2 minute read
c. Limites et critiques
from Les Silos (part1)
by Eva Aizpurua
A l’abandon, les infrastructures retrouvées sur cet ilot sont témoins qu’une activité industrielle s’exerçait en ces lieux. Mais en Belgique, le patrimoine industriel n’est pas vu comme un potentiel exploitable, les propriétaires et investisseurs préfèrent la démolition à la réutilisation car celle-ci est souvent aussi coûteuse (voir moins) que la restauration de l’édifice. Avec le projet Kanaal, les Vervoordt font le pari d’y réaliser un projet viable et utilisent le patrimoine industriel comme base architecturale. Pour faire un projet viable ils imaginent une mini ville autonome au sein d’un seul ilot, avec des services qui serviraient de locomotive financière pour couvrir les frais de restauration. Part ailleurs c’est le côté historique qui a touché les artistes, spécifiant que ces édifices ont des âmes, et qu’ils seront attractifs pour un certain public. Parce qu’il est rare de trouver des exemples de projet de réhabilitation de friches industrielles en Belgique, et parce que ce qui est rare est précieux, la famille Vervoordt a misé sur ce projet.
L’opération Kanaal fonctionne aujourd’hui très bien au point qu’elle a lancé une nouvelle tendance : elle a permis d’ouvrir les yeux sur les gains de la transformation et la réutilisation du patrimoine industriel.
Advertisement
La stratégie de restructuration urbaine à l’échelle d’un ilot peut sembler être un choix particulier et les marchands d’art expliquent pourquoi ils ont choisi de rendre autonome une surface à une échelle
si petite :
“De manière générale, nous pensons que l’idée de densifier au lieu d’étaler, de faire vivre plus de personnes dans les villes existantes et de transformer les bâtiments existants pour cette stratégie est d’une importance essentielle pour notre époque.” 10
La famille Vervoordt interprète le XIXème siècle comme une société de proximité, efficacité, instantanée. Aujourd’hui il est pratique et préférable d’avoir n’importe quel service à proximité, atout qui a su profiter aux personnes concernées lors de la crise récente : pandémie mondiale du covid 2019.
La proposition de Stéphane Beel est une façon intéressante de remettre en question de modes d’habiter. Il propose par exemple l’association obligatoire d’une salle de bain avec une chambre ou encore comme on peut le voir dans les plans, 4 unités (3 silos d’origine et 1 tour carrée) pour un ménage de 4 personnes, soit 188 m2 pour 4 personnes (47m2 x 4). Cette proposition transgresse les normes dimensionnelles du logement standard tel que nous le connaissons car un ménage de 4 personnes loge habituellement dans un T4 avoisinant les 82m2. L’architecte propose alors des espaces plus généreux, mais à quel prix ? (Figure 30)
Enfin, dans ce cas spécifique la surface des façades est gigantesque. Comme tout matériaux dans un bâtiment, la façade a un poids carbone et émet du CO2. Nous savons aujourd’hui que certaines typologies de façades améliorent l’impact carbone, et ce choix devrait donc dicter celui de l’apparence et de la forme, ici nous sommes dans des cas de réhabilitation de façades en béton. Si le choix des matériaux est déjà réalisé, nous pouvons agir sur la forme. Il est facile d’apprécier le poids carbone d’un bâtiment simplement en regardant sa façade et sa forme : ses matériaux, sa complexité ou sa compacité sont en corrélation stricte avec son impact. De plus nous savons que les façades vitrées sont des points faibles en terme d’impacts, et ce tant en raison des déperditions d’énergie