Feather #6

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Déjà notre sixième numéro, et oui le temps passe bien vite... ! Pour l'équipe Feather, le printemps sera signe de renouveau et d'éclosion, on vous prépare tout plein de bonnes choses et ce pour très bientôt ! Au fur et à mesure des parutions, nous sommes heureux de vous compter toujours plus nombreux et plus intéressés par notre projet et essayons de nous surpasser à chaque fois en vous parlant d'artistes aux univers variés, loin des mouvances habituelles. Au programme du Feather #6 : de la douceur, de la fraicheur et pour appréhender les beaux jours avec sérénité, nous vous proposons notamment une recette gourmande pour flâner au lit en attendant les premiers rayons du soleil ou encore un super atelier de poterie pour créer et faire de nouvelles rencontres. Plus rien à vous mettre ? L'équipe mode vous rhabille avec des pièces dégottées dans les meilleurs concept stores bordelais, le plus difficile sera surement de choisir... Pour le reste, on vous laisse la surprise, il suffit de cliquer pour tourner nos petites pages ! Et parce que notre seule et unique ambition est de vous faire découvrir de nouvelles choses, de mettre en avant des artistes ou créateurs incroyables, on revient dans deux mois, le temps de trouver de quoi vous émerveiller. On vous souhaite une bonne lecture. A très vite. Caroline. Rédactrice en chef.

Rédactrice en chef Caroline Mélia Redactrice en chef adjointe Marlène Coute

Communication / Community management / RP Thomas Feret

Comité de rédaction

Graphisme

Hugo Dufour Lison Koch Nicolas Jolfre Hugo Brochen Marion Bernès Valentin Lassartesse

Pierre Chabrand Cedric Brin


P4Costello - Libido Fuz z P4 P10Duke's - Le psyché P10 Vintage P12 - Shooting

P16 Coppélia Pique

P20 - Playlist P22 John Cassavetes

P24 - Nouvelle

P26 Black List

P26 - Amandine Urruty

P30 P32Shooting - The Walk

P36Ateliers - Londres P42 libres P44Heaven - Recette P46 Can Wait P46 - Bôme

P52 François Crimon

P50 - Alexander Wang X H&M P58 Playlist

P56 - FIFIB

P62 Recette

P62 - Aperoboat

P64 P66Remerciements - La recharge

P68Feather - Remerciements P65 Party



Commençons par parler de toi, de tes débuts...

La scène bordelaise voit naître de nombreux talents. Une poignée d’entre eux perce à l’international. Nous avons eu le plaisir d’échanger avec l’un d’entre eux, Rémy Fivet (alias Costello), dj et producteur de musique électronique.

J’ai commencé à m’intéresser à la musique électronique il y a une quinzaine d’année, je devais avoir dans les 12/13 ans. Mon cousin me filait des compiles de Carl Craig, de Carl Cox, de Laurent Garnier... On a commencé à mixer ensemble dans notre chambre. De fil en aiguille on s’est retrouvé dans des soirées à Agen (là où je suis né et où j’habitais à l’époque) puis en 2007 j’ai déménagé à Bordeaux : c’est la période où j’ai commencé à produire mon son. J’ai mis mes prod’s sur Myspace, un label m’a repéré et j’ai signé, puis un autre… Aujourd’hui je continue à être appelé pour jouer à Bordeaux, en Aquitaine, en France mais aussi à l’étranger. Je me suis toujours situé dans un style qui m’est propre, un pont entre la house et Electro, mélange de techno germanique, d’acide techno à l’anglais et d’électron à la française. Mais surtout la techno de Detroit, celle d’où je viens. Le label bordelais Boxon Records a été un vrai tremplin dans ta carrière d’artiste, tu entretiens toujours des liens avec cette entité ?

En termes de logiciels j’ai toujours travaillé avec FL Studio, mais il m’arrive de me servir de Ableton pour éditer mes sons. Je me mets seul dans le noir devant mes écrans et je commence généralement par travailler les beats en premiers, c’est l’une des parties que j’adore. Je les agrémente de plein de petits détails tout au long du morceau. Ensuite j’aime bien aussi passer beaucoup de temps sur les textures, sur le soundesign des basses, des synthés, des pads qui vont poser l’ambiance du morceau. Le résultat final peut prendre des jours, des semaines, voir parfois des mois pour certains morceaux. Tu as sorti beaucoup de tracks, depuis le temps que tu produis... Est-ce que tu penses aujourd’hui être arrivé à une certaine forme d’aboutissement de ton art ?

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Franchement je pense que oui. Alors forcément ma musique va encore être amenée à évoluer dans le temps, mais je pense que maintenant j’en suis à un point où j’arrive à synthétiser tout ce que j’ai appris, à mélanger toutes les influences qui m’ont imprégnées dans ces dix dernières années. En toute modestie, je pense arriver aujourd’hui à produire une musique un peu «hors du temps» : qui n’est pas à la mode, mais qui ne sera pas démodée. J’arrive à retrouver certains de mes morceaux dans des playlist deux, trois ans après. Et ça je trouve que c’est quelque chose d’important, de pouvoir créer des oeuvres qui perdurent dans le temps. Alors c’est compliqué, je ne dis pas que j’y arrive à chaque fois, mais disons que c’est le but : d’une manière générale de laisser une trace de moi, apporter ma griffe au développement de cette musique en constante évolution.

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Oui, on se croise encore régulièrement. Nous sommes restés en très bons termes avec Julien Minet (boss de Boxon). Ca a été le premier label français à me signer. Avant lui, j’avais signé sur des labels anglais, canadiens mais c’est vraiment lui qui m’a aidé à mettre le pied sur le territoire français, et je lui en suis très reconnaissant pour ça. On a sorti deux EP ensemble, qui sont sortis en vinyles, j’ai aussi pu réaliser quelques remixes pour d’autres EPs du label. Ce fut une expérience très positive pour moi.

Parlons maintenant du processus de production de tes musiques, comment t’y prendstu ?

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«Je me suis toujours situé dans un style qui m’est propre, un pont entre la house et l’electro.»

Tu as fait un très gros set aux Transmusicales de Rennes etc, comment tu t’y prends pour préparer une épreuve de cette ampleur ? F E AT H E R N6 P 5

Pour des énormes dates comme ça, il y a pas mal de préparation. Je ne cherche pas forcément à envoyer des grosses bombes où ça va être du cassage de tête morceau après morceau. J’essaie d’avoir un set à peu près cohérent où l’on va passer par différents états, avec de la techno très dûre, de la house plus légère de temps en temps.

Mais là on parle de grosses dates, et donc souvent des festivals on l’on doit faire des DJ sets assez courts, d’une heure ou une heure et demi. Ce n’est pas ce que je préfère, je prends plus de plaisir à mixer longtemps. Ca ne veut pas dire que je refuserais une date dans un festival, bien au contraire, a titre d’exemple

les Trasmusicales de Rennes qui ont été pour moi une expérience unique, un des plus beaux «concerts» de ma vie ! Je ne cherche pas forcément des nouveautés ou des morceaux rares, c’est plus une question de dosage entre le public et moi. Et je pense que tout ça se perfectionne avec le temps.


En terme de projet, outre ton petit secret pour l’année prochaine, tu as quelques dates de prévues ?

Tu es passé par différentes approches de la musique et du mix : vinyles, CDs, aujourd’hui clefs USB... Penses-tu envisager une approche par les machines un jour ? J’essaie de travailler sur quelque chose de différent pour l’année prochaine. Je ne peux pas trop t’en parler pour l’instant car ça en est vraiment au stage embryonnaire. Le DJ Set reste mon coeur de métier, mais effectivement j’aimerais bientôt proposer quelque chose de différent. Ton second EP «Taurus» vient de sortir sur le label Boys Noize Records, qui fait suite au premier «Pegasus» dont le titre éponyme a été la plus grosse vente de single du label, as tu eu des retours ?

Pour terminer, aurais-tu un conseil à donner à toute cette jeunesse de chambre qui rêve de briller et de poursuivre le même type de carrière ? Si j’ai un conseil à donner : écouter beaucoup de musique, mais surtout tous les genres. Du rap, du rock, de la techno, de la pop. J’essaie de savoir comment c’est construit. Comme la production prend une part de plus en plus importante dans ma carrière j’ai forcément une écoute technique qui s’installe. J’écoute aussi beaucoup de concerts, de dj sets. Je pense qu’il est capital de rester curieux et ouvert. Si tu aimes la techno par exemple ça serait une grande erreur de n’écouter que ça, enfin ça n’est que mon avis. Je pense que pour composer un morceau un peu «hors du temps», il faut essayer d’avoir une approche globale de la musique, ça me semble très important.

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J’ai eu beaucoup plus que ce que j’espérais. Déjà Pegasus a été un tel accélérateur pour moi… J’avais la pression pour l’EP qui suivrait. La presse internationale a commencé à s’intéresser à moi, c’était hallucinant ! J’ai eu des supports très variés, ça va de Skrillex à Laurent Garnier, de Laidback Luke à Arnaud Rebotini ! Malgré cette pression, j’essaie de garder une certaine constance dans mes productions, de rester moi-même et on verra ce que ça va donner pour la suite. Pour l’instant, effectivement, mon dernier EP Taurus est très bien soutenu, ça m’encourage pour l’avenir.

Plein de dates ! Je joue le 27 février avec TEPR et Don Rimini pour une release party de Taurus au Petit-Bain, une salle que je ne connais pas encore mais dont je n’ai entendu que du bien ! Je pars jouer ensuite en Bretagne à Saint-Brieuc le 6 mars. Je reviens à Bordeaux le 20 mars au BT59. Fin mars, j’ai la chance de mixer au Garosnow à Gourette, ça va être mortel ! J’ai aussi d’autres dates de prévues pour avril puis des festivals cet été…


F E AT H E R N6 C r é d i t s p h o t o s : J e r e m i e Ve r c h e r e - S a n d r o L a c o p i n o

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Interview par:

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DUKE'S VINTAGE Une boutique vintage de qualité, où les vêtements de style rétro, simples et originaux sont soigneusement rangés. Vous savez où vous rendre pour trouver les nouvelles pièces phares de votre penderie !



Il faut bien reconnaitre qu’à Bordeaux, les boutiques ne manquent pas. Notre belle Ste Catherine offre largement de quoi trouver chaussure à son pied. (Ou vêtement à sa taille, c’est selon…) Et pourtant, surtout quand vous êtes étudiant, ou que vous entamez fièrement vos débuts d’autonomie financière, le budget reste serré. C’est donc la gorge nouée que vous voyez petit à petit la liste de vos boutiques potentielles diminuer.

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Pas le choix, vous vous rendez dans les mêmes magasins que tout le monde, et là encore, vous versez une petite larme lors du passage en caisse. Qu’à cela ne tienne, vous ressortez avec votre pièce favorite que vous enfilez dès le lendemain, pour au final, voir que la moitié de la ville l’a déjà. Quelle déception ! Par chance, messieurs, dames, nous avons LA solution. Vous la connaissiez déjà et pourtant, peut-être hésitiez-vous ? La friperie !

J’entends déjà quelques cris de réticences. Pour certains le mot friperie est synonyme de vieux ou de miteux. D’autres encore, ont sans doute eu la malchance de tomber sur des pseudosfriperies de grandes enseignes qui ne présentent rien de plus que les articles non-vendus des dix dernières années. Pour vous faire oublier tout ça, nous avons rendez-vous rue du Loup chez Duke’s Vintage où nous attend Ludovic, 33 ans, passionné de vêtements anciens.

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Cela fait bientôt quatre ans que la boutique existe et nous vous promettons que vous ne serez pas déçus. L'univers de cette boutique est propre à elle même et possède un esprit très Outre-Manche. Le nom Duke fait référence à Duke Ellingont ou le Big Lebowski mais surtout à un pub de Londres où notre cher patron des lieux avait pour habitude d'y passer du bon temps. Les vêtements présentés sont de bonne qualité et sont tous triés pour répondre à vos attentes. La boutique vous offre donc un large choix de pièces ravissantes et faites pour durer. Répondre à nos attentes n’est pas une tâche facile. Pour trouver des vêtements à vendre dans sa friperie, Ludovic, ne peut pas commander sur catalogue, il doit se déplacer, fouiller, faire du tri. Par chance, des pays comme l’Allemagne ou l’Angleterre présente des systèmes de récupération et de recyclage bien plus développés que les nôtres,

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C’est donc là-bas qu’il se rends pour y dénicher des perles. « On est un peu archéologue quand on est fripier » dit-il. C’est justement cette implication dans son travail qui lui a plu et a orienté son choix en faveur d’une friperie plutôt qu’une boutique « classique ». « Il ne s’agit pas seulement de vendre des fringues pour vendre des fringues » Malgré les mouvements vintage ou encore hypster qui redonnent de l’importance aux vieux objets, la tâche n’est pas devenue plus facile pour Duke’s Vintage qui a vu sa demande augmenter quand les produits, eux, se font de plus en plus rares. On retrouve là-bas l’ambiance et le bon goût des vraies friperies comme on peut en trouver en Angleterre. Le but premier n’est pas de « lutter » contre le gaspillage ou la surconsommation mais de présenter des vêtements avec une certaine qualité de tissu et de confection qui furent perdues dans les années quatre-vingt avec l’arrivée de la mondialisation.


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Il est évident que vous vous ferez un meilleur avis sur les vêtements mais aussi sur la boutique en y allant vous-même. Cependant, en ce qui nous concerne, notre visite nous laisse cette sensation assez enfantine, celle que vous ressentez après avoir trouvé une sorte de trésor enfoui au milieu du jardin. Et bien enfouis au milieu de Bordeaux, c’est à vous d’aller dénicher les petits trésors de Ludovic: vestes cirées typiquement briitanniques, gros pulls en mailles 100 % laine, chaussures en cuir des années 70 et j'en passe. F E AT H E R N6 -

on

Lis

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Alors, que vous souhaitiez lutter contre la surconsommation, que vous souhaitiez simplement posséder une pièce rétro, que vous en ayez marre de fouiller dans l’armoire de vos parents pour avoir des vêtements différents ou que vous vouliez avoir de belles fringues qui tiendront des années. Vous savez où vous rendre pour trouver les nouvelles pièces phares de votre penderie ! Et pour informations, Duke's Vintage c'est au 6 rue du loup et c'est ouvert du lundi au samedi inclus ( de 11h à 19h). Là, vous n'avez plus d'excuses.



COPPELIA PIQUE Le 29 janvier dernier, durant la Fashion Week haute couture à Paris, Feather a eu l’honneur d’être invité au défilé printemps / été 2015 Coppélia Pique signé par la jeune Axelle Migé. Nous avons eu la chance de découvrir sa deuxième collection haute couture.


Intrusion chez Coppélia Pique

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Le 29 janvier dernier, durant la Fashion Week haute couture à Paris, Feather a eu l’honneur d’être invité au défilé printemps / été 2015 Coppélia Pique signé par la jeune Axelle Migé. Nous avons eu la chance de découvrir sa deuxième collection haute couture inspirée par l’oeuvre de la très renommée Niki de Saint-Phalle, artiste phare du 20ème ayant eu droit à une très belle rétrospective au Grand Palais dernièrement. Coppélia Pique, dans sa collection originale, met donc à l’honneur par ses techniques couture hors pair plusieurs des oeuvres de l’artiste comme les fameuses « Nanas » par exemple. Feather a donc décidé ce mois ci de vous présenter les dessous d’une jeune et talentueuse maison de couture parisienne.


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s’inspire notamment des fameux « Tirs » de l’artiste que la créatrice a su décliner dans plusieurs pièces aussi majestueuses que complexes. Le manteau « Hunter », par exemple, magnifiquement orné de plumes noir donne résultat à d’impressionnantes formes ovoïdes. La collection printemps/ été s’inspire également de Niki de Saint Phalle clôturant ainsi l’hommage que Coppélia Pique rend à l’artiste.

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le concours C&A France et de rapprocher la marque des grandes maisons de coutures parisiennes. Cela va lui donner l’opportunité en 2011 de créer sa première collection capsule couture qui sera soutenue par la presse. La marque va alors pouvoir poursuivre son chemin dans le très prisé milieu de la haute couture avec plusieurs collections dont deux rendant hommage à l’oeuvre de Niki de SaintPhalle, La première ( Automne/ Hiver 2014 )

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L’aventure Coppélia Pique démarre aux Arts Décoratifs de Paris où sa créatrice Axelle Migé va y être formée. A la suite de ses études, elle va s’engager dans l’art contemporain tout en construisant et développant son univers personnel. Il mêle ainsi plusieurs domaines comme la mode, les arts plastiques ou la sculpture ce qui va fortement se ressentir dans son travail d’aujourd’hui. Cet éclectisme des techniques va lui permettre de remporter


Dans cette nouvelle collection de 13 pièces, l’esprit de l’artiste se fait énormément ressentir. On retrouve notamment encore une fois les fameuses « Nanas » que Coppélia Pique va retranscrire par des robes courtes avec un volume rond et sculptural, en y ajoutant des matériaux issus de l’artisanat comme des mosaïques (robe « Nana Fontaine »). Nous pouvons également y trouver des robes presque entièrement peintes. Ces peintures, Coppélia Pique a choisi de les réaliser avec le collectif Toxic Twins. C'est le cas de la robe « Tinguely » qui se presente comme une pièce de couture mais également comme une oeuvre plastique. Parmi les pièces fortes de la collection, mêlant une nouvelle fois la haute couture et les arts plastiques, on trouve une robe en organza drapé où une touche de bois et de métal vient s’ajouter à la pièce, créant la force de cette réalisation.

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Coppélia Pique se présente donc comme une marque audacieuse et ambitieuse de la haute couture parisienne, avec la force créative de Axelle Migé qui réussit à mêler coutures complexes avec techniques d‘arts plastiques. Créatrice à suivre !


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LOOKING FOR JOHN CASSA VETES Réalisateur génial , acteur fantasque et producteur bricoleur des planches de Broadway aux plateaux d'Hollywood, Feather revient sur l'oeuvre et le « style Cassavetes » plus de 25 ans après sa mort prématurée.



SHADOWS / NAISSANCE DU CINEMA INDEPENDANT A Hollywood ,en 1959, John Cassavetes est un acteur de 30 ans venu du théâtre New Yorkais. On l'a à l'époque surtout vu à la télévision, mais c'est en tant que réalisateur qu'il s'illustre cette année- là en tournant dans les rues de la grosse pomme, Shadows , son premier long métrage. Projet risqué, tourné dans les rues de New York avec un budget dérisoire et un groupe d'acteurs inconnus, le film étonne à l'époque tant par son fond que par sa forme. Effectivement, monté au rythme de la musique des jazzmans

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Réalisateur génial , acteur fantasque et producteur bricoleur des planches de Broadway aux plateaux d'Hollywood, pendant plus de trente ans, John Cassavetes, créateur sans limites réalisa des œuvres singulières et passionnantes. Considéré comme le père du cinéma indépendant américain, l'inspirateur de Scorcese et d'Arthur Penn ( entre autres) a profondément marqué le cinéma au- delà des frontières américaines. Feather revient sur l'oeuvre et le « style Cassavetes » plus de 25 ans après sa mort prématurée.

Handi Shafi et Charles Mingus, le film et sa mise en scène contournent toutes les conventions du cinéma classique américain. Le mode de production, hors des studios donc hors système, est alors inédit aux Etats-Unis pour l'époque. La caméra de Cassavetes, au fil des nombreuses improvisations de ses acteurs, déconstruit toutes les structures narratives traditionnelles. En racontant le parcours de musiciens noirs, personnages principaux du film, le film étonne aussi par son fond parti-pris anti raciste

particulièrement impertinent et novateur dans l'Amérique de l'époque. Reconnu et récompensé en Europe, le succès des film est moins évident aux Etats Unis ; ce dernier marque néanmoins un profond changement dans la manière de concevoir le cinéma dans cette fin des années 50 à Hollywood. C'est là bas l'avènement du cinéma indépendant, qui coïncide en Europe avec l'arrivée d'un autre grand mouvement novateur : la Nouvelle Vague.

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DE L'ECOLE ITALIENNE A L'ACTEUR ROI Caméra épaule, long plan séquence, liberté d'improvisation quasi-totale des comédiens, les films de Cassavetes surprennent par leur proximité avec le cinéma documentaire. Pourtant, il s'agit bien d'oeuvres de fiction. Très écrites au départ, c'est au fil du tournage et des répétitions que le film évolue, change, se transforme. C'est en cela que le cinéma de Cassavetes est si différent de celui d'Hollywood, le culte de la mise en scène en lieu et place du culte du scénario.

LES IMMANQUABLES DE CASSAVETES

Shadows,

1959

Faces , 1968 Husbands , 1970 Minnie et Moskowitz , 1971 Une femme sous influence , 1975 Opening Nights , 1978

Love Stream , 1984

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répondra « Quelqu'un qui sait faire sentir la peau du comédien au spectateur . » Du regard au corps, il n'y a qu'un pas. C'est ainsi que travaille le cinéaste. Acteur lui-même , mieux que quiconque peut être Cassavetes aime et comprend les comédiens. Il travaille pour eux, avec eux. C'est aussi là que le réalisateur trouve sa singularité. Sa proximité avec les acteurs n'est pas que sprirituelle ou professionnelle. Ce sont ses amis, des membres de sa famille. A l'image de sa femme Gena Rowlands, actrice et égérie de Cassavetes, qui fût de toutes les aventures cinématographiques de l'auteur jusqu'à la mort de ce dernier en 1989.

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Cette idée n'est pas sans rappeler la phrase du célèbre réalisateur Italien Roberto Rossellini : «Il n'y a que les salauds qui écrivent des scénarios». C'est bel et bien du néo-réalisme italien qu'est né John Cassavetes. Laisser parler le réel à travers la pellicule et le mouvement seulement. L'intensité d'une séquence, sa drôlerie, son émotion, c'est ici un équilibre subtil entre la caméra et l'acteur. Un jeu de séduction compris entre le regard de l'appareil et le comédien, une dimension pudique dans laquelle aucun des deux éléments ne doit prendre le pas sur l'autre. Chez Cassavetes, l'acteur n'existe pas sans la caméra et inversement. A la question « Qu'est ce qu'un bon cadreur ? » Cassavetes


BLACK LIST Loin des circuits industriels, le Black List propose une autre vision du café avec une sélection de produits exigeante et un véritable travail artisanal. Rencontre avec LaurentPierre Bordenet, fondateur du 1er coffee shop de Bordeaux, qui fête ce mois-ci sa première bougie.



Pour commencer, comment décrieriez-vous votre démarche avec le Black List ? Tout simplement, je dirais qu’elle s’articule autour du cœur de métier qu’est le café de spécialité. C’est un concept qui vient des pays anglo-saxons et tout particulièrement d’Australie. On est le seul lieu à Bordeaux qui propose des cafés de qualité et du terroir, avec également des pâtisseries et snacks. Justement d’où viennent vos produits ? Quelles sont vos exigences ?

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Pour m’approvisionner en café, je travaille avec la brûlerie parisienne Belleville. Ils sont ce que j’appelle des « geeks du café », avec une approche fairtrade. Le but est de travailler avec des petits producteurs et le moins d’intermédiaires possible. Comme pour le vin, on parle d’un véritable terroir pour le café. Il est donc très important que chaque maillon respecte le processus, de la récolte à la tasse. Pour ce qui des gâteaux, tout est fait sur place, tous les jours.

Comment devient-on barista ? Existe-t-il des écoles ? Actuellement, il existe des écoles payantes mais non reconnues. Comme la majorité des baristas, j’ai été formé par un torréfacteur. En fait, on apprend ce métier sur le tas. Je viens du milieu du vin et j’ai retrouvé beaucoup de similitudes entre ces deux mondes. Quelle a été la réaction des clients à l’ouverture du Black List ? Même si on propose des goûts auxquels les gens ne sont pas forcément habitués, je trouve que les bordelais sont vraiment réceptifs. Dans notre clientèle, on compte beaucoup d’habitués, notamment des habitants du quartier, mais aussi des étrangers qui retrouvent le goût du café qu’ils ont chez eux. Il faut savoir que le café servi en France a très mauvaise réputation, ce qui est un comble pour le pays de la gastronomie.

Vous reconnaissez-vous dans cette tendance, que l’on voit depuis plusieurs années, où les gens se mettent à consommer moins mais mieux ? Oui, complètement. Pour ce qui est du café, on a trop longtemps laissé les industriels dominer le secteur. On avait complètement délaissé le côté artisanal et boire un café était devenu un réflexe banal. Aujourd’hui, il y a un réel renouveau. Les consommateurs sont en train de se réapproprier le café tout en découvrant que faire du café est un véritable travail d’artisan. Il faut également apprendre des nouvelles saveurs car le café de spécialité passe par une torréfaction plus douce lui donnant un goût légèrement acidulé qui peut dérouter. Pour finir, que conseilleriezvous aux personnes qui souhaitent s’initier à l’art du café ?

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L’idéal est de commencer par le filtre qui est la forme de dégustation la plus douce et qui permet de révéler tous les arômes d’un café. Pour réaliser des bons et beaux latte, une bonne base, une bonne mousse et le tour de main sont obligés. 27 place Pey Berland, Bordeaux.


<< Les consommateurs découvrent que faire du café est un véritable travail d'artisan >>

<< Pour réaliser des bons et beaux latte, une bonne base, une bonne mousse et le tour de main sont obligés. >>

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TIFFANY

Ensemble Chemise et Pantalon MM6 chez Ma Première Boutique (MPB) Lunettes de soleil Komono chez Richy’s Bagues H&M


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TIFFANY Combinaison Little Bacon chez Edith / Imper vinyle Stutterheim Sneakers Reebook x Melody Ehsani chez Strictly Koncept Bracelet Colihata誰ak chez Edith / Bages H&M

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Imper en vinyle Stutterheim / Chemise en coton Lundi chez Edith Pantalon chino Edwin chez Graduate Chaussures en cuir Red Wing chez Graduate

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LORENZO Imper en caoutchouc Stutterheim chez Graduate Tee shirt APC chez Graduate Pantalon chino MĂŠlinda Gloss chez A.Copola Baskets Converse chez Graduate



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TIFFANY

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Manteau en laine Acne chez MPB / Chemise en coton Lundi chez Edith Jean Acne chez MPB / Ceinture en cuir Acne chez MPB Chaussures plateformes en cuir Sessun chez Richy’s Collier H&M / Bagues H&M


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Blouson OAMC chez Graduate / Chemise Melinda Gloss chez A.Copola Tee-shirt APC chez Graduate / Jean skinny Cheap Monday chez Richy’s Sneakers Nike chez Strictly Koncept

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TIFFANY

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Ensemble Gilet et Pantalon en crepe Acne chez MPB Sneakers Adidas chez Strictly Koncept Lunettes de soleil Komono chez Richy’s / Collier H&M / Bagues H&M

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LORENZO F E AT H E R N6

Veste en jean enduit Carhartt x Slam Jam chez Graduate Chemise en coton Mélinda Gloss chez A.Copola Débardeur Dicken’s chez Strictly Koncept Jean skinny Cheap Monday chez Richy’s Sneakers Puma x Alife chez Strictly Koncept

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Gilet Perfecto en cuir Acne chez MPB / Tee-shirt MM6 chez MPB Pantalon en soie Sessun chez Richy’s Sandales Boohoo / Bagues en bracelet H&M

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LORENZO Blouson AMI chez Graduate / Chemise en coton Lundi chez Edith Débardeur Dicken’s chez Strictly Koncept Jean skinny Cheap Monday chez Richy’s Basket en cuir Common Projects chez Graduate

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Se rendre aux Ateliers Libres c’est comme tomber dans le terrier du lapin d’Alice : on en oublie d’où l’on vient. On oublie que quelques mètres plus loin, il y a la grande Ste Catherine et ses milliers de visiteurs bruyants. Que les études et le travail nous attendent le lendemain. C’est un petit coin pour reprendre son souffle dans notre trépidante vie quotidienne. Je vous donne l’adresse ? C’est au 9 rue Fernand Philippart !

« C’est très important pour moi qu’une personne qui vient ici pour la première fois

Je vous amène dans un atelier de sculpture et de modelage d’argile pour tous les niveaux. Vous n’avez donc pas besoin d’être un pro et de savoir faire des bustes ou de magnifiques jarres pour venir, un petit cendrier serait un très bon début ! Et vous voulez la meilleure nouvelle ? Votre entrée sera gratifiée par le magnifique chant des quatre petits oiseaux qui volent en liberté dans tout l’atelier.

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Ateliers Libres a vu le jour il y 40 ans, il s’agissait à l’époque, d’un lieu d’ouverture et d’accueil pour toute personne qui souhaitait créer, peu importe le support. Créée par le père François, la fondation aide également les personnes faibles et démunies. Cela palliait un manque à une époque où l’art n’était destiné qu’à une certaine élite, le but étant de permettre à n’importe qui de s’épanouir via la création et la liberté d’expression.

reparte heureuse. »

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Par chance, avec le temps, l’art a pu se démocratiser et l’atelier s’est centré sur la sculpture d’argile : c’est en 1975 que l’association obtient son caractère officiel. On y rencontre maintenant un grand nombre de personnalités différentes, des instituteurs, des élèves des Beaux-Arts mais aussi des enfants ou encore des personnes atteintes de handicaps. C’est pourquoi la liberté d’expression est une des grandes valeurs de l’atelier, personne n’est conditionné ou formaté. Les choix des sujets sont libres et s’adaptent donc à la personnalité de chacun. Le partage est également très important, tous les jours un petit goûter est organisé afin que les membres puissent échanger et discuter ensemble autour d’un bon thé avec quelques biscuits. Cette ambiance familiale et conviviale est cultivée mais ne doit jamais être forcée, cela vient naturellement et fait partie des petits plaisirs qui règnent dans ce lieu. Pour cela, Hasna Vasseur, l’animatrice des ateliers nous accueille chaleureusement avec le sourire, et aide chaque personne à s’intégrer.

« Pour moi l’art est indispensable si l’on chasse la prétention et qu’on le rend accessible avec une expression libre. Après le résultat, le jugement ici ou l’évaluation sont mis de côté. »

« On s’enrichit les uns des autres. Parfois, on peut être surpris de voir que sur le plan émotionnel ou artistique les personnes invalides peuvent grandement inspirer et aider les personnes dîtes valides. Les invalides sont biens moins conditionnés par les dogmes, l’école… C’est là que l’échange dépasse ce que nous sommes, et nos rôles. Face à la création, on est tous égaux. » Pour huit euros, vous pouvez donc obtenir une séance durant toute l’après-midi dans ce charmant endroit plein de poésie où l’art s’exprime à travers de multiples sensibilités et sous plusieurs définitions. Vous n’y serez jamais jugé mais au contraire, porté par une douce atmosphère et de bons conseils.

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N’ayez donc pas peur de tenter de nouvelles choses, vous pourriez bien vous découvrir un nouveau talent. Il vous suffit de pousser la porte, de sauter dans le terrier, et vos petites menottes se retrouveront bientôt couvertes d’argile et bercées par le mélodieux quatuor à plumes. Et si vous êtes déçu, (ce dont je doute très fortement) vous aurez toujours gagné un splendide vide poche !


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Article par:

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HEAVEN CAN'T WAIT Heaven Can Wait c'est 4 membres. Pierre à la guitare et au chant, Vincent à la basse, Alexandre à la guitare et William à la batterie. Il est un peu complexe de definir vraiment leur musique, un mélange de rock'n'roll bluezzy, de Stoner Southern métal avec une pincée de rock psyché.

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En 1943, en pleine guerre, le réalisateur Ernst Lubitsch sortait son film Heaven Can Wait. Une œuvre racontant l'histoire d'un homme mort, persuadé de mériter le feu éternel , et qui décide de frapper spontanément à la porte du diable : le patron des enfers. En 1986, c'est le groupe Britanique de Heavy Metal, j'ai nommé Iron Maiden qui décide de composer une chanson afin de rendre hommage à ce chef d'œuvre. Je vous rassure, l'équipe Feather n'est ni allé discuter avec cet intenable bougre de démon et n'est pas non plus allé affronter le smog Londonien à la rencontre des patrons du Simply Metal . Pour vous avouer, nous sommes allé rencontrer un jeune groupe bordelais de Stoner Metal qui répond au doux nom de Heaven Can Wait. Si les cieux peuvent attendre, notre patience a eu des limites et nous vous avons fait partager notre curiosité .

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Crédit photo : Marie-Line Broage

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Actuellement en studio, Heaven Can Wait c'est 4 membres. Pierre à la guitare et au chant, Vincent à la basse, Alexandre à la guitare et William à la batterie. Il est un peu complexe de definir vraiment leur musique, un mélange de rock'n'roll bluezzy, de Stoner Southern métal avec une pincée de rock psyché. Formé il y a tout juste deux ans , le groupe est actuellement en studio pour sortir son 1er EP.

Comment vous rencontrés ?

êtes-vous

Vincent: Pour ma part, j'ai rencontré Pierre à une soirée. Nous avons de suite bien accroché. Alex: Heaven Can Wait était déjà formé, et il cherchait un nouveau guitariste car l'ancien quittait le groupe. C'était il y a un peu plus d'un an, je cherchais justement un groupe, et Pierre m'a contacté en répondant à une annonce que j'avais laissé sur un site internet. Je dois avouer que j'ai bien failli décliner la proposition car je n'accrochais pas vraiment avec leurs morceaux de l'époque ! Mais on a quand même convenu d'un rendez vous , et puisque la nouvelle direction musicale du groupe s'accordait bien plus à la mienne et que le courant passait très bien entre tout le monde, humainement comme musicalement, j'ai rejoins le groupe.

William : Les amis des amis des amis. Dans cette ville, quand on est de base musicien rock/ métal on vient à rencontrer beaucoup de personnalités jouant dans d'autres groupes via les concerts, scènes, plateaux que l'on partage. Donc ça résume bien comment on s'est rencontrés. Personnellement, je connaissais l'ancien guitariste du groupe et ils avaient besoin d'un batteur, j'ai pu rencontrer la pièce maîtresse du groupe, c'est à dire Pierre. Quelles sont vos inspirations, vos influences ? Vincent: Sans hésitation, Rise Against en premier et ensuite, je ne pourrais pas mettre d'ordre, Blink, Nirvana, les Doors, BRMC, The Vines et les Beatles. Pierre: Plutôt les Black Stone Cherry, All Stuff' , DeepPurple et Mastodon. Des groupes de Stoner metal du style Oil Carter. Alex: Musicalement, beaucoup de vieux groupes de rock, tous ceux qui ont donné à rêver à notre génération, qui ont réussi à briser les barrières et qui font de l'envie de liberté une chose plus importante que tout le reste. J'aime ressentir la hargne et la passion des musiciens quand j'écoute un disque, je veux sentir l'odeur de bière et de transpiration. Les groupes de la scène stoner actuelle m'influencent beaucoup aussi. William: Du Rock'n roll 50 60's, blues, rock (Little Richard, Jerry Lee Lewis, Chuck Berry).


Pourquoi avoir choisi le rock / le métal comme moyen d'expression ? Vincent : C'est un style de musique où on peut se permettre beaucoup de choses, il y a peu de règles, mais c'est surtout un style dans lequel on peut crier, hurler ce qu'on a à dire. Ce que j'aime dans le rock, c'est les émotions qu'on peut y mettre, et que chacun va pouvoir y voir quelque chose de différent. Et en même temps, c'est un style dans lequel on ne s'ennuie pas, surtout en tant que bassiste, dans ce style j'ai rarement du répit, et j'adore ça! Pierre: Pour faire simple, je suis juste extrêmement fan de cet univers. Alex: Ça s'est fait naturellement, c'était ce qui semblait le plus logique. William: C'est une musique ou on peut se défouler, sortir et dégager une haine, une hargne, il n'y a aucun tabou. Tout le monde peut faire du rock ou du métal

Quels sont les thèmes récurrents de vos compos ? Vincent: Les conflits intérieurs, l'acceptation de soi. Ce sont des thèmes qui me tiennent à cœur.

Quelle est votre compo fétiche ? Vincent: Pour moi c'est "We're Wild", mais les autres ne sont pas d'accord avec moi. Mais ce n'est pas tant du fait des paroles ou de la musique, mais plus dans ce qu'elle dégage, c'est un cri du cœur, un cri de liberté, et j'adore le crier à chaque fois qu'on la joue !

Alex: Les relations humaines, le façonnement de la personnalité, le changement... William: Pour faire dans le cliché : Sex drugs and rock'n roll ? Non, en fait, ce n'est pas tellement ça, nos compositions parlent plus de psychologie et de sociologie.

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Crédit photo : Marie-Line Broage

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Pierre: "Sound city" car c'est le morceau qui me tient le plus à cœur. Ça parle d'un ancien studio qui n'existe plus. Le studio est mort à cause du digital, de l'industrie musicale moderne.

Pierre: L'EP a comme sujet le comportement humain. Par exemple, le morceau "Fake" parle de l'argent qui peut souvent faire changer un individu . Mais les thèmes de nos compos ont comme base les vrais valeurs du rock n roll .

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Avez-vous de projets ? Lesquels ?

Un petit mot pour nos lectrices et nos lecteurs ?

Vincent: Pour le groupe on ne manque pas de projets ! On est actuellement en enregistrement, et on a de la chance d'avoir deux personnes qui s'occupent vraiment bien de nous, qui nous conseillent, et qui se donnent à fond pour que notre travail puisse rendre le mieux possible! Un autre projet, plus personnel mais qui a cependant un rapport avec le groupe, c'est la création de ma basse en février avec Wild Custom, j'ai la chance de pouvoir faire un stage chez eux et de concevoir et fabriquer ma basse, entouré d'une équipe de luthiers ! Ils sont incroyablement gentils, et leurs instruments sonnent vraiment bien, je recommande !

Pierre: Je pense que c'est important de rester soi-même. Soyez fier d'être " vous".

Pierre: Nous allons bientôt faire un clip . Et nous recherchons des dates hors Bordeaux. L'EP sortira prochainement en principe . Alex: Actuellement, on est en train d'enregistrer notre premier EP, qui devrait sortir d'ici février. C'est une étape très importante pour nous, et dès qu'il sera sorti, on compte bien démarcher un max et faire le plus de concerts possible pour le promouvoir !

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William: Tout le groupe est bientôt chez Wild Custom avec son instrument respectif, il ne manque plus que je me fasse faire customiser ma caisse claire à mon goût et le tour est joué. Sinon, tourner le plus possible, jouer dans le monde entier, voir grand.

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Alex: Écoutez du bon rock, buvez beaucoup de bière, et continuez de soutenir la scène bordelaise . William: Que ce soit dans le monde de la musique, cinéma, écriture, dessin, peinture, sculpture, mode, ne jamais lâcher l'affaire. Ça plait pas à l'un, ça va forcément plaire à l'autre. Moi personnellement j'aimerai vivre de la musique. Ça va être dur, mais je m'en donnerai les moyens. Et je terminerai par une belle phrase qui vient d'un titre d'un des plus grands groupes de rock qui n’a jamais existé sur cette terre: "It's a long way to the top if you wanna rock'n roll !". Vincent: Je pense que le meilleur moyen d'avancer c'est d'être fidèle à ses convictions et de rester soi-même, sans peur, sans crainte, alors foncez, c'est un peu ça le message dans nos textes


Crédit photo : Marie-Line Broage

Si Ersnt Lubish nous avait pondu le portrait d'un Casanova infantile et attachant, traitant de l'amour, du deuil, de la trahison, du plaisir et de la mort dans son film, Heaven Can Wait nous pond ici une musique au rythme hypnotique, simpliste et surtout une production bien rétro. Une sorte de petite virée en Hartley sur la route 280 de Wootside, dans les années 1990 avec une chaleur étouffante, la musique dans les oreilles. A déguster sans modération. Oui, les cieux pourront bien attendre.

Facebook: Heaven Can Wait


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Avant la sortie de son premier album « Octobre Paris», le chanteur de 24 ans a accepté une interview pour Feather, Un entretien franc, honnête pour découvrir le vrai visage de ce jeune homme. Go !

Salut Francois, peux-tu me parler de ton nouvel nouvel album? Pas un nouvel album ! Un tout premier album ! Le défi était clair : réussir à garder le charme et l’univers des premières chansons tout en allant vers des sons plus efficaces. Il fallait aussi ne pas décevoir ceux pour qui ces chansons avaient déjà un sens. Garder l’âme mais gagner en crédibilité ! J’ai bossé avec Maxime Dheilly, ex leader du groupe The Void et ami de longue date. Il est essentiel à l’existence de ce disque puisqu’il en est l’arrangeur et le réalisateur. Tous les musiciens qui ont participé à la création et à l’enregistrement en studio m’accompagneront bientôt sur scène.

Pourquoi ce titre « Octobre Paris »? C’est le titre qui me semblait le plus représentatif de cette première époque de chansons. Ce sont aussi les deux premiers mots prononcés dans « Mister Parker » piste 1 du disque. Octobre c’est l’automne, c’est presque les feuilles mortes, c’est les joues gelées des filles, les longs manteaux de mes amis poètes. Paris, c’est le décor, la scène, le terrain de jeu de mes amis qui sont tous des acteurs perdus dans la vraie vie. Octobre Paris ! Oui, ça me parle et puis ça sonne bien ! Ça ferait un bon livre et un bon film… J’ai opté pour le disque ! J’aime l’idée d’une époque et d’une ville, ça plante bien le décor.

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https://itunes.apple.com/fr/album/ octobre-paris/id961670438

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L’album « Octobre – Paris » disponible dès à présent sur Itunes :

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Comment peux-tu musique ?

définir

ta

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Justement, on se demandait avec mon équipe si on devait dire « chanson française », « chanson folk rock » ou « pop française » ! J’aimerai répondre : histoires courtes, petits courtsmétrages, aventures urbaines, clichés instantanés de polaroid …

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Quand as-tu eu le déclic ? Début 2011, un soir, il y avait une fille chez moi que je voulais surement impressionner en faisant ma petite mise en scène du type triste en fin de nuit qui se met à écrire sur le coin d’une table… Ça ne l’a pas impressionné du tout ! Le mois suivant avec à peine 4 titres je donnais un concert seul avec ma Fender acoustique dans ma ville natale d’Amiens où je jouais ces chansons deux fois n’ayant pas assez de matière mais le bar pour moi ! J’ai eu de très bons retours ce soir-là et autant d’encouragements. J’ai toujours tenu divers carnets où je note des phrases en vrac, entendues, lues ou bues ! J’ai eu très tôt le goût des mots, le sens du rythme dans la phrase, la musique à l’écrit ! Petit, pour faire comme mon père dans son enfance, j’avais un carnet de « je n’oublierai jamais » Chaque jour je notais quelque chose, une petite phrase en commençant par « je n’oublierai jamais » Il faut que je le retrouve, j’ai des choses à me rappeler et des choses à rajouter. Les chansons c’est ça, c’est 3 min 30 pour dire : « Je n’oublierai jamais » . Fixer dans le temps, des sensations, des images, des filles, des douleurs. Et quand les gens s’y retrouvent, à tel point qu’ils pensent avoir écrit la chanson eux-mêmes, c’est la plus belle des récompenses !

Quelles sont musicales ?

tes

influences

J’aime beaucoup d’artistes différents, c’est la clef pour savoir qui on est au milieu de tout ce qui existe déjà ! J’adore surtout Renaud, Bashung, Hardy, Dutronc, Capdevielle, Thiéfaine, Christophe, Souchon, Daho, Jacno… Gainsbourg ! ( Je suis allé poster un flyer de promo de l’album chez lui rue de Verneuil ! Pas de nouvelles depuis… ) J’aime beaucoup aussi Benjamin Paulin, Vincent Delerm ! Tous ne sont pas forcément des influences mais des amis, des guides. Je vous recommande aussi les chansons de Thibault Lévêque mon grand copain et celles de Thomas Baignères leader du groupe « Le Spark » et camarade nocturne ! Quel est le thème principal de tes chansons?

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J’adore la posture du broken heart, du coeur brisé de Mister Parker. Mon thème principal, au fond, simplement, c’est la course. La course à la vie, la soif ! Qui aimer ? Qui suivre pour ce peu de temps sur terre ?

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Quelle est ta composition personnelle fétiche ? C’est « Chanson pour Lisa ». Elle ne figure pas sur l’album car l’émotion de cette chanson n’est pas reproductible et je ne veux pas sonner faux ! Elle est sur Youtube avec au début un message vocal de Lisa avant l’accident … Je n’en dis pas plus, je l’ai déjà assez raconté ! C’est cruel mais c’est plus simple d’écrire sur ses blessures que de chercher un thème efficace qui n’a jamais été vécu. Il faut vivre, souffrir, survivre et écrire ensuite . J’ai vu que tu avais joué au Gibus Club, ça n’est pas n’importe quoi. Qu’est ce que ça fait de jouer là-bas? Oui c’est un lieu culte qui l’est peut-être un peu moins maintenant. Je suis plus Bus Palladium ! C’est toujours émouvant de monter sur une scène en pensant à tous les artistes qui y sont passés avant nous.

Encore mieux, tu devais assurer la première partie du grand Peter Doherty avant que la tournée ne soit annulée, ça s’est passé comment ?

Son équipe cherchait un frenchie assez similaire dans l’ambiance et l’apparence scénique. J’ai envoyé quelques vidéos et j’ai été pris directement ! Malheureusement ça n’a eu aucun intérêt puisque Pete était ivre ce soir-là à l’autre bout du monde ! Pour terminer, j’ai vu que tu étais un peu associé à la culture poétique, quel est ton poète favori ? Pourquoi ? Charles Baudelaire ! Surtout pour ses journaux intimes « Mon coeur mis a nu » et « Fusées » J’ai lu récemment un texte de Baudelaire sur la vie d’Eugène Delacroix ou il écrivait « Ç’a été, je crois, une des grandes préoccupations de sa vie, de dissimuler les colères de son cœur et de n’avoir pas l’air d’un homme de génie. Son esprit de domination, esprit bien légitime, fatal d’ailleurs, avait presque entièrement disparu sous mille gentillesses. On eût dit un cratère de volcan artistement caché par des bouquets de fleurs. » Quoi rajouter ? Qui n’est pas sensible à la poésie n’est pas sensible à la vie … Un premier tirage de l'album à 1000 exemplaires est disponible Une seule adresse pour l'acheter et le recevoir chez vous; écrivez jeveuxlalbumdecrimon@gmail. com L'album est disponible ici :

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Deezer: http://www.deezer.com/ album/9575610 Spotify : http://open.spotify.com/

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C r é d i t s p h o t o s : G a s p a r d Tr u f f e t - T h é o G o s s e l i n - K a k e p r o d

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Interview par:

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PLAYLIST

MADCHESTER

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Nous sommes au terme des années 80’s à Manchester, carrefour du rock anglais. L’une des terres british les plus fertiles pour ce qui est de groupes de musiques à gratte, qui a vu naître depuis les années 70 des légendes comme Joy Division. Dix ans plus tard, ravagée par la crise que traverse le Royaume-Uni sous la politique d’austérité de Margaret Thatcher, la jeunesse mancunienne avait besoin de nouvelles icônes plus exubérantes, moins mélancoliques, surtout moins déprimées. L’arrivée massive de l’Ecstasy couplée à l’importation en Angleterre de la musique house de Chicago (où elle n’était pas encore popularisée en-dehors de son territoire) vint se mêler aux sonorités rock. Les jeunes se tournèrent vers le dancefloor, la fête excessive et la prise de drogues en masse. De nouvelles formations indie rock virent le jour, callant leur rythmiques sur les tempo de la disco et de la house. Ces nouveaux héros, portes étandarts d’une nouvelle mouvance qui faisait de cette ville la plus excitante de toute l’Europe, c’était les Happy Mondays, les Stone Roses, New Order, 808 State. Toute cette euphorie ne tarda pas à porter un nom : Madchester (qui prenait sa source dans le nom d’un EP des Happy Mondays «Madchester Rave On» en 1989).

Factory Records, label de Joy Division signa le tube «Blue Monday» de New Order. F E AT H E R N6 P 58


PLAYLIST

MADCHESTER

FEATHER

Factory Records, label de Joy Division signa le tube «Blue Monday» de New Order, qui concilia de manière définitive public rock et public house. Avec l’argent récolté de la vente du single sorti en 1983, Factory lança l’Hacienda, le futur temple de la nuit mancunienne et ce jusqu’au milieu des années 90. Cet épicentre du mouvement musical Madchester ferma, à cause des dérives liées à la guerre des gangs autour de la drogue (et du décès d’une raveuse en 1997 suite à une overdose). À ses débuts, on y trouvait surtout du son New Wave propre à l’esprit british et au label...Mais petit à petit, l’acid house et la techno de Detroit se popularisèrent, Des DJs tels que Laurent Garnier (qui mixait à l’époque sous le nom sexy de DJ Pedro) et The Chemical Brothers y firent leurs premières armes. On pouvait aussi y retrouver chaque semaine Mike Pickering, DJ très réputé de la ville pour sa vision du DJ Set, aussi ouverte et variée que qualitative.

L’esprit de ce mouvement est volontairement apolitique. Il puise ses sources dans l’esprit «No Future» du courant punk : le seul mot d’ordre est la fête. Cette jeunesse ne veut pas changer le monde, elle veut profiter au maximum de sa brève existence. Elle n’est plus optimiste en l’avenir, le taux de chômage atteint des records. Les enfants de Madchester se réfugient dans les raves party, fêtes nocturnes improvisées en réponse à la fermeture des clubs anglais à 2h. Les raves, c’est la liberté : liberté de danser, liberté de s’amuser, liberté de prendre ce que l’on veut, liberté de venir comme on veut. Toute cette émulation porte une étiquette : on l’appelle le Second Summer of Love pour désigner ces étés anglais où tout devient possible (en référence au Summer of Love de San Francisco de 1967 qui fit connaître le mouvement hippie). Le mouvement prit fin dès la fermeture de son lieu symbolique l’Hacienda, au moment de la politique de répression contre l’organisation des raves party.

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La relève de la ville est assurée par quelques jeunes groupes locaux qui se tournèrent vers l’indie pop. Le plus notable d’entre eux : Oasis, dont l’un des frères, Noel Gallagher, était à l’époque le roadie (machiniste) du groupe Inspiral Carpets, formation phare du mouvement Madchester. D’autres succès planétaires british émergèrent en parallèle, notamment le plus gros adversaire des frère Gallagher, les londonniens Blur.

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Article par:

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PLAYLIST

MADCHESTER

FEATHER

Happy Mondays

A Guy Called Gerald

Blue Monday

Step On

Voodoo Ray

https://www.youtube.com/ watch?v=FYH8DsU2WCk

https://www.youtube.com/ watch?v=6M0xdLO_bmo

https://www.youtube.com/ watch?v=gGBlG12bXhc

Inspiral Carpets

The Stone Roses

Oasis

Joe

Waterfall

Supersonic

https://www.youtube.com/ watch?v=BsK76tTEeFU

https://www.youtube.com/ watch?v=qJpY6y4UJHY

https://www.youtube.com/ watch?v=p29MG7wn4F8

Soup Dragons

The Charlatans

I’m Free

The Only One I Know

https://www.youtube.com/ watch?v=ZVGf3ePIO04

h t t p s : //w w w.y o u t u b e . c o m / watch?v=0RJwW77Lsj8

808 State

Phuture

Pacific State

Acid Tracks

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https://www.youtube.com/ watch?v=6jQ_bOP0HfY

https://www.youtube.com/ watch?v=JCUPc9zVfyo

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New Order

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La recette Feather

GRA NO LA Envie de déguster ses propres céréales? Sain et très simple à faire, messire le granola est là.


Temps de préparation : Environ 15 minutes Cuisson : 30 minutes

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GRE DIENTS:

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Remuez dans un grand bol tous les ingrédients secs. Dans un autre récipient, mélangez l’huile, le sirop d’érable et la vanille liquide. Versez ce mélange sur les ingrédients secs. Mélangez bien pour que toutes les céréales soient bien imprégnées. Chemisez de papier sulfurisé une plaque allant au four. Versez-y les céréales et répartissez-les bien pour la surface soit plane. Réglez votre four à 130°C et placez-y la plaque pour 30 minutes. A la fin de la cuisson, les céréales doivent être toastées. Sortez la plaque du four et laissez le granola complètement refroidir avant de le placer dans un récipient hermétique.

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rio Ma

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Les petits trucs en plus : L’avantage du granola est que vous pouvez le personnaliser à fond en changeant de céréales ou en ajoutant des raisins secs, cranberries, copeaux de noix de coco… Le granola est multi-fonctions ! Vous pouvez le déguster avec du lait mais aussi avec du yahourt ou en simple snack. Rien ne vous empêche également d’ajouter du sirop d’érable, miel ou sirop d’agave.

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3 CS de sirop d’érable 2 CS de Vanille liquide

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Flocons de céréales Noix de cajou Amandes Noisettes décortiquées CS d'huile végétale (tournesol, arachide, noix de coco, noisette…)

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Pour 325 gr de granola


REMERCIEMENTS Boutiques & Concepts Stores Strictly 1 Rue Bouquière, 33000 Bordeaux Edith 6 Place Fernand Lafargue, 33000 Bordeaux

Intervenants Shooting Antoine Raoult Camille Gai Tifanny Mcklein Lorenzo Paino

Richy’s 73 Rue du Pas-SaintGeorges, 33000 Bordeaux A.Copola 61 Cours d’Alsaceet-Lorraine, 33000 Bordeaux Graduate 63 Rue du Pas-SaintGeorges, 33000 Bordeaux

Vidéaste Dorian Falconnet

Partenaires Microkosm ZH Agency

Ma premiere boutique 11 Rue Maucoudinat, 33000 Bordeaux H&M 50-60 Rue SainteCatherine 33000 Bordeaux

I.BOAT Just Discothrill

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Bordeaux in box

Mention Spéciale

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Ciell : Collection Capsule

Hasna Vasseur Ateliers Libres

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Me


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featherwebzine@gmail.com


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