les liants phénoliques. Ce procédé est aujourd’hui utilisé par de nombreuses marques et constitue un grand pas dans l’élaboration d’un produit le plus écologique possible.
LES ERREURS À ÉVITER
Quelles sont les erreurs à éviter lorsque l’on isole un bâtiment ? « Il y en a beaucoup, résume Aurélien Luhmann. À commencer par ne pas considérer le bâtiment dans son ensemble. C’est souvent dans les détails que l’on va avoir le plus de soucis. Par exemple, si vous isolez par l’intérieur, les ponts thermiques sont à étudier. La gestion de l’humidité et de l’étanchéité à l’air sont des éléments requérant un véritable savoir-faire qui n’est pas toujours la norme. » (voir encadré)
SE PROTÉGER DU CHAUD ET DU FROID
« Le type d’isolant n’a pas d’impact sur la protection contre la chaleur, affirme Aurélien Luhmann, par contre une bonne isolation de la toiture est indispensable. Mais le plus gros impact est surtout lié à la protection solaire. » Il est donc recommandé d’installer des stores ou des volets et, au niveau constructif, de penser à l’orientation des fenêtres et des ouvertures. Il faut aussi prévoir une aération nocturne efficace et privilégier les matériaux qui n’emmagasinent pas la chaleur.
On sait aujourd’hui que le bois protège à la fois mieux du chaud et du froid que le béton et la brique. Une isolation performante va réduire jusqu’à cinq fois les besoins en énergie de chauffage. Mais la qualité des vitrages est tout aussi importante. Enfin, lorsque l’on pense isolation, il faut aussi penser ventilation, car le renouvellement naturel de l’atmosphère de l’habitat et la qualité de l’air sont essentiels pour un logement sain.