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BELVÉDÈRE COULEUR

B ELVÉD È RE COULEUR

Espace libre, sans portes ni cloisons, traversant, cet ancien atelier d’artiste au pied de la Butte Montmartre invite le ciel et les toits de Paris dans ses murs. La décoratrice d’intérieur Sophie Erkelbout fait table rase, twiste la nostalgie et arrondit les angles. Lignes courbes aux accents pop signent désormais la ligne d’horizon de ce belvédère acidulé, et en apesanteur.

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PAR Caroline Clavier P H OTOS Philippe Garcia

P OIN T DE VUE

PAGE DE GAUC H E Dans le salon, canapé modulable vintage « Lola Carrera » de De Pas, D’Urbino et Lomazzi, 1970, Bruno Van Caelenberg, fauteuil pivotant « Swan » d’Arne Jacobsen, Fritz Hansen, et table basse ronde « Tulip » d’Eero Saarinen, Knoll, La Galerie du 20ème Siècle. Sur la terrasse, jardinière cône de Willy Guhl, en Eternit, 1950, Tom Allee. Coussin, Géraldine B. Prieur pour Rouge Absolu. Tapis vintage 1970, Oda Space. Lampadaire « Arco » d’Achille Castiglioni, Flos, Damien Barioz. Boîte en résine fractale verte, Fred Bordes.

PAGE DE DROITE Tableau Divinité aztèque d’André Aleth Masson, La Galerie du 20ème Siècle. Murs peints en « Pure Grey 7-PG07 » finition satin, Ressource.

ES PACE T RAVERSAN T

PAGE DE GAUC H E Dans le salon, côté verrière, canapé « PK 31 » en cuir, de Poul Kjaerholm pour Kold Christensen, Damien Barioz, il est encadré d’une paire de lampes ananas, 1970, Chez Johnny. Tables gigognes en marbre, table basse rétroéclairante au plateau en résine fractale, lustre de cinéma, 1960, appliques « Pan Opticon » de Bent Karlby pour Lyfa, et fauteuil « Mushroom » de Pierre Paulin, recouvert du tissu « Tonus 4 », Kvadrat, par le tapissier Ludovic Doussineau, l’ensemble La Galerie du 20ème Siècle. Fauteuil « Whist », d’Olivier Mourgue pour Airborne, Chez Johnny, et tapis vintage chiné, Desso. Sur le mur, décor ondulant, Galerie Modernité. Murs gris, « Pure Grey 7- PG07 », et orange « Coraild’Oursin-IT11 », Ressource.

PAGE DE DROITE Dans la salle de bain, vasque « Bjhon » d’Angelo Mangiarotti, Agape, B’bath. Marches en mosaïques « Diva », Appiani, et sur les murs carrelage « Lane » de Barber & Osgerby, Mutina, les deux Carrément Victoire. Suspension en opaline colorée, années 1970, Didier Fernyhough.

T OUC H ES ACIDULÉES

CI - CONTRE Devant, table en travertin de Giancarlo Piretti, plat en céramique d’André Aleth Masson et cendrier en travertin, au fond, cocotte en fonte de Raymond Loewy, Le Creuset, et chaises « Lafonda » de Charles et Ray Eames en fibre de verre, Herman Miller, l’ensemble La Galerie du 20ème Siècle. Chaise d’enfant jaune de Jean-Louis Avril, Marty L.A.C., Modernariato. Sur une table à gibier du XIXe, Isabelle Delahaye Antiquités, vase en opaline, Le Bazar Paul Bert. Au-dessus de l’évier, sérigraphie de Moolinex. Sur le plan de travail, pots en céramique de Pino Spagniolo, Sicart, 1960, tasse d’Enzo Bioli, Il Picchio, Modernariato, Au mur, litho de Geneviève Claisse, Isabelle Delahaye Antiquités. Suspensions, Didier Fernyhough et spots, Modular Lighting Instruments. Peinture « Curry-SL22 » de Sarah Lavoine et « Brillant White-Pop 0 », les deux Ressource.

CI - CONTRE 1. Fauteuil « Mushroom » de Pierre Paulin, commode « DF 2000 » de Raymond Loewy pour Dounbisky Frères, et trois lithos Signes astrologiques de Kumi Sugai, l’ensemble La Galerie du 20ème Siècle. Vase de Roger Capron et céramiques, Basile Parello, daybed en Plexiglas fumé de Bernard Gauvin, Oda Space, et tapis vintage chiné, Desso. 2. Assiettes, 1970, sur une table en résine fractale, La Galerie du 20ème Siècle, boule en résine, Fred Bordes, et verres de Biot. 3. Fauteuil « Swan » d’Arne Jacobsen, Fritz Hansen, et cheminée en Inox, 1970, Aurélien Serre. Mur peint en « Purple Pop-P008 », Ressource. 4. Au pied de la cage d’escalier, fauteuil « Anneaux » de Maria Pergay, 1968, chiné.

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Jaune électrique, rouge vif, violet fluo, rose acidulé, la décoratrice d’intérieur Sophie Erkelbout aime la couleur franche et engagée. D’un mur à l’autre, du textile aux motifs, du canapé aux tables, le pigment circule et sature les volumes du sol au plafond. Des vertus de la couleur et de ses bienfaits elle peut débattre sans relâche : « l’énergie, la joie, la force, sa manière de structurer l’espace, de remplir l’air d’ondes vibratoires, tout est bon dans la couleur ! ». Sanglée dans son blouson Courrèges, jupe seventies et coupe au carré, Sophie Erkelbout a l’allure des années Pop. Celles des décennies 1950, 1960 et 1970 ont façonné son style, sa philosophie, son art de vivre mais aussi son travail. L’insouciance, la liberté des formes, la fluidité de la courbe, « une vraie madeleine de Proust » qui réveille la légèreté d’une époque où « le jeu et l’humour, du mobilier aux imprimés, de la décoration à l’architecture, étaient une affaire sérieuse ». La rénovation de cet atelier a suivi cet élan. Dernière demeure et lieu de travail du peintre, dessinateur et décorateur de théâtre Jean Dorville et de sa femme comédienne, l’héritage de ces lieux perchés au-dessus de Paris, coiffés d’un belvédère unique, est une véritable respiration, mais aussi une invitation à créer. Trois cent soixante degrés d’une vue panoramique traverse de part et d’autre le volume en duplex. À l’époque, l’espace cloisonné empêche d’en prendre la mesure. Dans ce Paris nostalgique de la Butte Montmartre, la décoratrice d’intérieur ouvre en grand l’espace et laisse entrer l’horizon dans les murs. Pas de cloisons, pas de portes et un objectif : voir la tour Eiffel de partout y compris dans l’intimité de la douche. Résultat, le volume libéré tourne en rond autour de la cage d’escalier menant à un belvédère devenu chambre. Laquée en noir, sa surface miroir contraste avec le reste des murs traités en finition mate. Côté mobilier, le canapé, les tapis, les graphismes dessinent le mouvement, et accompagnent la circulation. Initiée par ses parents à « l’univers des salles des ventes en même temps qu’à la corde à sauter », elle connaît les Puces et les marchands comme sa poche. Des années de recherche lui donnent l’instinct du décor. Parmi ses lieux de chasse favoris, Les Puces du Design, WAYD (We Are Young Dealers) pour découvrir les jeunes marchands ou encore les déballages d’Undesignable Market Paris dans le Ve arrondissement, notamment pour ses exposants étrangers. Des événements que Sophie Erkelbout envisage comme des rendez-vous incontournables, soutenus par l’affinité complice de Jean-Yves Allemand, incollable sur Pierre Paulin ou Olivier Mourgue dans sa Galerie du 20ème Siècle, ou encore Fred Bordes présent aux Puces de Saint-Ouen, qu’elle visite pour sa vision personnelle des années 1970, son goût pour la résine fractale et ses livres. De vrais outils de références, précieuses sources d’information sur une époque qu’elle explore avec passion.

EN A P ESAN T EUR

PAGE DE GAUC H E La chambre est installée dans le belvédère, le lit est habillé d’un jeté de lit de Géraldine B. Prieur pour Rouge Absolu, au-dessus, une litho de Geneviève Claisse, Isabelle Delahaye Antiquités.

PAGE DE DROITE Perchée en haut de la cage d’escalier, peinte en laque noire, la décoratrice d’intérieur Sophie Erkelbout.

LES ADRESSES DE SO PH IE ER K EL B OU T

Pour son univers minimaliste, les pièces de Georges Nelson et les luminaires

de Gino Sarfatti, Galerie Christine Diegoni.

Pour sa connaissance des designers français ou de l’artiste André Aleth Masson,

Jean-Yves Allemand, La Galerie du 20ème Siècle.

Pour ses tapisseries du XXe siècle, ses résines fractales et les bijoux de son épouse,

Fred Bordes et Sophie Montabert.

Pour les pièces de Boris Tabacoff et le travail cinétique de Julio Le Parc,

le jeune marchand Basile Parello.

Pour sa sélection de design Space Age,

en luminaires et sofas, Peyrieux Design. —

TRANSPARENCES

PAGE DE GAUC H E La salle de bain est équipée d’une vasque « Bjhon » d’Angelo Mangiarotti, Agape, B’bath et d’une robinetterie, Boffi. Marches en mosaïques « Diva », Appiani, et sur les murs carrelage « Lane » de Barber & Osgerby, Mutina, les deux Carrément Victoire. Suspension en opaline, années 1970, Didier Fernyhough. Sur le mur, litho Signe astrologique de Sugai, La Galerie du 20ème Siècle. Pigeon en céramique de Jaime Hayon, Bosa, vase en céramique noire, Basile Parello, verre à brosse à dents de Murano. Étagère noire de Marcello Siard, Kartell, Modernariato.

PAGE DE DROITE Une verrière abrite un patio végétalisé, ce volume vitré fait office de séparation entre la salle de bain et le salon de l’ancien atelier, créant une enfilade en transparence. Sur la gauche, fauteuil noir « Whist » d’Olivier Mourgue, Chez Johnny, et fauteuil rouge « Mushroom » de Pierre Paulin, La Galerie du 20ème Siècle. Tapis vintage, Desso.

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