Paimboeuf - Civilisation Ligérienne

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ESTUAIRE 2029

CIVILISATION LIGÉRIENNE Paimbœuf, une cité à envisager en commun

Tirer des bords Lola Mahieu (PFE), Borha Chauvet (PFE) Markéta Vopelkova, Anthony Vong, Christophe Teixeira Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau ensa nantes - arts de faire

PAIMBŒUF 1


Remerciements à : Christian Dautel, directeur de l’ENSA Nantes Nicolas Schmitt, secrétaire général de l’ENSA Nantes Pascal Pras, vice-Président de Nantes Métropole pour son investissement pour l'association arts de faire

Thierry Brutus, Maire de Paimbœuf, et Marie-Anna Lode, adjointe Territoire, Environnement, Urbanisme, Espaces verts Mme Benbelkacem, Maire de Corsept, et Hervé Gentes, adjoint Économie et Budget Malika Djerrar pour sa gentillesse et son hospitalité Jade, le sixième membre de notre équipe de l'Atelier Regain Serge Gautier pour son aide et sa disponibilité Denis, Maëlle et tous le reste de la famille Hamard pour le temps qu'ils nous ont accordé, la visite de la maison et les pâtes carbo Dominique Leroy et Christian Champin pour nous avoir fait découvrir leurs univers Le vrai et le faux Johnny de Paimbœuf pour le pastis et la compagnie Gaston, Mme et Mr Joël Simon pour ces agréables voyages dans le passé de Paimbœuf Véronique Mathot et Dominique Golle pour leurs engagements, passés et à venir Sebastien Lhermite pour ses informations précieuses Renée Maury et Jean-Pierre pour la découverte de l'univers du mareyage Stephanie Aumonier, Erwann Le Floch et Didier Macé pour les encouragements à s'engager pour la pèche en Loire Rachel de l'Office du Tourisme, Xavier Couplet, Véronique Georges, Stephane Muller, Olivier Messager, Jean-François et Nicolas Mazan, Chantal et Maurice Levy Les enfants des classes de CM1 et de CM2 de l'École des 4 Amarres qui se sont prêtés avec enthousiasme à notre "Time's Up" paimblotin Tout les participants aux ateliers publics Toutes les personnes que nous avons rencontrées et que nous avons oubliées de citer

Merci à tous, Paimbœuf est vraiment une ville accueillante et pleine d'avenir ! Simone et Lucien Kroll, jardinière paysagiste et architecte Cendrine Robelin, cinéaste Flore Grassiot, architecte Ricardo Basualdo, artiste et scénographe urbain ; Evelyne Thoby, responsable de la reprographie de l’ENSA Nantes, pour son travail Chérif Hanna, Saweta Clouet et Jean-Yves Petiteau, enseignants à l’ENSA Nantes 2


ESTUAIRE DE LA LOIRE TERRITOIRE EN MOUVEMENT

CIVILISATION LIGÉRIENNE PAIMBŒUF, UNE CITÉ À ENVISAGER EN COMMUN

TIRER DES BORDS LOLA MAHIEU ET BORHA CHAUVET (PFE), MARKETA VOPELKOVA, ANTHONY VONG ET CHRISTOPHE TEIXEIRA (MASTER)

ESTUAIRE 2029

Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes arts de faire - février 2015 3


PRÉFACE

Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau

L’estuaire de la Loire : un territoire en mouvement

Tirer des bords : une métaphore pragmatique... Mobiliser une résilience

L’estuaire de la Loire est, de son origine à nos jours, le territoire de tous les départs, celui des voyageurs, des aventuriers, celui des conquérants et des émigrants. Les villes de l’estuaire se sont greffées sur les quais où ont transité les hommes, les marchandises et la valeur.

En mer, tirer des bords, c’est poursuivre sa route « au près serré » contre le vent. Remonter l’estuaire « contre le vent », souvent à « contre courant », c’est engager un parcours de reconnaissance. C’est retrouver au présent les traces d’une histoire.

Ce territoire instable au rythme des crues, des marées, des creusements du lit d’un fleuve « sauvage » sur lequel se croisaient émigrants et commerçants est devenu l’espace privilégié d’une immigration. Le mouvement s’inverse, le territoire s’invente au fil de l’imaginaire et devient l’enjeu de multiples investissements. La valeur de ce territoire repose sur un héritage, celui des mobilités antérieures, dont les infrastructures conservent la mémoire. Elle repose sur les déplacements et mouvements qui les investissent aujourd’hui, multipliant les croisements, liens et coïncidences sur lesquels se jouent de nouveaux rapports de civilité et une nouvelle urbanité. Un monde s’invente au croisement de ces mouvements, une métropole originale se construit sur les liens que les nouveaux et anciens habitants tissent sur un paysage redécouvert donc réinventé.

Tirer des bords, c’est, en louvoyant, réveiller les traces d’un déplacement antérieur; celles des liens qui peuvent encore mobiliser le territoire. L’estuaire est un territoire en mouvement : celui du fleuve, de la marée, des marais et de l’estran que l’on protège ou que l’on sédimente. Les bâtiments ou les infrastructures ne suivent pas la même temporalité que celle des constructions ancrées sur le sol. L’estran, les rives, les bords, les berges et les quais ne subissent pas seulement les mouvements naturels du fleuve ou de la mer, ils bordent un territoire continental. Lieux des passages et transactions qui animent, modifient et obligent à réinvestir les espaces où les hommes et marchandises embarquent ou débarquent. Ils deviennent miroir des grandes mutations économiques inscrites dans un rapport de mondialisation.

La question sur laquelle repose le «ménagement» de la future métropole estuarienne, repose sur la qualité de nouveaux «espaces-temps» sollicités par la mise en résonance des différents territoires.

Sur un tel espace en mutation, les strates de chaque occupation recouvrent la mémoire des échanges et valeurs sur lesquelles se rejoue, périodiquement, dans un rapport d’altérité, une identité des hommes et des lieux. Ces implantations et ces effacements obligent, 4


comme le monde non encore découvert, à redécouvrir un territoire qui s’invente et renaît au fil de l’histoire. Si les rives ne recelaient pas un potentiel, jamais les nouveaux conquérants ne réinvestiraient périodiquement cet espace dont la valeur repose sur la transaction. Et parce que ce territoire s’invente à chaque phase de l’histoire ; le repérage doit être analysé et pratiqué comme une aventure : celle d’une découverte et d’une relecture du potentiel que révèle cette identification des traces. Retrouver ces traces, c’est mobiliser des liens que chaque frontière met en tension entre des territoires, lointains ou proches. Cette reconnaissance en acte des traces qui tissent les relations potentielles d’un bord par rapport à ses différents contextes permet d’évaluer, de choisir et de construire les liens qui placent chaque projet comme l’attente d’une relation, d’un échange et d’une négociation. Ce que nous révèle chaque négociation, c’est que ce qui s’échange déborde ou déplace l’objet dans sa fonction ou sa définition première. Les arguments de l’échange mobilisent de nouveaux contextes. Ce qui est important n’est pas toujours la fonction première, mais ce qu’elle induit comme rapports sociaux. Ce que l’on échange dans l’échange. Ce n’est jamais ni l’objet lui même ni son usage mais sa valeur1 qui est totalement relative à la reconnaissance des partenaires de l’échange et du contexte.

Le repérage pour cela n’est pas neutre puisque le déplacement du découvreur est déjà une mise à l’épreuve d’une interaction ; soit la reconnaissance d’un échange, qui révèle le potentiel de chaque parcelle ou fragment sollicité, par l’expérience d’un tel déplacement. L’estuaire est par excellence, un territoire en mouvement. Il n’est pas seulement le lieu d’une « identité » remarquable, mais, le territoire privilégié d’une problématique nouvelle. Le lieu d’une expérience où s’explicite un regard nouveau sur le territoire. Le master 2015 est la 8ème édition d’une démarche stratégique centrée sur l’Estuaire de la Loire. Chaque session est l’occasion d’explorer de nouveaux espaces à différentes échelles ; les mobiliser et rendre explicites des arts de faire et des arts de vivre, peu ou pas toujours reconnus par les experts et professionnels de l’aménagement. Après « La métaphore d’une île » en 2013 et « import/export » en 2014, la thématique retenue pour le projet actuel « tirer des bords» tente de retrouver sur les traces de la mémoire, la dynamique d’un « ménagement » capable d’inaugurer un processus de résilience in-situ. Cette démarche propose avec les personnes qui y vivent, un projet : « ménagement/ aménagement» sur les communes de : Nantes (Chantenay), Frossay, Cordemais, Donges, Paimbœuf, Trignac, Saint-Brévin. Et les lisières qu’ils contaminent.

Sur un espace en mutation, la révélation de ce maillage dynamique est la première clé pour la mise en œuvre d’une problématique de l’aménagement.

Ce livre, parce qu‘il est une reconnaissance de « l’art de vivre » et « l’art de faire » sur chaque espace abordé, est un document ressource pour aider chaque communauté à réfléchir et élaborer des propositions qui valorisent l’identité des différents lieux et mobilisent les potentialités reconnues lors de cette première « enquête-participation », présentant un repérage et de libres propositions.

Ce sont donc les liens, le contexte et l’enjeu de chaque traversée qui permettent de réinventer le potentiel de chaque territoire. 1 Ce qu’un économiste /anthropologue: Georges Hubert de Radkowski analyse dans son ouvrage : La métamorphose de la valeur, Presses universitaires de Grenoble, 1988

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Saint Nazaire

Donges Cordemais

Saint Brévin

PAIMBŒUF Frossay

Co Le Pellerin

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INTRODUCTION Paimbœuf est une de ces ville-village de type insulaire, qui jalonnent les méandre de l'estuaire de la Loire entre Nantes et Saint-Nazaire. Elle est reconnaissable à sa forme d'amande, située au goulet d'étranglement de la Loire, face à la raffinerie de Donges. Cette commune au territoire contraint, 2,2 km2, la deuxième plus petite du département, fait partie de la Communauté de Communes Sud Estuaire et accueille 3250 Paimblotins. Sa forte densité de 1614 hab/ km2, plus élevée que Saint Nazaire, l’oblige à répondre à des enjeux qui sont ceux de grandes villes. D'ailleurs Monsieur Le Maire, Thierry Brutus, est le seul élu de gauche parmi les élus de la CCSE, en cela Paimbœuf se distingue au sein du pays de Retz et tend à se rapprocher plus de la politique de la métropole Nantes-Saint-Nazaire, en accord avec son passé d'avant-port de Nantes et de cité industrielle.

Nantes

ouëron Chantenay

Mais Paimbœuf, ce n'est pas que cela. En tant qu'étudiants à l'école d'architecture de Nantes nous avons été à la rencontre de ses habitants, comprenant avec eux les enjeux et la difficulté à projeter sur ce territoire. Nous profitons de la publication de ce livre pour vous exposer notre démarche, notre compréhension de ce territoire et nos propositions pour son futur. « Paimbœuf est un port et je peux vous assurer que dès qu'on s’intéresse à elle, on est vite emmené ailleurs. Lieu de passage à la fois marin et routier, c'est une escale qui cache énormément d'histoires et qui abrite ceux qui savent les écouter. Et ceux-là en ont plein d'autres à vous raconter. » Pauline

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Vue sur le quai Boulay Paty 8


SOMMAIRE

4 7 9 10

PRÉFACE INTRODUCTION SOMMAIRE CALENDRIER

12 UNE CITÉ EN LATENCE

60 DISPOSITIFS DE NÉGOCIATION EN INTERACTION

TRAVERSER

14 Paysage en suspens 20 L'envers du décors

MÉNAGER 62 64 66 68

24 UNE ÎLE EN HÉRITAGE S'ARRÊTER 26 30 32 34

Rencontres en réseaux Ancrages historiques Frise chronologique Terrains gagnés sur la Loire

70 DISPOSITIFS DE NÉGOCIATION

36 UNE ESCALE PAIMBLOTINE RESTER 38 40 42 44 46 48 50

Des envies communes à mettre en négociation Des pratiques, des personnes, des temporalités Ménager pour aménager Carte d'implantation

72 FENÊTRE SUR LOIRE Marketa Vopelkova 74 CO-OP AGRICOLE Anthony Vong 76 ATELIER PUBLIC Christophe Teixera

Introduction au débat Une personne, un lieu, une rencontre Mobilité estuarienne Pratiques paimblotines Moyens d'expression Notre Paimbœuf Perspectives territoriales

52 UN PASSÉ EN DEVENIR

80 PETITS PÊCHÉS DE LOIRE Lola Mahieu

54 Des pratiques en perspective 56 Réseau(nance) estuarienne

94 DES-RIVES EN MÉTAMORPHOSE Borha Chauvet

S'ENGAGER

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CALENDRIER Septembre

Octobre

CARTOGRAPHIE/ITINÉRAIRES DÉCOUVERTE DU SITE Analyse cartographique et historique Atlas du paysage, SCOT, recherches

TRAVERSER

«LA VISITE»

Intervention Flore Grassiot Préparation de l'atelier public

SENSIBLE

Sur la route, découvrir en passant, survoler Première visite de Paimbœuf Choix du site

S’ARRÊTER

SOCIAL

Prendre rendez-vous, rencontrer, se faire guider Rencontres en réseaux Confrontation aux différents discours habités

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RESTER

Dormir, manger, se fai Atelier Participatif à l'A Rites de passages, écout


Novembre

Décembre

DÉLIBÉRATION

MÉNAGEMENT

ATELIER PUBLIC

WORKSHOP

Quel est le problème à Paimbœuf ? Ils ont perdu leur mécène ! FAIRE LA VILLE EN COMMUN

Intervention Ricardo Basualdo Comment intervenir sur Paimbœuf ? Il faut soutenir les activités existantes ! RETROUVER LA LOIRE NOURRICIÈRE

QUOTIDIEN

ire inviter, partager 'Atelier Re'gain te et émotions

S'ENGAGER

POLITIQUE

Prendre parti, sélectionner, débattre, imaginer Itinéraires avec Gaston, Dominique, Denis et Maëlle à pied, en voiture, à pied, en vélo

PROJETS

MENAGER

Révéler une civilisation ligérienne

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Vue sur Donges depuis le quai des messageries 12


UNE CITÉ EN LATENCE TRAVERSER

«Lorsqu’on arpente les quais de Paimbœuf, on a le sentiment que cette ville regarde ailleurs, qu’elle se tourne vers l’horizon d’un exotisme qui est à l’origine de son existence. Un front urbain fait de façades colorées qui affrontent l’horizon. Tout ici semble attendre de voir resurgir de l’horizon la silhouette, qui autrefois était celle d’un navire, d’un avenir. Se tourner vers la mer c’est une façon d’espérer et d’imaginer des histoires, une façon d’échapper et de ne pas regarder ce qu’il y a là sous nos pieds. Ici tout attend, en silence, comme le ferait une femme de marin qui attendrait le retour de son bien aimé, en scrutant le large chaque jour le cœur toujours plus lourd. Les arbres, les Paimblotins, les maisons, les mouettes, la Loire, Paimbœuf attend que quelque chose revienne. »

La latence (du latin latens, caché) désigne la qualité d'une propriété dissimulée et amenée à apparaître ultérieurement 13


PAYSAGES EN SUSPENS Dès notre première traversée de l'estuaire, on se retrouve face à un paysage horizontal ponctué d'infrastructures marquantes. Se superposent et se succèdent les paysages industriels, les prairies humides bocagères et les marais. Paimbœuf se trouvant à l’articulation entre la Loire monumentale, estuarienne et le plateau bocager méridional, la traversée de cette commune s'est révélé être un moment d'observation privilégiée de ces paysages, entre terre et fleuve. Au cours de nos explorations nous nous somme laissé conter ce paysage si particulier, à travers le regard sensible d'un Paimblotin, Denis Hamard. Il nous a guidé pas à pas sur la rive nord-ouest de Paimbœuf. Il pleuvait ce jour là et son fils était avec nous, c'est pourquoi fidèle à ses habitudes lorsque ce genre de climat tombe sur Paimbœuf, il nous a proposé après une courte promenade d'aller vite se réfugier au Café de la Loire, se réchauffer et partager un moment convivial. Cette rencontre et cet itinéraire nous a permis de découvrir des pratiques, celles de sa famille et de ses amis, et le regard que les paimblotins peuvent porter sur ce tableau changeant, qui défile en arrière plan de ce lieu que Denis n’hésite plus à appeler : « Notre Jardin ! ».

SUD

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Paimbœuf c'est particulier parce qu’on a les maisons d’un côté, compactes, et de l’autre côté on a une grande étendue sur la Loire, ce vide autour, l’immensité. Et au début ça nous faisait un peu peur en fait, quand on est arrivé ici on est passé sur ce boulevard là et on s’est dit on ne s’installera jamais ici.

Parce qu'en fait en Paimbœuf, ben au dé puis finalement en fai reux de cette façade là ce qui nous amène va c'est un paysage qu

Quand on voit le paysage de nuit, on se dit qu’il faudrait vraiment faire un festival électro ici parce que ça fait vraiment le côté moderne et industriel, avec justement cette façade là un peu Manhattan en face.

Dès qu’il fait bien bea mettre les fesses sur le plage là, et on va aprè bouteille de rosé et u fait ça. On est plus


n voyant ce côté vide de ébut ça fait un peu peur. Et it on fini par tomber amouà de la Loire, parce que c’est achement de lumière et puis ui change tout le temps.

On a jamais le même tableau sur la Loire en fonction du ciel, en fonction de ce que crache Donges en face, qui peut se sentir des fois au niveau des odeurs, et puis la brume aussi qui vient d’en face, en face il y a tous les marais derrière.

Aux couleurs de novembre quand les matins sont très froids et que le ciel est bleu, on a tout du bleu ici et là on a la brume qui cache tout en face et donc on a l’impression d’être sur les bords de mer, parce qu’on a plus rien en face en fait.

au et que les enfants peuvent e sable on s’arrête sur cette ès le boulot le soir avec une un truc à grignoter, et on se sieurs familles à faire ça.

Les enfants pataugent dans la Loire même si c’est interdit, parce qu’il y a du courant. Mais bon, il faut prendre ses responsabilités. Après les gens de Paimbœuf nous disent que, de toute façon, ils ont toujours sauté du ponton ! Les enfants prennent leur aise avec la Loire et nous aussi.

Voilà la plupart du temps quand il fait beau, les papas finissent leur boulot et ensuite rejoignent les mamans avec les enfants sur le bord de Loire ou aux jeux. La plupart du temps c’est un coté assez festif et détente, en fin de journée quand il fait beau.

NORD

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L’histoire géologique et hydrographique du territoire de l’estuaire a conditionné le développement urbain. Les bourgs se sont implantés sur les socles rocheux en fonction des contraintes naturelles, adoptant un urbanisme insulaire ou de coteau qui s'adapte aux conditions spécifiques des marais et de la Loire. Le relief se distingue ainsi par son horizontalité qui s'étend sur une vaste surface, générant un milieu globalement ouvert où l'eau tient une place primordiale. En effet, les nuances hydrauliques se lisent clairement dans la structuration du paysage, du fait des variations constantes du marnage de la Loire, du va et vient des bancs de sable ou de l'inondation des vastes étendues composant les terres basses. Dans cette logique d’urbanisation contrainte, la commune de Paimbœuf se développe entourée d’alluvions, sédiments colportés par la Loire. Ce petit territoire, mont rocheux encerclé par les eaux, possède dès ses origines un caractère insulaire.

Au sud, en revanche, sur la rive "secondaire", la commune s’ouvre vers l’arrière pays et son paysage marécageux, laissant percevoir au loin le plateau bocager du pays de Retz. On y trouve des pratiques liées à l’agriculture, l’élevage et l’artisanat du terroir. Afin de pouvoir pratiquer au mieux ces activités agricoles les espaces naturels sont progressivement domestiqués avec la construction de réseaux d’irrigation. A présent le sud de Paimbœuf est un paysage de marais surmonté de contrefort bocagers.

Aujourd’hui, Paimbœuf conserve de ses origines sa forme en amande qui conditionne sa faible superficie de 2 km2. Ces frontières, par le fort caractère identitaire du paysage qu'elles donnent à voir, offrent des visions de la ville complètements différentes. En effet au nord, sur la rive "principale", Paimbœuf s’ouvre sur une façade maritime et contemple un paysage monumental et estuarien. Ce paysage est imprégné de pratiques liées à l’industrie, la culture ligérienne et le balnéaire. Les activités portuaires ont eu un grand impact anthropique sur ce territoire et s’illustrent à Paimbœuf par la création d’une pinède artificielle à l’ouest de la commune et le remblaiement du bras du Migron (à la fermeture du canal de la Martinière) à l’est. Il a permis la création du site du carnet et la formation de la vasière.

Mais le paysage c’est avant tout celui qui le regarde, la perception d'un lointain inaccessible que l'on contemple avec détachement. Qu’on soit de passage ou qu’on reste à Paimbœuf, on ne reste pas insensible à ces paysages, nuancés par les changements de luminosité au cours de la journée ou encore les alternances des saisons. On se fait son propre tableau, sa propre histoire.

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Vue depuis le Pays de Retz

Vue depuis la Loire

Paysage s'ouvrant sur la raffinerie de Donges, rive Nord

Paysage s'ouvrant sur les marais, rive Sud 17


Dans ce paysage remarquable, le développement urbain et les opérations à venir, notamment l'essor d'infrastructures technologiques et portuaires doivent s'inscrire dans une logique de préservation des zones humides et environnementales pour conforter d'une part leur identité, d'autre part leur reconnaissance. Paimbœuf est donc un point stratégique pour parler de transition énergétique et d’équilibrage de l’intervention humaine sur l’estuaire. En effet, à sa périphérie Est se trouve Le Carnet, site futur pour le développement des énergies renouvelables qui doit réussir le défi de faire cohabiter industrie et zones protégés. En effet la CCSE possède 29% d'espaces protégés et 63% de terres agricoles pour seulement 8% d'espace urbanisé. Les zones humides sont mises en valeur et protégées en restreignant le développement urbain dans les limites communales. Des coupures urbaines figurant dans le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) du Pays de Retz permettent une aération des zones habitées et une structuration du territoire entre des fonctions agricoles, paysagères, récréatives ou environnementales. L'eau constitue un élément important dans le territoire du Pays-de-Retz (La Loire, le Marais breton, le lac Grand-Lieu), raison pour laquelle le SCOT veille à son équilibre conformément à la Loi Littoral et la Directive Territoriale d’Aménagement de l’Estuaire de la Loire.

Finalement lorsqu’on traverse Paimbœuf, dans un premier temps on a une seule vision de l'horizon, puis en prenant le temps de se laisser apprivoiser par le paysage, on prend conscience que cette ville joue un rôle d'interface. Elle a un rôle d’articulation face aux différents enjeux que portent ces horizons estuariens.

Finalement, tout est frontière à Paimbœuf et chaque frontière est un nouveau vide, une nouvelle ouverture sur l’horizon. En regardant au loin, on relie la commune à des territoires en arrière-plan, on la fait dialoguer avec d'autres figures du paysage ligérien. La portée du regard oublie les frontières communales et géologique de Paimbœuf qui semblent la limiter actuellement.

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Donges

Paimbœuf Le Carnet

Pays de Retz Enjeux environnementaux

Espaces à enjeux

Territoire à enjeux

http://www.paysages.loire-atlantique.gouv.fr/ 19


L'ENVERS DU DÉCOR Suite à notre première visite, nous décidons de revenir interroger la vie aux frontières de Paimbœuf. Nous avions déjà vu la façade maritime, cette fois-ci nous nous rendons à la frontière avec les marais. Après une longue discussion avec un couple d'habitant nous découvrons l'envers du décors : l'arrière de la ville en même temps que le climat politique et social de Paimbœuf, son passé lourd à porter et une situation économique difficile. Une heure de débat entre plaidoiries politiques et souvenirs d'un temps où la ville était plus forte.

"Il n'y a rien, rien à Paimbœuf. Pourtant on paye les im

Paimboeuf

Des frontières tangibles Notre rencontre avec Charlie* se fait dans le quartier des castors, les maisons ouvrières construites par l'usine Kulhmann à l'entrée sud est de la ville. En suivant Charlie et sa femme dans leur jardin nous avons alors simultanément découvert les prairies humides, séparées de la ville par un canal, et le discours de ce couple qui ne voit plus d'issue pour leur ville. Ce défaitisme est partagé puisqu'il a trouvé écho lors des ateliers publics, nous le verrons par la suite. Charlie nous a livré un condensé des réclamations paimblotines récurrentes. Nous parlons des frontières d'abord, à la vue du canal au fond de son jardin. "La densité urbaine et la taille réduite de Paimbœuf fait qu’on se trouve en la parcourant très souvent

Délimitation des SCOT

en situation de territoire frontalier." En effet comme on l'a vu, sa superficie fait d'elle la deuxième plus petite commune de la LoireAtlantique. De nombreux paimblotins ont le sentiment que la ville est contrainte par ses limites, malgré les terrains gagnés sur la Loire à l'est et à l'ouest. L'espoir que de nouvelles entreprises s'installent est contredit par l'absence de terrains libres (et non pollués par l'industrie chimique). Les entreprises qui ont choisi de s'installer à Paimbœuf sont en fait à sa périphérie (soit en dehors de sa zone foncière). L'adresse postale est celle de la commune voisine, pourtant elles se disent "de Paimbœuf ". 20


mpôts les plus chers du pays de Retz ! " Charlie*

Arrière du jardin donnant sur le canal

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Cartographie des espaces urbanisés pour la CCSE

Porte du pays de Retz

ville à la pointe du Pays de Retz. Elle est " la porte sur la Loire" qui s'oppose à "l'arrièrepays", expression qui désigne les communes plus rurales des bocages du sud. En effet, Paimbœuf est un cas à part dans le Pays de Retz. Comme Frossay, elle a une emprise communale qui s'étend jusqu'à la rive d'en face, mais contrairement à cette dernière sa densité urbaine et son histoire industrialo-portuaire font que son rattachement au SCOT Pays de Retz plutôt qu'à celui de la métropole NantesSaint-Nazaire est une vraie question.

Une communauté de communes "a pour objet d'associer des communes limitrophes en vue de l'élaboration d'un projet commun de développement et d'aménagement de l'espace", selon le code des collectivités territoriales. La Communauté de Communes du Sud Estuaire (CCSE) regroupe les communes de Saint Brévin les Pins (1), Corsept (2), Paimbœuf (3), Saint Père en Retz (4), Saint Viaud (5) et Frossay (6). Elles ont toutes un rapport direct au fleuve et forment la rive ligérienne du Pays de Retz. Aussi, Paimbœuf, cité située au goulot d'étranglement de l'estuaire se trouve être la

* Le prénom "Charlie" a été modifié 21


Des typologies d'habitats denses et variés

La CCSE en débat Charlie et de nombreux paimblotins ont du mal à accepter la gestion de cette CCSE "présidée par Saint Brévin qui vampirise les activités et les services". La commune souffre de la comparaison avec ses voisines Corsept "qui a souvent des évènements, des nouveaux équipements" et Saint Viaud "bien plus riche". Ce discours s'appuie sur le souvenir de la Paimbœuf sous-préfecture, alors ville phare du sud estuaire. Mais les rôles sont autres maintenant avec le développement démographique et économique de la cité balnéaire de Saint Brévin. Avec la communauté de communes s'opère une mutualisation des moyens et des équipements, l'offre et la demande se répartissent maintenant sur un territoire plus grand. Même si Paimbœuf garde les écoles et le centre socio-culturel, l'offre culturelle et associative se délocalise dans les communes voisines à la recherche de subventions ou de locaux plus appropriés. "Il n'y a rien à faire ici" nous dit Charlie.

Maison individuelle, Bd Dumesnildot

Cité des Amourettes

Des problématiques urbaines

Article paru dans Libération en 1998, à la suite de la fermeture de la dernière industrie chimique. à lire en Annexe 1.

Ce manque d'animation est comparable à d'autres communes de la même ampleur mais beaucoup plus choquant à Paimbœuf qui était si animée auparavant. Cette "cité à la campagne" présente aujours'hui des caractéristiques très urbaines sans y proposer l'émulation culturelle à laquelle on pourrait s'attendre. Sa densité importante (1614 hab/km2) est supérieure à celle de Saint Nazaire mais il n'y a aucun théâtre, cinéma et seulement deux bars qui sont rarement ouverts le soir. Paimbœuf a également des problématiques sociales importantes avec un taux de logements sociaux beaucoup plus élevé que ses voisines. Le logement social y représente en effet 32,6 % du parc locatif alors qu'il est de 4,1 % en Pays de Retz et 14,4 % en Loire-Atlantique. Aussi, en 2011, plus de la moitié (51,1 %) des foyers fiscaux paimblotins étaient non imposables contre 40,4% dans le reste du département.

Revenus par Unité de Consommation pour les communes de Loire-Atlantique en 2011 : 16500€

moyenne :19803€

20500€

Paimbœuf 16875 CC Sud Estuaire € 18282 € Part de logement locatifs sociaux pour les communes de Loire-Atlantique en 2011 :

aucun

moyenne :15 %

CC Sud Estuaire 4%

40% Paimbœuf 33 %

ce qui est éxigé par la loi : 25 %

Cette commune est aussi la seule à avoir une politique de divers gauche dans la CCSE (tous divers droite sauf Corsept dsans étiquette). Elle concentre aussi de nombreux services d'aides sociales (centre socio-culturel, antenne de la Croix-Rouge). 22


Lotissement en face du Super U

Rue Gn De Gaulle

ZAC du Petit-Paimboeuf

Lotissement en fond de parcelle

Bâtisse en pierre

Paimbœuf en 2011

Loire-Atlantique en 2011

Catégorie socioprofessionnelle des ménages

Un travail à l'échelle du territoire

qui a perdu ses emplois en même temps que ses fonds. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Nous avons cherché à avoir d'autres visions pour pouvoir comparer. La deuxième personne que nous interrogeons ce jour là est une mère de famille qui s'est installée à Paimbœuf il y a moins de dix ans. Elle savait qu'il ne s'y passait plus grand chose mais pour elle et ses jeunes enfants c'était ce qu'elle cherchait. Et puis tout ce que Paimbœuf n'a pas, elle le trouve dans les communes toutes proches : ""Ici, c'est calme, moins stressant et bruyant que la ville. Et puis avec la voiture on est proche de tout."

Comme on peut le voir dans ces diagrammes circulaires, en 2011 les ménages paimblotins sont majoritairement retraités ou ouvriers. Cela explique que le revenu par unité de consommation soit si faible par rapport à la région. Pourtant sur le territoire de Paimbœuf en 2011 on recense autant d'actifs que d'emplois (1200) mais qui sont majoritairement employés ou professions intermédiaires. Qui sont les gens qui travaillent à Paimbœuf et où travaillent les paimblotins ?

Un traumatisme récent Nous sommes repartis de chez Charlie comme après la lecture de cet article (en annexe 1). Il date de 1998 et il ne donne pas beaucoup d'espoir sur le devenir d'une ville

Comme quoi, dès qu'on prend le temps de s'arrêter pour discuter, on prend conscience que l'héritage de Paimbœuf résonne bien différemment pour chaque paimblotin... 23


Venelle d'accès au cœur d'îlot 24


UNE ÎLE EN HÉRITAGE S'ARRÊTER

«Au fur et à mesure de nos échanges, on a l’impression que Paimbœuf s’est construite tournée vers l’ailleurs. Comme toute île, son insularité n’exprime pas un renfermement, un auto-centrement mais justement une ouverture. Lorsqu’on traverse la commune, on ressent les enjeux d’un territoire frontalier, où que l'on soit on se trouve à la limite, à la frontière d’un "autre part" et donc dans la construction d’un échange. Si certains artistes viennent s’échouer à Paimbœuf comme ils le disent eux même, ce n’est pas par hasard. Tout ici, que ce soit les traces d’un passé ouvrier ou naval, les champs à perte de vue d’un côté et l’eau de l’estuaire de l’autre, tout participe à se faire sa propre histoire, son propre voyage sur les pas d’une mémoire commune. Lorsqu’on passe la porte des habitations paimblotines on découvre tout les sons de cloches de ces imaginaires personnels qui ne manqueraient plus qu’à sonner à l’unisson pour refaire vivre Paimbœuf.»

Un héritage (du latin hereditare) est le patrimoine qu'une personne laisse à son décès 25


RENCONTRES EN RÉSEAUX Alors que nous allions de rendez-vous en rendez-vous avec les instances en présence (le Maire et l'adjointe à l'urbanisme, le directeur du centre socioculturel, l'office du tourisme...), nous croisions de plus en plus de personnes différentes dans ces rues que nous reconnaissions déjà. Leurs visons sont toutes différentes et leurs histoires nous font partir à l'aventure. Ils nous parlent aussi de ceux qu'ils connaissent ici, ils nous guident vers d'autres : nous voici accueillis en pays paimblotin.

Christian Champin sur les quai de Paimbœuf avec une de se

apprendre un peu plus sur la ville, elle nous fait alors traverser la rue pour rentrer dans la Bibliothèque pour Tous, tenue par une de ses amies « Son mari est un artiste, il aura plein de choses intéressantes à vous dire ! ». Nous discutons alors avec cette femme discrète, d'abord sur la réserve mais qui nous fait emprunter les livres de l'historienne Véronique Mathot sur Paimbœuf et de Kinya Maruyama sur son jardin. Elle nous donne son avis sur Paimbœuf : « On a eu un coup de cœur pour le cadre il y a 10 ans. […] Paimbœuf c’est petit, c’est très accessible. […] On est quelques bénévoles à la bibliothèque, pas beaucoup. […] Essayez d’aller voir mon mari, s’il veut bien vous recevoir… Il est dans son atelier dans la rue là-bas.» Nous voilà repartis, guidé par les uns et les autres vers Christian Champin. Toutes nos rencontres se sont enchaînées de cette manière. Un hasard qui nous amène à quelqu'un qui nous ouvre une porte vers quelque chose de plus grand. Les paimblotins se connaissent tous par le biais de quelqu'un d'autre. Et pour nous qui sommes étrangers, se faire recommander par quelqu'un c'est déjà se faire accepter.

Que nous guident ceux qui savent Après avoir rencontré la Maire de Corsept, nous arrivons à Paimbœuf depuis les prairies. Et, forcément, on s’arrête devant la façade de Dominique Leroy. Tiens, le voilà qui rentre des courses. Nous échangeons quelques paroles « Je connais pas trop de gens, c’est plutôt les gens qui me connaissent. J’suis arrivé y’a cinq ans. Mon rapport avec Paimbœuf ? La Loire. Y’a des fois c’est la mer. Y’a des fois on dirait qu’on est au bord du Lac Clément. Y’a des fois on est au Bosphore » Sa vision fait écho à celle de Denis Hamard, la Loire, changeante et lumineuse, qui attire et fascine. Puis nous continuons à marcher sur les quais. Nous croisons une femme qui s’apprêtait à rentrer dans sa voiture. Lorsqu’elle comprend que nous voulons en

26


Façade de Dominique Leroy, quai Boulay Paty

es sculptures du Trio Indignados, 2011-2012

Visions différentes de Paimbœuf

de Kuhlmann. Un vrai paimblotin c’est quelqu’un de déçu, c’est une fatalité. Ils disent : "Mais t’es à Paimbœuf ici, il ne se passera jamais rien". »

Comme nous l'avons vu précédemment, chaque rencontre nous a transmis une vision différente de cette commune. Et celle que nous a donnée Christian Champin, sous la forme d'une performance au seuil de son atelier, est des plus singulières...

Appartenance Et même si cet artiste ne se considère pas comme "paimblotin" au sens où il l'entend, il fait partie des artistes de Paimbœuf, par son initiative d'exposer ses sculptures sur les quais et les réseaux auxquels il appartient. Le patrimoine intact et caché, les paysages changeants et la lumière du ciel font de cette ville en déclin, où il est si peu cher d'être propriétaire, une terre d’accueil privilégiée pour les artistes et les marginaux.

« C’est le Moyen-Age ici, il y a des personnes en grosse difficulté. Mais les paimblotins ce sont des descendants de corsaires, de prostituées. Je les entend encore dans les rues. Y’a des gueules ici… Faut que vous alliez voir Johnny. […] Paimbœuf ça ressemble à nulle part. J’suis ici parce que c’est différent, les lumières. Ici, c’est un peu l’Afrique. […] Je vois une atmosphère polluée, irrespirable et ça m’influence. Dans mon atelier il y a 80 tonnes de déchets. J’interprète le message du déchet, je suis un métallo décheticien. Un mondialo-décheticien. J’ai déjà vendu 2000 sculptures et j’suis pas venu ici par hasard. Y’a un passé… avec cette usine très polluante…Ce bled là est devenu un déchet du monde industriel et moi ça m’a parlé. C’est des déchets humains les gens qui vivent ici. C’est un bled de prolétaires. Tout le monde s’est jeté dans l’alcool à la fermeture

« Y’a des pointures à Paimbœuf, dans le domaine de l’art. Vous avez Dominique Leroy, vous avez vu sa façade ? Il est génial ce mec là. Et puis sa voisine, Do Fournier c’est une grande pointure dans le domaine de l’art contemporain. Y’a Olivier Ferraud aussi, le mec qui fait les lampes. […] On dit que c’est le prochain Trentemoult. Mais j’veux pas de ça, c’est à moi Paimbœuf, les gens vont ailleurs. »

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De gauche à droite : Pascal, Dominique Leroy, Christian Champin, Ser Mme Benbelkacem, Thierry Brutus, Malika, Djerrar, Véronique Math

tous comme appartenant à une vaste et unique classe moyenne. Il fait apparaître une troisième « sphère sociale » autre que la famille et le travail constituée d’un réseau d'amitiés. Ce réseau induit un enchevêtrement et une complexification qui finalement brouille et casse la hiérarchisation qui aurait pu exister dans un système linéaire.

En rencontrant ces artistes, en sentant leur attachement à cette ville particulière, nous leur avons demandé s'ils avaient essayé quelque chose ensemble pour nuancer cette vision de "ville morte" que les paimblotins ont de leur ville. Ils nous ont répondu que les initiatives groupées n'avaient pas abouties lorsqu'elles étaient à l'origine d'une seule personne... Paimbœuf est en manque de valeurs fédératrices.

C’est un peu ce qui se passe à Paimbœuf, mis à part les artistes connus de tous et le Maire qui a la responsabilité des décisions municipales, les paimblotins sont difficilement classifiables, fonctionnant en réseaux d’entraide ou de connaissance. Il y a ceux qui sont voisins ou qui l’ont été, les parents qui emmènent leurs enfants à la même école, les bénévoles de telle ou telle association, les adhérents de l’AMAP, ceux qui font parti de la même liste électorale et

Sphères sociales paimblotines L’anthropologue britannique John A. Barnes dans son article Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège paru en 1954 est l’un des premiers à mobiliser la notion de « réseau social ». Alors qu'il cherchait à décrire le fonctionnement du système des classes sociales dans une petite communauté, il constate que les habitants de l’île se considèrent en réalité presque

28


rge Gautier, Olivier Messager, Johnny, Chantal Levy, Maëlle Hamard, hot, Denis Hamard, Dominique Golle, Stephane Muller, Gaston.

absence de jugement envers les autres. Il n'y a qu'un sujet qui semble séparer les paimblotins : l’engagement politique dans telle ou telle liste. Il faut dire que cette petite ville attend beaucoup de sa municipalité.

ceux qui travaillent ensemble. De plus, dans un microcosme tel que Paimbœuf, chaque habitude ou pratique partagée est synonyme d’un réseau de connaissances. Aussi, au moment de l’atelier public nous avons découvert que de nombreuses personnes s’engageaient en faisant leurs courses à la petite supérette, au boulanger ou au bureau de tabac, s'appréciant pour le seul fait de se croiser dans ces petits commerces. Il en va de même pour ceux qui fréquentent le bar de l’avenir, le café de la Loire ou plus récemment la crêperie de l’estuaire. Les réseaux d’amitiés s’entremêlent aux réseaux d’engagement associatifs ou politiques et viennent contrebalancer la hiérarchie sociale. Nous n’avons connu les paimblotins que par bribes, mais de l’expérience que nous avons eu nous ressortons une grande hospitalité et cette

Nous avons vécu avec les paimblotins ainsi, comme si l’héritage de Paimbœuf resurgissait encore dans les relations que cette ville créé entre ces habitants. Et résonnent encore les paroles de Christian Champin, "c’est un port de pirates", c'est une escale qui sait accueillir tout le monde mais qui ne veut pas d'une autorité supérieure et se révolte contre le pouvoir en place, nous le verrons par la suite.

29


ANCRAGES HISTORIQUES Dans nos rencontres résonne déjà l'importante histoire de cette ville insulaire. Paimbœuf était un hameau dépendant de l'exploitation agricole et l'activité halieutique. Puis elle a eu une importante histoire navale, une histoire industrielle marquante et aujourd'hui, elle semble chercher sa raison d'être. Ces activités qui persistent sont aujourd'hui les présences fragilisées des nombreuses raisons d'être de cette ville. Sous-préfecture de 1800 à 1926, la ville restera inscrite dans les limites fixées au XVIIIe siècle jusqu’à l’arrivée du chemin de fer en 1876. La liaison ferroviaire redonnera à Paimbœuf ce que le Port de Saint Nazaire lui a enlevé. Sa liaison à la fois maritime (elle est toujours sur le chenal maritime du fleuve) et terrestre permettra l'installation de petites entreprises et artisanats. Une raffinerie de sucre s'installe et à sa fermeture, l'armée y voit une opportunité d'y installer ses usines d'armement. C'est le début des industries chimiques à Paimbœuf. La ville change alors de visage, elle se recycle et de nombreux ouvriers s'installent. Elle devient une cité industrielle avec les usines Octel-Kuhlmann à partir de 1915. La période de 1950 sonne la conquête de la moitié sud de la commune par les lotissements et maisons castors qui servent à loger les ouvriers et ingénieurs.

Différentes activités ont eu une influence dans le dessin de la ville, comme on peut le voir sur la frise avec les cartes dans la double page suivante. C'est la situation privilégiée de Paimbœuf, mont rocheux au goulet d'entrée de la Loire qui a déterminé sa fonction portuaire. A partir du XVe siècle, le développement du commerce maritime (notamment sel et charbon) va profondément marquer l’évolution des paysages. Renforcé par l'ensablement de la Loire, Paimbœuf devient l'avant-port de Nantes à partir du XVIIe siècle pour le délestage des navires de gabarit plus important. Par un brassage de populations, artisans, marchands, ouvriers, marins et armateurs dans une ville qui abrite désormais construction et réparation navales, son urbanisme s'étend à partir du port par des opérations de lotissement en lanières perpendiculaires à la rive, jusqu'à être figé au XIXe siècle autour de 3000 habitants. Ce sont des banquiers parisien, installés au Havre, qui décident de concurrencer Nantes, et donc son avant-port Paimbœuf, en installant de nouvelles infrastructures portuaires à Saint-Nazaire qui seront opérationnelles en 1856. Cette date marque le déclin de l'activité portuaire et de construction navale de cette ville, assignée d'opposition et mise à l'écart par la concurrence entre Nantes et Saint-Nazaire.

Avec l'essor des divertissements et du sport nautique à la fin du XIXe siècle, les quais destinés à la pêche et au port sont utilisés pour le départ de régates contribuant à l'animation de la ville. Aujourd'hui encore, les Rencontres du Fleuves ou les régates du Club Nautique animent parfois la Loire.

30


Paimbœuf, avant-port de Nantes avant l'avènement de Saint-Nazaire

Construction navale dans le bassin de Carénage

Les usines du Haut-Paimbœuf

Le réseau ferroviaire était constitué de lignes principales mais aussi d'une infinité de petits réseaux d'intérêt local permettant de relier les bourgades entre elles

La Loire utilisée pour la navigation de loisir (régates) et la pêche au large de Paimbœuf

Exploitation de prairies au bord du quai Gautreau

Cartes postales et commentaires en partie tirés des livres Mémoire en images: Paimbœuf et son canton, 1 et 11 . 31


FRISE CHRONOLOGIQUE

. XVIIe siècle Îlot rocheux , activités de pêche et d'agriculture

XVII

. Fin XVIIIe siècle Développement de l'avant-port le long de la berge

XVIII

XIX

Avant-Port de Nantes 1639 - Station de délestage / Commerce triangulaire

Construction navale 1732 - Implantation Quai Albert Chassagne du 1er constructeur Norbert Bronais

Pêche depuis 1750, écosystème fragilisé

Agriculture XVe siècle - Métairie du Bois-Gautier

32

XVIIIe siècle - Assèchement programmé des marais par l’État


. 1876 Arrivée du train, Paimbœuf industrielle

XX

. 2014 Densification, Paimbœuf atteint ses limites

XXI

1864 - Fermeture de la dernière corderie

1991 - Fin d'activité de la dernière société de Réparation Navale de Paimbœuf

Industrie 1881 - Raffinerie de sucre 1876 - Ligne ferroviaire

1998 - Fin de Kuhlmann

Tourisme 2007 - Jardin étoilé 2017 - Loire à Vélo et Ponton Lourd

1950 - 2000 : Surpêche de la civelle 1961 : Date de création du mareyeur Maury

Carte située de l'historique des implantations des différentes activités en annexe 2

33


TERRAINS GAGNÉS SUR LA LOIRE

1932 - Développement industriel de la ville suite à l'arrivée de l'entreprise Kuhlmann en 1916

En 1958 - Développement de la moitié sud de la ville ( construction de cité ouvrière) et remblaiement d'un

2013 - Expansion urbaine sur les prairies humides du Sud-Ouest et développement de la vasière sur les quai 34


ne partie de la rive nord au niveau du quai des 2ole (Terrain gagnĂŠ sur la Loire)

is nord-ouest. Le rapport Paimbœuf / Loire (marais et fleuve) est en train de s'inverser. 35


Petit dĂŠjeuner sur la "terrasse" de l' Atelier Participatif le vendredi 24 octobre 2014 36


UNE ESCALE PAIMBLOTINE RESTER

«L’île paimblotine à beau continuer à regarder tout autour d’elle, plus personne ne la regarde, plus personne aux alentours ne s’intéresse à elle, sans reconnaissance Paimbœuf n’est plus. On a le sentiment que cette commune s’est construite non pas dans une logique pragmatique d’aménagement territorial, mais plus dans une construction de rapports d’échanges sensibles, à la fois commerciaux mais aussi culturels, des liens tissés avec de grandes villes de l’estuaire ou à l’étranger. Autrement dit on a la sensation que c’est par la disparition de son réseau d’échange de ses liens commerciaux, culturels et sentimentaux avec le reste du monde que Paimbœuf sombre tel un navire dont il manquerait les cordes. L’identité de Paimbœuf a besoin d’exister ailleurs, d’entrer en résonance avec d’autres cultures, d’autres territoires. C'est un port qui a longtemps été constitué d'une population nomade qui connaissait d'autres contrées. Alors réfléchir à Paimbœuf en ne la confrontant qu'à elle même, c’est déjà la faire mourir. Paimbœuf il ne faut pas la considérer en ne regardant qu’elle.»

Une escale (de l’italien scala) est un endroit où des navires peuvent s'arrêter 37


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Lors de nos rencontres avec les habitants, nous avons entendu à plusieurs reprises des phrases qui nous ont questionnées, touchées, émues et parfois choquées. Mais mises ensemble mieux que «Le temps s’est unelles peu parlaient arrêté à Paimboeuf » n'importe quelle image de la diversité des visions des habitants et des problématiques de Paimbœuf. Elles ont été notre matière première pour notre stratégie de communication. Ces bandeaux étroits, à l'image du «Le temps s’est un peu arrêté à Paimboeuf » parcellaire de Paimbœuf, sont devenus les «Le temps qui s’estnous un peu Paimboeuf » accroches ontarrêté permisàd'interpeller les habitants et les inciter à venir en discuter avec nous, nous faire part de leurs réactions par rapport à ces mots. Il a été à notre charge d'expliquer durant l'atelier d'où venaient ces phrases et pourquoi nous avions décidé d'utiliser ces paroles habitantes. La distribution des tracts a aussi été un moment clé de notre compréhension de la ville, nous amenant à découvrir tout ses quartiers, observer les différentes typologies d'habiter. Nous croisions alors souvent des habitants à qui nous expliquions notre démarche et qui, sans nous promettre de venir, nous donnaient leurs avis, en réagissant à certaines phrases.

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Le 24 octobre

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Du 22 au 23 octobre Du 22 au 23 octobre

Borha, Lola, Markéta, Anthony & Christophe, étudiants à l’école d’architecture de Nantes, deà 10h à 20h avec eux vous invitent venir participer de 10h 20h & à une réflexion sur la à ville de Paimboeuf. Ses histoires, ses présents & & ses devenirs.

Borha, Lola, Markéta, Anthony & Christophe, étudiants à l’école d’architecture de Nantes

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Le 24 octobre Le de2410hoctobre à 12h de 10h à 12h

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UNE PERSONNE, UN LIEU, UNE RENCONTRE Encore une fois à Paimbœuf, nous avons été guidé. Nous voulions un lieu sans attache politique, car c'est ce qui semblait diviser les habitants, mais avec un passé et une valeur à défendre. C'est en cherchant à investir une des vitrines fermées de ce qui fut la rue la plus animée de Paimbœuf que nous avons fait la connaissance de Malika et de son Atelier Re'gain... L'Atelier Re'gain

Interroger la place de la voiture

Ce local pourvu d'une grande vitrine sur rue est un lieu qui correspondait particulièrement bien à notre démarche : avant de prendre sa fonction d'aujourd'hui, ce local a d'abord été une boutique d'économie sociale sous forme d'un dépôt vente. Malika, la propriétaire, voulait que se croisent ici toutes les populations paimblotines qui venaient acheter, vendre, ou bien juste discuter. Maintenant qu'elle encadre des ateliers d'expression artistiques et thérapeutiques dans les communes voisines, ce local qui lui sert parfois d'atelier est souvent fermé lui aussi.

Paimbœuf se parcoure très bien à pied ou en vélo et les enfants y circulent souvent seuls. Pourtant, nous l'avons vu, la voiture y occupe une place prépondérante. Nous avons profité du temps de l'atelier pour pratiquer ce que Johnny de Paimbœuf fait souvent devant son logement : installer pour un temps une table et des chaises afin de croiser tout le monde sans avoir à s'éloigner de chez soi. De nombreuses personnes se sont ainsi arrêtées plus naturellement pour discuter avec nous, au détour de leurs trajets quotidien. La rue devenue pour un temps un espace plus convivial.

Photo prise lors de l'atelier public, on voit la vitrine de l'Atlier Re'gain et la "terrasse" sur la place de parking 40


Dispositif de l'atelier Nos précédentes rencontres, études et ressentis ont déterminés les thèmes que nous avons choisi de questionner : le paysage, le social, le rapport aux délaissés dans la ville et les pratiques des Paimblotins aux différentes échelles du territoire. Dans chacun de nos 7 exercices, les avis de chacun se sont ajoutés, parfois en réaction aux avis précédents ou à nos propres avis que nous ne nous empêchions pas d'exprimer. En témoignage de cette co-écriture nous présentons ici ce qui nous reste de cet atelier. Mais l'essentiel, ce qui a nourri notre compréhension de la ville, nos engagements et nos projets n'est pas entièrement retranscrit ici car il se trouvait en partie dans les discussions que nos ateliers ont déclenchées.

Organisation spatiale 3

4

2

1

5 6

7

5

6

1

Exprime-toi ! voir page suivante

5

Recycler la ville voir page suivante

2

Cartes postales voir page suivante

6

(Ré)Création Atelier dessins

3

4

41

7

Confessions urbaines Raconter Paimbœuf telle qu'on la voit hier, aujourd'hui et demain face à la caméra

7

EXPR

2 1

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Tissage ligérien voir à droite

Projection de notre vidéo sur Paimbœuf

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MOBILITÉ ESTUARIENNE Une commune tournée vers le littoral

L'importance de la voiture.

A l'aide d'épingles et de fils à coudre, les participants devaient pointer et relier leurs lieux de résidence, de travail, de loisir et d'achats. Le but était de savoir par quels moyens et pour quelles raisons les paimblotins se déplacent sur le territoire. Nous avons pu constater que Paimbœuf est une commune tournée vers le littoral, beaucoup plus que vers Nantes (à 40minutes en voiture) ou l'intérieur du Pays de Retz. Cette polarité est due en particulier aux pôles d'attractivités que sont les villes de St-Brévin (à 15minutes) et de St-Nazaire (à 20minutes) plébiscitées pour leur commerces, leurs activités de loisirs et leurs bassins d'emplois.

La possession d'un véhicule détermine considérablement la vie dans cette commune qui n'a que les bus Lila pour moyens de transport en commun. Ceux n'en disposant pas, souvent une population pauvre ou âgée, se retrouvent en situation d'isolement et n'ont accès que très difficilement aux services, aux commerces et aux emplois. Pour ceux qui ont un véhicule personnel (84 % de la population en 2011) la notion de proximité s'étend parfois bien au-delà du territoire estuarien, grâce à la proximité de la gare de St Nazaire et de l'aéroport de Nantes.

42


7

SAINT-NAZAIRE

SAINT-BREVIN-les-PINS

PARIS

PAIMBOEUF

NANTES

CORSEPT

ÉCHELLE LOCALE

PORNIC

Tissage ligérien

SAINT-PÈRE-en-RETZ

FROSSAY

ÉCHELLE REGIONALE

Représentation schématiques des points d'intérêts dont les paimblotins nous ont parlé pour chaque échelle du territoire

43


PRATIQUES PAIMBLOTINES Un support idéal

intéressés, ils restaient souvent longtemps avec nous pour chercher à y faire figurer tout ce qu'ils trouvaient intéressant à propos des pratiques passées, actuelles ou à venir de ce territoire. Nous avons alors appris beaucoup de ce territoire, de tout ces usages qui ne sont pas officiels et qui ne laissent pas de traces mais qui forment pourtant des habitudes, des échanges et des valeurs partagées. Page 48, nous avons représenté notre Paimbœuf sensible. Un regard que nous avons construit ensemble avec les paimblotins lors de cet atelier.

L'atelier "Recycler la ville" devait nous permettre de co-réaliser avec les habitants une carte des potentialités et des délaissés à Paimbœuf. Mais il a rapidement été le support nous permettant de parler de toutes les valeurs fantômes que nous n'aurions jamais connues sans les paimblotins. Les participants aux ateliers commençaient à nous parler d'un lieu, mais en l'associant tout de suite à une pratique passée ou présente. Nous prenions alors un post-it et écrivions pour eux ce qu'il venaient de pointer. Nous sentant alors attentifs et

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5

45

Recycler la ville


MOYENS D'EXPRESSIONS Lors de ces Ateliers Publics, nous avons découvert que cette ville est loin d'être aussi morose malgré que l'image qu'on lui donne. De la diversité du peuple paimblotin résulte une expression contrastée qui malgré tout fait vivre la ville au travers de récits et d'envies communes.

Exprime-toi Nous avions disposé trois grands panneaux blanc, le premier ayant pour titre "social", le deuxième "paysage" et le troisième était à thème libre. Une couleur différente correspondait à chacun des jours, le noir étant notre couleur, droit de réponse et de questionnement lors de nos débriefings du soir. Ces panneaux ont donc été le témoignage fidèle mais pas exhaustif de nos débats. Support d'analyse et d'archivage, à la fois immédiat et rétrospectif, on y notait ce qui nous semblait important. Cela nous a permis ensuite de ré-invoquer ces problématiques dans notre scénario.

Cartes postales. Nous avions imprimé différentes photos actuelles ou historiques. Les participants étaient libres de les ramener chez eux, à condition de nous laisser sa réplique accompagnée d'un texte qui expliquait pourquoi ils avaient choisi cette image. Nous avons ainsi recueilli les réflexions, émotions, nostalgie, poésie ou analyses des Paimblotins sur le paysage ou le passé de leur ville. Le choix récurrent des photos de la gare ou du port révèle un réel questionnement pour le devenir de ces deux figures importantes de la ville.

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Pourtant, voilà que nous découvrons l'existence d'un mareyeur à Paimbœuf, qui fonctionne plutôt bien en plus. Et il en va de même pour tout, la fermeture des commerces du centre-ville, le manque d'animation, surtout pour les jeunes, l'ancienne gare désaffectée, les terrains de Kuhlmann pollués... Pourtant! Il y a les locaux près du Super U où s'installent de nouvelles activités. Pourtant! Il y a le festival Couvre Feu juste à côté et un club de boxe qui se développe. Pourtant! Les anciennes voies ferrées sont un lieux de promenade très apprécié où les fleurs des champs et les ruches poussent très bien...

En conclusion de ces ateliers, nous pouvons noter l'apparition de thèmes récurrents. D'abord il y a l'omniprésence de la Loire, "ma Loire" certains l'appellent, et tout ces récits qui nous ont été contés sur ce qui se passait sur les quais au fil du temps. Aujourd'hui devenus lieux de promenade et de contemplation, les quais sont une question difficile à traiter. Certains disent que cela coûterait une fortune à refaire, d'autre espèrent un aménagement qui leur rendrait enfin une utilité, même si elle n'est que touristique. Et puis, décidément, tout le monde nous le dit et nous le répète : "Il n'y a rien, rien à Paimbœuf ". Ou alors, quand il y a des choses, c’est qu'elles vont disparaître bientôt. Comme la pêche, dernière activité qui créé de l'animation sur les quais, avec les mouvements des bateaux et des hommes.

Alors oui, malgré la détresse ou le fatalisme de certains habitants, nous avons vécu un moment très engageant, nous nous sommes sentis utiles et nous avons vu que les Paimblotins étaient capables de s'engager avec nous, pour leur ville. 47


NOTRE PAIMBŒUF

LA PINEDE

LE PARC MAISONS ARMATEURS

Place du marché

LE BOUL EVA

LA CITE DES AMOURETTES

Lieux d’Art (Atelier d’artistes, rencontres littéraires, jardin étoilé) Commerces/ Etablissement publics/Loisirs/Espaces verts repérés lors de l’Atelier Public LES MARAIS

Points de vue remarquables Vennelles / chemins piétonniers Structures sportives

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MA LOIRE

LES

QUA

IS

LE

ARD

Nouvelle Ecole

HA UT

Paimboeuf

PAI M

BO

EU

F

Collège Gymnase VASIÈRE

Lycée Pro LES NOUVEAUX PAVILLONS

KULHMANN

Le street

LA CITE CASTOR

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PERSPECTIVES TERRITORIALES

Ancien hôpital acquis Reconversion en programme mixte

En confrontant la carte précédente, vision de Paimbœuf tout en détails, remplie d'histoires personnelles et de richesses dévoilées, à la carte des prospectives territoriales on s'aperçoit qu'il y a une rupture entre le ressenti de ce territoire et l'avenir qu'on lui promet. Mais Paimbœuf prend place dans l'estuaire et son avenir ne peut se définir aujourd’hui sans chercher à se construire une place spécifique dans ce territoire.

Ancienne école primaire Reconversion en programme mixte Groupe scolaire

- Le projet d'un ponton sur la Loire La Loire constitue un point d'attrait touristique fort à Paimbœuf. Le projet d'un ponton lourd à l'emplacement de l'ancien embarcadère quai des messagerie permettra l'accostage des bateaux de plaisance et des navettes touristiques parcourant l'estuaire.

perpétuelle lueur d'espoir qui constituerait un fort potentiel d'irrigation du territoire. Mais les Réseaux Ferrés de France ne l'envisage que d'ici 50 ans. - Un parcours touristique et de promenade sous forme d'une coulée verte En attendant, un parcours touristique et de promenade sous forme d'une coulée verte est envisagée, complémentaire de "La Loire à Vélo" elle relierait Saint Viaud à Paimbœuf.

- Le pôle éco-technologique devrait voir le jour au Carnet Des projets de grande envergure visent à développer les activités industrielles du Sud-Loire. Ces projets sont à l’initiative du Grand Port Maritime Nantes-Saint Nazaire, en dialogue avec le CCSE. Le pôle éco-technologique devrait voir le jour au Carnet (commune de Frossay) avec l'exploitation des énergies marines renouvelables tout en sauvegardant la biodiversité estuarienne.

- L'aménagement des jardins du cœur d'îlot du Haut-Paimbœuf Concernant les espaces verts, la municipalité prévoie également l'aménagement des jardins du cœur d'îlot du Haut-Paimbœuf, en les classant Zones Naturelles.

- La réhabilitation de la ligne ferroviaire Concernant la déserte de Paimbœuf, quasiment inexistante en terme de transport collectif, la réhabilitation de la ligne ferroviaire Paimbœuf-Nantes est une

- Un projet de troisième franchissement de la Loire Autre infrastructure qui pourrait marquer profondément le territoire, mais qui est

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nde s ND des La

Nouveau ponton lourd dédié au tourisme Zone pavillonaire en extension «Coulée verte» en coeur d’îlot

Parc Eco-Technologique Projection d’un quartier Carte de Paimbœuf projetée, d'après l'entretien avec Thierry Brutus, les SCOT Pays de Retz et Métropole Nantes Saint-Nazaire

Pour conclure, la municipalité a la volonté de faire exister un nouveau cœur de ville, au centre, proche de la nouvelle école et de la gare. Mais la Loire, sous toutes ses formes, est oubliée. Ce fleuve a donné naissance à cette ville, a favorisé son essor économique et a forgé son identité. Son histoire et les activités présentes (pêche, industries, redistribution des produits du terroir) doivent devenir les outils de reconnaissance de cette ville dans le territoire estuarien.

beaucoup plus incertaine cette fois-ci : un projet de troisième franchissement de la Loire via un ouvrage multimodal . Le SCOT du Pays-de-Retz le mentionne entre Paimbœuf et Frossay. -Reconversion ou reconstruction de la partie inutilisée de l'hôpital et de l'ancienne école primaire Enfin, Paimbœuf est une ville qui a beaucoup de bâtiments inoccupés. Ainsi, le Maire nous a parlé d'une possible reconversion ou de la reconstruction de la partie inutilisée de l'hôpital et de l'ancienne école primaire pour réaliser des programmes mixtes de logements et de commerces. Or la grande partie des bâtiments inoccupés sont des logements et tout les nouveaux commerces veulent s'installer près des zones commerciales...

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Le phare de Paimbœuf et la raffinerie de Donges vus depuis les quais 52


UN PASSÉ EN DEVENIR S'ENGAGER

«Une escale, un port d'attache. Une île, un ailleurs. Un lieu qui ne ressemble à nul autre. S'appuyer sur les qualités de cette ville, qui vont bien au delà du cadre, de l'architecture, du patrimoine, du paysage... Les Paimblotins sont accueillants, familiers, ordinaires, c'est une ville où on aimerait se sentir chez soi, chez nous. S'appuyer sur ces valeurs, ces figures, ces visages, ces noms, faire de Paimbœuf un lieu qui nous appartient et auquel on appartient, au moins pour un temps. Venir puis partir en emmenant un fragment de Paimbœuf avec nous et en y laissant un peu de notre histoire.»

Le devenir (du latin devenire ) est le mouvement par lequel une chose, un être se forme ou se transforme 53


Itinérants et Sédentaires

Marais

Promenade

Catalyseur Social

DES PRATIQUES EN PERSPECTIVE Le problème de Paimbœuf est le suivant : la Loire n’est plus une ressource pour la ville et les paimblotins ne participent plus au dynamisme de cet estuaire, cela renforce ce sentiment d’abandon et de déclin induit par les commerces qui partent du centre-ville. Pourtant la Loire est toujours là et les paimblotins doivent profiter des ressources qu’elle peut leur apporter. de son essor n'est plus qu'une source de contemplation et de souvenirs.

A l’égal du Nil pour les égyptiens de l’antiquité qui cultivaient et péchaient dans la vallée du fleuve, construisaient leur maisons avec les roseaux et se servaient du fleuve comme route économique et facteur d’échanges humains, les paimblotins et ligériens de demain doivent savoir tirer partie de leur position stratégique avec le même respect pour ce territoire exceptionnel que celui des égyptiens pour leur dieu Hâpy. En effet, le rapport à la Loire a considérablement évolué au cours de l'histoire de Paimbœuf. Le fleuve qui était à l'origine de la situation de cette ville et

Ainsi, nous venons nous inscrire dans la continuité des activités et pratiques qui font que Paimbœuf résonne encore dans l'estuaire comme une ville d'identité ligérienne. Car derrière chacune de ces pratiques, identitaires, se cache une valeur positive. Si les habitants, durant les ateliers publics, se sont attachés à nous raconter ce que la ville a perdue plus que ce qu'elle est aujourd'hui, alors nous allons nous rattacher au passé. Car nous nous sommes aperçus que ces discours si passéistes 54

La

L’é


a vie

Le fleuve

Evénement

économie

Ressource

Rencontre Il en va de même pour la Loire-fleuve. Si la ressource halieutique dans l'estuaire était très menacée il n'y a pas si longtemps, aujourd'hui les mesures prises portent leurs fruits et les quotas augmentent. Mais les habitudes alimentaires des ligériens ont changées, dur de vendre l'alose et la plie de Loire sur les marché aujourd'hui. Alors il faut soutenir le mareyeur existant, créant un pôle de valorisation du poisson de Loire. Enfin, il faut savoir jouer avec le rapport entre la vie locale et l'économie territoriale. Les paimblotins ne pensent qu'à la fermeture de l'industrie Kuhlmann lorsqu'ils parlent d'industrie. Or la ZAC Sud Estuaire et la future zone du Carnet sont des projets d'économie à l'échelle territoriale, tout proches, mais qui n'échangent pas suffisamment avec la vie locale pour être considérés. Il s'agit de faire du lien, d'injecter la vie locale dans l'économie territoriale et l'économie locale dans la vie territoriale.

révélaient des principes très optimistes, véhiculant du lien social et des valeurs communes. L’enjeu est de révéler, dans le sens de "rendre visible", une civilisation ligérienne, paimblotine, capable de surmonter ses traumatismes, d'être son propre mécène. Les figures en miroir cidessous illustrent ces parallèles. Certes, Paimbœuf n'est plus l'avant-port de Nantes, mais la Loire reste une voie de transport et cette ville est une des escales du voyage. Itinérants et sédentaires se côtoient donc, provoquant échanges et émulation. Cette fonction de catalyseur social se retrouve aujourd'hui particulièrement dans le projet "Atelier Public". "Fenêtre sur Loire" y répond également en créant un gite-hôtel pour l’accueil des touristes, notamment ceux de la Loire à Vélo. Mais la Loire c'est aussi les zones humides, ces paysages si caractéristiques. Les marais ne sont pas qu'une frontière qui a contraint le développement de la ville, mais ce sont des territoires à exploiter, à découvrir. "Coop Agricole" redistribue les produits du terroir en appréhendant les richesses que nous apporte ce biotope sauvegardé.

Tout ces projets viennent faire parler d'eux, font évènement et sont vecteurs de rencontres, la possibilité de fêtes partagées.

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RÉSEAU(NANCE) ESTUARIENNE TOURISME 70 km de parcours de Loire à Vélo Fréquentation annuelle: 28499 personnes Fréquentation mensuelle: 2375 personnes Fréquentation annuelle du Jardin Étoilé:

10000 personnes

21 œuvres Estuaire

Activités touristiques

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AGRICULTURE 23 producteurs locaux dans la Communauté de Commune Sud Estuaire : 9 producteurs de fruits et légumes 10 éleveurs de viandes (volaille, bœuf, porc, veaux ...) 2 producteurs de miel 2 producteurs de produits laitiers

120 AMAP sur le territoire ligérien dont 10 dans la CCSE "Territoire 44" association des pays de la Loire qui met en réseau les produits locaux

Activités liées à l'agriculture

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PÊCHE 41 pêcheurs fluviaux et 36 marins pêcheurs 40 espèces de Poissons (Sandre, Carpes, Goujon, Brochet, Silure, Saumon d'Atlantique, Lamproie, Alose, Anguille et son Alevin : Civelle ...)

12,6 tonnes de civelles, 24,4 tonnes d'anguilles sédentaires, 3,7 tonnes d'anguilles d'avalaison Capture annuelle :

1 Mareyeur sur l'estuaire (Faucher Maury à Paimbœuf) 2 bassins à civelles (Aguirebarena, Gunuchaga marée) 6 criées dans la région des pays de la Loire

Activités liées à la pêche

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ÉCONOMIE 1er port de la façade maritime

28 millions de marchandises gérée par an (pétrole, gaz naturel, céréales, bois, charbon, container, ferraille, sable ...) du trafic concerne l'activité énergétique

70 % 800 navires marchands remontent la Loire chaque année Raffinerie de Donges: importation de petrole brut, exportation de produits raffinés

Centrale électrique de Cordemais: importation de charbon Terminal méthanier de Montoir de Bretagne = importation de gaz naturel liquéfié Activité éco-technologiques Carnet = autour des énergies marines renouvelables

Activités portuaires et tertiaires

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L'Atelier Public à Paimbœuf , un moment de négociation 60


DISPOSITIFS DE NÉGOCIATION EN INTERACTION MÉNAGER

«Cette crêperie-restaurant que nous avons découvert assez tardivement est l’exemple que tout peut encore se passer à Paimbœuf. Stéphane est un ancien poissonnier de Nantes qui a investit dans ce bâtiment il y a deux ans sur les conseils d’un ami, charmé par le cadre et saisissant l’opportunité d’un local pas cher et bien situé. Sa bonne cuisine et sa présence chaleureuse ont rapidement convaincu quelques personnes et le jeu des réseaux a fonctionné, elle fait 50 couverts tout les midis et commence à accueillir même quelques concerts. Tout ceux qui traversent, travaillent ou vivent à Paimbœuf sont demandeurs de ces petites structures dédiées au partage, à la rencontre, tout en étant d’une utilité pratique. Et ces structures sont également vecteurs d’engagement. Si la crêperie de l’estuaire défend la culture à Paimbœuf, par la musique et les soirées poésie, le boulanger et la supérette défendront le commerce de proximité et le maintien d’un centre historique vivant… Il ne tient qu’à nous de lancer à Paimbœuf d’autres dispositifs de partage, partant sur un besoin utilitaire, mais s’appuyant sur les réseaux et porteurs de valeurs à défendre pour l'existence d'une civilisation ligérienne, paimblotine.»

Vue de Paimbœuf depuis la pinède, un dimanche après-midi

La négociation (du latin negotiatio) est l'action de négocier les grandes affaires publiques ou les affaires privés 61


DES ENVIES COMMUNES À METTRE EN NÉGOCIATION Au retour de l'atelier public Paimbœuf s’annonçait comme une ville en crise : de nombreux bâtiments abandonnés, plusieurs habitants qui nous ont dit vouloir partir, être déçus par ce que cette ville n'était plus... Ce schéma de ville en crise fait écho à de nombreuses métropoles dans le monde. Par exemple à Détroit les habitants ont su tirer partie de cet état de ville en déclin qui donne l'opportunité de créer des alternatives ("Do It Yourself ") et de construire la ville du "faire ensemble". Mais la population est constante à 3000 habitants depuis longtemps et, nous l'avons vu, il y a cette solidarité et ces réseaux, ces pratiques existantes et ces valeurs que le discours passéiste nous a révélé. Il est temps de changer l'image de cette ville ! mécène à Paimbœuf. Au vu des nombreux reproches que font les habitants à leur municipalité, ils sembleraient l'accuser de ne pas pallier à la disparition de cette

En faisant le parallèle avec les habitants concernant l'époque de l'avant-port et celle des industries, nous sommes arrivés à la conclusion qu'il manquait à nouveau un

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des lieux dynamiques, des dispositifs d’échanges et de négociation. Comme l'a été, dans une dimension plus théorique, notre atelier public. Ce sont ces dispositifs qui donneront la force et les moyens aux habitant de discuter et de porter leur ville jusqu'où ils la rêvent.

source de développement, d'emploi et d'économie. Mais cette ville doit lâcher l'illusion qu'une source extérieure qui viendrai lui apporter le dynamisme et la vie qui lui manque. Paimbœuf pourrait être son propre mécène dès à présent car elle concentre de nombreuses activités et savoirs-faire qui la font déjà rayonner dans tout le territoire. Les habitants doivent envisager qu'ils ne sont pas que force de proposition, mais une force vive en présence, par ce qu'ils créent déjà et ce qu'ils sont capables d'entreprendre.

Engager ainsi les Paimblotins dans la construction de leur ville c'est les rendre responsables de son futur. Pour cela, il faut qu'ils puissent se sentir engagés, propriétaires de leur ville et responsable autrement qu'avec un bulletin de vote. Il est possible d'initier la transformation d'un territoire par l'engagement citoyen, seulement en donnant la possibilité d'une appropriation partagée.

Car Paimbœuf est une ville pleine d'histoires et de ressources mais elle semble souffrir d'un immobilisme forcé des forces en présence. En attente d'un élément extérieur salvateur, la possibilité du local est écarté. Il manque un système de reconnaissance. Il faut changer la façon dont les Paimblotins regardent leur ville, qu'ils puissent se sentir en mesure et légitimes d'agir sur le devenir de leur ville. Pour cela il manque

Car des personnes différentes ont le pouvoir de donner des choses complémentaires. Ils tissent des liens d'inter-dépendance et font naître un projet commun en concertation avec les besoins et les volontés de chacun.

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DES PRATIQUES, DES PERSONNES, DESTEMPORALITÉS

Tout au long de ce court semestre, nous avons rencontré différents Paimbœuf. La ville que l'on traverse, entre paysage et à-priori. Celle où l'on s'arrête, lorsque l'on commence à se faire guider par les discours paimblotins, découvrant les multiples imaginaires de la ville et les réseaux qui la constituent. Puis nous nous sommes arrêtés. On a dormi au camping, fait nos courses, organisé l'atelier public dans un lieu que nous nous sommes appropriés pour un temps, accueillis par Malika. Nous avons vécus là pour quelques jours, à l'écoute des

NE FENÊTRE SUR LOIRE

ocation chariots ommerce ambulant

tation location et paration vélo

îte/Hotel

estaurant

-Location chariots commerce ambulant -Location chariots commerce ambulant -Station location et réparation vélo -Station location et réparation vélo -Gîte/Hotel -Gîte/Hotel -Restaurant

-Restaurant

entre de relaxation

ITALITE

UNE FENÊTRE SUR LOIRE UNE FENÊTRE SUR LOIRE

-Centre de relaxation

-Centre de relaxation

CO-OP AGRICOLE

CO-OP AGRICOLE CO-OP AGRICOLE -Cantine expérimenta

/ Food Lab -Cantine expérimentale -Cantine expérimentale / Food Lab -Centre de ressource / Food Lab et de médiation -Centre de ressource -Centre de ressource et de médiation et de médiation -Drive

-Drive

-Drive

-Atelier de cuisine, lieu de pédagogie -Atelier de cuisine, - Atelier de cuisine, auprés des scolaires lieu de pédagogie lieu de pédagogie et des habitants auprés des scolaires auprés des scolaires et des habitants et des habitants

RESTAURATION

HOSPITALITE

VENTE/MARCHE

A

64

VENTE/MARCHE RESTAURATION HOSPITALITE VENTE/MARCHE ATELIER/ ATELIER/FABR

Les projets con


, e es

Il faut provoquer une dynamique transversale de mise en réseaux des connaissances et des moyens. Ainsi, transactions, échanges mutualisation et expérimentation sont possibles entre nos programmes, eux-même étant hybrides et vecteurs de rencontres et de reconnaissance.

PETITS PÊCHÉS DE LOIRE PETITS PÊCHÉS PETITS DE LOIRE PÊCHÉS DE LOIRE

-Conserverie (vente) -Conserverie (vente) -Conser verie (vente)

-Vivier -Vivier-Vivier

-Restaurant (dégustation) -Restaurant -Restaurant (dégustation) (dégustation) -Association de pêcheurs -Association -Association de pêcheurs de pêcheurs -Location de matériel et cours de pêche DES-RIVES EN MÉTAMORPHOSE -Location -Location de matériel de matériel et cours et de pêche cours de pêche DES-RIVES EN MÉTAMORPHOSE -Atelier/Cuisine partagée -Port de Fret et de valorisation des produits -Atelier/Cuisine -Atelier/Cuisine partagée partagée voyageurs/ -Port de Fret et de de la des pêche valorisation valorisation produits des produits embarcadére, voyageurs/ débarcadére de la pêche de la pêche embarcadére,

débarcadére -Aires dʼattente/ -Aires estacades dʼattente/ et pontons

L’ATELIER PUBLIC L’ATELIER PUBLIC -Arbre à Palabre

ntale

rce

Paimbœuf, chacun à leur échelle. L'entreprise de ce chantier commun, au travers de dispositifs de négociation, permet aux habitants de retrouver la force de s'engager et de s'approprier leur territoire.

Paimblotins qui nous ont fait découvrir les secrets de cette ville : des lieux, des pratiques mais aussi la richesse et la diversité des personnes qui la constituent. Cela nous a permis de prendre position, de nous engager en contre-pied d'un défaitisme ambiant. Nous nous sommes attachés à des activités ou des pratiques existantes qui nous ont touchés car elles sont porteuses de valeurs et d'identités. Elles ont la force de donner la possibilité à tous les habitants, à la fois ceux qui passent et ceux qui s'arrêtent, de participer à un fragment de l'histoire présente et à venir de

-Arbre -Tiers-Lieu à Palabre -Tiers-Lieu -Atelier de co-fabrication -Atelier de co-fabrication -Potager partagé -Potager partagé -Aires dʼaccueil des gens du voyage -Aires dʼaccueil des gens du voyage -Agora -Agora

ATELIER/FABRICATION

estacades et pontons -Station service marine d’éléctricité -Station service marine d’éléctricité -Marché du recyclage PUBLIC L’ATELIER -Marché du recyclagesalle à manger -Arbre -La à Palabre -La salle à manger -Chantier de -Tiers-Lieu (dé)construction -Chantier de navale - Atelier de (dé)construction co-fabrication navale-Bureaux jeunes entreprises -Potager partagé -Bureaux jeunes entreprises -Aires dʼaccueil des gens du voyage

- Agora Diagramme des interactions programmatiques entre nos projets, créateurs d'échanges et reconnaissance

BUREAUX

SERVICE/RAVITAILLEMENT 65

PARTAGE

/F IER/FABRICATION ABRICA BUREAUX TION SERVICE/RAVITAILLEMENT BUREAUX PARTAGE

connectés par les programmes

SERVIC


MÉNAGER POUR AMÉNAGER « Un dispositif technique n'a de chance d'être rentable et de bien fonctionner que si, paradoxalement, il a su affronter des sociétés locales assez fortes pour lui résister et donc composer avec de l'épaisseur sociale. D'où cette seconde idée : l'aménagement , comme processus volontaire d'organisation et de fertilisation de l'espace, ne réussit bien que s'il s'accompagne d'une certaine dose de ce que l'on pourrait appeler ménagement du territoire ; notion que je définirai provisoirement comme étant la capacité des institutions de l'aménagement à s'auto réguler, c'est-à-dire à réévaluer en permanence les termes de leur action en fonction des forces en présence » Michel Marié, Aménager ou ménager le territoire ?

Temps II : Ensuite un premier aménagement pourra avoir lieu : La Loire à Vélo, itinéraire bis. Ce premier aménagement vient mettre en friction et en dialogues nos dispositifs de négociation avec les espaces enjeux de Paimbœuf, ses frontières, ses richesses naturelles et patrimoniales. Temps III : Enfin, et seulement au moment où l'identité paimblotine sera assez forte pour résister et répondre aux aménagements, ces derniers pourront être envisagés, proposés, débattus. Car si chacun se sent propriétaire de sa ville et ainsi responsable du territoire qu'il habite, c'est dans le compromis et le partage que naîtront des aménagements durables.

Ainsi, avant d'envisager les aménagements qui sont prévus pour ce territoire, il est nécessaire de ménager, au sens que Michel Marié lui donne ci-contre. Temps I : En premier lieu, il s'agit de rendre sa force à la civilisation paimblotine. Nos dispositifs, de part leurs implantations premières permettent de révéler des lieux d'interaction, de rendre visible les forces en présence qui doivent interagir pour s'enrichir et s'entraider. Ces lieux se doivent d'être altérables, appropriables, afin de responsabiliser ceux qui le pratiquent. Cette appropriation partagée viendra créer des règles d'interaction qui établiront les premières valeurs de la ville en commun.

« Le ménagement apparait lorsque nous ramenons quelque chose à son être et l’y mettons en sûreté » (c’est à dire entouré de parents libres, en paix et aimants) Heidegger, Bâtir, habiter, penser

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Temps I :

Choix de lieux d'interactions, engagés dans des pratiques et des valeurs Temps II :

Itinéraires bis de la Loire à Vélo, développement des projets de ménagement Temps III :

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Aménagements prévus qui s'articulent avec nos projets


CARTE D'IMPLANTATION

FENÊTRE SUR LOIRE

ATELIER PU

CO-OP AGRICOLE

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UBLIC

PETITS PÊCHÉS DE LOIRE

Lo

ire à

Vé lo

DES-RIVES EN MÉTAMORPHOSE

Itin éra ire Bis

69


Et si on écrivait le futur de Paimbœuf ensemble ? 70


DISPOSITIFS DE NÉGOCIATION PROJETS PERSONNELS

72

FENÊTRE SUR LOIRE MARKETA

74

CO-OP AGRICOLE ANTHONY VONG

76

78

ATELIER PUBLIC CHRISTOPHE TEIXERA

PETITS PÊCHÉS DE LOIRE LOLA MAHIEU -PFE-

94

DES-RIVES EN MÉTAMORPHOSE BORHA CHAUVET -PFE-

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FENÊTRE SUR LOIRE Paimbœuf est une ville qui a perdu son identité. Un phare et des quais colorés au bord de la Loire se réfèrent au passé. Mon projet s’occupe des thèmes suivants: identité, actions, variabilité dans le temps, tourisme. La ville de Paimbœuf s’étant développée sur un axe parallèle à la Loire (la Rue Général de Gaulle) il n’y a pas un centre-ville clairement défini comme dans beaucoup de communes aux alentours. Je crée un espace pour permettre les rencontres entre les paimblotins et les touristes.

le marée pour continuer son parcours. Je me posais deux questions principales: Pourquoi rester à Paimbœuf une nuit et qu'est ce qu'on peut faire pendant ces six heures sinon un parcours pour visiter des patrimoines? Paimbœuf est une ville ayant besoin d'accueillir les voyageurs car elle a toujours été un port. Je m'appuie sur des activités existantes qui marchent bien, le camping, la Loire à Vélo, la promenade sur des quais et à la pinède. La Rue Général de Gaulle était anciennement la plus fréquentée à Paimbœuf. Mon idée vient d'un principe qui fonctionne déjà très bien dans certaines villes en France où la mairie achète des locaux qu'elle propose aux artistes pour dynamiser l'économie et créer une ville plus agréable. La mairie va financer le remplacement des menuiseries, les boutiques pourront ensuite être mises à disposition des artistes ou des artisans pendant une période minimale de 2 ans.

Une ville plus agréable Je profite du parcours de la Loire pour attirer les voyageurs. Aujourd’hui le vélo a remplacé le bateau. Mais ces derniers vont reprendre en partie leur place grâce au projet de la mairie de créer un ponton lourd qui va accueillir des bateaux de plaisance. On peut jouer avec une idée de rythme de six heures - accoster son bateau et attendre IDENTITÉ histoire, façades colorées, rapport à la Loire ACTIONS

VISIBILITÉ

passer, s'arrêter,

perte d'intérêt, passage

se rencontrer

des voitures

RÉACTIVATION

LOCATION DES CHARIOTS

DES VITRINES

petite économie,

mettre à disposition

rencontre entre

INDICATION

des locaux pour des

paimblotins

architecture signale, prévision

artistes et activités

et touristes

des mouvements dans la rue,

liés avec le tourisme

point d'attraction pour des touristes 72


Schéma d'implantation

que la récupération et la réutilisation. Ce bâtiment se compose d'un magasin de location et de réparation de vélo au rezde-chaussé ainsi que de deux étages de chambres de gîte avec une cuisine et un salon en commun sur le toit pour profiter de la vue magnifique sur la Loire. Je propose de ré-ouvrir le restaurant du Café du Phare, d'ajouter des chambres d'hôtel au 1er étage et d'installer une location de chariots en mettant en place ces derniers pour faire des barbecues, vendre des glaces, etc. dans l'ancienne boulangerie en face du phare dans la Rue Général de Gaulle. Le concept ne peut pas être fondé sur des solutions individuelles. Leur connexion et les relations entre elles sont nécessaires pour un succès d’ensemble.

Cela sera gratuit la première année, ensuite un petit loyer sera demandé la 2ème année et enfin un loyer complet à partir de la 3ème année sera mis en place.

Une architecture signal "fenêtre sur Loire" J'ai réfléchi à la manière de signaler les changements et les nouvelles activités qui se déroulent dans la rue et par la même occasion de souligner le rapport à la Loire et au paysage par la contemplation en utilisant le symbole de la fenêtre. Je propose de construire un bâtiment exceptionnel et peu coûteux à réaliser. Pour mon bâtiment j'ai prévu une façade composée de vitrines récupérées et des fenêtres issues des chantiers de démolition situés dans la région. Avec ce principe j'évoque les notions de développement durable telles

Référence de façade de châssis récupérés

Inspiration - chariot 73


CO-OP AGRICOLE L'agriculture a toujours existé dans et autour des villes voire le fondement de nos sociétés. Et si la logique du XXe siècle a été de s'en tenir à l'écart, la ville tend à retrouver ses logiques de proximité. Figure de la Loire nourricière, si l'agriculture alimente la ville, elle induit de même un intérêt paysager et culturel dans la découverte et l'ouverture du territoire. Diffuser et partager des savoirs-faire & culinaire Les réseaux et collectifs tournés vers une agriculture locale ont retissé des liens entre producteurs, consommateurs et habitants, tissage qui devient un vecteur de diffusion de l'agriculture. Pour ancrer durablement la pratique de la promotion et la rencontre des acteurs : agriculteur, consommateur, cuisinier, un espace de formation et d'information constitue donc une aubaine, regroupant les collectifs d'agriculteurs telles que les AMAP, dans la continuité de leurs activités. L'établissement propose deux temporalités. La première porte sur la diffusion et la mise en partage des savoirs-faire et culinaire aux habitants et générations future, la seconde, sur la promotion des produits locaux. Ainsi, en plus des conférences, il est possible de venir dans cette Maison de l'agriculture pour apprendre à cuisiner les produits de saison au sein d'ateliers food lab', lieu d'échanges et de conseils sur les techniques agricoles et culinaires. Le programme se compose ainsi d'une partie Formation et ressources avec La Maison des agriculteurs et Espace de conférence & de médiation. La seconde, Ateliers Culinaire, la Cantine et le Food Lab'. La dernière vise la vente des produits à partir du drive.

Patrimoine & Économie L’estuaire, ce n’est pas seulement la Loire que l’on voit mais aussi cette Loire fluviale irriguant les prairies et les marais sur 14151 ha, 1 688 ha de zones humides contre 2680 ha d'espaces artificialisés. Si la Loire n’apporte plus suffisamment de ressources économiques avec la pêche, l’agriculture fait vivre les différentes communautés de communes du Pays-de-Retz. «Cet autre côté de la Loire» depuis le front sud de Paimbœuf abrite des exploitations agricoles, 23 producteurs de la C.C. Sud Estuaire (bovins, céréaliers, volailles, maraîchage et vigne) sur les 56 du Pays-de-Retz dont une dizaine réunie en AMAP. Ouvrir les frontières La route D77 qui contourne Paimbœuf et la place en retrait de tout son arrière-pays, est paradoxalement un terrain propice à la contemplation des prairies humides structurées par les étiers. Si aujourd'hui Paimbœuf leur tourne le dos, l'opportunité de la désenclaver se présente en s'appuyant sur les déplacements et les réseaux. Préserver l'agriculture, la consommation des produits locaux, la reconnaissance et le maintien de l'activité professionnelle se regroupent au sein d'un programme, à la croisée de la ville et des marais le long des anciens remparts. Cette opération fondée sur le réseau de la filière courte initie un itinéraire touristique des terres intérieures.

Une construction participative La Co-op est une opération qui met en exergue l'initiative des habitants - que l'on 74


Plan masse

Référence - Lyset paa Lista, Farsund, Norway, par Tyin Tegnestue Architects

Référence - Cassia Co-op Training Centre, Kerinci, Sumatra, Indonesia, par Tyin Tegnestue Architects

retrouve fréquemment au sein de divers réseaux - et leur participation dans la construction de leur territoire, soutenus par les collectifs de la région. Faire plus avec moins. L'idée est de réemployer des matériaux de construction telles que palettes de bois, tôle aluminium, inox..., dans la fabrication de tous les édifices. Les matériaux récupérés sont tout d'abord entreposés à la gare, acheminés par voie ferrée jusqu'à la zone d'intervention. Sur site, la mise en œuvre de pontons sur sol inondable constitue l'étape majeure car elle vise à (re)découvrir les prairies humides, à

développer son regard sur le paysage et ses ressources, et surtout amorcer la première extension de Paimbœuf à l'extérieur. Elle s'accompagne de la construction d'un édifice ''cabanon de chantier'' où se réunissent et projettent les habitants, qui deviendra la maison des agriculteurs par la suite. Les équipements à venir traduiront le même esprit que cette première bâtisse : une construction légère dont les plans et les principes structurels en bois contribuent à la durabilité, rendant possible toute reconversion.

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L'ATELIER PUBLIC A travers la perte de son mécène, Paimbœuf a perdu plus qu'un pourvoyeur de fonds.

Quelquefois, il arrive qu'elles aillent au-delà de l'envie et deviennent des actes comme la réalisation du Jardin Étoilé, la création d'une AMAP, ou l'intervention d'un artiste, ... C'est sur c'est "forces vives " émergentes qu'il faut s'appuyer car elles participent déjà activement à la fabrication et à la vie de la cité. Il faut les soutenir, les renforcer, les réunir sans qu'elles perdent pour autant ce qui fait leurs spécificités.

Elle qui était précurseur, laborieuse, active et résolument tournée vers l'avenir, vers le monde, a beaucoup perdu avec la fermeture de Kuhlmann. Une entreprise ce n'est pas uniquement un lieu où l'on vient pour travailler en contrepartie d'un salaire et dans l'attente de retourner le soir chez soi pour enfin vivre sa vie. Non, un entreprise c'est un lieu de vie sociale active, un espace et un temps d'interaction, de rencontre, d'échange. C'est une zone de frottement où des individus qui de prime abord n'ont rien à voir les uns avec les autres se réunissent pour atteindre un but commun. A travers la perte de Kuhlmann, Paimbœuf a perdu ce vecteur de lien et d'interaction social. Elle a perdu ce repère commun, cette valeur partagée. Elle a perdu une part de sa culture et un peu de son âme, alors depuis ; Paimbœuf est morose, Paimbœuf est fataliste, défaitiste, Paimbœuf est à l'arrêt, Paimbœuf cherche un responsable, un nouveau mécène, Paimbœuf attend ...

Aller au-delà du fatalisme et de la morosité ambiante ! Il faut apprendre ensemble à regarder les choses autrement. Pour cela, il faut un acte fondateur et fédérateur. Il faut montrer et démontrer que la perte d'une activité n'est pas uniquement une fatalité inéluctable. Mais qu'elle peut aussi devenir un opportunité à saisir pour faire surgir de nouvelles histoires, de nouvelles rencontres et de nouvelles actions.

Un acte fondateur et fédérateur. S'appuyer sur les spécificités de Paimbœuf, sur sa culture d'entreprise et sur ses "forces vives" émergentes. Il faut leur donner un lieu, un endroit où se retrouver, se réunir, se concerter, débattre, rêver, imaginer, concevoir, fabriquer, ... L'idée serait de co-fabriquer et de faire vivre avec les paimblotins un atelier public où ils pourront se réunir pour travailler ensemble à des projets d'intérêt collectif. Un lieu de rencontre, d'échange, de mutualisation, d'entraide, de transmission des savoir-faire et des connaissances. Un lieu animé, visible où les "choses" bougent où des actions collectives naissent, vivent puis disparaissent. Un lieu en perpétuel mouvement où la finalité d'une action ne sera que l'introduction à de nouveaux projets collectifs.

Mais Paimboeuf peut-elle encore se permettre de continuer à attendre ? Il y a ce poids, ce fatalisme ambiant que l'on ressent. Cette charge dont les paimblotins cherchent à se soulager en la partageant avec les nouveaux venus. D'autres commune nous s'y sont fait prendre et il est difficile de s'en soustraire. Cependant, de nos rencontres sont aussi apparues des volontés, des espérances, des envies d'avenir, d'agir mais elles sont souvent isolées et restent à l'état de belles idées. 76


«Manifeste bâti d’une autre façon de faire la ville.» «Nouveau civisme basé sur la construction. » «La construction comme acte culturel et catalyseur social. » Patrick Bouchain - Architecte

«Finalement travailler est juste un truc que l’homme à inventer pour mieux rencontrer l’autre. » Camille Muller - Paysagiste

«Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite. » «Ne cherchez pas la faute, cherchez le remède. » Henry Ford - Industriel

«En permettant délibérément aux gens de troubler l'autre un peu, vous leur donnez un sentiment d'appartenance. » Frans Van Klingeren - Architec te A prop os de l'Agora de D ronten

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Plan & Coupe programmatiques


Sous l'eau, des secrets s'agitent 78


PETITS PÊCHÉS DE LOIRE LOLA MAHIEU

«L’estuaire est poussière de vase, souvenir d’êtres et de choses. Dans ce lit d’alluvions et de minéraux en suspension, le ciel du fleuve est sombre. La lumière peine à traverser le filtre boueux qui trouble l’eau. A l’étale, les poussières de la terre tombent au fond du lit et deviennent crème de vase. Les courants du flot et du jusant se taisent et les particules se posent. Et voilà le courant violent de la marrée qui revient bousculer le flot turbide. La limite entre la berge et l'eau n’est plus si nette, les deux se confondent pour former un corps mouvant de vasières et d’îlots sableux qui respirent au rythme des marées et des saisons. Sur le quai du mareyeur, la vasière s'est figée, elle a envahi les berges, recouvrant l'ancienne cale. Voilà les hommes qui remblaient et aplanissent. La Loire est devenue un fond d'horizon, s'étalant derrière la roselière, épais rideau à la frontière de l'eau. Mais il y a toujours l'odeur du poisson, et avec lui nous reviennent les souvenirs de parties de pêche, de plats partagés et d'étals de marchés.»

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PÊCHE LIGÉRIENNE L' annonce du thème d'Estuaire 2029 "Tirer des Bords" me rappelait mes sorties en catamaran et j'avais déjà envie d'embarquer... Alors sans doute ais-je choisi Paimbœuf car c'est la commune de laquelle il parait le plus évident de partir naviguer. Un phare et des bateaux de pêche et nous voilà à la mer.

-Ouest-France- 18/06/14

Aussi, j'ai questionné avec intérêt les paimblotins sur leurs rapports à la Loire. En premier lieu, ils nous ont parlé de cette contemplation sans cesse renouvelée, de lumières et de mouvements. Puis, lorsqu'aux ateliers publics je les interrogeais sur leurs pratiques à l'échelle de tout l'estuaire, nombreux sont ceux qui me racontent leurs parties de pêche entre amis ou en famille, réparties sur tout le territoire, de Pornichet jusqu'au Canal de la Martinière et même plus loin. Ces pêcheurs "pour le plaisir" sont de tout les horizons, possèdent un bateau ou fabriquent leur carrelet entre deux bites d'amarrage. Il en va de même pour les pêcheurs sans bateau que nous croisons sur les quais, la plupart ne sont pas de Paimbœuf, mais ils savent qu'ici "c'est un bon coin".

Distribution de l'AMAP Poisson

Pêche à la ligne sur les quais

«Je viens de Saint Père en Retz. A Paimbœuf, j’y allais pour la pêche au départ et puis je suis tombé sous le charme.» Dominique G.

«Tout le monde vient à Paimbœuf pour pêcher sans permis, c’est du domaine maritime.» Sébastien

Les techniques de pêche se sont transmises de générations en générations et encore aujourd'hui la section sportive du collège Louise Michel perpétue la tradition. Et si tout le monde ne va pas pêcher, la culture du poisson ou des crustacés frais et la fierté du produit local sont encore présents aujourd'hui à travers l'AMAP Poissons, les ventes sur place et la poissonerie du Super U qui est ravitaillée en partie par le mareyeur de Paimboeuf.

«Y’a des bons poissons ici. » Gaël D'ailleurs la majorité des bateaux qui sont là n'appartiennent pas à des paimblotins. Mais dans l'estuaire, cette ville est associée à cette pratique, le fleuve ayant toujours été présent et nourricier. 80


Vente de crevettes en saison

Section sportive Pêche du collège

F. Douaud

-Presse Océan- 19/09/13

Barge d'appontement, Quai Boulay Paty, en face du Café de la Loire

Pêche à la civelle avec un tamis circulaire

«Depuis juin 2014 on a un pêcheur de Paimbœuf qui livre aux AMAPiens une caisse de poissons. Ça nous semblait important d’aider le pêcheur à mieux tirer partie de sa pêche et d’améliorer ses conditions de travail. La vente directe a changée, ce n’est plus la femme du pêcheur qui livre ! » Denis H.

La civelle, alevin de l'anguille, naît dans la mer des Sargasse et traverse l'océan pour venir grandir dans les rivières européennes. L'anguille ne se reproduisant pas en élevage, en 1950 la civelle commence à s'exporter vivante vers l'Asie pour faire de l'élevage. Cet or de l'estuaire se vendait alors jusqu'à 500 euros le kilo. Mais l'espèce fut rapidement menacée et en voie d'extinction. Des quotas et des campagne de repeuplement furent mis en place, l'exportation hors UE interdite. Aujourd'hui, après plus de 10 ans de bilans peu encourageant, les remontées de civelles sont en augmentation et les quotas aussi.

De plus, le port de Paimbœuf garde le souvenir de nombreux bateaux de pêche qui affluaient de nuit comme de jour lors des crues de décembre à mai, en lien avec le mareyeur, qui traite et commercialise la civelle. 81


PRÉSENCES PAIMBLOTINES Mais il ne faut pas oublier le mareyeur. Presque invisible, caché derrière une façade de maison individuelle en face du jardin étoilé, il a fallu les ateliers publics pour que l'on prenne conscience de sa présence. L’entreprise Fouché-Maury est le seul mareyeur implanté dans l’estuaire, il rachète les poissons et crustacés des pécheurs professionnels pour les revaloriser en filets, les cuire, ou les conserver vivants dans ses viviers afin de répondre immédiatement aux commandes continues que lui font ces centrales d'achats.

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Pour découvrir la pêche à Paimbœuf, nous avons été interroger Gaston. Ancien pêcheur, il est un véritable gardien de la mémoire de cet estuaire. Il se souvient qu’il y a 50 ans encore il y avait des marsouins dans l’estuaire, qui suivaient la dorade et le mulet. Il a vécu un temps où les horaires de marées contraignaient les traversées de la Loire, à cause du courant. Il nous parle de la domestication de l'estuaire par l'homme, et de l'influence que cela a pu avoir sur le comportement des poissons, car il a aussi travaillé sur la première drague de l'estuaire, qui creusait le chenal jusqu'à Nantes. Mais il n'est pas le seul à témoigner à Paimboeuf. L'architecture des quais, cales, radoube et fer à cheval nous parlent des interactions entre la Loire, fleuve capricieux, et l'activité portuaire et industrielle, l'influence de l'homme sur ce territoire. A l'ouest, la grande rade a été remblayée avec des sables de dragage, pour gagner des terrains sur la Loire. A l'est la forme de radoube et l'estacade béton ont entrainé une accumulation de vase. Cette berge a ensuite été endiguée et remblayée elle aussi. A présent la vasière continue à se développer, de plus en plus au large de la ville. Le quai Sadi-Carnot, où s'implantera le futur ponton lourd prévu par la municipalité, est la dernière frontière de la ville au delà de l'estran (compris entre les lignes de plus fortes et plus basses eaux).

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Gaston nous parle de la Loire

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LÉGENDES LÉGENDES BergesBerges naturelles naturelles BergesBerges aménagées aménagées Quais/Murs Quais/Murs LimiteLimite de la berge de la au berge XIXème au XIXème siècle siècle EstranEstran

Hangars Hangars portuaires portuaires

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Cale remblayée Cale remblayée

Paimbœuf, front de Loire en évolution 82

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La présence de cette entreprise depuis 1961 illustre la position stratégique de Paimbœuf, entre mer et fleuve. Car les pêcheurs fluviaux n'ont pas besoin de mareyeur, leur pêche peu abondante leur laisse le temps et suffisament de contacts pour la vendre directement. Mais les marins-pêcheurs, péchant dans des lots d'eaux saumâtres ou dans la mer ont une pêche plus importante qui demande à être redistribuée, traitée et stockée immédiatement, soit par une criée soit par un mareyeur. Mais cette entreprise parle aussi de l'évolution des pratiques : la pêche en Loire étant menacée, le mareyeur s'occupe aujourd'hui de plus en plus des produits de la mer. Il est présent aux criés de La Turballe et de Saint-Gilles, investissant également dans des parcs à moules à Penestin.

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Visite du mareyeur avec Dominique Golle et Jean-Pierre

Barge d’appontement bateaux de pêcheurs

CentreCentre de dragage de dragage du Grand Port Port du Grand Nantes-St Nazaire Nantes-St Nazaire JardinJardin EtoiléEtoilé KinyaKinya Maruyama Maruyama

Quai Sadi Carnot pêcheurs à la ligne/carrelet

Mareyeur Faucher-Maury achète aux pêcheurs professionnels 83


PORTÉS DISPARUS La pêche semble être une activité inhérente à Paimbœuf, mais elle n'apporte plus le dynamisme d'autrefois. Certes il y a parfois des filets qui sèchent devant le phare, il y a ces façades étroites et colorées, clichées des petites maisons de pêcheurs, qui évoquent une ambiance passée, mais ce sont des choses en attente. Le mareyeur s'active pourtant mais il est retranché entre les camions de livraison et les voitures, à l'est de la ville. Alors on passe ici et on se dit que Paimboeuf, c'est vide, c'est "mort" ? En effet, lorsque nous parlons avec les Paimblotins de pêche professionnelle, on nous dit que les quatre derniers pêcheurs de Paimbœuf vont bientôt disparaître car "il n'y a plus de poissons et la civelle c'est fini"... Pour mieux comprendre et savoir si la pêche en Loire avait encore de l'avenir, j'ai réalisé la frise ci-contre. J'y ai aussi fait figurer les activités paimblotines en lien, pour se rattacher au présent.

Paimbœuf, Île de Loire Bourg de pêcheurs et d’agriculteurs sur le chemin des poissons migrateurs

XVII

XVIII

XIX

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1750 Diminution des zones humides, écosystème fragilisé avec les aménagements du chenal navigable

Création Syndicat Mixte pour le de l'Aquaculture et de la Pêche

Création de l’Association Agrée Départementale des Maritimes et Fluviaux en Eau Douce

mal car notre activité en dépend. On l'a vu pour la fuite de Donges en 2008, les pêcheurs ont été les premiers à avertir les autorités. […] On est amené à aider de plus en plus les scientifiques car nous avons des connaissances empiriques du milieu et nous avons un savoir que les scientifiques reconnaissent et nécessitent. Comment capturer une espèce en particulier, vivante, par exemple. […] La pêche en Loire est passive : on attend que les poissons viennent dans nos filets. Elle est périodique et spécifique, chaque poisson a son piège. Notre activité a une valeur patrimoniale ! […] Aujourd’hui il faut inverser la tendance des pécheurs d’autrefois "Vivons cachés

Puis, pour en savoir un peu plus sur les pêcheurs en Loire aujourd'hui, j'assiste au Grand Débat sur la Loire du 4 décembre pour écouter l'intervention de Didier Macé, président de l'association des pêcheurs professionnels maritimes et fluviaux en eau douce de Loire Atlantique. Il expose la situation : « Nous sommes une espèce en voie de disparition. Lors des aménagements de la Loire on a oublié les poissons, et donc les pécheurs. L’estuaire est une zone de freyage, d’abri et de milieu de vie essentiel pour de nombreuses espèces ! […] Nous sommes des veilleurs de l’environnement au courant avant tout le monde lorsque l’estuaire va 84


Les filets qui sèchent sur la praire devant le quai Mathurin Gautreau sont le seul indicateur d'une pêche active à Paimbœuf 1961 2002 Faucher-Maury Lancement de la marque mareyeur de Loire « Poissons Sauvages du Bassin de la Loire »

XXI Surpêche de la civelle 1994 Saumon Atlantique classé espèce protégée

1982

du SMIDAP Développement en Pays de Loire

2010 Plan de Gestion Anguille Repeuplement des civelles dans les cours d’eau

Mesures européennes contre la surpêche 1990-1999 : Nombreux plans de cessation d’activités Pêcheurs Professionnels 2000 : 48 marins-pécheurs, 63 fluviaux de Loire Atlantique 2013 : 36 marins-pêcheurs, 41 fluviaux 1988 : 150 marins pécheurs, 87 fluviaux

1988

pour vivre heureux". Il y a un vrai travail à faire autour de la valorisation et de la communication.»

2011 Création de la section sportive « Pêche en bord de mer » au Collège Louise Michel avec l’Orphie Club de Saint Nazaire 2014 Première livraison de l’AMAP Poissons de Paimbœuf

de la mer, aux noms connus. Aujourd'hui les lamproies et les aloses n’intéressent que le marché basque ou bordelais, et le mulet est plus rentable sous forme de concentré protéiné. « Il faut que les pêcheurs valorisent leur métier, la manière dont ils travaillent et leurs produits ! » Erwann Le Floch, SMIDAP

En effet, en interrogeant ensuite Erwann Le Floch qui travaille au SMIDAP, je m'aperçois que le problème aujourd'hui n'est pas tant le manque de poissons, puisqu'il y a proportionnellement beaucoup moins de pêcheurs pour les pécher et avec des techniques toujours artisanales. Mais ce sont surtout les consommateurs locaux qui manquent. A force de ne plus trouver de poissons de Loire sur le marché, les ligériens ont perdu l'habitude de le cuisiner et de le manger, ils préfèrent les produits

Mais la création de labels et le développement d'AMAP Poissons initient un changement d'image du poisson de Loire. Pour ne pas perdre le savoir faire des pêcheurs et la culture culinaire qui va avec, il est nécessaire de mieux communiquer et distribuer les produits de Loire. 85


FAIRE ÉVÉNEMENT Paimbœuf est entourée de paysages aussi différents que significatifs d'un écosystème estuarien (vasières, prairies humides, surfaces marnantes, fleuve et industries), on peut le voir sur la carte ci-contre représentant la mosaïques des milieux. Comme le disait Didier Macé, l'estuaire est un biotope spécifique, à la fois nourricerie, habitat et axe migratoire (pour l'Alose, l'Anguille, la lamproie, le flet, le mulet, l'éperlan et le saumon atlantique). Paimbœuf est aussi sur le chemin des migrations touristiques qui suivent le parcours Estuaire, en voiture, en vélo ou en bateau, avec létape paimblotine de l’œuvre de Kinya Maruyama, le Jardin Étoilé, construite en 2009-2012. La LPO (Ligue pour la Protection de Oiseaux) a profité de cette position stratégique d'interface entre nature et Hommes pour y organiser depuis 2013 son festival "Bird Fair". Mais à la différence des oiseaux, la biosphère marine, si spécifique ou endémique soit-elle, n'est pas aussi visible (et encore moins audible !). Aujourd'hui l'intérêt pour un poisson oublié passe souvent par la casserole... On le découvre en le mangeant et réussit à comprendre où et à quel rythme il vit en essayant de le pécher. En liaison avec l'usine Élévatoire de Saint Nazaire qui proposera bientôt une découverte de l'estuaire basée sur le développement entropique, il faudrait proposer des antennes permettant de découvrir le fleuve sous un angle nouveau. La pêche est une des activités qui font dépendre l'homme du fleuve, et non l'inverse. Car en travaillant dans l'écosystème fragilisé de l'estuaire, les pêcheurs ont appris à ménager leur outil de travail. Ils pourraient transmettre ce savoir-faire qui valoriserait leur métier et le produit de leur pêche. Les curieux pourront prendre conscience dans la pratique des enjeux de la cohabitation d’un écosystème unique et d’une industrie, indispensable à notre économie. 86


Paimbœuf

L'estuaire présente une mosaïque de biotopes essentiels à la reproduction, l'alimentation et l'hivernage de nombreuses espèces Extrait du fascicule Mosaïque d'habitats de l'estuaire de la Loire édité par le GIP Loire Estuaire en juin 2009

Photomontage pour la promotion d'une manifestation en écho au festival "Bird Fair" 87


LES ENJEUX DU QUAI DU MAREYEUR

Ainsi, c'est en parlant d'écosystème d'abord, puis de pêche et de mareyage avec les différents acteurs que sont le GIP Loire Estuaire, le président de l'association des pêcheurs, la SMIDAP, Gaston et Renée Maury (la fondatrice de l'entreprise de mareyage de Paimbœuf ) que j'ai décidé d'engager mon projet dans la valorisation de la pêche de Loire en m'appuyant sur la structure existante du mareyeur. Leurs bâtiments occupent toute la longueur

d'une des parcelles en lanière du Haut Paimbœuf, un des premier îlot construit de la ville. En enfilade sur 100m, la maison cache les hangars et fait face à l'ancien quai Edmond Libert, encore marqué par les murets qui séparaient autrefois l'eau de la route. La cale le long du centre de dragage est encore découverte bien que la vasière l'envahi peu à peu tandis que la cale en face du mareyeur a été remblayée et se trouve maintenant sous un parking.

env.1950. La deuxième cale est bien visible et les berges servent d'abri naturel aux canotiers 88


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Quai Edmond Albert XIXe Séchoirs à filets

La cale et l'accès au ponton

Quai Edmond Albert XXe La rive sert d'abri aux embarcations

Quai Edmond Albert XXIe Le remblai et les haies éloignent le fleuve Le quai Edmond Libert, où se trouve le mareyeur et le Bar de l'Avenir, présente de très différentes figures qui ne cohabitent pas forcément au mieux. D'un côté il y a la cale patrimoniale, bel appareillage de pierres encore utilisé pour faire partir de petites embarcations. De l'autre il y a le Jardin Étoilé, œuvre participative qui attire de nombreux touristes et est très appréciée des enfants. Mais il y a aussi la roselière, graminées aussi grandes que l'homme qui bruissent au vent, et les pierres de la digue, semblables à des rochers de bords de mer. Et puis il y a ces petites façades collées, toutes différentes, qui forment une courbe bâtie très frontale. Et au milieu, un parking et un parc improbable avec une ancre en son centre.

Les roches de la digue et la roselière

Le square avec l'ancre, sur la gauche le parking, 90


-Point de vue n°1-

Jardin Étoilé

-Point de vue n°2-

Front bâti, on voit le mareyeur, à côté du Bar de l'Avenir -Point de vue n°3-

sur la droite la roselière. En arrière-plan : Front bâti avec mareyeur et Bar de l'Avenir -Point de vue n°291


INTENTIONS DE PROJET

Détail de l'atelier "Recycler la ville" Lors des ateliers publics, voilà ce que nous avons prélevé du discours des habitants concernant le quai Edmond Albert. Ces remarques expriment bien les problématiques de ce site. A la fois lié à la Loire par des traces d'activités passées : les chantiers navals avec la radoube, le port avec la cale ; ou encore présentes : le centre de dragage (n°45), les petits embarcations de pêche ancrés là, le mareyeur (n° 33) et les hangars (en bas à droite) qui abritent Atlantic Marine, spécialiste dans la construction de pontons flottants. Mais ce quai est également séparé de la Loire par le remblaiement des berges, l'implantation ordonnée des platanes et, plus récemment, la construction du jardin étoilé qui vient à la fois créer des points de vue magnifiques sur l'estuaire mais aussi remettre une frontière entre ces quais et l'eau.

La similarité formelle du jardin étoilé avec l'amande paimblotine est marquante et les grilles tout autour du jardin, contraignant le passage à une seule porte, font de ce jardin une insularité dans la ville insulaire. Cette enclave au bout du terrain est si isolée de la ville que des cars entiers de curieux viennent pour la voir mais n'ont pas le courage d'aller ailleurs dans la ville, même pas au Bar de L'Avenir qui n'est pourtant pas si loin. Mais il faut dire qu'il faut traverser les platanes, le parking , voir par dessus la haie et traverser la rue pour y arriver... Il faut dire que la voiture est omniprésente dans cette ville. Il faudrait être en mesure de proposer de multiples petits parkings aménagés et facilement accessibles pour que les rues sans voitures garées retrouvent leurs proportions d'origine. 92


Au bout du ponton en face de la cale Quai Edmond Albert tout ces savoirs cachés, manifestons nos particularités ! Un espace d'appropriation tels que ces hangars dédiées à des activités partagées, fédératrices, peut permettre aux personnes qui traversent, découvrent, vivent ou travaillent à Paimbœuf de devenir acteur, de s'investir pour ce qu'ils trouvent juste, de défendre des valeurs qu'ils veulent partager.

Au niveau du programme, mon projet se veut être un moyen d'expression des forces en présence. A l'égal de Dominique Leroy qui manifeste sa personnalité et ses envies créatrice sur la façade de sa maison, la pêche peut être rendue plus visible, tangible, à Paimbœuf. Uniquement en sortant les viviers du bâtiment du mareyeur, voilà que les mouvements des pêcheurs, du poisson, devient compréhensible, créateur de dynamisme. D'autant plus que les estuariens sont prêts à se déplacer pour une particularité, car en voiture, tout est proche dans l'estuaire : pour aller à Paimbœuf on met 35 minutes depuis Nantes et 20 depuis Saint Nazaire. Alors ouvrons la cage de l'indifférence, de

Il faut casser l'image d'une ville où plus rien ne bouge, où l'on ne voit que les traces. Il faut faire la fête à chaque nouvelle ouverture de pêche d'un poisson spécifique, créer un lieu repère pour une pratique commune.

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PETITS PÊCHÉS DE LOIRE

L’Atelier Public projet de Christophe

Parking entre les arbres existants - 70 places-

Atlantic Marine

Sur le quai Sadi-Carnot, il ne reste plus qu'un seul des grands "hangars à patates" qui servait à stocker les marchandises arrivés par bateaux avant d'être chargé sur les rails. Il est aujourd'hui occupé par l'Office de Tourisme et la salle d'exposition. C'est ce genre de figures de l'activité portuaire que je veux retrouver, à moindre échelle, sur le quai du mareyeur. Ainsi, il s'agit de faire écho à tout les hangars qui se succèdent sur la rive est de Paimbeouf, tous perpendiculaires à l'eau.

Vasière

Ces petits hangars de 5m sur 12 sont accolés les uns aux autres et permettent de créer une entité de programmes concernant la pêche en Loire avec un restaurant, un atelier de préparation (fumage, séchage,cuisson) ouvert aux différentes associations qui le demandent, des bureaux associatifs (où pêcheurs professionnels et de loisir pourront se croiser), un espace de stockage en commun (notamment pour envisager la location de matériel de pêche), le magasin de conserverie du mareyeur qui servira à vendre le poisson de Loire valorisé sous toute ses formes (conserves, soupe, fumé...), et enfin des viviers de plein air, rendant visible l'activité du mareyeur et les poissons frais par la même occasion. L'itinéraire de la Loire à Vélo Bis passe par la vasière, débouche sur un belvédère à la frontière du jardin étoilé et en contournant celui-ci, arrive vers les Petits Pêchés de Loire

A

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Belvédère le long de la Loire à Vélo, Itinéraire Bis

Axonométrie Est de l'implantation finale et du parcours urbain

ex- Cale Jardin Étoilé

Rythme des percées visuelles :

Jardin Étoilé

Belvédère

Centre de V Co ivier L dragage o s n c s ( A A Re teliessociaationer ver angui sta rs tio ma ie e lles ura de ns té t lo , ci nt pré de riel cal vell 30 par pêc et tec es, cou ati he cou hn cru ver on p urs rs d iqu stac ts ar és) ep e tag êch és 6 e 0m 2

Estacade

Mareyeur Bar existant

Petits Pêchés

Vivier Cale

Espace libre pour évènements

L'itinéraire Bis de La Loire à Vélo, arrive dans un second temps, une fois nos dispositifs enclenchés, pour les mettre en relations et raisonnance. L'aménagement de la Loire à Vélo Bis s'accompagne d'un curetage de l'estacade béton, l'aménagement du parking et la construction d'un belvédère Petits pêchés de Loire

Projet Borha Des-rives en métamorphose

Belvédère

Atelier Public

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DES-RIVES EN MÉTAMORPHOSE BORHA CHAUVET

96 2


"Mais qu'est ce qu'on va bien pouvoir faire à Paimboeuf ?" On s'est fait prendre par la ville ... on s'est fait prendre par les habitants ...on a écouté leurs maux du présent, leurs regrets du passé, et leurs craintes pour l'avenir ... Comment une ville si colorée, peut elle être si morose ? Et déjà, sans s'en apercevoir, les couleurs disparaissent, le paysage de Paimboeuf passe au noir et blanc, nos regards se filtrent. "Mais qu'est ce q'uon va bien pouvoir faire à Paimboeuf ? " Des voix résonnent, "le Paimblotin c'est quelqu'un de déçu". Alors ça y est, c'est ça être Paimblotin? Nous sommes Paimblotins. Comment en est-on arrivé là? C'est si paradoxale de se rendre compte que plus nous rencontrons de personnes, et sommes accueillis dans la chaleur de Paimboeuf, plus nous regardons la ville autrement, pour finir par ne plus être capable de voir ce qui nous avez touché au début. C'est peut être ça être Paimblotin, porter, un regard commun et partagé, sur sa ville. Et si résidait là, le présent et l'avenir de Paimboeuf ? Et si il suffisait de déplacer les regards pour prendre conscience de l'importance de ce qui existe déjà? Et si là-bas aussi c'était Paimboeuf ?

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LE MÉCÉNAT Civilisation Ligérienne et patronage économique, un duo complice. On entend par mécénat la situation dans laquelle un mécène, soit une personne physique ou une personne morale comme une entreprise, apporte une aide financière privée1, a une collectivité. Le développement économique et industriel de l’estuaire, a provoqué la formation d’un duo complice entre civilisation ligérienne et patronage économique. En effet qu’il s’agisse de Donges, de Cordemais ou autrefois de Paimboeuf, chacune de ces villes entretiennent une relation privilégiée avec l’activité industrielle qu’elles hébergent. Il s’agit là d’une association intime, durable et à bénéfice mutuel, entre ces deux organismes, la ville et l’industrie, à première vue incompatibles sur un même territoire. On peut parler de symbiose. Finalement la commune préfère porter l’attention sur la contrepartie financière (taxe), qu’apportent ces industries plutôt que sur les risques de pollution (seveso), qu’encourent ses habitants. Un mal pour un bien. Il est très important de souligner, l’importance de la présence de ces industries, et le rôle qu’elles ont pu jouer dans le développement économique de ces communes. C’est ce lien très fort, qui unie sur un même territoire et dans l’histoire, la vie et l’industrie. Comme on a pu le voir ce semestre au travers de l’analyse qu’ont mené les étudiants qui travaillaient sur Donges ou Cordemais, la raffinerie et la centrale électrique, prend une place considérable dans la vie et l’histoire des habitants. Il y a ceux qui y travaille ou 1 Définition Wikipédia

du

Mécénat

Cordemais et sa Centrale éléctrique

Donges et sa Raffinerie

Paimboeuf

Estuaire d la loire

de 98 4


maisons sont bâties le long de la route des remparts (face à Super U). L'usine facilite le principe des maisons castors en achetant des terrains, revendus aux ouvriers pour 1 franc symbolique après les avoir aménagés en voirie, eau... Les matériaux sont achetés en gros, remboursés avec facilité. Tous les propriétaires travaillent à la construction et à la fin, on tire au sort pour savoir qui habitera où. Ainsi naît l'actuelle Rue Raymond-Berr achevée en 1954. Kulhmann achète aussi des maisons dans Paimboeuf et créer des jardins ouvriers. En 1958, 84 familles sont logées par l'usine avec des loyers intéressants. La politique de l'entreprise, c'est d'accompagner l'ouvrier dans sa vie personnelle en dehors du travail Age d'or et avantages sociaux « Comme tous les enfants de Paimboeuf, on a grandi avec l'usine sous les yeux. Il y avait ceux qui y travaillaient et ceux qui n'y travaillaient pas, presque un clivage social, » raconte Véronique Mathot. Le car des ouvriers est utilisé pour emmener les enfants des employés de l'entreprise vers les deux écoles primaires. Le mercredi, le car permet aux familles d'aller gratuitement à Nantes. Il y a aussi les voyages et colonies de vacances, les arbres de Noël... Finalement il nous a fallu du temps pour comprendre, cet attachement démesuré que les Paimblotins ont avec le passé, et cette mélancolie qui pèse sur la ville. Car finalement le principe optimiste de ce discours passéiste, et le fait que tout comme c’est le cas à Donges ou à Cordemais aujourd’hui, la vie locale a un lien avec l’économie territoriale. Faire résilience, pour Paimboeuf c’est trouver comment, avec les forces en présences, il est possible de reconquérir cette relation d’échanges. Comment injecter de la vie locale, dans l’économie territoriale ? Comment impulser l’économie locale dans la vie territoriale ?

encore ceux qui par la fenêtre de leur maison contemple les cheminées. Dans cette situation de mécénat, vie et industrie ne font plus qu’un, et dessine ensemble une histoire, un territoire et un paysage. On peut alors ce demander ce qu’il adviendrait si l’on séparait ce couple. Au vu de la conjoncture actuelle, ce scénario paraît inévitable pour Donges et Cordemais. En effet la raffinerie de Donges, et la centrale thermique de Cordemais, vont être victime de l’épuisement des énergies fossiles, et vont être amenés à disparaître. Que ce passera t’il pour ces communes qui ont forgé leur identité et leur histoire, sur ces figures industrielles ? Paimboeuf, aujourd’hui, se retrouve dans cette situation d’abandon. Le chemin qu’elle va choisir de prendre pour palier à la perte de ce mécénat, joue un rôle déterminant concernant l’avenir de Donges et Cordemais. Paimboeuf a pour enjeux à l’échelle de l’estuaire, de trouver les outils, pour faire résilience.

Un divorce traumatisant, la disparition d’un référentiel commun L’histoire inoubliable de l’usine Kuhlmann de Paimboeuf Née à Paimboeuf en 1919, il ne reste plus rien, ou presque, de l’usine Kulhmann qui comptait encore plus de 700 salariés en 1970. Les établissements Kulhmann regroupaient en fait deux secteurs : Kulhmann avec les produits chimiques, et la Stac qui sera revendue à Ethyl en 1946. Entreprise rachetée à son tour par Octel en 1960. En 1966, Kulhmann s'allie à Ugine puis à Pechiney. Le groupe devient Pechiney chimie Ugine Kulhmann et brade peu à peu toute la branche chimie. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une friche industrielle. La cité Castor Lorsque se pose un problème de logements en 1950, Les établissements Kulhmann vont réaliser la cité des Floralies. 20

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LE DECHET Dans le domaine de l’écologie, le terme résilience fait référence à la capacité d’un écosystème à s’adapter à des événements (chocs) extérieurs et à des changements imposés. Walker et ses collaborateurs la définisse comme : « la capacité d’un système à aborder un changement perturbant et à se réogarniser en intégrant ce changement, tout en conservant essentiellement la même fonction, la même structure, la même identité et les mêmes capacité de réaction »1 Comme on l’a vu précédemment, la perte du mécène industriel entraine des changements perturbant le territoire. En effet l’activité économique non seulement disparaît, mais elle laisse derrière elle, des terres polluées, ce que l’on pourrait appeler le déchet. Faire résilience ce n’est pas juste trouver un moyen d’évacuer ce déchet, mais il s’agit plutôt de transformer cet élément altérant comme le potentiel et l’opportunité de construire quelque chose d’autre, quelque chose de bénéfique. Au fil de nos rencontres on a pu s’apercevoir qu’au travers de certaines pratiques, Paimboeuf empreinte déjà le chemin d’une résilience locale. Ce qui peut être considéré de Déchet à Paimboeuf, a donné la possibilité de réagir de manière créative aux changements et aux chocs. La dépollution, le recyclage et la transition énergétique, semblent être des activités potentielles à un renouvellement économique.

Activités liées à la Dépollution

Activités liées au Recyclage

Activités liées à la Transition énergétique

Des serres pour dépolluer les eaux 1 HOPKINS (Rob), Manuel de transition de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Ecosociété, Montréal, 2010, p.89

Activités de dépollution, recyclage, et d'alternatives énergetiques 100 6


hydrocarburées

permettant la production énergétique.

Nous avons eu l’occasion de rencontrer Joël Simon, qui a été chargé de la dépollution du site sur lequelle était implanté l’usine Kuhlman. Malgrés le fait qu’ils aient procédé au retrait de la couche superficielle de terre pollué, la concentration en plomb est trop importante pour permettre d’accueillir du public sans dangers et plus particulièrement les femmes enceintes et enfants. Alors que la commune voit en cette friche polluée, un réel problème dans l’impossbilité d’investir cet espace pour le bien public, Joel Simon y voit là une réelle opportunité. C’est ainsi qu’il décide d’y installer une entreprise expérimentale de dépollution des eaux hydrocarburées, Aretzia. La pollution du site permet alors d’y pratiquer une activité dans laquelle interviennent des liquides polluants. L’eau hydrocarburée placée en fine couche sous des serres entame un processus de dépollution par évaporation. L’eau propre est ensuite évacuée dans la Loire. En développant ce principe on met en lumière le fait que les territoires de la friche de Kuhlmann et ceux à proximités sont une réelle opportunité pour l’implantation d’activités de dépollutions.

Un parc éco technologique pour une transition énergétique La question de la production énergétique est l’un des principaux enjeux du territoire estuarien. En effet qu’il s’agisse de la raffinerie de Donges ou de la centrale électrique de Cordemais, la question de la transition énergétique pour les acteurs du monde industriel est plus que d’actualité. C’est ainsi qu’on a eu l’occasion de rencontrer Sébastien Lhermite charger des grands projets du Grand Port Maritime Nantes- Saint Nazaire, qui nous a exposé le projet d’un parc eco-technologique, sur le site du Carnet (Frossay), à la frontière de Paimboeuf. Le GPMNSN, principalement développé sur la rive Nord de la Loire, voient au travers de la création de ce projet sur la rive Sud, une réelle opportunité de développer des techniques de productions énergétiques écologiques et durables. La question de la transition énergétique et par extension, de l’avenir de Donges et de Cordemais semble prendre place à Paimboeuf. En effet les intentions de ce parc eco - technologique sont de développer des prototypes d’éoliennes et de faire de ce lieu une réel lieux d’expérimentation et d’innovation en matière d’énergie. De plus la grande accessibilité qu’offre le site par voie fluviales, serait le lieux d’assemblage des différents éléments d’éoliennes offshores avant de prendre la direction du grand large. Finalement après avoir évoquer les force en présence à Paimboeuf tel que la dépollution et le recyclage, et l’histoire que ce territoire a vécue, il paraît logique de se demander si, après expérience, l’industrie de demain ne se doit pas de créer la poubelle avant de créer l’objet. En effet la question du démantèlement d’éolienne et la pollution qu’elle engendre, ainsi que le recyclage de certains matériaux, sont des questions auxquelles le parc ecotechnologique du carnet peut répondre.

Des artistes pour recycler les déchets De nombreux artistes à Paimboeuf n’hésite plus à recycler des matériaux, tel que l’acier, le bois ou autre. Véritables déchets du monde industriel, ils leurs donnent une seconde vie sous forme d’œuvres d’art. Comme on a pu le voir au travers des sculptures du Métallodéchétiste Christian Champin ou encore au travers des façades artistiques de Dominique Leroy, la récupération de matériaux à Paimboeuf et leur réinterprétation permet la création d’un imaginaire qui participe à la poésie de la ville. Cette question du recyclage est plus qu’omniprésente à Paimboeuf et on y trouve par exemple l’entreprise BOA, qui recycle le bois pour en faire du combustible

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L’EMPREINTE Du Port, à la Porte Paimboeuf fut pendant les XVIIe et XVIIIe siècles le principal avant-port de l’estuaire de la Loire, le port de Nantes étant quasi inaccessible pour les navires de fort tonnage. Différents points de rupture de charge avaient déjà été utilisé au fil des années, Basse-Indre, Le Pellerin … avant de devenir eux aussi difficiles d’accès pour cause d’ensablement. Le port accueille chaque jour une cinquantaine de bateaux de tout genre. La position du quai Sadi Carnot en bordure de Loire lui valut d’être au cœur de toute activité paimblotine, chargements, arrivée des bateaux à vapeur, régates etc … Le quai était un véritable lieu de vie, il accueillait le public des manifestations, de nombreux petits restaurant, et les jours de régates, une estrade pour la fanfare et les personnalités invités.1 En octobre 1775, Jean-Georges Sulzer séjourne à Marseille ; « le quai, écrira-til, devient le rendez vous des équipages de quelques centaines de vaisseaux, et on trouve dans cette multitude, des gens de toutes sortes de nations européennes et asiatiques » ; les négociants s’y pressent « car c’est le lieu de la Bourse, et la curiosité y attire encore les oisifs de la ville, tant ecclésiastiques que laïques. Malgré cette affluence prodigieuse, totu ce passe dans l’ordre et sans querelle »2

Le Port, lieu de vie privilégié

A cette époque la question du passage de 1 MATHOT (Véronique), DURU (André), HOUIS (Lionel), DOUSSET ( Jean-Pierre), Paimboeuf et son Canton, de la collection « MEMOIRE en Images », Editions Alan Sutton, Joué-lés-Tours, octobre 1998, 128p 2 CORBIN (Alain), Le territoire du vide : L’occident et le désir du rivage, Flammarion, Paris, 1988, p.403

Déchargement d'oignons à Paiboeuf, par le Towt

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de cargos modernes à propulsion vélique. Le principe est évident pour Jacky Allonville, directeur des magasins Biocop et Hameau bio : « On est venu chercher des échalotes et 300 kg d'oignons roses et, en échange, on livre du pain de pêcheur, recette unique de notre boulangerie bio. C'est une sorte de navette, le principe c'est que le bateau soit toujours plein. C'est un premier essai, mais je suis prêt à recommencer ! ». Concernant cette halte à Paimboeuf, Guillaume fondateur de Towt explique : « Cette barge pour accoster nous intéresse vachement ! On avait étudié un arrêt à Trignac ou à Pornic, mais on perdait 24 heures à chaque fois. S'arrêter ici cela permet de décharger au plus près et de remonter sur Nantes en une marée ! » C’est ainsi que le temps d'une matinée, Paimboeuf a retrouvé un petit air de port marchand. Cette événement marque l’arrivée de réelles opportunités pour l’avenir de Pamboeuf. En effet il convoque à la fois l’activité et l’ambiance portuaire d’antan, l’échange de produits locaux et de savoir faire ainsi que la solution à une transition énergétique marine.

marchandises de l’eau à la terre et sujet au contrôle et au taxe. Paimboeuf joue alors ce rôle de frontière entre l’eau et la terre. Que l’on vienne de Nantes ou de la côte, deux petites guérites placées de chaque côtés de la route formaient autrefois la barrière d’Octroi (taxes sur les marchandises) et marquaient l’entrée de la ville. L’octroi portait aussi bien sur: les produits comestibles (viande fraiche, viande salée, poisson …), les boissons, les combustibles (bois, fagots, charbons …), les matériaux (planches, ardoises, clous, résine, plâtre …), le fourrage (son, avoine, paille …) etc … Comme l’évoque très justement Stefano Boeri dans son ouvrage l’Antiville, « la frontière est une réponse à la multiplication des possibilités de relation . Les frontières sont aussi des marqueurs des dynamiques du monde contemporain. Des « dispositifs » dynamique et tridimensionnels, où pulsent les énergies et les frictions qui accompagnent – en bien et en mal l’histoire présente. »3 Aujourd’hui l’empreinte portuaire reste fortement inscrite à Paimboeuf et prend des directions contemporaines. En effet c’est au travers de la question de savoir si le fret à la voile avait un intérêt économique, qu’une entreprise brestoise (Towt), décide d’utiliser le vent gratuit et non polluant, et fait escale à Paimboeuf pour livrer des oignons de Roscoff issus de l’agriculture biologique. Towt (Trans océanique wind transport) essaie de démontrer qu'à l'heure où les ressources fossiles sont en voie de disparition, il est temps de revenir aux sources et d'utiliser les mers et cette ressource gratuite et non polluante que nous offre le vent. L'objectif est, donc, de multiplier les transports de marchandises à la voile afin de prouver leur viabilité et de développer un label de transport maritime propre, afin de permettre la construction 3 BOERI (Stefano), L’Antiville, Manuella, Rome, 2011, p.190

Du chantier de construction, à celui de déconstruction Au fil de l’histoire Paimboeuf est marquée par l’activité de chantiers de construction et de déconstruction. Le bassin de Crenage aménagé en 1862 perdure jusqu’en 1991 et d’occupe de la construction et de la réparation des bateaux, perpétuant ainsi une longue tradition navale à Paimboeuf. Dans la même veine les chantiers Saugeras se spécialise dans la démolition de navires. Dans un registre différent et lors de la première guerre mondiale Paimboeuf accueille à sa rontiére est « la ville en bois », Centre d’Aerostation maritime (CAM) spécialisé dans la cosntruction de ballons dirigeables. En 1917, Suite aux attaques des sous-marins allemands le longs des côtes Vendéennes et Bretonnes. La Marine française décide, la construction d’une 103 9


base aéronavale sur le site de Paimboeuf près Saint-Viaud, une usine de production d’hydrogène étant située tout près. Le grand dirigeable "Capitaine Caussin" se posera sur cette base. La base étant devenue opérationnelle un hangar métallique y est édifié. En Janvier 1918, la base passe sous le commandement américain. 4 dirigeables et 500 hommes, 250 sorties sont réalisées. Le 4 Août 1919 des bases de dirigeables le longs des côtes sont désactivées dont cette base. Aujourd’hui on voit apparaître sur le même territoire, la création de chantier de construction d’éoliennes au travers du projet du parc eco-technologique du site du carnet. En effet les zones aménageables seront composées de Hangars pour la production de prototypes ecotechnologiques.

Cimetiére de bâteaux à Paimboeuf

Centre d'Aerostation Maritime, l'ancienne "ville en bois"

Finalement l'empreinte historique se caractérise par présence de chantier de la constrcution te déconstruction à Paimboeuf. Sa place stratégique à fait d'elle un port, et est envisagée aujourd'hui dans les prospectives territoriales comme "la porte sur Loire du Pays de Retz".

Activité portuaire et chantiers de construction et déconstruction

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la Zone d'activitĂŠ Estuaire-Sud comme site d'ĂŠtude

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d’une taxe professionnelle communale et la création d’emplois locaux. Phénoméne qui a conduit à leur multiplication, qui couvre au total une surface non négligeable de 1 % du territoire français. La situation de dégradation des entrées de ville et des franges urbaines qui a accompagné la prolifération des zones d’activités est aujourd’hui un enjeu d’aménagement majeur.2 Les zones d’activités, des surfaces urbanisées considérables dont les enjeux urbains, paysagers et environnementaux sont encore souvent minimisés au regard des enjeux économiques. La zone d’activité économique, ne fait pas l’objet d’une attention, à la hauteur des enjeux urbains, paysagers et environnementaux qu’elle porte. En effet la zone d’activité industrielle et économique, est implanté sur des lieux stratégiques, à la lisière entre ville campagne et réseaux de mobilité. Elle a l’opportunité de jouer un réel rôle d’interface entre ces différents espaces, et ce retrouve au cœur du territoire, lui donnant l’opportunité d’être un réel lieux d’échange et de transaction. La zone d’activité Estuaire à Sud, a pour particularité de se trouver la frontière entre trois territoires, Paimboeuf, Saint Viaud, Frossay, et de relier les principaux axes de mobilité à la fois routier et fluviales que sont la D723 et la Loire. La situation de cette zone d’activité lui donne un caractère ambivalent. En effet se situant à la frontière entre ces trois communes et reliant les principaux réseaux de mobilité de rive Sud de l’estuaire, elle est plus que tout au centre de tout, mais cette localisation particulière lui vaut aussi d’être en retrait de chacun

LE NON-LIEU ? Au vu de tout ce qui a été évoqué précédemment, on en vient donc à se demander si outre toutes ces pratiques d’usages d’éctivités disiminée à Paimboeuf, si il y a un lieu comme l’était à l’époque Kuhlmann, et comme on peut le retrouver dans toutes villes, qui regroupe l’activité écnonomique localement. C’est ainsi qu’on a découvert, bien que souffrant d’un grand manque de visibilité et de reconnaissance par les Paimblotins, la zone intercommunale Estuaire-Sud. Aujourd'hui, plus de 25 entreprises diverses y ont pris place. A 20 km de Saint-Nazaire et 45 km de Nantes, le parc d’activités Estuaire Sud dispose de 25 hectares dédiés aux besoins des TPE et PME artisanales et industrielles. D'après la définition de Marc Augé, un non-lieu est un espace interchangeable où l'être humain reste anonyme. Il s'agit par exemple des moyens de transport, des grandes chaînes hôtelières, des supermarchés, des aires d'autoroute, mais aussi des camps de réfugiés. L'homme ne vit pas et ne s'approprie pas ces espaces, avec lesquels il a plutôt une relation de consommation.1 Un carrefour, à la frontière entre ville, campagne et mobilité Les zones d’activités se sont développées souvent sans cohérence inter-communale. De nombreuses collectivités ont réalisé leur propre zone, souvent motivées par l’apport 1 Définition Wikipédia

du

2 BRINGAND (Flore), Recycler les zones d’activités : Pays de Rennes,Liffré et La Mézière, ENSAB, Rennes, 2013

Non-lieu, 106 12


In du str iel

Energie

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Zone Activité

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Espace Public

La Zone d'activité un espace au coeur du territoire et de ses échanges

Zones d'activités économiques et industrielles situées sur l'estuaire de la Loire

La vasiére Le port à sec

Le Carnet

La décheterie

Webasto MYG decking Armitec Restaurant la ville en bois Loire à Vélo Le Lac de Kuhlmann

D 723

La zone d'activité Estuaire-Sud, inventaire des activités et des pratiques présentent

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100 m


des espaces urbanisés des communes, et d’être considéré par les habitants comme appartenant à la voisine. Pour cause aujourd’hui, les zones d’activités sont souvent considérées comme un outil de développement économique mais rarement comme un morceau de ville. Elles sont un « espace à part » dans la ville, un « espace à part » dans la planification. Il n’est alors pas choquant de se retrouver à se ballader dans ces « zones urbanisées unifiées », au point qu’il est impossible de distinguer si on se trouve à Paris ou à Paimboeuf. L’empreinte identitaire locale que pouvait porter ses lieux à l’époque a disparu. Paimboeuf souffre aujourd’hui de sa perte d’activité économique et de l’influence qu’elle pouvait avoir sur la commune, on peut alors se demander ce que ça pourrait changer si l’on considére que cette zone d’activité faisait partie intégrante de Paimboeuf, et si elle était intégrée dans le futur, comme un quartier de la ville. Comment se saisir de ce lieu en convoquant les forces en présence pour son développement, et permettre de faire des ces lieux enclavés de réels espaces publics et quartiers de villes imprégnés d’un caractère identitaire propre. La zone d’activité étant en perte de vitesse, on peut alors se demander de qu’elle maniére les habitants peuvent investir toutes les opportunités qu’offre ce lieu et comment par la création d’un échange, ces usages peuvent venir soutenir une économie territoriale.

la fois à l’échelle locale et territoriale. Ce lieu échappe au contrôle, et si l’on prend le temps de l’explorer il apparait beaucoup moins plat et uniformisé qu’à première vue. On se rend vite compte que par les glissements d’usages qui y sont réalisés, et la diversité des personnes qui le pratique, cette identité commune se construit déjà. En effet lorsqu’on arpente la route du Camp d’aviation, qui lie la D723 à la Loire on se retrouve face à des paysages très contrastés, et aux enjeux bien distincts. En partant de la D723 le restaurant ouvrier « la ville en bois » et les habitations offrent un paysage urbain et vivant de cité campagne. Ensuite lorsqu’on arrive au parc d’activité Estuaire sud on se retrouve au centre d’un paysage aseptisé et uniformisé. Arrivé entre la déchèterie et les prairies humides, paysage industriel et paysage naturel se font face et s’oppose. C’est au vu de la vasière et du carnet qu’on traverse un paysage mouvant et en attente. Finalement on fini sur les quais donnant sur la Loire qui offre un paysage monumental et océanique. Non seulement les paysages se succèdent et sont différent , mais les usages et ceux qui les pratiquent contrastent tout autant dans ce tableau. Sur les quais, il y a ceux qui décharge leurs ordures et carcasses d’animaux, des voitures qui font leur demi-tours, des jeunes qui viennent boire de l’alcool en bord de Loire le soir. Prés de la vasière et sur le site du carnet, il y a ceux qui laissent leur bateaux dans l’étier et ceux qui font du motocross sur les terrains en attente du parc éco technologique. Au niveau de la déchèterie et des prairies humides, on assiste à une confrontation d’échelle et d’usages entre les routiers qui font halte avec leur gros camions avant de repartir, et les touristes de la Loire à vélo qui prennent la direction de Paimboeuf. Dans le parc d’activité,

La zone, un espace public en « transactions » A la frontière entre tout, la zone d’activité Estuaire-Sud n’appartenant à personne et à tout le monde à la fois, permet dans sa caractéristique de non-lieu, la possibilité de construire un référentiel commun, qui se joue à 108 14


il y a les ouvriers qui se sont aménagé des coins pique nique au détour d’un container, des grillages coupés, et des gens du voyages qui s’installent là où les terrains ne sont pas encore urbanisés. Enfin il y a le restaurant ouvrier et quelques habitations, qui n’hésitent pas à hacker l’electricité, et à élever des poules dans leur jardin pleins de statues qui fait l’attraction des employés qui passent devant pour aller manger au restaurant. Ce parc d’activité porte déjà sa propre identité et est déjà un lieux de transaction, d’échanges entre des paysages, des usages et des personnes très différentes, qui construise ensemble un référentiel commun. Comment conforter cette identité déjà présente et créer des dispositifs de négociation, pour préparer son avenir. un décha Les q rge d paysage m u ’ordu res / d onumen ais sur la ta lo emi t ours l et océan ire / jeun iq es bo ue ivent La déc het bru erie its et l et o es p deu rs / un p rairie arr aysa s hu et r m Le out ge con ides ha iers tra re ck sta / va sté er che l’e ur s lec an tri to D 723 cit uv é/ rie po re ul tl es e / j pa s ha ar ys b di ag ita n de e vi tion sta van s tu t es

La un vas lai pa iére sse ysa et r s ge le on m ca ba ouv rne tea an t u/ te ma t en rée att ha ent ut e e-b as Loire à Vélo se

L u a zo dé n pa ne ch ys d’a ets ag ct / g e a ivit ril sep é é la tis co ge é no sc m ou iq ue pé s/ no m ad es

Traverser la zone, de la départementale à la Loire, des paysages trés contrastés. 109 15

/c

irc ui ts


LA RESILIENCE

Composition, décomposition, du paysage, passé, présent et à venir de Paimboeuf.

110 16


Le Mecennat estuarien

Depollution, recyclage transition energetique Paimblotine

L'empreinte 111 17


TRANSECT PROSPECTIF 5

Loire à

Vélo it iné

raire b is

4

D 723

3

2 Loire à Vélo

1 200 m

Sites d'implantation

Passage au "Troc"

Le passage au Troc propose des espaces de co-voiturage et de co-transportage qui prennent place sur les parkings vides des entreprises de la zone d'activité. La forme "Passage" permet de créer des couloirs d'interface entre les différentes entreprises qui peuvent stocker et troquer leur déchets ou matériaux avec des professionnels ou habitants. Ce passage permet aussi d'offrir un point de vue sur le Lac et de l'ancien site pollué de Kuhlmann, aujourd'hui innaccessible. La zone d'activité étant en perte de vitesse, les terrains sont trop chers pour de petites entreprises, le passage au "troc" permettrait d'herberger une pépiniére de jeunes entreprises, qui en prenant de l'importance pourraient réinvestir les terrains en attentes. Refuges énergétiques Les refuges énergétiques sont de petites haltes entre paysage industriel et naturel. Elles offrent tous les services liés à la question de l'énergie. Des vélos en libre

services, des bornes sur lesquel se trouve des prises électriques afin de rechagarger gratuitement téléphones, ordinateurs etc ... Les refuges sont munis de récupérateurs d'eau pluviale permettant d'offrir des fontaines d'eau potable et des sanitaires. Finalement la halte au refuge peut être l'occasion de reprendre de l'energie, et propose un espace de détente sur un panorama remarquable. Espace public(ité) L'espace public(ité), marque l'entrée de la zone d'activité et à pour objectif d'offrir des espaces publicitaires permettant d'améliorer la visibilité des entreprises. L'espace public s'articule alors, autour d'une station service d’electricité et d'aire d’attente (jardin + wifi + bornes prise électrique + toilettes …) qui viennent en continuité avec le restaurant ouvrier déjà existant.

112 18


Espace public(ité)

1

Passage au "Troc"

2

Refuges énergétiques

3

Refuges énergétiques

4

113 19


DES-RIVES EN METAMORPHOSE (1)

Vue aérienne du site du Carnet

Une activité de transformation Le choix du programme est d'apporter une pratique qui résonne à l'échelle de l'estuaire et qui permette de jouer un rôle d'interface entre la future activité industrielle du site du carnet et la vie locale.C'est par la création d'un chantier de (dé)construction navale et éolien, que Paimboeuf s'attache à la fois à des enjeux locaux, nationaux, et conforte son caractére passé de ville accueillant des chantiers de constructuction et déconstruction. Ce chantier par la mise en pratique de techniques de dépollution et le recyclage de matériaux, pourrait permettre à de jeunes entreprises, d'experimenter de nouvelles maniéres de construire des éoliennes, plus écologiques et durables en réutilisant les déchets du chantier. Cette activité permettrait de voir se greffer, un marché du recyclage pour les Paimblotins bricoleurs et artistes, ainsi qu'un foyer afin

Un territoire en mouvement

114 20


Une richesse végétale

de permettre, aux ouvriers, cadres, touristes et Paimblotins de pique niquer au coeur de ce paysage si particulier. Il est prévu que le parc eco-technologique réalise au meme titre que l'éolienne présente actuellement sur le site, des prototypes eoliens, qui pourrait, en produisant de l'electricité permettre d'alimenter des services présents sur place. C'est ainsi que pourra s'implanter une station service marine, couplée à des aires d’attente, estacades et pontons sur Loire. Finalement sur toute ce fourmillement de vie et d'échanges, on imagine que ce territoire pourra devenir un port de fret alternatif et de voyageurs.

Comme le souligne Jacques Derrida, la question de la construction, déconstruction n'est pas innocente. En effet lors du processus de déconstruction, "la relation directe entre signifiant et signifié ne tient plus et s'opèrent alors des glissements de sens infinis d'un signifiant à un autre". Faire résilience, pour Piamboeuf c’est justement s’emparer de cette philosophie de « construction – déconstruction », permettant des glissements de points de vues, des glissements de regards.

115 21


ANNEXES

116


ANNEXE 1

117


118

2

Carte d'implantation des différentes activités Avant-Port de Nantes Construction navale Constructeur naval: 1732 (Chantier Norbert Brosnais) 1817 (Chantier Rochet)

Aménagement Quai Sadi-Carnot : 1872 - 1883 1876 : Arrivée du Chemin de fer Corderie : 1742 - 19??

Ligne postale transatlantique : 1862

Jetée en fer à cheval : 1781

Phare : 1855

1ère moitié du XX° siècle : zone de paturage Remblaiement : 1958 - Création zone de loisir & camping

Aménagement de la ligne de quai : 1810 Quais Eole, Gautreau & Boulay Paty

Jetée submersible de la Pierre à l’oeil : 1780

Aire d’ancrage naturelle : 1680

Corderie : 1789 - 1964

Port à sec de Paimboeuf : 1985 ...

Tour de la Pierre à l’oeil : 1780

Tour des Moutons : 1780

ANNEXE 2


119

3

Tourisme

Industrie

1948 - 1991 (Chantier Jean Chauvet)

Port à sec du Carnet : 2012 ...

Embarcadère Kuhlmann : 1985

Zone d’activité Sud-Estuaire : 2008 ...

Cebtre aérostation maritime : 1917 - 1919

Cezus - Areva (Zircotube) : 1978 ... (industrie)

Usine d’armement d’Etat : 1916 -1919 Octel-Kuhlmann : 1919 - 1998 (industrie chimique) 1975 - Début du déclin

Estacade béton : 1926

Jardin étoilé : 2012 ... Charpentier métallique: 1916 -1994 (ACP) Constructeur naval: 1994 ... (Atlantic Marine - fabricant ponton)

ABCM : 2007 ... (alimentation diététique)

Charpentier métallique : 1957 - 2013

Aire d’ancrage , dépot de lest : 1659

Forme de Radoub: 1860 (Réparation navale)

1916 : Extension de la voie ferrée desservant Kuhlmann

Jetée en fer à cheval : 1860

Corderie : 18??


ESTUAIRE 2029

Tirer des bords

Cette citation d’Italo Calvino, tiré de l’ouvrage Les villes invisibles, nous rappelle l’importance des diversités d’expérience données par un territoire traversé, vécu ou quitté. Ce groupe d’étudiants en architecture a expérimenté les trois à Paimbœuf et ils ont donné des noms à chaque phase de leur compréhension de cette ville. Les croisements et les mises en réseau de ces perceptions contrastées font que la ville ne s’identifie plus par une image unique objective mais par un collage multiple et subjectif. Après avoir croisé ces multiples visions, personnelles et issues de la parole habitante, ils se permettent d’envisager des projets aux multiples facettes qui parlent de civilisation ligérienne, d’identité paimblotine et d’un nouveau regard, tourné vers l’avenir et enrichi par le passé. Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau

arts de faire - février 2015

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Vue de Paimbœuf depuis la prairie de Donges, photo prise par Justine Cloarec

Un territoire frontalier à caractère insulaire. À Paimbœuf, tout est lisière, et s’ouvre vers l’ailleurs. « La ville pour celui qui y passe sans y entrer est une chose, et une autre pour celui qui s’y trouve pris et n’en sort pas ; une chose est la ville où l’on arrive pour la première fois, une autre celle qu’on quitte pour n’y pas retourner ; chacune mérite un nom différent. »


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