Dossier de presse SIL 2019 FR

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DOSSIER DE MISS CROFTON

Janvier 2019

PRESSE

SALON INTERNATIONAL DE LA LINGERIE & INTERFILIÈRE PARIS


SOMMAIRE

12-13

4-5 6-7 8-9 10-11

Éloge du corps Chiffres clés Influenceur plus que jamais À découvrir sur les salons

14-15 16-17 18-19 20-21

Interviews de Souhela Ferrah & Smile Makers Les marques Créateur de l’année Chantelle Créateur de l’année Penn Textile Solutions

24-25 26-27 28-29 30-31

Le Bodywear Elisa du blog Et Dieu Créa Lingerie Prêt-à-Porter Confort élégant

EXPOSED

c’est un nouveau regard mode sur la lingerie et le swimwear

22-23

Fall in love with your self

BODY CELEBRATION 32-33

Un amour de

SAVOIR-FAIRE

34-35 Focus Corseterie 36-37 Les marques emblématiques 38-39 Focus Broderie & Dentelle

40-41

Une lingerie

DESIGN & COLORÉE 50-51

Le cahier des

TENDANCES

68-69

42-43 44-45 46-47 48-49

Design structuré Design graphique Couleurs & Tendance Lingerie Photogénique

52-53 54-55 56-57 58-59 60-61 62-67

Tendance 1 - Le Décolleté Maîtrisé Tendance 2 - Le Strapping Tendance 3 - Le Layering Tendance 4 - La Danse Tendance 5 - La Naturalité What’s New

The art of

DETAILS

70-73 L’espace The Exception 74-75 L’espace Tomorrow 76-77 L’espace Forum Général

78-79

Fibres

NATURELLES

80-81 Recyclage du coton 82-83 Le lin 84-85 Nouveautés Interfilière Paris 86-89 La nature au service de la haute technologie 90-91 Le chanvre / L’ortie 92-95 4 fibres très responsables

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Lingerie Place, que nous collectons les plus importantes data professionnelles du secteur, et diffusons les informations tendances, collections et innovations, en avant-première. Nous travaillons aujourd’hui de manière de plus en plus ciblée, afin de faire se rencontrer la bonne marque ou le bon tisseur avec le bon acheteur, sur le net 365 jours par an, comme lors de nos évènements conçus comme des momentums, où la qualité de l’expérience, l’inspiration, la rencontre, la découverte, doivent primer. En trois jours, nous racontons l’histoire de notre secteur à un moment T, nous entraînons notre communauté professionnelle dans un tour du monde des meilleurs savoir-faire, où nous favorisons la mise en relation pertinente qui développera au mieux le business. Vous pourrez ainsi cette année découvrir la nouvelle sélection de notre concept store Exposed, participer aux opérations de speed-dating pour rencontrer en quelques minutes de nouveaux partenaires potentiels, découvrir l’Espace Tomorrow ou l’exposition The Exception « Natural Expression » sur Interfilière Paris, ou demander un service plus individualisé de mise en relation à nos personal shoppers. Sans oublier les espaces tendances, les défilés, les conférences, pour compléter la connaissance des tendances, mieux rêver, et mieux acheter.

Nous rassemblons et valorisons

L’EXCELLENCE

ÉDITO

Par Marie-Laure BELLON Présidente / CEO Eurovet

L

e Salon International de la Lingerie et Interfilière Paris inaugurent une nouvelle saison et une nouvelle année 2019 que nous souhaitons à toutes et tous riches en trouvailles, rencontres et coups de cœur propres à créer l’envie chez des clients actuels et futurs, et à faire avancer nos métiers dans un contexte de consommation encore difficile. Le nôtre évolue également. De créateur et organisateur des plus grands évènements du secteur plusieurs fois par an, à Paris, New-York ou Shanghai, etc… c’est maintenant tout au long de l’année que nous rassemblons et valorisons l’excellence des meilleures marques et de leurs meilleurs fournisseurs sur notre plateforme digitale The

Le monde merveilleux de la Lingerie ouvre ses portes et lance l’année… Profitez-en bien ! Avant de nous retrouver sur le net, puis cet été pour de nouveaux événements innovants qui permettront, au-delà de notre communauté professionnelle, de valoriser l’excellence de notre métier directement auprès des consommateurs, et de séduire un peu plus les acheteurs et influenceurs de mode… de manière de plus en plus expérientielle et segmentée. Rendez-vous donc pour la suite de l’histoire et pour l’instant, bon voyage à tous !

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie / Interfilière Paris

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ÉLOGE DU CORPS

Éloge

DU CORPS

Les Nanas D’Paname est un collectif solidaire de femmes prescriptrices créé il y a 7 ans. Aujourd’hui le collectif compte 50 femmes venant de domaines, cultures, âges différents. Et c’est ce qui fait la force de cet énorme réseau où le talent est le maître-mot. Les Nanas D’Paname portent un message : celui de faire évoluer les consciences et l’égalité hommefemme de manière saine et constructive mais aussi de soutenir l’entreprenariat au féminin, et de démontrer que la différence est une force.

L

’image de la femme se démocratise, évolue, mais encore trop lentement. Juin 2018 : à l’approche de l’été, toujours la même rengaine. Sur le web, sur les publicités, dans les magazines, on voit des femmes grandes, très minces avec le texte associé : « comment perdre 5 kilos avant l’été » ou « Le régime idéal pour être belle à la plage » et autre « Challenge Bikini ». Nous sommes littéralement inondées de partout de diktats du corps parfait à acquérir absolument. Le corps parfait n’existe pas, alors plutôt que de partir dans une quête perdue d’avance, apprenons à aimer notre corps, car nous sommes toutes uniques. Faisons de nos différences une force pour contrer ces fameux diktats du corps parfait et nous libérer de tout jugement, de toute comparaison. Prescriptrices en ce sens, Les Nanas D’Paname représentent globalement les femmes grâce aux différents profils du collectif. Pas de quota, ni de physique type : une femme est belle par ce qu’elle dégage, parce qu’elle le décide. Le collectif décide de s’attaquer au problème en proposant un projet aussi symbolique que visuellement impactant : THE LOVE YOURSELF PROJECT. Une femme libérée des clichés stéréotypés sur le corps et de l’autocritique est une femme qui a beaucoup plus de chance d’être épanouie. Et oui, une femme épanouie est belle car elle rayonne. Au côté de figures féminines emblématiques du girlpower, Chloé Bonnard, présidente co-fondatrice du collectif, a shooté 60 femmes en sousvêtements, souhaitant raconter la relation qu’elles entretiennent avec leur corps à travers une photo et un témoignage personnel.

CHLOÉ BONNARD

Vécu comme un vrai défi par la plupart des femmes qui ont sauté le pas, le projet a pu ainsi aider plusieurs centaines de femmes en ouvrant la voie vers un autre champ des possibles. Celui de pouvoir aimer son corps en toute liberté, de ne pas en avoir honte et de le mettre en valeur plutôt que de le cacher. ¢

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LES NANAS D’PANAME

Démontrer que la différence est une force.

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie / Interfilière Paris

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CHIFFRES CLÉS

MARCHÉ DE LA LINGERIE ET DU CHAUSSANT

Femmes 15 ans et + Données de janvier à octobre 2018

TAILLE DE MARCHÉ

POUR LE SALON INTERNATIONAL DE LA LINGERIE

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INTERNET, UN CANAL FORT

PART DE MARCHÉ / Janvier - octobre 2018

LES DÉPENSES ET BUDGETS

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie / Interfilière Paris

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SERVICES

INFLUENCEUR

plus que jamais

Le Salon International de la Lingerie et Interfilière Paris ont à cœur de recevoir leurs clients dans les meilleures conditions possibles. C’est pourquoi, en tant qu’experts, les salons accompagnent leurs clients pour performer et optimiser leur visite.

Tour d’horizon des services dédiés.

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demandes ciblées

___ The Selection : un guide et un défilé des marques

pour révéler les coups de cœur de la saison

___ Des Speed meetings : une rencontre de 7 minutes

chrono entre acheteurs et marques pour enclancher plus de business

___ Des ateliers Bra Fitting pour aider les boutiques à

mieux conseiller leurs clientes

___ Un Retail Tour : un tour des boutiques parisiennes

les plus influentes du moment pour s’inspirer et repartir avec pleins d’idées de merchandising.

___ Des conférences : des intervenants de qualité sur

___ Un petit-déjeuner d’accueil, tous

SERVICES EXPOSANTS

SERVICES ACHETEURS

___ Un service de Personal Shopper pour les

les matins

___ Des déjeuners livrés sur stand (sur

demande)

___ Des bureaux en Europe, aux USA &

en Asie pour faire venir les acheteurs du monde entier

___ Des déjeuners de matchmaking

qui favorisent la rencontre entre l’exposant et les acheteurs d’un pays spécifique

des sujets forts et dans l’air du temps

Inédit

lendemain des salons pour revivre les conférences

les exposants ! L’exposant ne se déplace plus pour solutionner les problèmes liés à son stand.

___ Des podcasts disponibles sur le site web dès le ___ Des boutiques ambassadeurs : Un club des

boutiques les plus dynamiques du monde

___ Eurovet Lounge : un espace dédié pour un

accompagnement personnalisé des boutiques dans leur propre langue.

__ Un service « à domicile » pour tous

__ Une file réservée au restaurant

Biotiful pour ne pas perdre de temps

___ Un déjeuner des détaillants : l’occasion de

partager et d’accueillir les nouveaux visiteurs.

Inédit

__ Des ateliers pratiques et inspirants pour proposer

une nouvelle expérience aux acheteurs.

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie / Interfilière Paris

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À DÉCOUVRIR SUR LES SALONS

LES NOUVEAUX ESPACES

à ne pas manquer sur le Salon !

Atelier Couleur et Peaux Comment décrypter les coloris adéquats en fonction de chaque carnation ?

La couleur souligne, proportionne les formes, délimite les coupes, illumine les imprimés pour révéler les lignes du corps. Au-delà de son caractère esthétisant, la couleur est symbole d’un univers, d’un message féminin. En participant à cet atelier, la couleur n’aura plus aucun secret pour vous ! L’équipe Eurovet vous y attend.

Atelier Matières Mieux connaître nos métiers et nos matières pour mieux vendre ? Samedi, dimanche, lundi de 10H à 12H et de 14H à 17H Espace Trend & Selection Sylvie Schekler-Itzhak de Storia Intima échange autour des matières et des techniques de la lingerie dans cet atelier pratique. Grande professionnelle, Sylvie allie l’expertise lingerie et balnéaire autour du stylisme, modélisme et de la communication visuelle. Les clés d’une vente réussie, c’est d’appréhender parfaitement le produit que l’on vend… www.storia-intima.fr

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NUBIAN SKIN

Samedi, dimanche, lundi de 10H à 12H et de 14H à 17H Espace Trend & Selection Pop-up ‘Constructivist’


Le salon International de la Lingerie propose, tous les ans, un contenu inspirant et enrichissant. Cette année, pour rendre la visite encore plus expérientielle, le salon propose 4 ateliers pratiques, à ne surtout pas manquer.

Atelier Bra Fitting Comment devenir incollable sur les techniques de Bra Fitting ? Samedi, dimanche, lundi de 10H à 11H et de 15H à 16H Espace Trend & Selection Kimmay Caldwell, américaine et experte lingerie vous accompagne pour optimiser vos techniques de Bra fitting : améliorer le confort, révéler la silhouette, identifier les tailles adaptées. Entrez dans la fitting room et laissez-vous guider… www.hurraykimmay.com

Atelier Cosmétique L’atelier cosmétique qui vous en apprend un peu plus sur l’univers de la beauté… Samedi, dimanche, lundi de 10H à 13H et de 14H à 17H Espace Trend & Selection Pop-up ‘Naturalness’ L’univers de la beauté est intimement lié à la féminité. C’est pourquoi Laboté, partenaire de cet atelier cosmétique partagera son savoir-faire et son amour pour la beauté. Leurs produits sont fraîchement fabriqués à la demande à partir des meilleurs actifs extraits de plantes médicinales. www.labote.paris

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EXPOSED

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EXPOSED c’est un nouveau regard mode sur la lingerie et le swimwear UNE SÉLECTION TRANCHÉE POUR UNE OFFRE POINTUE DE MARQUES ÉMERGENTES ET ÉTABLIES QUI REPRÉSENTENT LE NOUVEAU VISAGE DU SECTEUR.

MATTHIEU PINET, Créateur de la zone Exposed

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SOUHELA FERRAH

SOUHELA FERRAH

EXPOSED

En conversation avec

Souhela Ferrah Comment est née votre marque ?

Peut-on dire que vous faites une lingerie PAP ? « Prête-à-montrer » ?

Souhela Ferrah / Après avoir été mannequin lingerie pendant plusieurs années, j’ai décidé en 2017 de lancer ma marque, par passion. La plupart des femmes dépensent de l’argent pour des vêtements visibles mais ce n’est pas forcément pour moi la meilleure façon de se faire plaisir. Personnellement, je me suis toujours sentie bien avec une belle lingerie : ce petit quelque chose qui m’appartient. Avec de la belle lingerie, qu’elle se voie ou non, je sais que je vais passer une bonne journée. J’ai habité Paris pendant cinq ans ; assise à la terrasse des cafés, j’aimais constater l’incroyable élégance de ces femmes qui révélaient la dentelle de leur soutien-gorge avec simplicité. Pour moi la silhouette d’une femme moderne est dans la simplicité et ne s’inscrit pas dans une époque. Intemporelle, elle est agrémentée d’une belle lingerie qu’elle montre avec un jeu de transparence révélateur et le sens du détail. C’est là l’esprit de ma marque : tout est dans le détail, au centimètre près.

S.F. / Proposer différents bonnets ne correspondait pas à mon petit budget, j’ai donc choisi les tailles du prêt-à-porter : XS/S/M/L. Je travaille avec une personne experte dans la conversion des tailles et je n’ai pour l’instant eu que des bons retours à ce niveau-là. Ma production est volontairement limitée à un certain nombre de pièces pour rester une marque inédite tant par son offre que le luxe de ses produits. La soie reste un tissu incontournable, indémodable et qui confère à mes pièces une dimension intemporelle. Le coton organique se veut aussi éco-responsable : j’utilise des tissus faits à la main dans de petites usines. J’ai commencé aussi à colorer mes tissus avec des pigments naturels. Parallèlement, je développe beaucoup les bodys parmi lesquels mon body-shirt qui se présente comme un top : une chemise en soie avec des petits boutons en nacre. C’est très pur, très classe. Très parisien. À porter avec un jean, une belle jupe, ouvert sur un joli soutien-gorge. C’est assez emblématique de ma marque : luxueux mais abordable.

Made to be layered… c’est toujours votre positionnement ?

S.F. / Au delà de mon positionnement layering, je crée des modèles pour donner ce sentiment de beauté et cette sensation de bien-être aux femmes. J’adore la lingerie et la mode, j’ai donc voulu faire quelque chose entre les deux ; malgré l’offre existante, il manquait selon moi quelque chose de plus luxueux à une silhouette faite de superpositions. J’essaie d’innover pour agrémenter des modèles voués à être révélés et pas seulement destinés à ne remplir que leur fonction première, basique. Je recouvre les élastiques de tissus pour qu’ils puissent se montrer en beauté. Mes culottes sont encore très simples mais les soutiens-gorge sont très recherchés, élaborés. On peut les porter avec une chemise transparente ou simplement ouverte sur le décolleté. L’idée est d’apporter une touche de raffinement à un look très simple. La lingerie a ce pouvoir d’accessoirisation sophistiquée.

Quel est votre objectif sur le Salon international de la lingerie ?

S.M. / Je suis tellement contente d’avoir été sélectionnée sur l’espace Exposed. Depuis un an, je fais tout toute seule depuis Bali et ce n’est pas simple. C’est même très difficile de faire grandir sa marque derrière son ordinateur quand on n’est pas une pro du marketing. Et puis ma lingerie n’est pas un produit qui s’achète sur Internet. La lingerie est pour moi toute une expérience liée au toucher, je ne pourrais pas en acheter en ligne sans l’avoir vue au préalable en magasin. Exposer sur le Salon de la Lingerie me donne l’opportunité d’encourager les boutiques à distribuer ma marque, sachant que l’idée n’est pas d’être dans le plus grand nombre mais d’aller vers des boutiques de qualité. Il s’agit de faire grandir ma marque, raisonnablement. ¢ 14


Interviews

Les chiffres insolites > Au Royaume-Uni, le pourcentage de femmes ayant un vibromasseur est supérieur au pourcentage de ménages possédant un lave-vaisselle.

SMILE MAKERS

> En Europe de l’ouest, elles seraient autour de 50%. > 1 femme sur 3 se dit intéressée pour essayer.

En conversation avec

Smile Makers Comment est née la marque Smile Makers ?

Smile Makers / En 2002, un samedi matin à Stockholm, désireux d’offrir un vibromasseur à ma compagne, je suis allé dans un sex-shop. L’expérience fut pour moi désastreuse face à la laideur des produits proposés au sein d’un environnement anxiogène. Si autour de moi plusieurs personnes étaient à l’aise avec le fait d’utiliser des sex-toys, aucune d’entre elles ne pouvait apprécier les magasins où ils étaient vendus. L’évidence pour nous s’est imposée face à la globalité de la demande et la pauvreté de l’offre : c’est pourquoi nous nous sommes lancés en 2013 avec la volonté de proposer des produits disponibles seulement dans les grands magasins. L’idée n’était pas de faire scandale mais au contraire de normaliser cet achat en l’intégrant dans les rayons beauté, santé et mode.

Quel est votre positionnement ?

S.M. / Tout est dit dans notre nom ! Plus sérieusement, notre démarche est de normaliser la perception de la sexualité des femmes. Plus qu’une démarche, c’est même pour nous une mission : que ce soit par la qualité de nos produits, l’impact qu’ils peuvent avoir auprès de nos clientes ou le relai qu’en font les médias. Il nous fallait trouver un consensus international pour séduire toutes les consommatrices, avec l’idée d’y mettre un peu d’humour pour ne pas trop se prendre au sérieux. Nous avons donc sollicité des femmes du monde entier pour recueillir des suggestions et baptiser ainsi nos articles avec leurs fantasmes érotiques : le Pompier, le Prof de tennis, le Millionnaire, le Français ou encore le Surfeur.

Votre démarche a t-elle été comprise par les distributeurs ?

S.M. / Même si la société porte un autre regard sur le plaisir féminin, il nous a fallu deux ans pour convaincre les distributeurs de la pertinence de notre offre : ils craignaient d’avoir mauvaise presse autour de ces ventes inhabituelles. Ça n’est jamais arrivé car nous sommes très bien accueillis par les consommatrices comme les médias. Je suis convaincu que dans les deux prochaines années, les départements lingerie des plus grands magasins vendront notre marque : nous venons d’ailleurs de signer avec Selfridges en ce sens. C’est une chose naturelle que les rayons de sous-vêtements proposent des articles de bien-être sexuel : c’est un cadre de shopping bienveillant pour les femmes.

Quel est votre objectif sur le Salon international de la lingerie ?

S.M. / Notre présence sur le Salon a pour ambition de montrer aux détaillants européens tout l’intérêt qu’il y a à distribuer notre marque. Il en va d’une forme de responsabilité de proposer cette catégorie de produits aux femmes : avoir une sexualité épanouie est indissociable du bien-être général. Je ne pense pas qu’on achète un vibromasseur pour se sentir belle mais je suis certain en revanche qu’une personne sexuellement épanouie devient plus belle. D’ailleurs, notre devise est : « Discover yourself », plutôt cohérent avec l’image du Salon International de la Lingerie cette année. ¢

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LES MARQUES Exposed 01

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01/ Marieyat - 02/ Rossell England - 03/ Le Petit Trou - 04/ Fleur of England - 05/ L’Angelique - 06/ MilaKrasna - 07/ by Dariia Day - 08/ Nubian Skin - 09/ Miss Crofton - 10/ Elissa Poppy - 11/ Voiment - 12/ Dear Denier - 13/ About 14/ Lonely - 15/ Parachute - 16/ Le Journal Intime - 17/ Superbe - 18/ Just A Corpse - 19/ Aromatique Casuca - 20/ Paloma Casile 21/ Ruban Noir - 22/ Studio Pia 16


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23/ Sarah Brown - 24/ DSTM - 25/ Taryn Winters - 26/ Six - 27/ Undress Code - 28/ Smile Makers - 29/ Neiwai - 30/ Amalthea 31/ Nicolas Messina - 32/ Myla London - 33/ Else - 34/ Opaak - 35/ Dora Larsen - 36/ Souhela Ferrah - 37/ Moon and Junes - 39/ Underprotection - 39/ Icone - 40/ Kana Matsunami - 41/ Domestique - 42/ Lรถv

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CHANTELLE LINGERIE

CRÉATEUR DE L’ANNÉE


Interview

Interview

Renaud Cambuzat, Directeur de la Création et de l’Image Chantelle Lingerie

Renaud Cambuzat / Nous sommes honorés de recevoir ce prix qui vient récompenser un travail collectif important réalisé sur l’ensemble des marques du groupe CL (Chantelle Lingerie) depuis 2017. Cela nous réjouit d’autant plus que la thématique retenue par le Salon cette année fait écho aux convictions que nous portons et qui sont au cœur de nos propositions de marque. Le secteur reste polarisé entre des archétypes qui ont certes évolué mais n’en sont pas moins présents, qu’il s’agisse de l’empowerment sexy, du body positivisme opportuniste ou du pretty chic consensuel. Nous souhaitions défendre une vision plus authentique et affirmée, résolument créative et susceptible de refléter la complexité de notre société et la richesse des êtres qui la composent avec pertinence. Sortir des carcans de la beauté normée et sans saveur, représenter et adresser de nouvelles féminités, éviter toute forme de définition stricte et caricaturale des genres, célébrer l’énergie et les promesses de notre époque à travers une créativité débridée, laisser à chacun sa liberté d’interprétation et d’opinion, sont autant de convictions qui animent notre démarche de créateurs et face auxquels nous nous sentons un devoir de responsabilité.

Avec la prise de risque de cette nouvelle identité, quelle est pour vous votre plus grande réussite ? R.C. / Je crois que nous sommes avant tout fiers de l’intégrité avec laquelle nous avons conduit ces changements en profondeur. Nous sommes convaincus de la pertinence de ces nouvelles directions sur nos marques et avons tout mis en œuvre pour qu’elles constituent, ensemble, une proposition complète, unique et durable. Il est important pour nous que notre démarche fasse sens et nous veillerons à ce que cela continue d’être le cas dans un monde qui évolue et se transforme à une vitesse impressionnante.

Quelle est votre vision pour la lingerie Chantelle Lingerie ? R.C. / CL est la nouvelle identité du groupe. Ce n’est pas une marque produit mais une marque ombrelle, sous laquelle viennent s’articuler nos différentes marques produit qu’elle connecte entre elles via la signature « designed by CL ». Il n’y a donc pas de lingerie CL à proprement parler mais une vision, un savoir-faire et des valeurs CL qui s’expriment de diverses manières à travers nos marques. Ensemble, elles constituent une offre riche et complémentaire, multi-catégories, avec différents niveaux de prix, qui permet de répondre à des besoins très larges et variés.

De manière commune, nous retrouvons un certain goût pour le design, la simplicité, la créativité. La qualité et l’innovation sont également au cœur de notre vision groupe et mises plus particulièrement au service du confort. C’est ainsi que nous avons développé la gamme de produits Soft Stretch chez Chantelle : invisible, stretch et révolutionnaire par son confort inégalé, c’est un succès sans précédent.

La lingerie est-elle pour vous le meilleur vecteur de la body célébration ? R.C. / Il y a je crois beaucoup de façons de célébrer le corps. La lingerie en est une parmi d’autres. Pour nous, il ne s’agit pas seulement de célébrer le corps mais également l’esprit, les individus, leur personnalité et leur histoire. Sans ça, le corps n’est rien. C’est peut-être ce que la lingerie a parfois eu tendance à oublier. Si l’on prend le thème du salon « Fall in love with yourself », c’est d’abord une démarche mentale et émotionnelle.

Quelles sont les tendances affichées pour votre groupe sur cette saison AH 19/20 ?

RENAUD CAMBUZAT

Que représente pour vous ce titre de créateur de l’année dans le contexte d’une thématique forte (sur le Salon International de la Lingerie) avec « Fall in love with yourself » ?

R.C. / Modernité, contrastes, créativité, confort et réinterprétation de la séduction. C’est la première saison où nous avons réellement pu travailler nos collections avec cette approche transverse en portefeuille de marques qui nous a permis de parfaitement articuler notre collections Chantelle, Passionata, Chantal Thomass et Femilet. Sur le plan Image, nous avons pour la première fois travaillé une thématique de saison commune (States of being) à l’ensemble de nos marques qui se décline en différentes interprétations selon chacune.

L’héritage d’un savoir-faire reste-t-il le maître-mot de toutes vos collections ? R.C. / C’est évidemment un élément essentiel et une force propre à notre groupe que nous tenons à préserver. L’exigence, la qualité et l’expertise acquise depuis 140 ans restent des valeurs fondamentales et communes à nos marques. Pour autant, je ne dirais pas que c’est là le maitre-mot de toutes nos collections qui offrent je pense bien plus que cela. Au-delà du savoir-faire et du style, elles reflètent une époque dont elles dessinent les contours futurs et portent une vision riche, complexe et ouverte sur le monde. ¢

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Interview

Interview

Federico Colombo, Directeur Commercial, Marketing et Produit Penn Textile Solutions

Que représente pour vous ce prix de Créateur de l’Année dans le contexte d’un thème fort (sur Interfilière Paris) de ‘L’Art du détail’ ? Federico Colombo / Cela représente une reconnaissance majeure de comment l’innovation peut faire la différence. C’est un plaisir d’être nommé après autant d’années de présence sur le marché et de pouvoir continuer à investir dans l’innovation, tentant de faire la différence. Surfant sur cette vague positive, nous investissons sur un nouveau métier de tricotage pour continuer à développer de nouveaux concepts.

Comment vos tissus suivent-ils cette tendance prêt-à-porter, une tendance qui se renforce dans la filière lingerie pour la saison AH 19 ? F.C. / Nos tissus reflètent parfaitement cette tendance par notre tendance à fabriquer des tissus maille utilisant une structure « body mapping » pour maximiser fitting et confort, avec un look technique. La tendance PAP est une mode que nous suivons depuis des années, et pour le lier à notre portefeuille de produits, nous avons identifié de nombreux tissus sous notre marque Dream Shape qui permettent à nos clients de sélectionner des tissus variés qui suivant ce thème.

Comment adaptez-vous vos créations au désir des femmes pour une offre plus axée bodywear ? F.C. / En fournissant de la fonctionnalité tout en gardant le confort et un look moderne. Dream Shape identifie également des tissus bodywear pour femmes, caractérisés par des bords maîtrisés et avec une belle

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association de douceur et de légèreté ainsi qu’une belle fonctionnalité et un bon niveau de compression.

Chez Penn Textile Solutions, recherchezvous des solutions aux enjeux actuels d’éco-responsabilité en termes de matériaux ? F.C. / En ce qui concerne l’éco-responsabilité, nous y sommes vraiment sensibles. C’est pour cette raison que nous avons développé une collection dédiée, l’ECOINNOVATION, qui inclut des tissus recyclés en polyamide et polyester avec de l’Eco-Smart de Roica. Tous nos tissus suivent également un éco-process, par exemple, notre « éco-lavage », où nous n’utilisons aucun produit chimique pour laver le grège. Nous réduisons également notre utilisation de l’eau et nos émissions de CO2. Nous développons aussi de plus en plus de contacts avec des écoles de mode et des universités pour commencer à générer des contacts d’avenir et pour nous inspirer.

Quel est votre plus grand défi en ce qui concerne l’innovation ? F.C. / En terme de tout dernier défi, nous pouvons identifier notre dernière création comme l’innovation ultime basée sur une construction façonnée, une technologie de tricot par zone du corps pour fournir une performance optimale, minimiser les coutures et maximiser le confort, tout en un seul concept. Comme souvent, nous soulignons ce que nous croyons être notre force : la conception italienne avec le génie de la fabrication allemande. C’est-à-dire, la flexibilité et la créativité réunies avec précision et innovation. ¢


JANVIER 2019 Interfilière Paris

PENN TEXTILE SOLUTIONS

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CRÉATEUR DE L’ANNÉE

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Fall in love with yourself

ody Celebration

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LE JOURNAL INTIME

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LE BODYWEAR Si en 1968, les féministes cherchaient à se libérer du carcan d’un sexisme réducteur en brûlant leur soutien-gorge, on trouve aujourd’hui une nouvelle forme d’émancipation des femmes par le biais d’une attitude bienveillante et assumée. Le soutien-gorge n’est plus l’ennemi, synonyme d’une entrave au bien-être et à la liberté d’expression. Portée par la célébration du corps et l’affirmation de soi, la lingerie n’est plus l’incarnation d’une séduction codifiée par le seul regard des hommes et les diktats d’une mode stéréotypée : porte-parole tout désigné de la body célébration, la tendance est définitivement au bodywear !

C

’est désormais pour satisfaire un propre regard sur soi que les femmes s’autorisent la lingerie, tel un produit de beauté. Une nouvelle génération de soutien-gorge plus subtile dans son approche du confort pour toutes, a permis de réinventer les codes de la sensualité (MarieYat, About, la gamme coton de Skarlett Blue, Löv the label, Neïwai, Moons and Junes, MilaKrasna, Understatment Underwear). Dans une esthétique empruntée à la danse, le body devient justaucorps et la brassière se fait cache-cœur (Undress Code, Just a corpse, About, DSTM). Si certaines souhaitent s’affranchir de certains codes pour arborer une lingerie souple et épurée, d’autres choisiront un confort plus élégant avec des bralettes et bodys tout en tulles et dentelles, agrémentés de soie, satins, broderies, lanières décoratives et autres volants (Lonely, Mey, Myla, Le petit trou, Aubade, Silent Arrow, Gisela, Jolidon). Désireuses de se réconcilier avec leur corps et leur image, les femmes ont su s’affranchir des clichés, pour s’approprier cette hybridation de la mode qui a mis l’industrie sans dessus-dessous. La lingerie dite bodywear compose aujourd’hui avec les codes du prêt-à-porter dont l’offre plus globale permet 24

les tailles XS/S/M/L/XL, exemptées de bonnets. Certains vont même jusqu’à proposer le one size only, avec la ligne Soft Stretch de Chantelle. L’offre est multiple pour répondre aux demandes d’une femme plurielle et à l’exigence revendiquée. Libérée de l’autocritique, la lingerie souligne les petits ou grands défauts qui n’en sont plus (MarieYat, Chantelle, Lonely, Silent Arrow, Le Journal Intime…). L’architecture contraignante des modèles passés devient design structuré, rehaussé de couleurs hautement photogéniques pour être partagés. On ose le dépareillé, c’est parfois même une réelle volonté (Lonely, About, Chantal Thomass). On ose une nouvelle lingerie et ça fait du bien. C’est un peu le nouveau féminisme féministe : pour vivre heureuses, cessons de nous cacher ! ¢

ABOUT

BODY CELEBRATION


LÖV

CHANTELLE LINGERIE

ROSSELL ENGLAND

KANA MATSUNAMI

COEMI

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie NEIWAI

OW INTIMATES

MARIEYAT

UNDERSTATMENT UNDERWEAR

Bodywear

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BODY CELEBRATION

LES NANAS D’PANAME X LITTLE MAGAZINE

Nous sommes loin d’être parfaites, avec des côtés qui pèchent et d’autres parfois formidables. Ça s’appelle une identité.

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Elisa du blog Et Dieu Créa

ELISA Après sa prise de parole pour LE LOVE YOURSELF PROJECT version Maman, Elisa du blog Et Dieu Créa va plus loin pour le Salon International de la lingerie.

J’ai toujours pensé qu’une femme avec quelques rondeurs est plus jolie avec une lingerie qui épouse sa silhouette et laisse deviner les formes de son corps sous les vêtements. La notion de confort est très importante pour moi. S’il m’arrive d’avoir envie d’être belle et sexy je me refuse à porter une lingerie trop corsetée : j’ai la désagréable impression d’être saucissonnée et contrainte. Avec trois enfants, une vie très active et un travail prenant, cette lingerie contraignante ne me correspondait plus. Je n’ai pas ce qu’on appelle une forte poitrine, mais j’ai quand même besoin de soutien. J’ai fait le choix de me passer des soutiens-gorge avec armatures car la problématique du maintien n’en est plus une. Quand le produit est bien construit par un bonnetier, un artisan avec une vraie connaissance en la matière, la poitrine est maintenue en souplesse. Cela ne se joue pas au niveau de l’armature mais à l’aide de bretelles mieux faites ou encore un dos plus étudié. Les vêtements sportifs en sont un bon exemple. Il s’agit juste de travailler les modèles autrement. En plus d’être bienveillante pour le corps des femmes, cette nouvelle lingerie est jolie. On voit maintenant des pièces très raffinées qui n’ont plus rien à voir avec les premières brassières parfois peu flatteuses. On trouve désormais des choses très délicates qui existent avec d’autres formes. Il y a une vraie transformation au niveau du style. Je prends le parti d’être sans filtre dans ma communication et mes partages, pour ne pas mentir aux gens. C’est inutile et même contreproductif. Je suis assez agacée par la vision de ces mères un peu trop idéales, voire idéalisées. On est beaucoup plus intéressantes avec nos failles. Nos qualités n’en sont que plus valorisées. Nous sommes loin d’être parfaites, avec des côtés qui pèchent et d’autres parfois formidables. Ça s’appelle une identité. ¢

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LE LOVE YOURSELF PROJECT version Maman, une collaboration avec le magazine LITTLE x LES NANAS D’PANAME Il aura fallu que je dépasse la quarantaine pour devenir à l’aise avec mon corps. Et pourtant, je suis trop ronde à mon goût, trop ronde par rapport à ce que j’estime être mon poids de santé. J’ai souffert professionnellement, ces dernières années d’un très grand stress au travail, d’une surcharge mentale que j’ai compensée en m’enveloppant. Ces formes que je vois aujourd’hui, ne sont pas le résultat de mes grossesses mais d’une protection que je me suis construite au travail afin de pouvoir tout gérer : vie de famille, carrière professionnelle ; jusqu’au jour où j’ai réalisé il y a quelques mois que cela suffisait. Depuis, je me construis, professionnellement d’abord et mon corps reprend, peu à peu, du poil de la bête. Je me suis mise au sport, je maigris très doucement, avec calme et bienveillance. Et même si je pense devoir me muscler, perdre cette surcharge mentale transformée en poignées d’amour, j’aime mon corps. J’en suis fière. Il est capable de beaucoup, notamment d’avoir mis au monde trois enfants et surtout de tenir le coup quels que soient les moments que je traverse dans la vie. Il s’adapte, il fait en sorte que je ne lâche pas. Ce que je vois aujourd’hui sur cette photo, c’est un corps qui a une histoire, un vécu, qui porte les traces des différentes étapes de ma vie. Demain il sera peut-être plus musclé, en meilleure santé mais ce ne sera finalement qu’en adéquation avec moimême. Ce corps est beau parce qu’il est moi tout simplement : parfaitement imparfait et pourtant féminin, harmonieux et dont chacune des courbes raconte ma vie et mon passé.

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MYLA

AUBADE

DSTM

BLACK LIMBA

SILENT ARROW

BODY CELEBRATION

Une lingerie

PRÊT-À-PORTER MAISON LEJABY

Le secteur de la lingerie s’autorise toutes les audaces pour des offres produit toujours plus étonnantes.

L

es dessous deviennent des pièces à part entière qui se laissent voir et entrevoir, flirtant ainsi avec le prêt-à-porter et les accessoires. Le point intéressant de cette évolution est naturellement que la lingerie a gagné petit à petit, ses galons de produit indispensable au-delà du pratique. L’intérêt certain est désormais l’aspect mode de la lingerie qui se veut désirable, en accord avec notre style et donc de plus en plus désigné pour affirmer son identité ! L’apparition des bralettes que nous pouvons apprécier chez Myla, Lonely, Gisela, Aubade a révolutionné le soutien-gorge, imaginant des pièces légères pour de petites poitrines, plus mode, plus fun, sans contrainte. On avait besoin de s’éloigner du côté pragmatique de la lingerie avec sa seule fonction de maintien. Les femmes attendaient une offre plus moderne avec des choses plus créatives dans lesquelles le superflu devient essentiel à la notion de plaisir : les frou-frous, la dentelle all-over… Inspirée de marques haute-couture, cette tendance à la lingerie hybride fait naître des collections qui se montrent et habillent des tenues décontractées comme sophistiquées. Dessous féminins, sous-vêtements fonctionnels, sportwear, streetwear (Chantelle, Black Limba, Anita) les styles se mélangent et se réinventent dans la recherche d’un confort élégant et de pièces faciles à porter. Une volonté de simplification qui émerge également à travers la déclinaison du système de taille (S, M, L ou 1, 2, 3), inspirée des codes du prêt-à-porter. De cette tendance moderne de produits hybrides entre mode et lingerie, les techniciens (Bonbon Lingerie, Mapale Wear, MilakKrana, Silent Arrow, DSTM) se sont permis des ajouts de formes, de couleurs, de dentelles, des jeux de bretelles, pour envisager ces produits comme des accessoires mode pour des silhouettes stylées, et revendiquer une féminité beaucoup moins formelle, plus engagée. ¢

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Trend Watching Avec l’imprimé léopard, la lingerie n’oublie pas d’être un produit mode. De plus en plus, elle affirme ainsi son envie d’une évolution en adoptant les codes inhérents à la tendance actuelle du léopard dans les accessoires, les sacs, les chaussures et les vêtements. Elle ne pouvait pas passer à côté de cet imprimé. Ainsi de nombreux créateurs (Maison Lejaby, Just a corpse, Le petit trou, Understatment Underwear) offrent des bouffées d’air dans des collections quelques fois un peu traditionnelles. Les aficionadas ont ainsi l’opportunité de trouver un produit « coup de cœur » chez leurs marques fétiches quand les nouvelles consommatrices trouveront plutôt une occasion de s’intéresser à leurs collections. Ce genre de pièces très anecdotiques permet de venir découvrir le reste avec une approche stylée de la coupe et de la matière.


Lingerie Prêt-à-Porter

One Size Only

SOFT STRECH

Coup de cœur du Salon International de la Lingerie, la ligne Soft Stretch présente une petite révolution de la marque Chantelle, avec une gamme très inattendue pour un groupe ancré depuis 1876 dans une offre de maintien corseté. Sans couture, extensible, dans une matière ultra-douce et confortable, Soft Stretch se décline dans toutes les couleurs mais en une taille unique adaptée à toutes les femmes et à toutes les morphologies. Une innovation qui deviendra vite un indispensable !

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SOFT STRETCH

orte de son héritage innovant, CL Lingerie se tourne vers l’avenir en travaillant la dimension plus design de son ADN. Avec cette innovation unique, Chantelle a imaginé une ligne de sous-vêtements adaptée à un large prisme de tailles qui va du 36 au 44. Une véritable prouesse technique qui s’inscrit dans la mouvance du body positivisme : assumer son corps dans des matières confortables et accepter des défauts que l’on ne maquille plus. « Ces sous-vêtements, qui vont du slip classique au body, sont très simples d’un point de vue stylistique. Nous voulons montrer que tout le monde peut s’en saisir et les faire vivre » explique Renaud Cambuzat, directeur créatif image du groupe Chantelle. Au-delà d’un seul produit confortable, Soft Stretch offre un véritable positionnement mode. Chantelle sollicitera régulièrement de jeunes designers pour donner une dimension pointue à sa nouvelle ligne, comme pour la saison printemps/été 2019, avec la collaboration de Victoria/Tomas. La toute jeune créatrice qui a défilé pendant la dernière fashion week a imaginé une collection capsule attrayante et sportive, avec notamment un cycliste. Une gamme facile à porter qui rassemble leurs deux univers tout en soulignant l’esprit prêt-à-porter du Soft Stretch. ¢

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BODY CELEBRATION

LE CONFORT

GISELA

élégant

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LONELY

AUBADE

MYLA

BLACK LIMBA

MAISON LEJABY

Confort élégant

Bien que la tendance du bodywear s’oriente vers un minimalisme certain, l’amour de la dentelle n’est pas près de s’arrêter.

C

’est un besoin majeur des consommatrices de placer leur argent dans un produit qualitatif. La dentelle reste une matière valorisée et valorisante, comme la soie ou les nouvelles matières innovantes et techniques qui apportent un réel savoir-faire.

Les bodys tout en transparence et délicatesse viennent embellir la peau d’arabesques fleuries et/ou géométriques (Aubade, Maison Lejaby, Jolidon, Mey, Bonbon Lingerie, Lingadore) jusqu’à même habiller entièrement le corps de dentelle avec un bodysuit chez Emilio Cavallini.

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ELSE

FREYA EXPRESSION

EMILIO CAVALLINI

BONBON LINGERIE

JOLIDON

Chez Myla, Coemi, Black Limba, les triangles des bralettes offrent des bretelles élargies aux motifs voluptueux et graphiques. Chez Simone Pérèle, la dentelle s’invite sur le décolleté avec l’incursion délicate d’une fleur. Elle se fait volant (Lonely, Maison Close) pour agrémenter un buste ou une hanche, ou brassière épaulée (Else). ¢

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Un amour de

avoirfaire

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AUBADE

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UN AMOUR DE SAVOIR-FAIRE

Un amour

DE SAVOIR-FAIRE

L

a lingerie reste attachée à un savoir-faire, surtout pour ces femmes à forte poitrine à la recherche d’une maîtrise de leur féminité.

EMPREINTE

Elles sont tributaires d’un savoir-faire qui leur assure un certain confort pour être libres au quotidien. Toutefois la lingerie d’exception s’adresse aussi à ces femmes aux petits seins qui désirent une sublimation de leur corps en douceur, par la finesse d’un travail tout en détails. Si on peut constater une tendance au minimalisme pour ne révéler que les matières et les coupes, un vivier de fidèles consommatrices très « fleur bleue » reste sensible aux petites ornementations sophistiquées des grandes maisons. La lingerie reste quand même un objet plaisir. ¢

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POUPIE ET PATRICIA CADOLLE

Focus Corseterie

Point de vue

Patricia Cadolle, Directrice de la marque Cadolle

Avez-vous constaté une évolution du soutien-gorge ? Patricia Cadolle / Y a-t-il eu une évolution de la poitrine des femmes depuis la création du soutien-gorge ? Je ne crois pas : les seins ont toujours autant besoin de maintien et c’est la fonction première d’un soutien-gorge. On reste sur un produit qui s’adapte à un besoin. La vraie question est de se demander s’il y a eu une évolution des mœurs et par conséquent une émancipation des femmes à travers leur façon de s’habiller. CADOLLE

Les femmes sont-elles plus libérées ?

Un soutien-gorge de la corseterie française est un écrin pour les seins des femmes, le plus confortable possible

P.C. / Je pense que le soutien-gorge a fait, et fait toujours partie, de la libération des femmes depuis sa création par la maison Cadolle en 1889 : il s’est positionné comme une réponse libératrice face au corset, comme le collant a pu l’être face aux bas. Après cette émancipation du vêtement, il nous restait à nous libérer des mœurs. C’est encore un autre chapitre avec une attente nouvelle des femmes par rapport au soutien-gorge qui ne doit pas être seulement fonctionnel mais également esthétique. Parce que désormais on le montre et pas seulement dans l’intimité.

Avez-vous adapté le style de vos créations face à cette attente ? P.C. / Chez nous, les seins des femmes de 2019 sont les mêmes qu’en 1889 : extrêmement délicats et parfois très lourds. On ne peut pas ignorer le nombre de coutures nécessaires au maintien des seins d’une femme, c’est la base du métier de corsetier. On fait du maintien et après on décore avec le respect d’un savoir-faire qui tient dans le geste. Si nos machines et nos matières sont plus modernes que celles utilisées par ma grand-mère, le geste reste le même. Lui-seul définit le modèle. On utilise les progrès de la technologie d’aujourd’hui avec la technicité d’un savoir-faire manuel d’antan.

Quelle est valeur ajoutée de la corseterie ? P.C. / Le but n’est pas d’avoir un positionnement « luxe » mais plutôt bien-être : quand une femme met un soutien-gorge, elle ne doit plus sentir ses seins. Elle doit surtout se sentir elle-même sans moules préformés qui lui enlèvent son identité : avec les soutiens-gorge à coques, vous avez les seins de tout le monde. ¢ 35


UN AMOUR DE SAVOIR-FAIRE

L

MARQUES es EMBLÉMATIQUES

Si on peut constater une tendance au minimalisme pour ne révéler que les matières et les coupes, un vivier de fidèles consommatrices très « fleur bleue » reste sensible aux petites ornementations sophistiquées des grandes maisons. La lingerie reste quand même un objet plaisir.

CADOLLE

La lingerie reste attachée à un savoir-faire, surtout pour ces femmes à forte poitrine à la recherche d’une maîtrise de leur féminité. Elles sont tributaires d’un savoir-faire qui leur assure un certain confort pour être libre au quotidien. Toutefois la lingerie d’exception s’adresse aussi à ces femmes aux petits seins qui désirent une sublimation de leur corps en douceur, par la finesse d’un travail tout en détails.

AUBADE

CHANTELLE

CADOLLE

Avec plus de 60 ans existence, Aubade est depuis toujours, la griffe de lingerie haut-de-gamme de séduction française par excellence. La marque propose aux femmes des modèles aux coupes et au bienaller parfaits, hérités d’un savoirfaire corsetier, aux lignes créatives sans cesse réinventées, suivant les tendances et l’air du temps Les détails et finitions sont soignés, le choix des matières est méticuleux pour plus de raffinement et d’élégance : dentelle de Calais, broderie suisse, guipure, soie et satins italiens ont fait la renommée de la marque qui s’adresse à toutes les poitrines, allant du bonnet A au G.

Depuis 1876, Chantelle a su façonner un savoir-faire précieux. « Tours de main », « astuces », « façon de faire », « coup d’œil » se transmettent au fil des générations de collaborateurs. Puisant dans cet héritage, Chantelle met à la portée des femmes des dessous quotidiens qui ont bénéficié d’une création dans l’esprit couture, d’essayages aux ajustements minutieux et d’une variété de matières les plus nobles.

La Maison Cadolle apporte une exigence et une attention particulière à créer un écrin pour la silhouette des femmes. La Femme Cadolle recherche le bien-être, grâce à des secrets techniques pour le maintien et la sculpture de son corps, et assume une allure élégante, en choisissant des coloris faits maison et des matières luxueuses qui vont orner son corps en le sublimant. Cadolle Couture fabrique pour ses clientes des modèles exclusifs, réalisés aux mesures de leur corps et selon les méthodes traditionnelles de la Haute-Couture française. Chaque modèle confectionné est spécialement créé pour répondre à un souhait particulier. La Maison Cadolle n’a de cesse de sublimer le corps féminin et de l’accompagner dans ses mouvements depuis 1889, date à laquelle la fondatrice de la Maison, Herminie Cadolle, a libéré la femme de son corset en inventant le soutien-gorge. Aux côtés des lignes cultes, toujours scrupuleusement suivies et remises à jour, s’ajoute désormais des lignes davantage orientées vers la séduction. Expression et affirmation d’une femme en accord avec l’esprit de son temps, la ligne Geisha constitue un tournant dans l’histoire souvent discrète et élitique de la Maison : elle dévoile une femme séductrice et s’assumant résolument comme telle, avec l’empreinte de la célèbre « touche Cadolle ».

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les marques emblématiques

LOUISE FEUILLÈRE

SIMONE PERELE

LISE CHARMEL

EMPREINTE

LOUISE FEUILLÈRE

Marque de savoir-faire d’excellence spécialisée dans le sur-mesure, Louise Feuillère veut montrer les femmes dans leur pluralité et leurs particularités, leurs revendications, leurs rêves, leurs énergies, leur nature, les encourager dans la recherche du bien être et dans le désir de se mettre en beauté… La marque adapte la lingerie au corps de la femme, et non l’inverse. « Mes recherches et développements constants sur la diversité morphologique ainsi que le dessin de la silhouette contribuent à l’évolution et la création de méthodes techniques. » explique Louise Feuillère, Meilleur Ouvrier de France.

EMPREINTE

LISE CHARMEL

SIMONE PÉRÈLE

Vêtement du quotidien, complice de l’intimité des femmes, le soutien-gorge se doit d’être confortable. Au-delà du confort, toutes méritent un excellent maintien. Une poitrine bien maintenue participe à l’équilibre global de la silhouette. C’est pour Empreinte dessine des produits pour « modeler » le corps des femmes, avec respect et générosité : taille redessinée, allure sculptée, des résultats visibles qui rendent la silhouette Empreinte si spécifique, telle une Signature Visuelle. Maintien parfait, confort absolu et élégance sublimée, des attentes décuplées quand les bonnets se font profonds. C’est là que s’exprime le mieux Empreinte, idéale pour les bonnets C et plus Cette poitrine « visible » est parfois difficile à vivre ; atout de séduction pour certaines, contrainte pour d’autres. Dans tous les cas, porter un soutien-gorge adapté à son corps est un besoin fondamental dont toutes se font écho. Une femme sur 2 est concernée par un marché qualifié hier « de niche » : 52% d’entre elles ont un bonnet C et plus, 25% dépassent le bonnet D. Un constat désormais mondial.

La Maison Lise Charmel, est née dans les années 1950 au cœur du quartier de la soie de Lyon, berceau de la corseterie française, avant d’être reprise en 1975 par Jacques Daumal, son président actuel. Dédiée à l’univers féminin de l’intime et de la séduction, la Maison Lise Charmel est venue introduire dans le monde des dessous féminins, une esthétique et une qualité de réalisation, guidées par l’exigence de l’excellence, devenant ainsi une référence en matière de lingerie de luxe. Avec sa sélection des plus belles matières et la création de dessins et imprimes exclusifs, la Maison est profondément ancrée dans l’artisanat d’Art, alliant tradition et innovation.

Ancrée dans l’excellence, la Maison cultive son savoir-faire : maîtrise des matières précieuses, exigence de qualité rare et subtilité du détail et connaissance exacte du corps féminin. Pour qu’une parure s’adapte à toutes les silhouettes, du bonnet A au bonnet H, il faut jusqu’à 18 mois de réflexion, de recherche et de test. Pour les essayages, réalisés avec des consommatrices et autres collaboratrices de la Maison, il faut compter jusqu’à 15 essais par taille. Un travail au millimètre près, garant de la perfection exigée par la marque. Dans l’atelier, les gestes sont précis. Des galons, des agrafes, des biais, visibles ou invisibles : 25 pièces sont nécessaires à la composition d’un soutien-gorge. Des premières esquisses aux finitions, chaque étape de la création est travaillée dans ses moindres détails pour qu’au final, la silhouette soit parfaitement mise en valeur par un travail d’exception.

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UN AMOUR DE SAVOIR-FAIRE

Rencontre avec

Corentin Potencier, Responsable de l’entreprise Potencier Broderies

Profondément liée à l’univers de la mode, la broderie fait partie du patrimoine français, malgré ses origines suisses. Porteuses d’un savoir-faire artisanal unique, les cinq générations de Potencier qui se sont succédées à la tête de l’entreprise ont de plus conquis le monde de la lingerie. Avez-vous constaté une évolution dans la demande sur les broderies ?

Le savoir-faire manuel reste t-il primordial ?

Corentin Potencier / C’est vrai qu’il y a une dizaine d’années, les broderies du marché de la lingerie étaient assez lourdes et riches, très visuelles et marquantes. Aujourd’hui on va plutôt partir sur des choses fines et très délicates. Comme dans la mode. Du coup, les dessins ont évolué dans cette direction et nos techniques aussi. Pour la lingerie, nous faisons beaucoup de motifs très différents de notre travail habituel avec cette grande nouveauté d’habiller le dos. Nous avions l’habitude de vendre une broderie destinée à venir se greffer sur les bonnets. Aujourd’hui, les maisons de lingerie ont décidé que le dos est tout aussi important et proposent des modèles très élaborés autour des bretelles. La tendance actuelle qui tend vers des modèles confortables et très épurés sollicite notre créativité pour apporter des motifs brodés d’une grande délicatesse et vecteurs d’un certain chic.

Et il s’agit surtout de montrer sa lingerie ? C.P. / Tout à fait ! Quand une femme porte un débardeur ou un dos nu, ce travail des bretelles prend du coup tout son sens. Le design penche plus vers le géométrique mais cela varie selon les marques. Le floral reste une option appréciée. De toute façon, nos collections s’articulent toujours autour de ces deux thèmes graphiques. Pour plus de sophistication, nous allons mélanger les deux, faire des choses un peu plus fusionnelles. Garder toujours un même savoir-faire pour une offre totalement différente. Considérant que la broderie est toujours un peu plus chère que la dentelle, il faut que nos créations représentent une réelle valeur ajoutée, comme peut l’être la guipure. Ce travail du fil pour des choses très fines, recousues ensuite sur du tulle, va apporter quelque chose de plus couture. Avec une lingerie fortement influencée par le prêt-à-porter, on se doit d’avoir une offre plus mode.

Quelle est l’expertise de la broderie française et plus particulièrement de votre Maison ? C.P. / Je pense que l’on fait notamment appel à nous pour l’étendue de nos archives qui remontent à notre création en 1883. Nous inventons en permanence autour de broderies vieilles de 100 ans mixées avec des choses plus contemporaines : il est essentiel d’être inspiré et réactif. La base de notre métier étant le travail du dessin, nous mettons énormément d’énergie dans le développement créatif. Nous essayons aussi de toujours innover en matière de technique, en transformant la mécanique de nos métiers, notre machine principale. C’est là que nous allons créer nos broderies après plusieurs étapes essentiellement manuelles. L’homme reprend ensuite la main une fois que la broderie est tombée de la machine, suit toute la partie sublimation. Il s’agit de laver puis teindre, chauffer… Autant d’étapes très importantes qui vont donner ce caractère d’exception à nos broderies.

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C.P. / Au delà de la technicité et du savoir-faire, il faut considérer la quinzaine de personnes qui aura travaillé sur une broderie. Sans cet élément, nous ne pourrions rien faire, chacun apportant sa pierre à l’édifice pour construire la broderie que nous souhaitons vraiment réaliser. Même si c’est mécanique, l’humain est très important dans les étapes de création. Comme dans le passé, la programmation est faite manuellement pour l’envoyer sur le métier à broder ; le technicien pique point par point le chemin de l’aiguille sur le support.

Êtes-vous sollicité autour des fibres naturelles ? C.P. / C’est vrai que dans le prêt-à-porter, nous commençons à utiliser des fils bio ou recyclés. Moins en lingerie mais nous y viendrons surement. Rien ne nous l’interdit, ce n’est qu’une question de coûts. Je pense qu’on y viendra quand l’offre sera plus accessible donc moins onéreuse. Même si l’incidence n’est pas fondamentale sur la broderie au-delà bien sûr de la démarche éco-responsable : ça n’apporte rien visuellement d’utiliser un fil bio ou un fil classique.

Pour vous la broderie est un secteur d’avenir ? C.P. / Je pense effectivement qu’on en aura toujours besoin. Je l’espère et j’y crois. On constate toujours chez nos clients cette envie de sublimer une matière et de lui apporter quelque chose de vraiment différent. Une création ornementale mais qui n’a rien de superflu. Nous sommes autant sollicités aujourd’hui par la couture que la lingerie. Toutes deux complémentaires, elles se nourrissent l’une et l’autre. ¢

C’est assez nouveau de voir la lingerie se nourrir du prêt-à-porter, pour proposer des choses très différentes et modernes. Et le prêt-à-porter lui s’inspire de la lingerie dans une certaine recherche de finesse.


Focus Broderie / Dentelle

Point de vue

Julien Bracq, Responsable de l’entreprise Jean Bracq

Les « Dentelles Jean Bracq » sont issues d’une longue tradition familiale et de la transmission d’un savoir-faire unique. L’entreprise, fondée en 1889 à Caudry, dans le nord de la France, créé et fabrique pour ses clients prestigieux des dentelles d’exception, reconnues internationalement et très appréciées des maisons de mode et des acteurs du prêt-à-porter de luxe. Rencontre avec Julien Bracq.

Avec la tendance d’une lingerie prêt-à-porter, avezvous noté une évolution des dentelles ? Julien Bracq /Il est indéniable que nous connaissons un certain remaniement de la silhouette avec des dessous qui ont pris le dessus. La lingerie ayant adopté les codes du prêt-à-porter, on constate une nette recrudescence de la dentelle rigide alors qu’elle avait toujours été élastique (élasthanne ou lycra). La rigidité apporte une tenue à des pièces qui deviennent ainsi des vêtements de dessous. Cette lingerie qui se montre, qui veut être plus visible et donc plus élaborée nous a donné d’autres perspectives. C’est frais et ça fait du bien, comme cette collaboration avec Livy, la marque du groupe Etam qui travaille de manière différente, avec par exemple des dentelles Leavers rebrodées. En tant que robistes historiques, nous avions rarement été lingers. C’est nouveau que l’on vienne chercher nos bornes prêt-à-porter ou nos chantilles de robes de mariées pour les transformer et faire de la lingerie. Innover est une partie essentielle de notre métier, c’est ce qui nous maintient en mouvement. Parce que les dentelliers sont avant tout des créateurs et doivent être forces de proposition pour de nouveaux modèles, de nouveaux dessins, de nouvelles compositions. C’est une belle gageure pour nos ateliers.

Qu’entendez-vous par dentelles rigides ? J.B. / Ce sont des dentelles à majorité de coton, de polyamide coton, polyamide viscose, avec un goût marqué pour les matières naturelles. Nous avons la capacité de proposer 90% coton avec une petite base de polyamide nylon. Des fibres avec une élasticité naturelle certes mais largement plus limitées que les synthétiques auxquels on ne peut pas totalement renoncer Nous n’avons pas encore trouvé quelque chose de satisfaisant pour les remplacer.

un toucher plus souple. Pour éviter les problèmes de confection liés à cette nouvelle souplesse de plus en plus demandée, nous avons travaillé des assouplissants spécifiques. Avec la tendance de cette lingerie émancipée des codes, on se rapproche quand même du cahier des charges de nos clients prêt-à-porter : certaines collections de lingerie sont vraiment conçues et pensées dans des tendances mode, que ce soit par les couleurs, les matières, jusqu’au toucher.

A quel niveau intervient votre expertise ? J.B. / Beaucoup de moment. On doit se réinventer face à l’extrême concurrence de nos amis asiatiques qui avancent et proposent des choses de plus en plus intéressantes et qualitatives. Ça nous oblige, nous dentelliers historiques français, à encore élever notre niveau de créativité et avoir toujours un coup d’avance. C’est pourquoi nous sommes assistés par des bureaux de style et de tendances. Nous sommes d’une certaine façon des combattants pour maintenir cette dentelle française, considérée partout dans le monde, comme étant la plus créative, la plus belle, la plus solide et la plus innovante. Pour bien expliquer les choses : avec notre dentelle Leavers, on est sur un tissage chaîne et trame fait sur des métiers traditionnels et qui présente cet avantage d’éviter le démaillage avec un important degré de finesse. Si vous mettez un petit coup de ciseaux dans une dentelle Leavers, vous pourrez tirer dessus sans la défaire. Contrairement à la dentelle tricotée qui essaie de reproduire la notre d’une manière un peu moins noble puisqu’elle va présenter des nœuds. La différence fondamentale restera quand même le procédé de fabrication qui n’est pas le même et qui ne donne pas les mêmes caractéristiques au produit : pour monter toujours plus en gamme, les dentelles de Calais se renouvèlent sans cesse pour faire la différence avec ces dentelles tricotées.

Le design est-il un bon moyen de vous renouveler ?

Utilisez-vous de plus en plus de matières naturelles ? J.B. / Nous avons beaucoup de demandes sur les matières bio et les matières recyclées : nous commençons à proposer des produits qui contiennent ces fibres-là mais sans avoir la capacité de proposer un produit 100% bio ou entièrement recyclé. Ces fibres spécialement étudiées ne sont pas fabriquées en grande série ce qui complique notre approvisionnement en ce sens. Nous pouvons fournir certains titrages mais avec le phénomène qui s’installe autour de cette demande peut-être pourrons-nous étendre l’offre avec un plus grand volume. Il faut que l’industrie investisse en ce sens pour encourager le mouvement.

Avez-vous des demandes particulières autour du toucher des matières pour plus de confort ?

J.B. / Pour la troisième saison consécutive, nous avons des demandes très précises hors motifs floraux, avec des formes géométriques ou abstraites. On nous demande des choses qui sortent complétement de l’idée première qu’on pourrait avoir d’une dentelle de Calais-Caudry. Pour une maison comme la nôtre, c’est un vrai défi après 130 ans de dessins fleuris et des dentelles Chantilly. Nous réinvitons complètement les motifs, les formes et par conséquent les façons de travailler. Ce renouveau dans le design des dentelles nous ouvre à de nouveaux marchés et des clients hors du circuit classique. Nous pouvons tout à fait imaginer demain ouvrir le spectre et intégrer des collections hommes par exemple, avec du géométrique, de l’abstrait. La dentelle est ce petit supplément d’âme qui va habiller l’habit, habiller la lingerie. ¢

J.B. / On nous demande effectivement des mains souples. Nous avons historiquement l’habitude de mettre un apprêt qui vient rigidifier les fibres pour avoir une dentelle qui se tient. Pour avoir « une main » facilitant la confection. Le client a toutefois le choix de réduire cette touche amidonnée (il s’agit purement de fécule de pomme de terre) pour avoir

JANVIER 2019 Interfilière Paris

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Une lingerie

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MILAKRASNA

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie

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Le design

STRUCTURÉ

Si la bralette s’est émancipée de la modélisation pour lancer un courant innovant, elle ne peut satisfaire toutes les poitrines dans leur envie de modernité. Pour ces femmes tributaires du maintien, il est nécessaire de revenir à la structure mais avec plus de créativité dans la coupe. L’industrie de la lingerie a besoin d’aller sur ce terrain de la créativité pour satisfaire toutes les femmes et le design est forcément le fil rouge de cette exigence pour apporter de nouvelles proportions avec de nouveaux coloris. Les modélistes construisent toujours leurs modèles autour de formes bien définies : il s’agit aujourd’hui pour elles de les explorer en mélangeant les matières, les aspects, les structures, les effets voire les enductions. Pour souligner la forme du sein mais en apportant une souplesse inédite, un confort original.

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E.L.F ZHOU

UNE LINGERIE DESIGN & COLORÉE


C’est pourquoi le design est devenu la réflexion centrale des collections. La marque Silent Arrow ose ainsi un soutien-gorge maternité très designé, sans besoin de se cacher, car l’engagement et la séduction font partie de cette nouvelle féminité plébiscitée par la marque. Maternité peut ici rimer avec générosité et beauté grâce au design des produits.

Bien entendu les marques ont également compris que leur communication passait essentiellement par les réseaux sociaux et donc par un besoin d’une identité visuelle forte. Elissa Poppy sculpte les silhouettes, usant du design pour révolutionner la forme et les motifs comme on travaille les matières nobles. Ses collections sont enduites, les corbeilles sont déstructurées pour s’incarner sur des effets marbres. Rythmer la coupe, marquer les formes sont autant d’éléments indispensables à une communication visuelle et efficace.

GOD SAVE QUEENS

Les femmes sont de plus en plus avisées et se font plus stylistes que consommatrices. Elles sont habituées à personnaliser leur achats avec le sur-mesure de plus accessible (My Tailors & Co, Germain sur mesure, 1083…) et à designer leurs propres vêtements et baskets via la modélisation 3D proposée par des marques comme La Redoute, Habitat, made.com ou Nike. Cette offre de customisation aiguise l‘œil des consommatrices pour des choix de plus en plus pointus. ¢

UNDRESS CODE

ROSSET

BORDELLE

La lingerie innove. Secteur dynamique et vaste, il est aussi le vivier d’un terrain propice à mixer les matières, modélisant avec créativité, autorisant le superflu. Comme le domaine des accessoires, la lingerie peut designer l’usage, les fermetures, le positionnement des bretelles comme la marque Bordelle. Leur collection oscille entre lingerie, accessoires de sport, via une esthétique tout à fait

nouvelle. Le travail du design est ici le fil rouge de cette collection clairement architecturée et sculptée pour des corps à sublimer.

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie

E.L.F ZHOU

O

n assiste à un réel mouvement important autour de la coupe parce que le savoir-faire de la lingerie doit se révolutionner en utilisant le travail du modélisme inhérent à son expertise pour proposer de nouvelles formes. Pour proposer de nouvelles combinaisons, un nouveau travail des proportions et ceci dans l’idée d’apporter de plus en plus de modernité (E.L.F ZHOU, Paloma Casile, Maison Close, BB Lingerie, Lonely, Mapale Wear…). La lingerie se doit de dépasser le fonctionnel pour plus de créativité.

ELISSA POPPY

MAPALE WEAR

SILENT ARROW

OPAAK

BONBON LINGERIE

Design structuré

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UNE LINGERIE DESIGN & COLORÉE

Point de vue

Paloma Casile, Designer

Quelle est pour vous l’essence d’une lingerie design ? Paloma Casile / Je dirais qu’il s’agit de jouer avec les contraintes pour créer des lignes sur des produits en laissant des coutures très apparentes : cette coquetterie n’a rien d’accessoire car les coutures sont indispensables à la construction du modèle. C’est aussi utiliser les éléments obligatoires de la corseterie, tels le placement de la dentelle, le jeu et le positionnement des élasticités ou encore la visibilité des coutures, pour proposer un design très graphique. La transparence sur le passage des bretelles dans le dos des soutien-gorge apporte une touche très architecturale là où avant, on aurait opacifié ces attaches fonctionnelles. C’est ce jeu avec les contraintes qui participe selon moi à moderniser la lingerie : il n’est pas toujours nécessaire d’abandonner des choses, il suffit au contraire ici de les montrer. Est-ce pour vous une tendance qui tend à se pérenniser ? P.C. / Nous sommes passés d’une lingerie qu’on voulait invisible à une lingerie qu’on veut montrer ; la meilleure façon de le faire étant de travailler sur le décolleté. Soit on le fait beaucoup avec des modèles aux lanières très visibles, soit on ne le fait pas du tout. Il est important d’avoir plusieurs propositions dans les collections. Nous avons justement choisi de développer ces deux solutions pour des choses plus confortables : c’est aussi ce qu’on attend aujourd’hui d’une marque de corseterie. Du style bien évidemment mais aussi du confort. Ce qui ne veut pas dire que les straps interdisent le confort mais il sous-entend une certaine séduction : les femmes attendent aussi des choses plus « simples », plus épurées.

PALOMA CASILE

Inscrivez-vous toujours vos collections dans une tendance « strapping » ? P.C. / Ce qui nous différencie des autres marques à l’inspiration purement bondage, c’est une version adoucie de ces codes dans une démarche plus design, plus bijou. Si les anglo-saxons assument très bien le strapping, nous les Français assumons moins la connotation érotique du bondage. Nous n’avons pas la même façon de voir la féminité et l’important est pour nous de proposer quelque chose de différent sur une même idée. C’est aussi notre image de marque la présence de ces straps très élégants, avec un placement juste, travaillé avec des élastiques en mousseline transparente, des fermoirs rectangulaires très simples bien que brillants. Notre bouclerie simplifiée au maximum va apporter un côté « bijou » : du coup, ce sera plus identifié à un collier sous un tee-shirt. Quelles sont les matières et couleurs privilégiées cette année ? P.C. / Je n’ai fait que du noir pendant trois ans et cette saison, c’est un peu le festival des couleurs chez nous. On a successivement introduit l’ivoire, le bordeaux, le bleu marine l’été dernier et on va ajouter le nude et un vert kaki très léger. Je me suis ouverte à la couleur pour répondre à une demande. Même si la couleur est séduisante au premier abord, les clientes repartent de notre boutique avec un ensemble noir dans 90% des cas. J’ai essayé plein de choses depuis que j’ai lancé ma marque et au bout du compte, on ne vend bien que la dentelle. Je travaille donc avec des denteliers d’exception en Italie ou à Calais : les Italiens n’ont pas peur d’oser des mélanges incroyables avec des dentelles électroniques. À Calais, on sera plutôt sur du très beau motif, bien dessiné. Avec Jean-Bracq, on ne travaille qu’avec des dentelles en coton/ nylon (sinon ça ne peut pas tenir). Les femmes n’ont plus envie de choses floues, et demandent des choses très tranchées, très marquées et très « instagrammables ». Ça m’a toujours séduite cet impact visuel très important en photo. J’utilise aussi du crêpe de jersey, une technique de tissage qui donne un aspect extrêmement mat au tissu. Et c’est très confortable. Il y a tellement de matières satinées sur le marché que j’ai préféré utiliser du crêpe, du tulle. Dans la nouvelle collection, nous avons des mailles très épaisses, très mates, très noires ou alors des tulles assez fin nudes entre le taupe et le capuccino. Soit pour apporter un côté très opaque, très tranché face à une dentelle très transparente ou à l’inverse, pour affiner le style du modèle. ¢

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FOCUS

Design graphique

‘Jane’

notre modèle permanent est notre plus grand succès, raison pour laquelle nous l’avons développé en rouge. Moi j’aime particulièrement l’univers du tatouage alors mes fleurs s’y apparentent beaucoup, notamment pour le modèle Auguste sorti en bleu l’été dernier. Des fleurs avec des lianes grimpantes, motif très organique mais avec suffisamment de vide pour laisser place à l’imagination : broderie ou tatouage ?

Le saviez-vous ? MODÉLISTE UN MÉTIER PRÉCIEUX

PALOMA CASILE

Maître d’œuvre de la réalisation d’un vêtement, le modéliste matérialise les idées du styliste en preuve de goût et d’un œil aiguisé pour respecter l’univers d’une marque et veiller à ce que le modèle soit techniquement réalisable. C’est à lui que revient la tâche de créer de nouvelles formes de produits (procédés, systèmes, formes, impressions), de travailler les matières, réaliser des patrons, ajuster et faire évoluer les prototypes grâce à son sens des mesures et des proportions. Après quelques années d’expérience, un modéliste de talent peut rapidement passer premier d’atelier, devenir styliste, technicien produit, voire chef de production s’il fait preuve d’un sens artistique et d’une grande créativité. De nombreuses formations publiques et privées sont ouvertes aux modélistes en herbe : niveau bac (bac pro métiers de la mode-vêtements), niveau bac +2 (BTS design de mode, BTS métiers de la mode, BTS innovation textile, BTS métier du cuir), niveau bac +3 (DN Made, mention mode, licences pro métiers de la mode, certificat de spécialisation en mode stylisme-modélisme), bac+4 (DSAA mode et environnement) et bac+5 (diplôme de l’ENSAD option design et matière). Les écoles privées délivrent aussi leur propre diplôme dans les domaines du stylisme, du modélisme ou du design textile. Elles recrutent sur dossier, souvent au niveau bac pour des parcours sur deux ou trois ans. Plus d’informations sur : https://www.ifmparis.fr/fr/ JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie

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UNE LINGERIE DESIGN & COLORÉE

La modernité par

LA COULEUR

Cette saison est très marquée par l’affluence des nudes, pour des collections naturelles que l’on retrouve chez karlett Blue, Lejaby, Just a corpse, Nubian Skin, About, Le journal intime entre autres.

L

e marine comme le burgundy signent les coloris clés de l’hiver pour se marier facilement à toutes les carnations de peaux, Hanro dédicace avec chaleur et élégance des coloris chauds. La couleur gagne peu à peu du terrain. Dora Larsen illustre ce phénomène par son travail de modélisme et ses dentelles colorées. Les acteurs du secteur de la Lingerie communiquent de plus en plus sur les réseaux sociaux, affirmant toute une esthétique identitaire de la marque et proposant une féminité plus inventive et créative. Bien entendu, l’aspect visuel est désormais un facteur prépondérant dans la communication, c’est pourquoi la couleur est devenue un outil de communication fort.

MYLA

La Lingerie s’incarne en couleurs !

70% des collections sont constituées de basiques, les 30% restants proposent des produits tendance, influencés par les envies du moment : imprimés, couleurs qui offrent un nouveau visage à la marque. Ces 30% sont la porte de découverte de nombreuses consommatrices pour dénicher de nouvelles marques sur le marché. La couleur séduit donc, mais modernise surtout ! Amène de la nouveauté et créativité au sein de collections neutres, Lonely, Silent Arrow, Myla, Black Limba renouvèlent le tulle et la dentelle à travers une palette de teintes fraîches, presque acidulées, contrastant avec les peaux pour valoriser les produits. Chantal Thomass a bien senti l’enthousiasme des clientes pour la couleur et rompt avec brio et force son rose et son noir, pour un parti pris punk ! La couleur y illustre l’énergie, l’engagement et signe une identité forte pour une féminité de son temps. Remémorons-nous que la couleur a d’abord fait sa révolution au sein du maquillage, créant des palettes improbables de coloris bleu, verts, métallisés pour une beauté construite. L’influence que nous pouvons observer chez Voiment, Milakrasna, est ici à quelques subtilités près, la même !

La couleur souligne, proportionne les formes, délimite les coupes, illumine les imprimés pour révéler les lignes du corps. Au-delà de son caractère esthétisant, la couleur est symbole d’un univers, d’un message féminin. Löv offre des collections de bodywear tout en couleur, où les tons chauds s’épousent pour couvrir les corps et donner relief aux matières douces et confortables. Comme le bain révélateur en photographie, la couleur révèle les matières tout autant que la forme.

La lingerie tisse un lien fort avec la beauté et cette envie de construire par la couleur, l’architecture du corps comme le maquillage peut révéler la beauté des visages. ¢

N’oublions pas que la mode est championne en achat en ligne ! Nous pouvons donc prendre la mesure de tous les outils utiles à la segmentation des produits pour guider l’achat et l’œil au milieu de cette avalanche d’offres !

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01/ SIMONE PERELE 02/ YSABEL MORA 03/ SKARLETT BLUE 04/ MAISON LEJABY 05/ JUST A CORPSE 06/ MIRABILIA 07/ ROSSELL 08/ ENVIE DE LINGERIE 09/ LASCANA 10/ PALOMA CASILE 11/ UNDERSTATMENT UNDERWEAR 12/ MEY 13/ FELINA JOY 14/ ELOMI SACHI INK 15/ AUBADE 16/ LE JOURNAL INTIME 17/ VALÈGE 18/ LÖV 19/ HANKY PANKY 20/ MAISON CLOSE


NUDE

Couleurs & Tendance

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ROUGE

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BURGUNDY

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UNE LINGERIE DESIGN & COLORÉE

La lingerie

PHOTOGÉNIQUE

Telle une vitrine, Instagram est devenu une réelle source d’inspiration pour les marques. Enthousiasmées par cette affirmation de soi fièrement affichée, elles imaginent des campagnes digitales où la femme se met en scène dans un univers bienveillant et rassurant. De nouvelles mises en scènes, postures ou émotions… Un mouvement de liberté se dessine pour écrire d’autres chapitres sur la féminité et la séduction.*

L

Ambassadrices de charme, les influen-ceuses sont au cœur de l’inspiration pour devenir les complices des marques et scénariser la lingerie. Fortes de leur identité, toutes s’amusent à révéler des pièces dans des silhouettes qu’elles veulent prêt-à-porter. Les dessous se dévoilent avec subtilité, se revendiquent avec audace, se déclinent à volonté. Devenue une véritable alliée pour un look intemporel et partout dans l’air du temps, la lingerie inspire l’instant.

MISS CROFTON

a lingerie Instagramable est design, colorée, graphique, une lingerie photo-génique qui se partage volontiers. Les dentelles arborent des motifs floraux très marqués pour s’assurer d’une visibilité probante. Le motif n’est pas un détail, il est source d’essentiel.

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* Rendez-vous le samedi 19 janvier à la conférence « Rencontres exclusives x Leherpeur Paris : Body talks, où comment Instagram renouvelle le discours de l’intime »


Lingerie Photogénique

LE POINT DE VUE DES INFLUENCEUSES LINA x MUSE 105k abonnés /

LINA X MUSE

A

vant il fallait cacher sa lingerie. Aujourd’hui, je peux facilement laisser apparaitre la dentelle d’un soutien-gorge noir avec un chemisier blanc. Je trouve ça joli, même avec les bodys que j’utilise comme des tops, avec une petite jupe en cuir par exemple ou avec un costume tailleur pour sortir le soir. C’est très élégant. Je mets aussi souvent des nuisettes en soie avec des baskets ou même un tee-shirt, cela fait underwear comme outwear. Sans jamais être vulgaire, je m’amuse de toutes les tendances, surtout pendant la Fashion Week où je me permets toutes les fantaisies. Cette tendance n’est pas très nouvelle dans le fond : on a souvent vu Madonna dans les années 80 montrer ses soutiens-gorge, mais c’était plutôt tabou. Et c’était Madonna. Désormais, tout le monde peut se le permettre, les tendances actuelles l’autorisent. Peut-être parce qu’on a vu tellement d’influenceuses afficher leur lingerie. Les marques aussi ont pris le relai dans leurs look-books avec des mises en scène du quotidien. Ça s’est démocratisé. Je n’ai pas peur de mixer les couleurs, en essayant toujours de garder une cohérence. J’adore mélanger différentes matières et différents styles. Tous les jours, je m’habille très différemment, sans avoir de style défini, cela dépend d’où je suis, où je vais. Je trouve amusant de partager mes différentes inspirations pour toujours surprendre mes abonnés qui ne savent jamais avec moi à quoi s’attendre. Ils ne peuvent pas tout aimer, ni tout porter, mais ils apprécient que j’ose montrer différentes choses et notamment ma lingerie.

MADE BY F. 114k abonnés /

MADE BY F.

A

mbassadrice pour la marque Intimissimi, je partage régulièrement des photos de ma lingerie. Il arrive qu’on me demande spécifiquement de la dévoiler sous mes vêtements avec subtilité parce que c’est une manière aussi de l’affirmer. Il ne s’agit pas seulement de montrer ses dessous, mais de les intégrer une tenue prêt-à-porter. Même si l’on critique parfois le fait de révéler sa lingerie, c’est pour moi une façon de libérer la femme. On nous impose beaucoup de limites sur ce que l’on peut montrer ou non. Je trouve utile et important de prendre des libertés. Effectivement avec subtilité, sinon on tombe vite dans le vulgaire. C’est une approche intéressante que je m’autorise, toujours très bien vue par mes abonnés. Avant d’être ambassadrice lingerie, je montrai déjà mes dessous. Par exemple, lorsque je porte un haut blanc, je n’ai pas de soucis à mettre un soutien-gorge noir du moment qu’il répond à des codes esthétiques, comme une belle brassière en dentelle. J’aime que cela puisse se voir : c’est dommage d’avoir des jolies pièces et de ne pas pouvoir les montrer. C’est très frustrant. Je pense qu’avant tout une femme achète sa lingerie pour elle et pas forcément pour son conjoint. Avec une nouvelle esthétique très mode, la lingerie ne se cache plus : on cherche à la montrer de manière élégante et subtile, comme le faisait déjà Carrie Bradshaw dans Sex and the City. Un classique !

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c

Le

ahier des tendances

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OPAAK

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LE CAHIER DES TENDANCES

DÉCOLLETÉ MAÎTRISÉ

S

i les décolletés ultra-plongeants sont à la mode depuis maintenant plusieurs saisons, la tendance se confirme avec une lingerie plus design dans ses modèles, telle une accessoirisation d’une silhouette prêt-à-porter. Ainsi on affiche dentelles et autres bretelles aux nouvelles finitions délicatement travaillées, pour conférer un look habillé à un décolleté maîtrisé.

HANRO

1

La tendance

On doit d’abord cela à un phénomène social avec l’anniversaire des 50 ans de mai 68. Beaucoup de choses se sont greffées à cet anniversaire comme le récent mouvement #metoo qui a libéré une prise parole. Les femmes sont en train d’inventer une nouvelle féminité, qui se veut plus engagée, qui n’a pas peur de séduire, de sublimer son corps pour se faire plaisir avant de séduire le regard d’autrui. Aujourd’hui, elle est devenue un accessoire voire une vraie pièce de mode (Opaak). Et dans cette idée, on se rend compte que la lingerie se donne à voir et entrevoir (Aubade, Lingadore, Maison Close). On ne la cache plus (Soft Strech, Passionata). On remarque toujours plus un vrai travail autour du décolleté : le jeu sur les bretelles n’a pas d’autre finalité que de valoriser la poitrine, quelle que soit l’encolure qui la révèle (Hanro, Piège, Chantelle). C’est pour ça que ces bretelles, parfois totalement exemptes d’élastique, deviennent de plus en plus larges et de ce fait, de plus en plus présentes. Avec les dentelles, il y a une volonté de sublimer les décolletés avec des soutiens-gorge qui autorisent une certaine audace (Black Limba, Chantal Thomass, Maison Lejaby). Pas forcément pour une séduction outrancière mais plutôt avec une volonté d’inventer cette nouvelle féminité revendiquée et maîtrisée. En 1987, dans la chanson de Caroline Loeb, une femme était « passive et pensive en négligé de soie », elle se montre aujourd’hui nettement plus active et actrice dans une lingerie de tous les conforts, même stylistique. ¢

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CHANTAL THOMASS

BLACK LIMBA

MAISON LEJABY

MAISON CLOSE

AUBADE

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie OPAAK

CHANTELLE

PIEGE

LINGADORE

Tendance 1 - Le Décolleté Maîtrisé

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LE CAHIER DES TENDANCES

STRAPPING

D

epuis quelques saisons, cette tendance a révéler les rondeurs d’un corps dans un acte clairement inspiré du bondage SM.

OW INTIMATES

2

La tendance

Les modèles soulignaient une silhouette avec détermination pour mettre en valeur des formes, avec une forte connotation érotique, comme on peut encore le voir chez les anglo-saxons Elissa Poppy, Bluebella. Aujourd’hui, même si c’est encore lié à un certain maintien, la tendance est plus orientée vers le confort et un enveloppement du corps plus casual. Les créations ont une orientation plus sport avec des bretelles et lanières plus larges (Silent Arrow, MilaKrasna), des élastiques plus plats qui vont être accessoirisés par une boucle dorée, dans un esprit un peu plus « bijou » (Bordelle, E.L.F Zhou, Gonzales) à vocation décorative. Avec OW Intimates, cette lingerie coquine qu’on cachait a évolué vers quelque chose de plus élégant qu’on peut porter sans dimension érotique. Chez DSTM, le strapping se décline dans une offre multiple où le design a été poussé jusqu’à l’extrême. Les lanières habillent des bodys et corsets nude (God Save Queens) pour un look très prêt-à-porter. Dans une utilisation purement ornementale, elles habillent le corps de manière graphique (Aubade, Bonbon Lingerie, Maison Close, Impudique, Mapale Wear) avec même pour Me Seduce une offre d’accessoires pour les hommes. ¢

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BORDELLE

ELISSA POPPY

DSTM

GONZALES

ELF ZHOU

BLUEBELLA

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie

SILENT ARROW

GOD SAVE QUEENS

Tendance 2 - Le Strapping

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LE CAHIER DES TENDANCES

LAYERING

D

’origine japonaise, le layering beauté consiste à accumuler les couches de crèmes et soins du visage, dans un ordre défini pour éviter tous problèmes de peau. La tendance nippone a rapidement inspiré la mode qui s’est alors ingéniée à réinventer de nouveaux looks par le biais de cette habile superposition.

MAISON LEJABY

3

La tendance

Cependant, il ne s’agit pas seulement d’amonceler sur soi plusieurs couches de vêtements mais de les rendre visibles de manière très hiérarchisée pour créer des contrastes de matières, volumes et couleurs. Tout un art dont la lingerie a su se faire le chantre, notamment encouragée par le loungewear facilement détourné de son usage initial. Les nuisettes et autres robes de nuit s’invitent aisément sur des pulls col roulé (Hanro). On joue le ton sur ton pour révéler une culotte ou un soutien-gorge à peine voilés par un maillot de corps moucheté ou brodé (Anita, Aubade by Viktor&Rolf), un body tulle (Maison Close) ou une jupe façon tutu (Understatement). Le layering se positionne tel un savant mélange de styles qui permet également de jouer sur la morphologie pour rééquilibrer une silhouette (Just A Corpse) ou de jouer encore plutôt sur la séduction avec d’élégantes transparences (Souhela Ferrah, Le Petit Trou). On peut opter pour un modèle deux-en-un proposant déjà une audacieuse combinaison de matières (Kana Matsunami). Sweat, chemises, pantalons, vestes et tee-shirts s’ajustent suivant les variations du temps et les envies, tout comme les matières et matériaux : maille, coton, bijoux, bretelles, sangles…(Bijoux Indiscrets, Aubade, Domestique). Ainsi on est libre de porter ses pièces préférées toute l’année au gré de ses envies, libre de s’affranchir des codes et des usages pour un look unique et affirmé. ¢

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JUST A CORPSE

KANA MATSUNAMI

HANRO

ELISSA POPPY

DOMESTIQUE

AUBADE

ANITA

BIJOUX INDISCRETS

VOIMENT

Tendance 3 - Le Layering

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LE CAHIER DES TENDANCES

INSPIRATION DANSE

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n note cette saison une tendance forte autour de la danse classique, tant dans les modèles des collections que dans l’expression artistique des visuels de leurs look-books où les tutus sont légion (Aubade, Maison Lejaby, Chantelle, Skiny, Move by Conturelle, Kana Matsunami, Gonzales)...

BORDELLE

4

La tendance

Bodys et brassières jouent la carte visuelle du cœur-croisé (About, Else) qui dans l’inconscient collectif incarne aussi le confort absolu des premiers soutiens-gorge. C’est une pièce qui assure avec certitude le confort et la féminité. Les prouesses exécutées par les mannequins devenues ballerines sousentendent des tenues souples pour une libération du mouvement (Bordelle, Skiny, Soft Stretch de Chantelle, MilaKrasna). Le justaucorps incarne parfaitement ce confort de mouvement propre à la discipline de la danse : c’est la promesse d’une lingerie facile à porter au quotidien, en embrassant le corps de façon harmonieuse avec les matières comme les couleurs (Undress Code, Just a corpse, Le journal intime). Dans les best seller de la lingerie, il y a toujours eu le blanc, le noir et le chair. On note un mix blanc/chair pour aboutir au coloris « nude » qui, au-delà de pouvoir se marier avec toutes les tenues, apporte un confort stylistique. Cette couleur se pose comme une invitation à la naturalité en étant au plus près de la carnation de peau, en épousant le corps visuellement. Une façon de rester soi-même. C’est aussi ce que veulent les femmes : une offre facile-à-porter qui respecte leur identité. Faire des collections qui se rapprochent au plus près de la peau, c’est une promesse de se rapprocher d’une identité propre. Les modèles d’inspiration danse offre une lingerie qui se marie avec la silhouette dans une chorégraphie de matières et de couleurs, pour être une alliée toute la journée dans un quotidien très actif. ¢

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MILAKRASNA

FOCUS

MOVE BY CONTURELLE

ABOUT

UNDRESS CODE

Tendance 4 - La Danse

est une marque de bodywear et loungewear de luxe qui puise son inspiration dans les univers de la danse et de la mode, deux arts qui partagent un seul point de départ : le corps. Son identité unique est un mélange sans faute de deux personnages caractérisés par leurs individualité et leur vitalité. La marque a été fondée par top modèle Valerija Kelava et par Uroš Belantič, créateur de mode basé à Paris, expérimenté dans le secteur, et qui a une histoire de créer des costumes pour des troupes de ballet. Avec la danse comme source d’inspiration partagée, ils embarquent sur un projet indépendant et éthique, au coeur duquel ils rencontrent, à Ljubljana, leur ville natale, une entreprise familiale qui a plus de 30 ans d’expérience dans la fabrication de vêtements d’une qualité impeccable pour des athlètes de haut niveau. Leurs pièces sont façonnées avec la précision technique du sportswear contemporain et sont marquées d’une attitude parisienne des plus sophistiquées, ce qui leur donne un toucher et un esprit unique. Cela leur apporte un style distinctif, qui convient à de nombreuses activités de sport et de loisir, ou tout simplement pour se sentir bien et sexy dans son corps.

SKINY

KANA MATSUNAMI LE JOURNAL INTIME

Just A Corpse

JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie

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LE CAHIER DES TENDANCES

NATURALITÉ

L

e besoin de naturel s’exprime aussi par un retour aux petits motifs floraux et la présence assez novatrice du vert, une couleur jusqu’à maintenant difficile d’accès en lingerie, pas forcément adaptée au teint et donc peu privilégiée par les créateurs pour la niche qu’elle incarnait.

HANKY PANKY

5

La tendance

Et pourtant l’offre est très multiple, déclinée dans plusieurs teintes qui vont du vert pomme très acidulé (Silent Arrow, Hanky Panky), au vert émeraude (Voiment, Bonbon Lingerie, Envie de lingerie), vert bouteille (Vova) en passant par des kakis (Mojito, Mey, Morgan), anis (Anita, Rosset), bronze (Hanro), printanier (Black Limba), et même des bleus canard (Lingadore, Simone Pérèle). Et avec ce vert incarnant le retour à la nature, on note donc toute une combinaison de petits motifs floraux dans des tonalités très bucoliques et raffinées (Selmark, Maison Lejaby, Yzabel Mora, Myla, Conturelle). Loin d’un look girly, cette tendance pastorale présente une vraie légèreté dans le dessin avec un espacement des motifs (Lonely, Aubade), des graphismes vaporeux, voire flous (Kana Matsunami). Totalement jardin (Baiser volé, BB Lingerie, Hanky Panky) ! Ce besoin est lié à un grand mouvement de fond lié aux cosmétiques autour de la naturalité (Amalthea), avec notamment les huiles essentielles qui ont pris beaucoup de places. Se rapprocher de la nature et choisir des produits eco-friendly, c’est aussi être plus respectueux de son corps. Il s’agit d’une réelle tendance sociétale pour manger bio, utiliser des produits durables. Et la lingerie va de pair avec cette mouvance green porteuse de bien-être. ¢

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BAISER VOLE

ENVIE DE LINGERIE

HANRO

MORGAN

CONTURELLE DIAMONDS

BB LINGERIE

SELMARK

LINGADORE

YSABEL MORA

KANA MATSUNAMI

Tendance 5 - La Naturalité

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N

LE CAHIER DES TENDANCES

Salon International de la Lingerie AUBADE X VIKTOR&ROLF

The Bow Collection, c’est l’histoire d’une rencontre entre deux marques qui désirent sublimer le corps féminin. Le duo de stylistes néerlandais de la marque Viktor & Rolf, figure de la Haute Couture internationale depuis 25 ans, collabore avec Aubade. Autour de leur emblématique nœud, une collection ultra graphique et moderne a été conçue. Deux coloris sont à l’honneur : Soir et Bonbon. Une broderie unique et très visuelle, mettant en valeur des motifs découpés au laser, se mélange avec élégance à un tulle transparent et une maille clean cut. La touche finale est apportée par un joli nœud satiné plat, qui signe l’ensemble de la ligne. Pour les hommes, la collaboration Aubade x Viktor & Rolf propose trois boxers. Le graphisme est le même, les codes sont identiques pour des lignes femme et homme complémentaires.

BAISER VOLÉ

PMC Lingerie met tout son savoir-faire et son expertise en proposant une nouvelle marque pour les femmes contemporaines aux formes généreuses, qui sont à l’aise dans leur corps ! Baiser Volé prône une lingerie décomplexée, totalement en harmonie avec les tendances de mode, offrant un confort et un maintien parfaits, à des prix accessibles.

CHANGEMENT DE DIRECTION ANITA

ANITA

BIJOUX INDISCRETS

Fondée en 1886 par Ernst Max Helbig, Anita est aujourd’hui connue pour ses modèles de corseterie et de maillots de bain, favorisant le confort pour tous les types de femme. L’enseigne se démarque grâce à ses 5 lignes, créées spécialement pour les femmes actives, pour la maternité, ou pour un confort ultime : Rosa Faia, Anita Comfort, Anita Maternity, Anita Care et Anita Active. Sabine Pasquier a pris la direction de la filiale française au 1er novembre 2018.

Un coffret cadeaux pour les amoureux contenant les produits les plus emblématiques, et qui célèbre la séduction, l’émancipation, le plaisir et la beauté, pour profiter de la magie de la Saint-Valentin 12 jours d’affilée. Exaltante et ludique, cette boîte sera le cadeau ultime pour tous les amateurs et amatrices de lingerie et d’aventures passionnées. Mais 12 Sexy Days est bien plus qu’un simple coffret cadeau, c’est un défi ! Ouvrez une fenêtre par jour pour découvrir quel produit choisi Bijoux Indiscrets vous attend. Le jeu est simple, mais amusant. La boîte compte 12 portes : commencez par ouvrir la numéro 1. Derrière chacune des portes, vous trouvez un accessoire secret, plus un guide produit. Celui ou celle qui ouvre la porte décide comment l’utiliser : habillée, en lingerie ou sur la peau nue. Le jeu n’a qu’une règle simple : attendre un jour avant d’ouvrir la porte suivante ! 62

DANS MA CULOTTE

Créée en 2014, Dans Ma Culotte conçoit, fabrique et commercialise des produits d’hygiène intime, comme les serviettes hygiéniques lavables et autres coupes menstruelles. La marque française propose une gamme complète de protections chics, saines et respectueuses de la planète. Depuis septembre 2018, pour entretenir le lien avec sa communauté (40k sur instagram), Dans Ma Culotte lance chaque mois une collection capsule en édition limitée pour répondre à la demande de ses clientes (plus foncées, univers du fruit...), mais également en fonction de la saisonnalité.

NOUVEAUTÉS

WHAT’S EW

EDITH ET MARCEL

Le choix de la souplesse de l’agneau et d’une semelle bleu Roi en chèvre velours fait des souliers d’intérieur Edith et Marcel une définition de l’élégance à la française. Forte d’un savoir-faire historique 100% made in France, la marque promet un confort luxueux et désormais individualisé. En effet, les visiteurs pourront découvrir sur le Salon la gamme à personnaliser, l’offre de broderie sur cuir et de nouveaux coloris pour une offre encore plus « Pétillante ».

IMPUDIQUE

Après une première collection entièrement noire en 2017 et l’ajout du nude l’année suivante, la jeune marque innove en 2019 avec l’introduction du bleu dans sa collection REBELLE aux lignes tendances et épurées. Alors qu’elle ne vendait qu’à des boutiques, Impudique est présente en ligne depuis le 1er décembre 2018 sur le site e-commerce maisoncatanzaro.com.

MAGIC BODY FASHION

Cette année, la marque présente une nouvelle collection en fibres de bambou, une matière durable, naturelle et fraîche, ultra douce contre la peau et confortable à porter toute la journée. Trois modèles : Comfort Bra, Comfort Bra Spaghetti Straps & Trendy Hipster, en lot de 2. Tous disponibles en 3 coloris : Bamboo Mocha, Bamboo Cream, Bamboo Rose. Tailles S à XXL.

WACOAL

Depuis plus d’un demi-siècle, Wacoal s’est engagée à développer une lingerie au plus près des femmes. Pour la collection AW19, la marque japonaise présente une collection innovante de shapewear, Body Lift. Conçue pour un maintien total du corps grâce à la nanofibre tricotée directement dans le tissu, Body Lift veille au galbe d’une silhouette raffinée.


What’s New

ANNIVERSAIRES

BAISER VOLÉ

WACOAL

BORDELLE

2019 marque dix incroyables années de design et de qualité exceptionnelle pour Atelier Bordelle. La marque a poursuivi son développement et sa croissance organique, creusant dans une niche mondiale en gardant sa position avant-gardiste dans le secteur de la lingerie grâce à son design haut de gamme instantanément reconnaissable et à sa qualité inégalable. Les collections signature et saisonnières de Bordelle ont vu la naissance de 80 modèles en différents coloris, disponibles dans des boutiques choisies de plus de 25 pays à travers le monde. Les collections saisonnières sont développées en trois gammes diverses adaptées à toutes les consommatrices de lingerie. De la délicatesse de la dentelle au minimalisme de la maille en passant par l’esthétique bondage caractéristique de Bordelle, ces gammes couvrent un large éventail de formes et de goûts tout en gardant la fonctionnalité des bandes et bretelles multi-ajustables, une invention de Bordelle reprise par le secteur sous le nom d’«easy sizing». L’automne-hiver 19/20 présente la seconde partie du thème inspiré par les artistes de la Sécession viennoise. Rendant hommage à la créativité des artistes de ce mouvement et à la manière dont ils ont repoussé les frontières du design, ces trois gammes offrent une version excitante et contemporaine de l’exploration des limites créatives.

COEMI

MAGIC BODY FASHION IMPUDIQUE

RÖSCH FASHION 70 ans CREACIONES SELENE 40 ans COMPTOIR DE LA PLAGE 20 ans CATANZARO 25 ans

ELOMI

AUBADE X VIKTOR&ROLF BIJOUX INDISCRETS

COEMI

Cette année, Coemi célèbre fièrement sa 25e année d’existence, en présentant des bestsellers réinventés et de nombreux nouveaux modèles. Cet anniversaire spécial représente une belle occasion d’afficher la nouvelle image de la marque : nouvelle communication, nouveaux visuels et logo rajeuni. La mission de Coemi consiste à toujours écouter les femmes et à leur offrir une sensation de luxe et de confort chaque soir. Grâce à cette expérience forte et à sa créativité moderne, Coemi parvient à atteindre l’équilibre entre plaisir au quotidien et élégance, et à toujours surprendre les femmes avec ses nouvelles collections. Aujourd’hui, cette marque est dirigée par la seconde génération de la famille, mais les mêmes valeurs guident Alicja Jędraszek et son frère Wojciech Wiśniewski.

ELOMI

Elomi fête son 10e anniversaire ! Sa réussite constante depuis 2008 a permis à la marque de repousser les frontières du marché de la lingerie grande taille, et d’étendre ses formes, styles et tailles. Elomi a créé une large gamme de produits aux formes, coloris et modèles adaptés à de nombreuses morphologies. La marque, qui prend de plus en plus d’ampleur, a également été aidée par sa présence croissante sur Instagram, avec une augmentation de 200 % de ses followers. Sa communauté, positive et confiante, s’implique et se passionne pour la marque. Elomi continue à investir dans sa présence sociale et vient de lancer sa dernière campagne, Live Limitless, basée sur un groupe d’influenceuses diverses et inspirantes, toutes liées par la force et l’émancipation. Cocktail d’anniversaire organisé sur le stand le samedi 19 Janvier à 17h00, lors du Salon International de la Lingerie. JANVIER 2019 Salon International de la Lingerie

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LE CAHIER DES TENDANCES

WACOAL / CAPTURE BEAUTY

WACOAL

EXPO

NOUVELLES COLLECTIONS HOMME

Afin de faire perdurer son patrimoine, Wacoal s’associe avec le cercle Wise Women, un groupe de femmes engagées dans la culture et la création, et lance son programme artistique Mécène de la Beauté. La marque donne ainsi carte blanche à six artistes pour exprimer leur vision de la beauté et créer des pièces uniques. Représentée par Maroussia Rebecq (co-fondatrice de Wise Women) et Margaux Barthélemy (fondatrice de hashtagart), l’exposition est placée sous le signe de la beauté, sous toutes ses formes. Les deux commissaires d’exposition invitent ainsi une artiste chaque mois sur la thématique « Capture Beauty » : Camille Vivier, Inès Longevial, Apolonia Sokol, Célia Nkala, Leslie David et Alice Guittard. L’objectif est de porter un regard différent sur la beauté et mettre en valeur une féminité nouvelle, diverse et assurée. Les six œuvres d’art seront réunies à l’occasion d’une exposition caritative « Capture Beauty » à la Villa Rose du 8 au 16 mars 2019. Les œuvres seront vendues au profit d’une action menée par Wise Women afin de soutenir une nouvelle génération de femmes artistes et créatrices.

ÉMINENCE

LOÏC HENRY

1, 2, 3 Partez…

Cet hiver, Eminence part sur les routes de France et enclenche la vitesse supérieure. Sur la ligne de départ : 2 nouveaux boxers et slips Made in France aux imprimés franco-cool et un pyjama 100% coton fabriqué dans ses usines d’Aimargues et de Sauve. En 2019, c’est le style aux tracés et finitions racing qui l’emportera aussi bien en sous-vêtements, homewear et chaussettes. Et parce qu’il faut savoir ralentir la cadence, la marque propose une ligne « slow » qui privilégie le bien-être grâce à un colorama et des matières toutes douces.

L’effet seconde peau

Loïc Henry, entrepreneur passionné et grand sportif, conçoit un boxer high-tech à la coupe sculpturale et au design exclusif, pour en faire une seconde peau très graphique et personnelle. Son système breuveté « Hold Up Balls » bouscule le monde du sousvêtement masculin et devient rapidement l’accessoire indispensable pour la pratique du sport grâce à son maintien parfait.

ME SEDUCE

HOM Un Free Style qui fusionne les styles

L’innovation au service d’une créativité et d’une liberté d’expression marquera la nouvelle collection Automne/ hiver 2019 de la marque HOM. Une collection qui se décline en 3 thèmes à l’imaginaire nouveau : California Dream, Exotic Dream et Graphic City. Exit les Look Book, Hom innove aussi dans sa manière de communiquer avec ses MOOK alliant un storytelling à des illustrations et reportages pour chaque collection. La marque ne s’arrête pas là et décide de faire matcher ses chaussettes aux imprimés et coloris de chacune de ses collections. Sans oublier son produit iconique, le HO1 au coton modal, qui continue de surprendre par son incroyable confort et d’ailleurs exposé au Musée des Arts et de la Mode.

LAURENCE TAVERNIER Un dedans-dehors sophistiqué

Laurence donne priorité aux matières nobles, aux formes adoucies, aux couleurs tendres et aux imprimés de caractères. Elle continue sa phase de d’exploration autour d’une nouvelle collection homme qui revendique un bien être raffiné et une décontraction sans jamais compromettre un confort absolu.

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La marque polonaise de lingerie érotique Me Seduce, récompensée en 2018 par la presse américaine pour adultes, étend son offre aux hommes avec des accessoires strappés.

PARACHUTE Le vrai luxe n’est-il pas celui qui ne se voit pas ?

Nouvel acteur du marché, Parachute réinvente la pièce maîtresse du vestiaire de l’homme de goût, respectueux du corps et de l’environnement. Inspirée par les codes et l’héritage de pièces iconiques, la marque allie savoirfaire technique, innovation et confort avec matériaux les plus fins. Privilégier des cotons certifiés OEKOTEX est un pilier de leur stratégie pour garantir une qualité humano-écologique et leurs non-toxicités pour le corps. Parachute continue d’innover avec son tout nouveau boxer 100% made in France en coton organique supérieur peigné. Confort ultime assuré, allié à une coupe inspirée du boxing short de Miles Davis des années 70.


EMINENCE

HOM LAURENCE TAVERNIER

LOÏC HENRY

ME SEDUCE

PARACHUTE

What’s New

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LE CAHIER DES TENDANCES

NOUVELLES COLLECTIONS LÖV

Inspirée par la simplicité des années 90, et la force et le caractère de l’âge d’or des topmodels, LÖV présente sa nouvelle collection automne-hiver 2020 « Smooth Operator », avec des tissus transparents sensuels et du velours doux au toucher. 
La marque travaille avec du polyester recyclé et du coton bio, pour prouver que le souci de l’environnement et les achats responsables peuvent être aussi sexy que valorisants. Du confortable au subtilement sensuel, plus élégant que votre pyjama habituel, Löv crée une quantité croissante de pièces que vous pouvez porter chez vous, pour aller chercher les croissants le matin, ou en pleine nuit pour une dernière course imprévue.

LOUISA BRACQ

Pour cette nouvelle collection, la direction artistique de la maison Louisa Bracq adopte un renouveau de son approche créative.
Cette saison, les spécificités et caractères uniques de la maison
de lingerie sont mis sur le devant de la scène à travers plusieurs les lignes. Cet hiver s’inspire de la femme des années 80’s/90’s dans son environnement quotidien au travail et plus précisément, au bureau, fil conducteur
des inspirations pour Louisa Bracq. Cette même femme sera, pour la collection Automne/Hiver 2020, être affirmée, confiante, faisant preuve de légèreté par son humour et son autodérision. On trouvera 7 lignes aux détails connus et subtiles comme pour
les modèles de la ligne « Elise » ou « Série » dans de nouveaux coloris cette saison, mais aussi un lot de plusieurs nouveautés mettant
en lumière le savoir-faire exceptionnel de la marque, notamment
avec la ligne Matyò et ses broderies d’inspiration hongroise.
Enfin, la collection s’articule sur la ligne empreinte de tout l’ADN
de marque avec le modèle « Julia ». La saison s’annonce riche, pleine de surprise et harmonieuse répondant aux attentes des femmes de notre époque.

MAISON CLOSE

Authentique rencontre d’univers et de matières, Coup de Foudre s’impose dans la ligne confidentielle comme une collection intrépide, essentielle et raffinée. Ouvrant les frontières entre l’osé et l’élégant, Coup de foudre subjugue, intrigue, séduit. Jeux de transparences audacieux, dentelle travaillée et matières seconde-peau, Maison Close présente ici une collection aussi ardente que romantique, à l’image du nom qu’elle porte.

MYLA LONDON

Myla London est une marque de luxe associant confort et élégance. Ses pièces aux formes

stratégiques et aux splendides matières peuvent se porter au quotidien comme en soirée, et arborent une silhouette flatteuse et sophistiquée. Mêlant fonctionnalité et style, de nombreux modèles ont été conçus avec des coutures et des détails intelligents pour mettre le corps en valeur. Ils associent une luxueuse dentelle rigide française avec de la soie extensible douce et du tulle, pour mettre en valeur tous les types de morphologies. Myla possède sa propre boutique à Londres dans le quartier de Mayfair, et a également travaillé avec Spring Studios pour créer un nouveau site web. Cette nouvelle interface n’est pas un énième site de communication, mais une toute nouvelle expérience de shopping en ligne, dont toutes les photos créatives ont été réalisées dans le style d’une véritable campagne.

ROSSELL ENGLAND

La palette de coloris automne-hiver 19/20 est un mélange moderne et séduisant de rose poudré, framboise et noir, inspirée par les portes parisiennes et les tableaux de Modigliani. Le principe directeur de la marque reste la création de lingerie élégante, sans armature, en tissus 100 % naturels. Les sousvêtements sont donc respirants, esthétiques et très performants pour celles qui les portent. Les techniques novatrices de découpe du tissu créent un maintien structuré. À la place des armatures, une découpe en angle sur le côté du soutien-gorge apporte un soutien sans contrainte. Le kimono est la pièce centrale de la gamme nuit, parfaite comme robe de chambre et peignoir. Confectionnée dans un splendide beau jacquard 100 % lin, provenant d’une filature artisanale en Irlande, cette pièce exceptionnelle complète les lignes claires et le style lingerie moderne de Rossell. La gamme complète présente des nuisettes, caracos et shorts. Nouveauté de la saison automne-hiver 19, les bodys 100 % jersey de coton sont proposés en rose poudré et noir.

SKARLETT BLUE

Skarlett Blue est conçue à New York par des femmes qui étaient lassées de devoir sacrifier le sexy au confort. L’équipe créative est déterminée à créer une lingerie que les femmes peuvent vraiment porter, en se sentant sexy et confiantes au quotidien. La marque fait fusionner le « soutien-gorge de tous les jours » avec le « soutien-gorge sexy », pour offrir aux femmes le meilleur de chacun. La nouvelle collection de lingerie de cette saison est inspirée par les années 90, et pensée pour la femme d’aujourd’hui. Les designers ont créé des sous-vêtements pratiques, de tous les jours, en leur donnant un aspect sexy avec de la dentelle, des détails imprimés et des silhouettes romantiques. Soigneusement

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élaborées, avec des formes classiques, ces pièces sont conçues pour être structurées mais douces, minimalistes mais élégantes.

UNDERSTATMENT UNDERWEAR

Pour les femmes par des femmes : Understatement est l’enfant d’une ingénieure très créative et d’une gourou des RP accro à la mode, avec une volonté commune de changer la manière d’acheter et de porter les sous-vêtements. « Nous voulions apporter des contrastes et des associations de couleurs stimulants, des détails à la pointe et une belle dose de bonne humeur dans le segment du sous-vêtement, pour créer une marque dont l’achat soit ludique et le port un signe d’émancipation ». Avec son image de marque élégante, audacieuse et confiante, Understatement ne fait pas que de la lingerie, mais de véritables pièces audacieuses et modernes, brouillant les frontières entre vêtements et sous-vêtements. Grâce à sa conception iconoclaste et créative du branding et du packaging, Understatement aspire à transformer une nécessité quotidienne en un concept de vie et un choix actif. Par exemple, les articles Insomnia et Mesh Mania sont confectionnés en maille tactile transparente : des sous-vêtements parfaits qui donnent l’impression de n’en porter aucun.

UNDRESS CODE

Le cœur de la philosophie d’Undress Code est la femme moderne et ses besoins en changement perpétuel. La marque se libère de la perception traditionnelle de la lingerie sexy et veut participer au processus de reconfiguration des rôles que peuvent jouer les femmes dans le monde moderne. Pour Undress Code, l’émancipation des femmes signifie la liberté de faire des choix conscients. Les pièces d’Undress Code sont basées sur le besoin de fonctionnalité, sans faire de compromis sur l’aspect mode. Elles sont confectionnées sans couture pour être aussi confortables que possible. La qualité est garantie par les tissus italiens et français rigoureusement sélectionnés. Les articles peuvent aussi bien se porter comme de la lingerie que comme un vêtement du quotidien. En matière de design, la collection est une fusion entre mode et art, sous forme de coupes modernes. Les fondateurs de la marque ne veulent pas s’accrocher aux clichés, mais créer une véritable définition positive du sens de la féminité pour la femme moderne. Et pour couronner le tout, ils veulent que leurs produits symbolisent la femme totalement épanouie, qu’ils sont heureux de soutenir en tant que marque, en étant présents lors de projets de femmes et en soutenant des fondations de femmes.


UNDRESS CODE

MYLA LONDON

UNDERSTATEMENT UNDERWEAR

LÖV

SKARLETT BLUE

MAISON CLOSE

LOUISA BRACQ

ROSSETT ENGLAND

What’s New

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POTENCIER


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rt of Details Interfilière Paris The

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L’ESPACE the

xception

Dans quel contexte avez-vous pensé cette exposition ?

Sylvie Maysonnave / Si on ne sait pas bien encore vers où va la mode, il y a clairement un besoin d’authenticité, avec un goût actuel pour le rétro. Il y a effectivement dans le retour au naturel quelque chose d’assez nostalgique. Et d’oriental, disons d’une Asie rêvée : le bien-être à l’orientale est généralement véhiculé dans plusieurs domaines comme la beauté, le design ou encore la mode. Aller vers le naturel relève ici du soin d’une certaine façon. Les femmes attendent une offre qui ne soit pas contradictoire entre le dessous et le dessus. Depuis les années 80, on peut noter qu’il y a de plus en plus d’éléments du dessous qui sont passés dessus. C’est d’ailleurs un axe de développement de l’industrie de la lingerie que d’apparaître au grand jour avec cet autre enjeu très important de l’éco-responsabilité. Identifier des créateurs qui travaillent autour des fibres naturelles n’était pas très compliqué tant c’est dans l’air du temps : toutefois, la difficulté était de faire le lien avec l’univers de la lingerie. Si le homewear est ce qui s’approche le plus du vêtement avec des matières confortables intégrées au quotidien, la lingerie a ses propres codes irrémédiablement liés à l’élasthanne. On ne reviendra pas en arrière. On est certes sur un esprit du naturel mais on ne peut pas demander aux femmes de renoncer au confort en revenant au pur coton. C’est pourquoi nous sommes dans un esprit de naturel mais pas à 100%, c’est quasiment impossible. On tend plus vers un esprit naturel qu’une fabrication 100% naturelle. Les fibres artificielles s’approchent le plus possible du touché naturel, voire d’un esprit naturel, dans la couleur et l’imprimé.

Avez-vous élargi votre champ de vision ?

CHARLOTTE KAUFMANN

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L’espace The Exception

S.M. / En plus des matières naturelles, nous avons cherché du côté des matières artificielles qui venaient du naturel (végétal ou animal) avec les viscoses à base de protéines de lait. Nous sommes allées récupérer tout un échantillonnage de matières artificielles très intéressantes. On fait beaucoup de progrès vers le naturel avec la mise en avant de matières peu utilisées il y a

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L’ESPACE THE EXCEPTION

SYLVIE MAYSONNAVE Pour la troisième année consécutive, Sylvie Maysonnave prend la direction artistique de l’espace The Exception. Sollicitée pour son expertise de la mode sur les matières naturelles, elle se devait d’élargir le champ de vision de la lingerie avec une perspective plus globale, qui selon elle, touche à l’intime : « ce besoin d’un retour au naturel nous touche sous toutes ses formes, comme un art de vivre, dans la maison, dans nos assiettes et nos armoires », explique Sylvie. « Cela se traduit en diététique, dans l’ameublement et surtout dans le homewear, une partie importante de la lingerie. Il y a peut-être quelque chose de plus moderne à proposer une lingerie épurée, brute, primitive mais qui n’en reste pas moins raffinée. Il y a une vraie tendance à s’orienter vers quelque chose de plus authentique, plus simple. »

quelques années mais en particulier à travers le recyclage. L’esprit du naturel n’est pas forcément bio : le progrès ce serait d’utiliser un coton durable. C’est pourquoi il était important pour nous d’évoquer dans cette thématique, les matières recyclées. Depuis six ans, le Centre européen des textiles innovants (CETI) s’investit dans le développement éco-responsable de la filière, avec l’élaboration de procédés de recyclage de fibres courtes, comme le coton. Ce qui est plutôt nouveau sachant que jusqu’à maintenant, on recyclait plutôt le polyester.

Comment la mode utilise cet esprit du recyclage ?

S.M. / Nous avons identifié des créateurs couture qui travaillent autour de cet esprit. Je suis allée voir Gustavo Lins avec lequel j’avais travaillé sur le recyclage de kimonos anciens. Je trouvais que c’était un lien intéressant entre la couture, le recyclage et l’esprit de la lingerie : le kimono est à la base un vêtement d’extérieur mais qui s’intègre très bien à l’esprit homewear. Beaucoup de pièces du vêtement d’intérieur sont dérivées du kimono. Une autre jeune créatrice issue de l’Institut Français de la Mode, May Bernardi trouve sa place sur l’exposition, avec des choses très intéressantes sur des bases de matières naturelles. Nous avons identifié deux jeunes créatrices qui font partie des Ateliers de Paris et qui travaillent sur le recyclage ou sur l’utilisation de multiples matières naturelles dans la création textile. Ça va jusqu’au travail de la matière animale. Lucie Touré travaille autour du papier avec des échantillonnages de broderie très délicats qui pourraient tout à fait être pensés dans un esprit lingerie. Avec Charlotte Kaufman, on est sur le tissage de matières végétales. Igor Brossman nous a fait un kimono en maille de papier. Nous exposerons d’ailleurs sur des tables en papier créées par Igor. Virginie Gallégo et Fabien Desportes collaborent beaucoup avec le Japon dont ils sont très inspirés. Ils ne travaillent que le coton et le lin pour des robes-chemises à l’ancienne. Dans leur boutique, tout un esprit d’intérieur autour de leurs collections raconte l’histoire d’une maison au naturel assez importante.

Quelles sont les fibres naturelles que vous avez choisi de mettre en avant ?

S.M. / Nous aurons des fabricants de lin ou de coton qui élargissent leur production textile au linge de maison. Nous allons aussi montrer des objets en fibres naturelles : une chaise en lin du designer Christian Meindertsma. Le lin est plus reconnu comme une matière écologique et éthique avec sa production européenne donc globalement plus respectueuse de l’environnement. Nous nous sommes également concentrées sur l’utilisation du chanvre autour duquel nous avons recensés plusieurs échantillons (textile et déco) comme des kimonos en particulier chez Couleur Chanvre. Nous avons élargi le discours à l’expression sur le coton avec Fatimata Sy, Prix de l’espoir de l’Artisanat d’Art 2018 de la Chambre des Métiers. Elle exposera des maillots de bain en wax, jolis et très intéressants. Nous allons exposer du coton naturellement coloré, dans une gamme limitée bien sûr mais nous avons trouvé intéressant de montrer le travail autour des pigments naturels. C’est assez moderne que de renoncer aux couleurs traditionnelles de la lingerie pour faire le choix de n’utiliser que des pigments naturels.

Quel est l’objectif de cette exposition ?

S.M. / The Exception est une manière de nourrir l’imaginaire de l’industrie de la lingerie pour aller vers une démarche responsable. Il s’agit plus pour nous de donner des sources d’inspiration aux industriels avec des échantillons dont la production reste encore anecdotique. Il faudrait arriver à industrialiser des fibres utilisées de manière artisanale et rendre les matières naturelles accessibles au plus grand nombre. L’idée serait d’aller chercher plus loin, pour faire en sorte de développer quelque chose de plus vertueux. La lingerie doit toutefois rester abordable : il faudrait arriver à produire à moindre coût pour que ce soit utilisé dans la lingerie. ¢

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Panorama des exposants

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LES ARTICIPANTS

The Exception Au sein de ses collections,

May Bernardi,

combine design expérimental et récits poétiques. Inspirée de la nature et des mythes, elle réinterprète les techniques artisanales de manipulation des tissus afin de créer de nouvelles textures et des textiles fabriqués à la main. Son esthétique est à la fois élégante, sophistiquée et brute. Elle représente une image diverse de la femme : forte et indépendante, douce et sensuelle, jamais soucieuse de plaire.

La Confédération Européenne du Lin & du Chanvre est l’unique organisation européenne agro-industrielle regroupant et fédérant tous les stades de production et de transformation du lin et du chanvre.

CETI

MAY BERNARDI

Interlocutrice privilégiée de 10 000 entreprises européennes, la CELC maîtrise ainsi la fibre de la plante jusqu’au produit fini. Fondée en 1951, elle offre un lieu de réflexion, d’analyse conjoncturelle, d’orientation stratégique et de concertation de la filière.

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L’ESPACE THE EXCEPTION

IGOR BROSSMAN

COULEUR CHANVRE

CHARLOTTE KAUFMANN

Artiste designer interdisciplinaire, Igor Brossman est spécialisé dans la création de papier et explore l’éphémère des tendances de la mode contemporaine. Le créateur travaille avec différents types de papiers pour créer accessoires, vêtements et motifs de décoration, de montage ou de vitrine. Ce désir de retour au naturel, la marque de linge de maison Couleur Chanvre l’a bien compris. Le chanvre, plante ancestrale utilisée depuis

3000 ans a quasiment disparu depuis les années 50 au profit des matières industrielles et chimiques. Modèle de développement durable, Couleur Chanvre propose une fabrication 100 % française où le respect de la nature est primordial. Traitée avec passion et savoir-faire, la fibre de chanvre est synonyme de confort & de bien-être.

La marque Gallego Desportes est le fruit d’une rencontre entre Virginie Gallégo et Fabien Desportes. Dès 1993, ils travaillent de concert et créent leur première collection en mélangeant tissus Made in France et textiles anciens. Le confort et l’élégance discrète sont les maîtres-mots de leurs créations. Créatrice textile, Charlotte Kaufmann conçoit des textures singulières en tissages, broderies et dentelles au fuseau. C’est dans son atelier que sont développées des collections façonnées à la main, mariant geste instinctif et interprétation, pour des projets sur-mesure de haute couture et d’architecture d’intérieure. Fort d’un talent et d’un savoir-faire reconnu, le couturier brésilien Gustavo Lins est revenu sur le devant de la scène en mars 2018 avec sa marque Lïns Paris et un nouveau projet : ARCHI-SWEAT. Des sweaters avec ou sans manches, assemblés par trois ou six coutures qui parcourent le corps comme les vagues des kimonos des estampes japonaises. Ils font la synthèse entre deux univers qui traditionnellement s’opposent : celui de la sophistication urbaine et celui des skateurs, rappeurs et taggueurs. Un syncrétisme culturel qui caractérise notre époque. La designer Christien Meindertsma explore la vie des produits et des matières premières avec de nouveaux procédés de production. À travers la chaise FLAX, son ambition est de créer un produit abordable, fabriqué localement, évolutif et respectueux de l’environnement. Composée d’un mélange de lin & de PLA (bioplastique), cette chaise 100% biodégradable est la parfaite illustration d’un travail éco-responsable.

LUCIE TOURÉ

Fatimata Sy imagine une mode éco-responsable dans son atelier de création sur mesure où elle y travaille les matières recyclées, les fins de série et les tissus Made in France. Avec sa marque By Fatimata Sy, la créatrice met en lumière l’importance de l’éthique en proposant des pièces-uniques, des cosmétiques bios ou des produits issus du commerce équitable. Zéro déchet, zéro waste, zéro stock ! Broderie, découpage, tissage… La paper & textile designer Lucie Touré sublime le papier en l’asso-ciant à des techniques d’ennoblissement textile et propose ainsi de nouveaux usages. Ses créations luxueuses sont utilisées aussi bien dans la mode que la décoration d’intérieur.

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The Innovative Exchange and Experimental Way

L’espace

TOMORROW !

Conscient des enjeux environnementaux et sociologiques contemporains, Interfilière Paris a pour ambition de sensibiliser ses visiteurs et ses exposants aux projets de demain. C’est sur un espace dédié au nom révélateur - Tomorrow, que le salon souhaite matérialiser une veille sur les procédés innovants et les recherches expérimentales. En collaboration avec DEFI-La mode de France, l’incubateur et accélérateur de croissance de l’industrie de l’habillement et de la mode en France, Interfilière Paris a identifié pour cette nouvelle édition deux projets (Neatek et TopTexCube) illustrant un secteur en pleine mutation. Une mise en lumière inspirante des innovations textiles et de production de cette industrie

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Afin de mettre en lumière les process innovants vers une démarche plus humaine, Interfilière Paris a également sélectionné deux marques phares et avant-gardistes en ce sens (Nénés Paris et Arí Van Twillert). Un espace, quatre acteurs de l’innovation…

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NÉNÉS PARIS La lingerie en fibre recyclée

Nénés Paris est la première marque française de lingerie dont tous les tissus sont fabriqués à partir d’une fibre recyclée. La marque a pour philosophie de proposer au public une lingerie responsable, délicate et au prix juste. Leur ambition ? Dégriser l’éco-responsable avec des collections capsules qui se renouvellent fréquemment, des couleurs chaudes, des matières variées et de jolis imprimés.

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NEATEK La technologie au service de la mode

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L’ESPACE TOMORROW

TOPTEXCUBE La disruption textile

Neatek a développé la solution Style and Fit, une application digitale qui automatise l’édition instantanée du patronage pour tout type de vêtements sur-mesure. En partant de la taille supérieure la plus proche, les mesures du client sont prises en boutique ou communiquées par le web à l’aide d’un configurateur pour le choix des styles et des matières. Les données clients récupérées sur le Cloud permettent la génération immédiate du patronage personnalisé, avec le barème de mesures. Style and Fit assure une réduction significative des coûts et des délais pour la production du vêtement sur-mesure.

Spécialisée dans l’application des nouvelles technologies dans le domaine du textile, TopTexCube utilise notamment des procédés technologiques alternatifs à la confection traditionnelle, au service de l’innovation et de l’efficacité industrielle. La société permet d’abréger le processus de fabrication en réduisant le nombre d’étapes de confection, grâce à des procédés de découpe laser et de thermocollage.

L’espace

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ARÍ VAN TWILLERT La Haute Comforture

Arí van Twillert est le premier véritable spécialiste de la lingerie 3D Fit au monde. Leur offre de Haute Comforture autorise la création de vêtements entièrement sur-mesure pour un ajustement parfait. Leur fabrication à la main est assurée dans leur atelier à Rotterdam. Avec la numérisation et l’impression 3D, la collaboration des ingénieurs en logiciel et d’ateliers couture permet la confection du soutien-gorge le plus ajusté possible, au millimètre près.

The Innovative Exchange and Experimental Way

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The Innovative Exchange and Experimental Way

L’espace

FORUM GENERAL

Evolution du paysage de la lingerie Depuis presque deux décennies, le salon Interfilière Paris, à la différence d’autres événements textiles a fait le pari d’investir dans la conception intrinsèque de son forum tendances : tant au niveau des échantillons sélectionnés que de la création des tendances (guide EVOLUTION et gamme couleurs inédites) ou même de la réalisation scénographique de l’espace.

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e Forum Général dans son format actuel a un rôle central au sein du salon, marqué par un enthousiasme et un plaisir grandissants de tous les acteurs de la filière qu’ils soient fabricants ou acheteurs. Pour les visiteurs, le forum est très souvent la première étape de leur parcours. Pour la majorité des exposants, ayant des produits sélectionnés, leur présence sur le forum est considérée comme un gage de succès. Cependant, le marché de la lingerie et du swim évolue rapidement à l’image de notre société. Les acheteurs sont mieux informés et sont, plus que jamais, intéressés de voir ce changement dans un contexte mondial. De nouvelles catégories de produits comme l’athleisure, le loungerie ou encore le swimtimates font leur apparition, même nos styles de vie évoluent axés sur la santé ou l’ « afterwork ». Toutes ces nouvelles appellations sont autant d’expressions qui témoignent d’une hybridation galopante en matière de classification. De nouveaux talents créatifs émergent apportant une énergie inédite à notre industrie. Ces nouvelles marques sont davantage attentives aux comportements qu’aux règles du secteur. L’entrée du streetwear dans le monde du luxe bouscule, de son côté, tous les codes établis. Les valeurs changent… Tout cela exige donc de s’adapter à de nouveaux concepts de boutiques et de communication. ¢

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NOUVELLE VAGUE est le nom du nouveau forum général. Le Forum Général sera le reflet de la nouvelle vague que nous vivons dans cette industrie. Les fabricants et les designers en joueront le premier rôle. Ce nouveau forum a pour ambition de valoriser tous les acteurs, leurs connaissances, leurs talents et leur latitude à s’adapter aux évolutions. Il sera une espèce de réseau social en 3D. Un grand nombre de designers seront présents parmi lesquels Livy, Maison Lejaby, MarieYat, Neiwai, Undress Code, Rossell England, About, Studio Pia … qui partageront leur expérience et leur vision de la lingerie de demain.


L’ESPACE FORUM GÉNÉRAL

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orum général Interfilière Paris

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CHARLOTTE KAUFMANN


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Délaissés depuis des années au profit de fibres synthétiques plus performantes, les fibres naturelles font un retour en force sur le marché de la mode et de lingerie. La prise de conscience environnementale et l’importance croissante de bienêtre et de protection de la santé sont intimement liées à l’envie de produits plus naturels, plus sains, et de matières confortables et a priori moins « toxiques ».

Pourtant toutes ces fibres, à commencer par le coton, ne sont pas dénuées d’impact négatif pour notre planète.

ibres naturelles S

oucieux de préserver notre environnement, les industriels, les scientifiques, et les textiliens quels qu’ils soient, cherchent aujourd’hui à mettre au point et développer des alternatives naturelles tout en veillant à ne pas impacter l’environnement, ni maltraiter les animaux. Parmi ces alternatives, les plus abouties sont sans aucun doute la mise en place d’une nouvelle filière de coton recyclé et la relance de filières textiles oubliées issues de cultures anciennes telles que l’ortie ou le chanvre. Mais de nouvelles solutions parfois surprenantes, mais souvent intéressantes car issues de sous-produits ou de déchets, apparaissent également: fibres d’écorces d’agrumes, fibres de lait périmé, fibres d’écailles de poisson … On est sans aucun doute à l’aube d’une nouvelle génération de fibres intelligentes.

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Rewind

Le projet français de

RECYCLAGE DU COTON

avance à grand pas

Rewind est un projet d’avenir pour la filière coton. Soutenu par l’Ademe et mené par TDV Industries en collaboration avec le CETI (Centre Européen des Textiles Innovants), ce projet de 3 ans lancé en septembre 2017 pour un montant de 6 078 155 € réunit plusieurs partenaires de l’industrie et de la distribution. Rewind vise à développer un procédé de recyclage du coton issu de textiles usagés pour la fabrication de vêtements neufs.

Une demande de coton croissante Le coton est de loin la matière préférée de tous les consommateurs, de l’Orient à l’Occident, du Nord au Sud : sain, confortable, agréable, doux, pratique, hypoallergénique, absorbant, rassurant, … les qualificatifs sont à la hauteur de l’affect que leur portent des consommateurs. Nos armoires, et nos tiroirs de lingerie, en particulier, regorgent d’or blanc. Ces qualités ne peuvent plus aujourd’hui cacher la réalité : 5 260 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de coton. Sa culture exige une dose massive de pesticides (25% des pesticides utilisés dans le monde). Malgré la concurrence des synthétiques, la fibre de coton représente encore un quart de la production mondiale de fibres. En 2017/2018, la production mondiale de coton a augmenté de 10% pour atteindre 25,4 millions de tonnes (+9% en 2016/2017). Selon la FAO, la demande totale de coton pourrait atteindre 28,3 millions de tonnes en 2025, soit 1,8 millions de tonnes de plus que le record de consommation enregistré en 2006. Au cours des dix prochaines années, la consommation de coton va continuer de croître plus vite que la population mondiale. Sans compter qu’une baisse de la production, déjà marquée en Chine mais compensée par l’Inde, est attendue. 80


FIBRESPP X CETI

LES FIBRES NATURELLES

Une plateforme pilote de valorisation de la filière Responsable du département « Développement durable » au CETI, Mara Poggio souligne l’importance du projet pour l’ensemble de la filière : « Il y a un véritable enjeu pour une valorisation pérenne et économiquement viable pour tous les textiles usagés dont la collecte ne cesse de croître et pourrait atteindre 300 000 tonnes en 2020, selon Eco-TLC. Le recyclage du coton offre des solutions qui permettront de palier le déclin probable de la culture de coton. Notre objectif aujourd’hui est d’apporter de la valeur ajoutée lors du recyclage ». Les premiers échantillons, tout juste tombés des machines, sont plus que satisfaisants. Un tout nouveau tissu chaine et trame mis au point par le département R&D de TDV Industries a servi de point de départ au développement d’une gamme de différents tissus de coton avec plus ou moins 70% de fibres recyclées. Les essais en maille sont satisfaisants également. « Il n’y a pas d’incidence du fil. Nous devons encore améliorer la résistance, un peu trop faible, ce qui nous interdit de faire des tissus 100% recyclés pour l’instant », explique Mara Poggio.

Premiers objectifs atteints Pour le CETI et ses partenaires, parmi lesquels TVD Industries, les applications des tissus en coton recyclé sont multiples. Si l’objectif de Rewind est bien de développer un procédé de recyclage du coton permettant d’obtenir des fibres de qualité, le projet a déjà su relever les défis technologiques tels que : la mise en place d’une collecte fiable et efficace grâce au travail d’un collecteur trieur Gebetex, l’automatisation du démantèlement des textiles usagers et de délissage, la création d’un nouveau métier d’effilochage. Reste à évaluer l’impact de la fibre de coton recyclé sur l’environnement. Rewind estime à 3,8 kg d’équivalent CO2 évités par kilo de fils recyclé. Ce qui à l’échelle du projet (soit 210 tonnes par an à terme) représenterait une réduction nette de 800 tonnes d’équivalent CO2.

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Lin

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LES FIBRES NATURELLES

Trois questions à …

MARIE DEMAEGDT

responsable Textile et Développement Durable à la CELC

(Confédération Européenne du Lin & du Chanvre)

Quelle est la part du lin dans les achats textiles des consommateurs européens ?

M.D. / Si le grand public plébiscite aujourd’hui le lin, c’est à la fois pour ses qualités – fibre écoresponsable, de proximité, traçable – et pour son ubiquité qui lui permet de se décliner de la mode aux textiles techniques. Un champ d’expression et une influence inversement proportionnels à sa dimension de niche : le lin représente moins de 1% du marché des fibres dans le monde.

Où en est le redéveloppement de la fibre textile du lin européen sur le marché de la mode ?

M.D. / Fibre résiliente, c’est bien dans sa capacité à innover que le lin sait s’ouvrir à de nouveaux usages comme la maille de lin, le denim, les mélanges demisaison… avec des ennoblissements assouplis pour plus de confort et de facilité d’entretien.

Quelles sont les perspectives du lin sur le marché de la mode, de la lingerie et du homewear en particulier ?

M.D. / En réponse directe aux attentes des consommateurs, le lin seule fibre textile d’origine européenne, se dote, grâce aux certifications European Flax® et Masters of Linen®, d’arguments vérifiés en termes de traçabilité, et de responsabilité environnementale et sociale. Quant à ses performances, testées en laboratoire, la thermorégulation et le transfert d’humidité offrent un potentiel de développement aussi bien dans le sport actif que pour des dentelles et des jerseys type seconde peau. ¢

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Nouveautés Interfilière Paris

N

OUVEAUTÉS

Fibres naturelles et d’origine naturelles chez les exposants d’Interfilière Paris

Jacquards et imprimés

Le soyeux français présente de nouveaux armurés raffinés et légèrement reliefés en ton sur ton pour sa gamme de soies jacquards Soielyne. Destinées plus spécialement au loungewear, la gamme de satins de soie doux et élégants s’enrichit de deux nouveaux imprimés, Orchidia et Nautilus.

PONGEES LTD Soies texturées

Le spécialiste britannique de la soie élargit sa collection en mettant les effets texturés à l’honneur : satins martelés et satins sablés complètent la vaste collection de mousselines, crêpes de Chine, tulles, doupions. Pongees mise sur des tons naturels, nude, bronzé, moka, nuit, … Le soyeux dévelop

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LES TISSAGES PERRIN

Matière très ‘lingerie’, le coton retrouve une place de choix. Sa douceur et son confort sont plébiscités par des consommatrices très avides de « naturel » mais de plus en plus vigilantes sur les dégâts écologiques d’une culture toxique. Les exposants développent de plus en plus de coton bio tout en cherchant à ‘redorer’ l’image du coton conventionnel par un travail de la matière plus sophistiqué et clairement orienté vers le haut de gamme. La soie profite du retour en grâce des matières naturelles. Les fibres cellulosiques, Modal et MicroModal, Tencel, Cupro tirent largement leur épingle du jeu au sein de collections renouvelées.

LES TISSAGES PERRIN

PONGEES LTD

Les fibres naturelles et d’origine naturelle sont à l’honneur dans les collections des exposants.


IPEKER

LES FIBRES NATURELLES

AET SAS Du lin et du lyocell

La jeune entreprise française spécialisée dans les mailles rectilignes et circulaire fait des fibres naturelles et artificielles le fil conducteur de sa nouvelle collection : nouveau jersey 100% lin français uni ou imprimé, pour le homewear et le pap ; jersey stretch avec 93% de MicroModal® pour un esprit cocooning chic ; maille éponge bouclette double face avec 90% de Tencel déclinée en impression dévoré dans des motifs floraux géants ; maille enveloppante en jersey 45% cupro 45% Lyocell 10% soie ; et maille fraiche en jersey avec 94% de Tencel. A noter aussi une nouvelle maille piquée imprimée dans un esprit ‘vintage’ en polyester recyclé avec Lyocell, tout particulièrement destiné au sport actif.

CADICAGROUP SPA Ethical Choice Collection

L’entreprise italienne spécialisée dans les étiquettes et les marquages va plus loin encore dans sa démarche écoresponsable. Cette toute nouvelle collection est réalisée à partir de matières premières organiques ou recyclées et biodégradables. Parmi les plus remarquables, les Recyclabel, étiquettes fabriquées à partir de fibres cellulosiques, bambou, chanvre, lin, …

La nature est le mot clé de l’approche mode d’Ipeker. L’entreprise turque, très responsable et certifiée GRS, est la 1ère à proposer une collection « vegan » labellisée par l’Union Végétarienne Européenne. La société a par ailleurs mis au point un système de production VTP (Vegan Textile Processes) permettant de produire des « Cupro Vegan » biodégradables et à moindre impact sur l’environnement. Leader mondial des tissus cupro, Ipeker innove encore :

FEINJERSEY De haute qualité

Fidèle à son image qualitative, le tricoteur autrichien dévoile une collection remarquable : nouveaux doubles faces jacquards jauge fine, antipilling et antiroulement, avec MicroModal sur l’intérieur pour la lingerie ; mailles légères et ultradouces en Micromodal et cachemire ou soie pour le loungewear ; mailles techniques bitons en Tencel micro et laine/polyamide thermorégulantes pour l’activewear. Sans oublier un coton Suprême ‘bio’ très responsable.

MIATEX Fines et armurées

La soie fine comme le twill cupro/rayonne est l’alternative la plus proche du tissu Habotai. Une autre innovation est une qualité fine de cupro/ viscose stretch parfaitement adaptée au marché de la lingerie avec son toucher peau de pêche. Les impressions rongeantes écologiques appliquées sur des tissus cupro de poids différents apportent une nouvelle dimension aux tissus cupro imprimés

La société marocaine, spécialiste des mailles fines propose une maille côtelée double face 100% coton et développe plusieurs qualités en mélanges de fibres artificielles. Pour la lingerie, des jerseys MicroModal et coton/Modal. Pour le loungewear des bouclettes rasées en coton majoritaire, et pour l’activewear un molleton invisible en coton (70%) et polyester.

SATAB Beau et bio

La maison familiale labellisée « entreprise du patrimoine vivant » décline sa nouvelle collection autour de silhouettes d’inspiration nomade, tribale, glamour et éco-friendly. Elle introduit notamment des rubans gros grains, taffetas, sergé en 100% coton organique.

explique Belgin Sabrioğlu. La nouvelle collection Vegan s’enrichit de satins spéciaux et de tissés à effet métallisé, de cotons fins, de jerseys légers aux décors de peaux d’animaux, de fleurs et de géométriques et de lin dévoré avec micro-impressions.

CHANTY Créateur de dentelles naturelles

FABTEX Avec du collagène marin

Très grand spécialiste de la maille, Fabtex lance une gamme inédite à base d’Umorfil®, le nouveau fil bionique qui intègre au niveau supramoléculaire le collagène des acides aminés peptides marins. Résultat, des tissus pour le marché de la lingerie et de l’activewear, fonctionnels, doux, et respectueux de l’environnement.

SERAM Naturellement vôtre

Le spécialiste français de l’accessoirisation textile présente une collection réalisée à partir de matières naturelles sélectionnées pour leur authenticité et leur préciosité : laine, soie, coton, lin,… Une série de nœuds, rubans, galons mais aussi étiquettes et pochettes, positionnés haut de gamme et créés sur mesure ou « clé en main ».

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SERAM

Totalement engagé et responsable, le dentellier décline les fibres naturelles à part entière sur 3 gammes : Green Line, galons stretch et dentelles allovers en coton bio avec Roica™ Eco Smart ou en fibre Q-Nova® (polyamide recyclé) ; Cotton Line, dentelles douces et confortables à base de coton ; Naia Line, dentelles stretchs réalisées avec la nouvelle fibre cellulosique issue de ressources durables d’Eastman.

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La nature au service de la haute technologie

60 % des fibres utilisées aujourd’hui dans la fabrication des textiles sont encore dérivées du pétrole. De nombreux chercheurs, designers et scientifiques ont décidé de mettre au point de nouvelles manières de créer des tissus, pour une industrie textile nouvelle, plus naturelle, plus propre, plus responsable. Des fibres produites par des végétaux ou des animaux apparaissent ou reviennent. Des solutions innovantes émergent de nouveaux procédés de synthèse. Les industriels ont bien compris que le défi était aussi dans l’utilisation des sous-produits de la nature, et dans la récupération des déchets organiques.

LISELORE FROWIJN

Tour d’horizon des développements et recherches en cours.

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LES FIBRES NATURELLES

DES FRUITS, DU CAFÉ, DES ARAIGNÉES ET DES POISSONS …

Des fruits très précieux La banane

L’ananas

La noix de coco

Utilisée depuis le 13e siècle en Asie du Sud-Est, la fibre de banane revient sur le marché du textile grâce à certains designers inspirés. Elle est une ressource très abondante en Inde (29,7 millions de tonnes en 2018, 60 millions de tonnes d’ici 2025), en Chine, aux Philippines, en Afrique. La fibre de banane est extraite des pétioles situés à la base des feuilles du bananier Abaca. La soie de bananier est fabriquée à partir de ces pétioles taillés en bandes. Les fibres extraites sont ensuite lavées et séchées. Elles sont de couleur marron foncé ou blanche selon que l’on prenne le cœur ou le bord des pétioles. La soie de bananier est légère et biodégradable, flexible et imperméable. Elle est douce et soyeuse, souple et résistante. Elle évacue parfaitement l’humidité. Idéale donc pour les sous-vêtements. La marque australienne AussieBum créée par Sean Ashby ne s’y est pas trompée. Elle a lancé une gamme de sous-vêtements homme en fibres de banane (27%), coton bio (64%) et élasthanne (9%), fabriquée en Australie (22 € environ le caleçon). Plusieurs créateurs et jeunes designers ont opté pour la fibre de banane, comme Dita Sandico qui travaille depuis 15 ans aux Philippines avec la soie de bananier ou Coralie Marabelle, Prix du Public de Hyères 2014. Diplômée du Studio Berçot, celle qui a fait ses premières armes chez Hermes, Maison Margiela et Alexander McQueen, réalise des robes à partir de fibres de bananier et d’ananas, associées à un jersey en Umorfil®, une fibre textile unique, composée de molécules de collagène provenant d’écailles de poisson et de cellulose.

Cette alternative au cuir a été mise au point par Carmen Hijosa, designer espagnole. Inspirée par un vêtement traditionnel philippin, Carmen Hijosa a créé le Piñatex, composé de fibres extraites de feuilles d’ananas, sous-produits de la culture des fruits. Les feuilles récoltées sur les plantations sont décortiquées en longue fibres avant de subir un traitement industriel réalisé par la société de Carmen, Ananas Aman. Il faut 480 feuilles, soit 16 ananas environ pour fabriquer 1 m² de textile. Les rouleaux de non tissés sont ensuite envoyés en Espagne pour être transformés en tissu, le Piñatex, et ennoblis. Résistant, léger et souple, il peut être découpé, piqué, brodé, imprimé. Il est décliné en 2 gammes, Original (4 couleurs) à 50 € le mètre, et Oro (tons métallisés) à 58 € le mètre. Plusieurs créateurs écoresponsables travaillent le Piñatex : Alicia, créatrice de Bourgeois Boheme, marque de chaussures anglaise, Tara Gannon, créateur de Maniwala, marque californienne d’accessoires, et la Néerlandaise Liselore Frowijn, créatrice de mode sportswear/ luxe plusieurs fois récompensée. Des marques renommées comme Hugo Boss ou Trussardi collaborent déjà. Camper et Puma ont mis au point des prototypes. Piñatex a reçu le prix de l’innovation matérielle de 2016 du Royal College of Arts de Londres.

On connait la fibre Cocona™ à base de charbon actif dérivé des cosses de noix de coco, provenant des déchets de l’industrie des filtres à eau. Utilisée par certaines marques de sport et sportswear, comme PN Jone, la fibre Cocona™ offre des propriétés reconnues : légèreté, résistance, absorption de l’humidité, séchage rapide, protection antiUV. Aujourd’hui c’est une nouvelle vie qui s’offre à ce fruit exotique, ou plus exactement une seconde vie très responsable, développée par la société australienne Nanollose. Une vie très noble qui lui offre des débouchés prometteurs sur le marché de la mode. Nanollose a mis au point un procédé unique de synthétisation des déchets de biomasse résiduelle produits par l’industrie de la transformation de la noix de co co. Le but est de générer une sorte de viscose sans aucune plante : la fibre Nullabor™ (du nom de la plaine désertique australienne sans aucun arbre) représente une avancée technologique considérable pour l’industrie cellulosique. Contrairement à la viscose conventionnelle, cette nouvelle fibre durable est obtenue à l’aide de microbes qui « mangent » la biomasse et convertissent les déchets de biomasse liquides en cellulose microbienne. Ce processus prend moins d’un mois et nécessite très peu de terre, d’eau ou d’énergie. La cellulose microbienne est ensuite convertie en fibres pour former Nullabor Fibre™, à l’aide de la technologie Nanollose, compatible avec les équipements de traitement et de fabrication industriels existants. Alfie Germano, PDG de Nanollose ambitionne d’appliquer ce procédé à d’autres déchets de biomasse provenant de l’industrie du vin, de la bière et d’autres aliments liquides.

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La nature au service de la haute technologie

S.CAFE

Le thé fermenté

Thé ou Café ? Le marc de café Mis au point à partir de marc de café, S.Café Yarn® n’est pas une fibre naturelle. C’est une fibre composite dotée d’une technologie utilisant un ingrédient naturel. Spécialisé dans la production de textiles fonctionnels, le groupe taiwanais Singtex Industrial Co. Ltd, créé en 1989, réalise très vite l’importance de l’enjeu écologique lié au changement climatique. Il investit des centaines de millions de $ dans la recherche et développement de tissus écofonctionnels respectueux de l’environnement. C’est en 2008 que le fil S.Café® est développé à partir de bouteilles plastiques et de marc de café. Aucun solvant n’est utilisé dans le processus de production. Contrairement aux autres matériaux à base de charbon, le traitement de carbonisation du S.Café® est à basse température ce qui réduit les émissions de CO2. Les qualités du S.Café® ouvrent des débouchés intéressants sur le marché de la lingerie et du balnéaire. La technologie permet

d’accélèrer considérablement le séchage en dispersant l’humidité absorbée sur la surface du tissu (jusqu’à 200% plus rapide que le coton). Les micropores du marc de café absorbent les odeurs et reflètent les rayons UV en permanence. Plusieurs marques de casualwear et de sportswear l’ont introduit dans leurs collections : Hugo Boss (polo à 99,90 €, 40% de S.Café®), Timberland (veste Cycling Falmouth, 160 €, avec 42 grammes de marc de café soit 16% de S.Café®), Louis Garneau (pantalon cycliste Drytex 3400 avec 62% de S.Café®)

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Cultiver ses vêtements, c’est l’idée d’une pionnière de la biocouture, la styliste britannique Suzanne Lee qui a réussi à faire pousser ses tissus grâce à des micro-organismes vivants. La culture est réalisée à partir du kombucha, une boisson acidulée à base de thé vert. Ce thé fermenté et sucré est mélangé à des bactéries et des levures. Les bactéries se nourrissent du sucre et produisent une membrane : la cellulose microbienne. Au bout de quelques semaines, ce matériau est séché et moulé avant d’être confectionné. Une jeune créatrice française a repris l’idée en cultivant une bactérie symbiotique : le scoby. A l’instar d’un champignon ou d’une mère de vinaigre, ce scoby se développe en moisissant. Stelina Lorieux a ainsi obtenu un tissu organique, de consistante gélatineuse au départ, et qui se solidifie après déshydratation. La start-up française Open Biofabrics, spécialisée dans la bioconception à partir de scoby, veut elle aussi révolutionner le monde du textile en remplaçant les ateliers de confection par des laboratoires de haute technologie. Suzanne Lee a présenté dès 2011 ses premières vestes et chaussures en « kombucha ». En 2016, c’est l’équipe de Young A.Lee, chercheur à l’Université de Iowa, et auteur de Sustainable Fibers for Fashion Industry, qui a présenté un travail similaire sur des vestes et des chaussures en insistant sur la biodégradabilité de cette fibre. Malgré un cycle de vie très vertueux, cette nouvelle fibre de cellulose n’est pas totalement au point : des problèmes d’absorption de l’humidité fragilise la résistance du tissu. La production en laboratoire doit encore être portée à l’échelle industrielle. On n’y est pas encore.


ADIDAS FUTURECRAFT

LES FIBRES NATURELLES

Des petites bêtes Les araignées

Les myxines (hagfish)

La grande nacre

Il y a longtemps que l’homme observe la soie d’araignée. Car le célèbre fil de traine est d’une résistance exceptionnelle, supérieure à celle de l’acier ou du Kevlar (fibre aramide) mais tellement plus fine et élastique. Travailleuses, ces petites bêtes ne rechignent pas à tisser. Mais elles ont la fâcheuse manie de s’entre-dévorer … Impossible d’envisager une production à grande échelle. Plusieurs chercheurs ont donc tenté de reproduire artificiellement cette soie. La société allemande AMSilk a réussi, grâce au génie génétique, à modifier des bactéries à partir d’un ADN de soie d’araignée afin de produire les fibroïnes, ces protéines qui sont à l’origine de cette exceptionnelle résistance. Cultivées dans de grands bioréacteurs, ces protéines donnent un matériau de synthèse, totalement biodégradable, le Biosteel®. Pour AMSilk, le Biosteel® permet de « prendre le meilleur de ce qu’offre la nature pour le produire à échelle industrielle ». Avec en prime des qualités renforcées : très résistante à la chaleur et douce, elle ne perd rien de son élasticité et de sa biodégradabilité. « Les développements sont encore en cours et limités pour l’instant à un nombre restreint de projets et de partenaires », confie à Interfilière Paris, Anja Mayer, assistant exécutif chez AMSilk. Parmi ces partenariats, celui mené avec Adidas a permis de mettre au point un prototype de chaussure de sport, la Futurecraft Biofabric avec partie supérieure tissée en Biosteel®. A noter que la couleur beige de la chaussure d’Adidas est naturellement due à la protéine et n’est pas teintée. Les énormes perspectives de développement que présente la soie d’araignée attisent déjà la concurrence. Parmi les projets pilote menés sur le marché textile, on peut noter aussi celui de The North Face, la marque d’outdoor, qui a mis au point la Moon Parka, une veste en soie artificielle d’araignée avec le japonais Spiber.

La myxine ressemble à une anguille préhistorique, de 30 à 120 cm. Lorsqu’elle se sent menacée, cette vieille sorcière (hagfish) sécrète, par un système de 150 pores, un mucus visqueux. Cette substance a la capacité unique de se déployer instantanément une fois excrétée dans l’eau, et occuper plusieurs centaines de fois son volume initial. Le système est très efficace : les prédateurs qui voudraient avaler ce charognard inoffensif s’étouffent avec le mucus. La myxine vient ainsi à bout d’une douzaine d’ennemis, dont plusieurs espèces de requins. Cette substance gélatineuse contient des filaments très fins et résistants qui pourraient être filés et tissés comme des fibres végétales avec une rentabilité exceptionnelle : « Les glandes d’un seul poisson sont capables de produire un million de kilomètres de fil d’un diamètre de 1 à 3 millièmes de millimètre », assure Timothy Winegard, chercheur à l’université de Guelph (Canada), à l’origine des recherches sur la myxine. Seul problème : l’animal est difficile à élever en aquarium. Les scientifiques espèrent donc intégrer le gène impliqué dans la sécrétion de ce gel dans des bactéries pour fabriquer la fibre en laboratoire. Certaines entreprises ont déjà essayé de la synthétiser. La start-up Benthic Labs a développé un polymère biodégradable, créé à partir de composants issus de la substance gélatineuse sécrétée par la myxine. Cette matière pourrait être utilisée pour confectionner des vêtements de protection, des emballages alimentaires, des pansements. 100 fois plus fins qu’un cheveu humain, les fils qui composent cette substance gélatineuse sont 10 fois plus résistant que le nylon. Pour le Professeur Yi Cui, de l’Université de Stanford, le mucus des myxines possède des propriétés étonnantes comme celle de rafraichir le corps. Idéal donc pour réaliser des vêtements confortables au porter.

Si la production de soie de mer remonte à l’Antiquité, aujourd’hui une seule personne en détient le savoir-faire. Chiara Vigo. Pour produire ce tissu luxueux qui scintille comme de l’or, il faut récolter le byssus, ce bouquet de filaments pouvant dépasser 6 cm et secrétés par certains mollusques et qui leur permettent de s’agripper aux fonds marins. La soie marine, ou laine de poisson est secrétée par la Grande Nacre, Pinna Nobilis. Autrefois, ce mollusque était pêché pour sa chair. Mais aujourd’hui, c’est un animal protégé dont la pêche est interdite. Chiara Vigo a mis au point une méthode de récolte inédite de cette soie sans tuer le mollusque. Pour prélever ses filaments sans l’endommager, elle a étudié pendant plusieurs années les mœurs de la Grande Nacre. Plongeant de jour et de nuit, elle s’est aperçue qu’au mois de mai, le fonds marin était suffisamment mou pour permettre de détacher le mollusque. Elle pouvait ainsi prélever une partie de sa « barbe », avant de le replanter dans la vase pour que les filaments tranchés puissent reprendre leur lente croissance. Chaque coquillage donne moins de deux grammes de fibres. Le byssus est alors lavé, éclairci par un procédé chimique, puis cardé. On utilise aujourd’hui le byssus pour confectionner des gants, des bonnets, de la maille, des objets luxueux. La production de soie de mer est toujours artisanale. Mais pour combien de temps encore ?

... Il suffisait d’y penser JANVIER 2019 Interfilière Paris

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Chanvre / Ortie

Les vrais espoirs

DU CHANVRE TEXTILE

en Europe

Ce qui est sûr, c’est qu’en 1937, un an avant que DuPont de Nemours ne dépose le brevet du nylon, la Marihuana Tax est votée, pénalisant lourdement l’utilisation industrielle du chanvre.

Une fibre vertueuse

80 ans ont passé depuis la prohibition de la plante. Robuste, le chanvre textile perdure en Europe pendant la 2ème guerre. Mais il se limite à quelques toiles de tente, cordes et sacs. Tandis qu’en Chine les choses évoluent : depuis 30 ans, les Chinois, ont appris à travailler le chanvre, culture traditionnelle paysanne, en utilisant d’autres techniques de rouissage qu’en Europe (le rouissage est une étape compliquée qui permet de dissoudre la gomme qui soude les fibres de la plante par macération). Les Chinois proposent aujourd’hui des jerseys de chanvre beaucoup plus souples. Premier pays producteur de chanvre industriel avec 40 000 ha en 2014, les applications du chanvre chinois sont essentiellement textiles tandis qu’en Europe, 3ème producteur avec 14 500 ha (derrière le Canada) elles sont plus techniques : bâtiment, isolation, papier, automobile. Cette plante noble aux multiples utilisations exige peu d’eau, aucun pesticide. Peu de plantes sont aussi écologiques : elle valorise les terres appauvries et assimile le CO2 en grande quantité pendant sa croissance. Le chanvre textile, Cannabis Sativa L, est antibactérien de par ses propriétés chimiques et sa surface régulière. Ses performances en termes de transfert d’humidité et de thermorégulation sont étonnantes : il absorbe jusqu’à 7 fois son poids en eau et en rejette plus qu’il n’en capte. Antistatique, il protège des UV.

De belles promesses

Si la plupart du chanvre européen part encore dans le bâtiment, de nouvelles filières s’ouvrent dans l’alimentaire, la médecine douce et le marché de la mode. Alternative écologique indiscutable, il faut néanmoins laisser le temps à la filière textile de se mettre en place, et redynamiser la production en Europe. Si les surfaces de chanvre cultivées en Europe continuent de s’étendre et ont triplé en 4 ans selon l’EIHA (European Industrial Hemp Association), force est de constater que c’est encore le marché des matériaux qui mène la danse. Pourtant la demande de chanvre textile est là : spécialisée dans le négoce de tissus en chanvre, la société française La Cantate du Chanvre a multiplié par 10 ses ventes de produits en chanvre en 15 ans. Née en 2002, cette entreprise vient d’être rachetée en octobre 2018 par Macasports, fournisseur de tissus techniques et de tissus à valeur ajoutée pour l’événementiel, les sports artistiques, les spectacles. « Nous voulons nous démarquer avec des produits différents. L’offre de tissus écologiques correspond à notre vision. Cette nouvelle offre en chanvre complète notre offre de tissus en coton bio », explique Caroline Rousset, PDG de la société qu’elle a créée il y a 8 ans. Le chanvre reste cependant une fibre chère avec un prix 3 à 4 fois supérieur à celui d’un coton bio. Trois filatures européennes travaillent déjà le chanvre au mouillé, une technique de filature avec immersion dans l’eau à 60° et trempage qui permet d’obtenir des fils plus fins pour l’habillement. Certains filateurs se tournent vers des alternatives moins coûteuses avec des mélanges de coton bio et chanvre comme l’Espagnol Intercot qui propose plusieurs fils de Nm 5 à Nm 12. Reste encore tout un travail de marketing à faire pour redorer l’image du chanvre qui a tout pour plaire : une résistance qui empêche le vêtement de se déformer, un toucher similaire à la bourrette de soie avec une douceur qui s’accentue au fur et à mesure des lavages. ¢

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MACASPORTS

Impossible de parler du chanvre sans en référer au célèbre ouvrage de Jack Herer, « L’empereur est nu ». Ce livre-culte raconte la triste histoire du chanvre et la conspiration contre le cannabis. La campagne de diabolisation du chanvre, plante la plus cultivée au début du 20ème siècle, est menée par de puissants lobbies américains ; elle entraine la chute du chanvre textile : y a-til vraiment eu un complot au plus haut niveau du gouvernement pour promouvoir les fibres synthétiques et le nylon ?


LES FIBRES NATURELLES

Les belles promesses

CLOSE UP

D’URTICA

L’utilisation de la fibre d’ortie pour la confection de vêtements appartient à l’histoire. Elle s’est raréfiée au fil du temps pour totalement disparaitre dans les années 1920. Trois variétés d’ortie fournissent leurs fibres aux textiles : l’ortie chinoise (ramie), l’ortie népalaise, et l’ortie européenne. Maîtrisée depuis une dizaine d’années en Allemagne où des essais de semaison sont menés, elle est plantée en France depuis 3 ans grâce à une entreprise lorraine qui a fait le pari de relancer la production française.

Pierre Schmitt,

fervent défenseur de la filière textile européenne, visionnaire et dirigeant du groupe Velcorex, adhère à ce projet et le soutient ardemment au nom de l’une de ses sociétés, Emanuel Lang.

Pourquoi vous intéressez-vous à la fibre d’ortie ?

Quelles sont les perspectives de développement sur le marché textile ?

Pierre Schmitt / L’ortie est une plante libérienne qui se plait chez nous-: les fibres se trouvent donc dans l’écorce. L’ortie repousse toute seule pendant 10 ans sur le même sol. Plus elle vieillit, meilleure elle est. Elle ne consomme pas d’eau, n’a besoin ni d’engrais ni de pesticides. L’ortie fait partie de notre patrimoine, elle appartient à notre histoire textile. Elle est notre héritage. Pourquoi mépriser une plante qui a toutes les vertus ? Dont celle de nettoyer les sols et l’eau. L’ortie est nitrophile c’est-à-dire qu’elle se nourrit des nitrates. Nous sommes d’ailleurs en contact avec une l’Agence de l’eau afin de leur expliquer comment une station de dénitritation pourrait être remplacée par quelques hectares d’ortie.

P.S. / Elles sont prometteuses si on arrive à regrouper les compétences, à les motiver, et surtout à nous adapter aux matières naturelles. Nous n’allons pas changer le comportement de l’ortie. Nous maitrisons la plupart des étapes, le peignage, le cardage, le tissage. Le défibrage de la fibre reste une opération compliquée. Nous devons nous appuyer sur l’expérience des professionnels du lin par exemple, ou expérimenter d’autres techniques. Nous avons les moyens techniques : nous possédons dans la région, en Alsace, le leader de la filature longue fibre, Schlumberger. Reste à débloquer quelques verrous technologiques et à ouvrir les verrous culturels car nous sommes au centre des politiques de Responsabilité Sociétale des Entreprises.

Quelles sont les qualités de cette fibre ?

Et sur le marché de la lingerie ?

P.S. / C’est une longue fibre qui est écologique. Les fibres d’ortie donnent un fil très doux, beaucoup plus doux que le lin par exemple, et légèrement brillant. Les rubans de fibres d’ortie ressemblent à s’y méprendre à de la soie. Les tissus en fibre d’ortie sont hydrophiles, antibactériens, imputrescibles. Ces qualités intrinsèques sont très intéressantes pour l’habillement.

Peut-on réellement relancer la filière ?

P.S. / Je le crois fermement. Certes on a perdu des pans entiers de notre histoire textile et agricole en délocalisant. On les a abandonnés pour tomber dans la facilité en privilégiant les bas coûts d’un coton importé d’Asie tristement auréolé d’une production toxique. Cela a eu des effets pervers. Aujourd’hui les choses changent, les esprits sont plus ouverts, plus curieux. On prend conscience qu’il existe une filière de substitution qui ne pourra se développer sans une réelle volonté de réhabilitation de la filière. Pour cela il faut fédérer tous les acteurs de la filière en mutualisant toutes les expériences au niveau européen ou au moins au niveau français pour pouvoir atteindre une dimension industrielle. Ce n’est pas évident, car on a bel et bien perdu l’habitude de travailler en filière. Mais seule l’automatisation de la production nous permettra d’atteindre les prix du marché pour les tissus en fibre d’ortie qui sont, pour l’instant, 2 à 3 fois plus cher que le lin.

P.S. / Nous sommes les premiers aujourd’hui à proposer, pour le marché du jeanswear et du sportswear, des toiles denim 100% fibres d’ortie, en utilisant un fil nm 15. Les premiers jeans en fibres d’orties népalaises sont commercialisés sous notre nouvelle marque propre, Matières Françaises, et commercialisés dans notre boutique éponyme située à Colmar. Le marché de la lingerie a besoin de titrages plus fins, avec des fils de nm 50 pour la maille. Ceci étant, les fils d’ortie sont des fils cellulosiques qui se mélangent très bien au Tencel ou à la laine. Ces mélanges offrent des supports plus fins. Avec ses qualités soyeuses et bactéricides, l’ortie a toute sa place sur le marché de la lingerie. D’autant plus qu’il devient de plus en plus exigeant sur l’origine naturelle et écologique de ses matières.

Comment est accueillie cette fibre ?

P.S. / Le consommateur est d’abord très surpris mais aussi rassuré par les performances écologiques de l’ortie. Il montre tout de suite un grand intérêt pour cette plante qu’il connaît bien, mais autrement. Cette fibre a donc un énorme potentiel à condition que chacun se mobilise : le monde agricole, les industriels, les textiliens jusqu’aux designers. ¢

JANVIER 2019 Interfilière Paris

Sa majesté L’Ortie La littérature fait grand cas de cette plante que d’aucuns assimilent à une mauvaise herbe, urticante. Extraits de morceaux choisis : 1838 – Conte d’Andersen : Les cygnes sauvages Un roi avait onze fils et une fille, Elisa, qui vivaient heureux jusqu’à ce que leur père se remarie avec une méchante reine. La marâtre, après avoir tenté d’empoisonner la fillette, l’envoie en nourrice chez des paysans et chasse les onze princes après les avoir transformés en cygnes. Alors qu’Elisa recherche ses frères, elle rencontre la fée Morgane qui lui dit : « Tes frères pourront être délivrés, mais il te faudra du courage et de la persévérance… Vois-tu l’ortie que je tiens à la main ? Tu les cueilleras, tu les écraseras ensuite sous tes pieds pour en faire de la filasse avec laquelle tu tisseras onze tuniques à manches longues. Jette ces tuniques sur les onze cygnes sauvages, et le charme sera rompu… ». Elisa passe des nuits à tisser les manteaux avec la fibre d’ortie. Puis elle jeta les onze tuniques sur les cygnes, qui se changèrent en onze beaux princes. 1862 – Victor Hugo : Les Misérables (Première partie-: Fantine, Livre V : La descente, Chapitre 3) « Un jour il voyait des gens du pays très occupés à arracher des orties. Il regarda ce tas de plantes déracinées et déjà desséchées, et dit : C’est mort. Cela serait pourtant bon si l’on savait s’en servir. Quand l’ortie est jeune, la feuille est un légume excellent ; quand elle vieillit, elle a des filaments et des fibres comme le chanvre et le lin. La toile d’ortie vaut la toile de chanvre. .. Et que faut-il à l’ortie ? Peu de terre, nul soin, nulle culture. Seulement la graine tombe à mesure qu’elle mûrit, et est difficile à récolter. Voilà tout. Avec quelque peine qu’on prendrait, l’ortie serait utile ; on la néglige, elle devient nuisible. Alors on la tue. Que d’hommes ressemblent à l’ortie ! Il ajouta après un silence : Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs. »

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4 fibres très responsables

4 FIBRES TRÈS RESPONSABLES

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ORANGE FIBER

des vêtements durables, aussi doux que vitaminés

C’est en 2011 qu’Adriana Santanocito, native de Catane, jeune étudiante en « Fashion design & Innovative materials » à Milan, rêve d’utiliser les tonnes d’écorces d’oranges et de citrons jetées par l’industrie agroalimentaire sicilienne. Près d’un million de tonnes de sous-produits d’agrumes sont éliminés chaque année en Sicile : un coût élevé et un impact environnemental conséquent qui sensibilise aussi Enrica Arena, jeune diplômée en coopération internationale et communication. En 2013, les deux siciliennes, en collaboration avec l’Université Polytechnique de Milan, mettent au point un procédé d’extraction de la cellulose à partir du « pastazzo ». Ce procédé chimique breveté permet d’obtenir un polymère, filé par un partenaire filateur en Espagne. Après avoir fondé leur société ‘Orange Fiber’ en 2014, Adriana et Enrica ouvrent leur premier site pilote de production en 2015. En 2017, Salvatore Ferragamo lance une collection capsule « erragamo Orange Fiber Collection » : robes, chemises, pantalons et foulards sont aussi élégants que responsables. Le créateur italien est le premier à parier sur la fibre d’agrumes. Avec succès : les tissus ultralégers et impalpables offrent un toucher très proche de la soie : satin, popeline, twill déclinés en blanc naturel sont aussi faciles à teindre et imprimer que des tissus traditionnels.

Adriana et Enrica, espèrent atteindre rapidement une dimension industrielle. Avec plus de 15 millions de tonnes d’écorces d’orange jetées dans le monde, Orange Fiber a de quoi faire. A la veille de son 5ème anniversaire, la cofondatrice d’Orange Fiber, Adriana Enrica, a accordé une interview exclusive à Interfilière Paris Comment va votre toute jeune société ?

Enrica Arena / Nous allons fêter nos 5 ans le mois prochain. Nous n’avons pas perdu de temps entre la présentation de nos premiers prototypes au public en 2014, le lancement de la 1ère collection avec Salvatore Ferragamo en 2017, et aujourd’hui le développement d’une production à grande échelle. Nous travaillons dur !

Combien de tonnes de fibres produisez-vous aujourd’hui ? Quels sont vos objectifs à court terme ?

E.A. / En 2016/2017 nous avons produit 3 tonnes de fibres. Nous sommes en train de lancer une campagne de financement participatif afin d’accroitre nos capacités de production et les porter à 60 tonnes d’ici 2020.

Vous avez utilisé 400 000 tonnes d’écorces d’agrumes. Avez vous besoin de développer une plus vaste opération de collecte de déchets pour accroître votre production de matières premières ?

E.A. / Nous n’utilisons actuellement qu’une partie de la production de sous-produits disponibles en Italie, jetés lors des opérations de transformation des agrumes. Nous voulons augmenter cette part afin de pouvoir recycler de plus en plus de déchets. Nous travaillons directement avec les producteurs de jus de fruits et ils sont très partants pour nous fournir une plus grande quantité d’écorces en fonction de nos besoins.

Quel pourcentage de fibres d’orange faut-il pour fabriquer un tissu ?

E.A. / Notre première production a été testée sur un fil 100% Orange 92

Fiber mélangé à de la soie. Nous sommes arrivés à un résultat optimum avec 69% d’Orange Fiber et 31% de soie. Nous avons aussi testé d’autres mélanges. Nous sommes ouverts à tout type de développements en fonction des besoins du client.

Votre fibre offre-t-elle des opportunités développements sur le marché de la lingerie ?

de

E.A. / Nous sommes complétement convaincues des bénéfices qu’offre notre fibre très soyeuse sur le marché de la lingerie. Orange Fiber est une fibre cellulosique dont les caractéristiques propres dépendent des procédés de filature utilisés, de la composition et de la torsion du fil, et des mélanges avec d’autres fibres proposés.

Avez-vous d’autres projets de partenariat ? Qui sont vos clients actuellement ?

E.A. / Nous avons un partenariat en projet que nous devrions annoncer au printemps prochain. Nous vendons directement aux marques de mode nos tissus développés spécifiquement pour elles. Mais nous sommes en train d’étudier la possibilité de fournir notre fibre directement aux filateurs si la marque le réclame.

Orange Fiber est-elle une fibre chère ?

E.A. / C’est une fibre innovante et écologiquement durable et respectueuse de l’environnement. Il n’y a pas d’autre fibre comparable sur le marché. Compte tenu de ses qualités et de ses propriétés, nous pouvons dire que son prix est similaire à celui d’une soie de haute qualité produite en Italie. ¢


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LES FIBRES NATURELLES

DU BON LAIT

périmé dans nos armoires ! De l’attention, de la passion et des convictions : c’est ce qui a conduit la jeune et talentueuse microbiologiste allemande Anke Domaske à imaginer, mettre au point et développer une fibre innovante : QMilk. Fabriquée à partir de caséine de lait périmé, ou impropre à la consommation, QMilk apporte au marché textile une fibre douce aux multiples qualités. Elle apporte à la planète une solution très responsable.

Anke Domaske, s’est confiée à Interfilière Paris

sur l’histoire de cette fibre et sur ses perspectives de développement

Pourquoi vous êtes-vous intéressée au lait alors que la fibre de caséine existe depuis 1930 ?

Anke Domaske / Je cherchais des vêtements sans aucun produit chimique pour mon beau père. Atteint d’un cancer, son système immunitaire était très affaibli. Les protéines du lait m’intéressaient. Quand je me suis rendue compte qu’en Allemagne, les producteurs jetaient 2 millions de litres de lait non consommable, je me suis dit que la solution était là. Avec quelques amis nous avons acheté pour 200 dollars de lait et de matériel dont un grand thermomètre de confiture afin de vérifier la température de l’eau. Il fallait que le tissu ne se dissolve pas dans l’eau. Nous avons testé plus de 3000 recettes dans ma cuisine !

En quoi consiste le procédé de fabrication que vous avez mis au point ?

A.D. / Le procédé est simple et rapide : nous faisons tourner le lait afin de séparer la protéine. Nous obtenons une sorte de « cottage cheese » que l’on fait sécher. Ensuite nous introduisons dans une extrudeuse, sorte de grosse machine à spaghettis équipée d’un embout à trous ultrafins, une pâte protéinée faite de poudre et d’eau.

Ce procédé est-il totalement écologique ?

A.D. / Oui contrairement aux procédés chimiques qui jusqu’ici permettaient d’utiliser la protéine du lait. QMilk est la fibre qui possède le plus bas taux d’émission de CO2. Et elle est totalement biocompostable. En 5 mn, et avec 2 litres d’eau à 80°, on obtient 1 kg de fibres.

Quelles sont les performances de votre fibre ?

A.D. / QMilk est 100% naturelle et biocompostable. La fibre est douce et confortable, légère, non allergène, antibactérienne et anti UV. Thermorégulante, elle absorbe l’humidité et évacue la transpiration. Elle résiste très bien à la chaleur. La fibre est thermocollable.

fibres naturelles, alpaga, mérinos, coton, ou cellulosiques comme la viscose. QMilk peut être filée aussi avec des synthétiques. A terme, nous développerons des tissus en 100% QMilk.

Réussissez-vous à produire la fibre de façon industrielle ?

A.D. / Nous travaillons encore sur des projets de développement car convaincre le marché de la mode prend du temps. Les projets lancés il y a 3 ans arrivent maintenant sur le marché. Nous essayons d’augmenter la production pour l’amener à un niveau qui puisse au moins satisfaire les fortes demandes que nous avons. Nous sommes présents sur la filière du non tissé car les applications techniques sont plus rapides à être développées.

Qui sont pour l’instant vos principaux clients ?

A.D. / QMilk est utilisée dans des produits d’hygiène déjà commercialisés par la société Carezza di Latte Tenderly. Nous sommes aussi dans deux collections développées par le spécialiste de l’outdoor, Vaudé. Nous travaillons sur des projets avec le marché de la lingerie : les propriétés de notre fibre correspondent à un marché qui veut de plus en plus de matières naturelles et écologiques.

Est-ce que QMilk est une fibre chère ?

A.D. / La fibre coûte 25€ le kilo. Un prix similaire à celui de la laine ou de la soie.

Vous avez lancé votre propre collection de vêtements à base de Q Milk. Où en est cette collection ?

A.D. / Nous sommes constamment en rupture de stock. C’est une petite collection qui connait un grand succès. Nous devons absolument accroître nos capacités de production ! ¢

Comment utilisez-vous QMilk ?

A.D. / Actuellement, et pour des questions de production encore limitée, nous utilisons la fibre en mélanges avec d’autres

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4 fibres très responsables

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Une nouvelle génération

Issue de la bionique, cette discipline récente apparue dans les années 60, la technologie Umorfil® est une innovation majeure dans le monde des fibres textiles.

DE FIBRES BIONIQUES

C’est en 2012 que le groupe tawaïnais Camangi a entrepris de développer une technologie de polymérisation supramoléculaire avec une idée : amener le confort à un niveau supérieur, en proposant une nouvelle génération de fibres bioniques, des fibres fonctionnelles issues de la nature, performantes et respectueuses de l’environnement. Camangi est allé chercher dans les écailles de poisson les acides aminés marins réputés pour leurs qualités et leurs bienfaits. La technologie Umorfil® est ainsi nommée par contraction du latin ‘Umor’ (humidité) et du français ‘fil’ : elle intègre au niveau supramoléculaire le collagène des acides aminés peptides marins dans des fibres telles que la viscose. Elle permet ainsi de créer une large gamme de fibres bioniques 100% biodégradables et performantes : douceur identique à la soie, toucher similaire au cachemire, absorption des odeurs et gestion de l’humidité parfaites, très bonne protection contre les UV. Les applications sont nombreuses en maille et chaine et trame : lingerie, sous-vêtements et baselayers, mode, activewear et yogawear, jeanswear, linge de lit … Camangi décline aujourd’hui la gamme Umorfil® sur 3 bases : la fibre Umorfil® Beauty Fiber® à associer aux fibres cellulosiques comme le Tencel, et à utiliser en mélanges avec la laine, le le coton, ou des synthétiques ; le nylon N6U™ un polyamide bionique ultradoux, facile à teindre, et doté d’une très bonne solidité des couleurs, et Umorfil T®, un polyester bionique très confortable, doté d’une élongation supérieure et d’une

teinte champagne naturelle séduisante, facile à utiliser aussi en mélanges avec des fibres naturelles ou synthétiques. Présents à Interfilière, Fabtex et Sanko sont deux des nombreux partenaires de Umorfil. ¢

Une peau exceptionnelle La peau du tilapia est particulièrement riche en collagène. Sa teneur en collagène de types 1 et 3 est plus élevée que la peau humaine. Elle possède en outre un taux d’humidité important. Ces déchets de l’agroalimentaire sont, qui plus est, une ressource abondante : ce poisson d’élevage, le 2ème au niveau mondial après la carpe, est l’une des espèces les plus consommées notamment aux Etats-Unis (215 000 tonnes englouties en 2010 !). La production mondiale énorme continue de croître : selon la FAO elle devrait doubler entre 2010 et 2030 pour atteindre plus de 7,3 millions de tonnes en aquaculture.

Umorfil® n’est pas le seul à s’intéresser au tilapia. Au Brésil, un hôpital mène des essais afin d’utiliser la peau des tilapias, habituellement jetée, pour aider à la cicatrisation des grands brûlés.

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LES FIBRES NATURELLES

L’ORYLAG®

Une toute nouvelle fibre naturelle d’origine animale est arrivée discrètement sur le marché il y a quelques mois :

l’orylag®. Un lapin d’exception

ORYLAG

L’Orylag®, marque déposée en 1989, est un lapin d’exception issu d’une évolution naturelle et doté d’une croissance lente. La race d’origine a été découverte par l’Abbé Gillet, dans la Sarthe, en 1919. Aussi appelé le lapin des rois (Rex du Poitou®) pour la qualité gustative de sa viande, l’orylag® possède un duvet d’une douceur incroyable avec des poils d’une extrême finesse (moins de 13 microns) et d’une densité exceptionnelle (environ 8 000 par cm²).

Cette fibre ultrafine est issue des poils soigneusement prélevés sur un lapin très particulier plus connu sous le nom de Rex du Poitou® (marque déposée pour la commercialisation de la viande). C’est un passionné, Jean Boutteaud, aujourd’hui président de la société Orylag, qui a eu l’idée de s’intéresser au duvet de ces lapins il y a une quinzaine d’années. Extrêmement fragile, le Rex du Poitou a d’abord été au centre de travaux de recherches importants et de croisements naturels pour améliorer la résistance de la race. Aujourd’hui seuls une dizaine d’éleveurs situés en France, entre la Rochelle et Cognac, soignent, bichonnent et bercent au son de musiques classiques 60 000 animaux, chaque année. « Il y a une telle exigence de conditions d’élevage de ces animaux qui doivent grandir lentement, sans stress, qu’il m’a semblé essentiel de valoriser leur duvet, en offrant des débouchés nouveaux à ce qui est en fait un co-produit », explique Jean Boutteaud. Les premiers essais de matière ont commencé il y a un peu plus de trois ans avec GTI, un partenaire italien aussi investi que lui. Les problèmes d’accroche d’une fibre aussi fine dotée de très peu d’écailles ont compromis les 1ers essais de développement de tissus en 100% orylag®. « La fibre est tellement exceptionnelle que nous avons vite compris que 20 ou 30% d’orylag® suffisait à conférer une douceur remarquable aux tissus. Nous nous sommes orientés vers des mélanges intimes avec la soie, la laine ou le cachemire et avons réussi à proposer une quinzaine de tissus différents », explique Jean Boutteaud. Aujourd’hui c’est vers la maille qu’il se tourne avec des développements encore plus prometteurs qui séduisent les maisons de luxe, déjà conquises par les tissus chaine et trame. Si Orylag qui développe ses propres marques avec une gamme de produits, plaids, étoles, accessoires, a en exclusivité la production de fils, aujourd’hui la société se tourne vers des partenaires compétents et passionnés. « Nous avons résolu les problèmes de résistance et de peeling de la fibre qui ne bouloche pas. Les applications sont aujourd’hui multiples pour ceux qui ont un savoir-faire et qui cherchent un produit d’exception, tracé et certifié, fabriqué en France », soutient Jean Boutteaud qui se donne encore deux ou trois ans pour asseoir le développement de ce fil d’orylag®. Des essais concluants ont même été menés sur le marché du sportswear avec 5% d’orylag® seulement pour un vêtement en maille. Le prix de cette fibre d’exception se situe entre le cachemire et la vigogne. Il faut savoir sachant qu’une peau produit 40 g de poils seulement. ¢

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