Focus Archi #03

LE MAGAZINE RÉFÉRENCE DES ARCHITECTES

Ross Lovegrove

DESIGN DÉGRAISSÉ

Olivier Bastin

LE BOUWMEESTER

Zoom

déc./jan./fév.

2014-15

LA LUMIÈRE SE LA JOUE INTELLIGENTE

Journées exclusives pour l’architecte le jeudi 26 février 2015 de 10h à 18h30 et le vendredi 27 février 2015 de 10h à 21h.

BATIBOUW

En tant qu’architecte, vous tracez littéralement les lignes dans lesquelles se développe le secteur de la construction. C’est pourquoi nous nous ferons un plaisir de vous accueillir lors des journées professionnelles organisées à Batibouw. L’occasion idéale de découvrir les dernières tendances et les développements récents, d’assister à des tables rondes et de rencontrer des collègues.

Nous avons également le plaisir de vous inviter, en votre qualité d’architecte, à la remise des Belgian Building Awards lors de Batibouw à l’Auditorium 2000 de Brussels Expo.

Infos : bba@batibouw.be.

Batibouw grand public : du 28/2 au 8/3 de 10h à 18h30.

Nocturne le jeudi 5/3 jusqu’à 23h.

www.batibouw.com

EDITO DÉCEMBRE/JANVIER/FÉVRIER 2014-15 #03

Que la lumière soit!

Toujours soucieux de mettre nos compétences spécifiques au service des architectes et du monde de la construction, notre magazine professionnel aborde cette fois une thématique différente.

Le traitement de la lumière du jour est un élément primordial dans toute conception architecturale tant les avantages à en retirer sont multiples.

Au travers de ce nouveau numéro, nous souhaitons également explorer les concepts de la lumière comme partenaire architectural d'ambiance.

Feutrée ou rayonnante, miroitante ou étincelante, la lumière réinventée par les designers s'implique dans la fonctionnalité mais aussi dans une esthétique évolutive.

Nous profitons de cette troisième parution pour souhaiter à tous nos lecteurs, une excellente fin d'année ainsi qu'une année 2015 conforme à leurs désirs.

Lionel Lhoir

EDITEUR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Alain Lhoir 065 66 06 92 info@eurobest.be DIRECTION DE LA RÉDACTION Lionel Lhoir +32 (0)497 06 92 01 lionel.lhoir@focusarchi.be JOURNALISTES Catherine Callico, Eduard Coddé, Pascal Dewulf, Mister Emma, Hugo Leblud, Philip Willaert

DIRECTION GRAPHIQUE France Clèves info@eurobest.be PUBLICITÉ Lionel Lhoir +32 (0)497 06 92 01 lionel.lhoir@focusarchi.be Morgane Dupont +32 (0)474 69 89 04 morgane.dupont@focusarchi.be TRADUCTION Gitracom 02 735 84 55

ADMINISTRATION Diana Bertolaso 065 66 06 92 secretariat@eurobest.be PARUTIONS Février Mai Septembre Décembre DISTRIBUTION Gratuite par poste : 17.000 exemplaires

IMPRIMEUR Imprimerie Van der Poorten s.a.

Diestsesteenweg 624 3010 Kessel-Lo Belgique

4 SOMMAIRE

LE MAGAZINE RÉFÉRENCE DES ARCHITECTES

ZOOM 6 La lumière se la joue intelligente 12 Must Haves 18 La prison de Leuze-en-Hainaut 62 Ferme urbaine et développement durable urbain

INTERVIEW 14 Olivier Bastin, le Bouwmeester 22 Concepteur d'éclairage. Que la lumière soit !

28 Cultiver la simplicité humaine sur tous les tons - Bruno Moinard 46 Kwelox 66 Spotlight

INSPIRATION

#03 déc./jan./fév.

2014-15

30 Il n'y a pas de lumière sans ombre

EN MATIÈRE 48 Un instant de libération

ÉVEIL 54 Kaléidoscope 56 Lire !

TRAVEL 58 Tokyo by night

D[ÉCO] 26 Vu à la Biennale Intérieure 2014 de Courtrai 68 L'éco-reconversion du Val Benoit 72 Design dégraissé - Ross Lovegrove

Génie de la lumière la capturant pour la dompter et la mettre au service de l'architecture pour la révéler dans tous ses états.

© Shutterstock. Photo montage réalisé par France Clèves.

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6 TETIERE 6 ZOOM 1

La lumière se la joue intelligente TEXTE : PASCAL DEWULF - PHOTOS : PHILIPS

À l’avenir, l’éclairage ne sera plus seulement optimisé en termes d’efficacité lumineuse et/ou énergétique, mais constituera aussi un élément central de collecte d’informations, de gestion et de pilotage des fonctions d’un bâtiment, que ce soit un immeuble de bureaux ou votre propre maison.Ou comment la lampe à incandescence est devenue un système d’information intelligent après un peu plus d’un siècle.

S Maarten Bax, expert en éclairage chez Philips : "Dans le cadre du système Connected Office Lighting, une lampe est une entité du réseau informatique au même titre qu’une imprimante."

’il est vrai qu’allumer une lampe en tapant deux fois dans les mains était jadis un gadget très apprécié, cela ne faisait toutefois pas de l’éclairage un système interactif. En revanche, l’une des évolutions déterminantes de l’éclairage dans ce domaine tourne à plein régime aujourd’hui : la domotique 2.0.

Ce thème n’a plus aucun secret pour Maarten Bax, expert en éclairage chez Philips : "Il est évident que l’ère de la fonctionnalité unilatérale de l’éclairage, en d’autres termes l’utilisation d’un interrupteur marche/arrêt pour éclairer une pièce, avec, le cas échéant, un rhéostat, est définitivement révolue. À l’avenir, l’éclairage sera connecté à d’autres systèmes dont il reçoit des informations, mais auxquels il transmet aussi un retour d’information. L’éclairage devient pour ainsi dire une donnée interactive. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la gamme Hue de Philips, un système d’éclairage multifonctionnel bien loin de nos lampes classiques. Le système Hue vous permet effectivement de piloter toutes les lampes (Hue) avec votre smartphone, par 3G ou Wifi interposé, en tout lieu et à toute heure. Par ailleurs, cet éclairage est doté d’une interface de programmation d’application (API) ouverte, ce qui signifie que vous et moi pouvons, à notre gré, créer et/ou utiliser des apps pour interagir avec les éléments d’éclairage de la gamme Hue. Il s’agit donc d’un système très ouvert. Il y a donc un monde de différence avec le développement produit de haut en bas qui a prévalu pendant des décennies."

L’internet des objets Joli programme ! Les responsables de Philips veulent toutefois aller encore un peu plus loin en matière d’interactivité. Maarten Bax : "Nous évoluons toujours plus vers l’Internet of Thingsou IoT (l’internet des objets, ndlr) qui connecte presque tous les objets à l’internet (frigo, thermostat, etc.), l’éclairage faisant partie intégrante de cette évolution. Prenons par exemple l’immeuble de la société de conseils Deloitte à Amsterdam. Elle souhaitait que son immeuble soit le biotope haute technologie le plus innovant du moment. Philips a conçu pour cet immeuble un système d’éclairage inédit dont l’alimentation électrique n’emprunte plus le réseau électrique mais les câbles réseau.

Une véritable révolution par rapport aux systèmes de domotique vintage qui se pilotent via les câbles d’électricité."

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Efficacité Si tout cela vous semble relever de la fiction, c’est bel et bien la réalité, comme se plaît à le souligner Maarten Bax. Maarten Bax : "La raison pour laquelle il nous est possible aujourd’hui d’alimenter en énergie et de gérer les sources lumineuses via un réseau informatique ou de données réside dans la haute efficacité énergétique de l’éclairage LED, à telle enseigne qu’il est possible de fournir un éclairage adéquat avec une source d’éclairage de moins de 30 watts. En d’autres termes, le réseau de données remplace ainsi le câblage électrique classique. C’est ainsi que l’immeuble amstellodamois de Deloitte est alimenté en électricité par les câbles réseau qui fournissent dans le même temps des informations sur le fonctionnement de la lampe, comme le nombre d’heures de fonctionnement, l’intensité lumineuse utilisée, etc."

Éclairage intelligent Ce type de système d’éclairage révolutionnaire est aussi un bond en avant pour l’utilisateur final/le client.

Maarten Bax : "Le système Connected Office Lighting de Philips s’appuie sur trois éléments. Power over Ethernet assure l’alimentation électrique du système d’éclairage par un câble réseau. Un deuxième élément veille à ce que les capteurs de la lampe détectent des informations qui sont ensuite converties en données numériques et renvoyées par le même câble réseau vers un système d’information.

Ce dernier convertit toutes ces données en informations

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Image d’ambiance.

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À l’avenir, l’éclairage sera aussi connecté à d’autres systèmes dont il reçoit de l’information, mais auxquels il donne aussi un feed-back.

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Image d’ambiance.

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Le système Hue de Philips peut piloter toutes les lampes (Hue) avec un smartphone, via la 3G ou le Wifi, en tout lieu et à toute heure.

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Il suffit d’un clic sur un bouton pour obtenir du système Connected Office Lighting de Philips un trésor d’informations sur la consommation historique et actuelle des systèmes d’éclairage et/ou de chauffage d’un immeuble.

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analysables et les représente sous forme de graphiques visualisables... Un troisième élément assure qu’un tel élément d’éclairage intelligent génère un code à barres visuel (moyennant la scintillation de la lampe, invisible pour l’œil humain, mais perceptible par un smartphone par exemple, ndlr) et qui permet de piloter tous les éléments connectés à l’internet (éclairage, climatisation, etc.) avec votre smartphone, tout simplement. Le système réagit toutefois aussi de manière proactive.Ainsi, lorsqu’une personne entre dans une salle de réunion, elle veille ainsi à allumer la lumière et le chauffage. L’utilisateur a toutefois la faculté d’imposer ses préférences en termes d’intensité lumineuse ou de température à l’aide de son smartphone."

Un trésor d’informations Ces systèmes semblent tout droit sortis de l’avenir, parce qu’ils interagissent clairement avec leur environnement d’une manière plus efficace. Maarten Bax : "C’est un monde de différence avec les pièces (de travail) d’un immeuble actuel dont l’éclairage est soit constamment "allumé" soit constamment "éteint", parce qu’ils ne peuvent pas mettre en place d’interaction intelligente avec l’utilisateur.

Les capteurs présents, par exemple, dans le système d’éclairage à LED de l’immeuble Deloitte d’Amsterdam disposent d’un système de captation intelligent qui mesure non seulement l’intensité lumineuse, mais aussi les mouvements, la température et l’infrarouge. Toutes ces informations sont ainsi collectées et transmises via

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le réseau informatique.Dans ce système, une lampe est en effet un élément du réseau informatique au même titre qu’une imprimante. Autant d’informations très précieuses pour le Facility Manager, par exemple, qui gère le bâtiment. Il lui suffit de cliquer sur un bouton pour obtenir un trésor d’informations sur la consommation historique et actuelle des systèmes d’éclairage et/ou de chauffage d’un immeuble. Le système va toutefois encore plus loin et sensibilise aussi les utilisateurs. En effet, via leur smartphone, ils pourront aussi comparer leur consommation historique à la norme applicable. Ce type de systèmes peut aussi être utilisé pour la Visual Light Communication qui permet d’obtenir un positionnement interne et de répertorier le flux des collaborateurs via GPS. Pratique en diable pour optimiser l’utilisation des salles par exemple."

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A renvoyer à : Eurobest Products/Focus Archi 311, rue des Vaches - 7390 Quaregnon Fax : 065 66 61 75 ou via contact@eurobest.be

12 MUST 12HAVES ZOOM

Lustre à cuillers

Composé de 360 cuillers argentées, il réfléchit la lumière d’une manière plutôt intrigante, de quoi faire tourner toutes les têtes. www.laylagrayce.com

Illusion d’optique

Non, vous n’avez pas la berlue !

Du haut de ces 250 cm, la Memory XXL d’Axis71 est une lampe très séduisante qui sait en imposer. www.axis71.com

Bouquet de lampes

Le plein d’ambiance

La "Lumière Table Lamp" Foscarini est un classique de la marque. La lumière qui est distillée au travers de l’abat-jour en verre soufflé crée une ambiance inimaginable. Disponible avec un pied en aluminium poli ou en chrome noir. www.foscarini.it

Lars Snellaars a créé un élément d’éclairage social, Lighting//Social, pour YUP Products. Cette création se compose de trois abat-jour en équilibre reposant chacun sur un pied séparé. www.yupproducts.com

Beauté à la vitesse de la lumière

Art métallique

Vij5 a demandé au créateur David Derksen de métamorphoser une tôle de cuivre de 0,3 mm d’épaisseur en une lampe épurée à souhait. www.vij5.nl

Il serait par trop réducteur de confiner l’éclairage à la production de lumière. Il s’agit plutôt du meilleur créateur d’ambiance, capable de métamorphoser un logement en "chez soi". Ces perles de design font donc bien plus que nous sortir de l’obscurité.

TEXTE & COMPOSITION : PASCAL DEWULF

À votre gré

Le lustre Circular 3 Modern comprend une base sur laquelle vous pouvez fixer à votre gré trois éléments d’éclairage de la gamme Niche Modern. www.nichemodern.com

Trompette lumineuse

Ces éléments d’éclairage asymétriques en forme de trompette baptisés "Nafir" sont signés par Karim Rashid pour Axo Light. Disponible en élément autonome ou en groupe. www.axolight.it

Une lampe de ouf !

"Ausum" est la transcription phonétique de "awesome", fantastique en anglais. Et c’est un euphémisme, car la lampe Ausum est soufflée à la main par Alexe Dewitte pour Dark.

Chaque exemplaire est donc unique. www.dark.be

Nostalgie

Pour tous ceux qui regrettent l’époque des lampes à incandescence, voici le "Wooden Bulb", alliance d’un morceau d’histoire et d’une tranche de modernité expressive. www.lecor-beau.be

Les apparences sont trompeuses

Ce flacon en édition limitée de "Le Gemme", la nouvelle collection haute parfumerie de Bulgari, marie joaillerie et parfumerie et ressemble à s’y méprendre à une lampe. Mais il n’en est rien !

Chaque composition de parfum correspond à une pierre emblématique de la tradition de la maison italienne : améthyste, tourmaline, turquoise, péridot, citrine ou pierre de lune. www.bulgari.com

Ambiance chaleureuse

La gamme "Métaux Précieux" de la collection automne/hiver 2014 de Ben Simon dégage une ambiance très chaleureuse.

Cette lampe sur pied en cuivre jaune en est la parfaite démonstration. www.bensimon.com

Baliser l’obscurité

Le design de la lampe Boya par OutofStock pour Environment s’appuie sur les balises marines. Le pied de la lampe est en chêne rouge américain. www.environmentfurniture.com

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© Tim Van de Velde

14 14 INTERVIEW TETIERE

Le Bouwmeester

➔ Olivier Bastin Retour sur ses 5 ans de mandat en tant que Bouwmeester

TEXTE : MISTER EMMA

L

e 22 septembre 2014, j’avais rendezvous avec l’architecte Olivier Bastin au siège de BNP Paribas Fortis.

L’invitation ne portait pas sur le devenir du bâtiment de la rue Montagne du Parc ni sur la découverte de la superbe salle des coffres de Jules Wabbes mais sur le parcours du premier Bouwmeester bruxellois.

Je me souviens comme si c’était hier de ma première interview d’Olivier Bastin en tant qu’architecte à la rue de l’Escaut. J’avais découvert un homme passionné par l’architecture mais également par l’art. Loin d’être un collectionneur averti, Olivier Bastin aime le partage, la découverte, l’ouverture vers l’autre. C’est plutôt dans cette catégorie que je classerais son amour pour l’art.

Quelque temps plus tard, je l’avais retrouvé au sommet de Tour et Taxis pour parler de ses nouvelles fonctions, celle de Bouwmeester. Je dois bien vous avouer que même si la fonction existe depuis longtemps en Flandre, je n’avais pas bien compris en quoi elle consistait. Voilà pourquoi une de mes premières questions à cette ultime rencontre fut la définition de la fonction : "Un Bouwmeester organise des concours d’architecture. Il organise l’accès à la commande publique à un ensemble de bureaux d’architecture.

La mission principale du Maître-Architecte est de garantir la qualité architecturale et paysagère des projets. On a donc un ensemble d’outils et d’ingrédients pour définir la qualité architecturale mais cela se focalise sur l’outil principal qui est l’organisation des concours."

Voilà une explication qui a le mérite d’être claire. Olivier Bastin m’expliquera que, si au départ, c’était une mission uniquement régionale, les communes ont rapidement marqué un intérêt de collaboration, en particulier dans le cadre des contrats de quartiers. Plus tard, ce sont les sociétés privées qui sont venues frapper à la porte du Bouwmeester.

"Le fait que nous ayons pu ouvrir la mission à des privés est quand même un signe de réussite d’une certaine manière. La spécificité du Bouwmeester est qu’il n’est pas demandeur. Le privé, ou même le public, qui porte un projet est en général toujours demandeur par rapport à un autre pouvoir. Pouvoir d’octroi de permis de bâtir régional ou communal par exemple. Ainsi, comme nous ne sommes pas demandeurs, nous pouvons poser la question aux différents interlocuteurs de façon neutre.

Cette neutralité est totalement engagée et le niveau de

Olivier Bastin aime le partage, la découverte, l’ouverture vers l’autre. © Carlos Alberto López Robledo

discussion est d’une excellente qualité. Nous établissons cette discussion en amont des projets puis nous invitons les différentes directions d’urbanisme ou des monuments et sites à participer au jury."

Le devenir du siège de BNP Paribas Fortis est justement un des projets menés par l’équipe du Bouwmeester.

"C’est une belle expérience. Le principe est que nous avons accompagné BNPPF pour organiser le concours international, en établissant d’abord les valeurs sur lesquelles nous allons nous battre, ensemble, en particulier le fait que le bâtiment existant - ces deux grand blocs noirs que l’on voit briller d’une certaine manière à côté du palais des beaux-arts - est un bâtiment auquel nous, comme architectes fidèles à l’esprit moderniste des

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16 16 INTERVIEW TETIERE

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Olivier Bastin n’est plus Bouwmeester, il est retourné dans son bureau L’Escaut qu’il avait abandonné en 2009.

années septante, sommes attachés. J’ai donc dit d’emblée à BNPPF que cela ne va pas être facile parce qu’en réalité nous sommes défenseurs du patrimoine moderniste et, là, la banque nous proposait d’aller au-delà. Et c’est ça qui a été particulièrement intéressant."

On comprend que ce projet fut enthousiasmant mais en a-t-il été de même pour tous les concours, pour toutes les questions urbanistiques et architecturales sur lesquelles Olivier Bastin s’est penché ?

"Il y a des choses qui se sont bien déroulées, d’autres moins ! Le Bassin Vergote est un projet qui me tient à cœur car c’est la manière d’affirmer la présence du port de Bruxelles dans une version qualitative dans son environnement et dans une sorte de contre balancement de la pression immobilière qui se passe le long du canal. Il y a eu plusieurs projets d’aménagements d’espaces publics comme le parvis de St Gilles, la place de la cage aux Ours,

place Verboekhoven, le quai des matériaux. Il y a plusieurs projets d’excellente qualité. Mais il y en a un qui fait mal, c’est Schuman. On a fait un concours international avec Beliris qui avait bien préparé les choses car c’était très compliqué de rassembler tous les désidératas de tous les intervenants. On aboutit à une sélection de Xaveer de Geyter. Pour des bêtises de susceptibilité personnelle, ce projet ne se fera pas. Beliris a décidé de ne pas donner suite à ce concours, et je sais que le gouvernement actuel n’est pas heureux de cette décision. J’espère qu’il y aura un dialogue positif et que le gouvernement aura le courage et les moyens juridiques de remettre le projet sur la table.

Ce serait vraiment souhaitable vu l’opportunité du projet mais cela va-t-il être une réalité ? Ce n’est pas facile à savoir maintenant."

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© Marie-Francoise Plissart

Le travail n’a pas toujours été évident pour le Bouwmeester Je voyais la tâche beaucoup plus légère, beaucoup plus enthousiasmante et, au final, je la trouve beaucoup plus lourde que ce que j’imaginais. Il est clair que ce n’est pas dans mon habitude de jongler avec les humeurs du politique ou de l’institutionnel. Je trouve très regrettable que des ambitions et des projets importants soient bloqués sur des susceptibilités de personnes. C’est une réalité avec laquelle il faut jongler, cette notion de nuance qu’il faut mettre entre un parti et un autre ou une institution et une autre, ce sont les choses que je trouve regrettables. Par contre, pour l’expérience de comprendre la richesse institutionnelle de Bruxelles et donc cette complexité de niveau de pouvoir, c’est à dire le niveau régional et le niveau local, je dis à tout le monde qu’il y a une énorme richesse dans cette interstice et que je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à découvrir.

Olivier Bastin n’est plus Bouwmeester, il est retourné dans son bureau L’Escaut qu’il avait abandonné en 2009. "Il y a de beaux projets qui sont menés par le bureau L'Escaut que j’ai abandonné pendant cinq ans. Je sais que l’équipe m’attend mais j’aurai un autre rôle."

Cet article est un résumé de l’entretien que j’ai eu avec Olivier Bastin. Je vous invite à découvrir l’intégralité de cette interview, en vidéo, sur le site :

www.archiurbain.be

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Le monde d'Olivier Bastin.

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18 TETIERE 18 ZOOM

La prison de

Leuze-en-Hainaut

TEXTE : HUGO LEBLUD PHOTOS : LA RÉGIE DES BÂTIMENTS

La multiplication des patios et lanterneaux conjuguée à la mise en œuvre de matériaux très lumineux comme le verre et le métal tend à faire naître un projet global de vie carcérale plus humain.

Fiche technique Propriétaire : Etat belge Maître d’ouvrage : Régie des Bâtiments Occupant : SPF Justice Promoteur-entrepreneur : Consortia DBFM (Design-Build-Finance-Maintain – FPR Leuze (Cordeel-Cofinimmo-Willemen) Architectes du projet : DDS & Partners-Assar Architects-Storimans Wijffels Architecten

Durée du contrat : 25 ans (rétrocession ensuite sans frais à l’Etat belge) Superficie : 14 Ha 47 a Capacité : 312 places, soit 312 détenus : 300 hommes et 12 femmes Durée des travaux : 2012-2014 (mise à disponibilité en août) Indemnités de disponibilité à partir de 2014 : 12,06 millions EUR/an

Ressources humaines de la prison : 265 Equivalents temps plein dont 220 surveillants, 21 emplois administratifs, 30 personnes dédiées à l’entretien et aux cuisines,…

Les douves de protection matérialisées par des zones d’infiltration d’eau et des marécages finalisent ce dispositif.

Le complexe pénitentiaire est basé sur les principes de sécurisation, de fonctionnalité et de responsabilisation sociale.

Le premier aspect se concrétise par un mur de béton de 6 mètres de haut qui constitue la fortification de la prison.

Sur le plan de sa structure architecturale, la prison de Leuze est distribuée en trois parties :

Lumières et couleurs pour estomper l’univers carcéral.

D

epuis son ouverture officielle au mois d’août dernier, une septantaine de détenus et quelque 140 gardiens occupent ensemble la nouvelle prison de Leuze-en-Hainaut.

Ce nouveau lieu de détention s’inscrit directement dans la philosophie du "Masterplan 2008-2012-2016" du Ministère de la Justice (SPF Justice) qui vise, très explicitement, à concevoir une infrastructure carcérale "plus humaine" tout en apportant aussi une solution au problème endémique de la surpopulation carcérale en Belgique.

L’exécution de ce Masterplan "prison plus humaine" qui, avant Leuze, s’est déjà concrétisé avec l’ouverture des prisons de Marche-en-Famenne (octobre 2013) et Beveren (février 2014), est de la responsabilité exclusive, dans son exécution, de la Régie des Bâtiments, cette dernière agissant dans ce programme en qualité de maître d’ouvrage.

Ainsi, la Régie veille dans cette programmation à la bonne traduction des souhaits et exigences du SPF Justice.

La nouvelle prison de Leuze, implantée sur un terrain de quelque 14 hectares, est située le long de la Nationale N60 et de la Nationale 7.

La structure du bâtiment carcéral est directement inspirée des places fortes dessinées par Vauban et dont peuvent encore témoigner dans un environnement proche les deux villes d’Ath et de Tournai.

Ainsi, la prison leuzoise s’insère dans le paysage, entourée de murs qui constituent son enceinte, de talus qui symbolisent des mouvements de terre permettant de l’intégrer dans le paysage.

➔ Le bâtiment d’entrée, très lumineux dans sa réalisation en verre et en métal, se présente comme un pavillon avec, à l’étage, des bureaux administratifs ainsi que des locaux dédiés à l’Ordre judiciaire, avec une salle d’audience pour le tribunal d’application des peines, une salle polyvalente ainsi qu’une autre salle de délibération. ➔ Le bâtiment des visiteurs, situé à l’avant du bâtiment principal, est accessible directement en traversant la cour qui sépare le pavillon d’entrée de la zone cellulaire. ➔ Le bâtiment principal, en forme d’étoile, abrite le centre panoptique (zone de contrôle) qui offre une visibilité optimale sur les quatre ailes de détention.

Patios et puits de lumière A la différence des maisons d’arrêt érigées lors des deux derniers siècles, le côté "plus humain" ardemment souhaité par le Masterplan "prisons", avec également une préoccupation de réinsertion des détenus, passe par une attention très soutenue donnée à la couleur, à la lumière ainsi qu’à l’art.

Ces préoccupations se concrétisent dans l’architecture même des espaces avec l’insertion, multipliée, de patios entre l’entrée et la salle de visite, dans la salle de visite même ou encore au sein du local du personnel accessible via la cafétaria.

"Des entrées de lumière naturelle, rondes ou disposées en quinconce, qui apportent un aspect plus réconfortant, moins pénible pour

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20 TETIERE 20 ZOOM les visiteurs" note Catherine Verdood, l’architecte de DDS & Partners qui a supervisé la totalité de ce chantier leuzois.

Par ailleurs, les bâtiments intègrent aussi dans leurs structures des "puits de lumière" ainsi que des landerneaux projetant des lumières zénithales qui égaient les couloirs, les zones sportives et de sécurité, les ailes cellulaires, les ateliers,…

"Globalement, le souhait du maître d’ouvrage était de pouvoir apporter une lumière naturelle dans les lieux de vie et travail", précise Catherine Verdood.

Dans le cas de la prison de Leuze, le travail de la lumière s’est donc fait principalement en toiture.

Couleurs et art plastique Dans le bâtiment principal, l’impressionnante salle panoptique est de couleur orangée tandis que le bois qui tapisse le plafond éclaire d’une lumière filtrante l’impressionnante fresque graphique de grande dimension qui ceint ce centre de surveillance.

On doit cette fresque graphique à Franca Ravet qui précise que "cette empreinte graphique, sorte d’image de résonance magnétique cérébrale, pose entre autres des questions sur la conception, la transmission et l’effacement des informations mémorisées tout au long de nos vies."

L’art plastique, à l’invitation de l’architecte Dirk Bigaré (DDS & Partners), fait également partie intégrante de la nouvelle prison leuzoise.

Ainsi, Georges De Decker a conçu pour ce site une série intitulée "Le bruit de la pensée" comprenant quatre sculptures réalisées en bronze, en bois de noyer, en aluminium ainsi qu’en cuir et plomb.

A l’entrée de la prison, le bronze se veut une métaphore de la puissance de l’imagination, indiquant par là que le détenu ne dispose plus, dans sa solitude imposée, que de sa "voix intérieure", sa propre conscience.

Une prison certifiée

BREEAM Les concepteurs de la nouvelle prison leuzoise ont opté pour une certification BREEAM -Building Research Establishment Environmental Assessment Method- qui est reconnue sur le plan international.

Cette certification environnementale mesure en réalité l’ensemble des performances d’un immeuble tout au long de son cycle de vie.

Le programme de la prison intègre de nombreuses mesures durables et cela, tant au niveau de la conception, de la construction ou de l’utilisation du bâtiment.

Quelques exemples : ➔ le choix des matériaux sur base du Green Guide to Specification ➔ l’utilisation d’isolants durables et performants afin de diminuer la consommation d’énergie ➔ le plan de gestion sur le site

En complément des quatre sculptures, Georges de Decker a également conçu un ensemble de vitraux qui se veut en résonnance avec la verticalité des sculptures et qui développe une palette de couleurs tempérées.

On l’aura compris, la couleur, la lumière et l’art sont au centre de cette conception architecturale, fondamentalement revisitée, de notre univers carcéral.

➔ la mise en place d’un plan de gestion durable en mettant l’accent sur l’énergie ➔ l’utilisation de l’eau de pluie et l’approvisionnement durable ➔ l’implantation paysagère ➔ l’aménagement des préaux végétalisés pour les détenus ➔ l’installation de plusieurs centaines de panneaux solaires sur les toits du hall sportif et du bâtiment logistique et administratif, le retour sur investissement de cette installation photovoltaïque ayant été estimé à cinq ans et demi

Appel à projet

envie de partager vos réalisations ?

Focus Archi vous donne la parole !

© Sergey Nivens - Fotolia.com

envoyez vos projets réalisés avec les informations suivantes : • une présentation succincte de votre bureau.

• des photographies explicites du projet.

• une note sur le parti architectural pour le projet que vous souhaitez présenter.

• faites-nous part des difficultés rencontrées lors de la réalisation du projet.

n’hésitez pAs à nous contActer, c’est un service grAtuit dédié Aux Architectes !

LioneL Lhoir

Morgane DuponT

Architecte rédAction & publicité

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T.+32 (0)474 69 89 04 morgane.dupont@focusarchi.be

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22 22 INTERVIEW TETIERE

Concepteur d'éclairage Que la lumière soit !

‹ Karen Baes, conceptrice d’éclairage chez Delta Light : "L’importance d’un ‘bon’ éclairage est souvent sous-estimée.

C’est dommage, car les conseils professionnels en éclairage peuvent constituer de précieuses sources d’inspiration."

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24 24 INTERVIEW TETIERE

‹ De nos jours, l’architecture et l’éclairage travaillent main dans la main.

Donnée purement fonctionnelle à l’origine, l’éclairage est devenu, ces dernières années, un élément crucial de l’expérience globale d’un projet architectural. Pour qu’un projet soit réussi, il est essentiel d’élaborer un plan d’éclairage professionnel qui restitue au mieux la quintessence des qualités d’un projet. Le concepteur d’éclairage professionnel joue donc un rôle essentiel pour tout bureau d’architecture qui se respecte.

Jusqu’il y a quelques années, un plan d’éclairage se résumait généralement à une petite opération esthétique s’il restait encore du budget à l’achèvement d’un projet de construction. C’était souvent une source de désillusions, car le résultat final ne correspondait pas vraiment aux attentes suscitées par le projet architectural initial. Bien que ce fossé ne puisse pas être entièrement imputé à l’éclairage, ce dernier joue néanmoins un rôle important dans le débat. Karen Baes, conceptrice d’éclairage professionnelle chez Delta Light, plaide dès lors en faveur d’une attention suffisante lorsqu’il s’agit de choisir le bon éclairage. "L’importance d’un ‘bon’ éclairage est souvent sous-estimée, alors que les conseils professionnels en éclairage peuvent constituer de précieuses sources d’inspiration, explique Karen, qui assiste les bureaux d’architecture et leurs clients dans la conception du plan d’éclairage de leurs projets architecturaux. Les conseils professionnels en éclairage vous permettent de découvrir une multitude de possibilités que vous pouvez confronter à vos goûts personnels afin de parvenir à une solution qui correspond à la perfection au concept de votre projet de bureau/d’habitation."

La beauté est subjective

Au plus tôt, au mieux

Plus que jamais, les bureaux d’architecture comprennent eux aussi l’importance de systèmes d’éclairage cohérents dans l’expérience globale d’un projet. "De nos jours, le consommateur est bien plus conscient de l’impact de l’éclairage qu’il y a cinq ans, par exemple, ajoute Karen Baes. Les architectes le savent et ils traitent donc le sujet avec le plus grand sérieux. Outre les propriétés esthétiques d’un élément d’éclairage, nous essayons de les conseiller surtout sur divers critères tels que la fonctionnalité, l’économie d’énergie, etc.

Quel éclairage allons-nous mettre en œuvre dans quel volume ? Quelle quantité d’éclairage prévoyons-nous ? Quel type d’éclairage devonsnous éviter ? Nous fondons nos conseils sur une analyse détaillée de ce que l’architecte et surtout le client trouvent ‘joli’. Nous confrontons ensuite ces critères avec les aspects techniques et les autres éléments qui influent de manière optimale sur la perception de l’atmosphère d’ensemble d’un projet de construction. En principe, il n’y a pas vraiment de choix erroné, car la beauté est dans l’œil de celui qui regarde. Mais nous voulons toutefois attirer l’attention de l’architecte comme du client sur les limites de certains choix. Il arrive par exemple que l’on opte dans un projet particulier pour un élément d’éclairage donné qui n’est d’ordinaire utilisé que dans des magasins (p.ex. pour éclairer des vitrines, ndlr). C’est là que nous intervenons et que nous tentons de conseiller des alternatives par lesquelles l’architecte ou le client sent que le projet répondra encore toujours aux attentes avec l’autre choix."

Chez Delta Light, le plan d’éclairage n’est pas pris à la légère. "Nous avons un service d’étude maison qui assiste les architectes dans le choix de leur éclairage et il fait partie de notre politique de qualité, précise encore Karen Baes.

Concrètement, cela signifie que des architectes ou des bureaux d’architectes viennent nous voir et que nous analysons le projet avec eux afin d’établir une présélection des éléments d’éclairage et de leur placement. Nous avons également un chef de projet par province qui peut conseiller et inspirer les architectes et les prescripteurs au bureau ou sur chantier. Ils ont toujours l’un ou l’autre appareil de démonstration sous la main de sorte que l’architecte peut parfaitement se rendre compte de la couleur de lumière, de l’intensité lumineuse ou du faisceau. Idéalement, nous commençons la collaboration à un stade précoce, généralement pendant la phase de conception. Plus nous embrayons tard dans le projet, plus il devient difficile de réaliser un plan d’éclairage optimal.

Mais l’exercice est tout sauf purement théorique.

Nous disposons également d’un laboratoire de test où le client peut vérifier de visu l’effet d’un élément d’éclairage, et observer les différences entre les caractéristiques de différentes formes d’éclairage telles que les LED ou l’halogène afin de prendre une décision plus fondée."

TEXTE : PASCAL DEWULF PHOTOS : DELTA LIGHT

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2626TETIERE 26D(ÉCO) ZOOM

Vu à la Biennale Intérieur 2014 de Courtrai TEXTE : PHILIP WILLAERT

Le modulaire ne cesse pas d'étonner

Courtrai nous a permis d'admirer le stand de The Design Pharmacy, où le fabricant présentait de nouveaux luminaires, notamment Rektor, MP78 et Médard. Médard est une création surprenante qui quitte les sentiers battus. La lumière sort d'un cylindre en équilibre sur des pieds organiques, faisant clairement référence à la branche qui marche. www.supermodular.com

Les créations originales de Vera Vermeersch

Des œuvres d'art transformées en tapis : voilà une idée créative s'il en est. Des artistes comme Fred Bervoets, Pjeroo Robjee, Nick Andrews, Johan Tahon, Koen Vanmechelen, Frieda van Dun, Jan Vanriet, Roger Raveel et bien d'autres se rencontrent dans l'atelier de Vera. Le processus fait une large place au dialogue avec l'artiste. Les créations étaient exposées à la Biennale Intérieur 2014. Vera Vermeersch s'inscrit dans la riche tradition de la tapisserie flamande, entrelaçant habilement les techniques artisanales et modernes. www.veravermeersch.be

Abet Laminati : nouveaux décors Print HPL

À Courtrai, la nouvelle collection Print HPL 2015 > 2018 attirait tous les regards sur le stand haut en couleurs d'Abet Laminati.

Les bancs d'école Obumex présentaient les infinies combinaisons créatives des nouveaux décors et textures Print HPL dans une ambiance tridimensionnelle inédite. www.abet-laminati.it

Luminous Carpets

Philips et Desso sont connus pour leur esprit d'innovation allié à la volonté de développer de nouveaux produits écologiques qui contribuent à la santé et au bien-être. Leur collaboration a débouché sur un produit à la rencontre de l'éclairage à LED et de la technologie des tapis. Luminous Carpets™ offre un remarquable potentiel d'exploitation des revêtements de sol. www.desso.com

Eden Design : la surprise OLED

Les intéressantes lampes OLed de Bart Lens étaient présentées par Eden Design, de Hasselt. Surprenant de voir la lumière sortir d'une simple surface. Eden Design est un des rares fabricants à avoir misé sur la technologie OLed pour la Biennale Intérieur. À suivre. www.edendesign.be

DuPont™ Corian® : beauté et efficacité

À Courtrai, nous avons pu découvrir : • la cuisine "Super-Black", conçue par Christian Ghion et fabriquée par Crea Diffusion; elle fait appel aux quatre teintes noires de DuPont™ Corian® obtenues à l'aide de la DeepColour™ Technology* • six nouveaux bruns DuPont™ Corian® obtenus à l'aide de la DeepColour™ Technology* • l'utilisation des matériaux de surface DuPont™ Corian® dans le cadre de la recharge sans fil des smartphones. www2.dupont.com

Flos - cordons lumineux

La suspension à LED String Lights Cone de Flos est une belle expérience de Michael Anastassiades. Durant un voyage en train, il a trouvé l'inspiration dans le câblage électrique continu qu'il voyait par la fenêtre.

Le résultat ? Étonnant. www.flos.com

Saint-Gobain et l'expérience du verre

Bien plus qu'un simple verre, le nouveau vitrage intérieur SGG Timeless exposé par Saint-Gobain Glass à la Biennale Intérieur 2014. Spécialement conçu pour la douche, le produit est muni d'un revêtement spécial qui ne se voit pas, mais prévient à la fois les dépôts de calcaire, le ternissement et le vieillissement. www.saint-gobain.be

Acoshape+

Combiner l'acoustique et la lumière ? C'est possible.

La Biennale Intérieur nous a permis de voir une variété de jolies formes colorées et vivantes.

Acoshape+ nous a séduits.

Vive le plaisir du design ! www.acoshape.com

Lampe Fan de Nathalie Dewez Axor, arbitre des élégances

La salle de bain d'Axor incarne la diversité des modes de vie et la fascination qu'elle suscite.

Une collaboration avec les plus grands designers du monde donne naissance à des collections complètes pour la salle de bain, des collections aussi individuelles et diverses que les utilisateurs.

Notons en particulier le robinet Designed by Antonio Citterio, aussi beau que confortable. www.hansgrohe.be

Agréable surprise à la Biennale Intérieur 2014 : la nouvelle lampe de Nathalie Dewez en forme d'éventail. Il y a longtemps que la créatrice n'est plus une inconnue dans le petit monde de l'éclairage. Dewez se plonge volontiers dans les arts, qu'elle met en relation avec le design. Nous connaissions déjà ses lampes mobiles, clin d'œil espiègle à l'artiste américain Calder. Elle a développé sa dernière idée, la lampe Fan, avec la collaboration de Bislighting. www.bislighting.be

Wild Spirit – simplicité sauvage Simplicité décorative. Chez Wild Spirit, on sait ce que cela veut dire. Du bois et du cuir, des formes qui durent, et des concepteurs du plus haut niveau. La marque, très branchée en Amérique, progresse à grands pas chez nous. À Courtrai, nous avons apprécié le Rack de Lieven Musschoot et Cas Moor. Et avez-vous vu la chaise De Arch de Sylvain Willenz ?

L'imposant Moonlounger de Gerd Couckhuyt ? www.wildspirit.eu

Ulf Moritz chez Orac

ORAC était bien présent au salon avec des décorations 3D en matériaux synthétiques. Le célèbre créateur textile Ulf Moritz a élaboré pour l'entreprise ostendaise une collection unique, intitulée Ulf Moritz for Orac Decor. www.oracdecor.com

De Puydt Haarden - Metalfire : classe chaleureuse

Le feu ouvert rond de De Puydt n'a pas manqué d'attirer les curieux sur le stand.

L'idée de base est signée Glen Sestig.

Elle insuffle au visiteur un sentiment de cohésion. Décoré de bronze, le foyer possède un écran à étincelles escamotable. Un point de rencontre archétypique que l'on n'oublie pas ! www.depuydthaarden.be

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28 INTERVIEW

Cultiver la simplicité humaine sur tous les tons

Bruno Moinard Éditions Bruno Moinard

Le Français Bruno Moinard est décidément très demandé : le monde, Paris, mais aussi la 24e Biennale Intérieur 2014 de Courtrai l’accueillent à bras ouverts. Dans ce salon du design, le stand d’Obumex braque les projecteurs sur une collection de meubles artisanaux d’exception signée de sa main. Véritable figure emblématique du style, ce Français, créateur des boutiques Cartier aux quatre coins du monde, s’est fait une spécialité du luxe discret. Retenez bien ce nom, car vous le retrouverez sans doute d’ici peu…

© Jacques Pepion

Bruno Moinard est originaire de Normandie, plus précisément de Dieppe, où il a passé sa jeunesse.

Son père était tapissier. Dans ce décor, il a voué une fascination pour la mer, la lumière maritime et cette côte d’albâtre translucide. Pas étonnant dès lors que le créateur maintes fois primé transpose aujourd’hui ces souvenirs dans ses créations où la lumière et la simplicité des lignes recherchent l’essence même des choses.

Grand public

François Mitterrand Son CV est ponctué de noms tels qu’Andrée Putman et Philippe Starck. Avec ce dernier, il a même aménagé l’intérieur de l’appartement de François Mitterrand. Notons aussi ces rencontres au gré du hasard, avec, entre autres, l’homme d’affaires François Pinault, pour qui il a aménagé le Château Latour. Entre-temps, Bruno Moinard a conquis le monde de Paris à New York en passant par Cologne.

Création ultime Simplicité chaleureuse, élégance et intemporalité sont les trois piliers sur lesquels s’appuie l’œuvre de Bruno Moinard. Les créations de son bureau 4BI – symbole de ses quatre enfants associé aux initiales de son prénom et de celui de son épouse, Isabelle – sont des œuvres sur mesure. Elles évoquent souvent le passé – comment saurait-il d’ailleurs en être autrement au pays de l’élégance et du style ! – mais leur scénographie et leur approche respirent la contemporanéité. Une philosophie créatrice de touches chaleureuses dans les intérieurs les plus épurés.

Moinard sait cultiver l’art de la simplicité sur tous les tons. Ce qui le grandit tout particulièrement, c’est son attention pour le maître de l’ouvrage : il le place au centre de son approche, le créateur s’effaçant, en quête de la création ultime.

Passion Moinard propose un style propre aux échos minimalistes distillés à la dimension de l’homme. Il mise ainsi sur l’expérience tactile et sensorielle de matériaux nobles comme le marbre, le velours, le cuir, le bronze, etc., autant d’ingrédients témoins de sa personnalité dans l’aménagement d’appartements, de maisons privées, d’hôtels, de boutiques de luxe et d’espaces publics. Moinard est une figure emblématique du style. Toutes ces œuvres sont rythmées par la passion, l’amour et l’émotion d’un projet auquel il confère une indissociable dimension culturelle et historique. Ses créations de meubles participent de la même philosophie, entre autres pour Interna, l’Italienne, pour Ecart International et pour Bruno Moinard Éditions, sa dernière ligne.

Bien plus qu’un bureau d’architecte, 4BI se révèle plutôt un laboratoire du style fidèle à la philosophie fondamentale, à savoir la réinterprétation des pièces et des espaces sans toutefois en trahir l’âme. L’œuvre de Moinard s’appuie sur la création de surprises truffées de références historiques et sur l’ignorance résolue des caprices de la mode et de l’air du temps. Au cours de la 24e Biennale Intérieur 2014, Bruno Moinard Éditions a présenté sur le stand d’Obumex une trentaine de créations de meubles, chacune désignée par le nom d’une ville. Elles sont autant de clins d’œil aux carnets de voyage de cet éternel globe-trotteur, les voyages étant une passion au moins aussi dévorante que la création et une source permanente d’inspiration.

Bruno Moinard Éditions comprend des modèles créés initialement pour des commandes privées ou publiques, mais qui sont désormais aussi disponibles pour le grand public.

La philosophie fondamentale du bureau de création s’exprime clairement dans chacune de ces pièces : élégance épurée, retenue, sobriété et, une évidence, un respect infini pour les artisanats de grande tradition. Cette collection flambant neuve est tout sauf une nouvelle démonstration rigide et radicale de design, puisque Moinard déploie surtout une démarche humaine, une combinaison d’ornementation esthétique, de charme, d’ergonomie et de confort.

Agréable et charmant Toutes les caractéristiques mentionnées ci-dessus semblent relever de l’évidence comme si elles avaient toujours existé. Moinard fait étalage, non sans une grande générosité, de la richesse et de la simplicité des formes et des matériaux, de l’immatérialité et de la tangibilité d’un seul tenant. Pour cette première collection – où design et fonctionnalité s’entremêlent en toute harmonie, il reprend les codes de l’intemporalité et les adapte pour exprimer un langage des formes contemporain à des années-lumière de toute radicalité et d’orthodoxie. Ses œuvres arborent toujours des lignes pures et cristallisent la symétrie dans des formes à la fois charmantes et agréables, que tout observateur reconnaît d’emblée comme classique et qu’il qualifie de charmant, convivial et élégant. Moinard propose toujours un tracé à la fois sensible et expressif, jamais radical, et traduisant toujours ce sens français inné de l’équilibre et de la proportion. Sans oublier les applications de matériaux minutieusement sélectionnés, cette ravissante alchimie de chêne, cuir, bronze, érable, albâtre, soie de couleur nouée à la main et marqueterie.

Univers personnel Les dernières créations de meubles de Moinard s’inspirent très largement de la symbolique formelle de l’art déco, du modernisme et du constructivisme. L’on observe une interactivité de mouvements linéaires à la fois puissants et aériens, de rotondités sensuelles contrebalancées par la stricte rectitude qui transparaît de ses créations.

Pourtant, Moinard est la conjugaison de tous les éléments de l’univers personnel de l’architecte, du créateur, du designer et de l’artiste. La courbure d’un accoudoir, la circularité d’un abat-jour, la linéarité d’un pied, chaque élément fait chorus dans le chant de la modernité. Aucun détail ne lui échappe, chaque création exhibe raffinement et simplicité, et des composants qui déploient une rhétorique aveuglante de tentation et de désir.

Humour discret "Cette collection génère une plus-value considérable pour notre activité principale", souligne Moinard. Il met ainsi l’accent sur ses concepts spatiaux, à ceci près que la collection de meubles se manifeste comme un ensemble d’accessoires. Bruno Moinard: "En résumé, je dirais que cette nouvelle collection m’a permis de me concentrer pleinement sur l’indéfinissable, les effets de surprise et la dualité sincère des matériaux. Il convient aussi de ne pas oublier les traits d’humour discret comme les dessous de chaises, tous jaunes, et certains traitements réservés aux tissus, clins d’œil évidents à la haute couture." www.brunomoinard.com

TEXTE : PHILIP WILLAERT PHOTOS : BRUNO MOINARD

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30 TETIERE 30 INSPIRATION

"Il n'y a pas de lumière sans ombre".

Louis Aragon.

Focus Archi vous inspire sur la manière d'apprivoiser la lumière au travers de projets architecturaux divers.

L'utilisation de puits de lumière , de claustras, de parois transparentes, d'éclairage indirect permettent de sculpter les volumes. A vous de vous approprier les possibilités offertes pour éclairer votre propre vision.

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32 32 INSPIRATION EN MATIÈRE

COMME UN OISEAU QUI PREND SON ENVOL HOLMENKOLLEN, NORVÈGE 33

34 INSPIRATION

Œuvre de JDS Architects, le tremplin de saut à ski de Holmenkollen est le plus moderne au monde. C'est aussi un des premiers tremplins design jamais construits. La tour de départ culmine à 60 mètres au-dessus du sol. La construction a fait appel à 100 tonnes d'acier; Holmenkollen est d'ailleurs le seul tremplin fait dans ce matériau. De nuit, l'éclairage de l'imposant "oiseau" est visible très loin à la ronde.

La tour est notamment équipée d'une barrière coupe-vent fixe, d'une machine à glace et d'installations de production de neige, sans parler du système audio et lumière. On trouve aussi un nouveau podium pour le jury et un autre pour les dignitaires. Le public et la presse disposent de facilités améliorées.

BUREAU D'ARCHITECTE : JDS ARCHITECTS WWW.JDSA.EU HOLMENKOLLEN / NORVÈGE / 2010

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36 INSPIRATION 36 TETIERE

BART LENS JOUE AVEC LA LUMIÈRE BEVERST-BILZEN, BELGIQUE

La lumière définit l'espace et la perception de l'espace, tout en mettant en valeur les objets qui s'y trouvent. C'est la lumière qui crée l'ombre et fait naître la profondeur.

Sans lumière, pas d'espace. Notre horloge biologique est commandée par la lumière, plus précisément par la sensation de la lumière du jour. Sans lumière du jour, pas de vie, pas de rythme. Sans lumière (du jour), nous ne pourrions identifier les couleurs, si importantes pour l'expérience sensorielle.

La lumière colore notre journée.

La grande architecture (d'intérieur) trouve tout son sens en jouant avec la lumière, en l'impliquant ou en la masquant.

BUREAU D'ARCHITECTE : LENS°ASS ARCHITECTS WWW.LENSASS.BE BEVERST-BILZEN / BELGIQUE / 2006

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38 INSPIRATION

PERSPECTIVES ET LUMIÈRE À PROFUSION IXELLES, BELGIQUE C’est sur une parcelle de 125 m2 coincée entre une rue étroite et un intérieur d’îlot densément construit, à l’emplacement d’une vielle construction délabrée qui ne comptait qu’un seul étage, que le maître d’ouvrage demande aux architectes de concevoir son logement et deux surfaces destinées à la location. Le projet propose un habitat de hautes performances énergétiques et environnementales tout en restant simple et agréable à vivre.

L’éco-nomie-logie du projet réside déjà dans ses bases : faible occupation du territoire, densification du bâti dans un quartier qui possède de nombreux atouts en termes de mobilité et de proximité dans un tissu urbain varié.

L’immeuble retrouve l’échelle de la rue. Il côtoie le gabarit des bâtiments voisins et s’affirme par ses lignes et son habit de bois.

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40 INSPIRATION

Côté cour, les étages, sont disposés en gradins. Ils suivent les profils des immeubles voisins en respectant leur vue et leur ensoleillement.

Le rez-de-chaussée s’ouvre vers un patio qui longe le mur mitoyen orienté sud. Il est logiquement occupé par les fonctions "publiques" : espace commun, gestion des déchets, rangement vélos, atelier bricolage, un espace équipement mis en location ou espace polyvalent à disposition des habitants.

Les étages, plus lumineux, accueillent deux logements.

Les séjours sont disposés de façon à jouir de toute la largeur de la parcelle et de profiter de son élargissement vers l’arrière. De larges terrasses les prolongent généreusement.

Le logement du propriétaire est agencé sur les trois niveaux supérieurs. Son séjour est traversant est/ ouest. Il occupe une surface complètement libre et est visuellement encore agrandi par les baies toute hauteur, l’ouverture de la trémie d’escalier, le vide pratiqué entre le plancher de l’étage et la façade arrière et une baie vitrée qui s’élève sur un niveau et demi.

Bien que dense et compacte, le projet offre des espaces de vie ouverts et baignés de lumière. Les contraintes de départ difficiles (exiguïté et programme exigeant) ont contribué à donner sa force au projet et lui donnent à l’arrivée son caractère.

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La rapidité de l’efficacité dans le traitement des solins et abergements de cheminées.

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42 42 INSPIRATION INSPIRATION

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LA LUMIÈRE CRÉE LE RYTHME WOESTEN, BELGIQUE Pour nous comme dans l'architecture, la lumière est essentielle. L'architecture est à notre service. Il n'y a pas de vie sans lumière du jour, pas de perception de l'espace ni des formes, pas de couleurs. La lumière se distingue par sa diversité : chaude lumière du soleil, lumière neutre venue du nord dans l'atelier du peintre ou le musée. Dans le sud de l'Espagne, la moindre ouverture du mur éclaire toute la pièce. Quant aux grandes baies vitrées, elles répondent au besoin de lumière dans les

contrées septentrionales. La lumière crée le rythme de nos journées : lever du soleil, lumière estivale, soleil printanier, rayons changeants... Certaines fonctions appellent une lumière limitée, d'autres un bain de lumière, d'autres encore une lumière du jour adaptable. À nos yeux, construire pour les gens, c'est maîtriser la lumière, créer un cadre de vie stimulant façonné par la lumière.

BUREAU D'ARCHITECTE : ATELIER TOM VANHEE - WWW.ATELIERTOMVANHEE.BE - WOESTEN / BELGIQUE / 2011

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Bain de lumière (photographe © Filip Dujardin).

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L'exploitation de la lumière du soleil dans l'espace (photographe © keppie & keppie).

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La lumière crée la forme (photographe © Filip dujardin).

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44 INSPIRATION

EUPHORIE EMBOURG, BELGIQUE À Liège, l'Atelier du Plan9 a opté pour un concept extrêmement léger qui tranche avec le côté massif de l'habitation en pierre de taille. Un choix particulièrement judicieux. Contrairement à l'architecture existante, le projet se soustrait aux lois de la gravité. On note aussi l'unité de forme entre pool house et piscine. Leur forte cohésion mutuelle est soulignée à la fois par la ligne architecturale, les matériaux et les couleurs. Matériaux et couleurs ont un sens : ils créent une ambiance et veillent à l'équilibre entre fonctionnalité et esthétique. Certains critiques voient un lien entre architecture et bonheur. Ce projet ne leur donne pas tort : sa simple contemplation déclenche l'euphorie.

BUREAU D'ARCHITECTE : PLAN 9 WWW.PLAN9.BE EMBOURG / BELGIQUE / 2013

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Figure emblématique du design belge

Kewlox

46 INTERVIEW

La marque Kewlox peut être qualifiée de "grand classique" belge. En effet, depuis leur création en 1958, les meubles éponymes, modulaires et multifonctionnels, sont toujours aussi prisés et arborent un design ou un concept quasiment inchangé. Tout le credo de Kewlox tient en ces mots : un design excellent est intemporel.

TEXTE : PASCAL DEWULF PHOTOS : KEWLOX

Depuis des décennies, les agences belges d’architecture raffolent des formes épurées et du design ingénieux de ces meubles de rangement.

Jean-Marc Bryskere, administrateur délégué de Kewlox en explique les raisons : "Le concept et le système de ces meubles de rangement, qui se montent sans clou ni vis, font l’exclusivité de la marque aujourd’hui. Le design est quasiment inchangé depuis plus de cinquante-cinq ans. Le lancement de la ligne "Frost" (Kewlox avec des portes en verre acrylique de couleur, ndlr) et la possibilité de personnalisation avec des impressions de photos n’ont fait que renforcer la popularité de la marque." Entre-temps, la marque de design belge continue son ascension et s’est aussi adaptée aux séjours d’un public exigeant passionné de design épuré et de modernité intemporelle qui exerce un impact direct sur son intérieur.

Plus d’infos sur : www.kewlox.be

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48 EN 48 MATIÈRE TETIERE

Un instant de libération

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"Sans lumière, la représentation de l'espace est impensable.

Espace et lumière sont indissociables. Dans l'architecture, la lumière est un élément plastique, peut-être le plus important.

C'est la lumière qui génère le lien essentiel entre l'espace et la matière.

Mais l'architecture ne s'arrête pas là. Son perfectionnement ne sera possible que si une place est faite au traitement la lumière."

Theo Van Doesburg

L

a lumière relie l'espace et la matière, déclare Theo Van Doesburg.

Chef de file de De Stijl, Theo Van Doesburg n'était pas seul à le penser. Des artistes contemporains comme James Turrell en ont même fait l'œuvre de leur vie. Chez eux, il n'y a plus un simple espace, mais un light space qui réserve un rôle central à la perception de la lumière, de la couleur et de l'espace. On est surpris de ressentir l'expérience méditative que suscitent ces lieux de lumière.

Une expérience délibérément étudiée, qui renvoie – avec un clin d'œil – aux chapelles et églises de Le Corbusier, Tadao Ando, Peter Zumthor et bien d'autres. Ceux-ci ont également été subjugués par le traitement de la lumière et les applications des matériaux. La chapelle de Peter Zumthor à Mechernich ne laisse aucun doute à cet égard. L'expérience du sublime y est tout simplement bouleversante, en lien direct avec les "colourfield paintings" de Barnett Newman, un autre Américain, pour qui le sublime n'avait ni passé ni avenir. The sublime is now, écrivait-il.

Ses toiles tout en lumière et couleur poursuivent une autre forme d'art, libéré du poids de la tradition européenne.

La couleur est lumière, affirmait déjà Matisse cinquante ans avant Newman. La part mystique et transcendantale de l'œuvre est indéniable.

Les Américains ont toujours été attirés par la transcendance : de Walt Whitman aux admirables parasignifications transcendantales des photos d'Alfred Stieglitz, en de Man Ray à James Turrell.

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L'art, expression de nos aspirations religieuses, de notre faim de surnaturel ? Dans son article De holte van een naam (le vide d'un nom), le philosophe Frank Vande Veire expose la logique de cette conception : "Dans un monde entièrement désacralisé, 'désenchanté', il ne reste plus que l'art pour combler encore l'inextinguible désir humain de transcendance, son attirance pour une destination spirituelle supérieure, son goût du mystère...

L'art permet à la religion de survivre en marge d'une société sans religion.

La religion de l'art n'est pas subordonnée à une doctrine ni à des dogmes : elle refuse toute représentation, toute image du divin. L'expression la plus claire de cette religiosité iconoclaste résiderait dans les nombreuses 'icônes abstraites' que notre siècle produit, celles de Malevitch, Mondrian, Reinhardt, Rothko et les autres. C'est précisément en bannissant l'image que ces artistes font apparaître indirectement une présence qui dépasse l'image. Le vide ascétique qu'ils nous montrent ne serait que l'autre face d'une plénitude mystique. "

Le jeu aérien de la lumière et de l'espace Un jour, sur la table à dessin de l'architecte Jos Vanderperren, nous avons vu un étonnant projet de maison aérienne. Au stade de la conception, l'habitation se dressait sur des pilotis au milieu des bois. Si l'on imagine qu'elle a vu le jour, il faut d'abord se frayer un chemin dans le "ventre" de la forêt obscure pour arriver à cette maison silencieuse. Le parcours aboutit ensuite à la hauteur où la construction se déploie, à l'endroit où les occupants habitent. C'est un habitat qui renvoie aux notions heideggériennes d'unité et de lien avec le cosmos et la nature. Là-haut, à la cime des arbres, cette remarquable maison – ou est-ce une "boîte" néo-moderniste ? – apparaît comme un corps étranger, de conception rationnelle, dans un environnement aussi vaste que poétique. C'est un espace construit dans l'espace forestier, un concept de bâtiment que n'auraient pas renié les architectes baroques comme Vittone et Guarino Guarini, voire Palladio lui-même. L'édifice forme un contrepoint visuel qui n'échappe pas au regard. Enveloppé d'une peau spéciale, cet organisme baigne dans la transparence dynamique du feuillage, des écorces et des branches. Assurément, la maison éveille les sens, fascine, et surtout, suscite la fascination par le jeu aérien de la lumière et de l'espace.

Bureau flottant Dans les projets de Bruno Erpicum, la lumière naturelle occupe une place en vue. "La lumière donne vie à la matière." Il me montre un escalier en béton tout à fait ordinaire. Mais la lumière en fait une sculpture magique.

"La lumière est partout et gratuite. Elle reproduit toutes les nuances de la matière", explique l'architecte, amusé. Dans un de ses projets, la lumière frappe un mur intérieur. L'effet est sublime, presque métaphysique. Le mur adopte profondeur et perspective, en référence aux grandes toiles abstraites de Barnett Newman."Si nous mettions des fenêtres au milieu du mur, nous profiterions d'une lumière très utile. Mais ici, le résultat est tel que le matériau – le mur – se met à parler et donne à l'espace une perspective forte."

Les bureaux de Xima, dans la tour bruxelloise du WTC, ont subi une rénovation approfondie. Ici encore, Erpicum met la lumière en scène, pour créer un lieu de travail humain et attrayant. L'architecte disperse la lumière dans les locaux de l'agence de publicité DDB de Bruxelles. On y trouvait auparavant un échantillon du savoir-faire de Paul Hamesse, le célèbre architecte art nouveau. Mais malgré sa réputation, l'ensemble était plutôt chaotique. Bruno Erpicum et son équipe ont transformé le bric-à-brac en un lieu où l'on séjourne ou travaille avec plaisir. La lumière naturelle y abonde, entrant par de grandes surfaces vitrées.

TEXTE: PHILIP WILLAERT

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La lumière dans l'espace urbain

La lumière possède un côté fonctionnel et un côté esthétique. Le fonctionnel montre son utilité dans l'éclairage de rue. En tant qu'expression artistique, la lumière permet de produire une ambiance, festive ou autre. On peut s'en servir pour créer une décoration de Noël ou de vraies œuvres d'art. En rue, la lumière est d'abord une nécessité, principalement fonctionnelle. De nombreux espaces publics sont mal éclairés le soir dans notre pays. Il en résulte un paysage sans attrait, avec un sentiment d'insécurité.

Cela ne devrait pas être permis. L'époque où il n'existait que trois sortes de lampes – lampes intérieures, extérieures et de luxe – est révolue depuis longtemps. Dans le contexte urbain actuel, la stratégie lumineuse connaît un changement de cap radical. De nombreuses villes comprennent que l'éclairage répond à d'autres impératifs.

Amsterdam a désigné un expert pour élaborer une vision de la lumière et sa mise en œuvre dans toute la ville. Dans la ceinture de canaux, notoirement

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mal éclairée, il a par exemple remplacé les lampes au sodium par une lumière plus blanche. Avec l'arrivée des LED et des nouveaux logiciels, les possibilités se sont multipliées à l'infini. Il existe même des éclairages interactifs qui réagissent à la présence humaine. La lumière n'est pas seulement esthétique : elle comporte aussi un élément social. Un espace public où l'on n'ose pas pénétrer à cause d'un mauvais éclairage est un espace public perdu.

Lire la lumière Dans une grande ville comme Bruxelles, l'éclairage public est primordial. Il détermine dans une large mesure la vivabilité de la capitale et son identité.

Il y va de l'intérêt de la ville et ses habitants : un éclairage de rue attrayant, bien étudié, mérite toute l'attention nécessaire. L'éclairage nocturne et la scénographie ne sont pas seulement importants pour le sentiment de sécurité, mais aussi pour

epuis l'enfance, la lumière a toujours fasciné Koert Vermeulen.

Il vit à Anvers, un environnement moderne et créatif. Adolescent, il se charge de la lumière pour des organisateurs de concerts et pour les clubs branchés de la métropole. En 1995, Koert Vermeulen fonde ACT lighting design. De nouvelles perspectives s'ouvrent : représentations théâtrales, opéra de la ville, spectacles de son et lumière, défilés de mode… Il collabore avec les metteurs en scène Luc Petit et Dirk Decloedt. Il rencontre aussi Franco Dragone en 1999. Koert met au point les jeux de lumière pour les shows d'entreprises aussi prestigieuses que Hermès, Coca-Cola, la Banque Nationale de Belgique, Microsoft, Sun, Ernst&Young, Siemens, Samsonite, Saatchi ou Mercedes. Il collabore régulièrement avec les plus grands organisateurs d'événements : Any Performance, KCC, DDMC, Guava, etc. En 2000, Koert est contacté par Foruminvest, un promoteur qui souhaite profiter des talents du Flamand pour développer le côté artistique de ses réalisations architecturales urbaines et publiques. En 2004, sa collaboration avec Bruno Demeester débouche sur la création de ACT architectural lighting design. Basée à Bruxelles et à Paris, l'agence emploie 19 concepteurs qui travaillent sur l'éclairage de grands centres commerciaux, espaces urbains, monuments, centres d'affaires... Leur griffe est visible en Europe, en Turquie, au Moyen-Orient et à Singapour.

l'expérience de Bruxelles. Sécurité routière, sécurité sociétale, qualité de vie urbaine et fonctionnalité : autant de critères dont nous devons tenir compte dans le choix de l'éclairage des routes régionales, des bâtiments remarquables, des cours d'eau et des espaces publics de la région de BruxellesCapitale. Dans la note de 2012 de Tegenwoordig, nous délaissons de plus en plus les luminaires purement fonctionnels, qui éclairent fidèlement nos rues et routes depuis longtemps, au profit d'une nouvelle génération d'éclairage urbain qui correspond mieux à l'environnement et produit une palette lumineuse plus riche. Si nous comparons l'éclairage urbain d'aujourd'hui avec l'obscurité médiévale, la différence est appréciable. À cette époque, toute sortie en rue comportait un risque de mauvaise rencontre.

TEXTE: PHILIP WILLAERT

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Koert Vermeulen et son imposante architecture lumineuse 49

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OVO

© Marcos Vinals Bassols

Vermeulen est à l'origine de plusieurs projets associant architecture et lumière de manière décorative. Dans son projet OVO, par exemple, une structure en bois flotte sur l'eau, entièrement éclairée; le public peut y marcher, et ne s'en prive pas s'il faut en croire les témoignages. Le projet a participé à la Fête des Lumières de Lyon; il était également présent au Jerusalem Light Festival 2011.

Dans le centre-ville historique, la spectaculaire œuvre d'art en forme d'œuf ne créait pas seulement une expérience lumineuse sensuelle hors du commun : elle apportait aussi un message symbolique d'unité, de perfection et de renaissance. Odeaubois a signé la sculpture, ACT lighting design la lumière, et Marcos Vinals Bassols la scénographie.

Fiche technique Un seul produit : guirlande à LED Traxon DOT XL 6, 12 pièces de 28, 24 et 22 lampes, soit un total de 316 LED RVB de 6W commandées individuellement.

Avec le E:QUE butler pour piloter l'éclairage.

© Marcos Vinals Bassols

© Alphonsus Chern

Jeux olympiques de la jeunesse Au cœur de Singapour, Marina Bay a accueilli les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux olympiques de la jeunesse de 2010. Le "light designer" Koert Vermeulen de ACT Lighting Design y a laissé la marque de son savoir-faire. L'événement se déroulait sur la plus grande plate-forme flottante du monde, avec en toile de fond les gratte-ciel de Singapour. C'était la première cérémonie olympique de Vermeulen. Un formidable jeu de lumière, à la rencontre du spectacle, de l'architecture et de l'art.

Fiche technique +/- 700 spots automatiques Moving Head, généralement avec des lampes Philips des séries HMI 1200W et MSR 1500W Gold +/- 400 spots LED FOS de 1m, 72W de LED par luminaire +/- 320 spots LED pour l'éclairage ponctuel, 10W de LED par luminaire +/- 3,6 km d'outline LED, 7W par mètre +/- 450 luminaires PAR64 à LED 8 projecteurs de poursuite 4000W et 6 de 2500W 24 Skytracers de 7000W sur les bâtiments entourant Marina Bay

© Desmond Wee

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Concept store l’Éclaireur Le concept store parisien le plus couru, l'Éclaireur, n'a pas échappé à la tendance. L'aménagement est l'œuvre d'Arne Quinze, l'enfant terrible du monde de la création. Comme à son habitude, il a travaillé le bois, le béton, les vieilles planches et les clous. Koert Vermeulen, de son côté, a imaginé un univers lumineux qui fait naître le dialogue entre la lumière, l'espace et le design.

Fiche technique Luminaires à LED Citizen sur mesure, en raison de leur excellent rendu chromatique, RA>97, et de la bonne température des couleurs : 2700K. C'est Lux Lumen qui a fabriqué ces éléments sur mesure.

Pour le reste, on note la présence de la technologie T5 fluo appliquée aux spots à LED de Zumtobel.

© ACT lighting design - photo : DR

© ACT lighting design - foto: DR

Champs-Elysées : éclairage de Noël Sur une longueur de 1,2 kilomètre, on dénombre quelque 200 arbres de Noël lumineux suspendus. Chaque arbre est entouré de trois cerceaux, d'un bon 3 mètres de diamètre. À leur tour, les cerceaux portent un grand nombre de lampes peu gourmandes en énergie. Au total, les Belges ont suspendu plus de 1,2 million de LED sur les Champs-Elysées, entre la place de la Concorde et l'Arc de Triomphe. Les lampes peuvent diffuser 67 couleurs dans toutes les combinaisons possibles : par arbre, par groupe d'arbres, ou produisant des effets sur toute la longueur des Champs-Elysées.

Concept Koert Vermeulen de ACT Lighting Design & Marcos Vinals Bassols pour la scénographie Fabrication BIS Lighting & Production ASP Blue Square

© ACT lighting design - photo : DR

L'Art de la lumière L'art a toujours fait scintiller la lumière sous toutes ses formes, de Rubens à Mondrian en passant par Gauguin et les expressionnistes, jusqu'aux aplats monochromes de Barnett Newman. La magie de la lumière se retrouve chez James Turrell, son ironie chez Bruce Naumann, pour ne citer que quelques grands noms. De l'art à l'architecture, il n'y avait qu'un pas. Baragan et Le Corbusier ont exploité toutes les possibilités architecturales de la lumière : leurs œuvres en ont gardé une prestance éternelle. Nombreux sont les fabricants d'éclairage qui ne négligent pas le lien © Gerrit Schreurs, courtesy Stroom Den Haag entre lumière et architecture.

L'intégration des deux éléments est le credo de notre temps. À juste titre. Animer la lumière n'est pas donné à tout le monde; il faut pour cela de l'amour et de la passion.

Mario Nanni, par exemple, aime autant l'être humain

que son environnement. Sans cela, l'entreprise est vouée à l'échec. Des architectes comme David Chipperfield, Jean Nouvel, Peter Zumthor et Ron Arad ont mis tout leur talent à dessiner les plus beaux luminaires, toujours dans le cadre d'un projet architectural. Quand on regarde leurs créations, on voit une exquise beauté qui révèle une différence subtile : la limite entre l'architecture, la lumière et l'art se fait de plus en plus ténue, sans jamais s'estomper.

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52 EN 5252MATIÈRE TETIERE D[ECO]

© Jos Vanderperren

Musique, lumière et architecture Le visiteur de cette maison de Messelbroek, directement confronté à l'architecture de Jos Vanderperren, découvrira en même temps la musique – le son ? – de Guy Vandromme. Le compositeur s'est inspiré de la lumière qui pénètre dans sa nouvelle maison pour produire son cd Metric light.

Vandromme a numérisé la lumière sur une surface réceptrice. "Cela a donné des zéros et des uns que j'ai ordonnés suivant la rythmique des nombres de Guarino Guarini." Un clin d'œil de Vandromme à son architecte, qui a emprunté à l'Italien Guarini la relation particulière entre les nombres 30 et 33. "La hauteur et la largeur des ouvertures de la maison – les fenêtres, le portail – sont basées sur le rectangle qui entoure un œuf mathématique. Cette proportion n'est pas le propre de Guarini. Je l'ai rencontrée chez tous les grands architectes, de Palladio à Philibert Delorme", explique-t-il.

Avec son approche contemporaine de la musique, Guy Vandromme s'écarte radicalement de la syntaxe musicale classique. Le compositeur dissocie délibérément la musique du récit, des choix harmoniques et de l'esthétique qui vont généralement de pair. "L'ordre, déclare Guy Vandromme, ne vient plus du langage, mais d'un ensemble de données spatiales."

Civic Trust Awards pour Vestingroute Ieper Après une première reconnaissance en 2011 (Award et Special Award), le bureau d'architectes Govaert & Vanhoutte s'est vu décerner le 7 mars dernier en Grande-Bretagne un Civic Trust Awards pour son projet "Vestingroute Ieper".

Seuls architectes belges en lice, Benny Govaert et Damiaan Vanhoutte se sont hissés à la hauteur d'une trentaine d'acteurs aussi éminents que C.F. Møller, Henning Larsen Architects, J. Mayer H. ou Wilkinson Eyre Architects, sans oublier le jeune mais célèbre Studio Weave.

Remarquablement conservé, le site des remparts d'Ypres revit sous la main des architectes brugeois Govaert & Vanhoutte. Les cinq souterrains communicants qui se trouvent derrière l'église Saint-Jacques, près de la porte de Menin, datent de 1685. Ils doivent leur conception à l'ingénieur militaire de Louis XIV, Sébastien Le Prestre de Vauban. Au fil des époques, les souterrains ont rempli des fonctions différentes. La restauration et le réaménagement de 2013 génèrent dans cet ouvrage massif une circulation fluide entre salle de réunion, espace d'exposition, brasserie, centre d'accueil et sanitaires. Les vestiges historiques sont mis en valeur avec une grande sobriété. Les ajouts contemporains, simples, extrêmement fins et légers, comme les portes (pivotantes) et les façades vitrées, soulignent la douceur des formes des volumes enterrés, tout en contrastant avec le poids des pierres empilées. Les luminaires tout en longueur et l'éclairage indirect du sol en béton rappellent quant à eux la profondeur des souterrains.

Pour plus de détails, voyez www.civictrustawards.org.uk, www.govaert-vanhoutte.be, le projet de note ci-joint et les illustrations.

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TEXTE ET COMPOSITION : CATHERINE CALLICO

THE HUMAN SCALE. BRINGING CITIES TO LIFE. A DOCUMENTARY ON JAN GEHL BY ANDREAS M. DALSGAARD. Stadssalonsurbains#5 Le 12/12 à 17h30 Beursschouwburg, Bruxelles www.beursschouwburg.be Ce documentaire sur l’architecte et professeur danois Jan Gehl, qui a étudié le comportement humain dans les villes pendant 40 ans, offre des réponses aux penseurs, architectes et urbanistes qui se penchent sur la planification urbaine à travers le monde. Gehl a observé la façon dont la ville, au lieu de favoriser l’interaction entre les gens, les isole. Il plaide pour des villes en phase avec des besoins humains, tels que l’intégration ou l’intimité.

RUDOLF STEINER. ALCHEMY OF THE EVERYDAY Jusqu’au 11 janvier 2015 Kunsthal, Rotterdam //www.kunsthal.nl Pour la première fois aux Pays-Bas, le Kunsthal présente un aperçu de la vaste oeuvre de Rudolf Steiner (1861-1925), l’un des réformateurs les plus influents du 20e siècle. Il en a inspiré plus d’un, de Piet Mondriaan, Wassily Kandinsky et Josef Beuys, à plus récemment Olafur Eliasson ou Konstantin Grcic. A voir, des meubles, maquettes et dessins sur tableau noir.

Kaleidoscope LA LOGE

Un documentaire sur l’architecte et professeur danois Jan Gehl au Beursschouwburg, une nouvelle installation-piscine de Dominique Gonzalez-Foerster sur le campus des arts de deSingel, une rétrospective de Rudolf Steiner au Kunsthal de Rotterdam.

Entre autres bonnes (re)découvertes.

HAUS BEUTLER - jusqu’au 17 janvier 2015 www.la-loge.be Mondialement connues, les installations de bricolage de Michael Beutler réinterprètent l’entièreté de l’espace d’exposition, telles des architectures autonomes, aux contours imprécis, à l’intérieur d’autres architectures.

L’artiste investit cette fois La Loge. De façon ludique, contrastant avec l’architecture iconique de celle-ci, il propose un aperçu des différents contextes et processus de ses projets depuis 2002. A découvrir, de nouvelles installations, mais aussi des modèles, études de matériaux, de la documentation photo et vidéo et des dessins de projets antérieurs.

CURATING THE CAMPUS DOMINIQUE GONZALEZFOERSTER. BALLARD GARDEN Depuis le 14/11 - deSingel, Anvers www.desingel.be Depuis 2001, à deSingel, le campus des arts accueille des installations pérennes, signées d’artistes de premier plan, d’ici et d’ailleurs : Jan Fabre, Matt Cullican (USA), Joëlle Tuerlinckx, Rémy Zaugg (CH) … Soit 19 œuvres réalisées par 11 artistes. Dominique Gonzalez-Foerster intervient pour la seconde fois sur le site, avec un Ballard Garden, inspiré de l’auteur britannique James Graham Ballard (19302009) et de son univers d’une inquiétante étrangeté. Dans l’étang de 2058 m2 aménagé par Léon Stynen dans les années 60, elle a placé une piscine "asséchée" de 213 m2 et six socles de béton, sorte de silhouette urbaine, illuminée la nuit.

BELGIAN ARCHITECTS AT THE HOLCIM AWARDS 2014 Jusqu’au 05/12 Architects’ house www.holcim.be Lors du 4ème concours international Holcim Awards, pour lequel 6000 projets et concepts en provenance de 152 pays différents ont été soumis, deux bureaux belges d’architecture se sont vus primés d’un "Acknowledgement prize". Le bureau bruxellois Tetra, pour un projet de village des matériaux dans le port de Bruxelles, et BC architects and studies de Wichelen, qui propose un immeuble de bureaux intégrés socialement et dotés d’une façade durable en Ethiopie. Les lauréats ont été sélectionnés sur base de leurs performances environnementales, sociales et économiques, tout en soulignant la nécessité de l’excellence architecturale et d’un degré élevé de transférabilité.

ORANGE DREAMS. LE PLASTIQUE, C’EST FANTASTIQUE !

Jusqu’au 25/05 Atomium www.atomium.be Basés sur l’impressionnante collection du Plasticarium, une série de tableaux-installations, déployés au sein d’une éclatante scénographie, évoquent le design plastique dans ses aspects improbables, avec pour fil rouge la couleur orange. Une opportunité de (re) découvrir ce matériau-phare des années 60, de l’objet du quotidien à l’œuvre d’art.

RECHERCHES SUR... LES ÎLOTS DE CHALEUR URBAINS PAR KOEN DE RIDDER (VITO) Le 10/12 à 19h - CIVA Auditorium www.civa.be Cette conférence sur les îlots de chaleur urbains, organisée par le Centre Paul Duvigneaud de Documentation écologique, part de la canicule de 2003 pour se pencher sur les causes et conséquences des ICU en termes de santé et de qualité de vie urbaine. Et questionner tant les pratiques urbanistiques et les choix architecturaux (matériaux de construction, de voirie...), que les fonctions du végétal et les perturbations du cycle de l’eau générées par l’urbanisation.

Ailleurs... ➔ Expositions Franck Gehry

Fondation Louis Vuitton, jusqu’au 16/03/2015, www.fondationlouisvuitton.fr

Une histoire. Art, architecture et design des années 1980 à nos jours jusqu’au 16/03/2015, Centre Pompidou, Paris, www.centrepompidou.fr

Ugo La Pietra

Triennale di Milano, jusqu’au 15/02/2015, Milan, www.triennale.it

MATIÈRE GRISE MATÉRIAUX / RÉEMPLOI / ARCHITECTURE Jusqu’au 4 janvier 2015 - Pavillon de l’Arsenal, Paris www.pavillon-arsenal.com Cette manifestation invite à repenser l’utilisation des matériaux de construction. 75 projets illustrent ici le potentiel du réemploi. Bétons préfabriqués, pilotis maritimes, portiques d’un viaduc autoroutier, bardage refusé pour un centre commercial… trouvent d’autres affectations. Ainsi à Bruxelles, le futur siège du Conseil européen arbore 3000 fenêtres récupérées en façade. Entre autres exemples.

Ars Architectonica. Caroline Challan Belval jusqu’au 09/03/2015, Cité Chaillot, Paris, www.citechaillot.fr

Disobedient Objects

jusqu’au 01/02/2015, V&A Museum, Londres, www.vam.ac.uk

Structuralisme

jusqu’au 11/01/2015, Het Nieuwe Instituut, Rotterdam, www.hetnieuweinstituut.nl

Alvar Aalto – Second Nature

jusqu’au 01/03/2015, Vitra Design Museum, Weil am Rhein (à 5 km de Bâle), www.design-museum.de

David Chipperfield - Sticks and Stones, an Intervention jusqu’au 32/12/2014, Neue Nationalgalerie, Berlin, www.smb.museum

MOBILUNION. DÉCOUVREZ LES DÉPLACEMENTS DU FUTUR. Jusqu’au 17 décembre La maison de l’Union, Tourcoing www.lunion.org De quoi sera faite la mobilité de demain ? Cette expo met en lumière des exemples d’initiatives innovantes, dans la région Nord-Pas-de-Calais. Des voitures qui se garent sans conducteur, des routes en panneaux solaires, des parkings qui se muent en pressing ou relais colis: ces initiatives y sont aujourd’hui à l’étude, notamment au sein de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de Lille.

From the World to the Museum

Product Design, Cultural Heritage, Musée du design de Barcelone, début de l’exposition lors de l’ouverture du nouveau musée en décembre, pour une durée de 5 ans, http://museudeldisseny.cat

New Territories

jusqu’au 06/04/2015, Museum of Arts and Design, New York, http://newterritorieslab.org/

➔ Événements Maison & Objet Paris

du 23 au 27/01, Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte, www.maison-objet.com

Create. Furnish.Live

Imm Cologne, du 19 au 25/01/2015, www.imm-cologne.com

Loos´s interiors

visites guidées à l’occasion de Pilsen 2015, www.pilsen.eu

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NICOLAS BRUNO JACQUET LE LANGAGE HYPERMODERNE DE L’ARCHITECTURE Pour marquer les 40 ans de la Société de Développement pour la Région de BruxellesCapitale, rebaptisée pour l’occasion citydev. brussels, cet ouvrage retrace l’urbanisme et l’activité économique de Bruxelles, parallèlement au rôle que l’institution publique y a joué depuis 1974. Des centaines de familles ont ainsi pu accéder à la propriété à des conditions préférentielles, participant de la revitalisation de certains quartiers.

CITYDEV.BRUSSELS, PHOTOGRAPHIES DE MARIE-FRANÇOISE PLISSART 40 YEARS OF URBAN DEVELOPMENT Prismes Editions, édition bilingue FR/NL, 204 pages, 29,50 €

Editions Parenthèses, Collection Architectures, septembre 2014, 256 pages, 34 € Historien de l’art, Nicolas Bruno Jacquet propose ici une mise en perspective des grands courants de l’architecture et questionne la condamnation de la Modernité par les post-modernistes. La modernité est vue comme une incessante marche en avant dans laquelle l’architecture contemporaine, multiforme et en devenir, n’est pas sans cohérence ni perspective.

L’auteur aborde encore le bâti “hypermoderne” à travers une multitude d’édifices dont émergent sept principes conceptuels, liés au plan, au milieu, à la technicité...

À lire !

Des enseignements du Bauhaus aux nouvelles pratiques architecturales en passant par 40 ans d’urbanisme bruxellois et des pontes du design, l’automne abonde en beaux ouvrages à potasser au coin du feu.

TEXTE ET COMPOSITION : CATHERINE CALLICO

Hongrois d’origine, László Moholy-Nagy a intégré l’ école du Bauhaus durant quatre ans, dirigeant l’atelier du métal et des recherches sur les propriétés plastiques des matériaux et sur les possibilités du photomontage et du cinéma. L’ouvrage présente les références et expériences que Moholy-Nagy enseignait. Les trois chapitres, "La matière", "Le volume (sculpture)" et "L’espace (architecture) ", évoquent sa vision du lien inaliénable entre arts, technologie et vie.

LÁSZLÓ MOHOLY-NAGY STÉPHANE FÜZESSÉRY, PHILIPPE SIMAY (DIR.) DU MATÉRIAU À L’ARCHITECTURE La Villette Editions, Collection Textes Fondamentaux Modernes, novembre 2014, 25 €

PIERRE PAULIN DESCENDRE NADINE Editions Albin Michel, octobre 2014, 239 pages, 49 € Homme discret et secret, Pierre Paulin n’en reste pas moins l’un des plus grands designers français, dont les créations comme le fauteuil Ruban, le Champignon, ou le Globe ont marqué nos environnements depuis les années 50. Et la manière de les habiter. De par sa quête de technologies et d’innovations, mais aussi à travers un traitement singulier des couleurs, des formes et des matériaux. L’ouvrage se complète d’une riche iconographie issue de ses archives personnelles, et de photographies de Benjamin Chelly.

SYBILLE KRAMER THE BOX. ARCHITECTURAL SOLUTIONS WITH CONTAINERS Editions Braun Fr, octobre 2014, 192 pages, 50 € Parmi les symboles de la mondialisation, les conteneurs sont de plus en plus utilisés dans l’architecture contemporaine. Empilés, alignés, découpés...

Unités d’habitations, espaces d’art ou professionnels, temporaires ou expérimentaux, ils se prêtent à des affectations éclectiques, de par leur esthétique minimaliste, robuste et pratique. Qui plus est, à bon marché.

PHILIP JODIDIO ALVARO SIZA. COMPLETE WORKS 1952-2013 Taschen Books, 500 pages, 99,99 € Du prix Pritzker en 1992 au Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Biennale d’architecture de Venise en 2012, le maître portugais Álvaro Siza multiplie les prix.

Né à Matosinhos, à côté de Porto, en 1933, il a beaucoup construit au Portugal. Il a notamment conçu le pavillon du Portugal pour l’Exposition universelle de Lisbonne en 1998, la Fondation Serralves à Porto, le Pavillon de la Serpentine à Londres en collaboration avec Eduardo Souto de Moura, et plus récemment le musée de la Fondation Ibere Camargo à Porto Alegre, au Brésil.

Autres livres Mohsen Mostafavi, Ethics of the Urban. The City and the Spaces of the Political, Lars Müller publishers www.lars-mueller-publishers.com

Architecture: The Whole Story, Thames & Hudson Publishers www.thamesandhudson.com

ROBERT STADLER INVASIVE SHIFTING ABSURD EXERCISE Editions de La Martinière, Beaux Livres, monographie bilingue FR/ANG, 240 pages, 52 €

Lisa Baker, Built on Water.

Floating Architecture + Design, Braun publishing https://braun-publishing.ch

Saul Steinberg, 4 Leporellos – The Line / Types of Architecture / Shores of the Mediterranean / Cities of Italy, Les Presses du Réel www.lespressesdureel.com

J. Weyer, Industrial building, planning and design, Design Media publishing limited www.designmediahk.com

Modern Houses (collectif), Loft Publications www.loftpublications.com A travers cette monographie, le célèbre designer autrichien Robert Stadler donne à voir l’ensemble de son œuvre : performances spatiales, objets du quotidien revisités (miroir parlant, bouchon de champagne doté d’un viseur...).

Après avoir étudié le design à Milan puis à Paris où il a cofondé le collectif Radi Designers en 1992, Stadler a multiplié les collborations dans la mode, l’art, et d’autres domaines. Parmi ses clients: l’Académie des Césars, les Arts Décoratifs de Paris, Ricard, Dior, Nissan, Orange...

Cool Cities San Francisco (collectif), Pocket Guide, teNeues publishing www.teneues.com

Lina Bo Bardi 100. Brazil's Alternative Path to Modernism, Hatje Cantz Verlag www.hatjecantz.de

Elias Redstone, Shooting Space. Architecture in Contemporary Photography, Phaidon Press Limited www.phaidon.com

Fifty Modern Buildings that Changed the World, Octopus Books www.octopusbooks.co.uk

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Tokyo

© Anja Van Der Borght

by night

Tokyo et ses millions d’habitants : un biotope grouillant de vie, où se côtoient conventions et tendances, richesses culturelles et spiritualité profonde. Mais Tokyo est aussi une métropole qui fascine par sa vision originale de l’architecture. L’avantgarde y coexiste avec les siècles de tradition. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de la ville un endroit mystérieux, surtout après le coucher du soleil.

TEXTE : PASCAL DEWULF PHOTOS : NATURALBORNWRITERS.COM

L

e soir, au cœur de Tokyo, il peut vous arriver d’assister à un spectacle étonnant : juchée sur ses sandales de bois, une geisha trotte à petits pas devant les lumières d’un flagship store ultramoderne. Ce sont les tableaux du genre qui font l’âme de la mégapole, une ambiance que l’on ne trouve dans aucune grande ville du monde. Tokyo incarne le Japon en miniature. En même temps, la capitale va plus loin à tous égards. Le visiteur est assailli d’impressions, de saveurs, de parfums et d’expérience, au milieu d’une architecture à couper le souffle.

La Tokyo Tower vue du quartier de Ginza, avec en arrière-plan le Mont Fuji, rarement visible depuis la capitale.

© Anja Van Der Borght

Architecture : les incontournables Si vous passez une soirée à Tokyo, ne manquez pas le boulevard Omotesando (qui traverse les quartiers de Shibuya et Minato) et ses impressionnantes réalisations. L’endroit n’attire pas seulement les amateurs d’architecture : les fashion victims y ont aussi leurs flagship stores, rivalisant d’esthétique et d’audace architecturale. Le flagship store Prada, par exemple, est un bijou de modernisme dessiné par Herzog et DeMeuron (les créateurs du fameux "nid d’oiseau" du site olympique de Beijing) : impossible de passer à côté de sa façade verte en forme de diamant.

Lave-linge empilés

© Anja Van Der Borght

© Pascal Dewulf

Le district de Ginza abrite lui aussi des secrets architecturaux qui méritent le détour, notamment la Nakagin Capsule Tower. Conçu par Kisho Kurokawa, le bâtiment date de 1972, mais son langage formel n’a rien perdu de son excentricité. La Nakagin Capsule Tower illustre brillamment la réaction des architectes japonais à la simplicité statique des bâtiments occidentaux d’après-guerre. La structure de l’édifice rappelle un ensemble de lave-linge empilés.

En réalité, il s’agit de logements individuels modulaires, imaginés il y a plusieurs décennies pour accueillir les hommes d’affaires en transit. Chaque unité comprend une douche, un lit, une télévision et un téléphone. Il est possible de découvrir le complexe de l’intérieur et d’y séjourner via Airbnb.

Une explosion d’impressions, d’expériences et d’architecture à couper le souffle font 59 de Tokyo un endroit sans équivalent. © Anja Van Der Borght

© Anja Van Der Borght

60 60TETIERE TRAVEL

© Pascal Dewulf

Expérience souterraine Dans le parc de la partie centrale de la ville, une structure triangulaire futuriste, tout en verre et en béton, attire immédiatement l’attention. "Design Sight", une création de Tadao Ando et du styliste Issey Miyake, héberge le premier musée japonais du design. Le bâtiment se trouve à 70 pour cent en dessous du niveau du sol. Les pointes de la construction triangulaire, cependant, sont conçues pour laisser entrer la lumière. À l’intérieur du musée, on peut voir des réalisations de designers célèbres comme Shiro Kuramata (les chaises "Miss Blanche") ou Christo (photos des structures emballées). Si l’architecture vous intéresse, vous n’avez pas fini d’explorer la plus grande ville du Japon. Elle a même sa cathédrale : SteMarie, en acier inoxydable. En hauteur, on voit bien la disposition en croix, où le verre domine. Le temple Reiyukai Shakaden de Minato-ku est un autre site à voir. Cette pyramide ondulée a vu le jour en 1925 pour une communauté bouddhiste. Une gigantesque statue de Bouddha trône à l’intérieur, au milieu d’un imposant espace de méditation. Détail remarquable : l’édifice abrite aussi un réservoir de 400 tonnes d’eau potable, pour le cas où Tokyo serait frappée d’une catastrophe.

Tokyo et son architecture sont comme les deux mains posées sur le ventre du Bouddha : fascinantes.

© Pascal Dewulf

© Anja Van Der Borght

© Anja Van Der Borght

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LE MAGAZINE RÉFÉRENCE DES ARCHITECTES

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LA LUMIÈRE SE LA JOUE INTELLIGENTE

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Ferme urbaine et dÊveloppement durable en ville Agriculture et lumière

TEXTE : EDOUARD CODDÉ

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ujourd’hui, déjà, la moitié de la population mondiale vit dans les zones urbaines. L’attrait de la ville ne va pas faiblir dans les années qui viennent : les récentes prévisions estiment la proportion à 80% en 2050. L’approvisionnement d’une population citadine aussi importante génère des flux de transport considérables, en particulier dans les produits alimentaires.

Cela représente un fardeau sociétal (notamment les encombrements) et écologique qui n’est plus acceptable. Une solution durable s’impose d’urgence.

"Durabiliser" notre cadre de vie et de travail : voilà un thème de plus en plus récurrent. Parallèlement aux objectifs globaux à atteindre en 2020, des villes et des communes se fixent leurs propres cibles. Hasselt, par exemple, s’engage à réaliser la « neutralité climatique » pour 2020, tandis que Gand entend devenir "neutre en énergie" d’ici 2050.

Les bâtiments de toute nature, et par là le monde de la construction dans son ensemble, jouent un rôle essentiel dans la durabilisation de l’environnement urbain. Mais il ne suffira pas de construire des bâtiments durables ou de viser la neutralité énergétique dans le cadre de vie et de travail si leur utilisation et "l’expérience" de la ville n’ont pas leur place dans le processus.

* La photosynthèse produit le glucose à partir du CO2 et de l’eau absorbés par les feuilles et les racines de la plante

À cet égard, il est possible de faire un pas important en produisant un maximum de nourriture à l’endroit où elle sera consommée. Les villes doivent ménager de l’espace pour l’habitat, le travail et les loisirs, mais aussi pour l’agriculture, afin de pourvoir au moins en partie à leurs besoins alimentaires.

L’architecte belge Vincent Callebaut, dont le bureau VCA (Vincent Callebaut Architectures) est installé à Paris, va encore plus loin dans ce sens.

Ses propositions visionnaires nous projettent souvent 30 à 50 années dans l’avenir. Callebaut nous dessine un paysage de tours: il croit dur comme fer dans l’expansion verticale, sans compromettre la réflexion écologique. Une "ferme verticale" en pleine ville peut contribuer largement à l’autosuffisance d’un environnement associant logements, travail et temps libre. L’architecte préconise aussi de renoncer aux bâtiments unifonctionnels au profit des projets multifonctionnels.

L’éclairage du futur L’éclairage à LED s’inscrit dans la perspective de durabilité par une consommation en forte baisse et une meilleure longévité. Les défauts de jeunesse du procédé – couleur de la lumière, intensité insuffisante, rendu des couleurs peu réaliste – ont à peu près disparu. La LED prend le marché d’assaut. Mais son intérêt ne se limite pas à l’éclairage des habitations, des bureaux ou des espaces publics.

Spécialiste des "sources d’éclairage", en d’autres termes des "lampes", Philips mène des recherches approfondies sur les applications spécifiques des LED dans le secteur agricole. Le projet s’intitule "Philips GreenPower LED".

La lumière et l’eau sont indispensables à la croissance de toutes les plantes. Pour les besoins de la photosynthèse*, le phénomène à la base du développement végétal, la plante ne peut exploiter que le spectre lumineux dont la longueur d’onde se situe entre 400 et 700 nm (rayonnement PAR ou Photosynthetical Active Radiation). Environ 45% de tout le rayonnement lumineux se trouve dans ce spectre PAR. La quantité de photons dans le PAR constitue la lumière qui fait grandir les plantes, exprimée en µmol.

En conséquence, un éclairage horticole efficace doit convertir en énergie PAR le plus d’électricité possible.

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La recette de la lumière L’étude de Philips montre que les besoins en lumière varient suivant l’espèce de plante et même la phase de la croissance. En règle générale, la plante a surtout besoin de lumière rouge et bleue. Pour chaque essence végétale, il est possible de déterminer scientifiquement le besoin précis en lumière ainsi que sa "recette" propre. La recette lumineuse intègre un grand nombre de paramètres, notamment la couleur optimale de la lumière (spectre), son intensité, sa distribution (le nombre d’heures par jour et les périodes de l’année où la lumière est nécessaire) ou son installation (le positionnement de la source lumineuse et l’orientation de la lumière par rapport au plant). L’éclairage à LED permet de définir pour chaque plante la recette idéale.

En adaptant la recette de la lumière, les spécialistes peuvent par exemple produire des tomates plus riches en vitamine C. Deliscious, qui cultive des salades aux Pays-Bas, a considérablement raccourci la durée nécessaire grâce à la technologie LED; celle-ci garantit aussi une qualité plus constante des produits d’une saison à l’autre.

Producteurs et consommateurs, tous gagnants Au centre de recherche du spécialiste néerlandais de la lumière, des experts de la physiologie végétale travaillent sur des essais et des projets commerciaux : diverses variétés sont évaluées dans le but de constituer une base de données détaillée des recettes lumineuses. Philips collabore à cette fin avec d’autres centres de recherche, des universités et des agriculteurs du monde entier.

Les innovations à base de LED dans l’horticulture ouvrent la voie à de nouvelles méthodes, dont les effets sont positifs à la fois pour les producteurs (économie d’énergie, d’eau et d’espace, croissance plus rapide des plantes, cultures multiples dans des endroits non conventionnels, moins d’utilisation de pesticides en raison de l’espace fermé) et pour les consommateurs (disponibilité de toutes sortes de fruits et légumes pendant toute l’année). On peut désormais allonger les saisons, garantir une qualité constante des différentes cultures, et disposer de productions locales durant une plus grande partie de l’année.

"Les villes doivent viser l’autosuffisance en énergie et en produits alimentaires."

Vincent Callebaut

À Bruxelles, l’inquiétude concerne surtout l’inoccupation structurelle.

Plus de la moitié des bureaux vides (639.000 m²) sont proposés à la location en vain depuis plus de trois ans.

Ces espaces disponibles dans les centres urbains se prêtent parfaitement à la culture de produits végétaux en liaison avec les progrès de l’éclairage à LED. Philips parle du nouveau potentiel du "city farming".

Le producteur contrôle étroitement la croissance de ses plants, même en plein cœur d’une ville densément peuplée. La cave d’un supermarché peut servir de zone horticole. De cette manière, c’est la chaîne alimentaire qui va au consommateur plutôt que l’inverse, et l’environnement est préservé. Ce sera peut-être bientôt une nécessité absolue…

Exploiter les espaces perdus En Europe, la surface des terres consacrées à la production alimentaire recule chaque année de 4% en moyenne. Simultanément, bon nombre de grandes villes souffrent d’un problème d’inoccupation des immeubles de bureaux et autres : la surface en jachère est considérable. Grâce à la présence d’institutions européennes, Bruxelles s’en sort encore bien : 8,3% de vacances dans le centre-ville, 10 à 11% pour le grand Bruxelles. Aux Pays-Bas, la situation est plus grave : 15% des bureaux sont inoccupés. Cela va même jusqu’à 18% à Amsterdam, soit 1,375 million de mètres carrés !

Vincent Callebaut Architectures www.vincent.callebaut.org

Vincent Callebaut développe des idées et des concepts globaux, qui nous projettent souvent 30 à 50 années dans l’avenir.

"Hydrogenase " est un projet d’île fonctionnant comme "bioferme " : les algues vertes y sont transformées en biocarburant (Expo de Shanghai, 2010).

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"L’architecture exerce une influence directe sur la qualité de la vie et s’articule autour d’un processus créatif et complexe, ciment de l’esthétique, de l’harmonie, du confort et de la durabilité."

Liesbet Bemong, gérante de SFAR Creative Group

Gros plan sur l’architecte SFAR Creative Group Depuis plusieurs années déjà, le bureau d’architecture et de design d’intérieur SFAR Creative Group marque de son empreinte le monde de la création graphique et de la construction. Au siège central, de jeunes talents animés d’un esprit critique particulièrement affûté façonnent l’architecture d’aujourd’hui et de demain.

TEXTE : PASCAL DEWULF PHOTOS : INE HABRAKEN

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u fil du temps, le bureau SFAR Creative Group a su se positionner solidement sur le marché de l’architecture et des projets créatifs en matière de logement et d’aménagement intérieur. L’agence de Liesbet Bemong et de Bart Appeltans est devenue une valeur sûre à la faveur d’une vision originale et d’une identité clairement reconnaissable. Leur portefeuille embrasse de nombreux projets dans l’horeca, la construction de logements et de centres commerciaux. Comme le dit la gérante Liesbet Bemong: "SFAR s’emploie à créer une plus-value en combinant architecture et design d’intérieur. Comme nous disposons en effet d’experts de ces deux domaines en interne, nous pouvons beaucoup mieux anticiper les différents éléments d’un projet de construction et, parant, gagner en efficacité. La collaboration de l’architecte et de l’architecte d’intérieur permet un échange de vues et d’idées tout au long du projet de construction. SFAR est convaincue que les deux disciplines se renforcent mutuellement dans le cadre d’une interaction cohérente."

Correspondance parfaite Chez SFAR Creative Group, une approche atypique cohabite avec une vision très transparente de l’architecture. Liesbet Bemong : "L’architecture exerce une influence directe

sur la qualité de la vie et s’articule autour d’un processus créatif et complexe, ciment l’esthétique, de l’harmonie, du confort et de la durabilité. Tout l’enjeu consiste à atteindre un subtil équilibre que l’agence d’architecture doit réinventer à chaque projet en fonction des exigences du client. Sans oublier que vous devez aussi imposer votre personnalité

comme architecte (d’intérieur). En d’autres termes, chaque projet est dépositaire d’une parcelle de votre identité. Les clients choisissent en effet délibérément un architecte donné parce qu’ils ont imaginé un style précis et que cet architecte est mieux placé que les autres pour concrétiser leurs rêves. Par conséquent, le style de la maison doit parfaitement correspondre aux souhaits du client. L’ensemble de ces facteurs représente à chaque fois un nouveau défi."

"J’adore la force de la simplicité d’une création architecturale épurée. Dans ce registre, l’architecte portugais Álvaro Siza est mon favori, mon maître ultime."

Forte identité En 2014, la réalité quotidienne de l’architecte (d’intérieur) constitue un véritable défi. SFAR Creative Group estime toutefois que cette réalité est une chance pour hisser l’architecture dans une nouvelle dimension. Liesbet Bemong : "En comparant la fonction de l’architecte d’hier et d’aujourd’hui, vous constatez que les changements ne sont pas si nombreux en somme. Le cœur de métier consiste toujours à transposer les souhaits du maître d’ouvrage en un résultat final aussi parfait que possible. S’il est vrai que les équipements, matériaux et technologies ont nettement évolué et optimisent la réalisation d’un projet, il n’en reste pas moins qu’ils ne font pas le poids face à d’autres évolutions. C’est le cas des réglementations dont la complexité n’a plus rien à voir avec la situation d’il y a quarante ans. Elles représentent une charge de travail supplémentaire qui engloutit rapidement les gains de temps découlant de l’utilisation de méthodes et d’instruments dernier cri. Non, l’architecture d’aujourd’hui ne se résume pas à cliquer sur un bouton et à attendre que l’imprimante crache le projet sur papier. Cependant, l’entrelacs des lois et règlements n’est pas la plus grande frustration pour nous. Elle réside plutôt dans l’effet de cette rigueur réglementaire sur la créativité : elle agit comme un frein et nous empêche de donner cette petite touche supplémentaire pour conférer une identité encore plus forte au projet."

Une maison ou un chez-soi…

La maison ou l’immeuble idéal ne sont peut-être pas de ce monde, mais SFAR Creative Group s’est toutefois forgé une idée très claire de ce qu’elle attendait d’une architecture parfaite.

Liesbet Bemong : "Nos projets de construction se caractérisent par une certaine idée de l’aménagement de l’espace. Nous travaillons systématiquement avec des volumes sobres habillés de lignes droites, de grandes baies vitrées pour assurer un maximum de luminosité, et des matériaux naturels. En bref, la signature de SFAR Creative Group est une approche minimaliste rehaussée d’une touche de chaleur conférée par le choix des bons matériaux en combinaison aux volumes épurés. J’adore la force de la simplicité d’une création architecturale épurée. Dans ce registre, l’architecte portugais Álvaro Siza est mon favori, mon maître ultime."

Liesbet Bemong, gérant de SFAR Creative Group

Plus d’expertise que jamais Le célèbre architecte américain Frank Lloyd Wright a un jour confié que derrière chaque architecte sommeille un grand poète, un authentique "traducteur" du temps et de son époque. SFAR Creative Group s’attache à honorer cette philosophie mais, dans le même temps, relève rigoureusement les défis (futurs) du métier. Liesbet Bemong : "Le métier d’architecte change à vue d’œil. L’architecte dans sa tour d’ivoire appartiendra bientôt au passé. En effet, tout projet de construction fait désormais appel à nettement plus d’expertise qu’il y a quelques dizaines d’années.

Aujourd’hui, les architectes ont de plus en plus tendance à se réunir en bureaux d’architectes. Ce type de bureaux ou d’agences s’inscrit parfaitement dans une autre tendance phare de l’architecture : les terrains deviennent de plus en plus rares et les projets de construction, de plus en plus chers en raison de toutes les exigences supplémentaires imposées par les autorités et les autres instances.

La quatre façades traditionnelle flanquée d’un

grand jardin et d’un environnement boisé ne sera bientôt plus l’apanage que d’un certain groupe cible. En revanche, des projets de construction collective seront de plus en plus à l’ordre du jour et exigeront aussi davantage de personnel pour mener l’ensemble du processus de création et de construction à bonne fin. Ce type de projets de grande envergure convient bien sûr à merveille aux bureaux d’architectes capables de les gérer. Par le passé, les projets d’habitation étaient souvent associés à la construction de logements sociaux, mais aujourd’hui, on les retrouve dans tous les segments, même haut de gamme. L’architecte se doit de (res)sentir l’évolution du marché et de l’anticiper."

Pour en savoir plus : www.sfar.be

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L’éco-reconversion du Val Benoit

TEXTE : CATHERINE CALLICO PHOTOS & ILLUS : VAL BENOIT A.M BAUMANS-DEFFET - DIRIX - BEL

Le site Val Benoit au sud de Liège, vit aujourd’hui une reconversion exemplaire. La mission est double: transformer un ancien campus universitaire en éco-quartier urbain, le long du quai Banning. Une alternative durable aux parcs d’activités économiques traditionnels. Et préserver l’architecture moderniste, tout en y intégrant des technologies peu énergivores, notamment au niveau de la lumière.

Le site Val Benoit, complexe architectural moderniste, se déploie sur les rives de la Meuse à Liège. L’ensemble fut bâti entre 1930 et 1965 par l’Université de Liège, à l’emplacement de l’abbaye cistercienne éponyme.

Celle-ci, reconstruite dans les années 50, fut rachetée un demi-siècle plus tard par le Forem, de même que l’ancien institut de Mathématiques, occupé en partie par l'Ecole Supérieure d'Acteurs du Conservatoire royal de Liège. Entretemps, l’ULg a délaissé le site et depuis 2005, avec le départ des derniers étudiants ingénieurs civils architectes, il fut laissé à l’abandon.

Un nouveau quartier au Sud Aujourd’hui la SPI, l’agence de développement économique pour la province de Liège, poursuit la réhabilitation du site. Le défi est de taille: reconvertir un univers clos, le campus universitaire, en un nouveau quartier dans la ville de Liège. Outre les bâtiments d’origine réhabilités en lofts d’entreprises, à commencer par les bâtiments du Génie civil

le long du quai Banning, ainsi que celui de ChimieMétallurgie, de nouvelles constructions seront affectées au logement. L’ambition étant de développer d’ici 2016 un parc économique mixte (entreprises de production légère, bureaux…), avec des logements, des services, et un espace urbain vert en son centre. Sans oublier la Cité des Métiers de Liège.

Dès les années 30, développe Olivier Béart, responsable de la communication de la SPI, le bâtiment était à la pointe des technologies de construction, avec des structures très légères. On retrouve aujourd’hui des surfaces vierges. Les bâtiments du Génie civil et de Chimie-Métallurgie sont aménagés en lofts d’entreprises, avec de grands plateaux dont les sociétés disposent pour amener des machines

Dans ce projet de réhabilitation d’un ensemble moderniste, l’architecture originelle a été préservée, et adaptée aux nouvelles normes énergétiques.

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adaptées au 21ème siècle de manière transversale, relève Arlette Baumans.

Au niveau de la conception, on passe d’un îlot fermé à un îlot ouvert. Et l’on tient compte de la flexibilité et de la réversibilité des bâtiments, ces principes sont à la base du modernisme.

La plupart des éléments des bâtiments sont sauvegardés et restaurés, toutefois certains ont dû être détruits pour maximaliser les espaces et répondre aux normes en vigueur: cloisons, amphithéâtres, cages d’escaliers, revêtements de sol (carrelages, parquets), mobilier (bancs d’auditoires). D’anciens éléments et matériaux, réutilisables ou de valeur symbolique, ont par ailleurs été récupérés. Soit 1000 m2 de carrelages, et quelque 10 tonnes de boiseries, portes, pierres... Après avoir été minutieusement démontés à la main et nettoyés du mortier, les carrelages ont été récupérés par l’asbl Rotor pour être revendus comme matériaux de second emploi. 25 m2 ont été acquis pour la reconversion des anciens abattoirs de Namur en centre culturel. En marge de cela, le matériel universitaire (bancs, tableaux, valves...) évoqueront le passé du Val Benoit en son sein rénové. de petite production, ou aménager l’espace en fonction de leurs besoins.

Par ailleurs, le projet de Val Benoit consiste en la réhabilitation d’une friche. Les parcs économiques ont longtemps été développés dans des zonings industriels, mais l’action de la SPI a évolué avec la multiplication des friches et la volonté de ne pas utiliser les terres agricoles. Il est par ailleurs essentiel de préserver des petites industries au centre-ville. Il s’agit de recréer une vie de cité. Il est prouvé que les zones qui concentrent uniquement des logements sociaux deviennent des ghettos. Et que les parcs économiques sans mixité, déserts la nuit, sont victimes de vols.

L’idée est que le quartier vive 24h/24. Quand les gens partent travailler, les entreprises fonctionnent et inversément.

Une dimension paysagère La mission, dans sa globalité, a été confiée à une association momentanée d’auteurs de projets : le bureau d’architecture et d’urbanisme BaumansDeffet, Architecture Alain Dirix et le Bureau d’étude Lemaire. La dimension paysagère du projet est très importante, souligne Arlette Baumans. Le campus moderniste s’est mué en vrai éco-quartier, que nous avons rendu poreux, densifié, flexible. Pour les nouveaux bâtiments, nous avons fixé toutes une série de règles à partir de formes existantes. Nous avons également recréé des espaces, des îles, une passerelle qui mène au tram et pénètre l’intérieur du site par un parc habité...

Un Master plan organise la mixité du parc, et la mobilité sur place: en intérieur d’îlot, les modes de transports doux (piétons et cyclistes) sont privilégiés. Dans sa globalité, le projet vise à revitaliser le Sud de la métropole liégeoise, qui ne disposait jusqu’ici pas de parc urbain ni d’espaces verts. Il s’agit d’un parc d’activité économique nouvelle génération, pensé pour un “vivre ensemble” des populations des quartiers riverains, toutes tranches d’âge confondues. Sur quatre hectares, on trouve des aires de détente, de culture, des pistes cyclables, une plaine de jeux, un espace de pétanque...

Dans sa dimension paysagère, le projet favorise encore un dégagement de la vue vers d’autres sites comme la colline de Cointe, à partir de la refonte du quai Banning. Celui-ci s’est notamment vu doter d’un bâtiment emblématique, qui marque l’entrée du Sud de la ville.

Archi moderniste et peu énergivore Dès le départ, le parti-pris par la SPI et les architectes a été de préserver l’architecture moderniste du site. Tandis que l’intérieur est transformé pour répondre aux performances énergétiques actuelles. Les règles de composition des constructions modernistes ont été revisitées pour être

Autre priorité, rendre l’ensemble le moins énergivore possible. Dans ce but, les postes-clés ont été revus: l’électricité, le chauffage (panneaux solaires, pompes à chaleur, retour à un système de chauffage central sur tout le site), l’isolation, le vitrage, etc.

Un éclairage de pointe Des solutions innovantes ont également vu le jour en termes d’éclairage, suite à une particiption de la SPI au projet-pilote Geppadi à Grace-Hollogne mené par l’Ulg et deux entreprises privées. Le concept : un éclairage de route intelligent et dimmable, dont le niveau s’adapte aux passages de l’usager et à la nature de celui-ci : piéton, cycliste, camion...

De même, l’intérieur des bâtiments a été retravaillé par les architectes pour favoriser l’apport de lumière naturelle. Bernard Deffet : dans le bâtiment du génie civil, la première qualité de la structure colonnes-poutres-béton est d’une grande générosité en matière de lumière naturelle. Nous avons ôté les façades de 1937, pour les remplacer par d’autres qui optimalisent l’apport de lumière et protègent la structure du froid par leur position. Du triple vitrage ultra-performant favorise la transparence, et les châssis originels en acier ont été remplacés par d’autres en aluminium. Le tout respecte le rythme, la finesse et la légèreté des anciens matériaux.

Culture et économie Dans la continuité de cette vaste reconversion, initié par les Ateliers d’Art Contemporain et l’asbl Façons de voir, le projet L.E.A. (Laboratoire Economique et Artistique), présente sur le site du Val Benoit durant toute la durée du chantier et sans doute au-delà, une exposition sur le

Des éléments originels (cloisons, cages d’escaliers...) ont été détruits pour retrouver de grands plateaux vierges, adaptés aux entreprises de production légère.

De nombreux matériaux (carrelages...) des lieux sont récupérés, dans le but d’être réutilisés dans d’autres projets.

Dans le cadre du projet L.E.A., des containeurs aménagés accueillent des installations interactives, fruit d’une collaboration entre l’ULg, des entrepreneurs wallons et des créateurs.

thème de l’Art et l’Innovation. Des containeurs aménagés accueillent des installations interactives, fruit d’une collaboration entre l’ULg, des entrepreneurs wallons et des créateurs, qui illustrent une palette d’approches : du béton qui intègre des images vidéo, des livres lumineux, des impressions sur bâche qui semblent rétro-éclairées, des piles rechargeables à l’eau... L’oeuvre-containeur L’architecture de la chance de l’artiste Werner Moron, est ainsi liée au thème de la pollution lumineuse. La sculpture-socle est notamment animée de performances lumineuses et sonores, visibles à travers des découpes métalliques. Les trois côtés du containeur sont peints de rouges d’intensités différentes. A l’intérieur, le blanc induit une réverbération de l’éclairage vert. Celui-ci est géré par un système haute technologie d’éclairage à distance respectueux des écosystèmes.

Dernier bâtiment en cours d’étude de réaffectation, la tour de la Centrale thermo-électrique, toujours propriété de l’Ulg, dont la nature reste très complexe, de par sa très haute taille et la présence d’une grande chaudière à l’intérieur. La Tour pourrait être investie par l'Ecole Supérieure d'Acteurs du Conservatoire royal de Liège, au travers de spin-offs. Le lieu deviendrait donc un incubateur d’activités issues des arts de la scène. Ici encore, la culture rejoint l’économie.

De façon durable.

Plus d’informations sur : www.valbenoit.be www.lea-valbenoit.eu

L’oeuvre “L’architecture de la chance” de Werner Moron, dotée d’un système haute technologie d’éclairage à distance, pour contrer la pollution lumineuse.

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© John Ross

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Design dégraissé Ross Lovegrove

matière d’éclairage, mais son talent de designer ne s’arrête pas

"L’éclairage est une réalité fantastique, évolutionnaire, qui nourrit un univers créatif infini et permet un renouvellement incessant."

là. Par le passé, il s’est déjà fendu de quelques incursions dans

Ross Lovegrove

Ross Lovegrove est parfois appelé le "roi du design organique".

Pour ses créations, il puise invariablement son inspiration dans la nature, aboutissant ensuite à des formes novatrices, épurées de toute surcharge inutile. Lui-même qualifie parfois son travail de "design dégraissé". Lovegrove est célèbre pour ses créations en

l’univers des montres, du meuble, du champagne, du parfum, de l’automobile... chaque fois avec le même dénominateur commun : des formes minimalistes d’une beauté ineffable.

Des formes élémentaires

© Photo Simona Cupoli

Par le passé, Lovegrove a déjà collaboré avec bon nombre de grandes marques telles qu’Apple, Issey Miyake, ou encore le constructeur automobile Renault, pour lequel il a signé le concept car Twin'Z.

P

résenter Ross Lovegrove, c’est un peu enfoncer une porte ouverte. Lovegrove est un pionnier en matière de design industriel. Fondateur du Studio X à Notting Hill (Londres), Lovegrove est connu pour donner forme à ses remarquables créations en exploitant au mieux le potentiel de la technologie digitale. Cet amour du high-tech, il a toutefois su mieux qui quiconque le marier avec une incroyable fascination pour la nature et certaines de ses facettes, comme la microbiologie.

Lovegrove a déjà collaboré par le passé avec de grands noms tels qu’Apple, Issey Miyake, Airbus, mais par exemple aussi avec la maison de champagne française G.H. Mumm, pour laquelle il a conçu un sabre (épée à lame recourbée permettant de faire sauter le goulot de la bouteille au moyen d’un coup bien ajusté, ndlr) et un flacon correspondant.

Lovegrove a également travaillé pour Narciso Rodriguez, pour lequel il a dessiné un flacon de parfum, tout comme pour la marque automobile Renault, pour laquelle il a signé le concept car Twin'Z. La liste des marques et des célébrités qui ont fait appel à l’approche extravagante de Lovegrove est donc à tout le moins pléthorique. Son œuvre a déjà été exposée au MoMA à New York City, au Centre Pompidou à Paris ainsi qu’au Design Museum à Londres. Par son travail, Lovegrove entend, de son propre aveu, essentiellement toucher l’âme humaine.

Lovegrove est connu surtout pour sa vision singulière de l’éclairage et des luminaires. Il collabore par exemple régulièrement avec le spécialiste de l’éclairage Artemide, pour lequel il a réalisé bon nombre de petites perles visuelles. Épinglons par exemple la lampe 'Mercury', le plafonnier 'Skydro', mais aussi le 'Solar Tree'. Ce dernier constitue une réalisation importante pour Lovegrove, car à ses yeux, c’est bien plus que de l’éclairage, c’est une métaphore d’intention. "Le Solar Tree, c’est plus que de la lumière, c’est une donnée énergétique, précise Lovegrove.

Le soir, les gens peuvent s’asseoir sous un 'Solar Tree' et par exemple lire un livre ou brancher leur téléphone mobile pour recharger la batterie. Peut-être sera-t-il possible à l’avenir de recharger la batterie de votre voiture électrique sur le 'Solar Tree'." Une chose est sûre, le 'Solar Tree' est un concept d’éclairage révolutionnaire qui épouse de nouvelles formes d’urbanisme et de vie écologique dans les centres-villes (et ailleurs). L’éclairage par LED et l’énergie solaire en parfaite symbiose, inspirés de l’arbre, la forme la plus élémentaire de la nature. Le 'Solar Tree' est un brillant échantillon de design intelligent, qui élève l’éclairage à un niveau jamais égalé.

Le 'Solar Tree' est un concept d’éclairage révolutionnaire qui épouse de nouvelles formes d’urbanisme et de vie écologique dans les centres-villes (et ailleurs).

TEXTE : PASCAL DEWULF

Le 'Skydro' que Ross Lovegrove a conçu pour Artemide est bien plus qu’un plafonnier, c’est une authentique œuvre d’art.

Ross Lovegrove a intégré dans le concept car Twin'Z de Renault quantité d’éléments réfléchissants afin de mieux mettre en valeur les formes et les courbes du véhicule.

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Vaisseau spatial La dernière création de Lovegrove pour Artemide s’appelle 'Space Cloud'. Cette suspension à haute modularité, présentée plus tôt cette année, peut être configurée tant verticalement qu’horizontalement et peut absorber ou refléter de la lumière grâce à une conception matricielle hexagonale. Le 'Space Cloud' s’inspire de photos de la terre prises par la NASA et de l’influence de la terre sur les nuances chromatiques par la combinaison de la chaleur et de la clarté des rayons solaires. "Je travaille dans un univers où je me fie totalement à mon instinct, explique Lovegrove. Je suis en quelque sorte un traducteur du XXIe siècle, qui transpose la technologie dans des produits d’usage courant. Je réalise des projets organiques dotés d’une apparence branchée. L’aspect branché de ces créations n’est toutefois pas un but en soi. J’observe des formes dans la nature et convertis ces observations en objets. Le design organique contribue de manière inégalable à nos rapports aux objets. Des objets en tant que réalité socio-érotique dotés d’une incroyable sensualité."

Ross Lovegrove est également actif plus près de chez nous. Il a par exemple élaboré pour Interieur 2014 à Courtrai une nouvelle gamme de luminaires 3D pour Barrisol, leader mondial dans le domaine des plafonds tendus. La gamme y a été présentée pour l’occasion sur un magnifique stand constitué de dalles hexagonales réalisées dans le matériau réfléchissant propre à Barrisol. " Barrisol présente un énorme potentiel pour façonner les formes des espaces linéaires et organiques, explique Lovegrove. "S’agissant du projet pour Interieur 2014, notre studio s’est efforcé de renforcer les valeurs clés de l’entreprise, à savoir l’atténuation acoustique, la réflectivité, l’élasticité, la répartition et la légèreté (du matériau). Trois créations, intitulées 'Infinite Loop', formaient ainsi une sorte de boucle infinie, tandis que le quatrième concept, 'Manta' – une création évoquant la forme d’une raie – se prête parfaitement, par sa forme intrinsèque, à diverses configurations modulaires. Le résultat de l’installation sur le stand de Barrisol était donc double : une distribution équilibrée de la lumière et une atténuation acoustique dans un grand volume."

Le luminaire 'Space Cloud' s’inspire de photos de la terre prises par la NASA et de l’influence de la terre sur les nuances chromatiques par la combinaison de la chaleur et de la clarté des rayons solaires.

"Mon intérêt est dicté par les formes magnifiques et les modèles de croissance que l’on ne rencontre que dans la nature.

J’essaie de comprendre comment cette fascination traverse mon esprit pour en ressortir sous la forme d’un projet."

Ross Lovegrove

La 'Mercury Sospensione' d’Artemide est un système d’éclairage suspendu original, créé par Ross Lovegrove. Ce luminaire en chrome rutilant produit de superbes reflets lumineux.

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