Construction & Bâtiment n°3/2023. Extrait.

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CONS TRUCTION & BÂTI MENT

PROJETS ET CHANTIERS DES PROFESSIONNELS DU BÂTIMENT

Barton Une rénovation hors normes

Un quartier entre ville et campagne

Le sol qui respire

Solaire

Les villes et les cantons accentuent la cadence

UNE ÉDITION CONSTRUCTION & BÂTIMENT N°3/ JUILLET –AOÛT 2023 ESPACESCONTEMPORAINS.CH CHF 8.–
Domaine Verdir la ville Belle Terre

L’aspect « critique », brusque, urgent des crises a cela de particulier qu’il empêche souvent de voir des phénomènes parfois plus importants, plus amples mais souvent inscrits dans la durée. Ainsi la crise du Covid, celle de la guerre, ou encore celle de l’énergie ont éclipsé la grave problématique qui touche la Suisse mais aussi une grande partie de la planète. C’est celle de la pénurie de main d’œuvre. À titre indicatif et d’une manière générale, on parle de plus de 120 000 postes de travail vacants en Suisse à la fin 2022, selon les chiffres fournis par l’Office fédéral de la statistique. Le secteur de la construction est l’un des principaux secteurs impactés. Et les milieux économiques redoutent la suite. En effet, avec la vague de départs à la retraite, ce ne sont pas moins de 500 000 travailleurs qui pourraient faire défaut à l’horizon 2030. L’étude montre que les entreprises souffrent d’une carence de personnel spécialisé, catégorie recherchée pour faire face aux défis à venir, dont celui de la transition énergétique. On avait vu dans notre édition du mois d’octobre 2022 que l’on peut multiplier les actions incitatives, investissements et autres politiques volontaristes pour atteindre les objectifs climatiques, il manquera toujours un maillon essentiel, celui de la main-d’œuvre spécialisée.

On peut lire dans notre article dédié à Induni à quel point pour ces entreprises c’est un enjeu stratégique. Et comment ils déploient beaucoup d’efforts pour attirer les apprentis vers les métiers de la construction, les fidéliser et les former. Il s’agit d’un des moyens pour faire face aux défis de demain.

4 CONSTRUCTION & BÂTIMENT ÉDITO

4 Édito ACTUALITÉS

10 Les news de l’architecture et de la construction

14 Distinctions romandes 2023, les lauréats

INTERVIEW

18 Peinture, le tournant écologique en pratique

REPORTAGE

20 À la Jonction, un bâtiment aux multiples fonctions

28 Accueil de jour pour enfants en trois projets

TECHNIQUES DU BÂTIMENT

42 Énergie solaire, les cantons et les villes à plein régime

58 Salles de bain et installations sanitaires, quoi de neuf ?

74 Induni, 25 ans en Valais

76 Isover et Saint-Gobain, de Versailles à Lucens

DOSSIER

78 Verdir la ville, les sols d’abord

PROJET

88 La mutation du château de Crissier

96 Le nouveau pavillon du complexe scolaire de Courtepin

102 Entre ville et campagne, le quartier de Belle-Terre à Thônex

114 Genolier Innovation Hub. Le bâtiment affiche ses ambitions

122 Chêne Park, un ensemble résidentiel à Renens

132 Le Cycle d’orientation de la Glâne à Romont fait peau neuve

140 À Gland, le projet de La Combaz par Realstone

144 Transformation des façades du Centre Manor à Vevey

152 La spectaculaire rénovation du domaine Barton à Genève

ENTREPRISES

158 Creabeton, pour retrouver le cycle naturel de l’eau en ville

160 Nouveautés et réalisations de la Pêche à Genève

158 Un toit vitré de la taille d’une piscine

160 Troger, le spécialiste de l’eau

AGENDA

162 Expos, salons, congrès et formations

6 CONSTRUCTION & BÂTIMENT SOMMAIRE
CONSTRUCTION & BÂTIMENT 03/23 20 29 102 96 30

À mi-chemin entre la maison et l’école, les accueils de jour pour enfants se multiplient. Selon la Constitution vaudoise et depuis 2009, les communes doivent offrir un accueil de jour (UAPE et APEMS) aux enfants durant toute la scolarité obligatoire. En réponse urgente à une forte demande, dans des contextes bâtis très divers, la transformation et le changement d’affectation de locaux existants s’imposent. On oublie parfois que le temps passé quotidiennement en milieu parascolaire est en moyenne équivalent à celui passé à la maison. C’est donc de véritables lieux de vie que les enfants de 4 à 12 ans s’approprient. Transition entre l’école et le cocon familial, ils doivent offrir une liberté d’usage, afin de permettre les projets collectifs et les repas, mais aussi de se détendre, de se défouler, de découvrir et d’apprendre en s’amusant. Zoom sur trois projets de reconversion qui répondent aux enjeux territoriaux et socioéducatifs primordiaux.

LE TROISIÈME LIEU

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CONSTRUCTION & BÂTIMENT REPORTAGE
© Alan Hasoo

L’APEMS de Primaflora est situé au Vallon à Lausanne aux abords de la place de jeux et occupe les deux niveaux inférieurs d’un bâtiment des années 80. C’est de ce quartier vivant et chargé d’histoire que les architectes se sont inspirés pour cette transformation inaugurée en 2018. Historiquement, les activités industrielles du Vallon et même des bains aux sources ferrugineuses se sont développés autour de la rivière du Flon, alors à ciel ouvert. Le cours d’eau qui a forgé la topographie du Vallon coule toujours à travers le quartier, mais est désormais enterré. Les architectes en ont fait le fil conducteur du projet, tant pour la disposition des espaces que pour le choix des couleurs.

Les espaces sont aménagés de façon à créer une déambulation fluide qui raconte une histoire sur la thématique de l’eau. Comme des rochers que l’eau aurait érodés, les espaces contenus dans des boîtes massives alternent avec des zones de circulation qui se dilatent afin d’offrir des espaces variés. Tantôt des zones généreuses pour les activités en groupes, tantôt des recoins plus calmes permettant aux enfants de trouver une diversité d’ambiances dont ils ont besoin. Le rez inférieur partiellement enterré abrite les salles d’activités ; la salle à manger prend place à l’étage.

Un des enjeux du projet est le peu d’apport de lumière naturelle. Les espaces communicants, de même que les ouvertures dans les parois intérieures, permettent à la fois un lien visuel et apportent de la lumière en second jour jusque dans la profon-

deur du bâtiment. À l’arrière, on trouve naturellement les salles d’eau. On entend d’ailleurs ruisseler les conduites existantes volontairement laissées apparentes et non isolées, comme au fond d’une grotte. Un petit amphithéâtre dans la partie sombre et une mini paroi d’escalade qui profite de la trémie de l’escalier enrichissent la pédagogie du lieu.

Les nouvelles parois insérées dans l’épaisseur de la structure ponctuelle existante sont traitées avec soin. On y trouve parfois des banquettes et des étagères, parfois un coin repos, tous matérialisés en bois naturel. L’ensemble est de teinte claire, pour laisser aux jeunes usagers la possibilité d’habiller les murs avec leurs collages vivants et colorés. La peinture lessivable sur la moitié inférieure des murs a un aspect brillant, comme s’il restait la trace d’un niveau d’eau passé. Les portes et la salle d’eau sont peintes dans un camaïeu de bleu qui se décline joyeusement de l’outremer à l’indigo.

Enfin, le mobilier est élégant et diversifié. Dans les salles d’activités, l’usure des caisses en bois naturel de forme cubique, triangulaire ou trapézoïdale témoigne d’une utilisation intense et fort appréciée des enfants. Facilement appropriables, les enfants s’en servent tantôt de siège, de boîte à trésor, de jeu de construction, de cachette ou encore de maison de poupée. Liberté d’usage, appropriation, flexibilité sont les maîtres mots de cet espace de vie entre la maison et l’école.

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AU FIL DE L’EAU
© Projet-co architectes
31 REPORTAGE CONSTRUCTION & BÂTIMENT
© Projet-co architectes © Projet-co architectes © Projet-co architectes
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© Projet-co architectes © Projet-co architectes

PROJET-CO

Fondé en 2013 pendant leurs études à l’EPFL, le bureau Projet-co est dirigé par Florine Mercier et Ivan Lopes. Dans leurs projets, ils s’attachent à raconter une histoire, issue du contexte, du lieu et ont à cœur de dialoguer avec les usagers pour concevoir des espaces qui leur correspondent. Le bureau s’occupe principalement de transformations et a déjà réalisé plusieurs APEMS pour la ville de Lausanne, dont celui de l’avenue Dapples 42.

33 REPORTAGE CONSTRUCTION & BÂTIMENT

LES DERNIÈRES TENDANCES DE L’INDUSTRIE SANITAIRE

Après une pause de quatre ans due à la pandémie, ISH, salon mondial consacré à la gestion responsable de l’eau et de l’énergie dans les bâtiments, a fait son retour.

TECHNIQUES DU BATIMENT
Estelle Daval

← À l’occasion de son 275e anniversaire, Villeroy & Boch réédite sa collection Hommage qui connaît un grand succès depuis plus de 20 ans. Baptisée «Hommage à Hommage», elle est à la fois rétro et moderne, classique et tendance.

↑ Il Bagno Alessi by Laufen célèbre ses 20 ans. Dessinée par Stefano Giovannoni, et upgradée, la collection 2023 intègre les innovations technologiques développées par Laufen.

Tous les deux ans, à Francfort, ISH définit les grandes tendances en matière de conception de salles de bain, de technologies de chauffage et de climatisation, ainsi que de systèmes domestiques intelligents. La durabilité, la préservation des ressources en eau et l’efficacité énergétique étaient au cœur de cette nouvelle édition.

Dans le secteur de la salle de bain, outre les tendances en matière de design, les fabricants ont pu démontrer l’efficacité de leurs récentes innovations. De nombreuses compagnies ont présenté des solutions pour réduire la consommation de l’eau telles que Geberit – avec sa ligne de WC sans bride Rimfree dotée d’une technique brevetée qui garantit un rinçage irréprochable pour une faible consommation d’eau – et Toto, le fabricant japonais, dont les fameux WC à douchette permettent de réduire drastiquement l’utilisation de papier toilette.

Le salon a été également l’occasion de rencontrer quelques designers, comme chez Laufen, où Stefano Giovannoni, le créateur de la collection iconique Bagno Alessi, a raconté l’histoire de

ce projet depuis son origine jusqu’à sa toute dernière évolution. De nombreuses marques ont mis en avant le design de leurs collections dans un festival de couleurs et de matières, une tendance qui semble cette année atteindre son apogée. Parmi les événements marquants, on note la célébration des 275 ans de la société Villeroy & Boch qui rend hommage à sa longue histoire à travers une collection anniversaire en édition limitée. Un des stands ayant particulièrement attiré la foule est celui de Hansgrohe, qui présentait d’étonnants prototypes d’équipements consommant 90 % moins d’eau et d’énergie que ceux d’une salle de bain conventionnelle.

NOUVELLES ORIENTATIONS

Présentées au sein de l’espace « Pop up my bathroom », les tendances du secteur, outre la durabilité, se concentraient sur le bien-être, les collections adaptées aux petits espaces, la manière d’intégrer la dimension émotionnelle dans l’aménagement global de la salle de bain, ainsi que sur les produits intelligents conçus pour améliorer l’expérience utilisateur.

59 TECHNIQUES DU BÂTIMENT CONSTRUCTION & BÂTIMENT
↗ Vue d’un stand du secteur The Bathroom Experience à ISH. → La nouvelle cuvette de WC Geberit Acanto offre une performance de rinçage exceptionnelle dépassant jusqu’à 10 fois les exigences dictées par la norme. Les WC restent plus hygiéniques et plus propres.

RUBIK’S CUBE

Sur le haut du site du complexe scolaire de Courtepin (FR), un nouveau pavillon vient compléter les di érents volumes qui s’égrènent sur la pente, réalisés au fil du temps depuis 1969.

texte : Marielle Savoyat photos : Thomas Telley

Réalisé par l’Atelier Pulver Architectes, le tout récent pavillon F s’élève sur un site entièrement piéton regroupant déjà plusieurs bâtiments scolaires hétérogènes bâtis à différentes époques entre 1969 et 2012.

Depuis l’automne dernier, ce dernier-né accueille dix salles de classes primaires et une salle d’appui. Il s’insère dans un système au caractère urbain qui fonctionne comme un quartier, avec ses places, ses placettes, ses cheminements. Le nouveau bâtiment s’insère entre la salle de gym et le complexe pavillonnaire réalisés dans les années 1970.

ROTATIONS

Par un ingénieux jeu de pivots du plan d’un niveau à l’autre, tel un Rubik’s cube, chaque plan d’étage semble tourner autour d’un même axe central et s’être arrêté à 90° à chaque fois, adoptant chacun une orientation spécifique. L’effet étoilé du plan génère des vues différentes et des décalages créant toutes sortes de situations spatiales. Ce principe simple permet – sur un site particulièrement hétéroclite – de s’insérer en parfaite adéquation, en composant avec les diverses facettes du lieu, voire en les réunissant. Ainsi, les lignes directrices du bâti environnant sont reprises en façades selon leurs différentes orientations et un lien se met en place entre l’existant et le nouveau.

Le volume permet tout à la fois de requalifier l’arrivée par le haut du site, de ponctuer d’un point de repère fort les cheminements, de valoriser une place centrale en lien avec la salle de gym existante, ainsi qu’une place de jeux adjacente et une mini

placette jusque-là presque laissée à l’abandon au pied du complexe pavillonnaire et même de proposer une nouvelle place de jeux liée à la pente sur l’un des côtés. Le langage architectural entre en résonance de manière indirecte avec celui de la salle de sport existante ou en tout cas en tire une forme d’inspiration.

MOUVEMENTS

À l’intérieur, un escalier monumental éclairé de manière zénithale occupe le centre et toutes les classes sont situées sur le pourtour avec systématiquement une double orientation. Les généreuses surfaces de distribution débouchent toujours sur une large vue cadrée sur le paysage, du sol au plafond. Les classes également bénéficient d’amples ouvertures sur le territoire environnant. Un dialogue fort entre l’intérieur et l’extérieur est ainsi créé, à l’image symbolique des valeurs que devraient porter une école. Les mouvements engendrés par le principe du plan tournant autour du grand pivot central de la circulation verticale alimentent une école vivante, les différents jeux visuels, les rencontres et la communication. Dans le cadre d’activités spécifiques par petits groupes, l’enseignement se fait parfois hors de la classe, sur les larges surfaces communes de distribution des étages, qui sont plus des espaces de vie que des couloirs. Du mobilier sur mesure en bois (tables fixes en porte-à-faux et tabourets) a été dessiné par les architectes et installé spécifiquement à cet effet. Les parties techniques sont, quant à elles, ingénieusement placées contre terre, dans la partie semi-enterrée du rez-de-chaussée.

PROJETS CONSTRUCTION & BÂTIMENT 97

BELLE -TERRE OU L’ART DU « FAIRE ENSEMBLE »

Entre ville et campagne genevoise à Thônex, la première étape du quartier Belle-Terre aux Communaux d’Ambilly, réalisée par quatre bureaux d’architectes, a été esquissée et construite de manière unie et concertée, d’un seul geste.

Vue du hall d’entrée et des coursives intérieures dans le
Jaccaud + Associés.
bâtiment Voirons,
texte : Marielle Savoyat photos : Daniele Rocco

À gauche: Bâtiment Voirons, Jaccaud + Associés. À droite: Bâtiment Mont-Blanc Salève, Atelier Bonnet architectes.

Angleterre que Pierre Bonnet (de l’Atelier Bonnet Architectes, qui avait le rôle de chef d’orchestre du concept urbain) a visitée, ainsi que la Rade genevoise. Dans les deux cas, l’homogénéité, la minéralité et les teintes claires dominantes qui définissent un ensemble bâti fort, mais dont la perception varie en permanence, ont servi de toile de fond pour l’atmosphère unitaire recherchée aux Communaux d’Ambilly. C’est ainsi tout un imaginaire commun qui a été façonné autour de la minéralité du béton, de la richesse de variations des agrégats et des teintes recherchées. La préfabrication s’est alors profilée comme une manière de lier l’ensemble des concepteurs et le constructeur autour d’une même manière de faire, de construire, de façonner une matière. Tous les immeubles sont construits sur le même mode constructif, composé de panneaux sandwichs en béton préfabriqués en façades, réalisés exclusivement par l’entreprise de construction Prelco. La commande passée une année à l’avance a permis

d’offrir de bonnes conditions à la production des éléments et de garantir la qualité sur l’entier de cette première étape. Cette démarche inédite a permis non seulement d’activer une source locale – genevoise – unique, mais également d’harmoniser l’identité de tout le quartier. L’image du quartier est ainsi liée à sa matière et à l’expertise des acteurs locaux.

VARIATIONS

Main dans la main, avec l’adage « un pour tous, tous pour un » comme credo, c’est toute une recherche très fine réunissant les différents savoir-faire qui s’est mise en place pour définir ensuite le caractère de chacun des bâtiments au sein d’un langage commun. Le long de l’artère principale sur laquelle s’étirent trois bâtiments conçus par trois des quatre bureaux d’architectes, un même composant de base a été utilisé partout : un granulat concassé de couleur ocre. Cependant, une formule spécifique

104 CONSTRUCTION & BÂTIMENT PROJETS

UN NOUVEL ÉCRIN POUR L’ÉDUCATION

Construit dans les années 1970, le Cycle d’orientation de la Glâne, à Romont, se devait de faire peau neuve. Son projet de rénovation a pour ambition la création d’un espace d’apprentissage optimal pour les jeunes de la région.

texte : Aurore de Granier photos : Corinne Cuendet

UNE ÉVOLUTION ARCHITECTURALE NÉCESSAIRE

Bâti il y a plus de cinquante ans, le Cycle d’orientation de la Glâne, situé sur la commune de Romont, faisait l’objet d’un projet de rénovation lancé en 2014. Au cours des années précédentes, en 2000 et 2011, les lieux ont connu plusieurs interventions, dont la construction d’une extension donnant au cycle sa configuration actuelle. Mais malgré ces travaux, en 2014 le constat est fait que l’établissement n’est plus aux normes et doit subir des modifications plus importantes. Après un appel à projet lancé cette même année, c’est le bureau d’architectes Ayer Architectes SA qui remporte le mandat et entame un long processus, tant par sa réflexion que par ses travaux. « Le caractère scolaire du projet vient dès le départ poser plusieurs questions.

Il était devenu évident que les lieux n’étaient pas adaptés à recevoir les 900 élèves qu’ils accueillaient alors dans de bonnes conditions. Une étroite collaboration a été mise en place entre notre bureau et la direction, mais aussi les professeurs du cycle », explique Sandra Pitteloud, architecte du projet. En effet, les améliorations à réaliser sont nombreuses. Les salles de classe ne sont plus suffisantes ni en nombre ni en superficie ; les salles spécialisées nécessitent une mise à jour ; et les espaces communs

tels que la bibliothèque, la salle de sport et la piscine ne correspondent plus aux critères d’enseignement actuels, ni aux effectifs du cycle. Le projet se développe alors en plusieurs phases avec pour commencer une réflexion se portant sur la piscine. Après avoir échangé avec le corps enseignant, les architectes réalisent que cet aménagement n’est plus adapté à l’enseignement de la natation, et de cette conclusion découle la construction de l’Épicentre voisin – résultat d’un concours remporté par le bureau GNWA – rassemblant aujourd’hui la piscine et le conservatoire de musique. Ce n’est alors qu’en juillet 2019 que peuvent débuter les travaux sur le corps de bâtiments du cycle d’orientation, avec une première focalisation sur le second bâtiment, abritant autrefois la piscine et une salle de gymnastique et qui accueille désormais les salles de sciences, d’économie familiale, le cabinet dentaire scolaire, ainsi que la bibliothèque scolaire et publique, la ludothèque et les services d’orientation professionnelle. Ces travaux débutent à l’automne 2021, avec un espace remodelé pour accueillir des salles d’enseignement général plus grandes au premier et second étage. Le rez-de-chaussée se voit quant à lui consacré à l’administration.

PROJETS CONSTRUCTION & BÂTIMENT 133
Vue extérieure du bâtiment dont la façade de système de construction CROCS est protégée.

UNE RÉNOVATION TOUT EN PROUESSES TECHNIQUES

À Genève, le domaine Barton fait l’objet d’une rénovation complète sur deux ans, en vue de réhabiliter les bâtiments. Boiseries classées, séquoias imposants font partie des importantes contraintes du projet.

texte : Isabelle Jaccaud photos : Sacha Di Poi, hiris.ch

L’un des défis du projet de rénovation a été de préserver les boiseries et parquets, classés, dans les deux salons du rez, en les isolant complètement pour les protéger de l’environnement du chantier.

Le domaine Barton est un parc ouvert au public à Genève, sur la rive droite du Léman. Le patrimoine se compose de la villa aux abords du lac et de cinq pavillons implantés entre des séquoias. Suite à une donation historique de Mme Alexandra Barton, l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) est aujourd’hui au bénéfice d’un droit de superficie, par la Confédération, de la villa et de ses pavillons.

La villa historique, érigée en 1830, a grandi de manière désordonnée en fonction des besoins des propriétaires et a subi trop d’interventions pour prétendre à une substance patrimoniale. Mais elle possède un grand trésor : les boiseries de Jean Jaquet, ornementaliste réputé du 19e siècle, qui sont classées, ainsi que le parquet de ses salles. Autre richesse du domaine, les cinq pavillons de l’architecte Gaillard, construits à la fin des années 60. L’Institut occupe le domaine Barton depuis 1938. Ses besoins actuels et futurs sont mal servis par l’état vieilli des locaux et une structuration peu fonctionnelle des espaces. Une réhabilitation des bâtiments s’imposait donc. Le projet Barton, c’est la rencontre de trois pôles de compétence : le maître d’ouvrage, l’IHEID ; le concepteur, le bureau CCHE ; le constructeur, l’entreprise Complex Bau. Ce même trio qui a collaboré à la réalisation de 634 logements étudiants au Grand Morillon à Genève.

VIDER LE CŒUR DE LA VILLA

Les besoins programmatiques de l’Institut demandaient une intervention en profondeur sur la villa. CCHE a eu carte blanche pour en revisiter le cœur, avec l’objectif de repenser la programmation et rationaliser les espaces perdus. Il a fallu réaménager totalement l’intérieur et ne conserver que les murs porteurs principaux, les façades et la volumétrie de la toiture. Le nouveau programme montre la volonté d’ouvrir les espaces intérieurs et d’optimiser la distributivité, avec des salles de cours subdivisibles. L’entrée se veut traversante, tout en transparence, avec vue sur le lac. Le sous-sol offre des salles exploitables comme lieux de formation. La totalité du volume intérieur du bâtiment a été vidé, à l’exception des deux salons du rez-dechaussée abritant les boiseries classées qui ont été encapsulées, complètement isolées et protégées de l’environnement du chantier. La solution imaginée par Complex Bau pour répondre aux contraintes du service du Patrimoine est une véritable prouesse technique pour maintenir les boiseries en place, dont le démontage et remontage aurait été trop périlleux. Thermomètres et hygromètres ont été installés entre les protections et les décors, pour surveiller en continu le maintien des conditions nécessaires à la préservation de ces œuvres. La nouvelle dalle des salons classés a été conçue en bois pour garantir qu’aucun apport d’humidité ne vienne altérer les décors. La création d’une salle sous l’emprise de ces salons classés a nécessité une coordination

PROJETS CONSTRUCTION & BÂTIMENT 153

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