PROLOGUE :
L’AUDACE DE L’ÉTÉ 39 Étrange moment que l’été 1939 pour lancer des jeunes gens sur les routes de France - en esprit de paix à tout le moins – de paix et d’étude ! Mars 1938 : l’Anschluss de l’Autriche par l’Allemagne – ce qu’avait interdit le traité de Versailles moins de vingt ans plus tôt. Fin septembre 1938, Munich : la reculade de l’Angleterre et de la France, concédant à Adolf Hitler, en présence d’un Mussolini attentif, la province tchécoslovaque des Sudètes ; suite à quoi, en toute logique historique, l’armée allemande entre à Prague en mars 1939 et le 3ème Reich annexe la Bohème-Moravie. Alors, demain : l’Alsace ? Beaucoup, en Europe, en France, sont désormais convaincus qu’une nouvelle grande guerre est devenue inévitable – même si certains, usant de la méthode Coué, sont soulagés d’avoir obtenu « Encore quelques instants [de] Monsieur le bourreau ». C’était d’ailleurs depuis le 31 janvier 1933, date de l’arrivée du chef du parti nazi à la Chancellerie de Berlin, que les esprits pessimistes (ou clairvoyants) se préparent pour un avenir terrible. (Même le directeur du Louvre commence à réorganiser les réserves du musée au cas où…) De fait, l’Allemagne envahira la Pologne le 1er septembre 1939 et, le surlendemain, la France et la Grande Bretagne mobiliseront contre la grande puissance centreeuropéenne, mère de musique et de philosophie, tombée en d’affreuses mains.
C’est
pourtant dans ce climat lourd que cinq jeunes gens se lancent, ou plutôt sont lancés, dans une 1