Bolivia: Sajama & Illimani (light)

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un pays au(x) sommet(s) Quand, comme moi, vous souhaitez faire un jour l’ascension d’un sommet de 7000 m, cela nécessite un peu d’entraînement et d’expérience (pour la technique, ne comptez pas sur moi). L’ascension de l’Island Peak (6189 m) et du Mera Peak (6476 m) au Népal en octobre 2012 n’étaient donc qu’une première étape sur ce difficile chemin. Il fallait donc aller un peu plus haut. Et c’est Nicolas, un copain avec qui j’ai voyagé au Pérou et au Pakistan qui m’a donné ce conseil : « je reviens de Bolivie, où j’ai fait deux jolis sommets, le Sajama et l’Illimani, ils devraient te plaire et qui ne sont pas trop durs techniquement ». Pour tout dire, après avoir vu le tracé et quelques photos j’étais moyennement intéressé. Mais j’y suis allé au moins pour voir et parfaire mon acclimatation à l’altitude. Au final, je crois que j’avais sous-estimé ce pays encore méconnu des touristes qui recèle des paysages grandioses et magnifiques : le Salar d’Uyuni, le lac de Macaya avec ses flamands roses et ses volcans en arrière-plan, la vue du Condoriri depuis le Pico Austria pour n’en citer que quelquesuns. Et encore, nous n’avons pas visité l’Amazonie… Les sommets, eux, sont aussi d’une beauté à couper le souffle, avec une mention spéciale pour celui de l’Illimani où l’on domine les nuages au-dessus de l’Amazonie. Et puis comment ne pas citer aussi nos guides de montagne, Juancho, William, Hector et les autres, nos cuisinières, Anna Maria et Alejandra, qui nous ont suivi jusqu’à plus de 5700 m pour y faire fondre la neige et préparer les repas, à 16h comme à 1h du matin, même sous le vent. Enfin, mention spéciale à Sami notre guide et son oncle, Oscar, le patron de Colibri, qui nous a toujours accueilli les bras ouverts. J’espère que ce nouveau récit vous permettra de mieux apprécier ce pays et ses hommes (et femmes) qui le méritent. Bonne lecture Fabrice


étape 1

découverte de La Paz, île du Soleil et Lac Titicaca lundi 2 septembre : après plus de seize heures de vol et une longue escale de huit heures à Miami, nous voici enfin arrivés à l'aéroport de La Paz, l’un des plus hauts au monde (4000 m). Nous y sommes accueillis par Oscar Sainz, le patron de Colibri Adventures (le relais local de notre agence de trek, Allibert). A la sortie du bâtiment, il fait un froid de canard, mais le ciel est entièrement dégagé et l'on voit nettement apparaître le Huayna Potosi, un joli 6000 m, dont la cîme enneigée apparaît progressivement avec le lever du soleil (il n'est que 7h du matin). Seuls une quinzaine de kilomètres nous séparent du centre de La Paz, mais nous devons toutefois descendre de près de 400 m, car la ville est située dans une sorte de grande cuvette entièrement tapissée de maisons et d'immeubles de briques et de béton, mais dans une certaine harmonie. Nous y faisons à peine attention, préférant regarder au loin les cimes enneigées de l'Illimani, qui culminent à plus de 6000 m. Mais ça, ce sera pour dans une dizaine de jours… En attendant, nous allons surtout nous installer à l'hôtel avant de découvrir le centre-ville à pieds. A 11h, le petit groupe de huit se réunit pour la première fois dans le hall (Romain, Pierre, Laurent, Aurore, Alain et moi, plus un couple de seniors, Guy et Hélène). Tout le monde a l'air plutôt bien entraîné et habitué à ce type de voyage, puisque la plupart d'entre nous est déjà allée au-delà des 5000 m. Pierre et Aurore, eux, ont déjà quasiment atteint la barre des 7000 m, avec l'Aconcagua, le plus haut sommet d'Amérique latine (6959 m). Nous faisons aussi connaissance avec Sami, jeune guide-accompagnateur local francophone de 29 ans qui nous accompagnera tout le long de ce périple de trois semaines. Après ces rapides présentations, nous quittons l'hôtel El Dorado pour aller vers le centre-ville historique, en remontant le long de la grande avenue principale, le Prado, bordée de gratte ciels, de restaurants et de magasins (mais aucune marque internationale). Au milieu d'une foule assez dense, on distingue nettement les lustrabotas (cireurs de chaussures), qui portent tous sur le visage une cagoule de ski et une casquette de base-ball enfoncée jusqu'aux yeux, pour éviter d'être reconnus. En effet, certains d'entre eux sont des étudiants qui font ce job pour payer leurs études. En moyenne, chacun gagne 2 à 3 bolivianos (30 centimes d'euros) par client. Mais ce qui étonne le plus ici, c'est de voir au milieu des filles en jeans moulants un certain nombre de femmes en tenue traditionnelle avec leur borsalino qu'on penserait ne voir que dans des documentaires. En fait, depuis l'élection d'Evo Morales en 2005, le pays traverse une révolution avec le retour des valeurs indigènes. Parmi ces manifestations, le retour du modèle de la chola, la femme quechua ou aymara vivant en ville mais portant le costume traditionnel. Ces cholitas, comme on les appelle plus affectueusement ici, sont facilement reconnaissables grâce à leur pollera, une jupe qui se compose de plusieurs bandes de tissu, portées par dessus de multiples jupons. Leur tenue se compose aussi de la traditionnelle blouse et bien entendu du célèbre chapeau melon (bombín), qui est posé juste en équilibre, sans aiguille. Concernant les comportements dans la rue, une curiosité : si à Paris les piétons marchent vite, ici ils … courent ! Et tant le matin pour aller au boulot, que le soir pour revenir à la maison.





Après avoir rejoint la place San Francisco, nous passons devant la cathédrale éponyme et remontons la rue Sagarnaga, qui marque le début du quartier à touristes (agences de trek, boutiques…). La pente est un peu rude, ce qui fait qu'on s'essouffle vite, nous rappelant ainsi que nous sommes quand même à 3700 m d'altitude. Il faut donc y aller doucement. Heureusement, l'effort est court car nous nous arrêtons au bout de 200 m pour aller dans une gargote à touristes pour le déjeuner (almuerzo). Au menu, la fameuse soupe de chuño (pommes de terre déshydratées) et du steak de lama, arrosés de la bière locale, la Huari, fabriquée à La Paz. Après le repas, nous remontons un peu jusqu'à l'Avenida Illampu, où l'on trouve quelques hôtels et une bonne douzaine de magasins de matériel de montagne, un peu comme à Katmandou. Ce sont d’ailleurs souvent des copies, mais de bonne facture et à des prix intéressants : pantalons de trek à 20€, ponchos à 2€, et des thermos d'1 litre, vendues seulement 8€ ici (et elles ont d'ailleurs bien tenu le coup). Après les achats, nous redescendons rue Linares où, au milieu des boutiques d'artisanat, nous tombons sur de drôles de devantures qui proposent des foetus de lamas ! Bienvenue au mercado de las brujas, autrement dit le marché aux sorcières. Ici, on trouve des remèdes traditionnels comme la fameuse maca, des amulettes, et toutes sortes de potions étranges ou amusantes comme des philtres d'amour et autres excitants sexuels… Au fait, les foetus de lamas sont enterrés sous la première pierre d'une maison en guise de cha''lla (offrande) à la Pachamama (la terre-mère) pour qu'elle vous protège. Nous continuons notre ballade à pied en repassant de l'autre côté du Prado, sur la place Murillo, où se trouvent le palais présidentiel, le palais législatif et la cathédrale. Ce qui étonne le plus ici, c'est de voir deux soldats en uniforme qui semblent tout droits sortis du XIXè siècle monter la garde devant le tombeau du troisième président bolivien, José María Pérez de Urdininea. Autre curiosité : nous voyons côte à côte le drapeau bolivien et le fameux wiphala, le drapeau à damiers multicolores aux couleurs de l'arc-en-ciel qui représente les peuples andins et leur unification. Après cette courte visite, nous prenons un minibus en direction du sud de la ville, vers les quartiers huppés où l'on aperçoit de belles maisons à l'américaine. Puis nous remontons sur les hauteurs de la ville jusqu'à la Valle de las Animas, une étonnante vallée dans laquelle l'érosion a sculpté des tuyaux d'orgues de plusieurs dizaines de mètres de haut, des piliers et des ravines. Petite marche de décrassage d'une demi-heure jusqu'à un belvédère d'où nous avons une belle vue sur la capitale. Nous rentrons à l'hôtel, avant d'aller dîner dans un resto local (on mange ici un plat principal et une bière pour 8€).



mardi 3 septembre : nous partons en mini bus privé, les sacs chargés et sanglés sur le toit, en direction de Tiwanaku, à 75 km de route de la capitale. Mais il faut avant cela franchir les nombreux embouteillages, d'abord pour sortir de La Paz, puis d’El Alto (sur le plateau à 4000 m), une ancienne banlieue de la capitale devenue une cité à part entière et qui est désormais presque aussi grande et peuplée que sa "cousine". Il faut dire qu'ici les rues sont encombrées par des dizaines de trufis, ces taxis collectifs qui s'arrêtent un peu n'importe où pour prendre des voyageurs. Au total, il nous faudra plus d’une heure et demie pour sortir de ce chaos urbain et rejoindre une longue route déserte (parfois mauvaise piste), dans un environnement de steppe très sèche, avec en toile de fond la Cordillère Royale, où nous irons marcher dans trois jours. Nous prenons conscience du grand nombre de postes de péages, que nous rencontrerons aussi plus tard sur les chemins piétons (nombreuses entrées-sorties de sites ou "communes" payants, mais avec tarifs unitaires très modestes). Beaucoup de maisons sont bâties en briques sur le même modèle (petites et étroites, avec encorbellement) et souvent inachevées. Vers 10h, nous arrivons enfin sur l'énigmatique site de Tiwanaku (en aymara, Tihuanaco en espagnol), une cité pré-incaïque construite il y a plus de mille ans par la civilisation éponyme. Cette dernière, née il y a plus de vingt cinq siècles a dominé toute la région andine —sur des territoires désormais boliviens, chiliens et péruviens— avant de disparaître mystérieusement vers 1200 (arrivée des Incas). Son principal centre religieux était donc cette ville, qui aurait abrité jusqu'à 40 000 habitants selon les sources (les historiens ont plus de doute en revanche pour savoir si c'était aussi sa capitale). Pour l'heure, le site ressemble surtout à un vaste champ de ruines qui a été en plus largement pillé par les Espagnols et autres chercheurs de trésors. Heureusement, certaines pièces maîtresses ont été sauvées, mais la plupart ont été disséminées dans différents musées à travers le pays, ce qui fait que les visites sont plus symboliques qu'autre chose. On peut quand même voir quelques objets intéressants au centre des visiteurs, ainsi qu'un énorme monolithe gravé de la Pachamama. C'est en rentrant véritablement dans l'enceinte du site archéologique en plein air que la visite devient intéressante, avec notamment la pyramide en gradins à sept niveaux d'Akapana. Mais les deux plus beaux édifices sont le temple semi-subterraneo (semisouterrain), une fosse acoustique en grès rouge où sont gravés 175 visages, et le Kalasasaya. Celle-ci est une plate forme partiellement reconstruite de plus de 130 m de côté, dont les murs sont faits d'énormes blocs de grès rouge et d'andésite de plusieurs...


… tonnes qui sont parfaitement ajustés (comme ceux des monuments incas, construits plus tard), mais toujours à angles droits (les incas ont des angles variés). A noter de beaux alignements, mais une direction pas tout à fait Nord-Sud qui suggère qu'à l'époque la terre aurait eu un angle un peu différent par rapport au soleil. Après le repas à côté du site, nous repartons en direction d’El Alto, mais bifurquons à Laja pour prendre la direction du célèbre lac Titicaca, berceau de la civilisation andine, dont les 8450 km2 d’eau bleu turquoise offrent, entre Pérou et Bolivie, un spectacle unique. Je me rappelle bien de cet endroit pour y être allé il y a une dizaine d'année, au moment de mon premier voyage au Pérou, et j'en garde un très bon souvenir (nous étions allés sur les îles flottantes Uros, et avions dormi sur l'ile d'Amantani dans une famille). Après 35 km d'une longue route droite (après Laja), nous apercevons enfin à notre gauche ces fameuses eaux turquoise qui scintillent par moments sous les rayons du soleil. Puis la route serpente sur les collines herbeuses et desséchées jusqu'au petit village de Tiquina pour traverser (bac) le détroit large de 500 mètres. Les boliviens auraient pu construire un pont, mais on sent bien l'aubaine d'une telle situation, qui crée une vraie rente pour ses habitants. Il nous faut quarante cinq minutes supplémentaires pour atteindre la jolie petite cité balnéaire au nom évocateur de Copacabana, nichée entre une demi-douzaine de collines. Nous nous installons rapidement à l’hôtel Perla del Lago (la perle du lac), avant de repartir à l’assaut du Cerro Calvario (3966 m) où est érigé un calvaire qui domine les eaux du lac, et depuis lequel nous allons admirer le coucher de soleil. C’est donc l’occasion d’un premier décrassage (20 minutes de montée) et surtout de voir un superbe coucher de soleil sur l’un des lacs les plus hauts (3800m) et les plus célèbres du monde. Nous rentrons à l’hôtel un peu essoufflés, avant de repartir cette fois en direction du port, où l’on croise de nombreux restaurants à touristes… qui font un peu penser à Thamel, le célèbre quartier touristique de Katmandou (Népal).


mercredi 4 septembre : après avoir englouti un petit déjeuner frugal, nous nous dirigeons vers la grande cathédrale de la cité où se trouve la Vierge Noire, sainte patronne de la Bolivie. Direction ensuite l’embarcadère, en passant par de petites ruelles où des dizaines de femmes aymara sont sagement alignées pour vendre leur maigre récolte. Leur étalage se résume en général à quelques petits tas de fruits et légumes. Parmi eux, essentiellement des papas (pommes de terres) de toutes les formes et couleurs, certaines ressemblant même à de grosses chenilles informes. On aperçoit également le chuño, cette petite pomme de terre noire déshydratée, produite sur les hauts plateaux andins. Pour l’obtenir, il faut respecter un cycle d'expositions au gel et au soleil durant plusieurs jours qui permettent ainsi de leur faire perdre toute leur eau et, ainsi, de pouvoir les stocker pendant de nombreux mois. Il faut dire que la Bolivie (et la zone andine en général) compte autant de variétés de pommes de terre que la France de fromages, comme nous le fait remarquer Sami. A 9h15, nous rejoignons le port d’hier, mais cette fois-ci pour embarquer sur une petite navette fluviale qui, en une heure et demie, nous emmène jusqu’au nord de l’ile du Soleil (Isla del Sol). L’endroit paraît paisible et idyllique avec ses petites baraques de pêcheurs posées au bord de la plage. Après une rapide visite du petit musée de l’or, nous longeons la plage avant de remonter sur un chemin à flanc de colline bien tracé qui serpente au milieu de quelques maisons isolées et de terrasses ensoleillées où paissent quelques vaches. En moins d’une heure, nous arrivons jusqu’à la pointe de l’île. Nous en profitons pour manger un morceau face à une superbe crique en contrebas, et face à l’immensité du lac, qu’effleurent seulement certains îlots. De l'autre côté, c'est le Pérou. Nous repartons vers 13h jusqu’au labyrinthe, le Chinkana, un ensemble de ruines incas (avec, à côté, table des sacrifices, et images rocheuses du Puma et de Viracocha, un demi-dieu Tiwanaku), avant de reprendre un long chemin qui serpente en haut de la crête principale. Nous mettons un peu moins de trois heures pour faire les huit kilomètres qui nous séparent de Yumani, une petite communauté qui a multiplié les lodges ces dernières années grâce au tourisme. Nous ne restons pas dans ce village, mais continuons sur un petit chemin à flanc de colline pour aller dans un lodge à l'écart, agréable et coquet situé au-dessus d'une petite crique abandonnée, avec vue imprenable sur le lac et la Cordillère Royale.



jeudi 5 septembre : après un lever de soleil magnifique sur le lac, et la visite insolite d'un colibri dans la salle commune, nous partons sur le même bateau à moteur que la veille, pour l’île de la Lune (selon la légende, c'est sur cet îlot que Viracocha ordonna à la Lune de l'élever dans le ciel). Une demi-heure de trajet pour y visiter en moitié moins de temps les ruines du Temple de la Vierge (Esmeralda), un site Tiwanaku du Vè siècle repris par les Incas vers 1400. Nous reprenons la vedette pour aller à Yampupata, où nous attend Don René, le père de Sami, pour nous reconduire à Copacabana. Après Batallas, nous poursuivons sur la nationale 2, puis bifurquons à gauche. C'est là que nous attendent trois 4x4 avec les affaires de trek. Mais nous faisons surtout connaissance avec nos deux cuisinières, Anna Maria et Alejandra. L’une d'elles est une cholita (elle ne porte pas le borsalino, mais les deux longues tresses, jointes par un pompon de laine noire, appelé pocacha). Tout au long de nos étapes elles nous assureront une cuisine équilibrée, souvent chaude (même à haute altitude), proche de nos habitudes occidentales et néanmoins typée par l'usage de produits locaux (poulets, truites, légumes, patates, salades, fruits, etc.). Après le repas (chaud, avec tables et sièges, en plein air), nous prenons une piste très accidentée qui remonte en une heure environ vers le lac Khara Khota où nous installons notre premier camp. Le site est joli mais la propreté est limite. Nous serons d'ailleurs un peu déçu par ce défaut assez récurrent sur la plupart des camps, mal nettoyés au départ de groupes précédents (nos Boliviens semblent faire plus attention, et nous essayons de faire de même). Le ciel est devenu très nuageux, mais pas menaçant, ce qui est déjà une chance. En revanche, il ne fait pas très chaud (4-5°C probablement) et chacun rentre donc vite dans sa tente. Demain verra le véritable coup d'envoi du voyage sportif, avec le début du trek d’acclimatation.



étape 2

trek dans la Cordillère Royale, ascension du Pequeño Alpamayo Vendredi 6 septembre : officiellement, le petit déjeuner de ce premier matin de trek est fixé à 7h30. Mais, sans surprise, toutes les tentes sont réveillées une heure avant, en même temps que le soleil. Dehors il gèle, mais les nuages de la veille se sont enfin dissipés durant la nuit et laissent désormais place à un magnifique ciel bleu de carte postale. Malheureusement, les rayons de l’astre ne viendront nous réchauffer que vers 8h, alors que nos tentes et nos duvets sont déjà rangés ! Nous partons à 8h30, juste après l’arrivée des douze mules et des trois muletiers qui viennent charger nos sacs et le matériel de camping et de cuisine. La randonnée débute sur un chemin bien tracé qui s’élève doucement sur le versant qui domine le lac Khara Kkota. La pente se redresse finalement et au bout de deux heures de marche environ, nous passons sur le col de Catanani, à 4800 m. Sans gros effort, nous nous sommes ainsi hissés à la même hauteur que le sommet du Mont Blanc ! Mais ici, rien à voir avec le paysage du Toit de l’Europe : une longue lande désertique jonchée de pierres, avec une vue à des dizaines de kilomètres alentour, dont le lac Titicaca où nous étions hier. En revanche, le vent souffle fort et nous oblige à redescendre assez vite pour faire une pause à l’abri. Vers midi, nous arrivons dans la prairie de Witilla Pata, à 4600 m, où nous mangeons. D’ici, la vue est magnifique avec derrière nous le lac Allkakkata, niché au pied de jolis sommets déjà un peu enneigés, et devant nous une longue vallée marécageuse qui débouche sur deux petits lacs de montagne. Après manger, nous remontons la pente en marchant au milieu des buissons et dans les cailloux pour rejoindre notre campement sur les rives du petit lac Ajwani, niché à 4600 m, au cœur d’un cirque de hautes montagnes. La bonne surprise, c’est que nous ne dormirons pas en tente cette nuit, mais dans un grand bâtiment longiligne d’une centaine de mètres de long. C’est en fait un refuge (non gardé) offert il y a quelques années par le président Evo Morales aux locaux (mais jamais entretenu depuis). Chaque binôme peut ainsi disposer d’une chambre (qui se résume toutefois à un parquet en bois sur lequel on dort à même le sol). Nous disposons également d’une immense salle à manger qui ressemble presque à une cathédrale, tandis que nos cuisinières vont pouvoir disposer d’une vraie pièce. Comble du luxe, il y a même des "baños" au fond du jardin. Mais comme souvent, chacun va où il veut… Comme il n’est que 14h30, nous en profitons pour faire un brin de toilette sur l’une des rives du lac, le soleil et le vent accélérant le séchage rapide. Chacun vaque ensuite à ses occupations, qu’il s’agisse d’écrire son journal de bord, de lire un bouquin, ou de se promener aux alentours. Nous prenons le goûter à 16h, et comme il commence à faire froid dehors, la plupart d’entre nous restent à table pour jouer aux cartes en attendant le dîner, servi vers 19h. De mon côté, je fais un petit tour et parle un peu avec un jeune couple de français et leurs deux très jeunes filles qui occupent deux chambres à côté des nôtres. Ils parcourent l’Amérique latine durant un an, et ont notamment décidé de faire le petit trek de la Cordillère Royale, comme nous.



samedi 7 septembre : surprise au petit-déjeuner, car pour l’anniversaire d’Hélène, nos deux cuisinières ont concocté un petit gâteau avec une bougie. C’est une surprise pour elle, mais un peu moins pour nous, car Aurore a gentiment vendu la mèche la veille. Le rituel sera d’ailleurs le même le lendemain pour l’anniversaire de Guy, le mari d’Hélène, qui fêtera ses 73 ans. Au programme de cette deuxième matinée, une courte marche d’environ 3h mais une superbe étape de montagne, avec la traversée du col Janchallani (4900 m). Ici, le paysage change et on se croirait sur une surface lunaire, abandonnée, mais magnifique. Nous profitons aussi de notre avance pour grimper un peu plus haut et atteindre pour la première fois les 5000 m, avec une vue à 360° sur l’altiplano et les sommets de la Cordillère Royale (qui compte quand même 600 sommets de plus de 5000 m). La descente s’effectue sur une pente moyenne, mais assez glissante à cause des petits cailloux, ce qui oblige à être très attentif pour ne pas glisser. Nous nous arrêtons en contrebas, au pied des lacs Sisthañas, où paissent une douzaine de lamas. Loin de s’enfuir, ces derniers nous regardent avec curiosité pointant vers nous leurs amusantes oreilles recourbées, et prennent simplement la pose pour les photos (avant de replonger pour dévorer les rares touffes d’herbes qui poussent ici). Rien de tel après un bon repas chaud qu’une petite montée de 300 m jusqu’au paso Jurikhota, situé à 4900 m. Ici, les organismes souffrent un peu plus, car le chemin monte plus vite et parce que le vent souffle déjà beaucoup plus fort. Au col, il faut donc s’abriter et remettre la goretex en attendant les retardataires. Par contre, nous avons de la chance car le ciel est d’un bleu magnifique et on distingue déjà au loin le Condoriri (5648 m), que nous verrons encore mieux par la suite. Après le col, nous passons sur une bande de neige qui traverse une pente en dévers. La descente jusqu’au camp, 200 m plus bas se fait dans un pierrier que tout le monde descend à vive allure. Au début, chacun est un peu réticent à cause des genoux, mais ensuite, quel plaisir de dévaler cette pente raide en plantant bien les talons ! Nous installons une nouvelle fois le camp au pied d’un lac, le lago Jurikhota, niché à 4700 m. Petit brin de toilette, goûter, jeu de cartes, dîner, tasses de maté de coca et au lit vers 20h. Nous apprécions la tente-mess qui nous protège du froid vif.







dimanche 8 septembre : nous commençons cette courte journée de marche en longeant le lago Jurikhota pour atteindre la moraine, que nous remontons ensuite jusqu’à 5000 m. De là, nous apercevons une enfilade de sommets enneigés aux pieds desquels se trouve un joli petit lac aux reflets bleu vert. Après un petit passage délicat de 50 mètres où il faut s’aider de ses bras et où le faux pas n’est pas permis, nous rejoignons le chemin caillouteux qui nous mène au paso Apacheta (5150 m). Comme il n’est que 11h, la plupart d’entre nous décidons de grimper au Pico Austria, juché à 5350 m, via un chemin caillouteux. Celui-ci devient assez aérien vers la fin, mais cela en vaut la peine car, du promontoire final, nous avons une vue à 360° avec d’un côté les grandes étendues désertiques de l’altiplano bolivien et, de l’autre, la chaîne du Condoriri (5648 m). La descente est un vrai régal, car nous pouvons courir tout droit dans le pierrier. Après avoir récupéré Aurore et Guy au col, nous descendons les pentes caillouteuses, puis herbeuses, de la montagne pour rejoindre le camp de base du Condoriri, au pied de la laguna Chiarkhota (4660 m). Les muletiers ont déjà dressé le campement et la tente mess, où nous pouvons déjeuner immédiatement (et surtout beaucoup boire pour éviter le mal de montagne). Dehors, le ciel est d’un bleu pur sans nuage, ce qui nous permet de distinguer au loin la longue rampe glaciaire qui nous amènera au pied du sommet. Après le déjeuner, Sami nous annonce qu’il nous quitte pour nous laisser entre les mains de quatre guides de montagnes locaux : Juancho (le boss), Victor, William et Ismael. Nous sommes un peu étonnés de ce départ, car aucun des guides ne parle le français ! Alain et moi assurons donc bon gré mal gré de traduire les propos de Juancho, en particulier pendant les exercices de manipulation de cordes et de matériel, qui ont lieu à 16h. Nous espérons tous qu’il n’y a aura pas d’impondérables demain en montagne, car nous en serons alors plus forcément ensemble. En fin d’après-midi, le beau ciel bleu à laissé place au grésil, qui s’abat de plus en plus sur le campement, et un vent qui souffle de plus en plus fort. Comme à chaque fois dans ces moments-là, chacun s’essaie au petit jeu des pronostics, espérant bien entendu qu’on puisse partir demain. Vers 18h, au moment du souper, tout est encore incertain, et on essaie de blaguer sur le fait que si l’on ne part pas, au moins on pourra dormir… en espérant secrètement que ça n’arrivera pas. Juancho, lui, nous rejoint à la fin du repas, mais ne nous en dit pas plus. Il maintient juste le réveil à 1h du matin, en précisant que la décision sera prise à ce moment-là. Chacun croise donc les doigts.



lundi 9 septembre : après une nuit agitée pour beaucoup, lever à 1h du matin sous un ciel étoilé désormais entièrement dégagé. Chacun peut donc s'activer pendant que nos cuisinières préparent omelettes, thé et eau chaude pour les thermos. Nous partons à 2h, en file indienne, pour une marche de nuit à la frontale, avec nos grosses chaussures, sur un chemin mal tracé. Nous arrivons au pied du glacier 1h15 plus tard et y chaussons enfin les crampons. Les cordées se font en fonction du temps mis par chacun pour attacher ses crampons, ce qui fait qu’Alain et Romain sont avec Ismaël, Victor prend Guy et Hélène, William s’encorde avec Aurore et Laurent. Pierre et moi partons les derniers, mais avec Juancho comme guide, ce qui me convient donc parfaitement côté sécurité. La première partie de l’ascension est une longue rampe relativement facile à monter. Nous en profitons pour doubler Aurore et Laurent, et revenir au niveau de Guy et Hélène. Devant, Ismaël, Romain et Alain ont pris pas mal d’avance. Mais nous les rattrapons, car Juancho est le seul à véritablement connaître la bonne voie à emprunter au milieu des crevasses. Du coup, cela nous oblige à quelques accélérations qui font vite monter les pulsations cardiaques. Mais l’acclimatation a été bonne et les organismes tiennent le coup. Peu à peu, les trois premiers groupes passent un dernier ressaut, une petite crevasse et atteignent une petite crête qui fait face au sommet du Tarija. Il est 6h. Le soleil commence à se lever, mais les nuages aussi, ce qui gâche un peu tout. En outre, nous devons attendre la cordée d’Aurore et de Laurent dans le froid. Alors que nous mangeons un peu et buvons une tasse de thé chaud, le vent pousse soudainement les nuages et laisse apparaître le Tarija à quelques mètres à notre gauche, ainsi que l’arête « samivélienne » du Pequeño Alpamayo juste derrière (du nom du dessinateur et alpiniste français Samivel, qui dessinait des montagnes pointues). La vue est proprement hallucinante, et je me dépêche donc de sortir mon appareil photo pour prendre un cliché, même s’il doit être raté.



A ce moment, je me dis que l’ascension du Pequeño Alpamayo risque d’être une sacrée paire de manche, car la pente de 200 m de dénivelée en face de nous a une inclinaison de 40-50° par endroits, qui plus est sur une distance assez courte. Mais il est trop tard pour reculer. Une fois Aurore et Laurent arrivés, nous rejoignons en quelques enjambées le sommet du Tarija (5250 m) à notre gauche. Nous devons ensuite descendre de l’autre côté sur 50 m de dénivelée un versant exposé à fleur de rocher, toujours en crampons. Cela ressemble à peu de choses près à la descente sous le refuge du Goûter (Mont-Blanc), mais avec le vide en dessous. Heureusement, chacun reste vigilant et la corde reste bien tendue pour éviter tout risque de chute. Une fois au pied du Tarija, nous longeons une arête de neige d’une cinquantaine de mètres qui mène directement au pied du Pequeño Alpamayo. A ce moment-là, le brouillard est de plus en plus épais. Juancho nous laisse, Pierre et moi, et part poser une corde fixe d’une centaine de mètres un peu plus haut. Chacun peut ainsi progresser plus vite, tout en minimisant les risques de chutes. Il faut dire que sur cette portion, la pente avoisine les 40-50° et juste à droite, c’est le vide. Juancho nous récupère en haut et nous progressons sur le dernier ressaut, jusqu’ au sommet, où viennent d'arriver Guy et Hélène, puis Romain et Alain, suivis une dizaine de minutes plus tard par Laurent et une Aurore qui n’est pas au mieux de sa forme. Au moment de les prendre en photos, les sourires sont crispés, mais la joie est quand même présente. Mission accomplie donc, malgré un sommet complètement dans la brume. Le chemin retour passe par la même voie, à la différence que Juancho doit enlever les cordes, ce qui fait que je me retrouve dans une cordée à quatre avec Guy, Hélène et Victor. Le rythme est donc plus lent, mais cela ne me déplaît pas du tout, car je peux prendre plus de photos et profiter de l’atmosphère féérique du lieu. En effet, le brouillard tend à se lever progressivement, dévoilant çà et là quelques pans de montagnes, des morceaux de glacier, donnant ainsi un caractère plus envoutant et mystérieux à ce lieu en général très couru par les alpinistes.




La remontée du Tarija à fleur de roche reste toujours périlleuse et source d’essoufflement vu l’altitude, mais se passe sans encombre. A 9h tout le monde se retrouve sur l’arête au pied du sommet pour prendre une dernière tasse de thé, avant la redescente du glacier jusqu’au chemin initial, qui dure une heure, avec une vue superbe sur le camp de base et ses alentours. Il faut dire en effet qu’au fur et à mesure de la descente, le ciel s’est dégagé et le Pequeño Alpamayo est désormais en plein soleil. A une heure près, nous aurions eu la plus belle photo du trek. Mais tant pis, au moins nous avons réussi notre premier objectif, et c’est là l’essentiel. A 10h45, après un plus de trois quart d’heure de marche, nous rejoignons enfin le camp de base, après donc près de neuf heures d’efforts. Anna Maria et Alejandra nous félicitent. En attendant les autres, nous commençons à faire sécher nos affaires, prendre un sandwich. Une bonne soupe nous est servie vers 11h. Deux heures plus tard, les sacs, les duvets sont rangés et tout le campement est démonté. Nous redescendons tranquillement à pied jusqu’au mini-van, pour un transfert de deux heures jusqu’à La Paz. Durant cette marche, impossible de ne pas se retourner et prendre en photo la vallée que nous quittons où trône majestueusement le Condoriri et quelques séracs vertigineux. Mais déjà, nos pensées vont vers la douche que nous allons enfin prendre à l’hôtel.

Redescente du glacier. Il reste ensuite 45 minutes pour atteindre le campement au pied du lac


étape 3

ascension du Nevado Illimani (6462 m) mercredi 11 septembre : après une bonne journée de shopping et de repos à La Paz, tout le monde est frais, dispos et bien reposé. Et cela vaut mieux, car les choses plus sérieuses vont commencer avec l’ascension de l’Illimani, ce géant de 6462 m qui surplombe La Paz. Ce sommet (en fait quatre) a été vaincu pour la première fois le 9 septembre 1898 par une expédition conduite par Sir William Martin Conway, l’un des premiers alpinistes du XIX° siècle. Cette montagne est considérée comme la « sentinelle » et le symbole de La Paz (on retrouve même sa silhouette sur les sacs de ciments Viacha). L’ascension débute en fait par un long trajet de 70 km et de plus de trois heures en 4x4 à travers la montagne. Seulement, le jour du départ, les employés de la mairie de La Paz ont décidé de poser un piquet de grève général et de bloquer les grands axes de communication de la ville pour protester contre une baisse de leurs effectifs, et donc de leurs crédits. Du coup, le réveil est fixé à 5h et le départ à 6h. Nous réussissons à charger toutes nos affaires pendant que le second 4x4 arrive avec nos quatre guides et nos deux cuisinières. En avant toute. Nous partons à l’heure prévue, sous la houlette d’Oscar, le dynamique patron de Colibri, le correspondant local d’Allibert en Bolivie. Tout se déroule bien pendant un quart d’heure, jusqu'à ce que nous tombions sur un premier barrage de pneus qui brûlent sur la chaussée. Impossible de passer ou de négocier, car nous serions arrêtés plus loin. Nos véhicules essaient donc de se frayer un chemin dans les rues en pente de la ville. Ce jeu de piste va durer une bonne vingtaine de minutes jusqu’à ce que nous arrivions sur un barrage d'une vingtaine de grévistes plus nerveux que les autres. Oscar descend et tente d'obtenir le passage sous le prétexte d’un départ pour l’aéroport. Mais rien n’y fait. Il faut rebrousser chemin. Seulement, alors que nous retournons sur nos pas, d’autres grévistes en ont profité pour barrer une route secondaire que nous avions emprunté un peu avant. Nous sommes donc bel et bien coincés. La situation, plutôt cocasse au début, devient vite inquiétante, car le timing d'ascension de l’Illimani est très serré. Finalement, après deux heures d’attente et quelques clichés « volés » des barricades, c’est finalement notre chauffeur qui, en discutant par hasard avec un des habitants du quartier, apprend que certaines rues adjacentes ne seraient pas barrées. Nous tentons notre chance avec succès et arrivons finalement à contourner un, puis deux, puis trois barrages. Finalement, à force de tâtonnements et de demi-tours, nous arrivons à rejoindre le col de sortie au sud-est de la ville vers 9h30. L’atmosphère se détend alors d’un coup. Rassurés, nous prenons donc notre temps et empruntons une jolie route qui passe dans le lit de la rivière du Cañon de Palca, réputé pour ses pics et ses amphithéâtres modelés par l’érosion. Nous traversons ensuite de magnifiques paysages, mais nous ne sommes que moyennement rassurés, car la piste longe de profondes vallées et il y a peu de place pour deux véhicules qui se croisent. Nous arrivons toutefois sans encombre au village de Piñaya (4300 m), où nous mangeons sur le terrain de foot. La vue sur les sommets enneigés du Nevado Illimani est dégagée et magnifique.



Vers midi et demi, nous laissons Oscar et les 4x4 pour démarrer une petite marche à travers les herbes et quelques pâturages pour aller jusqu’à Puente Roto (2h). Ce camp de base, juché à 4600 m, est en fait un immense espace vierge où broutent quelques lamas que nous dérangeons à peine. Si l’endroit est plutôt accueillant, il est en revanche très exposé au vent, et le froid s’y installe rapidement après le coucher du soleil, nous obligeant à dîner en doudoune. A la fin du repas, Juancho fait un court briefing durant lequel il nous annonce une bonne nouvelle pour le portage au camp d’altitude, qui sera finalement assuré par des porteurs locaux (ce qui n’était pas prévu dans le descriptif initial d’Allibert). jeudi 12 septembre : réveil tranquille vers 8h30 car nous avons la journée pour effectuer les 1000 m qui nous séparent du Nido de Condores, le camp d'altitude, sur une plateforme rocheuse à côté du glacier sommital, à 5600 m. Après le petit-déj, Romain et moi regroupons nos affaires indispensables pour la montée (chaussures, crampons, gants, bonnet, barres de céréales, thermarest, duvet, etc.) que nous bourrons dans son sac North Face de 80 litres. Tout ce qui n’est pas indispensable restera stocké ici dans mon sac jusqu’à demain après-midi, dans la tente mess. A 10h, nous partons en suivant Victor qui marche très lentement. Le chemin monte d’abord dans la pente, avant de traverser la moraine en rochers, puis en terre jaune. Nous remontons ensuite sur un sentier en zigzags, avant de nous arrêter vers midi sur un grand pierrier pour manger à l’abri du vent (5100 m). Après le pique-nique, chacun met son casque pour la seconde partie du trajet, car nous remontons désormais une grande arête rocailleuse et accidentée, avec potentiellement des chutes de pierres. Cette montée n’est pas véritablement difficile, même s’il faut, à certains endroits, s’aider des mains. Vers la fin, la paroi se redresse et devient aussi plus étroite, mais heureusement, Juancho a mis une main courante qui nous permet d’avancer plus vite et en sureté. Nous arrivons au Nido de Condores vers 15h, où nous sommes accueillis par des croix rappelant le nombre important d’accidents mortels qui ont eu lieu sur cette montagne. Comme à l’habitude, les porteurs ont déjà installé les tentes North Face VE25. Le goûter est servi assez vite, et nous en profitons pour ingurgiter un maximum de maté de coca. Il faut en effet boire près de 3 à 4 litres d’eau par jour en altitude pour éviter les risques d’œdème et de mal aigu des montagnes. Précision quand même : il n’y a pas d’eau ici et nos cuisinières doivent donc faire fondre la glace, ce qui prend un temps fou vu l’altitude. Mais elles assurent… comme toujours.


Ensuite, chacun vaque à ses occupations : certains font des photos pendant que d’autres préparent leur sac pour demain. Guy, lui, va aider Juancho à aménager les toilettes un peu plus haut. En attendant le dîner, qui sera servi vers 17h30, je propose à Romain de venir se reposer en écoutant de la musique car après, nous risquons de ne pas dormir vu le stress et l’altitude. Le dîner est servi à l’heure prévue et en plein air, car nous n’avons pas emporté la tente mess pour alléger les porteurs. Nous nous couchons à 18h30, alors que le soleil brille encore. Je décide donc d’écouter de la musique pour passer le temps. Une heure et demie plus tard, je sors me soulager une dernière fois. Cette fois, la nuit est tombée et on distingue nettement au loin les milliers de lumières de La Paz et d’El Alto, à 35 km à vol d’oiseau. En me recouchant, j’ai le souffle court et il me faut une minute pour reprendre mon rythme normal. Mais rien de grave, j’ai l’habitude à cette altitude. Je suis malgré tout un peu anxieux, car c’est aussi à cette altitude, l’année dernière au Népal, que je me suis réveillé vers minuit avec un énorme mal de crâne qui m’a presque fait renoncer au sommet. Cette nuit ici est donc un véritable test pour voir si je m’acclimate bien désormais. Je prends toutefois les devants en avalant un cachet de paracétamol pour prévenir le mal de tête.




vendredi 13 septembre : comme prévu, nous nous réveillons à 1h. Ou plutôt devrais-je dire nous nous « levons », car Romain et moi avons passé notre temps à chercher la bonne position pour dormir, sans jamais la trouver. En fait, les battements du coeur sont tels à cette altitude qu'il est inutile de vouloir faire plus que se reposer. Mais nous nous en sortons bien car d’autres ont eu des sentiments angoissants d'étouffement (pas assez d'air), et parfois l'impression de vivre une épreuve insupportable.... le tout accentué par le stress normal lié à l’ascension à venir. Heureusement, le moral est plutôt bon, tout comme le ciel, bien dégagé. Nous enfilons rapidement nos habits avant d'aller prendre le petitdéjeuner dehors, où il fait quand même -6°C. Après le petit-déjeuner, nous récupérons les bouteilles Thermos qu'Anna Maria et Alejandra ont rempli d'eau chaude. Nous y faisons infuser un sachet de maté de coca, des feuilles de coca et du sucre, ce qui fera un très bon "Red Bull" local. Le tout devrait rester chaud pendant plusieurs heures, donc jusqu'au sommet, où il fait souvent froid. Les guides, eux, mâcheront directement des feuilles de coca déshydratées. Chacun finalise ensuite son sac, met ses gants, son casque et chausse ses crampons. Le départ n'est donné qu'à 2h30 pour une montée fatigante mais peu technique de 5 à 6h jusqu'au Pico Sur, le plus haut des cinq sommets de l'Illimani. Les cordées sont les mêmes que pour le Pequeño Alpamayo, hormis la nôtre qui accueille Sami, qui fait cette ascension pour la première fois. La trace grimpe rapidement sur la crête rocheuse, recouverte de glace. Comme la pente est déjà assez forte, nous montons les pieds en parallèle, le corps perpendiculaire à la pente, ce qui permet à la fois de limiter l'effort et d'éviter de taper les talons dans les chaussures. La méthode est assez agréable et je me sens donc plutôt bien. Ce n'est pas le cas en revanche d'Aurore, que nous croisons, arrêtée, au bout d'une demi-heure de marche. Pour elle, c'est un jour sans. Elle va donc redescendre avec Victor, tandis que Laurent part avec une autre cordée. Première pause au bout d’1h sur un replat qui semble être entouré de couches de glace en mille-feuille. Pour certains, c’est un pont de neige, mais Juancho se veut rassurant. Une fois les cordées réunies, Pierre s'aperçoit que Sami a égaré un crampon. Ce dernier en sourit, Juancho un peu moins. Il nous laisse donc pour aller chercher le crampon dans la pente, mais sans succès. Juancho s'explique avec Sami, lui indiquant à voix basse, qu'il pourra continuer mais qu'il a intérêt à filer doux. Heureusement, tout finira bien car Victor, remonté seul après avoir ramené Aurore au camp, trouvera le crampon et le rendra à Sami. Plus de peur que de mal donc. Nous pouvons donc repartir, mais Sami est désormais dans une autre cordée.


de haut en bas : Guy et Hélène, Juancho, Romain et moi au sommet

Après 3 heures de marche, les distances entre les cordées commencent à s'étirer à cause de la fatigue et d'une pente qui reste assez prononcée depuis le début. Ismael, Alain et Romain sont loin devant. Les cordées de Laurent et Sami et de Guy et Hélène sont plus ou moins ensemble. Nous les suivons de près, mais, progressivement, ceux-ci nous distancent, car Pierre avance moins vite. Il semble souffrir d'une mauvaise acclimatation et de pauses trop courtes pour pouvoir se reposer efficacement, boire et manger. Le jour se lève progressivement et l'on voit apparaître les contours et les parois des différents sommets de l'Illimani. Mais l'on voit aussi malheureusement les autres cordées qui s'éloignent de plus en plus vite, et disparaissent au loin. En fait, malgré les escaliers taillés dans la glace, le sommet paraît loin et invisible. C'est un vrai facteur de découragement. Pierre, de plus en plus fatigué, tire de plus en plus souvent sur la corde. Il propose même de se décorder pour aller à son rythme (ce qui serait suicidaire), mais Juancho ne lâche pas le morceau et nous motive. Il est un peu plus de 8h du matin quand, après avoir franchi la dernière bosse, nous voyons devant nous les trois autres cordées en train de prendre des photos et nous faire signe. Il ne nous reste plus qu'à franchir une longue arête plate de 400 m pour être enfin délivrés de notre souffrance du jour. Nous arrivons finalement au bout de l'arête à 8h15, après 5h45 de marche, soit une demi-heure après les premiers. Mais qu'importe, puisque nous avons réussi. En outre, le ciel est dégagé. Nous repartons à 8h45, non sans avoir fait une magnifique photo de groupe. La descente en plein soleil est un vrai régal et, surtout, Pierre a retrouvé la forme et descend vite, trop vite à mon goût. Heureusement, Juancho (comme moi) adore prendre des photos de montagne et oblige donc souvent Pierre à freiner et à s'arrêter. Les vues sur les faces nord de l'Illimani sont fabuleuses : arêtes idéales, draperies spectaculaires, pentes vertigineuses, etc. Juancho semble y faire son terrain de jeu à ses heures de liberté (hors saison touristique). Nous arrivons au camp de base à 10h30, huit heures après notre départ. Aurore est là, plutôt souriante, tout comme les cuisinières, qui nous servent une bonne soupe et un grand verre de Coca Cola. Nous nous reposons un peu puis rangeons le matériel avant de redescendre au camp de base, puis au village de Piñaya, que nous rejoignons après 3h30 de marche (et 2500 m de descente !). Nous allons passer la nuit ici avant de rentrer le lendemain en bus privé jusqu'à La Paz. La nuit fut originale : fête nocturne au village, avec une fanfare extra, à 200 m de nos tentes (sous le kiosque communal qui existe dans tous les villages de l'Altiplano), mais périodiquement tonitruante jusqu'aux environs de 2 h du matin…






l’équipe réunie au sommet de l’Illimani : un de nos guides, Fabrice (moi), Romain, Laurent, Ismael, Victor, Alain, Romain, Hélène, Guy et William.





étape 4

virée en 4x4 au sud, Salar d’Uyuni Après l'ascension de l'Illimani et en attendant celle du Sajama, nous faisons une longue pause de quatre jours qui doit nous mener dans les paysages austères et désolés du sud de l'altiplano. Cette région est connue pour englober parmi les plus beaux paysages au monde, comme le Licancabur, la laguna colorada ou la laguna verde – rendus célèbres par Nicolas Hulot il y a une dizaine d'années. Ici, nous irons toutefois moins loin, mais pour admirer un endroit que je rêve de fouler depuis longtemps : le désert de sel (Salar) d'Uyuni. samedi 14 septembre : cette troisième étape commence à La Paz. C'est en effet là qu'Oscar Sainz, le dynamique et intéressant patron de Colibri, nous accueille pour déguster un bon repas arrosé de vin(s), et discuter de sa passion pour la Bolivie et la France (où il a vécu plusieurs années). Ancien prisonnier politique du temps des dictatures, libéré grâce à Amnesty International et réfugié en France, il est revenu en Bolivie dans les années 1980. Ses enfants sont également attachants : une fille assure le volet "informatique" de Colibri, et un garçon, par ailleurs francophone, assume des tâches de chauffeur à mécanicien, tout en continuant ses études de philosophie ! A 15h30, nous descendons en bas de l'immeuble (qui lui appartient et où vit toute sa famille), pour rejoindre un 4x4 chargé à la gueule et le mini-van, qui sera conduit par Don René, le père de Sami, notre guide-accompagnateur. Nous quittons la ville pour un trajet de 250 km qui nous conduit à Oruro (la ville des mineurs : encore beaucoup d'authentique, mais aussi du kitsch !) au bout de seulement 5h ! Il faut dire que la route est en construction et il est quasi impossible de doubler. dimanche 15 septembre : après une bonne nuit de sommeil, nous reprenons le mini van, pour une longue route en plein désert, en longeant à droite les lacs Uru Uru et Poopo, et à gauche des successions de vallées. D'immenses chantiers routiers en cours ou inachevés obligent à rouler majoritairement sur des déviations très mauvaises longeant des parties déjà bitumées mais pas encore finies et ouvertes. Nous croisons çà et là de petits villages aux murs en adobe perdus au milieu de nulle part, un peu comme dans l'ouest américain. Malgré tout, certaines bourgades ont conservé un semblant de vie et d'activité, comme Huari, où nous nous arrêtons pour acheter de l'eau et du Coca. Pierre, lui, prend des pasankalla, un délicieux popcorn bolivien qui ressemble à de grands vers de terre creux. 150 km après le départ, nous laissons la route 30 pour bifurquer à droite sur la 603, qui contourne le sud du lac Poopo, et file droit vers une zone complètement plane et déserte. Vingt kilomètres plus loin, le sol se relève soudain et nous découvrons un village perdu au milieu de nulle part où des dizaines de gens sont en train de manger, de boire ou de bénir leur véhicule au champagne local. Nous apprendrons plus tard que ce village, Quillacas, est en fait bâti sur le cratère d'un très ancien volcan. La bourgade revit en général vers la fin septembre quand des milliers de locaux viennent célébrer "El Senor de Quillacas", ce qui était donc le cas à ce moment là. Nous mangerons donc un peu plus loin pour éviter que certains d'entre-eux, déjà trop alcoolisés, ne viennent nous importuner.



Après le déjeuner, nous sortons de la route pour emprunter une piste poussiéreuse au milieu de nulle part qui traverse lits asséchés, pampa et parfois zones ensablées à dunes. Ici, on ne croise presque plus personne, hormis quelques troupeaux de lamas et des moutons dont on se demande bien ce qu'ils peuvent manger. La seule vraie distraction n'arrive qu'une cinquantaine de kilomètres après notre départ, avec un immense cratère volcanique posé au bord de la route. Il en faudra 25 de plus pour commencer à voir au loin ce qui semble être l'une des rives du Salar d'Uyuni, avec déjà quelques cactus et au loin le volcan Tunupa. Le paysage est joli, mais pas encore grandiose. Une heure de trajet plus tard, nous arrivons enfin dans le hameau de Jirira, village du bout du monde situé au bord du Salar et au pied de l'impressionnant volcan Tunupa aux couleurs minérales hallucinantes. Nous nous installons dans une auberge typique (Posada de Donia Lupa), avec charpente en bois de cactus qui résiste plutôt bien aux intenses rafales de vent. Un lieu simple et plein de charme dans lequel chaque binôme dispose d'une chambre avec deux lits, lavabo et toilettes. En revanche, je suis relativement déçu par la première vue du Salar qui, de prime abord, est loin d'être aussi "extraordinaire" que le décrivent les guides. Mais patience, car nous irons réellement le visiter demain. Comme son nom l'indique, le salar (d'Uyuni) est une mer de sel, qui est accessoirement la plus haute (3650m) et la plus vaste au monde, avec une superficie de près de 10580 km2. Pour se rendre compte de quoi il s'agit, il suffit juste de s'imaginer un immense lac de 100 km par 150 km dont la surface est entièrement plate et blanche. Sa formation remonte à 10 000 ans, quand l'étendue d'eau salée était une partie du Lago Minchin, un lac préhistorique géant. En s'asséchant, il a laissé derrière lui deux petits lacs encore visibles, le lac Poopó et le lac Uru Uru (que nous avons contourné hier) et deux grands déserts de sel, le salar de Coipasa et le gigantesque salar d'Uyuni.


photo du haut : le cratère volcanique. photo du bas : le volcan Tunupa au pied du Salar de Uyuni.



lundi 16 septembre : réveil très matinal à 5h, petit-déj puis court transfert de 5km en mini-van, jusque sur le Salar fort roulable en cette saison sèche, pour aller admirer le lever de soleil à côté d'une petite île isolée recouverte de centaines de cactus. Alain et Laurent vont jusqu'au sommet, pendant que Romain, Guy, Hélène et moi essayons de progresser difficilement sur cette île au relief accidenté avec des pierres très coupantes (apparemment du corail), et des cactus et épineux prêts a vous blesser dès qu'on les effleure. Les autres restent sur la surface du salar constituée de millions de parcelles hexagonales (certaines sont tellement fragiles qu'il est facile de se retrouver dans 5 cm d'une eau marron un peu corrosive à cause du sulfate de sodium). Après ce magnifique spectacle, nous reprenons le véhicule pour retourner à la posada de Doña Lupa, en passant vers une petite étendue d'eau ou évoluent de jolis flamants roses en procession, avec en arrière plan les magnifiques couleurs rouge, vert et ocre du volcan Tunupa. Vers 9h, nous reprenons le minivan pour aller cette fois plein sud, sur l'Isla Incahuasi, située à une quarantaine de kilomètres de Jirira. Comme il n'existe pas de piste, notre véhicule se comporte comme un navire perdu au milieu d’un océan blanc avec pour seule ligne de mire quelques îlots et pics (cerros) en face. Nous nous arrêtons au milieu de cette immense étendue pour faire de magnifiques photos et nous amuser un peu. En effet, le jeu consiste ici à jouer avec la perspective pour créer des photos étonnantes. Alain et moi en profitons aussi pour gratter avec un opinel la surface et récupérer un peu de ce sel "mythique" que nous garderons précieusement en souvenir. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls, puisque Anna Maria et Alejandra, nos deux cuisinières, font de même en remplissant un plein sac plastique, probablement pour leur usage personnel. Le sel est bien entendu exploité, mais la production annuelle ne dépasse pas 25 000 tonnes, ce qui ne risque pas d'épuiser les 64 mds de tonnes estimées du gisement (l'épaisseur du sel varierait de 2 à 120 mètres, selon les endroits).




Vers 10h, nous arrivons enfin sur la célèbre île de corail d'Incahuasi, où une douzaine de 4x4 sont déjà garés. L'île est très courue des touristes, non seulement parce qu'elle se situe au milieu du salar, mais aussi parce qu'elle est recouverte de centaines de cactus dont certains font près de quatre mètres de haut. L'île est très bien aménagée, avec un chemin bien tracé qui monte au milieu des cactus candélabres, dont certains sont âgés de 1 200 ans. Le point d'orgue reste le sommet, d'où l'on a une vue à 360° sur une mer blanche et les volcans du sud Lipez avec le ciel bleu en toile de fond. Un moment inoubliable tellement l'endroit paraît irréel et merveilleux. Par contre, il vaut mieux avoir de bonnes lunettes de soleil et un bonne polaire à cause du vent frais et du soleil aveuglant. Une heure plus tard, nous reprenons le minivan, direction nord ouest vers l'ile Pescado (car elle ressemble a un poisson), où l'on voit une ligne à une trentaine de mètres de haut qui marque le niveau du lac avant que celui-ci ne devienne le Salar actuel. Arrivés à Llica, nous empruntons une piste mal tracée dans la pampa et le sable, qui nous conduit vers des villages perdus au milieu de nulle part. C'est dans l'un d'eux, Puntas Arenas, formé d'une dizaines d'estancias en adobe et d'une église, que nous nous arrêtons pour déjeuner. Il y a beaucoup de vent, le sable vole, les rues sont désertes. On se croirait presque dans un vrai village fantôme de western ou débarquerait Clint Eastwood. Nous repartons vers 13h, toujours sur une piste de sable mal tracée et chaotique. Mais le décor de volcans est tellement beau qu'on oublie vite ces désagréments. Au bout d'une heure, nous atteignons le Salar de Coipasa, plus petit que celui d'Uyuni (2000 km2), mais plus haut (3780 m). Il est lui aussi lisse, mais sa surface est beaucoup plus fragile, ce qui fait qu'on ne s'y arrête généralement pas. Le décor est en revanche aussi beau que celui de son grand cousin, car la région est sauvage et isolée. Un peu avant 16h, nous rejoignons enfin la grande route, qui nous mène très rapidement à Sabaya, où nous logeons ce soir. L'endroit parait moins perdu que les villages précédents, mais n'a aucun charme, avec sa grande avenue jonchée de détritus et de cailloux. Seule l'église imposante retient notre attention ainsi que le kiosque attenant où se réunissent les villageois lors des fêtes. Notre hôtel ne déroge pas à la règle, avec une seule douche (sans eau chaude) et deux toilettes (à peine nettoyées) pour toutes les chambres. Heureusement, nous ne restons ici qu'une nuit, donc cela suffira bien.



étape 5

ascension du Nevado Sajama (6542 m) Cette dernière étape démarre à Sabaya, un petit village perdu au nord du Salar de Coipasa, depuis lequel nous allons rejoindre le Sajama, point culminant de la Bolivie (6542 m) et du voyage. Mais avant cela, plusieurs heures de piste de sable en pleine pampa et au milieu d'un magnifique décor de volcans nous attendent. J'en profite pour rédiger mon journal de bord et écouter de la musique. Mais, un peu avant 10h, notre mini van s'ensable brusquement, nous obligeant d'abord à le faire reculer avec le 4x4 qui nous suit, puis à rebrousser chemin pour trouver une piste plus praticable à l'ouest de l'itinéraire initial. Ce petit détour nous fait passer par quelques petits villages perdus au milieu de nulle part, comme Queaquiani puis Julo, où nous passons un avant-poste militaire à l'ambiance de bout du monde, que renforcent la rigueur du climat et les vents violents. Nous franchissons ensuite une petite rivière pour rejoindre les chullpas (tombes) de Macaya. Il s'agit d'édifices funéraires aymaras de grande taille, en argile ou en pierre, érigés entre 1470 et 1540 (époque Incas). Il en existe au total près de 25 répartis sur plusieurs kilomètres, mais nous n'en voyons ici que trois, repeints et restaurés récemment. En repartant, le mini-van s'ensable une nouvelle fois juste avant un gué. Mais nous arrivons à le déplacer ce qui lui permet de reprendre son élan pour traverser le río Lauca (nous le passons pieds nus pour alléger le véhicule). Un quart d'heure plus tard, le mini-van arrive à hauteur du lac Macaya, peuplé d'une colonie de flamands roses avec en arrière-plan un volcan aux couleurs hallucinantes roses et marrons. Impossible de ne pas s'arrêter pour admirer et prendre en photo ce paysage de carte postale. Malheureusement le vent souffle très fort et les oiseaux sont hors de portée de nos modestes objectifs. Une centaine de mètres plus loin, nous arrivons dans le village de Macaya qui, comme tous ceux que nous avons vus ce matin, est perdu au milieu de nulle part. C'est là que nous passons un nouveau check-point de l'armée et que nous décidons de nous arrêter pour le déjeuner. Nous repartons vers 14h20, sur une piste plus praticable qui traverse des champs ou paissent de nombreux lamas. Peu à peu, l’imposant volcan que nous tenterons de gravir dans deux jours grandit au fur et à mesure que nous avançons vers lui. Une heure et demie après, nous rejoignons enfin la route goudronnée qui mène à la frontière avec le Chili. Ici, enfin, on voit les contreforts de ce géant de lave, qui apparaît désormais dans toute sa puissance et sa majesté, seul, dominant tous les autres, et en particulier le Pomerate et le Parinacota (qui dépassent pourtant les 6200 m). Nous quittons rapidement l'asphalte pour bifurquer à gauche sur une piste qui mène jusqu'à l'entrée du parc national de Sajama, à l'entrée du village éponyme. Nous roulons encore sur une dizaine de kilomètres en contournant l'imposante face sud sud-ouest du géant, avant de bifurquer à droite jusqu’au lieu-dit Queñuales (4420 m). Ce nom rappelle que le parc accueille la plus haute forêt au monde, constituée de queñuas nains, une ancienne espèce endémique de l'altiplano, adaptée à la haute altitude. C'est là que nous retrouvons Juancho et ses trois guides acolytes. Une dizaine de mules sont également là, en train de brouter tranquillement les rares touffes d'herbe en attendant nos paquetages. A 16h, nous partons pour une marche d’approche tranquille de deux heures le long du ruisseau jusqu’au camp de base (4820 m). Les tentes sont rapidement installées, mais la nuit tombe et il fait très froid. Nous dînons vers 20h, sous un vent glacial qui souffle fortement.



Le lac de Macaya et ses superbes flamands roses.


Le Nevado Sajama (6542 m) domine fièrement la plaine qui l’entoure


mercredi 18 septembre : le matin, même scénario que pour l'Illimani, avec portage des affaires par des porteurs d'altitude. Cette fois-ci par contre, Romain et moi changeons de stratégie en laissant sur place son sac North Face de 80 litres pour prendre le mien et y mettre nos Phantom 6000. Nous pourrons ainsi monter et descendre jusqu'au camp avec des chaussures plus légères. Le reste du matériel reste le même, et nous prenons en plus une couverture de survie pour stopper l'humidité et le froid sous nos matelas. A 10h, la longue colonne de marcheurs et de porteurs s'ébranle lentement le long des contreforts du volcan. La première partie est plutôt facile et le groupe monte régulièrement jusqu'au pierrier qui vient lécher la paroi nord du Sajama (2h de marche). Après avoir grignoté un morceau, nous reprenons notre progression sur une paroi qui devient plus raide et plus instable, qui plus est surplombée par une falaise qui paraît très instable. Ici, chacun doit donc porter un casque et bien regarder devant. Il faut aussi être attentif, car le sol est glissant à cause des éboulis volcaniques instables, voire en équilibre dans certains cas. Mais tout se passe plutôt bien, et en plus personne n'a l'air de trop souffrir du manque d'oxygène. A 14h30, après deux heures de marche, nous arrivons finalement sur un éperon rocheux niché à 5670 m et qui sert de camp d'altitude. Le lieu n'a rien de très engageant, car il est très étroit, jonché de pierres et soumis à de fortes bourrasques de vent - ce qui ne va pas faciliter le montage des tentes. Il y a de petites plateformes creusées dans la pente mais trop petites, et aux bords instables et croulants. En outre, il n'y a pas d'eau. Il faut donc aller chercher de la glace des pénitents pour ensuite la faire fondre, ce qui est une vraie gageure à cette altitude. En revanche, la vue, elle, est magnifique, car nous dominons l'ensemble de la vallée et pouvons voir toute la face nord que nous allons escalader demain. En attendant le goûter prévu pour 15h30, chacun vérifie son matériel ou commence à se reposer dans sa tente à l'abri du vent. Sans surprise, le repas est servi très tôt, à 17h, mais pour la première fois directement dans les tentes à cause du vent incessant et parce que la tente mess n'a pas été montée depuis le camp de base pour des raisons pratiques (8 porteurs contre 10 à l'Illimani). Au menu, soupe de légumes et un bon plat de viande accompagné de riz, sans oublier la traditionnelle infusion de maté de coca. Ensuite, chacun fait au mieux pour essayer de se reposer au maximum à défaut de pouvoir dormir (nous sommes 100m plus haut que le camp d'altitude de l'Illimani).


« Il vaut mieux perdre une minute dans sa vie plutôt que de perdre la vie un une minute »


jeudi 19 septembre : à 1h du matin, les tentes s'allument une à une et chacun commence à enfiler des affaires chaudes avant d'affronter le froid polaire. (Pierre notera -6°C dans sa tente au réveil). Le petit-déjeuner est servi comme d'habitude dehors, à la lumière des frontales, avec thé, café, du cake à la banane et surtout des pancakes qu'Anna Maria et Alejandra viennent juste de préparer. Comme avant chaque ascension, chacun fait remplir sa Thermos d'1 litre d'eau chaude avant d'y ajouter thé, feuilles de coca et sucre (les guides, eux, mâchent directement des feuilles de coca). Comme prévu, le groupe part à 2h du matin pour une marche en file indienne sur le même type de chemin que la veille, mais beaucoup moins dangereux (car le gel fixe les cailloux). Au bout d'une heure, nous chaussons enfin nos crampons pour attaquer une première série de pénitents. Semblables à une procession religieuse, les pénitents sont des lames de glace ou de neige qui se forment dans la partie aride de la Cordillère des Andes, à plus de 4000 m. Un soleil intense, une période sèche de plusieurs semaines et une fonte limitée (nous sommes en fin de saison sèche hivernale) sont les conditions à réunir pour les voir se former. D'un champ de neige homogène s'élève alors en quelques semaines ces pénitents, comme c'est le cas ici (mais on en trouve aussi en Equateur et au Chili). Ils font parfois jusqu'à 1m de hauteur et sont très serrés (plusieurs par m²). Outre les pénitents, le parcours est aussi plus technique, avec des passages mixtes glace-roche. Juancho est donc parti devant quelques minutes avant nous pour fixer une main courante, c'est-à-dire une corde qui permet de sécuriser les groupes dans les passages dangereux. Du coup, les cordées sont bouleversées, et je me retrouve dans le groupe d'Ismael, d'Alain et de Romain. Sur le coup, je suis un peu dépité, car je m'attendais à une ascension tranquille et me voilà avec les champions de l'ascension (ils sont notamment arrivés une demi-heure avant tout le monde au sommet de l'Illimani, surtout parce qu'Ismaël marche « trop » vite au vu des règles de montée en altitude...). Mais je n'ai pas trop le choix... Malgré mes craintes, les pénitents et une pente assez raide, la montée se passe finalement bien et je tiens bien le rythme. Il ne nous faut ainsi qu'une petite heure pour atteindre l'arête où Juancho vient de poser une main courante. Nous longeons les rochers sur quelques mètres, avant de remonter puis de redescendre un peu pour arriver jusqu'à une seconde série de pénitents. L'exercice n'est pas très technique, mais il faut quand même à certains endroits trouver des prises pour escalader le rocher alors que nous avons les crampons. Heureusement, le ciel est assez lumineux, ce qui facilite un peu la progression.


Après ce petit exercice « reposant », un autre qui l'est beaucoup moins nous attend : une pente de 40 à 50° hérissée de milliers de pénitents de glace, et aucune trace visible. Autrement dit, nous allons devoir nous frayer un chemin dans ce dédale, en essayant de limiter nos efforts, car nous sommes déjà dépassé 6000 m. En outre, la progression est ralentie par le fait que ces chandelles de glace sont courbes (à cause du vent) et qu’on peut vite se retrouver un genou à « terre », ce qui laisse de jolis bleus, comme chacun a pu en faire l'expérience au moins une fois. Passé ce maudit champ, nous faisons une mini-pause avant de repartir sur une pente « vierge », mais qui continue de monter avec une bonne déclivité. Cela paraît relativement simple de loin (un grand dôme de neige), mais la pente n'en finit pas, chaque montée cache un plat illusoire suivi d'une autre montée… le sommet n'apparaît jamais, ce qui devient décourageant. Pour corser le tout, il fait un froid glacial et le vent devient de plus en plus violent. Je sens alors nettement une partie de mon visage qui gèle, le nez coule, et le froid me gèle les fesses. Une vraie partie de plaisir comme je n’en avais jamais connue jusqu'ici. Les autres ont des sensations analogues. Guy, qui d'habitude évolue sans guide, en cordée autonome (avec Hélène), affirme qu'il aurait fait demi-tour s'il n'avait pas été encordé et donc « tiré » (psychologiquement) par William. Fatigué, je ralentis donc quand je peux ou demande des micropauses pour ingurgiter en vitesse un tube de gel Isostar ou une barre de céréales. Derrière, je vois nettement les autres groupes, assez loin, avec en arrière-plan l'ombre du Sajama qui se projette sur la pampa et plus loin le Parinacota et le Pomerape. A ce moment-là, je suis énervé de ne pas pouvoir prendre de photos, parce que mon Canon est dans le sac et que je n'ai ni la force ni le temps de le récupérer. Surtout, Ismael est trop pressé de partir à cause du vent.

petite pause au milieu des pénitents de glace.


Finalement, après un dernier ressaut, la pente commence à s'adoucir et le soleil apparaît, nous éblouissant fortement, toujours sous un vent et un froid glacials. Nous arrivons alors sur une vaste étendue blanche, faite de petits cratères battus par les vents, qui ressemblerait presque au sol de la Lune. A ce moment, je sens que nous sommes au bout de nos efforts, et je ralentis, laissant Alain et Romain venir à mon niveau pour leur tendre la main en signe de victoire. L'idée est aussi de dire que même si je suis le deuxième de la cordée, nous avons fait l'effort ensemble et que nous arriverons donc en même temps. Une centaine de mètres plus loin, Ismael s'arrête enfin. Il est 7h pile. Nous pouvons enfin nous embrasser, non seulement parce que nous avons atteint le sommet en seulement 5h (contre 6h initialement prévus), mais aussi parce que l'effort a été très dur, surtout vers la fin. En outre, Romain et moi avons battu notre record personnel, qui s'établit désormais à 6542 m. Le seul regret est peut être le sommet en lui-même, qui ressemble plus à un terrain de foot qu'autre chose. Pour la petite histoire d'ailleurs, en août 2001, une équipe de villageois de Sajama et des guides de montagne boliviens se sont affrontés ici même lors d'un match de football afin de démontrer que l'altitude n'était pas en soi une limite à l'effort physique. Personnellement, je n'aurai pas tenté le coup ! Le sommet a beau être plutôt joli (mais plat), le vent souffle à près de 80 km/h et il fait -20°C. Autrement dit, il vaut mieux être bien accroché pour faire une photo stable et, surtout, avoir de bons gants. En effet, au moment de changer la batterie de mon Canon, je dois enlever un de mes gants. Mais au bout de 30 secondes je sens déjà l’onglée arriver, et ma main qui commence à geler rapidement. A ce moment-là, je renonce donc très vite à la photo, laissant Alain immortaliser notre arrivée au sommet plutôt que de risquer de perdre un ou plusieurs doigts. Au final, nous restons moins de dix minutes au sommet avant de repartir dans la pente pour nous abriter de ce vent infernal et glacial.



Dans les premiers mètres de la descente, nous croisons la cordée de Laurent et Pierre, puis celle de Guy et Hélène. Aurore est un peu plus loin derrière, seule avec Juancho, qui essaie de la motiver au mieux pour atteindre le sommet. Tous ont l'air de bien aller même si le nez coule un peu à cause de la température. Ils ont en revanche eu le temps d'enfiler leur doudoune, ce qui les préserve mieux du vent et du froid que nous. Notre descente s'effectue au même rythme que la montée, ce qui fait que nous arrivons à 9h30 au camp. Pierre et Laurent arrivent vers 10h, les suivants vers 10h45. Au final, tout le monde a réussi l'ascension. Après avoir ingurgité une bonne soupe chaude et un grand verre de Coca, toute l'équipe se repose un peu avant de démonter le camp. Nous repartons à 12h30 et rejoignons en deux heures le camp de base, par le même chemin (périlleux) qu'à l'aller. Nous récupérons les mules et nos sacs et redescendons direct jusqu'à Queñuales, où nous arrivons à 16h. Sur cette seule journée, nous aurons donc marché près de 11 heures, avec 950 m de montée et plus de 2300 m de descente ! Arrivés épuisés au sommet, nous observons que la forme revient progressivement dans la descente, sans doute par suite de la forte baisse de l'altitude. Nous aurions pu nous arrêter là, mais le groupe a finalement choisi la solution de Juancho : un petit transfert en 4x4 jusqu'aux sources d'eau chaude (enfin à neuf dans le 4x4 !). L'endroit ne paye pas de mine, avec une simple maison de six chambres, une grande salle à manger et une cuisine. Mais le vrai plus, c'est le bassin d'eau sulfureuse à 37°C à quelques mètres avec vue sur le Sajama. Un véritable décor de carte postale, d'autant que Pierre et Laurent ont commandé des bières. Une vraie fin de trek comme il se doit ! vendredi 20 septembre : le matin, nous retrouvons Don René, le père de Sami, qui est revenu nous chercher avec le mini-van pour une dernière et longue liaison de 273 km jusqu'à La Paz (6h). A la sortie du parc, nous faisons une dernière photo du volcan, avant de reprendre une très jolie route dont les décors successifs rappellent l'ouest américain. Nous arrivons à la capitale vers 15h30. Nous prenons un bonne douche, avant de faire nos dernières emplettes dans la vieille ville. Le soir, nous retrouvons Oscar, qui nous invite dans l'une des meilleures churrasquerias de La Paz, El Rodeo, où nous dégustons un apéritif à base de Singani (l'alcool de raisin local), et un énorme morceau d'excellente viande arrosée de bonnes bouteilles de vins locaux. Nous nous quittons vers 22h, heureux et repus. Demain, nous prenons l'avion tôt une dernière fois, direction Paris... à droite : pénitents au premier-plan, Parinacota et Pomerape en arrière-plan





tracé du trek du Pequeño Alpamayo (jours 6 à 9)


J2 : La Paz (3700 m) Arrivée à La Paz à 6h. Installation à l’hôtel El dorado en centre-ville, puis découverte du centre historique. En milieu d’après-midi, court transfert pour une ballade d’1h dans la Valle de Las Animas. Dîner libre. Hôtel. J3 : Tiwanaku - Copacabana Départ à 8h pour Tiwanaku (70 km, 2h de route). Visite du musée et des fouilles (2h). L’après-midi, poursuite de la route jusqu'au lac Titicaca (140 km). Arrivée vers 16h à Copacabana, qui abrite dans son église la Vierge noire du lac, sainte patronne de la Bolivie… Montée au calvaire (1h A/R). Nuit à l’hôtel. J4 : Copacabana - Île du Soleil (3 800 m) Bateau à moteur jusqu'à l'île du Soleil. Débarquement à Challapampa 2h). Visite du petit musée, puis traversée de l'île du Soleil jusqu'à Pilkokaina, sandwich, et visite du labyrinthe (Chinkana). Retour vers le sud de l’île jusqu’à Yumani sur un long cheminée crête. Nuit en lodge. 12 km, 4h30 de marche. J5 : Ile de la Lune - lac Khotia (4420 m) Départ de Yumani en bateau pour rejoindre l'île de la Lune (30min), puis retour à Yampupata. Mini bus jusqu'à Kalake pour pique niquer. 1h30 de piste en 4x4 vers la vallée de Hichukhota. Installation du campement sur les rives du lac Khotia (4420 m), au cœur d'un cirque de montagnes. 130 km de route. J6 : Khotia - Paso Katarani (4800 m) - Ajuani (4600 m) Début de la randonnée. Passage du col Katarani (4800 m), puis contournement des flancs de Chacapa. Montée à Ajuani et son lac (4600 m), installation dans un refuge. 4h30 de marche, M = 600m - D = 400m. J7 : Ajuani - Jurikhota (4700 m) Etape de montagne avec la traversée de deux cols, Janchallani (4860m) et Jurikhota (4900m). Vue sur le Huayna Potosí et le Condoriri, belles lagunes. Installation du campement à 4700m. 5h de marche. M = 650 m - D = 550 m. J8 : Jurikhota - Condoriri (4660 m) Courte montée au col Apacheta (5150m). Montée au Pico Austria (5270m), puis descente vers la lagune du Condoriri jusqu’au camp de base au bord du lac. 4h de marche. M = 800m - D = 800m. J9/ Ascension du Tajira (5250m) et du Pequeño Alpamayo (5410 m) Départ à 2h du matin avec 1h de marche sur sentier, puis 3-4h sur glacier. Arrivée au pied du sommet du Tarija, descente de l’autre côté sur du rocher pour atteindre le pied du Pequeño Alpamayo. Montée avec corde fixe sur une pente de 40-50°. Retour au camp par la même trace (3h), descente jusqu’à la route (1h) et transfert en van jusqu’à La Paz (2h). Hôtel. M = 800m / D = 1000m J10-11 : La Paz - Cohoni - camp de base de l'Illimani (4500 m) Après une journée de repos à La Paz (J10), transfert en 4x4 à Unna (65km), puis beau trekking d'approche de l'Illimani jusqu'au camp de base situé sur un large replat au pied de la montagne. Campement. 2h de marche. M = 600 m.

J12 : Camp de base - Nido de Cóndores (5500 m) Départ 10h. Remontée de la moraine jusqu’à midi, puis de la crête vertigineuse jusqu’au "nid des condors", sorte de promontoire qui domine les pentes et les glaciers de part et d'autre. Nuit sous tente. 5 h de marche. M = 1000 m. J13 : Ascension de l'Illimani (6439 m) Départ à 2h du matin, 6h d'ascension. Remontée le long de la longue arête de glace, qui mène vers une dernière arête de neige jusqu'au point culminant de l'Illimani, le Laikha Kollu, au pic sud. Longue descente en suivant les traces de la montée jusqu'au jusqu'au village. 12h de marche. M = 950 m - D = 2400 m. J14-15 : Camp de base - Oruro - Jirira Redescente en bus à La Paz par la même piste qu’à l’aller. L’après-midi, longue route en mini van jusqu’à Oruro (230km). Le lendemain, poursuite de la route jusqu’à Jirira, petit hameau au bord du Salar d’Uyuni. Nuit en lodge. J16 : Salar d'Uyuni - salar de Coipasa - Sabaya Lever à 5h pour assister au lever de soleil sur le salar. Traversée de 50 km vers l’île d’Incahuasi (vue à 360° sur le salar). Piste pour rejoindre le salar de Coipasa et en traverser une portion. Nuit à Sabaya (hôtel). 240 km de piste. J17 : Sabaya - Camp de base du Sajama (4750 m) 4h de piste en passant vers les chullpas de Macaya et le lac de Macaya. L’après-midi, 2h30 de piste jusqu’à Sajama (4310 m), puis Calvario, où nous rejoignons les muletiers pour atteindre le camp de base. Installation des tentes sous la face sud du volcan. 190km de piste + 2h de marche. M = 350 m. J18 : Camp de base - camp 1 du Sajama (5600 m) Départ 10h. Montée par un sentier tracé parmi éboulis et rocailles. Installation des tentes sur une plate-forme exiguë au pied du glacier sommital. 5h de marche. M = 850 m. J19 : Ascension du Nevado Sajama (6542 m) Départ 2h30. Trajet sur un chemin de pierre, puis cramponnage pour attaquer un premier mur de pénitents. Passage mixte roche-neige avant une nouvelle et longue pente de pénitents (35°). Dernière partie sans pénitents, mais longue et très venteuse, tout comme le sommet. Retour au camp de base en fin de journée, puis un hôtel avec bassin d’eaux thermales. 5h-5h30 de montée, 4h de redescente. M = 950 m - D = 2000 m. J20 : Camp de base - La Paz Route de retour vers La Paz, au bord d’étranges vallées érodées. Arrivée à La Paz en début d'après-midi, installation à l’hôtel et fin de journée libre. J21-22 : La Paz…Paris Transfert à l'aéroport international et vol de retour vers la France.



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