ESTUAIRE 2029
ESTUAIRE 2029
FAIRE LIEUX, DE PART ET D'AUTRE
Tirer des bords
Ce mémoire est avant tout un récit. Le récit d'une aventure de presque six mois, collective, partagée avec les habitants de SaintBrevin, les intervenants et les enseignants. Car ensemble, nous avons construit le projet. Ce mémoire c'est aussi un collage, un assemblage, de différents fragments, de différentes expérimentations, de paroles habitantes, de questionnements personnels, de ressentis, de doutes, d'intuitions. Et c'est en convoquant toute cette matière, que nous avons tenté de construire notre démarche de projet et d'en livrer une trace à travers ce livre.
Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau
arts de faire - février 2015
Tirer des bords Arnaud Bobet, Estelle Durand (PFE), Solène Gautron, Clémentine La Joie, Charlène Lefeuvre (PFE) Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau
ensa nantes - arts de faire
SAINT-BREVIN LES PINS
Estuaire 2029 Estuaire de la Loire, territoire en mouvement
Arnaud Bobet Estelle Durand Solène Gautron Clémentine La Joie Charlène Lefeuvre
Equipe étudiants :
Equipe enseignante :
Chérif Hanna, Architecte Urbaniste Jean-Yves Petiteau, Anthropologue Saweta Clouet, Architecte
Cendrine Robelin , Cinéaste Flore Grassiot, Architecte et Artiste Ricardo Basualdo, Artiste et Scénographe Urbain
Intervenants :
Ouvrage édité en 20 exemplaires - Achevé d’imprimer en Janvier 2015
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ESTUAIRE DE LA LOIRE TERRITOIRE EN MOUVEMENT
FAIRE LIEUX, DE PART ET D'AUTRE
TIRER DES BORDS ESTELLE DURAND ET CHARLÈNE LEFEUVRE (PFE), ARNAUD BOBET, SOLÈNE GAUTRON, CLÉMENTINE LA JOIE (MASTER) DIRECTEURS D’ÉTUDE : CHERIF HANNA, JEAN-YVES PETITEAU, SAWETA CLOUET
École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes -arts de faire3
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SOMMAIRE
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PRÉFACE
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Cohabitudes Plusieurs visages pour une place publique brévinoise.
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Les forts d'une halte Extension vers un jardin de mémoire agissante
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Re-situer le pavillonnaire La balade bleue du Bodon
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Des Sylphes à Gargantua Rêver l'îlot et le "faire ensemble"
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Rêve d'Estuaire S'ouvrir à l'altérité
Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau
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AVANT PROPOS
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PREMIÈRES PISTES Où sommes nous ? "Avant Saint-Brevin" Entre Loire et Océan De la station à la ville balnéaire
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S'ANCRER SUR LE TERRITOIRE Habiter Donner Recevoir Etre visible sur le territoire Racontons, Fabriquons, Rêvons Saint-Brevin ! Prolonger l'échange
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HORS CADRE
108 CE N'EST PAS FINI 109 REMERCIEMENTS 110 MÉDIAGRAPHIE
L'émergence d'une figure Se positionner sur le territoire Faire lieux Faire lien La logique n'est plus la route.
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PRÉFACE
Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau
L’estuaire de la Loire : un territoire en mouvement
Tirer des bords : une métaphore pragmatique... Mobiliser une résilience
L’estuaire de la Loire est, de son origine à nos jours, le territoire de tous les départs, celui des voyageurs, des aventuriers, celui des conquérants et des émigrants. Les villes de l’estuaire se sont greffées sur les quais où ont transité les hommes, les marchandises et la valeur.
En mer, tirer des bords, c’est poursuivre sa route « au près serré » contre le vent. Remonter l’estuaire « contre le vent », souvent à « contre courant », c’est engager un parcours de reconnaissance. C’est retrouver au présent les traces d’une histoire.
Ce territoire instable au rythme des crues, des marées, des creusements du lit d’un fleuve « sauvage » sur lequel se croisaient émigrants et commerçants est devenu l’espace privilégié d’une immigration. Le mouvement s’inverse, le territoire s’invente au fil de l’imaginaire et devient l’enjeu de multiples investissements. La valeur de ce territoire repose sur un héritage, celui des mobilités antérieures, dont les infrastructures conservent la mémoire. Elle repose sur les déplacements et mouvements qui les investissent aujourd’hui, multipliant les croisements, liens et coïncidences sur lesquels se jouent de nouveaux rapports de civilité et une nouvelle urbanité. Un monde s’invente au croisement de ces mouvements, une métropole originale se construit sur les liens que les nouveaux et anciens habitants tissent sur un paysage redécouvert donc réinventé.
Tirer des bords, c’est, en louvoyant, réveiller les traces d’un déplacement antérieur; celles des liens qui peuvent encore mobiliser le territoire. L’estuaire est un territoire en mouvement : celui du fleuve, de la marée, des marais et de l’estran que l’on protège ou que l’on sédimente. Les bâtiments ou les infrastructures ne suivent pas la même temporalité que celle des constructions ancrées sur le sol. L’estran, les rives, les bords, les berges et les quais ne subissent pas seulement les mouvements naturels du fleuve ou de la mer, ils bordent un territoire continental. Lieux des passages et transactions qui animent, modifient et obligent à réinvestir les espaces où les hommes et marchandises embarquent ou débarquent. Ils deviennent miroir des grandes mutations économiques inscrites dans un rapport de mondialisation.
La question sur laquelle repose le «ménagement» de la future métropole estuarienne, repose sur la qualité de nouveaux «espaces-temps» sollicités par la mise en résonance des différents territoires.
Sur un tel espace en mutation, les strates de chaque occupation recouvrent la mémoire des échanges et valeurs sur lesquelles se rejoue, périodiquement, dans un rapport d’altérité, une identité des hommes et des lieux. Ces implantations et ces effacements obligent, comme le monde non encore découvert, à 6
redécouvrir un territoire qui s’invente et renaît au fil de l’histoire. Si les rives ne recelaient pas un potentiel, jamais les nouveaux conquérants ne réinvestiraient périodiquement cet espace dont la valeur repose sur la transaction. Et parce que ce territoire s’invente à chaque phase de l’histoire ; le repérage doit être analysé et pratiqué comme une aventure : celle d’une découverte et d’une relecture du potentiel que révèle cette identification des traces. Retrouver ces traces, c’est mobiliser des liens que chaque frontière met en tension entre des territoires, lointains ou proches. Cette reconnaissance en acte des traces qui tissent les relations potentielles d’un bord par rapport à ses différents contextes permet d’évaluer, de choisir et de construire les liens qui placent chaque projet comme l’attente d’une relation, d’un échange et d’une négociation. Ce que nous révèle chaque négociation, c’est que ce qui s’échange déborde ou déplace l’objet dans sa fonction ou sa définition première. Les arguments de l’échange mobilisent de nouveaux contextes. Ce qui est important n’est pas toujours la fonction première, mais ce qu’elle induit comme rapports sociaux. Ce que l’on échange dans l’échange. Ce n’est jamais ni l’objet lui même ni son usage mais sa valeur1 qui est totalement relative à la reconnaissance des partenaires de l’échange et du contexte.
potentiel de chaque parcelle ou fragment sollicité, par l’expérience d’un tel déplacement.
Sur un espace en mutation, la révélation de ce maillage dynamique est la première clé pour la mise en œuvre d’une problématique de l’aménagement.
Ce livre, parce qu‘il est une reconnaissance de « l’art de vivre » et « l’art de faire » sur chaque espace abordé, est un document ressource pour aider chaque communauté à réfléchir et élaborer des propositions qui valorisent l’identité des différents lieux et mobilisent les potentialités reconnues lors de cette première « enquête-participation », présentant un repérage et de libres propositions.
L’estuaire est par excellence, un territoire en mouvement. Il n’est pas seulement le lieu d’une « identité » remarquable, mais, le territoire privilégié d’une problématique nouvelle. Le lieu d’une expérience où s’explicite un regard nouveau sur le territoire. Le master 2015 est la 8ème édition d’une démarche stratégique centrée sur l’Estuaire de la Loire. Chaque session est l’occasion d’explorer de nouveaux espaces à différentes échelles ; les mobiliser et rendre explicite des arts de faire et des arts de vivre, peu ou pas toujours reconnues par les experts et professionnels de l’aménagement. Après « La métaphore d’une île » en 2013 et « import/export » en 2014, la thématique retenue pour le projet actuel « tirer des bords» tente de retrouver sur les traces de la mémoire, la dynamique d’un « ménagement » capable d’inaugurer un processus de résilience in-situ. Cette démarche propose avec les personnes qui y vivent, un projet : « ménagement/ aménagement» sur les communes de : Nantes (Chantenay), Frossay, Cordemais, Donges, Paimboeuf, Trignac, Saint-Brevin. et les lisières qu’ils contaminent.
Ce sont donc les liens, le contexte et l’enjeu de chaque traversée qui permettent de réinventer le potentiel de chaque territoire. Le repérage pour cela n’est pas neutre puisque le déplacement du découvreur est déjà une mise à l’épreuve d’une interaction ; soit la reconnaissance d’un échange, qui révèle le Ce qu’un économiste /anthropologue: Georges Hubert de Radkowski analyse dans son ouvrage : La métamorphose de la valeur, Presses universitaires de Grenoble, 1988 1
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Avant-Propos
Le mémoire qui suit est un récit. Le récit d'une aventure de preque six mois. Une aventure humaine à cinq. Puis, au fil des rencontres, nous sommes dix, puis vingt, puis cinquante. Ce sont toutes ces personnes que nous avons croisées, rencontrées, écoutées que nous convoquons dans ce travail, ce sont les habitants, c'est Lucien et Simone Kroll, c'est Ricardo et bien d'autres. Car ensemble, nous avons construit le projet. Ce mémoire c'est aussi un collage, un assemblage, de différents fragments, de différentes expérimentations, de paroles habitantes, de questionnements personnels. C'est nos carnets de bords, qui fourmillent d'intuitions, de textes spontanés, de croquis, dont les pages traduisent la construction d'une démarche. C'est nos entretiens, riches d'une parole précieuse qu'il faut ménager, de témoignages d'hier et de rêves pour demain. Ce mémoire, c'est aussi des embryons de films et des séries de photographies, qui témoignent d'un certain regard sur le territoire. C'est nos discussions, nos débats, nos doutes, nos convictions, sur la ville, sur l'architecte, sur demain. C'est en covoquant toute cette matière que nous avons tenté de construire une démarche, notre démarche de projet, et d'en livrer une trace.
"La démarche de projet n'est pas linéaire mais récurrente, et par ce balayage incessant, toutes les connaissances se donnent et s'organisent progressivement. L'analyse et le projet, ne sont pas, à mon avis, dissociables, ce sont deux occupations parfaitement synchrones d'une même démarche." Michel Corajoud, Lettre aux étudiants, 2000.
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PREMIÈRES PISTES ... 10
Ici, c’est quelque part.
C’est muni d’une carte IGN, que nous prenons la Route le long de l'estuaire de la Loire. Ce fleuve, nous le pratiquons chaque jour, pour le traverser, pour le regarder ou simplement profiter de sa présence. Devant notre école, juste avant d’embarquer, nous lui disons au revoir avant de le retrouver un peu plus loin, changé. Sur le chemin, nous nous arrêterons à Paimboeuf, nous parcourrons en long ses quais déserts aux maisons colorées. Puis à Corsept, au port de la Maison Verte, qui se dessine le long de la Loire en ponctuant la rive de ces étranges cabanes en bois. A la lisière, au bord, nous côtoierons les roseaux et les hérons, les bateaux et les cargos, le calme plat et tranquille de son eau. Notre aventure nous mènera aux détours des champs, sur des sentiers cahoteux. Nous nous perdrons à travers des hameaux dont les noms nous échapperont, nous croiserons un menhir, puis les vestiges d'un château incendié. Nous nous perdrons encore et encore le long des bords, le long des quais, puis nous nous arrêterons, enfin, au bout, à la pointe de Mindin, à l’embouchure de la Loire. Nous sommes sur la rive sud de la Loire, dans le pays de Retz. Nous savons que nous travaillerons quelque part, ici entre l’urbain et le rural. Entre l’océan et les Marais. Entre Saint-Brevin les Pins, la ville balnéaire, et Corsept, le bourg agricole. Sur ce cadrage, sur ces territoires de l’entre deux. Quelques semaines d’immersion et nous nous saisissons de ce territoire, de ces paysages traversés. Nous en connaissons désormais les noms, les histoires et les anecdotes. On nous en parle, on nous les conte. Nous décidons de nous recentrer sur la ville de Saint-Brevin les Pins. Entre la Loire et l’océan, ici, à l’embouchure, aux départs des conquêtes, la ville résonne comme une aventure à venir.
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La Brière Montoir de Bretagne
Savenay
Trignac Donges La Baule
Saint Nazaire Corsept
Saint Brevin les Pins
Paimboeuf
Saint Viaud Frossay
Saint Père en Retz Saint Michel Chef Chef
Préfailles Pornic
L’Estuaire de la Loire est historiquement au croisement de plusieurs identités fortes; celle de la Bretagne dissidente, de l'arable pays de Retz, du duché Nantais, de l'humide Brière. Aujourd'hui, c'est autour de la figure du fleuve qui les rassemble que se dessine un territoire estuairien, vaste, aux paysages divers, aux bords changeants.
Questionner l'estuaire, c'est aussi questionner Nantes, Saint-Nazaire, et l'entre deux, tout ce territoire métropolitain à l'échelle duquel l'avenir s'envisage aujourd'hui en commun; trois cents milles nouveaux estuairiens sont attendus à l'hozizon 203o.
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Cordemais Carquefou
Orvault Couëron Saint Herblain
Nantes
Le Pellerin Rezé Vertou Bouguenais
Avec Frossay, Paimboeuf, Saint Père en Retz, Saint Viaud et Corsept, Saint-Brevin fait partie à la communauté de commune Sud Estuaire, dont les enjeux sont décrits par le SCOT du Pays de Retz. Ce pays de Retz, qui regroupe 41 communes, est aujourd'hui un territoire attractif de part la proximité des deux bassins de vie Nantais et Nazairiens, et du littoral. 40000 nouveaux habitants y sont attendus pour 2030.
Comment accueillir ces nouvelles populations, d'horizons très différents, sur un territoire aux identités marquées ? Quels modes d'habiter proposer pour que l'accueil de ces nouveaux Brévinois, Corspetins ou Paimblotins ré-invente le vivre ensemble ?
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OÙ SOMMES NOUS ?
MONTOIR
MONTOIR TRIGNAC
DONGES
DONGES
PAIMBOEUF ST NAZAIRE
PAIMBOEUF
CORSEPT
ST NAZAIRE
ST BREVIN
CORSEPT
ST BREVIN
ST VIAUD
ST PERE
ST VIAUD
ST PERE
1850. Saint-Brevin n'est qu'un village de pêcheurs et d'agriculteurs.
1930. Mise en réseau du territoire par les voies de chemin de fer et le bac entre Saint-Nazaire et Saint-Brevin.
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La ville villégiature
habitants. Aujourd'hui, Saint-Brevin-les Pins, s'étend sur près de dix kilomètres le long du littoral et comporte deux bourgs bien distincts, Les Pins au Nord, et l'Océan plus au sud.
Paysage de dunes, de vignes, et de champs, Saint-Brevin n'est en 1850 qu'un petit village de pêcheurs et d'agriculteurs. Sauvé de son ensablement par la plantation de pins pour fixer les dunes au XIXè siècle, la ville se développe surtout au XXème siècle porté par l'avènement de la culture balnéaire.
La petite porte de l'estuaire. Bien que d'avantage tournée vers l'océan, Saint-Brevin-les-Pins est aussi une des villes estuairiennes. Elle forme avec SaintNazaire sur la rive nord, la porte d'entrée du territoire de la Loire qui s'étend sur plus de 1000km jusqu'en Auvergne. De part sa situation stratégique à l'embouchure du fleuve, la ville a depuis toujours été un poste de contrôle maritime et militaire.
" Et c'est ainsi que Saint-Brévin "village perdu parmi les dunes, dans une solitude infinie et le plus désolé pays qui soit" transformé par le miracle de beaux arbres, est devenu SAINTBREVIN-LES-PINS, l'importante station balnéaire que nous connaissons." Extrait du conseil municipal du 3 août 1899.
Avec l'arrivée en 1975 du pont de Saint-Nazaire la reliant à la rive nord, Saint-Brevin est aujourd'hui un lieu de franchissement de la Loire. Rapprochant ainsi deux rives aux caractères singuliers (la rive nord plus tournée vers l'industrie et celle du sud plus agraire) le pont et l'infrastructure viaire qui en a découlé ont cependant conséquemment influé sur le développement urbain de la ville, dorénavant scindée en deux par la Route Bleue.
La construction de villas se développe, impulsée par l'attrait toujours plus grand des citadins pour l'air marin. Si la villégiature reste un caractère prégnant de Saint-Brevin-les-Pins, de nombreux estivants s'installent à l'année et la petite station balnéaire tend à devenir une véritable ville balnéaire de plus de 12 000
MONTOIR
MONTOIR
TRIGNAC
TRIGNAC
DONGES
DONGES
PAIMBOEUF ST NAZAIRE
PAIMBOEUF
CORSEPT
ST NAZAIRE
ST BREVIN
CORSEPT
ST BREVIN
ST VIAUD
ST PERE
ST VIAUD
ST PERE
1975. Mise en service du Pont de Saint-Nazaire et de la Route Bleue qui donne un cadre au développement littoral de Saint-Brevin.
2014. Expension urbaine très forte de Saint-Brevin après notamment la gratuité du pont de Saint-Nazaire en 1995.
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"AVANT SAINT BREVIN" Très tôt, nous avons choisi la voie sud pour rejoindre Saint-Brevin. Avant d'arriver jusqu'à l'Océan, c'est un territoire immense de marais et de hameaux que nous avons découvert.
Détours et tours dans la campagne, Sur les traces des menhirs, Sur les pas des Blockhaus, Tout près des Marais, On y croise un château,
Paysages traversés, paysages imagés, paysages rêvés.
Abandonné, majesteux. La campagne est verte,
La "Route du sud" comme nous l'avons appelée, c’est une longue départementale qui traverse Vue, dépasse Frossay et Saint Viaud, contourne Paimboeuf, avant de retrouver un regard direct sur la Loire après Corsept. Plutôt calme comme trajet ; une tranquille avancée accompagnée par le fleuve et les marais à perte de vue. C’est tout cela que l’on a un jour appelé « l’arrière-pays » de Saint-Brevin, mais qui a en pratique, été vécu comme un « avant ». "Avant" Saint-Brevin, il y a le cœur du pays de Retz, une partie du territoire qui vit avec la Loire ; un ensemble de communes et de hameaux agricoles. Des lieux qui ne cessent
on traverse un ruisseau, Ici un étier, ici des marais, et là, un troupeau de vaches. Au milieu des hameaux, A la croisée des calvaires, On devine le grand paysage, On entrevoit la Loire, On aperçoit Donges ou Cordemais, Quelque fois c'est l'éolienne de Frossay ou bien les piliers du pont de Saint-Nazaire.
Extrait de carnet de bord. 29 septembre 2014.
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Etiers et roselières, 23 septembre 2014.
de grandir, bouillonnent de vie et d’idées. Dans la partie Nord du Pays de Retz, le rapport à la Loire va évidemment bien au-delà du point de vue. Plus qu'une voie d'eau, elle influence nombre de pratiques et
structure le territoire dans sa profondeur. C'est le petit port de la Maison Verte où les vaches Highlands paturent sur les terres inondables, c'est le réseau d'étier et canaux bordé de roselières qui s'enfonce dans
Paimboeuf Corsept Saint Brevin
Saint Viaud
Frossay
Vue
La "route du sud". 17
Vasière estuairienne , et raffinerie de Donges. Corsept
Roselières et canaux, port de la Maison Verte, Corsept.
Marais et paturages en bord de Loire. Corsept
Menhir de la Pierre Bonde au milieu des champs. Corsept 18
Zones humides et réseau d'hydrographie.
l'épaisseur du territoire, ce sont les champs marécageux bordés de haies bocagères, ce sont les pêcheries bricolées, les pieds dans la vase ligérienne.
L'Espérance, la Route Bleue, les Hautes Landes, Les Prés Bas, le Haut Chemin, la Grand Ville, la Maison verte, la Pierre de Gargantua, le
Ce chemin « sud » jusqu’à Saint-Brevin c’est aussi un dialogue avec la rive Nord; Donges et sa raffinerie, Cordemais rouge et blanc… toute cette activité en face donne à cette partie du pays de Retz un caractère plus tranquille encore. Par contraste, les marais et les hameaux semblent paisibles quand les cheminées râlent et crachent des nuages de vapeur. Cette autre rive nous emmène ailleurs; c'est la raffinerie de nuit que beaucoup appellent New York, petit Manhattan illuminé, que nous contemplons, fascinés, impressionés, presques effrayés depuis notre toile de tente plantée aux portes de Paimboeuf.
nez de Chien, l'Ile aux Princes, Le RoiLoup,
Tout cet avant-pays, c'est aussi un pays de que nous avons eu l'occasion d'imaginer, de rêver, parfois même de fantasmer. Avant même de mettre un pied en terre estuairienne, c'est un voyage imaginaire que nous a offert la lecture de notre carte IGN.
Questionner la toponymie, c'est aussi tenter de comprendre le territoire. Ce sont des champs lexicaux -l'eau, la pierre, la lande, le pré, le bois- qui se dégagent, des origines gauloises, bretonnes, romanes, gallo, puis françaises qui se mélangent et qui, ensemble, révèlent ce territoire et témoignent de son histoire.
la Vallée Verte, les Prairies du Chateau, les Prés d'Enfer ... Des menhirs, des blockhaus, des dolmens, des moulins, des pêcheries, des éoliennes, des marais, des ruisseaux ... De quoi se raconter des histoires, des noms qui me parlent, qui me font sourire, qui me font rêver... Tout un paysage enchanté qui se constitue sur un territoire que je n'ai pas encore parcouru.
Extrait de carnet de bord. 26 septembre 2014.
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Roches Alluards
le
Tourelle de Secé
Etier des Rouxières
Etier de
Prés Nouveaux
de
l’
Ker Lanie
le Moulin Pérret La maison Verte le Pasquiau Prairie de Corsept Prés d’Enfer l’Usine Loire le Chêne Bonnet l’Espérance le Grand Perret la Caillaudais Corsept blockhaus la Cour Prairies du Château
Ile Saint Nicolas
Les Masses Vertes
l Cu
les Moisans
la Herse la Bonnelais le Petit Perret la Chaussée le Haut Chemin la Mabilais
la Cité des Amou
st épuration
la Ville en Bois
er Eti
lle la Grave
l’Ile aux Princes la Vieille Chaussée le Pont Angis château La Pétolais le Champ Albert l’Angle La verrie le grand Carteron Menhir des Pierres Blanches les Brulés Les Prés Bas la Chaperonnais la Vallée Verte la Marguinerie Le Tertre Marais de Plessis la Chaussée Neuve le Prieuré Marais de Guigne la Basse Gedelière Le petit Greix le Plessis le Quarteron Neuf La Fossiais la Grande Rochelais la Haute Gedelière l’Etang le Moulin des Guérets le Greix les Bois dolmen la Petite Rochelais Le Moulin du Greix La Baie de Loire Anglemares la Fripperais la Mouraudière la Combauderie la Haute Goguillais Les Masses la Basse Galég Ma la Moisenais rai sd Ker Aotus Menhir de Pierre Bonde la Basse Goguillais uG Les Prairies la Petite Moisenais Bel-Air le Marais Gedeau la Cornuais rei x la Mulotais Glémouet la Missaudais le Patureau La Pitardais Le Marais la Haute Mulotais la Moustrie le Genetay la Gagnerie Le Nonil colonie de vacances la Guilvéterie la Pecquerie le Bignon Le Mousseau le Mesnil du No la Basse Barillais la Pinelais la Reminaudière La Haute Barillais Le Ruau Trouillard la Virée la Janais éolienne le Pont de Pierre les Hauts Bois la Callonière la Noé des Bois les Cassis
de
ab la M
is
ila
La haute Bigotais la Basse Bigotais la Simonais la Pilais
la Prégauderie l’Aubinais Menhir des Cassis Menhir de la Mégerie Bel-Air la Mégerie l’Aubinière la Noëlle
la Charlette la Petite Charlette
la Vinais
is Ru
la Grutière
ud
sea es u Co s
on
origine gauloise origine bretonne origine romane -ERIE origine romane -AIS origine romane -IERE origine gallo
rill
Toponymie & Origines Toponymie du pays de Retz & ses origines origine française - liée à la végétation/paysage origine française - liée aux constructions humaines origine diverse
Intelligence collective
pays de Retz et la volonté politique de créer un parc régional. Mais ce n'est pas tout. Bernard nous raconte comment, à Corsept, dans cet univers de hameaux épars, les agriculteurs ou les artisans dialoguent et s’organisent pour travailler ensemble, mettre en commun ce qui peut l’être, échanger, prêter, louer... Il évoque les CUMA1 agricoles, l’association des artisans du bâtiment pour mettre en place une vitrine commune en région Nantaise et redistribuer ensuite le travail en fonction des localités. Par nécessité ou par mode de vie, ces habitants du pays de Retz ont cherché des réponses communes qui leur permet, à petite échelle, de s’adapter à l’évolution de leur corps de métier et de la société toute entière.
Un jour, nous avons quitté la départementale pour entrer dans les bourgs, les marais, les petites routes plus serpentines du Pays de Retz. Nous avons en partie quitté notre vision imaginée de cet « avant pays » pour découvrir ce qu’il avait à nous offrir. La commune de Corsept englobe une grande majorité du territoire que nous évoquons. Son bourg est peu étendu, et ne représente que 10% de son espace, les 80% restant (une fois les hameaux déduis) étant constitués de terrains marécageux dédiés à l’élevage. La rencontre avec Bernard, Corseptin de naissance, artisan menuisier et élu à la communauté de communes Sud Estuaire nous a permis de confirmer certaines impressions et d’ouvrir les yeux sur la fertilité du monde rural. Nous acceuillant chez lui, il nous a raconté Corsept et la Loire, le danger des berges qui s’effondrent, le grand paysage du
Le festival Couvre-Feu, créé en 2001 à partir rien et qui réunit maintenant chaque été 25 000 personnes montre bien une solidarité existante, et la capacité à s'organiser ensemble, à créer un évenement 1
CUMA, Coopératives d'Utilisation du Matériel Agricole 20
" Pourquoi ne pas privilégier la dispersion? Au lieu de vivre dans un lieu unique, en cherchant vainement à s'y rassembler, pourquoi n'aurait-on pas, éparpillées dans Paris, cinq ou six chambres? J'irais dormir à Denfert, j'écrirais place Voltaire, j'écouterais de la musique place Clichy, je ferais l'amour à la Poterne des peupliers, je mangerais rue de la Tombe-Issoire, je lirais près du parc Monceau, etc. "
fédérateur, plantant un jour un ses chapiteaux dans un champ marécageux, et ne cessant depuis de donner naissance à des projets, de former des jeunes, de permettre rencontres et découvertes et de fédérer les forces vives du territoire. Bernard nous a alors permis de comprendre ce qu'il appelle "l'intelligence collective" dans le pays de Retz. Cette mise en réseau, mise en commun, il aimerait la voir se développer à l'échelle de la communauté de communes. Pour lui, les frontières intelligentes ne sont pas celles des communes, surtout dans la période actuelle d'économie de moyens qui doit stimuler cette "intelligence commune", à l'échelle de tout le pays de Retz.
Georges Pérec, Espèces d'espaces. Où se trouve la lisière ?
Ce territoire que nous évoquons, cet arrière ou avant pays nous pousse aussi à nous interroger sur ses limites physiques et réciproquement, sur les limites de SaintBrevin. Où commence la ville ? Où finit-elle ? A partir de quand peut-on dire je suis à SaintBrevin, et qu'est ce que son "arrière pays" ? La Route Bleue serait-elle la frontière ? Où se trouve la lisière, le bord, entre deux univers ?
" C’est pas gagné mais on sent que les décideurs dans les communes sont plus à dire "qu’est ce qu’on peut faire ensemble". C’est une ouverture d’esprit. " Bernard, élu et habitant engagé
corseptin.
Dans un contexte où chaque ville ne peut se doter de grands équipements publics, "l'intelligence collective" dont parle Bernard Bernard, c'est aussi établir des relations de complémentarité entre communes. C'est éclater les usages. les Corseptins vont à la piscine à Saint-Brevin, mais l'équipe de football Brévinoise vient utiliser les terrains de Corsept. C'est les Corspetins qui vont à l'école intercommunale qui est à Paimboeuf, les Paimblotins qui travaillent aux chantiers de Saint-Nazaire, et Les Nazairiens qui viennent à la plage à SaintBrevin. Et les Brévinois qui utilisent les terrains de football. C'est penser la ville en réseau, la ville dispersée. 21
ENTRE LOIRE & OCÉAN A Mindin, nous sommes aux portes de l'estuaire et de l'Océan, où les pratiques et les échelles se confrontent. Quelles relations Saint-Brevin entretientelle avec chacun de ces bords ?
Passage du pont de Saint-Nazaire. En haut, on
transatlantique, intercontinentale.
voit la mer, l'immensité. Ce n'est plus la Loire.
Ici, on l'observe, on voit passer les bateaux, mais on
Saint-Nazaire, les grands bâteaux.
ne semble pas acteur de cette immensité.
Traverser le pont. Exitation, euphorie.
Pratiques plus locales. Confrontation de pratiques
Sentiment de liberté.
locales avec spectacle de l'activité portuaire.
Saint-Brevin. On est au Sud. Plus d'ardoises, mais
Sentiment de seconde rive, la perdante de la course
des tuiles.
économique, la gagnante de sa survie?
Ambiance balnéaire qui se confronte à toute la
La frontière, l'exil. Comment ces pratiques locales
machinerie industrielle de l'autre rive.
redéfinissent les frontières?
Un homme dans une barque rame le long du
Ceux qui restent.
rivage.
Ceux qui regardent les autres partir.
Un air de club de voile prématuré.
Sublimation
Face au port. Sentiment de saleté de l'eau, rend
Contraste très fort entre les deux rives.
absurde le folklore balnéaire. Des pratiques du rivage spécifiques? En
face,
échelle
indomptable,
Extrait de Carnet de Terrain du 24/09/2014. portuaire,
Emotion vive, prise de note rapide.
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Contemplation à Mindin, 5 octobre 2014.
Le "punto final"
Les mecs ils ont parcouru 200 ou 300 km, parfois plus, il y en a qui viennent d'Angers, de Tours mais aussi carrément d'Auvergne ! Alors t'imagines que quand ils arrivent à Saint-Brevin, c'est wouuuuuhoouuuuw!!! on est à Saint-Brevin ! Saint-Brevin c'est le Saint-Jacques de Compostelle des cyclistes ! ah ouais ça ne rigole pas!" Elaine, couchsurfeuse acceuillant régulièrement des cyclistes de la Loire à Vélo
Le long de l'estuaire, le paysage est changeant. De Nantes à Saint-Brevin, par la route de la rive sud, on traverse marais, canaux, bocages, hameaux, bourgades, et zones commerciales. Petit à petit, la Loire devient océan, elle s'élargit. Le goémond prend doucement la place de l'angélique des estuaires, l'air se charge d'iode, l'eau de sel. Au bout du bout, au bout de tout, il y a Saint-Brevin, où la Loire ouvre ses bras et se jette dans l'Atlantique. Pour les cyclistes de la Loire à vélo, c'est SaintJacques de Compostelle. Mindin est un accomplissement, un aboutissement, un punto final à l'estuaire, et un point de départ vers la mer. 23
S'il est un point final, Mindin est aussi la porte d'entrée de l'estuaire. La carte de 1744 témoigne déjà de cette position stratégique, face à Saint-Nazaire, alors que la station balnéaire n'existait pas encore. Le fort, construit à la pointe en 1754 , au point de bascule entre estuaire et mer, était un lieu de contrôle militaire, de surveillance des navires entrants ou sortants. Lors de la seconde guerre mondiale, de nombreux bunkers sont construits à Mindin toujours dans une nécessité de contrôle des frontières. Bien qu'en grande partie enfouis, ils sont aujourd'hui toujours présents, témoins d'une époque d'occupation prolongée. Aujourd'hui, même habituelle et quotidienne, l'arrivée d'un bâteau dans l'estuaire est toujours un évenement. Un court instant, le temps reste en suspens, et même si ce n'est que l'espace de quelques secondes, on prend le temps de saluer son voisin, et de commenter ensemble le spectacle.
Carte de l'embouchure de l'estuaire. 1744
continents, l'autre les incitant plutôt à naviguer dans l'estuaire. L''une érigée de grands hangars, l'autre bâtie de petites demeures. Ce contraste à Saint-Brevin est apprécié. Pouvoir observer, depuis "l'autre côté de l'eau", le spectacle de l'autre rive, tout en étant "au calme" et sous les pins. Nombre de Brévinois travaillent à SaintNazaire, mais son fiers de vivre toute l'année "là où d'autres font des kilomètres pour passer une semaine de vacances1".
Une deuxième rive, jeux d'échelle Lorsqu'on est à Mindin, on voit SaintNazaire en face, de "l'autre côté de l'eau", On voit ses chantiers, ses grandes grues, ses portiques, ses cargots, paquebots, bélugas, conteneurs, porte-conteneurs, suceuses. On voit Donges, ses cheminées, ses lumières, sa fumée. Lorsqu'on est à Mindin, on est sous les pins. Les enfants sautent du ponton de l'ancien débarcadaire du Bac, les plaisanciers se retrouvent sur celui d'à côté, les Brévinoises peignent sur de la soie dans la salle de l'estuaire, des chiens courent sur le sentier suivis de leur maitre, des vélo-fauteuil longent la Loire. Mindin regarde Saint-Nazaire et ses grandes machines en toute quiétude et tranquilité. Maintes fois les Brévinois répètent: "On est bien ici, on est au calme". Les deux rives jouent de leur échelle, l'une envoyant ses bateaux sur d'autres
1
Lors d'un entretien avec Martine, commerçante brévinoise de longue date, son mari intervient: "Que voulez-vous savoir? A Saint-Brevin on ne peut pas se plaindre, on vit quand même toute l'année là où des gens font des kilomètres pour passer une semaine de vacances!" Lors des ateliers publics, et au cours de plusieurs rencontres, la notion de tranquilité et de qualité du cadre de vie est souvent revenue, et semble partagée par une majorité de Brévinois. Cependant, il semble important de contextualiser cette citation. Parallèlement, des ouvriers des chantiers navals vivent eux aussi "toute l'année là où des gens font des kilomètres pour passer une semaine de vacances", dans les campings brévinois, dans des conditions bien souvent très précaires. 24
1
pon t de sain e zair t Na
Pointe de Mindin
3
séquence estuairienne 1 2
Cargo à quais, rive nord.
Centres Médico Sociaux de Mindin
Mindin
entre estuaire et mer
SAINT BREVIN LES PINS
Parc d’activités de la Guerche
Pointe du Pointeau
2
Centre Médico Social, Mindin Saint Brevin l’Océan
séquence océanique
3
Saint Brevin, perception de sa côte et jeux d'échelle
Pointe de Mindin
Séquençage et perception de la côte La côte brévinoise n'est pas perçue de la même manière sur la rive de Mindin, celle des Pins, ou celle de l'Océan. Ces 3 séquences de rivage constituent des entités bien distinctes autant en terme de perception et de valorisation que de pratiques sociales. Ces trois fragments sont séparés par deux pointes, celle du fort Mindin et du Pointeau, renvoyant chacune à une identité bien précise. A Mindin, sans aucun doute, on est dans l'estuaire, c'est encore la Loire. Dans cet ancien village de pêcheurs, perdurent encore, non sans peine, des pratiques de pêche. C'est aussi le lieu des plaisanciers et des promeneurs. Mindin, dans la mémoire des Brévinois, c'est le bac. C'est
ici qu'arrivaient les navettes pour SaintNazaire avant la construction du pont, faisant de cette pointe un véritable lieu de transaction, d'échange, très marqué par les temporalités d'attente et de débarquement. Aux Pins, bien que la côte s'étire plein Ouest, la vue sur Saint-Nazaire nous renvoie encore à l'estuaire et ses industries. Dans la perception des Brévinois, l'eau est sale et les baigneurs se font rares. Cette plage, non "balnéaire", dans son sens relatif au bain de mer, est un lieu de calme, très fréquenté pour la promenade. Le soir, des pêcheurs aux filets longent le rivage. Pour se baigner, on préfèrera les grandes plages de l'Océan derrière ses dunes de sable fin. Une fois passé le Pointeau, on se considère 25
Une fois mes parents ils nous on emmené à une plage très très loin. L'eau elle était bleue, mais vraiment bleue bleue! C'était la vraie plage. Et on jouait dans le sable et c'était beau. Parce qu'aux pins on y va jamais c'est trop sale." La mère revient, je lui demande où était cette plage. Dans le pays basque peut-être? "ah non !!! (rires) A Saint-Michel-Chef-Chef !" Océane et sa maman, habitantes de Saint-Brevin les pins.
véritablement "à la mer". On ne parle plus ni de Loire ni d'estuaire. Kyte-surf, char à voile, jeux de ballon, raquette, baignade sont alors de mise. Le rivage brévinois se découpe donc du nord au sud. Plus on s'éloigne de l'estuaire, plus l'océan se fait sentir, aussi bien dans la perception que l'on s'en fait que par les pratiques.
Extrait de carnet de bord, 15 octobre 2014
Je suis né à Mindin. A l'hôpital où je vous ai dit l'autre
Après maintenant je ne sais pas, ça a tellement été
fois. Ah on était bien là bas! On allait à la pêche, il
dragué au large là-bas, par des chaluts, il y a moins
y avait plein de poissons à prendre. Maintenant on
de pêche. Mais on s'amusait dans le temps. Alors
en parle souvent mais il n'y a plus rien à prendre.
moi mon père il avait une pêcherie roulante la aussi!
Mon papa, il avait une pêcherie. Elle est encore
Ouais! Alors c'est une pêcherie avec un cabestan vous
existante, elle a été retapée. C'est celle qui est le long
savez, un treuil, comme sur les bateaux. Quand il
d'un chaland en béton. Il y a un chaland en béton qui
voyait les marsouins passer au large, avec ses jumelles,
servait à transporter le sable pendant la guerre, enfin
"aaaallez hop les gars! poussez la pêcherie!" et on
avant la guerre. Ca a été coulé par les allemands. Et
poussait la pêcherie dans l'eau, et puis on pêchait au
puis là ils montaient les pêcheries là dessus les gars.
corlay comme ça, au porte treuil, et alors les mulets
Alors ils pêchaient des bulets des trucs comme ça, des
ils sautaient à coté tellement il y en avait! Et puis les
plis, des bars, des anguilles...
marsouins, c'était pas les dauphins, c'est les marsouins,
Même jusqu'à Donges ils pêchent des bars! Là bas
au cul du poisson, et puis voilà! ( rires)
auprès des piles aussi. Oh oui des soles. Il y avait, mais bon ça disparait tout ça. Mais c'est pas forcément la pollution. C'est peut-être trop de pêche, je ne sais pas...
Extrait d'entretien avec Bosco, pêcheur, menuisier, vadrouilleur, chasseur d'escargots rencontré à Mindin
Ce n'est pas à cause de l'envasement, c'est là que se reproduisent les soles à la base, c'est pas forcément pollué. A certains endroits mais pas partout. 26
Ancienne porte monumentale du lazaret. 5 octobre 2014.
Est-ce qu'on a vraiment le droit d'être là? Rien ne
"Bonjour. Est-ce qu'on a le droit d'être là?" _ "Oui,
semble le contre-indiquer, et pourtant, une lourdeur
c'est ouvert... Mais qu'est-ce que vous voulez?"
impalpable nous souffle de partir. Nous continuons
BAM! Solène vient de recevoir un coup dans le dos.
notre repérage, le pas incertain, l'esprit alerte. On est
Surprise, elle se retourne." Oh! Bonjour!" L'infirmière
dimanche, personne à l'horizon. Quelque chose de
intervient " Patricia calme toi". Patricia se déplace
terrible a dû se passer ici. Sans aperçevoir d'élements
ensuite derrière moi, je vois son ombre, et m'apprête
rationnels permettant de l'objectiver, la souffrance
à recevoir à mon tour un coup, mais ne sais comment
est présente ici, nous fouettant au revers, se jouant
réagir. Je reste immobile. BAM!
de nous. Une silhouette blanche au loin discute avec
Extrait de carnet de terrain. 5 octobre 2014
un compagnon. Au moins deux âmes existent donc. Nous nous approchons.
Du lazaret aux médico-sociaux.
établissements ne pouvant vivre en autonomie. Bien que les murs de pierre encerclant jadis le lieu n'existent plus, il reste aujourd'hui un territoire enclavé, entre la route bleue, la départementale, l'ancienne décharge à ciel ouvert, et la Loire. On parle encore des "fous de Mindin", sur cette terre d'inconnu et de méfiance, chargée d'une lourde histoire d'enfermement. Les établissements médico-sociaux, personnel compris, comprennent aujourd'hui 2000 personnes, soit 10% de la population de Saint-Brevin. Dès le début, ce territoire contraint dans ses frontières nous a autant intrigué, perturbé, révolté qu'ému, nous mettant en face des yeux la réalité d'une marge de notre société.
La perception de Saint-Brevin change du nord au sud, mais aussi d'est en ouest. Passée la route bleue, Mindin est un autre monde, un univers d'exclusion et de contrôle où se trouvaient autrefois un lazaret, lieu de mise en quarantaine des bateaux et matelos contaminés par la fièvre jaune. Successivement, ce lieu est devenu un hospice pour les blessés lors de la première guerre mondiale, un phalanstère pour les enfants, un camp de prisonniers lors de la seconde guerre mondiale, puis un hopital psychiatrique. Aujourd'hui, quatre établissements médico-sociaux acceuillent des personnes handicapées 27
DE LA STATION À LA VILLE BALNÉAIRE Résolument
tournée
vers la mer, Saint-Brevin s'est développée à travers son activité de villégiature et de tourisme. Quel avenir aujourd'hui pour la station balnéaire ?
Les codes de la station balnéaire
Les tuiles directement, Et ça sent l'Océan. On change de monde, on change d'échelle... On passe le pont de Saint-Nazaire, On est dans le sud,
A la fin du XIXè, et avec la création de la société des Bains de Mer, la station balnéaire de Saint-Brevin-l'Océan voit le jour avec son casino, ses belles plages, et ses villas bourgeoises. Sa voisine, la station de Saint-Brevin-les-Pins, plus populaire, se développe par la suite au début du XXè siècle.
Extrait de carnet de terrain. 29 septembre 2014.
En arrivant pour la première fois à SaintBrevin, par la rive Nord, en traversant le pont de Saint-Nazaire, nous avons été frappés par un univers des vacances. Nous repartons au mois de juillet, avec toute la langueur d'une journée d'été, ses 28
Percées de pins vers la mer à Saint Brevin les Pins.
Avenue des Poikus, Saint Brevin les Pins. 17 Novembre 2014.
heures qui s'écoulent tranquillement. Nous sommes sur la côte Atlantique, l'odeur des pins nous mène dans les Landes ou le Pays Basque, ou même plus au sud encore... Cet ailleurs associé aux vacances, au calme, à la tranquilité, que nous avons ressenti à notre première venue à Saint-Brevin, nous l'avons retrouvé par la suite à travers différents témoignages. " Saint-Brevin, c'est les Antilles ! " Gérante fraichement débarqué à Saint-Brevin du bar Les Copains. Ci-contre, affiche de promotion pour la station balnéaire de Saint-Brevin les Pins . Début du XXè.
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La plage de Saint-Brevin l'Océan, le 25 août 2012
La plage de Saint-Brevin l'Océan, 19 octobre 2014
( photo http://www.saintbrevin-infos.fr )
" Alors aujourd’hui il y a du monde, mais bon
" Il y a du monde au festival pyrotechnique, vous
l’autre jour, je me suis promené à 18h, et benh j’étais
verriez, c'est en août, c'est presque 100000 personnes
tout seul, tout seul sur la plage jusqu’au bout là-bas,
sur la plage. " Estelle, le 16 octobre.
et benh ça fait drôle ! " Alain, le 19 octobre.
"C’est touristique, ça vit quand même mais on vit au ralenti dans notre petit coin."
Nous avons commencé notre enquête courant septembre et avons découvert un Saint-Brevin très calme, parfois vide et désert, alors que ses habitants nous parlaient de foules immenses l'été.
Alain, passionné de généalogie et traqueur de Brévinoise1.
« Même moi je le dis, quand je reviens d'Angers je me sens vraiment en vacances. C'est pas le même rythme, tout s'écoule
Complètement différente de ce que nous avons pu voir, la représentation que nous nous sommes fait de la ville l'été est donc passée par le récit de ses habitants, éveillant notre imaginaire. Il a donc toujours fallu garder en tête que tel rond-point, insignifiant à nos yeux, accueille un marché nocture en Juillet-Aout, qu'un carrousel s'installe en Juin sur ce bout de parking que l'on voit désert, comme si on nous parlait d'une autre histoire, d'une autre ville.
plus lentement en fait. C’est autre chose. » Estelle, future sociologue et amoureuse de sa ville. Une double vie. Station balnéaire, Saint-Brevin passe de 13000 habitants l'hiver à 30 000 l'été. C'est donc une ville à double temporalité, vivant les saisons avec des intensités différentes.
1
La Brévinoise, maison typique de Saint-Brevin. 30
" Alors derrière il y a un grand terrain vide là, et c’est un lieu de l’animation de l’été, voyez. Ils mettent une tente là, un podium et puis les gens, toutes les semaines, ils viennent là derrière. C’est des concerts oui, alors en été il y a toujours quelque chose, tous les soirs ! " Alain, passionné de généalogie et traqueur de Brévinoise.
Au delà de cette alternance de rythme, les deux bourgs de Saint-Brevin sont, de part leur histoire, et leur architecture très différents. Aujourd'hui encore, ils font l'objet d'une rivalité qui persiste. L'Océan est historiquement la station balnéaire bourgeoise, avec ses grandes villas et son casino. Les Pins, de tradition plus ouvrière, du fait de la proximité immédiate des chantiers de Saint-Nazaire reste plus populaire.
Une double ville ? Comment se répercute ces deux temporalités sur la ville? Au cours de notre immersion, nous avons ressenti le bourg de Saint-Brevin-les-Pins plus vivant, plus cristallisateur de pratiques et d'échanges que celui de l'Océan. Puis, on nous a expliqué; l'été Saint-Brévin l'Océan se réveille et concentre beaucoup plus d'évènements et de festivités que les Pins. D'été en hiver, des transferts s'effectuent entre les deux bourgs, alternant les centralités. A partir de septembre, la vie de la commune se replie sur les Pins, et l'Océan s'endort jusqu'à l'arrivée des beaux jours de printemps. Ces deux temporalités induisent donc des usages différents en fonction des saisons. Le PADD différencie ainsi les deux bourgs en qualifiant celui des Pins de "centre ville" et celui de l'Océan de "centre saisonnier".
" Oui et puis je vous dis, même l’hiver ici ça continue à vivre, mais le problème c’est que par exemple pour aller au ciné, faut faire des kilomètres. Ils mettent toutes les activités à l’Océan, parce que la plage est plus belle, etc, mais là-bas ça ne travaille que 6 mois dans l’année, il n’y a rien d’ouvert." Jean-Luc, patron du Transat. Un bourg en perte de vitesse. L'attractivité du bourg de Saint-Brevin-les Pins est mis en concurrence avec la zone d'activités de la Guerche, où se déplacent de nombreux équipements comme le cinéma, la piscine, la salle de spectacle. La Guerche, c'est aussi le Leclerc, rival inéquitable pour le petit commerce, qui, petit à petit s'éteint dans un bourg qui se dévitalise. Trois ou quatre rues piétonnes restent néanmoins attractives, et il est de notoriété publique de maintenir le Super U, sur la place du marché, qui reste l'un des points forts de ce bourg en perte de vitesse.
" L'été c'est vraiment ici, à l'Océan et au Rochelets que c'est vraiment vivant parce que … je dirais que l'Océan c'est la station balnéaire vraiment de la ville, les Pins c'est plus, on va dire, le centre institutionnel et administratif. L'hiver ça change, l'Océan est un peu déserté et puis tout se regroupe un peu plus aux Pins, là ou il y a la mairie, l'office principal, etc… Donc ouais, l'ambiance est complètement différente selon les saisons. " Estelle, future sociologue et amoureuse de sa ville.
L'un des points forts du bourg, c'est aussi le marché deux fois par semaine, que nous avons découvert le dimanche, lors d'une de nos premières visites. "Le marché, à Saint--Brevin, oui, ça draine du monde. Et de partout, il y a des gens de Saint-Nazaire, de Pornic, de Paimboeuf, et 31
beaucoup de Nantais qui viennent passer le week-end là. Mais aujourd'hui, il n'y a pas grand monde, il n'a pas fait beau hier, les Nantais ne se sont pas déplacés. L'été, c'est blindé". Barman très occupé du Goutte à Goutte un dimanche matin.
"Et je vois dans, parce que je connais quand même plusieurs élus, dans leurs discours ce que l'on entend toujours c'est que " Ah bah maintenant à Saint-Brevin il y a plus d'habitants à l'année que de résidences secondaires" alors que pendant longtemps il y avait ce gros complexe d'être un petit bourg, avec quand même pas mal de résidences secondaires. Avec presque un complexe social je dirais, ville contre campagne. Parce que les résidences secondaires souvent c'étaient des gens de ville, donc avec un comportement urbain, qui débarquaient un peu - on va dire des mots qui fâchent - chez les ploucs" Véronique, figure locale et historienne qualifiée.
Le marché apparait donc comme rituel fédérateur autant à l'échelle de la commune que de tout le Pays de Retz, et même à l'échelle du département.
De la station à la ville balnéaire ? Depuis 2007, Saint Brevin connait une forte extension; une augmentation nette de sa population sédentaire, mais se voit également pourvoir de nombreuses infrastructures et équipements qui la font rayonner dans le Pays de Retz; un complexe aquatique, une médiathèque, une salle de spectacle, un bowling, un collège, une maison des associations, et le développement de la zone d'activités de la Guerche. Cette concentration d'activités conforte son statut de pôle d'équilibre à l'échelle de la communauté de communes Sud Estuaire. Les prospectives du SCOT (schéma de cohérence territoriale) vont également en ce sens ; affirmer la zone d'activité de la Guerche comme "Zone d’équilibre" de dimension et d’enjeux intercommunaux à l’échelle du Pays de Retz. Cette volonté politique d'asseoir Saint-Brevin comme ville balnéaire et non plus comme station balnéaire, c'est aussi répondre au développement de Pornic, qui tend à se poser comme capitale du Pays de Retz.
Saint-Brevin attractive. Saint Brevin, c'est avant tout le littoral et c'est ce qui en fait une cité attractive. Le rêve d'une retraite au bord de la mer schématise une trajectoire résidentielle récurrente, commençant dans des communes où le loyer y est peu cher, et finissant idéalement sur la côte Atlantique. Aujourd'hui, les maisons secondaires achetées il y a 20 ans, ou héritées de générations passées deviennent résidences principales pour y passer la retraite, et accueilir les petits enfants pendant les vacances. De nombreux Brévinois nous ont parlé de leur ville comme étant "une ville de vieux". Un habitant sur trois a plus de 60 ans. Mais c'est aussi en se dotant d'équipements publics de loisirs, scolaires ou sportifs que la commune souhaite attirer des ménages plus jeunes et dynamiques et ainsi asseoir son statut de ville balnéaire.
Le ratio maisons secondaires/résidences principales qui tend à s'inverser au profit d'une population qui habite à l'année Saint-Brevin, révèle également la capacité d'attraction de la cité. Aujourd'hui, 43% des maisons sont des résidences secondaires, contre 57 qui sont des résidences principales. 32
ZA de la Guerche, 17 novembre 2014.
Quartier pavillonaire de La Prinais, 17 novembre 2014.
Saint-Brevin, ce n'est pas seulement la carte postale. Ville balnéaire oui, mais Saint-Brevin, ce n'est pas seulement les images de cartes postales que l'on trouve dans les boutiques de souvenirs. Saint-Brevin, ce n'est pas seulement la plage, le pont, l'Océan, les Pins, les belles villas, ou le charme du tissu résidentiel des Pins. Saint-Brevin c'est aussi, et c'est ce que nous avons découvert lors de nos multiples visites, la Route Bleue et ce qu'il y a de l'autre côté. C'est aussi l'ancienne maison départementale, c'est aussi la zone d'activités de la Guerche, c'est aussi les quartiers pavillonaires qui sortent à peine de terre, les interstices urbains, les espaces délaissés, les bassins de rétention, les îles d'autoroutes. C'est toute cette frange, cet envers du décor qu'il faut aussi questionner. Tout cet arrière de la carte postale, c'est aussi Saint-Brevin.
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S'ANCRER AU TERRITOIRE 34
Qu'est-ce que tu fais demain? Je vais à Saint-Brevin ! Saint-Brevin de jour, Saint-Brevin de nuit , Saint-Brevin en short, en robe, en ciré, en bonnet, en bottes. Saint-Brevin dans l'eau, Saint-Brevin sur le sable, Saint-Brevin sur asphalte, SaintBrevin dans la boue. Saint-Brevin sous la tente, Saint-Brevin en mobile-home, Saint-Brevin sur le canapé.
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HABITER
"
Nous habitons ici et ça n'est pas peu dire. Habiter n'est pas loger. Un logement n'est finalement qu'une cage dont les murs nous sont étrangers. Habiter c'est autre chose. C'est un entrelacement de liens. C'est appartenir aux lieux autant qu'ils nous appartiennent. C'est ne pas être différent aux choses qui nous entourent, c'est être attaché.e.s aux gens, aux ambiances, aux champs, aux haies, aux bois, aux maisons. A telle plante qui repousse au même endroit, à telle bête qu'on prend l'habitude de voir là. C'est être en prise, en puissance sur nos espaces... Habiter ici, c'est ne plus pouvoir imaginer comment tout ça pourrait disparaître: parce que ça; c'est ce qui fait nos vies." Extrait de Compilation de textes sur la lutte contre l'aéroport et son monde
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Si l'on considère la notion d'habiter dans la profondeur de son étymologie, du latin habitare: "avoir, posséder", alors que veut dire habiter à Saint-Brevin? Pour tenter de le comprendre, nous avons décidé d'éprouver le territoire. En tant qu'architectes nantais, non brévinois, nous sommes des passeurs nomades, présents un laps de temps pour proposer, qui par la suite se retireront. Nous n'habiterons donc jamais ce territoire dans sa complétude, soyons honnête. Cependant, par la rencontre, la transmition, les cadeaux que nous offrent ses habitants, ceux qui possèdent et habitent véritablement le territoire, nous avons essayé d'être au plus proche, de ce que veut dire habiter à SaintBrevin. Pour mieux saisir ce sens, une autre condition nous a été nécéssaire: l'immersion.
C'est une exploration sensorielle, que l'on vit avec son corps et ses tripes (un lever de soleil en camping sauvage, une ballade sous la lune) mais aussi une véritable expérience humaine. En dormant chez l'habitant, en y étant reçu, on a alors pu prendre le temps de se rencontrer, de laisser dériver des conversations. Ces moments désinstitutionalisés, hors-cadres, facilitent l'établissement d'une relation de confiance et simplement humaine. Avec du recul, ces instants insoupçonnés ont bien souvent joué un rôle fondamental dans la compréhension de certains phénomènes propres au territoire, car ils nous ont touchés, en tant que personne, et nous ont laissé libres de se livrer et d'être attentifs à l'écoute.
Pour nous, habiter le territoire a donc tout d'abord été une immersion. Tant que possible, nous avons essayé de rester sur place sur des temps longs1, et entrer en "état d'effervescence2" nécessaire à la fabrique du projet. Rester dormir à Saint-Brevin a en effet été l'occasion d'explorer d'autres temporalités qu'un simple aller-retour dans la journée ne permet pas.
Habiter le territoire, c'est aussi exister sur ce territoire aux yeux de ceux qui nous ont offert cette reconnaissance. Pour exister, il a fallu se faire connaitre, provoquer des rencontres. Pour cela, les ateliers publics ont été un moment fort et déclencheur, autant par leur préparation, leur communication, leur existence sur 3 jours que par ce qu'ils ont généré ensuite et qu'il nous a fallu prendre soin de bien préserver et alimenter.
1 : Dans les conditions possibles du calendrier pédagogiques. De 1 journée à 3 jours, et ce régulièrement. 2 : Michel Corajoud. "Le projet de paysage : lettre aux étudiants". 37
DONNER-RECEVOIR Par des rencontres fortuites, des entretiens longs, ou des moments forts comme les ateliers publics, nous avons été amenés, tout au long du projet, à vivre de véritables échanges. Don contre don. Contacter des associations, trouver des passeurs
depuis sa naissance, Hélène, ancienne aide médico-sociale à l'EPMS aujourd'hui au calme, Martine, commerçante du bourg à la retraite, Yvonnick, président de la Brévinoise très investi dans l'avenir de l'association, Alain David et Henri Poinot, respectivement président et trésorier du musée de la Marine, militants pour la reconnaissance du fort de Mindin, Patrick Deville, écrivain ayant grandi dans le lazaret de Mindin, Bernard Douaud, élu à Corsept, menuisier connaissant bien tous les rouages du monde agricole, et bien d'autres.
Tout au long de l'aventure, et ce encore aujourd'hui, écrivant ce mémoire, nous avons été amenés à contacter et rencontrer des acteurs en terres brévinoises. Il a pour cela fallu trouver des passeurs. Le début du semestre a été un moment intense de coups de téléphone, envois de mail, allerretour à Saint-Brevin. Puis, petit à petit, les rencontres se font plus naturellement, par une personne nous envoyant vers un ami, un proche. Une relation de confiance se crée, et de véritables liens s'établissent avec certains interlocuteurs.
Puis il y a eu d'autres rencontres longues, plus informelles et tout aussi riches, notamment avec Elaine, couchsurfeuse projectioniste au cinéma de Saint-Michel, et éducatrice spécialisée à Mindin. Avec elle, nous avons pu vivre un fragment du quotidien d'une Brévinoise.
Etre à l'écoute De nombreuses rencontres que l'on a pu faire sur le territoire sont passées par des entretiens longs, non directifs obtenus après un premier contact ou un appel téléphonique. Cela a été le moment de prendre une posture d'écoute, et de la sorte, se mettre en mesure de recevoir les savoirs, les souvenirs, les émotions des habitants sur leur territoire qu'ils ont choisi de nous livrer.
Par ailleurs, il y a eu des rencontres plus brèves, au cours d'une ballade sur le front de mer, d'un échange avec des commerçants, sur le marché, dans les bars etc. dont il a fallu savoir capter l'essence du moment et la spontanéité à la volée.
Chacune de ces rencontres fut singulière. Chantale, défenseuse passionée de Mindin, Véronique Mathot, fine historienne, Estelle, jeune étudiante en sociologie, au regard neuf sur un territoire qu'elle connait 38
" Les libertés il faut les prendre, ce que vous jugez juste avec les gens. Vous savez, on peut aller loin avec les gens. Il faut juste ... pas les fraterniser, on ne peut pas être amis tout de suite, mais il faut pouvoir être humble et leur faire confiance, même si ils vous trahissent mais d'abord leur faire confiance, et les écouter. "
" C'est vrai, c'est la rencontre, il y en a un qui sait dessiner, l'autre qui sait étudier et faire des revendications, c'est le client. C'est l'Autre. Et ça c'est formidable moi je trouve. Vous avez un métier formidable. "
Simone Kroll, le 22 novembre 2014, Bruxelles
Donner, recevoir. C'est aussi faire écho à l'hospitalité de Lucien et Simone Kroll lors de notre voyage à Bruxelles, à ces deux rencontres qui nous ont marqué, ces deux personnages que nous avons écouté et qui nous ont beaucoup donné.
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Etre à l'écoute, c'est aussi se laisser embarquer par l'Autre. Proposée et transmise par Jean-Yves Petiteau, la méthode des itinéraires, nous a permis cela; se laisser guider, suivre, donner la parole, et écouter.
" On va prendre des petites ruelles, comme ça. Parce que moi je me promène au hasard, avec mon épouse on se promenait au hasard comme ça, on allait loin parfois. "
Alain, gardien de l'Océan Alain s'installe à Saint Brevin en 1996 après avoir quitté la région parisienne. Il travaille alors à Nantes. Avec sa femme, ils achètent une maison à Saint-Brevin l'Océan, qu'ils renomment Le Manoir de la Pastourelle. Retraité, passionné de généalogie et membre du conseil des sages, Alain connait beaucoup d'histoires, et d'Histoire. Il nous invite boire un café. Puis à l'accompagner lors de sa ballade dominicale. Il y tient, il veut nous montrer son quartier, ses points de repères. Il veut nous montrer les maisons de l'Océan. Il veut nous montrer sa plage. Il veut nous embarquer dans son monde.
" Alors voyez, voilà une Brévinoise. Voilà une Brévinoise ! On retrouve le garage là, voyez là, on retrouve toujours l'arrondi, le garage et puis ce petit balcon. "
Nous lui emboitons le pas. Il nous emmène dans le petit bourg de l'Océan, nous passons saluer Monique, la patronne du café puis longeons la plage. Nous plongeons ensuite dans les pins, nous empruntons des avenues sans trottoir. Alain nous emmène dans sa ballade. C'est celle qu'il faisait avec son chien et avec son épouse. Il connait toutes les maisons. Il est là à l'année Alain. Un des rares. Il a les clés des maisons voisines, celles qui sont fermées l'hiver. Il nous raconte les repas de quartier qui sont organisés quand tout le monde est là, quand le quartier prend vie, en juillet et en août, et parfois au printemps. Alain tient à nous trouver une Brévinoise. Une maison typique d'ici. Alors on cherche. Il nous pointe du doigt une maison. Celle là, presque oui ...
" Moi j'aime bien, car je regarde beaucoup les maisons. Quand je me promenais avec mon chien je regardais beaucoup les maisons, alors quand je voyais une anomalie, ça m'arrivait parfois de fermer des portes par exemple. "
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Le mythe de Bosco: un itinéraire qui n'a jamais eu lieu C'est l'histoire d'un homme que l'on a rencontré un jour sur le ponton de Mindin, qui en 5 minutes nous a fait voyagé, nous a emporté dans son univers, nous a fait rire. C'est un homme libre, qui vadrouille à sa guise. On a voulu le revoir, il nous a donné son adresse. Pas de rendez-vous, pas de téléphone, carte de visite, email, facebook. Juste son adresse. Là ou il garde ses escargots, là où il dort quand il n'est pas sorti.
Bosco, on ne le trouve que si le hasard en a décidé ainsi. Nous sommes retourné chez lui, il était là, nous a accueilli, et de nouveau nous a fait voyager, cette fois tout l'après midi. A la suite de cette aventure, nous lui proposons un itinéraire. Il accepte, ravi. Mais... on sait où le trouver. Pas de rendez-vous. Bien que jamais deux sans trois, le hasard ne nous a toujours pas livré ce troisième voyage avec Bosco.
Bosco, il y a plein de choses qui entourent sa casquette, du temps condensé, du temps diffus. Un brouhaha de sons épuisés, un récit de vielles histoires que l’on peine encore à entendre. On parle de poisson et de pêche, du menuiser qui est devenu autre chose. C’est son territoire qui lui a appris tout ça. C’est la civelle, l’anguille et les plis, c’est l’escargot et les bateaux qui traversent son langage comme autant d’éléments qui nous parlent. Un rapport aux choses différentes, presque de l’archaïque. C’est l’histoire du Monsieur qui s’en va pêcher, du bonhomme qui revient compter ses histoires. Celui qui partage son mode de vie. Celui que l’on écoute. L’histoire de Bosco, c’est d’abord celle de la souffrance, du territoire que l’on épuise, des habitudes qui se perdent. Bosco s’est un langage, une position, une proximité, des mots qui résonnent, jamais assis, à moitié avachi … le coude posé sur le comptoir ; il nous parle d’un ailleurs. Du territoire et de ses opportunités, du monde qui s’emballe quand on se penche pour le regarder. C’est l’histoire du malaise qui se crée quand on lui parle, de la nostalgie qui nous serre quand on l’écoute, on s’émeut à l’entrevoir Bosco, on comprend que des gars comme lui, je parle de ce ceux qui dialoguent avec leur cœur il n’en reste plus beaucoup. Extrait de carnet de bord. 12 novembre 2014.
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ETRE VISIBLE, SE FAIRE CONNAITRE Entrée en matière ; Les mairies
Communiquer ; Saint-Brevin, ce n'est pas seulement...
Lors de nos premiers pas dans l'estuaire, notre curiosité était aussi alerte sur Corsept que Saint-Brevin. Nous avons donc très vite contacté les deux mairies. L'enjeu était de se faire connaitre, de présenter notre démarche, mais aussi, au vu du calendrier très sérré, de trouver des locaux pour les ateliers publics. La maire de Corsept s'est très vite rendue disponible et s'est montrée à l'écoute de notre projet. A Saint-Brevin, plus grande commune, nous avons du passer par différents services administratifs, au risque de paraitre insistant, pour rencontrer le maire, les adjoints à la culture et à l'urbanisme ainsi que le secrétaire de cabinet. Après cette étape de "forcing", nous avons finalement été très bien accueillis. La municipalité s'est montrée enthousiaste et nous a libéré deux salles pour les ateliers publics. Une rencontre en cachant bien souvent une autre, c'est lors de ce rendez-vous à la mairie que nous avons été conviés au conseil des sages se déroulant la même semaine. C'est là que nous avons rencontré Alain, qui nous a par la suite emmené en itinéraire, ainsi que de nombreux sages revenus à notre rencontre lors des ateliers publics.
Pour communiquer ces trois journées d'ateliers publics, deux formats ont été utilisés; les affiches et les flyers sous forme de carte postale. Ces flyers ont été réalisés à partir de photos dévoilant certains aspects de Saint-Brevin (la plage, l'océan, le pont, les pêcheries, les résidences secondaires fermées...) et de les requestionner. Saint-Brevin, ce n'est pas seulement l'Océan. Saint-Brevin, ce n'est pas seulement l'été. Saint-Brevin, ce n'est pas seulement le pont. Saint-Brevin, ce n'est pas seulement les maisons de vacances. Saint-Brevin, ce n'est pas seulement les pêcheries. Saint-Brevin, ce n'est pas seulement la plage et les Pins. Ces flyers étaient aussi une invitation à questionner Saint-Brevin au delà de certaines évidences ; il y a ce qui fait la carte postale, mais peut être pas seulement. Nous avions déjà l'intuition que quelque chose se tramait derrière la carte postale et qu'il fallait la retourner pour saisir le territoire.
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RACONTONS , FABRIQUONS , RÊVONS SAINT BREV 23, 24 et 26 Oct IN !
Ne nous laissez pas dire n’importe quoi!
SALLE DE L’ESTUAIRE, Etudiants à l’école d’architecture, nous sommes venus arpenter l’estuaire, depuis, on s’interroge : mais qu’est-ce donc que Saint-Brevin ? Une station balnéaire ? Un port de l’estuaire ? Un bourg et ses pins ? Une métropole ? Ne nous laissez pas dire n’importe quoi! Venez plutôt nous raconter votre ville et rêver son futur lors des ateliers publics du 23, 24 et 26 octobre. A tous les brévinois bavards, rêveurs, m(ais/é)contents ou gribouilleurs de 3 à 103 ans nous donnons rendez-vous pour trois journées de discussions autour d’ateliers, cafés, et gâteaux... Solène, Arnaud, Clémentine, Estelle et Charlène ateliers.estuaire2029@gmail.com
Place Bougainville
le Jeudi 23 et Dimanche 26 octobre de 9h à 18h
MAISON DES ASSOCIATIONS 31, rue Jules Verne
Ne pas jeter sur la voie publique
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Saint-Brevin, ce n’est pas seulement L’été !
Le vendredi 24 octobre de 9h30 à 12h30
4 4 2 5 0 SAINT-BREVIN-LES-PINS
Invitation aux ateliers publics
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En amont des ateliers publics N'ayant pu réserver la salle qu'une semaine avant les ateliers publics, la communication de l'évenement fut très intense d'autant plus que nous avons tenté de cibler à la fois la population brévinoise et corseptine. A cinq, il a donc fallu distribuer des flyers dans les boites aux lettres, sur le marché, chez les commerçants etc. mais aussi imprimer des affiches et les répartir dans toute la ville (panneaux d'affichage, commerçants, salles associatives). Ce moment a été une étape clé pour se faire connaitre. Par ailleurs, une annonce a été passée dans le Brev'info, petit journal local de la mairie très lu à Saint-Brevin. Au delà d'un simple média de communication, ce fut pour nous un outil de reconnaissance auprès des brévinois, nous ayant permis de susciter l'intérêt de certaines personnes, qu'un flyer sans source reconnue n'aurait pas pu générer.
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Des cartes postales parmi les cartes postales. Cherchez l'erreur !
Espace d'affichage libre Ă Saint Brevin: nous en profitons.
http://www.corsept.fr/?date=2014-10-19
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" On était à Saint-Brevin, mais c'est comme si on était n'importe où en France. On avait les mêmes maisons, les mêmes clotures. Maintenant, on est 500mètres plus loin, de l'aitre côté de la Route Bleue mais ça nous a changé la vie".
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RACONTONS, FABRIQUONS, RÊVONS SAINT BREVIN ! Un temps fort ; les Ateliers Publics
moins. Elle ne servira finalement assez peu, mais sera un objet intriguant qui fera s'arrêter beaucoup de nos visiteurs. Notre grande carte de Saint-Brévin vue du ciel occupe l'espace (6 tables rien que cela). Nous ne pensions pas qu'elle rencontrerait un tel succès, beaucoup n'avaient jamais vu leur commune vue du ciel, elle devient notre atelier principal. Pleine de post-it à la fin de la journée, c'est avec elle que nous avons recueilli le plus d'anectodes, petites histoires et récits de territoire.
Le moment des Ateliers Publics, c'est le moment que nous attendions tous, une autre manière de s'ancrer sur ce territoire que nous commençions à connaitre. Ce seront trois journées très intenses, d'échanges, de partage et de négociation. Mercredi 22 octobre, Nous sommes deux à arriver à Saint-Brevin une journée avant le lancement des ateliers. Nous élisons domicile chez Elaine, notre couch-surfeuse attitrée. Après un passage chez nos amis paimblotins, après avoir distribué les dernières cartes postales, acheté le matériel manquant, récupéré les clés de la salle de l'Estuaire, nous nous attelons à la préparation des gâteaux et autres sucreries qui attendent nos brévinois. Il s'agit tout de même de bien les accueillir...
Troisième dispositif, le café anecdotes. Nous l'avons pensé comme son nom l'indique, avec le coin café et gâteaux. L'idée est de sortir d'anciennes cartes postales de la station balnéaire, ainsi que des photographies de moments ou de lieux symboliques : le bac entre Saint-Nazaire et Saint-Brevin, la construction du Pont, le casino, l'avenue de Mindin. Finalement, notre café anecdotes se retrouvera étalé sur notre grande carte, les photos sur les post-it, les post-it sur les photos, les vieilles images dispersées sur la carte etc... Notre atelier cartes mentales et dessins, s'installe près de l'entrée, et connaitra un franc succès auprès des enfants. Nous le complètons avec un dispositif sur les vitres de la salle; du papier transparent et des marqueurs.
Jeudi 23 octobre, Réveil matinal et rassemblement des troupes devant la salle de l'Estuaire à Mindin, au pied du pont de Saint-Nazaire. Nous mettons en place plusieurs dispositifs imaginés avec l'aide de Flore Grassiot.
Enfin, notre dernière installation est une carte projetée, sur laquelle nous proposons aux habitants de dessiner leur parcours, de signifier leurs lieux préférés etc. Cette carte ne sera réalisée qu'une seule fois au cours de la première journée.
Le temps est clément, profitons-en. Notre roulettes à pipelettes prend place dehors, une manière ludique de faire parler du territoire en tombant sur plusieurs toponymes, certains connus, d'autres 49
Première journée particulièrement riche, malgré une matinée très calme pendant laquelle nous sommes allés solliciter le centre médico-social de Mindin. Un groupe du foyer de vie Abri de Jade se déplacera peut être dans la journée de demain. Nous finissons la journée autour de discussions et débats au camping de Mindin, où nous avons loué un chalet pour la nuit. Feedback.
Après une matinée très chargée, nous fermons l'atelier à contre-coeur en début d'après-midi.
Dimanche 26 octobre, Troisième et dernier volet de nos ateliers en ce dimanche. Nous retrouvons la salle de l'Estuaire, dans la brume matinale. Le beau temps est annoncé, et nous tirons partie de notre situation sur la ballade pour y installer un dispositif autonome. Nous profitons du tableau sur roulettes de la salle que nous positionnons sur le passage des promeneurs, en y laissant post-it et crayons, et en posant une question; " SaintBrévin, demain ? Parlez nous-en ! " Intriguées, beaucoup de personnes s'arrêteront, quelques unes oseront prendre le stylo et les réponses sont ... surprenantes! Deuxième dispositif ajouté; une carte de l'estuaire de Nantes à Saint-Brevin et des épingles de couleur; où vivez-vous, où travaillez-vous, où avez vous l'habitude de vous rendre ? Dispositif qui aura le mérite de mettre en lumière les relations de complémentarité entre Saint-Nazaire et Saint-Brevin, et l'oppostion des rives Nord et Sud.
Vendredi 24 octobre Pour cette deuxième journée d'atelier, nous changeons de locaux et nous installons dans la maison des Associations dans le bourg de Saint-Brevin-les-Pins. Nous profitons de l'Epicerie Solidaire qui draine beaucoup de personnes en ce vendredi matin. Les habitants et curieux se succèdent et nous remettons en place les mêmes dipositifs. L'association des Amis de SaintBrévin passe nous voir avec 3 des membres du bureaux, tandis que deux d'entre nous partent visiter le Musée de la Marine en compagnie du trésorier, Henri, rencontré la veille. Les post-it s'accumulent sur notre grande carte et suscitent débats et discussion autour de la table. C'est ce que nous cherchions à provoquer et c'est tant mieux. Comme évoqué la veille, nous accueillons également un groupe du centre médico social accompagné de deux animateurs. Cette venue nous laissera frustrés car nous aurions aimé prendre plus de temps avec ce groupe. La présence soutenue des animateurs ne nous a laissé que peu de libertés dans l'échange. Nous aurions du préparer cette intervention en amont avec ces animateurs, afin d'être à la fois plus justes sur les attentes de cette démarche et mieux armés face à des types d'échange dont nous n'avons pas l'habitude.
Beaucoup de curieux en ce dimanche, nous retrouverons des têtes connues, des habitants passés les jours précédents, des habitants venant sur les conseils d'autres, et nous remplissons notre liste de contacts. On nous apporte des livres, des vieilles cartes, et on nous donne beaucoup, d'informations et de petites histoires certes, mais de temps aussi, d'investissement personnel. "On nous a dit de passer, on ne sait pas ce que vous faites mais on nous a dit, allez à la Salle de l'Estuaire, vous verrez !". A 18heures, il est temps pour nous de fermer la salle, encore une fois à contrecoeur... 50
"Là c'est le Pont, là c'est la route, encore la route. Et là des bateaux. Et l'eau là, elle fait ça, et le sous-marin, il nettoie toute l'eau sale pour qu'elle soit propre" Yohann
Saint-Brevin demain ? Un bac. Avoir un grand centre commercial. D'avoir plein de magasins de monstres chiens. Je veux que la mer soit propre et jolie. Un zoo. Un MacDo. Je veux que des bateaux traversent la mer jusqu'à Saint Nazaire. STOP AUX IMMEUBLES ! Je rêve d'une jolie place avec des bancs, un arbre. Peut être un petit marché couvert. Garder l'identité de SaintBrevin. Des halles couvertes, Un bal populaire.
51
Ces moments de négociation, ces moments partagés entre habitants, et nous, "presque architectes", nous ont révelé toute la richesse de l'échange, du dialogue. Et c'est là, à notre sens que l'architecte doit se placer. Il ne s'agit pas d'un dispositif participatif ayant vocation à faire acquiescer un projet déjà établi mais bien de mettre en place un véritable échange auprès de ceux qui connaissent et pratiquent le territoire. Nous sommes dans la construction d'un dialogue ensemble. Ce sont les habitants qui nous livrent les clés.
Ces trois journées ont aussi été l'occasion de sortir du cadre pédagogique, de s'en extraire, et de se retrouver à cinq, quelques jours immergés. Ces trois jours, ce n'est pas seulement le moment où l'on a ouvert l'atelier, c'est aussi toutes les discussions, les réflexions, les débats que nous avons pu avoir le soir, ce sont tous nos moments de "feedback" informels, ce sont nos rires, nos engueulades qui ont féderé notre groupe à cinq et ont été déclencheurs de projet. Parce que le récit de cette aventure, c'est aussi une aventure humaine et un récit collectif.
A droite, retranscription cartographique des paroles recueillies sur la grande carte. 52
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L’ambiance a beaucoup changé. Rituels du bac, autour de la mer vente de poisson,
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PROLONGER L'ÉCHANGE Après quelques semaines d'immersion, nous mêmes commençons à être reconnus à Saint-Brevin. Nous klaxonnons, et disons bonjour à Chantale dans la rue, saluons une élue qui nous reconnait à la boulangerie, nous nous nous retrournons sur notre chemin; "c'était Bernard !"
Après ces moments forts de rencontre, d'écoute, l'histoire continue. Ce que l'on nous a offert, il faut le ménager. Toutes les paroles, les émotions, les témoignages que l'on a reçu sont des biens précieux dont il faut prendre soin et bien veiller à ne surtout pas les laisser glisser dans la poubelle de la consommation immédiate. C'est alors que se met en place un autre temps d'échange et d'aller-retours.
Prolonger l'échange, c'est aussi reprendre contact. En présentant l'avancée de notre travail aux personnes rencontrées tout au long de l'aventure, nous avons pu de nouveau entrer en écoute, considérer leur critique, et les intégrer au projet.
Donner, Recevoir, Rendre Par ailleurs, il est aussi arrivé une situation inverse, où nous n'étions pas en posture de provoquer, relancer cet échange, mais de le recevoir, de l'accepter. Lors des ateliers publics, nous avions en effet rencontré Jean-Yves, chroniqueur de Ouest France, intéressé pour suivre notre travail, qui nous a recontacté. Et c'est avec lui que nous préparons la restitution de notre travail auprès des habitants. Il compte en effet écrire un article a partir de ce mémoire, pour annoncer la date de la restitution. Cette présentation publique nous tient a coeur, car c'est aussi en sortant du cadre pédagogique que l'expérience continue. C'est aussi montrer comment tout ce qui nous a été transmis prend place dans le projet, et ainsi entrer dans un processus de reconnaissance.
Dès la préparation des ateliers publics, nous avons mis en place un blog1, dont nous avons communiqué l'adresse à chacune de nos rencontres. Même si il n'a pas suscité de vives réactions, nous avons pu noter de nombreuses fréquentations à chaque nouvelle publication. Cela traduit l'intérêt et la curiosité des personnes que l'on a rencontré envers notre travail. Ce fut donc un média permettant d'exprimer une première forme de reconnaissance commune, mais aussi d'exposer à toutes les personnes rencontrées la trace d'un travail en cours de fabrication.
1 : https://estuaire2029ateliers. wordpress.com/ 54
https://estuaire2029ateliers.wordpress.com/
L'aventure a aussi des limites. Faire un projet avec les habitants, certes. Prendre, reprendre des contacts. Rencontrer, écouter. Mais cette aventure s'inscrit aussi dans un cadre pédagogique et sur des temporalités qui, de fait limitent une implication totale. Jusqu'où va-t-on dans cette démarche ? Comment calmer ces envies débordantes de faire, d'organiser, de recontrer. C'est de la frustration que nous ressentons de ne pouvoir organiser des ateliers avec le Foyer de Jade à Mindin, parce qu'il faut un temps de préparation très long avec les animateurs
et les aides-médicaux psychologiques, c'est la frustration de ne pas avoir pu rencontrer chaque habitant des quartiers sur lesquels nous décidons de travailler, c'est la frustration de ne pas avoir eu le temps de planter un barnum avenue de Mindin ou sur le marché pour questionner, écouter, proposer... C'est au basculement entre la réalité du terrain et la fiction pédagogique que nous nous posons les questions des limites d'une telle démarche, et en l'occurence les limites d'une temporalité finalement très courte.
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HORS CADRE 56
La compréhension que nous avons du territoire s'est faite par l'assemblage de multiples fragments. Fragments sensibles de notre perception, renvoyant, pour chacun d'entre nous à des souvenirs et des symboliques que nous projetons de manière plus ou moins consciente sur le territoire; Fragments de données, d'archives, de traces cartographiées que l'on réinterprète et recontextualise; Fragments livrés par les habitants, de mémoire, de souvenirs, de récits re-enchantés, sublimés, noircis. Chacune de ces pièces, il nous faut bricoler pour les assembler, en acceptant que le puzzle soit fait de trous et de surépaisseurs, et ne prenne ni la forme ni l'aspect que l'on imaginait en ouvrant la boite. Ce qui fait la richesse de cet assemblage, c'est aussi qu'en croisant les pistes, ce sont celles et ceux qui la pratiquent d'ordinaire qui sont amenés à se croiser, et pourront se passer le relais. Le projet n'a donc pas une entrée unique, menant de manière linéaire à une sortie unique, mais bien une diversité d'approches qu'il nous faut saisir, bricoler et retranscrire, dans un aller-retour permanent entre le terrain et des moments de prise de recul. Alors que les deux premières parties de ce mémoire apparaissent comme la trace de la manière dont nous avons abordé le territoire, de l'assemblage d'éléments nous ayant permis la compréhension que nous en avons aujourd'hui, nous allons, dans cette troisième partie, exposer un autre degré de lecture, agissant comme une synthèse. Il ne s'agit en aucun cas d'une séparation binaire et chronologique entre une phase dite "analytique" isolée de ce que l'on appellerait "projet", mais bien d'un autre degré de lecture sur le territoire, d'un moment de prise de recul en permanence remis en question par un jeu d'aller-retour sur le terrain.
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58
Une ville archipel ? Cartographie ressentie de Saint-Brevin. Collage à 10 mains faisant écho une représentation que l'on se fait du territoire suite aux ateliers publics et à deux mois d'immersion. Onze univers s'en dégagent: la pointe de Mindin, les établissement médico-sociaux de Mindin, le tissu résidentiel des Pins, le bourg des Pins, le bourg de l'Océan, le tissu résidentiel de l'Océan, les lotissements de la Prinais, la Guerche, le bourg de Corsept et ses hameaux.
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L'ÉMERGENCE D'UNE FIGURE
Notre compréhension du territoire s'épaissit au fil du temps. Après les ateliers publics, la représentation que l'on en fait se précise, quelques intuitions se précisent, des questionnements émergent.
Une ville archipel ? En cherchant à se représenter le territoire par la cartographie ressentie présentée précedement, Saint-Brevin nous est apparu comme un archipel dans lequel différentes insularités distinctes se dessinent, autant par l'imaginaire qu'elles convoquent, que par les pratiques qui leur sont propres. Tous ces univers ont cependant un point commun; un point d'accroche ou de friction avec à la Route Bleue.
entre la mer et la route bleue, qui nourrit l'imaginaire de la station balnéaire à travers les grands Pins, les Brévinoises2, les villas, et sa proximité à la plage. Dès lors, il y aurait le Saint-Brevin "hors-cadre", celui que l'on ne veut pas voir s'étendre3. Cet "autre côté", si on en connait bien certains aspects pour les fonctionnalités précises qui leur sont attribuées (zone commerciale très fréquentée, établissements médicaux sociaux, ancienne décharge sauvage), laisse aussi, dans la représentation des Brévinois, une grande place à l'inconnu et à l'indifférence. En pointant des lieux sur une carte, on nous répond vaguement "ici… je ne sais pas, c'est des pré-marais", ou plus simplement, "c'est la campagne".
Cadre, hors-cadre; l'émergence de la route bleue Toutefois, cette infrastructure omniprésente, sépare, isole. Les rencontres et échanges des ateliers publics, témoignent d'une territoire fracturé. On nous parle "du bon côté" et "du mauvais côté", de "l'autre côté". La carte des paroles1 met nettement en opposition "une situation géographique top", "un cadre de vie très bien" à " des quartiers "courants d'air" dans lesquels "il faut tout le temps prendre la voiture". Il y aurait le Saint-Brevin du "cadre", celui contenu
1 : Voir page 53 2 : maison typique de SaintBrevin dont l'itinéraire avec Alain a révélé l'importance symbolique 3 : cf carte des paroles p.53: "il est temps que ça s'arrête de construire, ça va ressembler aux villes espagnoles" 60
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périmètre de pertinence
Centres Médico Sociaux de Mindin
Mindin La Prinais Bel-Air
Le Grand Ruau
Le Plessis
Parc d’activités de la Guerche
SAINT BREVIN LES PINS
La Guerche
La Nom-Luce
Saint Brevin l’Océan La Quatretais
Les Rochelets
L'Ermitage
La Pierre Attelée
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La route bleue et son épaisseur L'émergence d'une figure: la Route Bleue. Dans les années 70, par son tracé, la route Bleue est venue contenir la ville. Avec l'essor du développement urbain, et notamment des phénomènes de périurbanisation et de littoralisation du territoire, des quartiers entiers (la Guerche, la Prinais, le Grand Ruau, le Plessis, la Non Luce, la Quatretais etc.) se sont développés au delà de cette infrastructure. Cette "infrastructure fracturante" n'est pas le simple tracé de la route. Elle prend de l'épaisseur, dessine bretelles de sorties, giratoires, sorties de sécurité, rond-points. Elle génère talus, murs acoustiques et autres installations technico-fonctionnelles lui permettant d'exister. En se déployant, elle crée des interstices oubliés: isolats infranchissables ou espaces de mise à distance règlementaire.
Transfert des bourgs Saint-Brevin, c'est aussi deux bourgs, deux coeurs qui battent à contre temps; L'Océan comme centre saisonnier1, qui s'anime l'été, et les Pins, comme centre ville2 plus institutionnel et administratif, qui vit tout au long de l'année.
Les ateliers publics ont fait prendre de l'épaisseur à notre manière de percevoir le territoire, la vision habitante, la réalité vécue, se superpose à nos premières pistes, et confirment nos premières intuitions. Et si on re-questionnait le rapport à l'estuaire, quant la ville est tournée vers l'Océan? Et si on interrogeait ce cadre et ce hors-cadre, cette fracture et son épaisseur ? Et si on retournait la carte postale ?
Stratification sociale Il y aurait donc Saint-Brevin Ouest, et SaintBrevin Est, deux figures très distinctement séparées par la route bleue. Du nord au Sud, suivant l'axe de la départementale, la commune se décompose aussi par strates sociales, entre Mindin, les Pins et l'Océan. A Mindin et aux Pins, les typologies bâties sont modestes (petites maisons de pêcheurs, et Brévinoises). Plus au sud, à l'Océan et les quartiers des Rochelets et de l'Ermitage, les typologies changent et font place à des grandes maisons de vacances, et à d'anciennes villas belle Epoque. Un habitant nous a schématisé SaintBrevin de la sorte avec ironie: "Si on caricature, Mindin, c'est les prolos, les Pins, c'est les ploucs, et l'Océan, c'est les bourgeois. Quant à l'autre côté de la Route Bleue, pff, c'est les paysans là". Plus on s'éloigne de l'estuaire, plus les populations seraient-elles donc aisées ?
1 2 62
nommé ainsi dans le PADD et le PLU nommé ainsi dans le PADD et le PLU
La fracture
et son ĂŠpaisseur
Figures du territoire. 63
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SE POSITIONNER SUR LE TERRITOIRE Ayant commencé un bout de voyage sur le territoire avec ses habitants, y ayant posé les pieds, ouvert son cœur, s'étant ému, décentré, il n'est plus possible de faire machine arrière. Comment ménage-t-on ce que l'on nous a offert? C'est le moment de faire de son crayon une arme, de rendre la pareille et de s'engager. S'engager pour que les savoirs de Bosco ne se figent pas dans un musée et que les berges de Mindin continuent de chanter. S'engager pour que la tranquilité d'Alain et l'âme de la Brévinoise germe dans les cœurs d'îlots. S'engager pour enchanter le Bodon et ne pas laisser le bourg s'éteindre.
d'une identité brévinoise? Comment ré-enchanter la densité à Saint-Brevin? Comment faire lieux d'espaces aux potentialités en attente? Saint-Brevin, c'est aussi la Route Bleue, cette figure du territoire qui nous questionne. Comment se positionner face à cette infrastructure qui divise, et qui sera toujours là dans dix ans, dans vingt ans ? Comment faire avec elle ? Comment adoucir une fracture immuable dans un contexte d'économie de moyens, sans avoir recours à des ponts ou des tunnels ? A partir de ce "système clivant" qui fracture et divise la ville serait-il possible d’opérer un retournement ? A partir d'un élément qui délie, il s'agit de questionner la mise en lien, à partir de l'imperméabilité, questionner la porosité.
Le territoire n'est pas un simple support, il est fait d'actes qu'il est possible de lier, d'accroches que l'on nous tend. En les saisissant, il est alors possible, de faire "juste un petit peu mieux". Se positionner sur le territoire, s'engager, c'est aussi être au fait de réalités dont on ne peut faire fi.
En assumant cet axe fort comme central de la ville, il est également question de reconnaitre "l'autre côté" de la Route Bleue comme étant aussi Saint-Brevin. Pour cela, l'idée n'est pas de repenser l'infrastructure par l'infrastructure mais plutôt, de venir travailler de part et d'autre, en l'inscrivant dans un système inclusif, et en tentant de ré-enchanter des lieux en attente, donnant ainsi naissance à de nouvelles dynamiques. C'est à partir de ces trois actes, faire lieux, faire lien, et inscrire la route dans un système englobant, que la proposition de projet prend forme.
A l'horizon 2022, 2800 personnes sont attendues à Saint-Brevin1.Il faut donc créer les conditions pour les accueillir au mieux, ménager une place hospitalière. Quelle alternative au mitage sur les terres arables engendré par l'extension du pavillonnaire de ces 20 dernières années, quand les immeubles construits en centre-bourg constituent un traumatisme auprès des habitants, se sentant en partie dépossédés 1
selon le Projet d'Aménagement et de Développement Durables. 65
Faire lieux (Ré)équilibrer ? Sur ce territoire archipélique formé d'univers variés, cinq interventions prennent place de part et d'autre de la route bleue, chacune dans des situations singulières. En des lieux parfois oubliés, innomés, hibernants, des lieux en attente, ces actes engagent un réveil en douceur, une mise en mouvement. Deux d'entre eux s'appuient sur des repères reconnus qu'il faut raviver: La pointe de Mindin, punto final de l'estuaire au fort décapité, et la place Henri Basle, espace fédérateur rayonnant dans tout le pays de Retz le temps du marché, éteint le reste de la semaine. Alors que ces deux interventions viennent sublimer et redonner de l'ampleur à une force latente que l'histoire ou les temporalités de la semaine ont mis sous silence, les trois autres agissent par retournement. En effet, en travaillant sur des espaces d'interstice, insoupçonnés, des marges sous-estimées, elles tentent de faire basculer des espaces ignorés en de véritables lieux, en révélant leurs potentialités. Ainsi, l'ancien lazaret, territoire de souffrance et d'enfermement s'ouvre à la ville, et devient ville par la poésie et le language. Dans les cœurs d'îlots des Pins, espaces magiques repliés sur eux-mêmes, on s'accroche à son voisin pour rêver d'un avenir à repenser ensemble. Le fil du Bodon, quant à lui, devient une terre fertile le long de la Route Bleue. De part et d'autre de la Route Bleue, on fait lieux. Saint-Brevin se réveille de l'intérieur.
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Rêve d'Estuaire
s'ouvrir à l'altérité
Les forts d'une halte
extension vers un jardin de mémoire agissante.
Mindin
Des Sylphes à Gargantua
rêver l'îlot et le "faire ensemble"
Re-situer le pavillonaire la balade bleue du Bodon
Saint-Brevin-les-Pins
Cohabitudes
plusieurs visages pour une place publique brévinoise
N Faire Lieux 67
0
500m
Faire lien Parallèlement, d'autres traces demeurent, plus fines, moins évidentes, sur lesquelles il est aussi possible de s'arrimer. Inexploitées, elles laissent le champ des possibles ouvert. Ainsi, le Bodon, ruisseau suivant son court dans la bande règlementaire des 100m séparant la route bleue des quartiers pavillonnaires se faufile à l'arrière des jardins pouvant dès lors se retourner vers un grand parc aboutissant à l'estuaire. Il apparait donc comme une potentialité à saisir, permettant de lier les interventions entre elles dans un parcours rythmé par différentes séquences paysagères.
Tisser
Agir de part et d'autre de la Route Bleue, c'est avant tout relier des actes et des personnes, réveiller des lieux en attente passe par l'engagement porté par ceux amenés à les pratiquer. En convoquant "l'intelligence collective" propre au pays de Retz, les habitants peuvent se regrouper, les différentes associations entrer en contact, échanger, coopérer, réinventer de nouvelles manière de faire ensemble, et coloniser l'espace public. A la pointe de Mindin, l'association du musée de la marine, militant pour la rénovation du fort, peut, dès lors, gérer un lieu emblématique à Saint-Brevin. Sur la place du marché, l'association La Brévinoise peut désormais organiser des spectacles dans de nouveaux lieux de représentations, réanimant le bourg. Dans les cœurs d'îlots des Pins, les habitants s'organisent en AFUL pour penser un nouveau vivre ensemble, tout en sollicitant le CFA des apprentis
En s'interrogeant sur la fracturation générée par l'infrastructure, il est possible de retourner la question. Qu'est-ce qui fait lien sur le territoire? De part et d'autre de la Route Bleue germent des dynamiques naissantes. Comment entre-elles en interaction? Comment passe-t-on de l'imperméabilité à la porosité? Tout d'abord, il existe des accroches préexistantes déjà bien ancrées, instituées, pratiquées sur lesquelles il est possible de s'atteler: la ballade du littorale foulée par de nombreux promeneurs, la ballade de l'estuaire aboutissant à la pointe de Mindin, qui acceuillera la Loire à Vélo d'ici 2017 et le bourg de Saint-Brevin-les-Pins au cœur duquel s'installe le marché deux fois par semaines.
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Ballade littorale. 18 octobre 2014.
Ballade estuairienne. Mindin, 26 oct 2014.
Prairie de Médin. 15 novembre 2014.
Le long du Bodon. 15 novembre 2014.
pour des chantiers écoles. Ces derniers sont sollicités pour construire la charpente de nouveaux locaux pour Cirqu'en Retz à Mindin, où l'école de cirque s'associe à celle de musique et aux établissements médicosociaux. Le long du Bodon, les habitants de la Prinais se regroupent pour profiter d'un verger à planter ensemble, dans une "zone naturelle", jusque là impratiquée.
C'est en repensant à la manière de faire lien sur le territoire, en tirant des bords au delà de Saint-Brevin, en ayant en tête l'intelligence collective de Bernard que de nouvelles dynamiques peuvent prendre racine et effacer, petit à petit, l'idée d'un territoire fracturé.
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La logique n'est plus la route Ré-enchanter l'infrastrucure ? Le long de la Route Bleue, la coupure prend de l'épaisseur. Les prés-marais ponctués de menhirs, les interstices plantés, les talus enherbés, les bassins de rétention qui filent le long de la départementale amplifient la mise à distance. Sur ces espaces que nous reconnaissons comme potentialités pour faire projet, l'idée est de proposer des usages, d'insuffler des dynamiques nouvelles. Activer ces lieux, c'est aussi laisser place à l'appropriation habitante et enclencher une véritable reconnaissance collective de ces espaces. Des chemins suspendus filent sur les prairies humides, tandis que des jardins s'installent près des menhirs. Des cheminements se dessinent le long du Bodon jusqu'à l'Estuaire, et de nouveaux logements se tournent vers les bassins de rétention où, au milieu des roseaux, on y pêche la truite. En reconnectant ces espaces les uns aux autres, tels des maillons d'une chaine, c'est une balade buissonière qui se dévoile le long de la Route Bleue. Donner ces chances à toute cette épaisseur, c'est l'inclure dans un système. Et ce système dominant, ce n'est plus le système viaire. La route n'est plus la limite, la logique n'est plus la route mais bel et bien cette allée intérieure sur laquelle la ville se retourne.
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Rêve d'estuaire
ailleurs
cadrer
estuaire
départ
promenade
histoire expéditions la marine le Fort
la Porte
flâner
s’ouvrir
musique
cirque
pêcheries
le Bodon
la mare de la quarantaine
estuaire
rive
désir
vélo
Les forts d'une halte jardins
prés-marais
prairie
chemins de traverses
Gargantua
ligne d’eau
roselières
marais
halte chemins de traverses
prairies humides
les pins dimanche
chemins de traverses
... à Gargantua Des Sylphes rêver
coeur d’îlots roseaux
Re-situer le pavillonaire
ensemble
au fil de l’eau
jeux
habiter
enfants
pêchers
canards potagers
bernaches nonettes Duchesse Anne
La balade Bleue du Bodon
ferme pommiers
ajoncs hérons jogging
les vergers partagés le Bodon
poiriers
pêche à la ligne les pins cerisiers balade
roselières
ligne d’eau plage le front de mer le bourg
rituel poissons
marché
Cohabitudes la Brévinoise
Cohabitudes
N La logique n'est plus la route. 71
0
500m
Quels documents, mini schémas historiques ? Carte de situation dans l'Estuaire, éventuellement vieilles images ...
laccaec ullecab ipsanture suntectem fugiat ut omnimus, ium corerum inulles aut aborecatur? Em is sunt lab in rernatur, cone quae nis sunte sundis eatios des eaquost haribus cimagnam nis eos doluptatur? Hil iduci de pra vitatia quo exerum eos andio ommoluptis eos enet restium, archill essitio explabora veniti tem sequam voloritem que re libusa dolendendit od molorrum fuga. "Empore volut pliquibus duci doluptates et quae nis del ideliqui dolor sundipsamus anitas et quam re de vide volor am, ni voluptium arcil ium, officietur aut aut volupta quatum iumendi ut omnimintesto verrore ctatectem dit landi sus et, sita alignatem ipsunt lam, quis di dolupta tiuscium ullaccum ut vollati andamus sumquo quiaeriasped maio et eate veleseque omnimi, quam quam re nones quuntium amendia sim in ratur aut asintiatecum eatem dus rem fuga". Nam faccus aditi ullibusam, tore il mosam nimaio es mos alit el maio voloreces dionsecum ipsa ne vel expelibus seque pra dipicillaut ex experibus, ime vendipiendis res et vita ilic te dolut aciis ra se nonsent pre re quam verchillecto ipienduciis volupta vel iur, que invelit aperum iusci untum ut et, apercient intium fugit lacest, cuptat. Estem. Ut voloreperum adigeni hicitis apita doluptate volectur sim quas aut explitibus moditas eratistrum volorepre odit que ium ditatemolut archilignis ut sus. Vit fuga. Sitatius dolesequi occumque necaerioria niminih ilibus reiciliti Jour de marché...
Mendipis doluptur alitatur? Ferum fuga. Et et eum harum enectur? Imincti nvellabo. Musantis et, sende debit elest lantet pel minis di doloribus eiciendaecus dolles si tem de qui dolorum quaessi coreic temqui conestiis reptat qui omnihil etur? Iligenis sin ne doluptaes sundi atquis mil modis dercipsam, qui unt que et oditasi minvent quam dionsequam, inullum, nonemos ame none venima cum lam ipsus conseque volupic illiquae pa cum sinum ditatis dis et alibea nimolor eperae consendebit, vende plam solum diorum exces ulleseq uiducia nobissi duntium quodi con plam quatincipsus et ab iustrum quam aut aut et, ut quo volore ipistis qui quam essequatus sum inctectatius explicient qui di nonsedi taquas sus.
Titre paragraphe. Les clémentines sont vraiment bonnes. Vit fuga. Sitatius dolesequi occumque necaerioria niminih ilibus reiciliti ute doluptas dolecae mos dolorro omnis et quodipsum elecest iscit, con est, et volor arupturem sitiost, a quidionsequi conet paris et aliquam lauta nus doluptia commolut et quos eos quunti sit milla quo explatia periorpos et aligentio. Apellam lanto iliquae offictaque doloria tectoratur magniantibus et eaquae as eosapicabor
Titre paragraphe. Ah bon ?! sandera tessumque od et es et molecae pudiore nonse dolutent eatia nulpari busaecto magnient latemporest, sequisciet aute simi, aut pratum ventem faccati istrupt atempel laccaep erepudi tene peruntibus vitiam aut oditatis ma corunt occum explati consed quias duntet hil eos vellor ad et mod et pratatiorem harum eserati ustions edipissi odi odi nectem. Et qui as quamus et magnimus aborro velent, ex everestiae
Très vite, nous avons entendu parler du marché. Il était l’une des réponses à la question du dynamisme de Saint Brévin. « Il y a le marché ! ». Nous avons donc fait en sorte de venir voir ce que donne, un dimanche matin, la place Henri Basle sous les étalages. Etirée du nord au sud sur un peu plus de 250m, cette place n’en est pas tout à fait une tant tout y semble éloigné, distendue. 72
Un dimanche au marché, 7 décembre 2014
COHABITUDES Plusieurs visages pour une place publique brévinoise.
L'habitude d'un marché qui arrive deux fois par semaine, change le visage d'une place et installe avec ses parasols une convivialité momentanée. L'habitude, aussi, du rythme des départs qui laissent derrière eux le vide d'un parking et l'idée que peut être, il pourrait s'ypasser beaucoup plus... Et si cette place devenait, au coeur du bourg brévinois, un véritable espace public, un lieu d'habitudes en cohabitation?
Coupée en deux par une avenue à double sens, elle se constitue de deux rives qui ne sont en temps normal que de grands parkings. Sa topographie lui donne en revanche un grand intérêt puisqu’elle fixe un point haut en son milieu. Pendant le marché, le parcours de l’avenue centrale est ainsi marqué par le jeu du relief. Les étalages l’accompagnent en partie, organisant une procession de touristes et de Brévinois chargés de leurs cabas. C’est ici que nous avons choisi de faire une partie du travail de communication quand le temps des ateliers publics est arrivé. Difficile, cependant, de trouver beaucoup de Brévinois « pures souche » dans le marché par une journée ensoleillée d’octobre. De nombreux Nantais (notament) profitent du moindre rayon de soleil pour retrouver la plage à Saint-Brévin le temps d’un weekend. Les commerçants pour leur part, sont des habitués des marchés de la côté de jade ou du pays de Retz. Certains agriculteurs présents proposent également des ventes à la ferme (souvent entre Saint-Brévin et Corsept).
Implantation actuelle du marché, Place Henri Basle. 73
Solène Gautron (master)
Echanger, comprendre.
Pourtant, l’idée d’enclore le marché ne nous à pas parue pertinente. La balade linéaire le long de l’avenue Henri Basle, les plus petits parcours resserrés sur chacune des deux « rives », l’invasion des étalages dans les rues adjacentes, voila ce qui construit le marché et lui donne une identité. Cependant, une intervention sur cette place trouve un sens à plus d’un titre.
Plus tard, pendant les ateliers publics, nous avons compris à quel point ce grand marché des jeudis et dimanches matins tenait une place importante dans le rythme de la vie Brévinoise. Déjà, des enjeux, des attentes autour de cet événement hebdomadaire s’exprimaient sur les post-it. « Quel avenir pour le marché de Saint-Brévin ? » Les habitants rencontrés semblaient d’accord pour dire leur attachement au marché mais manifestaient parfois une légère inquiétude.
Tout d’abord parce que la place Henri Basle est le dernier point d’un chapelet de lieux qui part de la mer, à l’Ouest et fabrique le centre jusqu’à la Route Bleue, à l’Est. Une position stratégique, donc, dans le cadre de notre enjeu global; faire disparaitre la « fracture » Bleue. Le dernier maillon du chapelet, en changeant de visage, pourrait activer un nouveau rapport avec ce qui se trouve aujourd’hui « par delà » la 4 voies et ainsi prolonger le parcours, cesser d'être une dernière étape.
La question de halles couvertes nous a alors été directement posée. De nombreux marchés de la côte s’abritent en effet dans des structures fermées (Saint-Nazaire depuis 1936 et 1950, La Baule en 2013, le Pouliguen en 2014…etc), un moyen, dit on, de mettre en place des pôles économiques structurants, de consolider et de diversifier l’offre commerciale du marché et d’assurer sa pérennité. Après plusieurs échanges avec les commerçants, nous avons compris que ce projet était en discussion au sein de la mairie depuis un certain nombre d’années.
Ensuite, parce qu’une fois le marché parti, le lieu perd véritablement tout son charme. Son aménagement fonctionnaliste manque d’intérêt et n’exploite que très peu les réels potentiels que sont la topographie, la présence de quelques rez de chaussée commerciaux et les multiples possibilités d’entrer sur la place (venelle, rues venant du bourg, de la Guerche, de Saint-Brevinl’Océan…). Certains Brévinois nous ont parlé, pendant les ateliers, du manque d’espace public dont souffrait leur bourg. La place ne pourrait elle pas être le lieu d’une réponse à ce besoin?
Enfin, une rencontre viendra consolider ces intentions et enrichir le récit d’un lieu à projeter. C’est au mois de novembre que nous avons rencontré Yvonnick Chéreau. Prof de science à Nantes, il est aussi le président d’une association : La Brévinoise. Fondée en 1954 avec la construction d’un petit cinéma
Faire "un peu mieux" sur la place Henri Basle.
Paroles de Brévinois, Post-it déposés pendant les atliers publics. 74
Etude, premier collage pour des halles cohabitées.
dans le bourg de Saint-Brévin-les-Pins, l’association regroupe une cinquantaine de bénévoles. Ce qu’elle fait exactement, nous avons mis du temps à le comprendre… En réalité La Brévinoise trouve son identité dans le bâtiment qui lui appartient, elle y propose une programmation culturelle basée en partie sur le travail d’associations locales ou d’artistes qu’elle accueille en résidence. Mais avant tout, La Brévinoise est fédératrice, elle regroupe par son action d’autres structures et les aide en leur offrant parfois des espaces de travail au sein de son cinéma. Pourtant, le cinéma Le Brévinois sera détruit dans moins de 3 mois. L’association à été contrainte d’abandonner cette « maison » amiantée et ne répondant plus du tout aux normes. Avant cela, il y avait eu plusieurs essaies pour se retourner : des idée de réhabilitation, des envies de neuf… Mais de conflits politiques en coups manqués, la Brévinoise se retrouve aujourd’hui sans domicile fixe.
Le Lieu auquel nous pensons pourrait alors devenir la nouvelle identité de la Brévinoise et protéger son énergie, ses envies. Un local pour se retrouver et un espace de représentation à petite échelle… Quatres toitures viendraient ainsi se déployer sur plusieurs espaces stratégiques, jonglant avec les usages, entre abris de parking, terrasse couverte, lieu de pause ou de spectacle et marché. Nous somme persuadés que la place a l’envergure nécessaire pour devenir une entrée de ville vivante, un chemin bleu vers la mer, un lieu qui prolonge toute la semaine les pratiques de convivialité du marché et joue avec finesse de sa polyvalence, de ses multiples visages.
En écoutant Yvonnick, les halles place Henri Basle nous reviennent en tête. Un structure légère, peut être partiellement fermée, pourrait abriter bien plus qu’une partie du marché. Et si des toits sur pates s’introduisaient de part et d’autre de l’avenue centrale, suffisamment simples, souples pour accueillir des usages changeants ? 75
Solène Gautron (master)
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Halte Ă Mindin. 29 septembre 2014.
LES FORTS D'UNE HALTE Extension vers un jardin de mémoire agissante
Le projet se situe sur la pointe nord-ouest de Mindin, ce lieu qui fait figure d'articulation entre la Loire et l'Océan, formant avec Saint-Nazaire la porte d'entrée de l'Estuaire. Les promeneurs brévinois, les pécheurs estuairiens et les estivants venus d'ailleurs s'y côtoient et contemplent, ensemble, le tableau majestueux qui s'offre à eux et que les allées et venus indécentes des bateaux et le bruit lointain des chantiers de l'autre rive viennent animer.
Un lieu porteur d'imaginaires.
rythme des embarquements et des débarquements, la salle d'attente de ses traversées estuériennes persiste toujours à faire fièrement face à cet ailleurs, si près d'ici. Les pratiques de pêches subsistent elles aussi, même si les professionnels ont désertés le petit port de mouillage, de nombre amateurs continuent à venir mettre a l'eau leurs embarcations ici, et deux port à sec permettent le stockage de ceux-ci sur une 40ène de place. Enfin, Mindin est, comme nous avons pu le voir, un lieu de passage privilégié des promeneurs pédestres et cyclopèdes. Il représente en effet le point d'arrivée de la Loire à vélo ; un véritable "Saint-Jacques de Compostelle" pour ces cycliste qui ont parfois parcouru plusieurs des centaines de kilomètre, et fait aussi partis des étapes du vélocéan, très pratiqué durant les périodes estivales. C'est donc un lieu riche d'histoire et de pratiques que nous avons décidé d'investir,
De la tranquillité que ce lieu dégage, se dévoila petit à petit à nous l'histoire riche qu'il contient. Cette pointe, ce bout, ce ponto final de la Loire à toujours été un endroit stratégique du contrôle maritime et fluviale de l'estuaire. Des le milieu du XVIIIème siècle un fort y est édifié, qui sera par la suite remplacé par un autre en 1861 (celui-ci abrite depuis 1983 le musée de la Marine). Par la suite et durant la seconde guerre mondiale, ce n'est pas moins d'une dizaine de bunker qui y sont construit et dont les ombres grises jalonnent toujours le paysage. Et puis la tour - seule détentrice d'une verticale qui vient défier les horizons - qui guide l'entrée des bateaux dans les cales Nazairiennes. Mais c'est aussi l'imaginaire d'un départ, celui du bac qui des années durant reliait Saint-Brévin à Saint-Nazaire, avant que l'immence pont ne soit construit. Aujourd'hui si Mindin ne vie plus au
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Clémentine La Joie (master)
et sur lequel les brévinois portent un regard particulièrement attentif. En effet les habitants ont déjà montrer leur attachement a ce lieu, quand, en 1998 une association de défense de Mindin était créé afin d'empêcher la construction d'un 'jardin des trois continent' projeté à cet endroit et qui prévoyait la construction de haut murs cachant la vue sur l'estuaire.
de l'Atlantique, qui souhaite transmettre au public cette mémoire qui lui tient tant à coeur : "Je ne veux pas que se perde ce trésor, ce patrimoine unique dédié à la construction navale à laquelle tant d'ouvriers brévinois ont contribué." Depuis plusieurs années nous explique-til, l'association cherche à faire reconstruire la partie haute du musée - celle-ci fut rasée durant la seconde guerre mondiale pour y installer des batteries de missiles - afin de lui redonner sa structure initiale. Un projet de chantier école est actuellement en discussion avec la mairie, afin d'impliquer dans la reconstruction de ce toit terrasse les compagnons tailleur de pierre.
L'effort d'une reconstruction. Lors des ateliers publics que nous avons fait dans la salle de l'Estuaire (ancienne salle d'attente du Bac), il nous apparut comme certain que la redéfinition des espaces publics de la place permettrai de révéler encore d'avantage la magnificence du paysage qui s'offrait a nous. Le hasard voulu qu'a l'issue de la première journée, nous recevions la visite d'Henri Poinot, trésorier du musée de la marine, qui dossier en main, nous présentai sa volonté de crée une extension au musée. Géré pas une association qui
Le projet des forts culturels. Profitant de cette volonté forte des acteurs locaux, nous avons décidé de prendre part au projet et d'imaginer une deuxième phase d'extension au musée de la marine ainsi qu'une revalorisation de l'espace public qui lui est attenant. En effet le musée est actuellement au coeur d'un espace paysager encombré, ce qui en contraint largement la visibilité depuis la route et les promenades piétonnes présentes. Il s'agit donc de redonner de la lisibilité à cet espace, en s'appuyant notamment sur les qualités qu'il possède ; sur sa partie nord-ouest un talus de 6 mètres - issus
compte aujourd'hui plusieurs dizaines de bénévoles, tous passionnés par la vie et le passé maritimes de Saint Brevin que le musée révèle à l'occasion d'expositions estivales. Plus tard nous rencontreront le directeur de l'association ; Alain David, petit-fils d'un chef d'atelier de voilerie aux Chantiers
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des anciennes fortifications du XIXème siècle - propose une promenade haute offrant une vue panoramique sur l'estuaire auquel nous voulons intÊgrer le musÊe. En redÊfinissant des perspectives et des accès entre l'espace public, le musÊe et les promenades existantes nous cherchons à redessiner cet espace comme un ensemble culturel paysagÊ. La nouvelle extension y tiendrai place de phare, redonnant ainsi au fort de Mindin à la foi sa stature initiale et un rayonnement à l'Êchelle du territoire. L'extension en elle même se situe en porteà -faux sur le toit du musÊe se mettant en tension le bâtiment existant pour mieux le rÊvÊler. Contenant un programme mixte, composÊ d'un cafÊ, d'une librairie des savoirs maritimes et d'un auditorium, celle-ci permettrai alors une extension du domaine de la transmission culturelle et historique. En permettant l'accueil de groupe touristique ou pÊriscolaire et en valorisant de vÊritable espace de dÊbat et de
discussion autour du patrimoine maritime et fluviale le musÊe deviendrait un espace de mÊmoire agissante. Un nouvel espace d'exposition possÊdant, grâce à sa surÊlÊvation, une vue imprenable sur l'estuaire, permettra aussi à l'association d'exposer l'ensemble de ses oeuvres.
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ClĂŠmentine La Joie (master)
DE MULTIPLES DE MULTIPLES ESPACES ESPACES PAYSAGÉS PAYSAGÉS Bassin Bassin de rétention de rétention
Parcelles Parcelles
DE NOUVEAUX DE NOUVEAUX USAGES USAGES AUXAUX NOUVEAUX NOUVEAUX MÉNAGES MÉNAGES
Promenade Promenade / Pêche/ Pêche
ZoneZone naturel naturel
Projet social Projet: social : Agriculture Agriculture / Verger//Verger Potager / Potager
Coupure Coupure d’urbanisation d’urbanisation Terrain Terrain AgricoleAgricole
Parcelles Parcelles à Renouveler à Renouveler
Construction Construction d’un nouveau d’un nouveau front bâtifront bâti
ZonesZones Bocagères Bocagères Arbres /Arbres Marre/ Marre
Restaurant Restaurant Agriculture Agriculture Locale Locale
Banc / Halte Banc / Halte Cabanon / Cabanon
Densification Densification
ZonesZones Vertes Vertes Herbe /Herbe Pelouse / Pelouse
Bâtiments Bâtiments et Mobilier et Mobilier urbains urbains
Bâtiments Bâtiments CollecifsCollecifs (R+5) (R+5)
Le Bodon Le Bodon RuisseauRuisseau d’assainissement d’assainissement
DIFFÉRENTS DIFFÉRENTS INFRASTRUCTURES INFRASTRUCTURES
Mur Acoustique Mur Acoustique Levée Levée 80
RouteRoute BleueBleue Route départementale Route départementale
Franchissement Franchissement sous voies sous voies
RE-SITUER LE PAVILLONNAIRE La balade bleue du Bodon
Ce projet s’implante à l’est de « la route bleue » au Grand Ruaud, dans les quartiers pavillonnaires de Saint Brévin. Ces tissus urbains furent développés entre les années 1970 et 1990 suite à la construction de la route bleue en 1975. Construit à l’emplacement des terrains agricoles situés à l’est de la ville, ces quartiers peu denses sont principalement composés d’habitats.
Développées en accord avec les principes de l’urbanisme de cette époque, ils se sont étalés le long de la ville, du nord au sud, empiétant sur les terres agricoles. Ils représentent aujourd’hui le phénomène d’urbanisation que l’on nomme communément péri-urbain, et dont on connait les caractéristiques. Cette urbanisation générique et extensive connue son essor dans les années 1990 où l’on a décompté une livraison de plus milles permis de construire en sept ans. La loi relative à la solidarité du renouvellement urbain (Sru) n’étant à cette époque pas appliqué, (le décret d’application date des années 2000) la plus grande partie des constructions se sont construites sur des parcelles de plus de 1000 m2 pour une emprise au sol fluctuante entre 120 et 170 m2. En revanche, la présence de zone humide sur ces territoires a contenue l’extension urbaine, l’établissement du SCOT du Pays de Retz empêchera définitivement l’étalement de ces zones en
définissant des « coupures d’urbanisation » sur le territoire, interdisant ainsi leur urbanisation.
La densification comme levier Depuis un certain nombre d’années, la ville de Saint-Brévin connait un essor démographique important. Le développement du territoire autour de la métropole Nantes / Saint Nazaire tend à accentuer la dynamique des réseaux, si bien que la ville est devenu un pôle stratégique du territoire. Implantée à l’embouchure de l’estuaire, sur la rive Sud de la Loire, la ville jouit des avantages de cette position, bénéficiant du développement économique de Saint-Nazaire et du Pays de Retz. L’attractivité croissante de son territoire incite la population à s’y installer si bien que la petite cité balnéaire est en passe de devenir une véritable ville balnéaire. Pour réussir sa mutation, la ville doit densifier et diversifier son habitat.
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Arnaud Bobet (master)
Une position à double tranchant.
système par lequel tout débute. De son tracé nait l’implantation du tissu urbain et l’alignement qui s’en suit. De son épaisseur prolifèrent des espaces vides constitutifs : les rocades, les ronds-points, les bandes d’arrêts d’urgence etc… Mais plus intéressant est encore sa dimension juridique qui souligne une autre définition du vide, à travers une marge de recul imposée, le tracé génère une frange de 100 m de large sur toute sa longueur. Ainsi, de la voirie et de son épaisseur se dégagent des résidus, du délaissé. La ville s’est emparée de ces espaces pour implanter le réseau d’assainissement des eaux pluviales. Le Bodon relie l’estuaire de la Loire à l’océan, en traversant ces espaces par des bassins de rétentions, il transporte avec lui l’estuaire de la Loire, sa faune et sa flore. A quelques kilomètres des berges, en plein milieu des quartiers pavillonnaire, on peut voir s’envoler des hérons cendrés et courir des ragondins, on peut sentir le vent qui balance les roseaux tout le long de l’eau. Ensuite, des « zones » inconstructible définit dans le PLU se distinguent des immenses terrains vierges, et s’étendent sur la toute la longueur du quartier. Autrefois cultivés, ces espaces sont désormais délaissés. On pourrait alors se demander si Le code de l’urbanisme et le plan local d’urbanisme ne tendaient-ils pas à générer du vide ? Et si oui, qu’en estil du devenir de ces espaces ? De par leurs qualités, ne devraient-ils pas bénéficier aux habitants ? Ne constituent-ils pas un moyen de faire le lien entre le territoire et les quartiers pavillonnaires à travers le paysage ? Là où le péri-urbain tend à isoler, à couper, et à séparer, ces lieux n’offrent-ils pas des possibilités de relier et d’unifier à nouveaux ?
En effet, bien que sa situation géographie lui assurent des avantages certains, elles contraints toutefois fortement le développement de son urbanisation. La ville s’est développée le long du littoral entre l’océan et les terrains agricoles. Si la politique urbaine des années 1970 autorisait l’étalement urbain comme solution, il n’est plus possible aujourd’hui de l’envisager. Néanmoins, certaines « zones » sont encore permises à l’urbanisation. La ville doit cependant se reconstruire sur elle-même. En revanche, si les propositions affluent à l’encontre du péri-urbain, il est délicat de les faire accepter par la population résidente. S’ajoute à cela, l’urbanisme spécifique de ces zones qualifiées « d’urbanisme de plaques » auquel s’associe souvent une urbanisation dispersée et disparate, et sur lesquels il est difficile d’opérer des modifications sans « démolir » l’ensemble du système. Pour agir, il faut dans un premier temps convaincre les personnes résidentes d’accepter la densification, non plus comme une contrainte qui verrait la perte d’une qualité ou de l’identité de leur lieu de vie, mais d’avantage comme un moyen de ré-enchanter le système en proposant de nouvelles qualités à leurs espaces. Ensuite, il faut trouver un moyen de « greffer », à ces enclaves une urbanité sans fracturer le tissu et l’identité du lieu.
Une richesses de situations Le projet tente de répondre à ces enjeux en se saisissant de l’identité des lieux. En effet, si le péri-urbain semble être construit sur des logiques génériques, il n’en reste pas moins implanté sur un territoire spécifique. Les richesses présentes sur le territoire s’affichent alors comme autant de potentialités. La dynamique de densification semble être l’un des leviers pour les révéler. D’abord, l’infrastructure de la route bleue s’affirment comme le
Des pratiques existantes La confrontation avec les habitants lors d’ « ateliers publics » que nous avions
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organisés a permis de révéler les pratiques et les usages de ces lieux. Certain de ces espaces étaient utiliser quotidiennement pour se promener, marcher où encore se détendre, d’autres, moins qualitatifs, se trouvait dépourvu de toute fonction. Mais sur l’ensemble des personnes que nous avions écouté, toutes exprimaient la volonté croissante de voir s’améliorer les conditions de leurs lieux de vie. Ainsi, nous retiendrons les envies de renforcer et d’assurer les pratiques existantes et d’en développer de nouvelles ; liées notamment à l’histoire agricole du territoire.
I. UN PROJET SOCIAL / DE NOUVEAUX ACTEURS Ré-enchanter le tissu pavillonnaire Développement d’une Agriculture Locale (Verger, Potager, Apiculture) Inter-Pénétration des espaces paysagés dans le tissu Pavillonnaire. II. DENSIFICATION I: UN SYSTÈME ENGLOBANT De nouveaux ménages aux nouveaux usages. De nouveaux habitats pour de nouveaux ménages Un nouveau "Parc Urbain" pour rompre la linéarité du système viaire. Injection de Zones à destination commerciale et économique.
Un scénario en trois étapes. Le projet se saisit de ces « potentialités » pour faire le lien entre les enjeux urbain à l’échelle de la ville, et les intérêts des habitants à l’échelle du quartier. Ainsi, à travers un scénario de densification qui rompt avec le système linéaire de l’infrastructure de la « route bleue » et désépaissit la largeur de sa fracture urbaine, le projet propose sur un modèle participatif, l’aménagement de la « frange » de la route bleue, son urbanisation et le renouvellement des espaces vierges délaissés comme des éléments paysagers productifs (Verger, fermes, agricoles).
III : DENSIFICATION II: DE L’INSULARITÉ À LA POROSITÉ Du périurbain aux quartier de ville Division et remembrement du système parcellaire. Injection de Mixité fonctionnelle et Sociale.
L’idée étant de « briser » le système linéaire de la voirie, d’utiliser de son épaisseur comme substrat aux nouvelles pratiques (détente, flânerie), de conforter celles existantes (chasse et pêche), et de réaffirmer celles qui existaient (Agriculture). Aux emprises existantes, s’ajoutent un nouvel élément paysager qui s’immisce dans le péri-urbain et viennent percoler les fractures. De ces opérations subsistent une modification de la perception du territoire, de nouveaux liens entre les habitants : un désenclavement des insularités ; une porosité de l’infrastructure de la Route bleue.
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Arnaud Bobet (master)
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Impasse Egazel, un coeur d'ĂŽlot mystĂŠrieux. 15 novembre 2014.
DES SYLPHES À GARGANTUA ... Rêver les coeurs d'îlots et le 'faire ensemble'
RÉVELER Saint-Brevin, on y passe, on y dort, on y campe, on y séjourne. Une nuit, un weekend, une semaine. A Saint-Brevin, on s'y installe, on y loge, on se fixe, on y reste. Deux mois, six mois, un an. Dix ans, vingt ans, une vie entière. Aventurier itinérant, jeune ménage, cyclotouriste aoutien, professionnel en résidence, couple retraité ou voyageur d'un temps... On y habite.
Comment répondre à tous ces scénarios, à toutes ces histoires ? Saint-Brevin ne porte-t-elle pas, intrinsèquement, ces réponses en elle, juste là, endormies ? C'est peut être Alain, dont la maison a un sous-sol autonome et habitable, qui ne le loue pas; "c'est trop compliqué". C'est Mme M, avenue de Mindin, qui, seule dans sa grande maison, a mis en location deux studios au rez-de-chaussée. Ce sont les centaines de résidences secondaires, qui dorment une partie de l'année. Et si on remettait en jeu toutes ces potentialités d'habiter qui existent déjà au travers d'une mise en réseau?
Cette grande diversité d'habiter SaintBrevin, diversité des temporalités, mais aussi des habitants, sous entend une multiplicité des offres à proposer. En réponse à l'attractivité croissante de Saint-Brevin, il est nécessaire de réfléchir à des alternatives à l'étalement urbain pour développer des modes d'habiter la ville une semaine, ou bien dix ans.
Sur la base de ces premières intuition, la première proposition est celle de créer un réseau d'hospitalité brévinois, pour fédérer tous ces potentiels d'accueil existants. Réseau, qui pourrait prendre la forme d'un site internet, à la manière d'"airbnb" à la différence que ce dernier, donnerait une visibilité de toutes les solutions proposées pour venir habiter Saint-Brevin; campings, hôtels, chambres d'hôtes, gîtes, maisons inoccupées, étages libres, annexes attenantes à l'habitation principale, auberges de jeunesse ... Une fois les résidents mis en lien avec les acteurs "hospitaliers", l'idée est de penser un contrat ou un type de bail qui laisse place à la négociation, pour 85
Charlène Lefeuvre (PFE)
courte temporalité temporalité moyenne
Ouvriers STX / EADS / Airbus courte mission Professionnels en déplacement Etudiant à Saint-Nazaire Jeune apprenti (CFA BTP)
temporalité longue
Couple en week-end, artiste en résidence Cyclotouristes Loire à Vélo - VélOdyssée - VélOcéan Groupe d’étudiants en vacances Famille aoutienne
Jeune ménage arrivant Couple de retraité Retraité semi-autonome Jeune à déficience mentale non autonome Adulte à déficience mentale semi-autonome
2 jours 3 jours 1 semaine 2 semaines
3 semaines, 6 mois, 1 an ... 2 mois, 6 mois, 1 an ... 6 mois, 10 mois ... 6 mois, 10 mois ... 2 ans, 5 ans, 10 ans ... 5 ans, 10 ans, 20 ans ... 5 ans, 10 ans, 20 ans ... 10 ans, 20 ans, 30 ans... 10 ans, 20 ans, 30 ans...
que les moyens d'échanges ne soient pas exclusivement pécuniers. Ainsi, un ouvrier sous-traitant d'EADS, sur les chantiers à Saint-Nazaire pour une mission de deux mois, habite une maison innocupée à Saint Brevin en échange de l'entretien du jardin, de petits travaux et d'une participation financière moindre. Ou bien, un jeune étudiant au Centre de Formation des Apprentis de Saint-Brevin, qui occupe l'étage d'une maison habitée, en échange de services rendus à ces occupants et d'une participation pécunière symbolique.
habiter en dessous / au dessus de ... habiter en chambre d’hôtes habiter le camping habiter le Foyer d’Accueil Médicalisé habiter l’innocupé habiter le centre médico-social habiter le logement individuel habiter le jardin habiter le logement intermédiaire habiter l’EHPAD habiter l’auberge de jeunesse habiter le foyer de travailleurs habiter l’hôtel habiter la pièce en plus habiter le collectif habiter l’internat
L'idée est de proposer, à travers l'action de la municipalité, des dispositifs incitatifs pour que des initiatives particulières puissent voir le jour. La première de ces actions pourrait être la mise en place d'un -ou plusieurs- architecte(s) de quartier afin d'encadrer, conseiller et accompagner des projets particuliers de surélévation, d'agrandissement d'une maison, de construction d'une pièce en plus dans le jardin, voir d'une seconde maison sur la parcelle... Le tout pour répondre à des scénarios de vie variés; accueillir un parent agé, un étudiant autonome, accompagner le développement d'une activité professionnelle, et pour alimenter le réseau d'hospitalité brévinois mis en place; mettre en location une partie de la maison par exemple. La deuxième action incitative serait de mettre en place un partenariat avec le Centre de Formation des Apprentis en Bâtiment - CFA BTP. L'idée serait de les impliquer dans le processus de construction à hauteur de deux corps de métier par projet, pour ainsi réduire les coûts de mise en oeuvre, et participer au dynamisme et au développement du CFA Loire Atlantique de Saint-Brevin1 -le format du chantier-école allant
Au travers cette première action, il s'agit de révéler et de rendre visibles ces capacités d'accueil existantes, à l'échelle de Saint-Brevin, mais aussi et pourquoi pas, à l'échelle du Pays de Retz.
STIMULER Et si, dans un deuxième temps, on venait stimuler le tissu brévinois existant pour qu'il accouche, lui aussi de solutions, de réponses, de formes d'habitats hybrides face à cette diversité des demandes? Comment amener ce tissu à se reconstruire sur lui-même pour complexifier et enrichir les manières d'habiter ?
1
Deux CFA BTP existent en Loire Atlantique; celui de Saint-Brevin (700 apprentis) et celui de Saint Herblain (1200 apprentis). 86
CORSEPT
Réseau d’hospitalité Brévinois
PAIMBOEUF
FROSSAY SAINT BREVIN
SAINT VIAUD
Donner une visibilité et une lisibilité globale des offres d’Habiter à Saint Brevin, selon les temporalités. Remettre en jeu et réveler des potentiels aujourd’hui peu développés .
SAINT PERE EN RETZ
Un réseau d'hospitalité, donner une visibilité aux capacités d'accueil brévinoises, et du Pays de Retz ?
CONSTRUIRE
complètement avec la philosophie du Centre de Formation-. Enfin, troisième dispositif imaginé; la mise en place d'une aide de la municipalité pour les frais de branchements, la mise aux normes des réseaux d'évacuation, ou autre type de raccordement permettant la viabilité des projets. Une aide de type fiscal, comme la réduction de la taxe d'habitation ou autre si l'on fait partie du réseau d'hospitalité, pourrait également faire partie des dispositifs incitatifs. Dans ce jeu d'intensification du tissu, la municipalité est également amenée à modifier ses outils techniques et donc le PLU; augmenter la surface à bâtir par parcelle pour donner plus de libertés et autoriser les constructions en limites de parcelles, tout en pré-contraignant cette dynamique (hauteurs, retraits, typologies...).
Dans un troisième temps du processus, après avoir révélé des potentiels d'habiter, stimulé le tissu brévinois pour qu'il développe lui-même ses capacités d'accueil, l'idée est aussi de proposer des situations construites. Il s'agit en effet de développer des scénarios concrets pour enrichir le réseau d'hospitalité et répondre à la multiplicité des scénarios et des besoins d'accueil d'une nouvelle population.
Saint Brevin, côté carte postale. Au coeur du tissu résidentiel des Pins, se cotoient la petite Brévinoise, volets ouverts, la villa Belle Epoque, au portail rouillé, la grande maison de vacances, close, comme endormie, les petites maisons blanches, aux toits de tuiles. Nous sommes entre la plage et la Route Bleue, dans le Saint-Brevin "carte postale", celui qui fait rêver. Ce tissu résidentiel est le tissu historique brévinois. Très tramé, il a été conçu à partir de grands axes, percés au milieu des dunes de sable au début du XXe, au moment de la plantation des pins. Au cours des siècles passés, il a petit a petit été remembré, pour passer de grands domaines de 5 à 6 hectares, à des parcelles qui font désormais 650m² en moyenne. Au coeur de cette grille, la figure de l'îlot se démarque. Ce tissu, c'est aujourd'hui l'âme brévinoise. Ses pins et ses petites
Architecte de quartier
Partenariat CFA Bâtiment
Aide financière
Modification PLU 87
Charlène Lefeuvre (PFE)
collage, un tissu ancien à stimuler ?
" On est arrivés à Saint-Brevin, il y a dix ans. On a commencé par louer une maison à la Prinais, de l'autre côté de la Route Bleue. Et puis, bah, on a eu un peu d'argent de côté, alors on a fini par acheter ici, l'année dernière. " Parole d'atelier public, 23 octobre 2014.
maisons typiques sont un environnement auquel les Brévinois sont très attachés, et un cadre qui fait rêver les aspirants à une vie au bord du littoral. Y posséder une maison, c'est être propriétaire d'un capital symbolique1. " "C'est un quartier inaccessible pour nous les jeunes ! Jamais, jamais je n'aurais pû acheter là-bas. Heureusement, il y avait la maison de vacances de mes grands parents, alors ils nous l'ont léguée à ma femme et à moi. " Parole d'atelier public, 26 octobre 2014.
Au cours de nos rencontres et lors des ateliers publics, on nous a beaucoup parlé de ce foncier très cher. On nous a parlé de ségrégation sociale, et de crainte que ce tissu ne devienne figé et trop bourgeois. On nous a parlé de spéculation immobilière, de maisons secondaires qui "ne servaient à rien l'hiver". On nous a parlé des nouveaux habitants qui arrivent et qui ne peuvent pas acheter ici.
1
Capital symbolique au sens de Pierre Boudieu, perçu et reconnu par la société.
un îlot à rêver 88
Situation des deux îlots d'étude
Et si on venait réflechir à des alternatives à l'étalement urbain et à la construction d'immeubles en centre bourg au coeur même de ce tissu ? Et si c'était ce tissu historique, presque figé dans sa bulle qui apportait des réponses aux problématiques brévinoises ?
de pré-marais; la Prairie de Médin, qui accueille le menhir de Gargantua.2
Une démarche de projet; du déclencheur public à l'autorégulation
C'est à l'échelle de l'îlot, figure émergente dans un dessin urbain tramé que cette réflexion sur l'intensification du tissu sera développée. Ses coeurs, mystérieux, innaccessibles, boisés, parfois très vastes intriguent.
Sur ces deux îlots, il s'agit de lancer une dynamique, un processus où initiatives de la municipalité et négociation habitante se croisent. Le principe de fond du projet est de dire, "ce n'est pas fini", tout comme "ça aurait pu s'arrêter avant". Au delà d'une proposition figée et actée, c'est donc plutôt une démarche de projet qui va être explicitée.
Pourquoi ne pas reconstruire l'îlot sur l'îlot ? Qu'il devienne le lieu de nouvelles pratiques, de nouveaux usages, de nouveaux types de solidarités et nouvelles formes de proximités ? L'îlot pour accueillir en son coeur de nouvelles typologies d'habitats, mais aussi et surtout pour mettre en partage.
Créer les conditions de l'intensification et de la mise en partage d'usages passe par la fédération des habitants autour d'un projet commun. Dans chacun des scénarios développés, la constitution de ces habitants de l'îlot en Association Foncière Urbaine Libre -AFUL- est proposée.
Un îlot à rêver
Sur ce tissu résidentiel des Pins, deux situations différentes seront travaillées; l'ilôt des Sylphes en coeur de quartier, le long de l'avenue de Mindin, et l'îlot de la Pierre de Gargantua. Ce dernier, île d'autoroute, espace délaissé dessiné par la Route Bleue est en grande partie constitué
2
selon la légende, pierre qui subsiste des travaux entrepris par Gargantua pour jeter un pont par-dessus la Loire : il avait accumulé les pierres, mais, revenant avec un nouveau chargement, celles-ci s’étaient enfoncées dans le sol marécageux. De dépit, il abandonna tout. 89
Charlène Lefeuvre (PFE)
Vers la balade Bleue du Bodon
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Vers l’Estuaire et le fort Mindin
déclencheur public
0
50m
100m
N
Au même titre qu'une association de copropriété au sein d'un immeuble, l'AFUL accompagne la construction de parties communes et permet la gestion et l'entretien d'ouvrages d'intéret collectif. Ce statut fonctionne avec une assemblée -que l'on appellera ici- conseil d'îlot, ou chaque habitant a une place et peut participer à la négociation et prise de décisions communes. Existant aujourd'hui mais très peu répandu, c'est un statut qui permet aussi le remembrement et le groupement de parcelles.
d'habitants contre un projet municipal. C'est cette capacité à faire ensemble -même dans la contestation- que l'on a ressentie sur le terrain que l'on souhaite également stimuler à travers ce projet.
La Pierre de Gargantua Sur ce premier îlot, l'idée est de reconnaitre l'interstice, "l'île d'autoroute", cette Prairie de Médin aujourd'hui très peu investie comme potentialité pour faire projet. Et c'est sur cet espace que pourrait se retourner l'ilôt. Comment créer du désir d'habiter, de s'approprier ce coeur d'ilôt a priori peu qualitatif ? Comment initier un processus de reconnaissance collective de ce lieu comme possible espace à investir ?
La convocation de ce 'faire ensemble' et la mise en place de ce statut, c'est aussi faire écho à Chantale, qui dans la contestation d'un projet architectural à Mindin a créé son association de défense pour le site de Mindin. C'est faire écho aux fêtes de quartier qu'Alain organise avec ses voisins l'été. C'est aussi Marc qui nous raconte son voisin qui a mobilisé des dizaines
Dans un premier temps, le principe est d'intégrer cette "île" à la balade buissonière, le long de la Route Bleue en 90
L'accès à la prairie depuis le chemin des Roseaux
La pierre de Gargantua au milieu des marais.
La Prairie de Médin, nouveau lieu à s'approprier ?
retravaillant ses entrées, et lui donnant de la visibilité. Cette première action publique s'accompagne du découpage d'une parcelle de délaissé communal en deux. Sur la première partie, sera implanté petit à petit un programme de cantine ouvrière, logements ouvriers, pour offrir une alternative au logement en camping auquel beaucoup d'ouvriers1 en mission pour EADS, Airbus... ont recours, et enfin des logements locatifs.
les fonds de parcelles le long du chemin de Médin, puis une laverie commune à tous les habitants de l'îlot s'installe, ainsi que des locaux de stockage des jardins et une salle commune. Des chemins en bois, suspendus, serpentent le long des marais et permettent la traversée de la prairie de Médin. A terme, on peut imaginer d'autres lieux et pratiques partagées, et le retournement du parcellaire existant vers ce coeur d'ilôt qui peut devenir qualitatif. Le processus proposé peut s'incrémenter d'autres usages, peut connaitre résistances et arbitrages qui détournent la proposition qui est faite. L'essentiel est de lancer une dynamique.
Sur la seconde partie de la parcelle, qui devient propriété de l'AFUL de Gargantua, sont mis en négociation habitante différents usages et différentes pratiques. Dans un premier temps, des jardins peuvent s'y développer, coloniser 1
"Oui, on a du monde toute l'année, des ouvriers des chantiers beaucoup. En ce moment, c'est beaucoup d'espagnols. Ils sont venus pour deux ans, et là, on a un groupe de Lituaniens qui est arrivé hier, pour six mois. Le camping, c'est le moins cher, et bon, on leur fait des tarifs." Accueil du camping de Mindin. 91
Charlène Lefeuvre (PFE)
avenue de la Trève
avenue de Mindin
N déclencheur public 0
Les Sylphes
50m 0
50m
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scénario pourrait être celui de mettre en vente la maison existante, ainsi que de proposer sur la parcelle trois terrains à construire pour trois maisons individuelles, tout en donnant à l'AFUL des espaces communs appropriables qui pourraient devenir squares, jardins ... A partir de ce premier déclencheur, l'AFUL prend le relais. C'est au nom de l'intérêt collectif que des parcelles sont remises en jeu, deviennent des espaces où les pratiques partagées se sédimentent. L'idéal serait de tendre à une forme d'autorégulation du processus, mais une seconde action publique peut aussi venir alimenter la dynamique.
La deuxième situation, celle des Sylphes, est un îlot type brévinois, composé de parcelles très longues, en lanières et de quelques venelles qui plongent dans cette profondeur. L'idée est là aussi de retourner l'îlot vers son coeur, mystérieux, invisible, et de redonner un arrière au parcellaire existant. De la même manière, le processus est lancé par une première action, déclencheur public d'un jeu d'intensification et de mise en partage. La mairie rachète une grande parcelle, via son droit de préemption, ou via la gestion d'un EPF (Etablissement Public Foncier) local, en l'occurence celui des Pays de Loire. L'idée est ensuite de remettre en jeu cette parcelle au sein de l'AFUL des Sylphes. Aux termes de négociations, le
Sur les nouvelles parcelles recréees, différentes typologies d'habitats pourraient se développer tout au long des temps du projet ; des maisons individuelles, des maisons deux à deux,
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100m
Venelle existante, qui dessert un deuxième front bâti
Pins et maisons blanches à tuiles.
Un coeur d'îlot à rêver ?
du petit collectif, puis une coopérative d'habitants et enfin du petit locatif social. Les venelles existantes comme celles qui sont créées deviennent aussi supports de l'intensification et de la stimulation du tissu résidentiel; les extensions, dépendances, ateliers, garages s'y reconnectant font également partie du jeu.
qu'à deux, trois ou quatre, on bricole un moteur, on répare la tondeuse du voisin, on fabrique des jeux pour enfants. C'est peut-être penser mettre en négociation au sein de l'AFUL des abris vélos partagés. Puis penser la mise en commun d'un système de chauffage bois. Proposer des jardins collectifs, imaginer une aire de jeux, des garages en partage, une citerne à eau, le tri sélectif et un compost collectif. C'est construire un foyer où les conseils d'îlots de l'AFUL pourraient se tenir, un arbre à linge et sa buanderie. Mettre en partage une chambre d'amis, des espaces de travail. Se se prêter des outils, une tondeuse, une échelle. C'est avoir une grande cuisine commune et un lieu pour des grands dîners de quartiers. C'est se dire que l'on peut aller loin. C'est aussi toutes les pratiques insoupçonnées auxquelles on ne pense pas, mais qui peuvent naitre si les conditions de leur apparition et de leur sédimentation
Faire ensemble Le coeur du projet, c'est aussi ce faire ensemble, cette entente collective qui génère des mises en partage. Faire une proposition sur cet ilôt, c'est aussi donner les conditions d'existence et de visibilité à des pratiques collectives. C'est donner des lieux pour générer du lien social et fabriquer de l'interaction. C'est peut être mettre en commun des stationnements, et aller au delà de l'espace nécessaire pour garer une voiture, pour
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Charlène Lefeuvre (PFE)
Affirmer chaque logement comme une histoire différente.
"Tout mon travail est d'introduire l'interprétation, le non-voulu, et l'innatendu dans la réalisation d'un projet" Patrick Bouchain, Construire Autrement.
Dans cet ailleurs intérieur, le langage architectural peut être différent de sa périphérie, qui elle même est assez hétéroclite. Pourquoi pas être dans un langage bricolé, dans un assemblage de situations qui ont une matérialité, une identité propre ? Pourquoi ne pas affirmer chaque logement comme une histoire différente, proposer un champ des possibles de ce que peut vouloir dire d'habiter ici ? Quels espaces de liberté laisser à l'appropriation dans ces logements ? Quels espaces de flexibilité et d'évolutivité donner ? Comment proposer des logements tous différents, mais avec un esprit commun ?
Ce faire ensemble a aussi valeur d'hospitalité. C'est une manière d'intégrer les nouveaux ménages qui s'installent à l'AFUL, au jeu de la négociation, et à cette solidarité de voisinnage.
Construire ensemble. Comment construire ensemble ce nouvel îlot ? Comment mobiliser les forces et les ressources locales ? Des partenariats avec le CFA de Saint-Brevin sont, là encore, possibles. Dans le cadre de conventions, établies sur des chantiers-écoles, il est envisageable d'impliquer les habitants, pour construire les espaces partagés, mais aussi les logements. Le réseau d'artisans du Pays de Retz très dynamique, peut aussi être intégré à cette démarche. Construire ensemble n'est peut-être pas seulement le moment de la construction. C'est aussi le moment de la réflexion, du dessin, de la négociation, le moment où il faut nommer les espaces. C'est peutêtre ici que l'architecte de quartier se positionne, comme négociateur entre les différents interlocuteurs pour penser, rêver ensemble l'îlot.
Un autre monde. Au coeur des pins, au sein de l'îlot, c'est presqu'une nouvelle échelle qui se dévoile. Le rapport de représentation à l'espace public est différent, puisque ce coeur, ces venelles, ces respirations ne sont pas tout à fait de l'ordre de l'espace public. C'est une autre échelle, partagée. Venelle existante l = 3,80m
Maison en deuxième front, desservie par venelle
Seconde venelle du projet ?
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L'inachèvement, le détournement.
Aussi et surtout. Car la participation, ce n'est pas du romantisme comme nous le disait si bien Lucien Kroll à Bruxelles. Dès lors, le détournement est possible, et n'est-il pas une forme de succès ? Une forme d'appropritation de la démarche ? Le détournement comme qualité sociale qui dépasse la fonctionnalité ?
La proposition qui est faite là est une hypothèse d'intensification et de mise en partage d'un îlot. Plus que la situation construite, c'est une dynamique, un processus pour faire ensemble. Elle est sans doute inachevée, elle peut encore s'incrémenter d'usages, de pratiques.
" Un projet est réussi si on peut le détourner" dit Jean-Yves Petiteau, citant Yves Lion.
C'est une histoire de proximité, de solidarités, de voisinnage et d'arbitrage, de frictions et de négociations, mais aussi de résistances.
in
nu
e ed
ave
nd Mi
espaces négociés, partagés nouveaux logements en coeur d'îlot stimulation du tissu existant
Au croisement des trois processus, réveler, stimuler, construire ; l'îlot des Sylphes. Mme M, a remis deux studios en location et habite au RDC
Maison toujours close
En fond de parcelle, locaux professionnels.
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La périphérie de l'îlot depuis l'avenue de Mindin. Charlène Lefeuvre (PFE)
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Rêve d'estuaire, derrière la grille. 15 novembre 2014.
RÊVE D'ESTUAIRE Ouverture à l'altérité
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"Qu'est-ce que c'est? Un nuage. Un nuage? Ok, nuage. La dame t'as demandé de dessiner où tu habites. Chez toi c'est une maison. Une maison, ça se dessine comme ça, avec le toît. Voilà. Dessine des maisons maintenant. " Animatrice de l'EPMS avec une résidente. Ateliers publics. 24 octobre 2014
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Estelle Durand (PFE)
L'ENCLAVE 1862
Epidémies fièvre jaune Construction du Lazaret
Acceuille jusqu'à 1 millier de militaires
1918
Sanatorium pour enfants
1924
Maison départementale. Accueil convalescence de tous âges Colonies de vacances Hospice pour personnes âgées
1939
Camp de prisonniers
1950
Construction en dur de l'hospice passage de 400 lits à 1000, puis 1200
1961
devient établissement public accueil enfants, adolescents et jeunes personnes handicapées
1971
8 nouveaux pavillons acceuil de 124 enfants Mise en oeuvre de l'IME Ouverture d'une unité de long séjour Ouverture d'une maison de retraite spécialisée
1978 1981 1986 1998 2003
Séparation de la maison départementale en 4 établissements Création du GIP: groupement d'intéret commun
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En arrivant à Saint-Brevin par le pont de Saint-Nazaire, on voit se dresser sur le rivage une lourde porte monumentale. Avec le fort, c'est elle que voyaient les marins d'outre atlantique en arrivant sur la côte, leur indiquant le lieu d'accostage, de transaction, et de contrôle. C'est la porte symbolique de l'estuaire, protégeant les frontières de la maladie qu'on ne veut voir se répandre dans le pays, porte du lazaret où étaient mis en quarantaine les marins, marchandises et navires suceptibles d'être contamniné par la fièvre jaune. Derrière cette porte se trouve un lieu d'enfermement, d'isolement et de mise en marge, contenu dans ses frontières. Entre la route bleue, la "route du sud", l'ancienne décharge sauvage et l'estuaire, entouré de terres inondables, cette terre marginale se montre comme une île. Si ce territoire se contient dans ses frontières, l'imaginaire qu'il génère chez les brevinois, entretenu par l'histoire lourde du lieu et l'inconnu va bien au delà. Aujourd'hui, ce sont 4 établissements médico-sociaux acceuillant des personnes handicapées qui ont prit la place du lazaret. On entend toujours parler des "fous de Mindin".
Les gardiens du labyrinthe. Patrick Deville est écrivain, Bosco est menuisier. Tous deux sont de grands voyageurs, ayant grandi en autarcie, entre les murs du lazaret. L'un est né dans l'aile Est, l'autre, à quelques mètres, dans l'aile Ouest. L'un s'échappait sur la plage par la fenêtre, l'autre se faufilait entre les barreaux de la grille. Ils sont la mémoire vivante d'une époque où des murs encerclaient l'hopital psychiatrique, que l'on continuait d'appeler lazaret, où une communauté vivait isolée, en quasi auto-subsistance, où les frontières entre soignants et soignés n'étaient pas claires. Ils ont connu la souffrance du monde psychiatrique, mais aussi la magie d'une île labyrinthique aux chemins de sable. A travers leurs récits, ils nous transmettent l'émotion que provoque une échappée sur la plage, la liberté d'une escapade de pêche, le merveilleux des grands arbres. Ils nous montrent aussi qu'un vivre ensemble est possible, que les enfants se lient d'amitié, sans préjugés sur le handicap. Chacune de ces traces sont porteuses de projet et d'espoir. Il nous faut les ménager pour penser l'avenir d'une île qui essaye de s'ouvrir au monde.
" Je suis né là-bas. Je suis né où il y a l'arc de triomphe là. La maison quand vous regardez de la mer, la maison qui est à droite. (...) Et mon papa il travaillait là, il était maçon. Et puis tous les gens qui étaient logés là, on était logés là. Ils travaillaient dans l'établissement. Alors il y avait tous les corps de métier, il y avait les maçons, les menuisiers, les couvreurs, tout. Voilà, tout le monde était logé là, les cuisiniers, tout le monde. Et alors après ça a changé, tous les gens ont déménagé, et puis il n'y avait plus de personnel qui travaillait là. Et puis maintenant c'est un hôpital un peu psychiatrique." Extrait d'entretien avec Bosco.
"zone spécialisée": établissements médicaux-sociaux Pré-marais. Zone inondable
Plan de 1930: la maison départementale, son mur, son bassin.
Ancienne décharge à ciel ouvert
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Estelle Durand (PFE)
LES ETABLISSEMENTS MEDICOSOCIAUX Aujourd'hui, les murs d'enceinte du lazaret sont tombés. Depuis la séparation de la maison départementale en 4 établissements distincts, les services se spécialisent et se subdivisent. Chaque sous-structure, chaque pavillon porte un nom, et comprend son personnel affilié. Les différents établissements sont indépendants, mais regroupent tout de même des services communs, gérés par le GIP groupement des services communs (Cuisine, laverie etc.), déployant de grandes infrastructures afin répondre aux besoins quotidiens de près de 1000 résidents sur tout le site. Par ailleurs, cette hyper-spécialisation des services a généré un traitement de l'espace public fonctionaliste, devant répondre rapidement à des besoins d'extension ou de nouvelles subdivisions de structures en unités plus restreintes.
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D'autre part, un processus d'intégration de certaines structure en ville a commencé, dispersant 3 FAM (foyer d'accueil médicalisé) et une unité des abris de Jade dans Saint-Brevin, mais aussi, un MAS (maison d'accueil spécialisée) à Savenay, et deux unités des abris de jade à Saint-Pereen-Retz.
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Bien que dans l'imaginaire brevinois, les établissements médico-sociaux soient encore bien souvent associé à la maison départementale ou au lazaret, il existe aujourd'hui une véritable volonté de s'ouvrir sur la ville, à la fois par l'intégration de nouvelle structures dans le tissu urbain, que par la participation à de nombreuses activités socialisantes.
Les abris de Jade:"La Boissière" en rénovation FAM "Les colombes" 40 lits, 5 maisonnées FAM "Pont Renault" 48 lits, 4 unités FAM "La fouilleuse" 10 lits 100
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ssière»:
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EPMS Le littoral EPMS Le littoral 1 FAM/MAS Les Rivages
IME L'Estuaire
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60 places réparties entre: de 15 résidents 1 2 unités FAM/MAS Les Rivages 2 unités de 7 résidents 1 unitéréparties de 15 résidents 60 places entre:
SSAD: Service de Soins et d'aide à domicile 10 enfants polyhandicapés, de la naissance à 12 ans
2 unités de 15 résidents 2 unités de 7 résidents 12 unité de Océane 15 résidents MAS
«psychoses infantiles», «troubles envahissant du développement», «autisme».
Foyer de vie l’Abris de Jade
SESSAD: Service d'éducation et de soins «psychoses «troubles 2 structures,infantiles», chacunes divisées en 5 unitésenvahissant de 9 résidents à Domicile du développement», « déficience sévère«autisme». associée à des troubles moteurs, spécialisés IME L’Estuaire installé dans l'enceinte d'une école primaire restriction extrême de l’autonomie» 2 MAS Océane EDPA Mer et pins 3 FAM Les Peupliers Un accueil de jour 2 structures, chacunes divisées en 5 unités de 9 2 unités de 15 places 2 unités: résidents «déficience intellectuelle moyenne à sévère; troubles_ "12 GIP jeunes polyhandicapés" « déficience sévère associée à des troubles psychopathologiques nécessitant un traitement _"8 jeunes présentant une déficience intellecmoteurs, restriction extrême de l’autonomie» psychotrope et un suivi thérapeutique régulier». tuelle avec des troubles associés". 3 FAM Les Peupliers 4 FAM Les Escales 5 Un internat de semaine "le tremplin" 2 unités de 15 places 80 places acceuille 4 jeunes dans une maison individuelle «déficience intellectuelle moyenne «déficience mentale sévère ou à sévère; troubles psychopathologiques nécessitant un Un internat profonde, traitement psychotrope et un suivi thérapeu76 lits sans trouble psychopathologiques tique régulier». 7 unités indépendantes:
4
majeurs»
Topaze, Cap horn, Colibris, Bengalis, Roitelets, calypso et Canaries
FAM Les Escales
80 places
«déficience mentale sévère ou profonde, sans trouble psychopathologiques majeurs»
EDPA Mer et PIns 310 lits
"accueil des personnes âgées handicapées à partir de 60 ans"
Foyer de vie l’Abris de Jade
GIP: groupement d'intéret public
160 lits
"accueille des personnes adultes handicapées, quel que soit leur degré de handicap ou leur âge, ou des personnes atteintes de pathologies chroniques"
- chaufferie - lingerie - restauration - médecine du travail 101
- pharmacie - garde de nuit - sécurité - services techniques
L'ancienne maison départementale, c'est 25 ha rythmés par différentes ambiances, dévoilant de riches potencialités. En offrant les conditions permettant d'aller au delà du stigmate, en tentant de briser les tabous portés par ce fragment de territoire et son histoire, il est alors possible de révéler les qualités qu'offrent ce lieu extraordinaire.
Ballade de l'estuaire Le bord nord de Mindin est un lieu de contact et d'échange privilégié avec l'estuaire. Une prommenade, qui accueillera la loire à Vélo à partir de 2017, se déroule tout son long, rythmée par les pêcheries et leurs vestiges. Le saut d'echelle avec la rive d'en face lui conforte un aspect apaisant, donnant envie de s'y arrêter.
Les jardin enchantés
des platanes, saules pleureure et peupliers. Au Sud-Est de l'enclave, le jardin de Jade apparait comme un petit Eden dans lequel tout y pousse: arbres fruitiers, légumes, herbes aromatiques. C'est un jardin pédagogique entretenu par les résidents des établissements médicaux sociaux. On y jardine, mais pas seulement. On se retrouve autour d'un barbeucue, on joue à la pétanque ou s'y promène.
Acceuillant des personnes en situation de handicap, Mindin est un lieu de soin. Il y règne une certaine tranquilité. Espace isolé, hors du temps, de grands arbres d'espèces variées ont eu le temps de pousser, témoins du passage succéssif de générations en marge. On y trouve des Chênes verts, des pins et des palmiers, déjà présents dans l'enfance de Patrick Deville, mais aussi
La mare de quarantaine Accolée aux infrastructures du GIP se trouve une étendue d'eau bordée de saules pleureurs et de platanes. Sa présence peut suprendre, d'autant plus quand des lamas broutent l'herbe qui la borde. Ce bassin, ou du moins ce qu'il en reste, accueillait à l'époque du lazaret de grands trois-mats venant de traverser l'Atlantique. C'était ici que l'on mettait les navires en quarantaine.
C'est donc, avec la porte monumentale, les dernières traces matérielles de l'époque de la création de ce lieu d'enfermement. En léger retrait par rapport au lieu de vies des résidents des établissements médico-sociaux, les bords de cette mare apparaissent comme un lieu en attente qu'il est possible de pratiquer sans troubler la tranquilité et l'intimité des habitants.
Vestiges du labyrinthe Les bâtiments de L'EPMS au nord de l'allée centrale constituent le coeur historique de l'ancienne maison départementale. Les allées de sable se faufillant entre des arbres foisonnants ont disparues, l'île au trésors qu'on pu parcourir les enfants du lazaret n'existe plus, mais la magie subsiste encore, dans les murs et dans les arbres en attente d'être révélée. Le "magasin" de l'EPMS,
utilisé aujourd'hui comme lieu de stockage, était un théârte à l'italienne. Les habitants du lazaret, soignant et soignés, y montaient des pièces. Comment se resaisir de cette magie?
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Estelle Durand (PFE)
FAIRE PLACE
Sur une terre aux marges de la société, de retranchement, d'exclusion, comment repenser l'altérité? L'île de Mindin pose la question de toute une société, celle de l'acception du handicap mental. Aller à la rencontre de l'autre, et l'accepter chez soi. Ce projet est l'éclatement d'une enclave. Petit à petit, les unités les plus autonomes des établissements médico-sociaux sont déplacés en ville, en les intégrant à des
réseaux solidaires plus humains. A l'inverse, la ville entre dans l'enclave. Pour cela, il faut d'abord ménager la place, réveler sa magie, retourner son image, en dévoilant l'opportunité de vivre au bord de l'estuaire, dans un grand parc. Il faut réenchanter cette ile qui doit donner envie d'aller à la rencontre de la différence, tout en préservant sa tranquilité.
Temporalités
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_La ballade bleue du bodon remonte jusque à l’embouchure du ruisseau _ les pré-marais deviennent des espaces pratiquables et traversables _des persées traversant l’enclave sont créées, depuis le parc jusqu’à l’estuaire, se raccrochant au passage de la Loire à vélo. T2
Re-enchantement du «coeur»: empêcher l’annihilation des dernières traces merveilleuses de la mémoire des enfants du lazaret par l’étalement technique, révéler la magie du lieu. _restauration de la porte monumentale _restauration de l’ancien théâtre, actuel lieu de stockage menacé de destruction, en une salle d’animation _Préservation et intégration paysagère des grands arbres «historiques». palmiers de l’ancienne cuisine, chêne vert, pins etc. 104
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40 nouveaux logements
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L’allée de la quarantaine
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T3
A la fin de l'allée de la quarantaine, venant s'accrocher à la ballade de l'estuaire, construction d'une architecture fédératrice. Les écoles de cirque et de musique, portant un projet commun, s'installent à Mindin, à la place du bâtiment des platanes. A proximité des locaux techniques du GIP, cette situation se trouve en léger retrait des lieux de vie des résidents des établissements médico-sociaux. Elle permet une ouverture de l'île en douceur, sans heurter la tranquilité et l'intimité de ses habitants. T4
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Sur le long terme, des logements sont construits, acceuillant de nouveaux ménages. L'EDPA est déplacé dans le nouvel éco-quartier de Corsept. 40 nouveaux logements sont construits à la place de son bâtiment vestuste et insalubre. Au Sud de l'allée centrale, deux unités indépendantes de l'IME sont déplacées dans le tissu résidenciel de Saint-Brevin, laissant la place à une nouvelle opéation de 30 logements d'accueil pour les familles des enfants de l'IME, ainsi que pour les circassiens et musiciens en résidence.
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Estelle Durand (PFE)
REVER, CONSTRUIRE
"le cirque, c'est un rond de paradis dans un monde dur et dément" Annie Fratellini L'arrivée de l'école de cirque et de musique à Mindin permet une ouverture de l'île par le rêve et vient petit à petit faire basculer l'imaginaire associé au lazaret. La peur et la méfiance s'estompent, la magie du labyrinthe se révèle. Par ailleurs, certaines personnes à Mindin n'ont pas accès à la parole. Le cirque et la musique offrent la possibilité d'échanger des émotions, de parler le même language et ainsi de reconnaitre l'autre. L'école intercommunale de musique de Saint-Brevin a déjà un partenariat avec l'IME, qui pourrait alors se développer. Par ailleurs, Cirqu'en Retz pourrait monter une section "handi-cirque", comme cela se fait à Bruxelles, fonctionnant avec des cours particuliers à l'année, et des temps de stage, pendant l'été ou les vacances ou tous les élèves, handicapés ou non, sont amenés à se rencontrer. Ces deux associations ont actuellement besoin de locaux. Une longue liste d'attente est en place à l'école intercommunale de muisque afin de pouvoir y entrer. Par ailleurs, l'association "la Brévinoise", qui prêtait la scène du cinema "le brevinois" à l'école de cirque de Saint-Brevin, s'est vu recemment dans la nécessité de vendre la salle, qui sera prochainement détruite. Les trois quart des revenus de cette vente sont aujourd'hui bloqués pour la construction d'une nouvelle école pour Cirqu'en Retz. 106
cadres
Cinema "Le Brevinois".Actuel lieu de répétition de Cirqu'en Retz, démolition prévue.
Mindin en Musique J'ai grandit à St-Brieuc, à environs 5 km de la mer. Je me souviens d'un week-end où sont venu nous rendre visite des amis parisiens de mes parents. En prenant l'apéro dans le jardin, Tintin marque un silence, fixant le vide, tendant l'oreille et s'exclame subitement, entre étonnement et admiration: "On entend la mer ici, c'est incroyable !". Face aux visages tendus s'apprêtant à exploser de rire, percés de grands yeux écarquillés qu'il obtint pour réponse, sa surprise ne fût que plus grande lorsqu'il apprit que le ronronnement qu'il pensait être celui de la mer, était en réalité le sourd écho de la 4 voies, passant à 1 km de la maison. A Mindin, Donges gronde quelque part en face, faisant sourdement vibrer l'eau. Sans l'entendre, on voit Saint-Nazaire en musique qui s'active, accouchant de paquebots et bélougas, avalant les cargos qui traversent l'atlantique. Dans le fond des cales, quelques rythmes du bout des mers martèlent encore la taule à l'arrivée des navires. Les sons se mêlent à l'imaginaire. En contemplant l'autre rive, on ne sait plus ce que l'on entend et ce que l'on rêve d'entendre. La mer grise roule sous le pont de la route bleue. Le roulis des voitures, rond et régulier, berce nos oreilles, nous endort et nous réveille. Lancés dans l'immensité de l'estuaire qui se livre à l'océan, les sons de toute provenance se rencontrent, s'emmêlent et s'embrouillent. Ensemble ils composent un paysage sonore jouant des origines de chaque vibration. On peut alors oublier que la rumeur que l'on entend est celle d'un pont qui crache à toute vitesse les voitures sur une route bleue, car elle se brouille dans l'éclat des vagues. Qui est la vague, qui est la voiture? L'une compose avec l'autre, et dans l'imaginaire qu'ensemble elles créent, on ne distingue parfois plus leur origine.
Extrait de carnet de terrain, Novembre 2014
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Estelle Durand (PFE)
Ce n'est pas fini ... Présenter nos projets dans le cadre pédagogique de l'option Estuaire 2029 est une étape. Mais nous attendons aussi le retour aux habitants que nous ferons au mois de Février, auquel nous réfléchissons déjà. Nous attendons les discussions, les débats, les questions ... Nous attendons de sortir du contexte pédagogique et de poursuivre l'aventure un peu plus longtemps.
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REMERCIEMENTS
Christian Dautel, directeur de l’ENSA Nantes ; Nicolas Schmitt, secrétaire général de l’ENSA Nantes ; Pascal Pras, vice-Président de Nantes Métropole pour son investissement pour l'association arts de faire ; Mr Patrick Haury, maire de Saint-Brevin les Pins, Mr Damien Roussel, directeur de cabinet, Mme Annie Boutin, Adjointe à l'Urbanisme et au Foncier, Mme Lucie Voisin, Adjointe à la CultureJumelage, Mme Patricia Benbelkacem, maire de Corsept et Mr Hervé Gentes, 5ème adjoint Nous remercions aussi Elaine Lamoureux pour son hospitalité et sa bonne humeur, Bernard Douaud pour la clairvoyance du regard qu'il nous a apporté sur le territoire, Marc Ferré pour sa disponibilité, Jean-Yves Rigaud pour son initiative et sa motivation, Chantale pour son accueil, Alain pour la balade sous les pins, Patrick Deville pour son attention, son écoute, et ses précieuses histoires, Henri Poinot et Alain David pour le temps qu'ils nous ont accordé, la visite et les plans du musée de la Marine, Bosco pour nous avoir fait voyager, Yvonnick Chéreau pour son implication, et la visite du Brévinois, Estelle Laboureur, Hélène, Mme Mabileau et son amie, Océane, Guiliane, Rodolphe et leur maman et tous les autres Brévinois que nous avons croisés, écoutés, questionnés, et qui ont pris le temps de nous donner des réponses ... Simone et Lucien Kroll, jardinière paysagiste et architecte ; Cendrine Robelin, cinéaste ; Flore Grassiot, architecte ; Ricardo Basualdo, artiste et scénographe urbain ; Evelyne Thoby, responsable de la reprographie de l’ENSA Nantes, pour son travail ; Pierre Cahurel, graphiste, pour son implication ; Chérif Hanna, Saweta Clouet et Jean-Yves Petiteau, enseignants à l’ENSA Nantes ; Nous tenons aussi à remercier Arnaud, Solène et Clémentine pour les semaines de travail dans la bonne humeur, La Renault 19 pour les 2800 kms enregistrés entre Nantes et Saint-Brevin, Kernews pour l'ambiance musicale sur la route, Céline, Elsa et Rocky pour leur soutien inconditionnel, Marc pour sa patience inépuisable, Julie pour sa relecture attentive, Nos amis de l'ENSAN et d'ailleurs, Nos parents, nos familles et nos proches pour leur soutien tout au long de ces études.
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MÉDIAGRAPHIE
BOUCHAIN Patrick. Construire Autrement. Actes Sud. Collections L'impensé. 2006. BOUCHAIN Patrick, EXYST. Construire en habitant. Actes Sud. Collections L'impensé. 2011. CALVINO Italo. Le città Invisibili. Mondadori. 1996. COLLECTIF MAUVAISE TROUPE. Constellations. Editions de l'Eclat. 2014. CORAJOUD Michel. "Le projet de paysage : lettre aux étudiants". dans Le jardinier, l'artiste et l'ingénieur; collections jardins et paysages. JeanLuc Brisson. Les éditions de l'imprimeur. 2000. COUPECHOUX Patrick. Un homme comme vous. Domaine Psy, Seuil. 2014. 480 pages. GUILPAIN Laureline, LOYER Simon Jean, RAPIN Aurore, SCHAEFER Tiemo, STABLON Jérôme. Stimulation Pavillonaire. DSA d’architecte-urbaniste. École d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée. 2014. 208 pages. PÉREC Georges. Espèces d'espaces. Edition Galilée. 2000. 185 pages. RAMADE Frédéric. Ode pavillonaire. Filigranes. 2007. 70 pages. ROBIN Emilien. L'imposture BIMBY. Revue Criticat, n°12, Automne 2013. SECCHI Bernardo, VIGANO Paola. La ville poreuse; un projet pour le grand Paris et la métropole de l'après Kyoto. MetisPresses. 2011. SERREAU Corinne, ERLIH Charlotte, L'Académie Fratellini. Actes Sud. Collections L'impensé. 2008.
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ESTUAIRE 2029
ESTUAIRE 2029
FAIRE LIEUX, DE PART ET D'AUTRE
Tirer des bords
Ce mémoire est avant tout un récit. Le récit d'une aventure de presque six mois, collective, partagée avec les habitants de SaintBrevin, les intervenants et les enseignants. Car ensemble, nous avons construit le projet. Ce mémoire c'est aussi un collage, un assemblage, de différents fragments, de différentes expérimentations, de paroles habitantes, de questionnements personnels, de ressentis, de doutes, d'intuitions. Et c'est en convoquant toute cette matière, que nous avons tenté de construire notre démarche de projet et d'en livrer une trace à travers ce livre.
Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau
arts de faire - février 2015
Tirer des bords Arnaud Bobet, Estelle Durand (PFE), Solène Gautron, Clémentine La Joie, Charlène Lefeuvre (PFE) Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Jean-Yves Petiteau
ensa nantes - arts de faire
SAINT-BREVIN LES PINS