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LA FIAC ET PARIS PHOTO

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VERT CHLOROPHYLLE

VERT CHLOROPHYLLE

Sur la place Vendôme, « Flying Dragon », 1975, stabile d’Alexander Calder, en tôle, vis et peinture. Mélangeant biomorphique et architectonique, cette œuvre illustre parfaitement le génie de Calder en termes de composition. Unissant lignes élégantes, formes simples et couleurs vibrantes, elle constitue une figure distinctive et évocatrice qui active l’espace autour d’elle. De par sa taille immense, elle procure aux spectateurs la sensation d’un être mystique empli d’une force légendaire.

FIAC ET PLUS ENCORE

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LA FOIRE INTERNATIONALE DE L’ART CONTEMPORAIN SE DOUBLE D’UNE ÉDITION VIRTUELLE, PARALLÈLEMENT À SON INSTALLATION SUR LE CHAMP-DE-MARS. ELLE ESSAIME AUSSI DANS TOUT PARIS, DE LA PLACE VENDÔME AU JARDIN DES TUILERIES, DU MUSÉE DELACROIX AU LOUVRE, DE LA BOURSE DE COMMERCE-COLLECTION PINAULT AU CENTRE POMPIDOU. PAR Virginie Bertrand

« Nous l’avons voulu, avec mon équipe, non comme une Fiac de reprise après cette année 2020, mais dans une dimension au top du top, toujours plus riche, hybride, réelle dans ce nouveau lieu conçu par Jean-Michel Wilmotte, virtuelle avec 220 galeries au total, un programme Hors les Murs exceptionnel, allant des artistes les plus jeunes à un artiste historique, Alexander Calder. » Jennifer Flay, directrice de la Fiac, revendique l’ouverture démultipliée de cette foire qui attire les plus grandes galeries internationales mais qui ne se réserve pas aux grands collectionneurs. « On adore l’OVR – Online Viewing Rooms (ovr.fiac. com) - qui permet une couverture géographique plus grande, et sociologique, un public élargi qui peut découvrir des œuvres, par artistes mais aussi par prix, moins de mille euros par exemple, par date de création… les possibilités sont multiples et c ’ est gratuit ». La déambulation réelle se révèle aussi vaste, des 170 exposants du Grand Palais Éphémère aux vingt-cinq sculptures monumentales des Tuileries. La chouette, géante et protectrice, en hommage à la déesse Athéna de Lionel Sabatté (galerie Ceysson et Bénétière), les chimères de Steffan Rinck (Semiose) peuplent le jardin dans lequel on peut voir aussi les empreintes de dinosaures d’Angelika Markel (Albarran Bourdais) non loin de la cabane en branches de Vincent Laval (Galerie Bertrand Grimont). La place Vendôme voit se poser « cette immense libellule de Calder dont le rouge se décroche sur cet écran minéral. Elle vient nous apporter sa beauté, sa magie. Cette œuvre n’avait pas été montrée depuis des décennies, elle est venue d’Australie par bateau, a été restaurée par la Fondation Calder, avec la galerie Gagosian ». Au musée Delacroix, c’est le jeune artiste Jean Claracq qui est invité à dialoguer avec le maître des lieux sur la thématique de la jeunesse. « De belles résonances, encore ». Sans omettre la Fiac Parades dédiée aux performances, les conférences, et toutes les autres manifestations qu’elle entraîne dans son sillage : Jean-Michel Othoniel au Petit Palais, l’exposition « Quand la matière devient art » chez Guerlain entre beaucoup d’autres.

FIAC

— Du 21 au 24 octobre. Grand Palais Éphémère et Galerie Eiffel, Plateau Joffre, 75007. fiac.com

© Peter Lippmann

1. 2.

1. Dora Maar, Jeune garçon au panier, Barcelone, 1932, tirage gélatino-argentique d’époque, 18,2 x 24 cm. Pour elle, la photographie de rue est un geste à portée sociale et politique. Courtesy Gilles Peyroulet & Cie, Paris. 2. Frida Orupabo, Sans titre, 2019, tirage d’art sur papier baryté Hahnemühle Photo Rag, 145 × 102,5 cm. Une artiste norvégienne-nigériane questionnant à travers le portrait l’héritage du colonialisme, le patriarcat, le genre. Courtesy Galerie Nordenhake Berlin/Stockholm/Mexico/Bâle.

REGARDS DE FEMMES

PARIS PHOTO POURSUIT SON PARCOURS « ELLES », DÉBUTÉ EN 2019 À L’INITIATIVE DE LA FOIRE, DU MINISTÈRE DE LA CULTURE ET SOUTENUE PAR LE PROGRAMME « WOMEN IN MOTION » DE KERING. IL MET EN LUMIÈRE LES ARTISTES FEMMES, DANS LA PLURALITÉ DE LEURS REGARDS, EXPLORANT CE MÉDIUM, D’HIER À AUJOURD’HUI, À LA DÉCOUVERTE D’AUTRES IMAGINAIRES. PAR Virginie Bertrand

Nathalie Herschdorfer, historienne de l’art spécialisée dans l’histoire

de la photographie, directrice du musée des Beaux-Arts du Locle, en Suisse, professeur à l’ECAL de Lausanne, est la commissaire, « le capitaine » de ce voyage en trente escales. L’expédition proposée démarre en 1851 et se termine en 2021, partant des œuvres de la botaniste et pionnière anglaise Anna Atkins jusqu’à la série de portraits Naître et n’être rien, interrogeant les « invisibles », de l’autodidacte Mame-Diarra Niang. Naviguant à travers cent soixante-dix ans de photographie, l’itinéraire emprunte tous les continents, parmi les 147 galeries présentes sur Paris Photo dont 63 % sont étrangères, hors éditeurs de livres rares. On s’invite dans les cercles artistiques de l’entre-deux-guerres, en compagnie de Madame d’Ora, portraitiste autrichienne – de Gustav Klimt à Gabrielle Chanel – mais relatant aussi les atrocités de la guerre, ou de Dora Maar, toutes deux reléguées à la périphérie de l’histoire de la photographie, comme c’est le cas encore d’Anneliese Kretschmer qui était une artiste reconnue sur la scène artistique allemande à la fin des années 1920. On emprunte le sillage des mouvements féministes des années 1970 avec entre autres, Orlan et son Nu descendant l’escalier datant de 1967. Un voile est aussi levé sur une génération de femmes qui ont marqué la photographie des années 1970 aux années 1990, de Miyako Ishiuchi à Sally Mann, en passant par des figures historiques éclipsées, comme la Finlandaise Sirkka-Liisa Konttinen qui a photographié sans filtre les quartiers ouvriers de Newcastle ou l’Américaine Deborah Turbeville dont le travail se résume trop souvent à ses photographies de mode. Les artistes contemporaines pratiquent également un art activiste. Plusieurs d’entre elles, telles Anastasia Samoylova et Almudena Romero, portent un regard sur la nature. D’autres, comme Dimakatso Mathopa, originaire d’Afrique du Sud, s’intéressent aux stéréotypes et questionnent une histoire des images qui est imprégnée d’une vision du monde reflétant le système patriarcal. Des éclairages, bienvenus.

PARIS PH O T O

— Du 11 au 14 novembre Grand Palais Éphémère. Champ de Mars, 7, av Loti, 75007. parisphoto.com

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